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Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

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MaL Jean

    à Marchienne-au-Pont le 9 août 1922,
décédé à Toulouse le 25 novembre 2019

Jean Mal

Comme nombre de jeunes de sa génération, Jean Mal voit ses études perturbées par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Obligé d’interrompre ses études en chimie à l’Université du Travail à Charleroi, il décide, en 1942, de fuir la Belgique occupée. Fait prisonnier à Alicante (1942-1943), il parvient à gagner l’Angleterre où il s’engage comme volontaire de guerre. Parachutiste SAS, il participe à la mission NOAH dans l’Ardenne franco-wallonne à partir du 15 août 1944 et accomplira la campagne des Ardennes durant l’hiver 1944-1945 avant de contribuer à l’avancée des Alliés aux Pays-Bas et en Allemagne.

La paix revenue, Jean Mal connaît plusieurs expériences professionnelles dans le secteur de la vente de produits, d’import-export en matériel agricole en Europe, ainsi qu’en Afrique du Nord et en Afrique noire. Délégué d’une multinationale en Espagne où il réside de 1978 à 1984, Jean Mal conserve des contacts constants avec le pays wallon. Celui qui avait écouté l’abbé Mahieu lors de meetings dans le pays de Charleroi (1937-1938) s’engage dans le Mouvement wallon en 1969, en adhérant au Rassemblement wallon.

En 1971, au moment de l’affaire de Zeebrugge, et alors que les parlementaires renâclent à mettre en application l’article 107 quater de la Constitution qu’ils viennent de réviser, Jean Mal décide avec Norbert Brassinne de tenter quelques actions d’éclat pour réveiller la conscience des Wallons. Ensemble, ils se présentent d’abord devant le Parlement, à Bruxelles, avec des pancartes arborant le coq wallon (29 juin). La gendarmerie confisque leur matériel. Ils se rendent ensuite à Colombey-lez-deux-Églises (2 juillet). Jean Mal porte le béret rouge des anciens parachutistes de Londres. Ils se présentent comme les ambassadeurs de la Wallonie libre et européenne, expliquant que la Belgique est morte et que la Wallonie veut disposer des outils nécessaires, notamment sur le plan économique, pour faire sa place en Europe. Après un hommage au monument Jules Destrée à Charleroi où ils se postent avec de grands panneaux de revendications, Jean Mal et Norbert Brassinne se rendent sur la Grand Place de Bruxelles (6 juillet). Ils sont immédiatement arrêtés et détenus au commissariat. Quelques jours plus tard, avec des pancartes surmontées d’un coq et d’une main ensanglantée, ils déambulent dans les rues de Bruxelles avant de remettre des messages aux parlementaires François Perin et Pierre Ruelle. Ils sont interpellés et interrogés par la Sûreté (8 juillet). Pugnaces, ils rendent une nouvelle visite au Parlement (16 juillet), où ils remettent des messages à tous les mandataires wallons et francophones bruxellois qu’ils supplient de ne pas trahir la Wallonie. Ils seront arrêtés. Cela ne les empêche pas de distribuer encore des tracts, dans la rue cette fois, tracts qui reprennent des extraits de La Wallonie terre romane de Félix Rousseau. Menant par la suite des actions moins spectaculaires, Jean Mal reste opiniâtrement motivé par la mise en place d’un état wallon.

En décembre 1976, Jean Mal participe à l’Assemblée commune des trois Mouvements wallons (Liège 18 décembre 1976), mais ses séjours à l’étranger entravent son activité au sein du Mouvement wallon, même s’il conserve un contact régulier avec lui. Se revendiquant d’ailleurs comme un Wallon travaillant à l’étranger (il est à Madrid en 1979), il ne cesse de suivre l’évolution de la question wallonne. Membre de Wallonie libre, il menace de ne pas poursuivre son abonnement au journal si le mouvement n’arrête pas de tergiverser dans la définition de son programme. La solution c’est le divorce par consentement mutuel, écrit-il en juin 1979.

En avril 1980, alors que la Belgique entame les célébrations de son 150e anniversaire, Jean Mal démissionne de tout organisme belge, considérant que la seule solution réside dans une Wallonie indépendante, proche de la France. Quant au statut de Bruxelles, Jean Mal considère que la région bruxelloise doit devenir un district européen financé par la Communauté européenne et n’appartenant ni à la Flandre ni à la Wallonie. À ses yeux, la Belgique est morte après 150 ans d’un mariage contre nature.

Membre du directoire de Wallonie libre (1983-1987), où il représente les Wallons de l’extérieur, il participe aux réunions de l’ARFE, de l’Assemblée des Régions d’Europe, du Comité des Régions d’Europe, du Comité de Travail des Pyrénées, du Conseil des Pouvoirs locaux et régionaux, du Centre européen des Cultures régionales. Il a aussi participé à la mise en pratique de projets européens CEDRE (devenu PACTE), tels que recyclage de pneus, de plastiques, etc.

Fin 1996, suite à l’élection de Luc Van den Brande à la présidence de l’Association des Régions d’Europe, il prend l’initiative d’organiser des rencontres-débats sur le devenir de la Wallonie. À Namur, avec l’aide de Christian Bouvier, il organise des dîners-causeries au cours desquels les sujets d’actualité concernant la Wallonie sont abordés. En 1998, Jean Mal prend une part active dans la création de l’Association France-Wallonie-Bruxelles.

Depuis le sud de la France où il avait choisi de vivre les dernières années de sa vie, Jean Mal restait en contacts constants avec ses amis wallons, venant régulièrement leur rendre visite et leur donner conseils pour davantage d’autonomie politique, rêvant sans doute d’un jour où plus aucune frontière ne séparerait son lieu de résidence de sa terre natale.

Paul Delforge

 

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