Métallurgiste, dirigeant syndical aux côtés d’Arthur
Gailly, conseiller communal socialiste de Couillet (1921), bourgmestre de
Couillet (septembre 1921-mai 1964), député de Charleroi (16 novembre
1919-1949), secrétaire de la Chambre (23 juin 1936-1949), Eugène Van
Walleghem est l’un des délégués de Charleroi à l’Assemblée wallonne de 1921
à 1923. Il s’en détache cependant et est membre du comité de patronage de la
Ligue wallonne de l’arrondissement de Charleroi dans les années vingt. Avec
Louis Bertrand, Joseph Dejardin, Hippolyte Vandemeulebroecke et Franz
Fischer, Eugène Van Walleghem appose sa signature sous la proposition de loi
que Léon Troclet dépose à la Chambre, le 19 juillet 1925. S’inspirant des
résolutions prises par le POB, sur proposition de Paul Pastur, en matière de
décentralisation, Léon Troclet entend revoir profondément la loi provinciale
du 30 avril 1836 et introduire une large décentralisation s’appuyant sur les
provinces auxquelles serait accordée une large autonomie. Cette proposition
sera sans suite concrète. S’inscrivant dans le sillage de Jules Destrée en
matière wallonne, Van Walleghem figure notamment parmi les signataires
socialistes wallons du Compromis des Belges (16 mars 1929). Défenseur
de la langue française, il n’hésite pas à prononcer ses discours en wallon à
la Chambre, lorsqu’il entend protester contre les interventions en flamand
de ses collègues du nord de la Belgique. Le député de Charleroi se défend de
tout racisme, revendiquant volontiers ses ascendances flamandes afin de
démontrer à ses adversaires que sa défense des intérêts wallons ne s’inscrit
nullement par opposition systématique aux intérêts flamands.
Dès 1923, Van Walleghem pose le problème de l’Union
économique avec la France. Balayant d’un revers de main tous les arguments
avancés contre cette idée, Van Walleghem multiplie les conférences et les
interventions publiques autour de ce sujet. Il stigmatise notamment le
gouvernement belge du Havre qui, en 1916, a rejeté une proposition
française. À ses yeux, l’Union économique avec la France est le seul moyen
d’éviter le déclin de l’industrie wallonne.

Dans le débat parlementaire sur les lois
linguistiques de 1932, Eugène Van Walleghem se montre un farouche défenseur
du principe de l’autonomie communale et de la liberté la plus large possible
en matière linguistique. Il ne cache pas sa crainte de voir s’établir en
Wallonie des îlots flamingants attisés par des petits vicaires et agents du
Boerenbond. Comme nombre de militants wallons de cette époque, Van
Walleghem partage l’idée que l’assimilation des migrants flamands au sein de
la population wallonne se réalise aisément et rapidement. Il rejette dès
lors toute loi de contrainte linguistique.
Membre de la Concentration wallonne,
collaborateur du journal L’Action wallonne, il apporte son aide à
Arille Carlier et à l’abbé Mahieu au moment du lancement et du développement
du journal La Wallonie nouvelle, à partir de 1934. Préoccupé par les
questions économiques, il prend part au débat lancé par La Gazette de
Charleroi en 1935, sur le sauvetage de l’industrie wallonne. Dans Le
Peuple, Eugène Van Walleghem évoque la détresse qui touche déjà
alors le Borinage et l’absence de plan d’aide spécifique à l’économie de la
Wallonie. Le 15 avril 1935, c’est du haut de la tribune de la Chambre que le
député-maire de Courcelles lance un cri d’alarme inspiré par le déclin
économique de l’industrie wallonne. Le 19 mai 1937, en plein débat à la
Chambre, le député de Charleroi réclame la séparation administration, en
reprenant la même expression qu’Émile Dupont, quelques années auparavant.
En 1945, Eugène Van Walleghem est membre du
Congrès national wallon ; il participe aussi, au sein du comité de
vigilance, à la campagne menée contre le retour de Léopold III.
Parlementaire attentif aux intérêts wallons, Eugène Van Walleghem interpelle
à plusieurs reprises le Premier ministre ou le ministre des Travaux publics
sur l’urgence de réaliser la liaison directe et indispensable des
différentes régions du bassin industriel wallon, en d’autres termes de
l’autoroute de Wallonie. Au début des années 1960, il devient membre de l’Institut
Jules-Destrée.
Paul Delforge