Docteur en droit de l’Université de Liège
(1924), cet avocat inscrit auprès de la Cour d’Appel de Liège a été la
principale cheville ouvrière du Mouvement wallon de l’après Seconde Guerre
mondiale. Son père, Louis Schreurs, administrateur de sociétés et directeur
de banque, d’opinion libérale, l’avait élevé dans l’admiration de la France
et de la culture française, tradition de famille depuis que son bisaïeul
Jean-Gérard Schreurs, venu de Venlo, avait servi dans la légion
belge-parisienne, sous commandement français, lors de la Révolution de 1830.
Déjà à l’Athénée de Liège, dont il sort en 1919
avec le Prix d’Excellence et la récompense spéciale du gouvernement, Fernand
Schreurs est membre fondateur de la Ligue des Lycéens wallons, avec Paul
Horion, Léon-Éli Troclet, Marcel Florkin, Carlo Bronne et Maurice Bologne
notamment (1917), ligue qui devient, en 1919, la Jeune Garde wallonne. Il
collabore à La Jeune Revue wallonne dont le slogan était Français
ne peux, Flamand ne veux, Wallon demeure (1919). En 1933, avec Me
Théo Collignon, Raymond Mottart et Camille Guillot, il fonde le Groupement
des Avocats de Langue française de Belgique et, en 1934, le journal
judiciaire Par ces motifs. Trésorier du comité directeur du
groupement et administrateur du journal, Fernand Schreurs fonde encore, avec
Léon Graulich, Xavier Janne et Pierre Wigny, la section belge de l’Association
des Juristes de Langue française. Il en sera le secrétaire général jusqu’en
1940.
Membre du comité de rédaction de l’hebdomadaire
Le Pays libre (organe libéral liégeois indépendant), il remplace
Fernand Dehousse à la chronique de politique étrangère (1938-1940). Membre
du Comité des Amitiés françaises, il milite à la Ligue d’Action wallonne
(1938), se lançant ainsi dans le sillage tracé par les pionniers que sont,
entre autres, Georges Truffaut et Auguste Buisseret. Il participe au
rapprochement de l’Action wallonne avec le Front démocratique wallon de
l’abbé Mahieu. Coopté en juillet 1938 au comité du journal L’Action
wallonne, Fernand Schreurs est chargé des services de propagande. Durant
plusieurs mois, il entre en conflit avec La Wallonie nouvelle, dont
l’Office de propagande liégeois est accusé de soustraire des sections
locales à l’influence de la Ligue. Le fait qu’il soit membre du Front
démocratique wallon ne doit pas être étranger à ce conflit Liège/Charleroi.
Initiateur de la réorganisation de ligues anciennes et de la création de
nouvelles ligues dans l’agglomération liégeoise, il n’est pas étonnant qu’il
vote, le 8 novembre 1938, le retrait de la Ligue d’Action wallonne de la
Concentration wallonne et qu’il démissionne de son poste de membre suppléant
du Jury d’honneur de la même Concentration wallonne.

À partir d’avril 1939, la Ligue d’Action
wallonne édite également des Documents wallons, brochures d’analyse
qui devaient apporter au Mouvement wallon le poids de la rigueur
scientifique. Ils dressent un inventaire des griefs et formulent des
propositions pour y remédier. Grâce à l’initiative de Fernand Schreurs fut
inaugurée cette collection de cahiers tirés à 35.000 exemplaires. S’ils
n’atteignaient pas le grand public, ils eurent un retentissement
considérable dans les milieux économiques, sociaux et politiques. La guerre
ne permit pas d’en tirer le profit espéré.
Lorsque l’armée allemande franchit la Meuse en
mai 1940, Fernand Schreurs part en France avec sa famille. De retour en
septembre 1940, il prend contact avec Marcel Thiry, René Pouret et Englebert
Renier. Il rassemble d’anciens collaborateurs du Pays libre et
s’associe avec Victor Van Michel pour former le mouvement wallon clandestin
de résistance Sambre et Meuse (septembre 1940-avril 1941). À la mi-avril
1941, Sambre et Meuse fusionne avec le Groupe W et Wallonie libre pour
former la section liégeoise de Wallonie libre clandestine. Fernand Schreurs
en est le président. Après avoir diffusé l’édition bruxelloise de
Wallonie libre, la section liégeoise fait paraître son propre
clandestin. Le premier numéro sort fin juillet 1941 sous le titre Sambre
et Meuse. Avec Victor Van Michel, Fernand Schreurs en est le responsable
d’impression. En août 1943, le groupe Van Michel se sépare de la Wallonie
libre pour former le Parti d’Unité wallonne. Van Michel conserva le titre
Sambre et Meuse ce qui oblige Fernand Schreurs et la Wallonie libre à
créer un nouveau journal, Wallonie libre, édition de l’Est. Fernand
Schreurs en est le directeur.
