Négociant et commerçant à Liège, délégué au
congrès progressiste du 31 mai 1896, président du comité des Gardes
wallonnes, Jean Plomdeur joue un rôle important dans le Mouvement wallon
naissant, aux côtés des Léon Clerx et Auguste Buisseret. Membre du comité de
la Ligue nationale anti-flamingante (1912-1914), il préside notamment le
Comité d’Action wallonne qui voit le jour à Liège et qui est le groupement
local des membres et sympathisants de l’Assemblée wallonne (1913). Inactif
durant la Première Guerre mondiale, Jean-Jacques Plomdeur relance le Comité
après l’Armistice mais, en raison des tensions qui éclatent au sein de l’Assemblée
wallonne entre unionistes et séparatistes, il prend ses distances par
rapport à celle-ci. Aux problèmes de fond s’ajoute une opposition de
personnes entre Jean-Jacques Plomdeur et Joseph-Maurice Remouchamps, qui est
élu secrétaire général de l’Assemblée au printemps 1923. Le divorce entre le
Comité d’Action wallonne et l’Assemblée wallonne est alors consommé.
Par ailleurs responsable de l’Action
régionaliste, Jean Plomdeur est l’un des membres fondateurs de la nouvelle
Ligue d’Action wallonne (1923) dont il assure la présidence (1924-1934).
Membre du Comité de la Fête de Wallonie et du Comité d’Action wallonne
(1924), administrateur de La Barricade (du n° 46, 1927 au n° 55,
1928), il est, avec Eugène de Warzée, le principal organisateur du premier
congrès de la Concentration wallonne (Liège, septembre 1930). En 1931,
découragé, celui qui se présente comme étant le seul à pouvoir assurer la
concorde entre les différentes tendances du comité, envisage de
démissionner ; il reportera sa décision jusqu’en 1934. Entre-temps, il
participe à l’organisation du deuxième congrès de la Concentration wallonne
et c’est à ce moment qu’il passe le relais à François Van Belle, qui devient
président du conseil général de la Concentration wallonne, organisme
indépendant. J-J. Plomdeur sera aussi l’un des délégués de la Ligue d’Action
wallonne au troisième congrès de la Concentration wallonne (1932). Il figure
aussi parmi les fondateurs de l’asbl Radio-Wallonie (1932).

Opposé au bilinguisme, partisan d’un
raccordement des voies de navigation de Charleroi et Liège avec le Rhin et
le bassin de la Ruhr, partisan de l’indépendance complète de la Wallonie,
formule prônée par François Van Belle, il rejette le fédéralisme (à 2 ou à
3) dans la mesure où la Wallonie resterait toujours minorisée. J-J. Plomdeur
encourage d’ailleurs le congrès de la Concentration wallonne de Tournai
(1937) à abandonner la formule adoptée au congrès de Nivelles et l’invite à
développer une propagande wallonne nette et franche, axée sur l’indépendance
intégrale. Tout en souhaitant accentuer la propagande dans les communes
wallonnes englobées au Limbourg, il propose de véhiculer les revendications
wallonnes via la littérature et les cercles littéraires wallons, à l’exemple
de ce qui se passe en Bohême. Soucieux d’une démarche active et volontariste
de la part des Wallons, il persistera à réclamer des actes plutôt que des
discours, ne cessant de dénoncer les dormeurs tant de l’Action wallonne que
de la Concentration wallonne.
Son départ de la Ligue d’Action wallonne et de
la Concentration se produit avec fracas. Il encourage publiquement cette
dernière à se réveiller, à se dégager des entraves réactionnaires
fascistes et à se débarrasser des mauvais bergers. Visiblement aigri, il
met en garde son président qui s’enlise inconsciemment dans le marais
nationaliste (La Wallonie nouvelle, 1936, n° 28). Plomdeur ne
formulera cependant jamais de critiques plus explicites. En décembre 1936,
il participe au septième congrès de la Concentration wallonne comme délégué
des Éclaireurs de Wallonie.
Président du Front démocratique wallon à Liège
(1939), J-J. Plomdeur apporte sa contribution à l’élaboration de La
Wallonie enchaînée (juillet-novembre 1939) et adresse une lettre au
Wallon Hubert Pierlot que Léopold III a chargé de former le
gouvernement. Plomdeur prie instamment Pierlot de tenir compte de la
Wallonie, d’installer une défense militaire complète de la frontière de l’Est,
de signer un accord militaire avec la France et l’Angleterre, de prendre des
mesures pour arrêter le déclin économique wallon et pour supprimer le
Bouchon de Lanaye, de créer un Office économique wallon ainsi qu’une
Académie de Lettres, Sciences et Arts pour la Wallonie.
Le dessein politique de Jean Plomdeur est la
création d’une république wallonne indépendante. Dans l’immédiat, en guise
de première étape, il accepte la réforme de la Belgique selon un schéma
fédéral. Il réclame aussi l’union économique la plus étroite avec la France.
Il s’oppose à la création d’un parti wallon et reste partisan de la tactique
du vote préférentiel. La présence de listes du Parti wallon indépendant aux
élections de 1939 et surtout leur échec électoral provoquent de plus vives
tensions encore dans les milieux wallons. Déjà controversé, l’abbé Mahieu ne
réunit plus l’unanimité autour de son nom comme président de la
Concentration wallonne. En tant que président et secrétaire du Front
démocratique wallon de Liège, Plomdeur et Stiernet, opposés à l’abbé Mahieu,
entreprennent de rassembler tous les mouvements wallons dans une nouvelle
Concentration wallonne. En vain. Considérant néfaste le projet
Truffaut-Dehousse parce qu’il laisse les Bruxellois continuer à faire la
loi, Plomdeur défend l’indépendance de la Wallonie, la seule qui
permette de ne plus subir les brimades de Bruxelles et les revendications
flamingantes. Réfugié à Besançon en mai 1940, il ne devait plus revoir
“ sa ” Wallonie libre.
Paul Delforge