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Contrats, territoires et
développement régional
Actes de la Journée
d'étude du 11 mai 1999 au Château de Namur
Organisation :
Institut Jules Destrée
CEMAC (Centre de Management et de Créativité)
OGM (Organisation Gestion Marketing)
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Pierre-Jean Lorens
Directeur général adjoint chargé du Plan et de
l'Evaluation du Conseil régional du Nord - Pas-de-Calais
C'est difficile de succéder à Jacques Cherèque parce qu'il y a
beaucoup de choses qu'il a dites qu'on partage depuis longtemps. J'aimerais organiser mon
propos autour de ce qu'on pourrait appeler un petit bilan raisonné prospectif du contrat
de plan, autour de deux idées qui animent aujourd'hui l'Exécutif et l'Assemblée
régionale Nord - Pas-de-Calais : c'est oser la subsidiarité et parier la
responsabilité. En effet, il me semble que derrière le mieux de région qu'évoque
Jacques Cherèque, il y a aussi les questions fondamentales qu'on a abordées plus avant,
de subsidiarité et de responsabilité, qui me semblent être deux notions au cur de
la notion de contractualisation. Donc, je ne reviendrai pas sur des éléments de bilan
qu'on peut dresser des exercices précédents de contractualisation entre l'Etat et la
Région.
I. Un bilan contrasté, partagé
par tous
1. Une négociation en trompe-l'il
Je le ferai quand même, mais très rapidement, d'abord pour rappeler
de manière un tout petit peu moins politiquement correcte que le représentant de la
Datar, que visiblement la dernière génération de contrat de plan
Etat - Régions a quand même été marquée par deux éléments majeurs qu'on
peut retenir, d'abord une négociation en trompe-l'il. Il me semble que quand on
parle de contrat, il y a quand même un minimum à envisager si ce n'est à respecter,
c'est l'égalité de situation des parties contractantes.
Or, la négociation du précédent contrat de plan, c'est-à-dire celui
qui court encore jusqu'à la fin de cette année 1999, a été marquée par un certain
nombre de points qui ont largement grevé les principes mêmes d'action qu'on peut
espérer derrière la négociation contractuelle. D'abord, on vous a parlé et le
représentant de la Datar avait été assez prolixe en la matière de cette fameuse
recherche d'équité ou de principe d'inégalité entre les différentes régions et
comment la Datar avait imaginé une fourchette de répartition de l'enveloppe des contrats
de plan qui tenait compte des grandes conditions macro-économiques de la situation d'un
certain nombre de régions. En fait, on avait retranché à la précédente génération
de contrat de plan un certain nombre d'opérations pour pouvoir en rajouter afin de
trouver un artifice des + 23,5 %. Donc, j'aurais quand même bien aimé que
notre ami de la Datar soit encore présent pour s'expliquer sur cette histoire. Mais
considérons cela comme du passé. De la même manière qu'il faut considérer comme du
passé, j'espère, le fait que le préfet de Région s'était effectivement trouvé devant
une situation assez paradoxale : ouvrir une négociation avec une collectivité
décentralisée de plein exercice qu'est le Conseil régional avec un mandat de
négociation déjà bouclé à 85 %. Et autant dire que le reliquat de 15 % pour
faire 100 % était tout aussi dur que le noyau dur des 85 %. C'est-à-dire que,
pour être très clair, la marge de négociation du précédent Exécutif régional
vis-à-vis du préfet et de l'Etat français, lors de la négociation du contrat de plan
dont on parle aujourd'hui, a été une négociation en trompe-l'il. Si l'on ajoute
à cela le fait que la majeure partie de thèmes contractualisés sont encore aujourd'hui
des thèmes qui sont largement de la compétence de l'Etat et que l'Etat avait refusé à
cette occasion de venir aider la Région sur ces compétences, on peut aussi gloser
là-dessus mais je ne le ferai pas, simplement pour rappeler qu'on part quand même de
loin sur l'appréciation qu'on peut avoir des contrats de plan Etat - Régions
et que la mission qui avait été confiée à Jacques Cherèque dont il vient de rappeler
brièvement les principales conclusions était une mission tout à fait importante.
Derrière cette mission, il y avait la réhabilitation, aux yeux des élus locaux et aux
yeux des présidents d'exécutif régionaux, le fait que les contrats de plan n'étaient
pas simplement un artifice de désengagement de l'Etat au profit ou au détriment des
régions mais vraiment un exercice contractuel faisant participer les forces vives des
régions. Premier point.

