Fils de Raoul Nopère militant wallon en contact avec l’abbé
Mahieu et Arille Carlier avec lesquels il s’était présenté sur
les listes du Parti wallon indépendant en 1939, Paul Nopère est
plongé dès son plus jeune âge dans le Mouvement wallon. Docteur
en médecine de l’Université de Liège (1959), médecin-pédiatre
comme son père, il a accompli ses études à Liège, à Bruxelles et
à Paris, avant de s’établir à La Louvière où il est unanimement
apprécié.
Ses études ne l’empêchent pas de militer contre Léopold III en
1950 ni de participer aux congrès du Congrès national wallon de
Liège en 1945, 1949 et 1959 et de Charleroi en 1946. Durant
l’hiver ‘60-’61, il
participe aussi aux manifestations contre la Loi unique ; il
suit avec beaucoup d’attention les discours de Renard. À ce
moment-là, si on avait réalisé les réformes de structure
indispensables, (…) nous en serions à un autre niveau
économique.
En 1966, Paul Nopère devient membre du Parti wallon. Dès février
1968 et la fixation au 31 mars d’élections législatives
anticipées, est annoncée la création d’un nouveau parti, le
Rassemblement wallon, dirigé par un comité provisoire où l’on
retrouve notamment Paul Nopère. Toujours en février 1968, à
l’instigation de Jean Duvieusart et de Robert Moreau, il fonde
la section régionale du Centre, la première du nouveau parti.
Ses collaborateurs sont alors Louis Baise, Pierre Leroy, H.
Pourtois, Maurice Vray et son père Raoul Nopère. Paul Nopère
sent le monde catholique bouger et s’ouvrir à la cause wallonne.
Avec la création du Rassemblement wallon, Paul Nopère croit
pouvoir réaliser le rassemblement des valeurs premières du
christianisme (la générosité), du libéralisme (son caractère
libérateur) et du socialisme (sens de la justice sociale).
Aux élections du 31 mars, Paul Nopère, qui n’avait jamais fait
de politique auparavant et n’avait été affilié qu’au Parti
wallon, se présente comme deuxième candidat à la Chambre dans
l’arrondissement de Soignies, mais n’est pas élu. Président de
la régionale du Centre-Soignies (1968), il plaide en faveur d’un
nouveau statut pour les travailleurs au sein des entreprises
allant dans le sens de la participation ; il réclame aussi la
planification des soins hospitaliers ainsi qu’une ouverture en
politique étrangère sur les régions voisines avec lesquelles il
faut établir des liens ; il insiste sur le fait que l’esprit de
la Wallonie est français et qu’à l’instar du Québec, il doit le
rester. Lors du congrès doctrinal des 22 et 23 mars 1969, il
préside la Commission de politique étrangère. Avec Étienne
Hector et Louis Jottard, il oriente le programme politique du RW
en cette matière en marquant son opposition à la constitution
d’un Benelux politique et en manifestant sa volonté de voir se
constituer une Europe des régions dans laquelle la Wallonie
disposerait d’une réelle autonomie. De 1970 à 1976, il est le
seul élu du RW au conseil communal de La Louvière.
Longtemps avant la crise pétrolière, il préconise que les ports
du Havre et de Dunkerque puissent livrer, par oléoducs, du
pétrole à Feluy. Dénonçant la politique bénéluxienne, il réclame
davantage d’autonomie pour une région wallonne qui doit aussi
faire preuve de plus de solidarité avec ses régions voisines. Il
prône la construction d’une Europe des Régions, des peuples, des
communautés (1973). Choisi comme l’un des trois vice-présidents
du Rassemblement wallon lors du congrès statutaire de 1972, il
ne fait pas l’unanimité sur sa personne au moment de sa
réélection (Tournai, 20 octobre 1974, 210 voix sur 489 votants).
Président du bureau régional de La Louvière (1979-1981), seul
des trois vice-présidents du RW à ne pas être parlementaire
(1974-1980), il est conseiller au Cabinet du ministre des
Affaires sociales wallonnes, Robert Moreau.
