Agé de six ans lorsque la Seconde Guerre
mondiale éclate, Guy Galand se souvient nettement des émissions de Radio
Londres, de réfractaires au travail obligatoire réfugiés chez ses parents
ainsi que d’avoir rencontré des membres de l’Armée secrète et du Front de
l’Indépendance. La paix revenue, il accomplit ses études moyennes à
Saint-Ghislain puis à l’Athénée d’Ath. Régent littéraire de l’École normale
de Mons, Guy Galand devient professeur de français à l’Institut technique de
l’État à Dinant (1955-1959), maître d’études à l’École normale de Mons
(1959-1963) et enfin, à partir de 1963, professeur de français à l’Athénée
et à l’École industrielle de Peruwelz.
C’est Freddy Seys qui conduit Guy Galand au
Mouvement wallon. Colleur d’affiches contre le retour de Léopold III en
1950, il est marqué par une exposition du Conseil économique wallon
organisée à Ath en 1952 et adhère à Wallonie libre en 1954. Il devient
président de la section de Saint-Ghislain (1955), puis délégué à la
propagande à Dinant. Domicilié ensuite à Ath, il préside la fédération d’Ath
de Wallonie libre (1959-1967). C’est cette fédération de Wallonie libre qui
sera la première à adresser un télégramme au président de la République
française, Charles de Gaulle, pour exprimer les sentiments wallons de
réprobation devant les actes de vandalisme commis par des flamingants au
pavillon français, lors de l’exposition de 1958. En 1959, la même fédération
collecte plus de 30.000 francs pour les victimes de la catastrophe de
Fréjus.
Durant l’hiver
’60-’61, Guy Galand participe
activement à la grève contre la Loi unique. Souvent mêlé aux piquets de
grève devant la gare d’Ath, il diffuse des tracts et des autocollants
réalisés par la régionale de Wallonie libre. Critique, il énonce les
facteurs qui détruisent l’économie de la Wallonie et souligne les
responsabilités des dirigeants du Parti socialiste belge qui, jamais, n’ont
osé prendre leurs responsabilités, notamment en matière de réforme de
l’État. Pour Guy Galand, seul le fédéralisme permettra à la Wallonie,
minorité nationale, de faire valoir ses revendications (Combat,
n° 7, 16 février 1961, p. 12). Membre du directoire de Wallonie libre
(1961-1971), membre du comité de la régionale d’Ath du Mouvement populaire
wallon (1961-1965 et 1969-1971) et de celui de la régionale de Tournai
(1968-1969), il est aussi le président du Comité d’Action wallonne d’Ath
puis le responsable de la propagande (1963).

Auteur de plusieurs articles dans lesquels il
dénonce la flamandisation des artistes wallons, Guy Galand remplace Albert
Calay et devient le responsable de la chronique culturelle du journal
Wallonie libre (1966). Son intérêt pour la culture ne l’empêche pas de
considérer les projets de réforme de l’État de 1968 comme insuffisants en
matière économique, même s’ils accordent une certaine autonomie culturelle.
Son vœu est d’atteindre l’autonomie totale, réelle, effective des ethnies.
Très attaché aux principes des droits de l’homme, il ne peut accepter les
injustices dont il juge la Wallonie victime et n’hésite pas à réclamer, au
besoin, une séparation complète d’avec la Flandre, c’est-à-dire
l’indépendance de la Wallonie. Farouche opposant du Benelux qu’il faut
détruire parce qu’il minorise dangereusement les Wallons, opposé au
provincialisme comme au localisme, opposé à toute double appartenance
communautaire (Mouscron, Fourons), il mène le combat wallon dans le but
d’obtenir la reconnaissance effective, juridique et politique de la Wallonie
qui lui assurera la maîtrise de son destin (économie, enseignement,
démographie, etc.).
Dans le Hainaut, le secrétaire de la Délégation
des quatre Mouvements wallons (1965-1969) est aussi la principale cheville
ouvrière de la mobilisation wallonne du 19 avril 1969 ; ce jour-là,
plusieurs assemblées et cortèges se sont tenus dans cinq villes wallonnes
pour soutenir les résolutions prises par le Conseil économique wallon, alors
que se discute la réforme de l’État. Pouvoirs réels pour la Wallonie, droit
à l’initiative publique industrielle, étaient quelques-uns des mots d’ordre
portés par les mouvements wallons réunis et le Conseil économique wallon ;
cinq jours plus tard, se constituait l’Assemblée des élus wallons. La même
année, alors que le régime des facilités tend à se transformer dans les
faits en une forme de bilinguisme imposé, Guy Galand attire l’attention sur
le sort de Mouscron-Comines et sollicite la solidarité de tous les Wallons.
Chargé depuis 1968 de la direction du journal
Wallonie libre, Guy Galand publie, en 1969, une brochure intitulée
La Question belge. Il y met d’abord l’accent sur la situation de la
Wallonie au cœur de l’Europe ; ensuite, il décrit les réalités flamandes,
wallonnes et bruxelloises et plaide, en conclusion, pour une véritable
démocratie fédérale. Enseignant à Pérulwelz et domicilié dans cette ville,
il est amené à remplacer Gaston Desomberg à la présidence de la fédération
de Tournai de Wallonie libre, qui deviendra, en 1972, la fédération de
Tournai-Mouscron.
Pendant plusieurs mois, au cours des années
1969-1971, Guy Galand tente, avec Jacques Hoyaux, de relancer le mouvement
Wallonie libre, mais, constatant l’apathie de certains responsables de
fédérations et le manque de moyens matériels, il préfère donner sa démission
et remettre tous ses mandats au sein de Wallonie libre, hormis la présidence
de la fédération de Tournai (septembre 1971). Il accepte aussi de présenter,
avec Émile Lacroix, le rapport culturel lors du congrès doctrinal de
Wallonie libre (Namur, 26 novembre 1972).
Attaché au Cabinet de Jacques Hoyaux lorsque ce
dernier est secrétaire d’État à la Réforme des Institutions (1977-1979), Guy
Galand devient administrateur de l’Institut Jules Destrée (1978), conseiller
(1982) puis directeur des travaux (1983-1985) de l’association wallonne
présidée par Jacques Hoyaux. Fidèle à la fédération du Hainaut occidental de
Wallonie libre, Guy Galand est resté un observateur attentif de tout ce qui
a trait à la Wallonie. Par quelques articles, il ne manque pas de défendre
sa patrie, dénonçant notamment l’usage abusif, par les médias ou les
hommes politiques, d’expressions illégales ou ridicules comme Beaunord,
Belsud, Communauté francophone, Lettres belges de langue française,
expressions qui freinent la prise de conscience wallonne. En 1983, Guy
Galand figure parmi les signataires du Manifeste pour la Culture wallonne.
Convaincu que la Wallonie est française, il
poursuit son combat par la plume et la parole. Membre actif de Wallonie
française (1985-1995), membre du comité de Tournai de Wallonie Région d’Europe
(1986), membre du Souvenir français, Guy Galand qui représenta le Hainaut au
sein du Centre d’Action culturelle de la Communauté d’Expression française
(CACEF) où il trouvait le “ E ”
superflu, a aussi apporté quelques contributions à L’Ethnie française
de la Fondation Charles Plisnier. Il a participé à la réalisation d’une
émission de la RTBf sur Adolphe Biarent et il est l’auteur d’un ouvrage
intitulé Les lettres françaises de Belgique dans les collections de
l’Institut Jules Destrée, d’une biographie de Louis de Brouckère et,
outre La Question belge (1969), d’une autre brochure dans les
collections de Wallonie libre, Le vrai problème.
Paul Delforge