2. Des engagements non tenus
Deuxième point, là aussi politiquement correct mais il en a parlé
plus avant et je lui en rends grâce, le représentant de la Datar a parlé des
engagements financiers qui avaient été remis en cause; on a parlé des critères de
Maastricht, on a parlé d'autres points. C'est vrai qu'aujourd'hui, sur un certain nombre
de points, l'Etat n'est pas au rendez-vous financier et au rendez-vous qualitatif des
éléments qui avaient été prévus et contractualisés, ce qui renvoie aussi à la
nature faussement juridique des contrats de plan Etat - Régions dont il a
parlé et dont je partage effectivement l'avis. Hormis quelques jurisprudences inabouties,
aujourd'hui, nous n'avons pas vraiment en France, derrière la notion de contrat de plan
Etat - Régions, un outil juridique et dont on peut ester en justice devant les
tribunaux administratifs français.
3. La reconnaissance de l'espace régional
Dans un second temps, au delà de ces principales critiques que Jacques
Cherèque a fort bien reprises dans son rapport, il y a quand même un certain nombre
d'avancées significatives pour le développement des régions et notamment du Nord
- Pas-de-Calais qu'il faut reprendre au titre positif, à l'acquis des contrats de
plan Etat - Régions. D'abord, des progrès en terme de cohérence des
politiques publiques à l'échelle régionale. Derrière le contrat de plan
Etat - Régions et dans la lignée des lois de décentralisation de 1982 et de
1983, le contrat de plan est la reconnaissance qu'il existe un espace régional capable de
définir des politiques qui sont des politiques régionales. C'est-à-dire qu'elles sont
conçues, élaborées, à la fois par les élus régionaux en une collaboration, en un
dialogue avec l'Etat. Cette reconnaissance de l'espace régional comme un cadre
d'intérêt général et de développement du territoire a également contribué de fait
à ce que se développent, derrière les contrats de plan Etat - Régions, toute
une série d'approches plus territorialisées qu'on pourrait appeler contrats de
territoire et sur lesquels je reviendrai dans les préconisations qu'aujourd'hui, la
Région Nord - Pas-de-Calais fait dans l'exercice qui s'engage de nouvelles négociations
du contrat de plan Etat - Régions.

4. Le CPER, effet levier des grands projets régionaux
Deuxième point à mettre à l'acquis des contrats de plan
Etat - Régions, Jacques Cherèque l'a dit de manière générale; je voudrais
simplement l'illustrer par rapport au Nord - Pas-de-Calais et vous avez une bonne
connaissance, me semble-t-il, de ce qui se passe dans notre Région, c'est via les
investissements réalisés au titre des contrats de plan Etat - Régions que
l'on a pu construire un réseau d'infrastructure performant aujourd'hui dans le Nord -
Pas-de-Calais : je citerai le lien fixe Transmanche et l'arrivée du TGV à Lille, je
citerai également le développement du potentiel de recherche régionale où on sait
très bien que la Région Nord - Pas-de-Calais est largement déficitaire vis-à-vis
d'autres régions métropolitaines, même si là-dessus l'effort est encore à fournir, le
développement de l'enseignement supérieur, la création de nouvelles universités dans
la région Nord - Pas-de-Calais, de même que toute la problématique de la politique de
la ville ou du renouvellement urbain que vous connaissez aussi bien en Wallonie, puisque
nous avons de fortes corrélations en matière de conversion et de mobilisation autour de
ces thèmes. Ceci dit, l'ensemble des points que je viens d'évoquer là n'aurait pas pu
voir le jour, n'aurait pu être réalisé si, derrière l'engagement de l'Etat réel au
titre du contrat de plan, il n'y avait pas eu l'inertie complètement positive du
processus de décentralisation qui a notamment fait des régions une collectivité avec un
pouvoir d'investissement et une capacité d'investissement nettement supérieurs aux
autres collectivités territoriales. Mais cela renvoie à l'équilibre général des
principes de décentralisation qui sont actuellement à l'uvre en France.
Très rapidement, derrière ce bilan que l'Exécutif régional et
l'Assemblée régionale font du contrat de plan Etat - Régions, que Jacques
Cherèque a repris dans son rapport, que la Cour des Comptes a repris également dans son
rapport en 1988, que l'Inspection générale des Finances a repris récemment dans un
rapport : je veux dire que le bilan que je fais là, si je l'applique au Nord -
Pas-de-Calais, n'est pas un bilan politiquement incorrect. C'est aussi un bilan
aujourd'hui largement partagé par tous les gens qui se sont penchés sur cette mécanique
contractuelle.

