Ingénieur,
professeur à l’Université du Travail à Charleroi, vice-président de la
section de Châtelet des Amitiés françaises, secrétaire général de la Ligue
wallonne de Charleroi (1930), Léopold Lemaigre participe au septième et
dernier congrès d’Action wallonne (1930) ; il y condamne les partis
politiques qui ne pensent qu’à maintenir l’unité dans leurs rangs. Il est
également opposé au bilinguisme, défend l’idée de l’intégrité française de
la Wallonie et lutte pour l’abolition du flamand obligatoire dans
l’enseignement moyen et pour le libre choix de la seconde langue par les
parents (flamand, allemand, anglais ou espagnol). C’est notamment le sens de
son intervention lors du premier congrès de la Concentration wallonne
(Liège, 1930). Il y fait part aussi de l’action menée par la Ligue de
Charleroi auprès des administrations communales du Hainaut et invite le
congrès à se rallier à cette démarche. Depuis mai en effet, avec la Ligue
wallonne de Dinant, la Ligue de Charleroi a lancé un pétitionnement invitant
les communes wallonnes à se prononcer en faveur du maintien de l’unilinguisme
en Wallonie dans tous les services publics (enseignement, administration,
magistrature, armée), en faveur de la liberté du père de famille dans le
choix de la seconde langue dans l’enseignement moyen, et en faveur du droit
des Wallons à accéder aux plus hautes fonctions de l’administration centrale
avec la seule connaissance du français. Cette démarche recevra le soutien de
près de 300 communes wallonnes mais les pétitions se perdront dans les caves
du Sénat.
À Charleroi, Léopold Lemaigre organise aussi de
nombreux meetings. Collaborateur des journaux La Barricade, La
Défense wallonne et Le Bloc wallon, dans les années trente, il
participe au deuxième congrès de la Concentration wallonne (1931), il est le
délégué de Charleroi à la réunion des Ligues wallonnes à Namur (8 octobre
1932) et intervient dans les discussions relatives aux lois linguistiques
de 1932 : il reste indéfectiblement favorable au maintien de l’unilinguisme
de la Wallonie dans tous les services publics : enseignement,
administration, justice, armée ; il est en faveur du libre choix de la
seconde langue dans l’enseignement moyen et revendique le droit pour les
Wallons d’accéder aux plus hautes fonctions de l’administration avec la
seule connaissance du français. Craignant que le terme “ séparation ”
effraye la population wallonne, il préconise d’employer l’expression “
dédoublement administratif intégral ”, même si, à titre personnel, il se dit
partisan d’une séparation politique bien nette. Président de la Ligue
wallonne de Châtelineau (1932) et de la Ligue wallonne de Châtelet (1934),
il est le vice-président de la Fédération de Charleroi des Ligues wallonnes
(avril 1939). Après guerre, Lemaigre semble avoir été vice-président de la
fédération du Hainaut du Parti d’Unité wallonne (mai 1947) avant de
déménager dans la région de Visé.
Paul Delforge