Auguste Doutrepont est issu d’une famille spécialisée dans la
fabrication de chaussures. Après ses humanités au Collège
Marie-Thérèse de sa ville natale, il poursuit ses études à
l’École normale de Liège où il est l’un des premiers étudiants
de Maurice Wilmotte qui inaugure, en Belgique, l’enseignement de
la philologie romane. Pendant trois années, à compter de 1888,
Auguste Doutrepont achève sa formation à Florence, Paris et
Halle. En 1891, il entame sa carrière universitaire à
l’Université de Liège où, pendant presque quarante ans, il
enseigne notamment l’histoire de la littérature française et des
littératures romanes, la grammaire historique du français,
l’encyclopédie de la philologie romane.
Frère de Georges, lui-même philologue et professeur à
l’Université de Louvain, A. Doutrepont épouse une fille
Couturier, elle aussi de Herve ; ils ont eu deux fils. Au cours
de sa carrière professorale, Doutrepont est nommé, en 1896,
membre titulaire de la Société de Littérature wallonne, dont il
assume la présidence de 1918 à 1928, succédant à Victor Chauvin.
En 1920, sous le ministère de Jules Destrée, est fondée
l’Académie de Langue et de Littérature françaises ; Auguste
Doutrepont y siège dès l’origine et y est nommé directeur pour
l’année 1926. Cette même année, la Commission de Toponymie et
Dialectologie voit le jour ; Doutrepont en fait également partie
et est chargé de la rédaction de la Bibliographie wallonne à
paraître dans le Bulletin de l’association. En 1928 enfin, il
préside la Commission du Musée de la Vie wallonne.
L’attachement d’Auguste Doutrepont pour la Wallonie se manifeste
encore à un autre niveau : il s’engage dans le Mouvement wallon
qui s’organise. Au Congrès wallon de 1913, il est chargé d’un
rapport portant sur les Encouragements à la littérature et à
la philologie wallonnes. En octobre 1912, il est l’un des
très rares catholiques parmi les membres fondateurs de
l’Assemblée wallonne et l’année suivante, il préside la séance
tenue par cette dernière, à Liège, le 13 novembre. Représentant
de l’arrondissement de Verviers, il restera membre de
l’Assemblée jusqu’à sa mort en 1929. Fondateur de la section de
Herve de la Ligue wallonne de Verviers (1914), membre du Comité
d’Action wallonne de Verviers (1914), il est aussi membre de la
Ligue wallonne de l’arrondissement de Verviers (1919-1929) et
collabore à L’Almanach wallon (1923). Enfin, il est en
relation avec Élie Baussart qui tente, dès avant que n’éclate la
Première Guerre, de sensibiliser les catholiques wallons à la
question communautaire et au Mouvement wallon.
Au lendemain de l’Armistice, le groupe liégeois de l’Assemblée
wallonne se réunit et publie un Manifeste (décembre 1918) qui
évoque les griefs wallons. Alors que la Flandre est libérée et
sans attendre que la Wallonie soit évacuée par l’ennemi, s’est
constitué un nouveau gouvernement belge et les Chambres se sont
réunies. Le nouveau gouvernement ne comprend pas trois Wallons
sur ses douze membres, et aucun qui a pris explicitement la
défense des Wallons ; de plus, le gouvernement a annoncé la
création prochaine d’une université flamande à Gand, a déclaré
admettre le principe du bilinguisme et de l’imposer au pays.
Auguste Doutrepont est l’un des quinze signataires de cette vive
protestation.
Micheline Libon |