II. Six pistes pour aller plus loin dans la contractualisation
Aujourd'hui, nous faisons toute une série de propositions. Je passe
sur celles qui visent à restaurer vis-à-vis des élus locaux la confiance en la parole
de l'Etat qui a été gravement mise en cause lors des précédentes années. Nous
proposons nous six axes de progrès pour une contractualisation équitable et solidaire,
des axes de progrès qui font largement évoluer le couple déconcentration -
décentralisation, ce qu'on appelle dans un effroyable néologisme français la
déconcentralisation, puisque de notre point de vue, il ne peut pas y avoir de réelle
décentralisation sans effectivement et Jacques Cherèque l'a rappelé de
véritable pouvoir de négociation donné à l'administration déconcentrée de l'Etat et
singulièrement au préfet de Région.
1. Des rencontres régulières pour une meilleure planification
La première proposition consiste à améliorer notre capacité
d'anticiper régionalement les choix pour mieux décider. Cela veut dire que l'Etat et la
Région doivent se doter de manière pérenne d'outils d'observation et de prospectives
capables de nourrir régulièrement les exercices de planification et non pas de fournir
un effort, un coup de collier à une charrette six mois avant les échéances, comme ça
été encore le cas cette fois-ci, en produisant d'une part une stratégie de l'Etat en
Région pour le préfet et, d'autre part, un document d'orientation régionale pour tout
ce qui concerne la Région mais de se doter, autour de la conférence régionale
d'aménagement et de développement du Territoire c'est vrai un peu bizarrement
appelée CRADT , d'un lieu de rencontre régulier entre l'Etat et la Région pour
travailler de concert sur des éléments d'orientation, sur des éléments d'observation,
d'étude et de prospective qui permettent que le couple Etat - Région
fonctionne au mieux du développement régional. C'est le premier point.
2. Institutionnaliser la capacité de proposition des Régions
Le deuxième point, c'est la capacité de négocier à armes égales.
On a beaucoup critiqué la procédure des contrats de plan à cet égard. Ce que l'on
espère c'est que, dans la négociation qui va bientôt s'engager, on puisse beaucoup plus
développer qu'auparavant le couple concertation - consultation, qu'on puisse
équilibrer les termes de la négociation, c'est-à-dire que la Région soit autant en
capacité de proposer au préfet que le préfet en capacité "d'imposer" à la
Région, ce qui me paraît être une façon tout à fait importante de reconsidérer les
termes de la négociation.
Au niveau de l'Etat, la contractualisation permet la consolidation, la
congélation des crédits budgétaires de chaque ministère sur des actions ou sur des
projets très précis. Il faut rappeler que le contrat de plan Etat - Régions
est un formidable outil pour tous ceux qui veulent avoir une sécurité budgétaire dans
les différents arbitrages annuels, quand on négocie les budgets. C'est aussi vrai pour
l'Etat d'ailleurs que c'est vrai pour la région. Il y a un certain nombre de
vice-présidents du Conseil régional qui, lors de la dernière mandature, ont
effectivement considéré également que le contrat de plan Etat - Régions
était une bonne occasion de s'assurer d'arbitrages budgétaires futurs en en mettant un
maximum, si je peux me permettre cette expression, dans le contrat de plan
Etat - Régions. Donc, dans ce côté, négocier à armes égales, il y a la
nécessité d'avoir un maximum de latitude de manuvre dans la globalisation de la
négociation budgétaire. C'est ce qu'on appelle en France cette fongibilité
généralisée des fonds qui, au service du développement général et du développement
local, devrait permettre une vraie négociation. Ce qui est vrai d'une négociation à
Marseille n'est peut-être pas vrai à Dunkerque. C'est-à-dire que là aussi, il y a la
nécessité de pouvoir inventer collectivement entre Etat et Région des politiques
régionales vraiment au service des besoins socio-économiques des régions dont on parle.
Or, aujourd'hui, le constat c'est que finalement, en matière notamment de développement
économique, les mêmes procédures sont à l'uvre à Marseille ou à Dunkerque. Je
ne pense que cela soit forcément une bonne chose et que la décentralisation y gagne.

