Pendant la Grande Guerre, M. Massart entend respecter la trêve
de l’Union sacrée. Pourtant, le tout premier numéro du journal
Le Peuple wallon (7 février 1918), dirigé par Désiré de
Peron, cite nommément le nom de Massart parmi une douzaine de
membres du comité de la Ligue wallonne du Brabant qui, dans un
Manifeste, se sont prononcés en faveur de la création des
États-Unis de Flandre et de Wallonie, et d’un programme
politique visant à la reconnaissance d’une Wallonie autonome à
côté d’une Flandre autonome (27 janvier 1918). Le journal
annonce aussi la création d’un Parti nationaliste wallon et se
dit l’organe du groupe Les Jeunes Wallons, créé sur le modèle
des activistes flamands du Jong Vlaanderen.
Très vite cependant les allégations du journal sont vivement
contestées. Plusieurs lettres recommandées dénoncent
l’usurpation dont De Peron se rend coupable lorsqu’il prétend
s’exprimer au nom de la Ligue wallonne du Brabant. Il est
d’ailleurs rappelé que les vrais responsables de la Ligue, parmi
lesquels Ivan Paul, ont adopté, le 1er août 1914, un
Manifeste dans lequel ils s’affirmaient « Belges avant tout »,
face aux menaces de guerre qui régnaient alors, et refusaient de
prêter la main à l’ennemi germanique.
En octobre 1918, la guerre n’est donc pas encore finie, des
membres du comité de la Ligue du Brabant convoquent une
assemblée générale afin de dénoncer et réprouver L’Appel aux
Wallons ainsi que le programme diffusé par de Peron dans
Le Peuple wallon ; ils font constater leur réunion par un
huissier, mais il faudra attendre la signature de l’Armistice
pour que cesse l’amalgame Ligue wallonne du Brabant/Peuple
wallon.
Paul Delforge
Paul
Delforge, La
Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la
séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008 |