Notamment sous le pseudonyme de J. Langlois, il
écrit de nombreux articles pendant la guerre dans lesquels il évoque les
principaux griefs wallons. Il est l’un des premiers à souligner le drame qui
se joue dans les camps de prisonniers de guerre où seuls demeurent les
soldats wallons. En 1945, il traite des griefs portés contre le roi Léopold
III.
Le rôle de Fernand Schreurs au sein de la
Résistance en Wallonie est majeur. Fondateur du Front wallon pour la
Libération du pays, il participe au projet de relance du Conseil économique
wallon, avec Englebert Renier ; en 1942, il est à l’origine du Rassemblement
démocratique et socialiste wallon : membre du comité directeur du RDSW,
Fernand Schreurs y siège en tant que représentant de la tendance libérale,
sous le nom de Beaujean (le nom d’une aïeule, parente de Toussaint-Olivier
Beaujean, premier adjoint au maire de Liège de 1800 à 1808, officier
municipal dès 1794). Tout au long des débats et des travaux du Rassemblement
démocratique et socialiste wallon, F. Schreurs se montre inflexible sur le
caractère wallon du programme à rédiger et se refuse à réfléchir à l’avenir
de la Wallonie dans le cadre d’un fédéralisme belge. Seule l’intégration
de la Wallonie dans la France retient ses faveurs.
Attentif à préparer des projets pour la
Wallonie libérée, il est l’un des promoteurs de l’Association pour le
Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (1943) et le secrétariat
général lui en est d’ailleurs confié ; en 1944, il participe à la création
du Conseil national wallon de la Radiodiffusion ; en 1945, il est l’un des
artisans du Congrès national wallon. Résistant armé (au sein des Partisans
du Front de l’Indépendance), résistant civil et résistant par la presse
clandestine (nombreuses décorations dont la Croix de Guerre...), cet avocat
défend activement les patriotes devant les Conseils de guerre allemands,
notamment au sein du Comité de Défense des Patriotes, comité présidé par le
bâtonnier Musch.

Après la guerre, Fernand Schreurs devient
l’animateur du Mouvement wallon. Aidé par son épouse Paule Van den Berg qui
remplit le rôle de secrétaire, il organise toutes les sessions du Congrès
national wallon et dirige La Nouvelle Revue wallonne (1947-1970).
C’est pendant la guerre qu’il a commencé à préparer et à organiser le
Congrès national wallon. Secrétaire du comité organisateur constitué dans la
clandestinité, il en sera le secrétaire général attitré et principale
cheville ouvrière.
Lors du congrès wallon de 1945, à Liège, c’est
Fernand Schreurs qui a la mission d’énumérer l’ensemble des griefs wallons :
menace pesant sur la langue et la culture françaises ; minorisation de la
Wallonie dans le cadre belge ; problèmes économiques ; politique déficiente
en matière de travaux publics en Wallonie ; système des allocations
familiales mal adapté ; volonté d’établir une entente économique avec la
France ; aspect culturel (subsidiation, rejet du bilinguisme...) ; inégalité
en matière administrative ; sous-représentation des Wallons dans les
instances “ nationales ” ; politique étrangère aux mains des Flamands...
Avant le congrès, Fernand Schreurs dénonce les dangers que court l’économie
wallonne : fermeture d’usines, déplacement des entreprises vers la Flandre,
des Conseils d’administration et centres de décision vers Bruxelles,
disparition des banques wallonnes. Après avoir dressé un rapide historique
du Mouvement wallon, Fernand Schreurs, rapporteur général du congrès wallon,
insiste sur la nécessité de constituer un bloc wallon pour défendre les
intérêts de la Wallonie. Tel est l’objectif du congrès. Définir une
politique commune aux Wallons qui permettrait de résoudre la question
wallonne. Fernand Schreurs présente encore les quatre solutions soumises au
vote des congressistes (le maintien de la structure unitaire de la Belgique
avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil
constitutionnel ou légal ; l’autonomie de la Wallonie dans le cadre de la
Belgique ; l’indépendance complète de la Wallonie ; la réunion de la
Wallonie à la France). Pendant les débats, Fernand Schreurs est en retrait.
