Docteur en droit de
l’Université de Liège (1928), Paul Henry prête serment comme avocat en 1928
et est inscrit au barreau de Liège en 1931. Membre de la Garde wallonne
autonomiste (1922), il collabore au journal La Barricade. Se référant
aux principes de 1789, il réclame l’autonomie administrative et le principe
du recrutement régional à l’armée : Sinon, les Wallons les prendront par
la force. En 1930, il tente de former une Jeune Garde wallonne en région
liégeoise. Collaborateur du journal Le Tocsin (1930-1931) dont il est
aussi le secrétaire de rédaction, il a d’abord été l’éphémère directeur de
La France wallonne, qui ne connut qu’un seul numéro (1930).
Membre de la Ligue
wallonne de Seraing, membre du Comité d’Action wallonne (1928-1932), Paul
Henry est le délégué officiel du comité liégeois au deuxième pèlerinage de
Waterloo (16 juin 1929). À cette occasion, il prend la parole au nom de l’Action
wallonne. S’il s’exprime alors devant une centaine de personnes, il dispose
d’un auditoire plus nombreux l’année suivante (500 personnes) pour dénoncer,
au nom des Amis du Tocsin dont il est le délégué officiel, la légende
officielle qui veut que les troupes wallonnes aient servi sous les drapeaux
de l’Orange. Henry y tient toujours un discours musclé, dénonçant la
ville d’Anvers qui capitula joyeusement en 1914 devant l’envahisseur
allemand, dénonçant la libération de Borms mais jugeant tout compte fait
que cela regardait la Flandre seule si l’on voulait bien la séparer de la
Wallonie. En 1930, il écrit : Wallons, l’heure cruciale approche pour
nous ; ou vous briserez les liens qui nous unissent à la Flandre ou vous
périrez en francs-tireurs dans les ruines de vos villes incendiées au son
des fifres prussiens ! (Le Tocsin, septembre 1930, n° 4, p. 2).
À l’occasion du
septième et dernier congrès de la Ligue d’Action wallonne (1930), il opte
pour des solutions radicales : il ne reste dès lors que deux solutions :
l’indépendance de la Wallonie ou sa réunion avec la France. Paul Henry
est assez proche de Georges Truffaut. Avec lui, il partage l’idée – depuis
1925 – d’établir des contacts avec les autonomistes flamands, ce que refuse
la majorité des groupements wallons auxquels il est affilié. Néanmoins, se
détachant de la Ligue d’Action wallonne (1930) et se retrouvant au sein du
groupe du Tocsin, Paul Henry et Georges Truffaut entrent en contact
avec le groupe Internacia d’Anvers avec lequel est signé un accord de
reconnaissance du principe d’intégrité française de la Wallonie et
d’intégrité flamande de la Flandre, accord qui réprouve toute menée
impérialiste de part et d’autre et qui dénonce le centralisme belge (1930).

Favorable à la
reconnaissance de trois régions, une Wallonie française unilingue, une
Flandre unilingue néerlandaise et une agglomération bruxelloise bilingue,
Henry est favorable à la séparation judiciaire présentée en 1930 par le
projet Janson-Jaspar si l’unilinguisme français est garanti en Wallonie en
matière judiciaire ; il demande aussi que les communes wallonnes égarées
en Flandre bénéficient d’un régime en français en matière judiciaire et
que les limites des ressorts de Cour d’Appel soient revues. Membre de la
commission créée par le premier congrès de la Concentration wallonne
(septembre 1930), Paul Henry recherche, dans le cadre de la Belgique, la
forme institutionnelle destinée à résoudre le différend wallo-flamand. Après
quelques mois de travaux, le choix de la Commission se porte sur le projet
fédéraliste, le seul moyen d’encore maintenir unis, dans le cadre de la
Belgique, les deux peuples, en fait séparés. Le projet élaboré est un
simple contrat qu’il s’agit d’établir entre Wallons et Flamands. Il se
présente comme un loyal essai de vie commune. Il prévoit la reconnaissance
de deux régions, la Wallonie et la Flandre, et du territoire fédéral de
Bruxelles ; séparée par la frontière linguistique, chaque région est
autonome et délègue au pouvoir central les seules compétences de la
politique étrangère, de la défense nationale, de l’administration de la
colonie et de l’établissement d’un système douanier ; quant à l’accès aux
plus hauts grades de la hiérarchie administrative, il est permis avec la
seule connaissance d’une des deux langues régionales. Séparatiste et
pro-français convaincu, Paul Henry accepte le fédéralisme comme une étape
nécessaire. Considérant que le moment psychologique pour obtenir la réunion
à la France (1933), il réclame cependant d’urgence une union économique
intégrale avec la France.
Présent au deuxième
congrès de la Concentration wallonne (1931), Henry préside la Garde wallonne
de Seraing et est son délégué au troisième congrès de la Concentration
wallonne (1932). Lorsque les frontistes déposent au Parlement une
proposition de statut fédéral pour la Belgique, Paul Henry l’analyse en
détails et fait rapport au comité de la Ligue wallonne de Liège ; à ses
yeux, le projet frontiste constitue une base sérieuse de discussion :
l’avocat Henry suggère une série d’amendements, d’objections et de
modifications, mais la Ligue refuse de faire siennes les conclusions de P.
Henry.
Rapporteur de la
commission de la Justice créée au sein de la Concentration wallonne, Paul
Henry examine aussi le projet de loi sur l’emploi des langues en matière
judiciaire (projet Marck) et émet de nombreuses modifications qui sont
adoptées par le quatrième congrès de la Concentration wallonne (1933). En
1934, il publie ce rapport sous la forme d’une brochure intitulée
L’emploi des langues en matière judiciaire.
Alors avocat
stagiaire chez Auguste Buisseret, un différend avec son patron sur un projet
de Constitution belge élaboré d’un point de vue wallon, entraîne la rupture.
Avocat, puis agent commercial et conseiller juridique, Paul Henry quitte le
Mouvement wallon pour ne plus s’occuper que du mouvement socialiste. Durant
la Guerre d’Espagne, il hébergera notamment des petits enfants espagnols.
Paul
Delforge