Étudiant à l’Athénée de Liège de septembre 1938 à août 1944,
Jean Petit déploie sous l’occupation allemande une double action
de résistance, socialiste et wallonne.
Maurice Denis l’embrigade dans le mouvement socialiste dès 1941,
au moment où Denis rentre de captivité. Jean Petit s’occupe
alors de propagande vers les écoles : la vente de cartes et de
timbres apporte plusieurs dizaines de francs dans un fonds qui
deviendra plus tard le fonds Delbrouck-Truffaut. Il diffuse
aussi dès ce moment Le Monde du Travail. En mars 1943,
Jean Petit devient membre des Jeunesses socialistes, créées
alors à l’initiative et sous la direction de Joseph Leclercq
(qui deviendra le gouverneur de la province de Liège après la
guerre). Maurice Denis en est le président, Hubert Rassart le
secrétaire. Dès ce moment, Petit est versé aux Équipes des
Jeunesses socialistes et participe, de ce fait, à l’organisation
de séminaires clandestins d’étude, à l’évasion de prisonniers,
et toujours à la vente de cartes de solidarité et de journaux.
Sur le plan wallon, Jean Petit a été recruté en avril-mai 1942
par Fernand Schreurs pour la diffusion de la presse clandestine.
Il a d’abord diffusé Wallonie libre édition de Bruxelles,
puis Sambre et Meuse, et enfin Wallonie libre
édition de l’est, à raison de 25 à 30 exemplaires par mois,
régulièrement. Jean Petit venait chercher les journaux chez
Fernand Schreurs.
Rapidement, Petit devient membre de l’équipe de rédaction de
Sambre et Meuse (1942). Sous le nom de code Auguste, il est
aussi l’un des cinq fondateurs de Jeune Wallonie, mouvement de
jeunes résistants wallons (février 1942), connu d’abord sous le
nom des Lycéens wallons, avant de devenir la section de jeunesse
du Rassemblement démocratique et socialiste wallon (1943). En
février 1942, il décide en effet avec Pierre Bertrand, Christian
Grafé, Paul Dehousse et André Schreurs, de fonder ce mouvement
clandestin destiné à toucher l’enseignement secondaire : Les
Lycéens wallons. Après quelques tracts publiés de façon
indépendante en 1942, les Lycéens wallons font paraître un
clandestin, La Jeune Revue wallonne, dès le 1er
avril 1943. Jean Petit participe à l’impression du stencil de ce
journal à plusieurs reprises entre avril 1943 et juillet 1943, y
rédige occasionnellement des échos, et assure tant le transport
que la répartition de plusieurs centaines d’exemplaires d’avril
à juillet 1943. Par mesure de précaution, Jean Petit est aussi
amené à devoir transporter le matériel d’imprimerie d’une rive à
l’autre de la Meuse.
Après une interruption due à l’arrestation de Pierre Bertrand,
le groupe des Lycéens se reconstitue sous le nom des Jeunesses
estudiantines wallonnes (septembre 1943). Jean Petit fait partie
du comité de rédaction de Jeune Wallonie, dont il assura
la répartition d’un nombre très important d’exemplaires jusqu’en
avril 1944. Au sein de ce groupe et dans les colonnes du
journal, il revendique la déchéance de Léopold III, la
séparation nette de la Flandre et de la Wallonie, la
constitution d’une Wallonie indépendante, la conclusion
d’accords avec la France, l’abolition de la dictature. Il est en
faveur d’un régime démocratique, anticapitaliste et républicain,
assurant du travail à tous les citoyens.
Outre une action par la presse clandestine, Jean Petit pratique
au sein de Jeune Wallonie d’autres formes de résistance : aide
aux jeunes réfractaires au travail en Allemagne, fourniture de
fausses pièces d’identité, hébergement et accompagnement de
prisonniers français évadés. Diffuseur actif de la presse
clandestine, Jean Petit a propagé de nombreux titres : Le
Monde du travail, Le Peuple, L’Espoir, Wallonie
libre (Bruxelles et édition de l’Est) du 1er
février 1942 au 18 mai 1944.
Auprès des établissements scolaires de la région liégeoise, il
vend régulièrement des photographies des grands leaders alliés
du moment et récolte les fonds au profit de Wallonie libre
et de Jeune Wallonie. Membre du réseau Aide wallonne aux
Prisonniers français, il est le responsable des transports de
fonds et du matériel, ainsi que dans la fabrication des pièces
d’identité nécessaires aux évadés. Il est aussi membre de la
Brigade « Front de l’Indépendance Jeune Wallonie », groupement
armé dirigé par André Schreurs, dépendant des milices
patriotiques du Front de l’Indépendance. Après la Libération, et
pendant plusieurs mois, il participe à la préparation du congrès
national wallon d’octobre 1945 et à une intense campagne de
propagande (par conférences, meetings, débats, organisation de
bals et placardage d’affiches), notamment en faveur de
l’abdication de Léopold III.
En 1943, Jean Petit adhère à la section de Liège de la
Wallonie libre et contribue au développement de La
Wallonie libre, édition de l’Est dont il est membre du
comité de rédaction. Il y représente Jeune Wallonie. Trésorier
du comité exécutif de la province de Liège de Jeune Wallonie
(1944), vérificateur aux comptes du comité national de Jeune
Wallonie (1945), membre du comité de direction, de gestion et de
rédaction de Jeune Wallonie (1945-1946), Jean Petit en est
l’administrateur-gérant. Après la Libération, Jean Petit, qui
continue d’adhérer à Wallonie libre, s’engage comme
volontaire dans l’Armée belge, puis devient commis à la SNCB,
employé de bureau à la SNCB, puis fonctionnaire à la province de
Liège, enfin bibliothécaire à Ougrée. Conseiller communal
(1958), échevin des Finances d’Ougrée (1965-1976), échevin des
Affaires économiques et de l’Économat de la nouvelle commune de
Seraing (1976-1982), il est le frère de Raymond Petit, échevin
socialiste de Liège. Membre du conseil d’administration et
secrétaire de l’asbl Wallonie libre clandestine, il est
aussi membre du Conseil d’administration de l’Association
wallonne des anciens Combattants (1968).
Il est reconnu comme Résistant par la Presse clandestine du 1er
février 1942 au 18 mai 1944, et comme résistant armé du 1er
février 1942 au 14 octobre 1944 en raison de son appartenance au
groupe des Milices patriotiques. Le titre de résistant civil du
31 décembre 1941 au 3 avril 1944 lui est reconnu comme membre du
Comité provincial liégeois de Wallonie libre, membre
fondateur de Jeune Wallonie, comme membre du mouvement
socialiste de la Résistance et des Jeunesses socialistes, pour
avoir distribué des journaux clandestins ; il a aussi invoqué –
confirmé par témoins – avoir récolté des fonds, de 200 à 300
francs par mois en vendant des tickets ou photos Solidarité,
entre le 31 décembre 1941 et le 3 avril 1944 ; qu’à partir de
cette date, il doit se soustraire aux recherches de l’ennemi
pour d’autres raisons, reconnu comme résistant civil.
Paul Delforge |