Il paraît évident que l’option fédéraliste choisie après le vote sentimental
en faveur de la France correspond à son souhait. Francophile, il veillera à
ce que l’affirmation de la sauvegarde de l’intégrité française de la
Wallonie soit l’un des deux axes essentiels de la doctrine du Congrès
national wallon, l’autre étant la réalisation du fédéralisme dans le cadre
belge. En 1957, il fait voter par le congrès wallon de Charleroi une motion
proclamant la fierté du peuple wallon d’être partie intégrante de la
nation française.
Membre du Comité permanent du Congrès national
wallon (1945), secrétaire général du Congrès national wallon (1945-1970),
Fernand Schreurs sera aussi le rapporteur général de l’ensemble des congrès
wallons organisés de 1945 à 1959. De 1945 à 1947, il contribue à traduire la
volonté fédéraliste du congrès wallon de 1945 en texte de loi, mais la
proposition déposée par Marcel-Hubert Grégoire sera repoussée par la Chambre
(1947). Lorsque, en 1947, le Congrès national wallon crée le Comité central
d’Action wallonne chargé de la propagande, c’est Fernand Schreurs qui est
choisi comme président. En 1948, il est l’un des douze membres non
parlementaires désignés par le Sénat pour siéger au Centre Harmel
(1948-1955) ; membre du bureau exécutif du Centre, il participe à 28 des
41 réunions de la section culturelle dont il est le rapporteur général, à 2
des 12 réunions de la section démographique et à 52 des 62 séances de la
section politique.
En 1949, avec l’ensemble du Congrès national
wallon, Fernand Schreurs entre résolument dans la lutte contre le retour de
Léopold III. Après la campagne du non en vue de la consultation populaire de
mars 1950, Fernand Schreurs anime le Comité d’Action wallonne et participe à
de nombreux meetings et manifestations. Le 31 juillet 1950, à la suite de
rumeurs faisant état d’une abdication de Léopold III, le Comité permanent du
Congrès national wallon déclare que le peuple de Wallonie, dressé pour
défendre son autonomie politique et morale, ne cessera le combat que le jour
où il aura obtenu le respect de sa personnalité et de ses droits.
Fernand Schreurs fait partie de la délégation (composée aussi de MM. Merlot,
Collard, Drèze et Colle) chargée de remettre cette motion au Premier
ministre.
Dans le même temps, il paraît apporter son
soutien à la formation d’un gouvernement wallon provisoire (avec François
Van Belle, André Renard, Fernand Dehousse, Joseph Merlot, Georges Thone,
Robert Lambion, Simon Paque et Paul Gruselin). Il aurait été chargé des
Affaires intérieures dans cet exécutif wallon provisoire destiné de
convoquer les États généraux de Wallonie.

Après le dénouement de la Question royale,
Fernand Schreurs maintient l’activité du Comité permanent du Congrès
national wallon. Tout en préparant avec Jean Rey et Fernand Dehousse un
nouveau projet de fédéralisme à déposer au Parlement (projet Merlot-Van
Belle de 1952), il cherche à nouer un dialogue avec les fédéralistes
flamands. Après plusieurs mois de réunions et de réflexions, un texte commun
est rédigé : le Manifeste des Intellectuels wallons et flamands,
aussi appelé Accord Schreurs-Couvreur (3 décembre 1952), est contresigné par
cinquante Flamands et cinquante Wallons. Il s’agit d’une plate-forme
concrète d’autonomie culturelle défendue en Flandre et en Wallonie. Il
défend l’idée d’une fédéralisation de la Belgique reposant sur la
reconnaissance de deux peuples (la Wallonie et la Flandre), considère que
Bruxelles est la capitale fédérale et doit jouir d’un statut spécial,
revendique la fixation définitive de la frontière qui les sépare, et appelle
à la défense de l’intégrité française de la Wallonie et l’intégrité
néerlandaise de la Flandre (aucune minorité linguistique ne sera
reconnue). Il marque aussi son accord sur l’attribution de toutes les
compétences aux deux Chambres régionales, hormis les matières définies,
précisément, dans la Constitution et attribuées à une Chambre fédérale, où
Wallons et Flamands sont représentés paritairement. Après l’échec de la
proposition Merlot-Van Belle, il participe avec Jules Bary et André Renard
aux travaux d’une commission chargée de préparer un programme de
revendications immédiates sur les plans politique, économique, culturel et
social en vue des élections législatives de 1954. Avec les fédéralistes
flamands, il contribue aussi à la rédaction d’un projet complet de
Constitution fédérale et fonde le Collège wallo-flamand (octobre 1954). Il
en devient le coprésident.