Durant l’automne 1976, avec Paul-Henry Gendebien, Fernand
Massart, Augustin Bila et Charly Talbot, Paul Nopère est l’un
des initiateurs du retour aux sources du Rassemblement wallon.
Au lendemain des élections communales – qui se soldent par un
échec – et à la veille d’un important dialogue de communauté à
communauté, Nopère entend clarifier la ligne doctrinale de son
parti. Souhaitant une solidarité renforcée de la Wallonie avec
Bruxelles, il préconise résolument l’instauration du fédéralisme
en tant que système politique, économique et social. S’inspirant
du fédéralisme proudhonien, il recommande l’autonomie la plus
large possible et l’autogestion des cellules de base dans un
maximum de secteurs. Partisan de réformes de structure, il opte
pour un projet de société progressiste, rejette le centrisme,
prône l’ouverture du RW vers la démocratie chrétienne et les
démocrates de gauche, et souhaite l’élaboration d’un plan de
salut public en matière de lutte contre le chômage et
l’inflation. C’est ce programme qu’adoptera le congrès
extraordinaire du RW, le 4 décembre 1976.
Tant
que la Belgique existe, la seule solution c’est le fédéralisme.
Mais quand on aura une politique européenne, il y aura des
regroupements de peuples et des solidarités interrégionales et
je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, la Wallonie n’aurait
pas une politique très proche, sinon semblable à celle du Nord
français.
En 1981, Paul Nopère démissionne de son parti pour protester
contre la présentation de listes communes RW-FDF aux élections
du 8 novembre. Avec P-H. Gendebien, Yves de Wasseige et les
trois autres vice-présidents du RW (J-É. Humblet, Marie Caprasse
et Jean Mottard) qui formaient déjà la tendance Indépendance et
Progrès au sein du RW, il participe à la création du
Rassemblement populaire wallon,
dont il devient vice-président. Il rallie aussi le Front
pour l’Indépendance de la Wallonie d’Étienne Duvieusart.
En avril 1981, il participe avec une cinquantaine d’autres
Wallons et Bruxellois, à l’occupation du Centre culturel de la
Communauté française de Belgique établi à Paris, pour protester
contre sa dénomination et ses activités trop imprégnées, à ses
yeux, de belgitude. Lors du deuxième congrès des
Indépendantistes wallons, organisé à Charleroi le 25 avril 1982,
Paul Nopère participe au débat contradictoire en tant que
représentant du Rassemblement progressiste wallon et s’affirme
en faveur d’une autonomie très large pour la Wallonie, allant
jusqu’à l’indépendance. Délégué du RPW à une réunion du bureau
du PS (14 janvier 1984), il y évoque le nom de José Happart lors
de l’élaboration des listes européennes. En septembre 1984, il
rejoint le Parti socialiste. Conseiller communal de La Louvière,
il représente le Rassemblement populaire wallon de 1982 à 1984,
puis le PS à partir de 1984. Conseiller provincial socialiste en
1988, il devient échevin de la ville de La Louvière (1989-1995).
Membre de Wallonie libre, section de Soignies-La
Louvière, membre actif de l’Action fouronnaise, président des
Amitiés françaises de La Louvière (1969-1984) et de la Fondation
Maurice Bologne, vice-président de Wallonie Région d’Europe, il
est Officier de l’Ordre national du mérite de la République
française.
Le 25 septembre 1986, au congrès constitutif du mouvement
Wallonie Région d’Europe, c’est lui qui propose José Happart
comme président du nouveau mouvement. Nopère sera, quant à lui,
désigné comme vice-président, fonction qu’il exerce jusqu’au 8
avril 1989. Irrédentiste français déclaré, il devient président
intérimaire de Wallonie Région d’Europe jusqu’au lendemain des
élections européennes où José Happart est candidat sur les
listes du PS.
Paul Delforge |