Joseph Gélis voit ses études interrompues par la Seconde Guerre
mondiale. Il vient de fêter ses 17 ans lorsque les troupes
allemandes entrent à Verviers. Ayant déjà exprimé son
mécontentement à l’égard de tous les comportements politiques
d’avant-guerre et particulièrement du pacte de neutralité de la
Belgique, il refuse d’accepter le fait accompli du 28 mai 1940.
C’est essentiellement la désertion des régiments flamands en
1940, les discriminations établies entre Flamands et Wallons par
la libération des seuls prisonniers de guerre flamands, les
faits observés de résistance d’une part tout autant que les
faits de collaboration d’ailleurs, ainsi que le silence royal
face aux événements et prises de positions de guerre qui le
conduiront à adhérer au Mouvement wallon. Astreint au travail
obligatoire en Allemagne sur ordre formel et écrit en date du 15
mars 1943, il se cache et reste dans l’illégalité, sans emploi,
du 19 mars 1943 au 10 septembre 1944 : il a dû quitter son
travail au secours d’hiver à Andrimont. Durant cette période, il
fait connaissance de la Wallonie libre et fonde une
section à Verviers, dont il assure le secrétariat à partir de
septembre 1944. Il restera toujours fidèle à Wallonie libre.
Il en sera l’un des délégués verviétois au directoire
(1979-2005) et assumera le secrétariat de la section de Verviers
de Wallonie libre pendant plus de soixante ans. Il
présida aussi la régionale de Verviers de Jeune
Wallonie jusqu’en 1949.
À plusieurs reprises, Wallonie libre adressera ses
félicitations à ce membre fidèle à l’idéal de l’Appel du 18 juin
1940 : il sera notamment honoré de la médaille d’argent de
Wallonie libre (1964) puis de la médaille d’or (1970). Il
prendra aussi en charge l’organisation du colloque du 40e
anniversaire du mouvement (Verviers, 1984).
Présent à l’ensemble des congrès du Congrès national wallon
(1945-1959), ce fonctionnaire des postes qui est aussi délégué
national FGTB, secteur des postes, est renforcé dans son opinion
anti-léopoldiste par les mouvements d’opinion et les événements
de 1950 auxquels il participe activement. Il propage l’idée
wallonne par de nombreux articles dans le journal verviétois
Le Jour, où il tient une chronique de 1952 à 1975 et, c’est
anonymement qu’il écrit, sous le couvert d’associations
wallonnes, divers tracts et brochures.

En 1962, Joseph Gélis propose de réunir les Mouvements wallons
au sein d’un Front commun d’Action wallonne. Notamment avec
Jules Nissenne et Robert Moson, il en est l’initiateur et le
délégué permanent de Wallonie libre. Il s’agit alors du
seul groupement qui réunit l’ensemble des mouvements wallons
autour d’un seul et même programme. Il représente le Front au
Congrès d’Action wallonne, de Namur, le 23 mars 1963 et compte
aussi parmi les fondateurs des Amis des Fourons, la même année.
Ses actions diverses sont teintées de l’influence de François
Van Belle, Édouard Lambrette et Jules Nissenne. Très actif au
moment du pétitionnement de l’automne 1963, il est la cheville
ouvrière de la consultation populaire organisée à Ensival, en
1965, au cours de laquelle les habitants sont appelés à se
prononcer sur le fédéralisme et sur l’introduction dans la
Constitution du droit au referendum.
En 1964, il est la cheville ouvrière des cérémonies organisées à
l’occasion du 175e anniversaire de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen, par le Congrès de Polleur (20
août 1789). Huit ans plus tard, il est encore à la base du
comité créé pour la commémoration du 180e
anniversaire des Vœux solennels de rattachement à la France (le
23 décembre 1792), émis par les habitants des communes de Theux
et de Spa. Chaque 18 juin, Joseph Gélis est présent à Waterloo ;
il y exprime sa volonté de rapprochement avec la France.
Fondateur et administrateur-délégué du Souvenir Charles de
Gaulle, il est l’initiateur, en 1979, de la construction du
monument en hommage à celui-ci. Il est aussi membre de
l’Institut Jules Destrée, de la Fondation Charles Plisnier et du
Mouvement pour le Retour à la France (1987).
Depuis son admission à la retraite, Joseph Gélis a pris
l’initiative de faire revivre la maison natale du poète Adolphe
Hardy. Il est le fondateur, le vice-président et la cheville
ouvrière de la fondation qui porte le nom du poète disonais.
Paul Delforge |