Institut Destrée - The Destree Institute

               Accueil

Organisation

Recherche scientifique

Education permanente

Conseil

Action

Evénements

 

 
Cette section propose la liste des notices contenues sur le cédérom de l'Encyclopédie du Mouvement wallon. Les notices accessibles en ligne sont datées : le carré jaune indique les mises à jour, le carré rouge signale les nouvelles notices.

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

L

M

N

O

P

Q

R

S

T

U

V

W

X

Y

Z

 

   

Houba Ernest 

    Né à Champlon le 22 janvier 1880, décédé à une date inconnue 

Instituteur, Ernest Houba semble avoir été un membre actif de la Ligue wallonne du Brabant à partir de 1905. Cependant, on ignore tout de ses activités wallonnes lorsqu’on le retrouve en compagnie de Désiré de Peron, en 1917, en train d’essayer de convaincre des personnalités wallonnes de s’engager dans la séparation administrative mise en place par l’occupant depuis le mois de mars. Ils se prétendent les représentants du Mouvement wallon. Ils sont persuadés que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, dont ils affirment qu’il est officiellement reconnu par l’Allemagne, sera respecté à la signature de la paix : en conséquence, ils sont convaincus que le moment est venu de travailler à l’émancipation de la Wallonie. Houba et de Peron ont eu la promesse des autorités allemandes de pouvoir faire librement une propagande wallonne et de pouvoir disposer de passeports afin de se rendre en Suisse et en France. À Genève, les deux compères devaient rechercher les militants wallons dispersés ; à Paris, se mettre en contact avec L’Opinion wallonne.

Depuis janvier 1915, les Allemands développent en Belgique une Flamenpolitik destinée à asseoir leur présence et à déstabiliser la Belgique en favorisant les revendications flamandes. En octobre 1916, une université flamande est ouverte à Gand. En mars 1917, un décret impose la séparation administrative. Les ministères belges sont alors scindés, les départements flamands restant à Bruxelles, les administrations wallonnes étant transférées à Namur. Cette Flamenpolitik est soutenue par le Raad van Vlaanderen, sorte de Parlement flamand au sein duquel les éléments les plus radicaux, majoritaires, réclament l’indépendance de la Flandre. À la fin de l’été 1917, les Allemands accordent de l’intérêt à la situation de la Wallonie et tentent d’y créer un Conseil wallon, homologue du Raad flamand. Houba et de Peron sont recrutés pour favoriser ce projet.

Soutenus par les Allemands, les deux hommes prétendent parler au nom de la Ligue wallonne du Brabant qui, elle-même, soutient leur nouveau groupement, les Jeunes Wallons. En septembre 1917, ils ont démarché le Raad van Vlaanderen et, en décembre, ils en obtiennent un soutien financier, à savoir un subside mensuel de 1000 francs pour l’édition de leur futur journal ! Tentant de rallier à eux tous les chefs wallons, en Wallonie comme à l’étranger, ils essuient le même refus tant de parlementaires du Hainaut connus pour leur engagement wallon (René Branquart, François André, Désiré Maroille, etc.), qu’à Liège, où ils ne rencontrent pas plus de succès. Ils se heurtent notamment à l’opposition d’Oscar Colson qui leur reproche de vouloir imiter le programme des « Jeunes Flamands », dans leur volonté de diviser la Belgique en deux États séparés et fédérés. Malgré les avertissements et les mises en garde de militants wallons d’avant-guerre, Houba suit Désiré de Peron dans l’édition, à Bruxelles, du journal Le Peuple wallon, sous censure allemande. « Il faut profiter des circonstances pour délivrer la Wallonie de l’étreinte cléricale et flamande » auraient affirmé Houba et de Peron à Branquart.

Codirecteur du journal, Ernest Houba paraît embarqué dans une aventure qui le dépasse. Les rares articles qu’il rédige au début du journal ne sont pas d’un grand intérêt. Wallon exalté, Houba ne semble pas du tout conscient des enjeux qui l’entourent. Partisan d’un rapprochement de la Wallonie et de la France, il n’est pas accepté au sein du Comité de Défense de la Wallonie, étant considéré comme trop extrémiste. Il est l’animateur du groupe Les Jeunes Wallons mais n’occupe pas encore de fonction dans les ministères wallons.

Critiqué par les principaux représentants du Mouvement wallon d’avant-guerre qui refusent de se compromettre avec les Allemands, Houba quitte la direction du Peuple wallon fin juillet 1918, en désaccord avec de Peron. Conseillé par les Allemands, de Peron entendait donner un ton plus modéré, plus insidieux aux articles du journal alors que Houba voulait lui conserver prioritairement le côté « revendication wallonne » qui le rendait parfois fort vindicatif. Sa signature disparaît du Peuple wallon et il entre au ministère wallon de l’Agriculture. En octobre 1918, la guerre n’est donc pas encore finie, quand des membres du comité de la Ligue du Brabant convoquent une assemblée générale afin de dénoncer et réprouver L’Appel aux Wallons ainsi que le programme diffusé par de Peron dans Le Peuple wallon. Ernest Houba se trouve à leurs côtés.

Craignant les représailles de la Justice, Ernest Houba quitte précipitamment le pays en novembre 1918 et se réfugie en Hollande puis en Allemagne. Lors du procès de Namur dit « des ministères wallons » (décembre 1919), Ernest Houba ne figure pas parmi les inculpés. Par contre, en juin 1921, un procès est ouvert contre lui en tant que rédacteur et responsable du journal Le Peuple wallon. En vertu des articles 118 bis et 115 du code pénal, il est alors condamné par contumace à huit ans de prison. Fugitif, il décide de rentrer à Liège, en avril 1923, moment où il est appréhendé. Défendant de façon sûre et pertinente ses choix wallons, Houba impressionne le juge d’instruction qui demande à faire examiner l’état mental de l’inculpé. Défendu par Me Collignon, Houba maintient ses positions, appuie sa charge contre le gouvernement du Havre, défend l’utilité des ministères wallons et de la séparation administrative. Son défenseur revient aussi sur le procès de Namur pour le « déjuger ».

Jugé de façon expéditive par la Cour d’Assises de Liège en mai 1923, l’ancien rédacteur du Peuple wallon obtient un non-lieu. Le procureur du roi n’a pas requis contre Houba, se contentant de le trouver judiciairement irresponsable… En conséquence, sa révocation de l’administration devenait nulle et il pouvait reprendre son métier d’instituteur.

On ne retrouve plus le nom d’Ernest Houba dans le mouvement wallon de l’après-Grande Guerre. Dès septembre 1923, il est parti vivre à Paris où il a trouvé un emploi de buraliste.

 

Paul Delforge

 

Paul Delforge, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008

 

 

L'Institut Destrée L'Institut Destrée,
ONG partenaire officiel de l'UNESCO (statut de consultation) et 
en statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social
des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2012
  The Destree Institute The Destrée Institute,
NGO official partner of UNESCO (consultative status) and 
in Special consultative status with the United Nations Economic
and Social Council (ECOSOC) since 2012 

www.institut-destree.eu  -  www.institut-destree.org  -  www.wallonie-en-ligne.net  ©   Institut Destrée - The Destree Institute