Après ses études
à l’Athénée de Nivelles, Philippe Busquin entre comme étudiant boursier à
l’Université libre de Bruxelles, où il entreprend des études de physique. Il
a tout juste 20 ans au moment de la grève contre la loi unique et il est
impressionné par la personnalité d’André Renard et par ses idées
fédéralistes. Il participe à des manifestations d’étudiants. La crise
économique que dénonce Renard avait d’ailleurs frappé la famille Busquin quelques
années plus tôt : son père, ingénieur aux entreprises Baume-Marpent, avait
perdu son emploi (1953) et éprouvé des difficultés à en retrouver un autre.
Tenté par la
recherche en physique nucléaire, Philippe Busquin renonce à son projet de
poursuivre sa formation au Centre d’Études et de Recherches nucléaires à
Genève, au moment du décès de son père, et débute une carrière d’enseignant
à l’École normale de Nivelles (1962). Affilié à la CGSP, engagé au Mouvement
populaire wallon, il devient secrétaire de la section de Feluy (1963) du
mouvement créé par André Renard, puis secrétaire de la régionale de Nivelles
(1964). Partisan des réformes de structure, il milite aussi dans les
mouvements de gauche et n’adhère au PSB qu’en 1968. Responsable “ jeunes ” à
la Maison du Peuple de Feluy, il y organise des conférences auxquelles il
invite des responsables du Mouvement populaire wallon comme Jacques Yerna et
Ernest Glinne. En mai 1969, il devient secrétaire du comité local de
Nivelles du Mouvement populaire wallon. Interrogé par Christian de Bast en
1995, Philippe Busquin exprimera son regret de la mise au frigo des
problèmes dits communautaires dans les années soixante : à ses yeux, les
retards accumulés dans le règlement de ces problèmes ont occulté la
dimension de la crise économique des années septante.
Licencié en
sciences physiques (1962), Philippe Busquin devient assistant en physique à
l’Université libre de Bruxelles (1963) et professeur de chimie à l’Athénée
de Nivelles (1966). Après avoir réussi une candidature en philosophie à
l’ULB (1968), il s’engage résolument sur le terrain politique. C’est la
question de la raffinerie de Feluy qui lui met le pied à l’étrier. Président
de la section de Feluy du PSB (1971), secrétaire de la cantonale de Seneffe,
il est élu conseiller provincial socialiste du Hainaut en 1974. Impressionné
par les interventions de Paul-Henry Gendebien au Conseil provincial en
matière d’économie et d’environnement, Philippe Busquin entreprend une
nouvelle formation et décroche une licence spéciale en Environnement à
l’ULB, avec un mémoire consacré au point de vue écologique du développement
industriel de la région de Seneffe-Feluy (1975-1976). Élu aux élections
communales de 1976, il devient premier échevin de Seneffe, chargé des
travaux (1977) puis, réélu à la province en 1977, est propulsé à la
Députation permanente du Hainaut de façon inattendue (1977-1978). Président
de l’Institut des Radioéléments (1978), Philippe Busquin entend participer
au développement du nucléaire en Wallonie.

Sensibilisé
essentiellement par les questions sociales, il est très populaire dans la
région de Charleroi où il doit partager le terrain avec Jean-Claude Van
Cauwenberghe, Daniel Ducarme et Philippe Maystadt. Député élu en 1978, il
devient membre de l’Exécutif de la Communauté française et ministre
francophone de l’Éducation nationale dans le gouvernement central (octobre
1980). Après l’élection de Guy Spitaels à la présidence du PS (février
1981), Philippe Busquin hérite, en plus, du ministère de l’Intérieur. À ce
titre, il doit faire face à des manifestations de métallurgistes défenseurs
de l’acier wallon ainsi qu’à des manifestations flamingantes dans les
Fourons. En septembre 1981, il est pris à partie par le Premier ministre et
la presse flamande parce que, en application de la loi, il a fait fermer
l’école flamande de Comines.
Après la chute du
gouvernement Eyskens (1982), entre la Communauté ou la Région, Philippe
Busquin opte pour cette dernière et devient ministre du Budget et de l’Énergie
dans l’un des premiers gouvernements wallons (1982-1985). Initiateur d’une
politique axée sur les énergies renouvelables (norme K septante, isolation,
récupération d’énergie, minimelec…), il réclame par ailleurs une
régionalisation globale et rapide : l’autonomie de la Wallonie, telle est sa
revendication au moment où il prépare le Congrès de Wavre des socialistes
(1983). Le bureau du PSB entérinera l’option du fédéralisme intégral deux
jours avant le congrès en question. S’inspirant des options
socio-économiques du programme MPW, Philippe Busquin est quelque peu freiné
par la ligne du PS qui se limite à réclamer plus d’autonomie.
Conseiller
communal de Seneffe (1983-1994), redevenu député, il développe diverses
actions dans le domaine social ; au lendemain des élections de décembre
1987, il conduit les négociations en vue de former le gouvernement wallon ;
ministre wallon de l’Économie (février - mai 1988), il démissionne à la
suite de l’opposition de la fédération socialiste de Charleroi de participer
au gouvernement fédéral ; néanmoins, il accepte de devenir ministre fédéral
des Affaires sociales (1988-1992) et, le 25 janvier 1992, il succède à Guy
Spitaels à la présidence du PS. Ministre d’État (1992) ; vice-président de
l’Internationale socialiste (1992), bourgmestre de Seneffe (1995-1999), il
est élu sénateur (1995-1999). Élu député européen (juin 1999), il est nommé
Commissaire européen à la Recherche (septembre). Lors des élections
européennes du 13 juin 2004, il figure comme premier suppléant sur les
listes socialistes et rassemble sur son nom 114.503 voix de préférence.
Paul Delforge