Pasticheur de talent, signataire de nombreux
pamphlets politiques sous le pseudonyme Hector Vugo, il figure parmi les
initiateurs de la création du Fonds d’Histoire du Mouvement wallon. Membre
du directoire de Wallonie libre (1941-1970), président (1944-1960) puis
membre du comité de la fédération de Liège de Wallonie libre (1961-1970),
administrateur général de l’APIAW, Fernand Schreurs est l’un des principaux
organisateurs du deuxième Congrès culturel wallon (Liège 1955) et il sera
administrateur-délégué du Centre culturel wallon (1956). Commissaire à la
Maison liégeoise, il se verra aussi confier, par la députation permanente de
Liège, le cours d’histoire des doctrines économiques, le cours de sociologie
et le cours de législation des victimes de guerre à l’École supérieure de
Service social, ainsi que les cours de philosophie métaphysique et de
philosophie morale à l’École d’Infirmières. Outre de nombreux articles pour
et sur le Mouvement wallon, Fernand Schreurs sera l’auteur d’articles de
toponymie et de généalogie. Son étude sur le nom de Liège sert de référence.
Sous le gouvernement socialiste-libéral
(1954-1958), Fernand Schreurs est le rapporteur de la Commission politique
que le Comité permanent du Congrès national wallon a mise sur pied pour
évaluer l’action gouvernementale sur le plan wallon (26 juin 1955). À
l’issue d’un débat à huis clos, un vote unanime entérine un rapport général
critique adressé aux membres du gouvernement au moment de la rentrée
parlementaire. Pour se faire entendre, les membres du Congrès national
wallon, et Fernand Schreurs en particulier, utilisent la radio de manière
systématique. Des débats sont organisés à l’INR, une Tribune wallonne
est également créée sur Radio-Namur qui permet à l’ensemble des responsables
du Mouvement wallon d’exprimer leurs doléances. Le Comité permanent du
Congrès national wallon dénonce, le 5 mai 1956, le retard du gouvernement à
déposer son projet de loi sur l’autonomie. De nouvelles rencontres ont lieu
avec les présidents du Parti socialiste belge et du Parti libéral ; Fernand
Schreurs rencontre d’ailleurs Léo Collard quelques jours plus tard. Ce
gouvernement fut l’un des plus mauvais de l’après-guerre pour la Wallonie, à
laquelle il n’apporta aucune satisfaction, écrira Fernand Schreurs en
1965.
Néanmoins, les congrès wallons organisés en
1957 et 1959 montrent les limites de l’action de Fernand Schreurs. En 1959,
il présente le rapport culturel dans lequel il rappelle les solutions
préconisées par le Centre Harmel, ainsi que les échecs successifs de
création de Conseils culturels ; il passe en revue les différents problèmes
qui ne cessent de se poser (choix de la seconde langue à l’école,
bilinguisme, télévision, théâtre lyrique, etc.), il propose la création
d’une commission culturelle qui devrait se montrer énergique auprès des
partis, dont le programme reprendrait les conclusions du Centre Harmel.
Le congrès l’écoute et le suit, mais, à l’extérieur, le Congrès n’a plus le
dynamisme de ses débuts. Il est débordé par une nouvelle prise de conscience
populaire encadrée notamment par le Mouvement populaire wallon.

