En 1940, Jean
Lausier figure parmi les membres de la Wallonie libre clandestine, participe
à ses actions à l’Université de Liège, par la diffusion du journal
clandestin auquel il apporte aussi sa contribution. Licencié en philologie
romane de l’Université de Liège (1944), professeur à l’École normale
secondaire de la ville, il fait partie du Parti wallon des Travailleurs
(1965) puis du Parti wallon (1966) avant d’adhérer au Rassemblement wallon
dès les premiers mois de son existence. Aux élections du 31 mars 1968, il
occupe la neuvième place sur la liste du parti à la Chambre, dans
l’arrondissement de Liège, liste conduite par François Perin et Pierre
Bertrand. Il occupe aussi la sixième place sur la liste du Rassemblement
wallon à la province, dans le district de Fléron-Louveigné. Mais il n’est
pas élu.
Président de la
commission Enseignement, Jean Lausier rédige plusieurs rapports internes
destinés à orienter la doctrine du nouveau parti wallon en matière
scolaire. Défenseur des humanités classiques qui permettent aux jeunes
Wallons de connaître leur culture latine, opposé à “ l’encyclopédisme ”,
partisan d’une réforme en profondeur de l’enseignement secondaire laissant
davantage de libertés et d’options aux étudiants, il se heurte à des
oppositions émanant du bureau fédéral du Rassemblement wallon. Lors du
congrès doctrinal des 22 et 23 mars 1969, Jean Lausier est rapporteur de
la Commission culturelle. Dans ses conclusions, il rappelle l’appartenance
de la Wallonie “ au fait français ”, refuse toute forme de bilinguisme,
réclame la liberté du choix de la seconde langue dans l’enseignement,
dénonce l’apprentissage trop précoce de cette seconde langue, exige une
réforme en profondeur de l’enseignement afin qu’il soit organisé par les
Wallons, qu’il soit adapté aux réalités de l’époque, qu’il soit attaché à
la culture française, qu’il soit soucieux d’apporter à chacun la formation
personnelle, qu’il soit enfin profondément démocratique, de qualité et
considéré comme un véritable investissement. La Commission culturelle
souligne aussi l’importance d’une réévaluation des besoins de
l’enseignement supérieur, universitaire ou non. Elle préconise la création
d’un organisme supra universitaire wallon qui, sous la forme d’un réseau,
oriente les recherches et les études en fonction des besoins de la
“ nation wallonne ”. Le développement d’une animation socioculturelle et
notamment de centres sportifs et de maisons de la culture figure aussi au
programme de la commission qui exige surtout une véritable autonomie
culturelle de la Wallonie en matière de radio, télévision, création
artistique, accords internationaux, etc.
Responsable de
la cantonale de Louveigné (1969), trésorier adjoint de la régionale de
Liège (1972), candidat en troisième place sur la liste du Sénat en 1971,
Jean Lausier défend le principe de l’existence de trois régions, réclame
un statut pour les Fourons et une véritable autonomie des régions en
matière politique et économique. Malgré le moins bon résultat électoral
d’ensemble du RW aux élections du 10 mars 1974, Jean Lausier devient
sénateur provincial. Au Sénat, sa première intervention porte sur la
situation difficile de l’Université de Liège. Favorable à la création
d’écoles pluralistes, il préconise la suppression des clivages
traditionnels entre l’enseignement libre et l’enseignement officiel, au
profit d’une école où toutes les idées se rencontrent. Rejetant toute idée
de neutralité, il se réjouit de voir inscrite l’expression école
pluraliste dans le texte final des travaux de la commission du Pacte
scolaire (juillet 1975). En 1975, au sein du Rassemblement wallon, il
devient le responsable de la Commission Culture et Enseignement du bureau
d’études du parti.
Durant l’été
1976, Jean Lausier fait partie des fondateurs du Club pour les Réformes,
l’Europe et les Régions (CRéER). Au moment de l’implosion du Rassemblement
wallon, il figure dans la mouvance Perin-Gol-Knoops. En 1977, son mandat
de sénateur n’est pas renouvelé. En 1976, il est élu conseiller communal
RW de Chaudfontaine. Son mandat prend fin en 1982.
Paul
Delforge