À l’issue des grèves contre la Loi unique, le
Congrès national wallon perd le soutien à la fois des libéraux fédéralistes
soucieux de se conformer à la nouvelle ligne unitariste de leur parti et des
militants de gauche attirés par un Mouvement populaire wallon qui se veut
plus dynamique. Vice-président de l’Entente libérale wallonne depuis 1952,
Fernand Schreurs démissionne de cette fonction en même temps qu’il refuse
désormais de siéger au Comité permanent de l’Entente libérale wallonne en
raison des déclarations anti-fédéralistes du PLP. Il contribue alors au
développement du Mouvement libéral wallon (mai 1962).
Promoteur en juin 1962 de la relance du Comité
central d’Action wallonne, Fernand Schreurs en redevient le président. Par
cet intermédiaire et après la disparition d’André Renard, Fernand Schreurs
contribue à l’organisation du Congrès d’Action wallonne, qu’il préside à
Namur, en mars 1963, et qui rassemble tous les mouvements wallons. Membre de
la commission politique et de la commission des résolutions du Congrès d’Action
wallonne (Namur, 1963), Fernand Schreurs (CNW) défend toujours un projet
fédéraliste et l’établissement d’un nouveau pacte constitutionnel
reconnaissant en Belgique l’existence de deux communautés égales en droit.
Il réclame une plus grande initiative pour les parlementaires,
l’introduction du principe du referendum et la constitution d’une
Assemblée wallonne ; il s’oppose à la fixation de la frontière linguistique
et à l’adaptation des sièges parlementaires au chiffre de la population,
sans mesure compensatoire en faveur de la Wallonie. C’est ce congrès qui
institue le Collège exécutif de Wallonie, dont Fernand Schreurs assume la
vice-présidence (1963-1965). Il est encore l’un des artisans du succès
rencontré lors du pétitionnement de l’automne 1963.
Sa démission de la présidence du Comité central
d’Action wallonne marque la fin (avril 1964) de la coordination des
mouvements wallons sous la tutelle du Congrès national wallon. Fernand
Schreurs est mis quelque peu à l’écart de l’action wallonne par les
responsables du Mouvement populaire wallon et de Rénovation wallonne.
Maurice Bologne l’invite cependant à remplacer Arille Carlier décédé au
Conseil d'administration de l’Institut Jules-Destrée, ce que Fernand
Schreurs accepte ; il devient par conséquent conseiller juridique et
responsable des activités de la jeune association culturelle dans les
provinces de Liège et de Luxembourg (diffusion, recrutement, organisation).
Il tente aussi de relancer le Congrès national wallon dans les années 1965 à
1968 mais il se heurte à l’opposition de la Délégation permanente des quatre
Mouvements wallons, dont il ne fait pas partie. Malgré de nombreuses
tentatives, Fernand Schreurs ne parviendra jamais à convaincre la Délégation
permanente des quatre Mouvements wallons de s’unir au Congrès national
wallon.
Fédéraliste de la première heure, défenseur de
l’intégrité française de la Wallonie et du retour des Fourons à la province
de Liège, administrateur de l’Association wallonne des Anciens combattants,
membre du Comité des Amitiés françaises de Liège, libéral de la tendance
radicale ayant adhéré au PSB en 1968, il participe aux travaux d’une
commission juridique créée au sein du Comité permanent du Congrès national
wallon pour étudier les résultats des travaux de la Table ronde (printemps
1965) ; aux côtés de Jean Deterville, Jean Penelle, André Piron, Robert
Regibeau, Freddy Terwagne et André Wauthier, il affirme la nécessité de
créer une Société wallonne et une Société flamande de Développement
régional. Membre du comité de patronage de la grande mobilisation wallonne
du 19 avril 1969, il apporte ainsi son soutien à l’action lancée en 1968 par
les quatre mouvements wallons, sur base du mémorandum réalisé par le Conseil
économique wallon (1968) : il s’agit de mobiliser les Wallons pour obtenir
au minimum une réelle décentralisation économique.
Tenant compte du caractère composite du pays,
Fernand Schreurs sentait que la lutte pour l’autonomie du peuple wallon
serait longue et difficile et qu’il fallait parfois adapter la propagande
wallonne aux diverses options politiques. À la lueur des débats sur la
réforme de l’État (1968-1970), il avait déclaré que ses compagnons ainsi que
lui-même, n’avaient pas œuvré en vain puisque le Gouvernement de 1970,
appuyé par le Parlement, avait proclamé que la Belgique unitaire avait vécu
et qu’il faut maintenant organiser le pays sur la base de la reconnaissance
des communautés.
Paul Delforge