3. Modifier le contenu et unifier les lieux de gestion
Troisième point, modifier les contenus des contrats de plan. On a trop
eu, dans les précédentes générations, des contenus de contrats de plan qui
favorisaient les investissements matériels. On a parlé des routes, l'exemple est connu,
mais on pourrait parler aussi d'autres contenus de ce type et on doit plus aller vers
l'immatériel qui aujourd'hui est une des conditions du développement largement reconnue
beaucoup d'interlocuteurs en ont fait état au cours de la présente réflexion.
Donc, il faut favoriser cette nouvelle approche des contrats de plan comme étant aussi
des contrats de plan privilégiant le fonctionnement au détriment de l'investissement,
favorisant l'immatériel même si dans certaines régions, il est vraisemblable qu'un
certain nombre d'investissements matériels (routes ou infrastructures) soient encore
nécessaires. De la même manière, je crois que dans les contenus possibles à modifier,
il faudra veiller une bonne fois pour toutes à ce que les orientations de l'Etat, de la
Région et de la Commission européenne dans ses prochains fonds structurels puissent se
reconnaître dans un seul cadre de référence. Aujourd'hui, de nombreux handicaps dans la
gestion d'un certain nombre de dossiers ou d'actions proviennent du fait que l'on a
plusieurs lieux de gestion, d'arbitrage et de décision sur les mêmes dossiers. Au delà
du fait que cela puisse remplir l'agenda d'un certain nombre de fonctionnaires
territoriaux et les rassurer sur l'utilité qu'ils ont de leur emploi du temps et de leur
mission, on a quand même le sentiment qu'on pourrait économiser un certain nombre de
lieux d'arbitrage en faisant en sorte que ces principaux objectifs se retrouvent dans un
seul cadre de référence. Je dois vous dire aujourd'hui que je n'ai pas l'impression
qu'on soit parti sur cette ligne de conduite là et qu'on aura vraisemblablement encore
des contrats de plan et des Docup comme on dit dans le langage communautaire. On a
peut-être raté là une occasion de travailler sur un seul cadre de référence en
matière de développement. De même, je crois qu'on a intérêt à ouvrir de nouveaux
champs de contractualisation en substitution pour ceux relevant des compétences de
l'Etat. Je l'ai déjà dit, donc je n'y reviens pas.
4. Professionnaliser la notion de contrat
Quatrièmement, il s'agit également de mieux répartir les
financements. On a beaucoup de mal aujourd'hui à assurer une traçabilité des
financements. Le représentant de la Datar parlait des taux d'exécution qu'il constate
aujourd'hui en matière de réalisation du contrat de plan Etat - Régions. Tout
ce que je peux vous dire, c'est que ces taux sont largement sujets à discussion et que,
quand on demande au représentant du SGAR aujourd'hui de nous faire un état précis des
engagements financiers qu'il a consacrés au titre du contrat de plan
Etat - Région, il a beaucoup de mal à être certain de ses chiffres. Les
bilans financiers réalisés autour du contrat de plan Etat - Régions le sont
dans des conditions de fiabilité qui sont loin d'être complètement sûres. Donc, on a
un problème de financement, on a un problème d'engineering et on a un problème de
professionnalisation de ces contrats de plan Etat - Régions. Aujourd'hui, on
est quand même dans une matière largement artisanale. Nous devons professionnaliser la
notion de contrat et j'y reviendrai avec plus de détails quand je parlerai de
l'évaluation. Donc, il faut instaurer visiblement une conférence financière régionale
qui permette une meilleure lisibilité de ces éléments.

5. Contractualisation avec les territoires sur des objectifs
partagés
Cinquième point sur lequel nous sommes tout à fait engagés dans le
Nord - Pas-de-Calais, c'est le côté du renforcement de la territorialisation du contrat
de plan et de la démocratisation des choix réalisés dans le cadre du contrat de plan
Etat - Régions. La question de la territorialisation des contrats de plan n'est
pas nouvelle à l'échelle du Nord - Pas-de-Calais. Depuis longtemps, nous avons
développé, à l'échelle du développement social des quartiers, les contrats
d'agglomération et les contrats de développement ruraux. Donc, ce qui se passe au niveau
du débat sur la loi d'orientation sur l'aménagement et le développement durable du
territoire n'est pas sans nous rappeler les efforts que nous avons engagés et nous sommes
plutôt en sympathie avec les propositions qui sont faites aujourd'hui au niveau du
gouvernement. Les seules précautions que nous souhaitons prendre sont des précautions
administratives si j'ose dire. Il nous faut favoriser une construction durable des projets
de territoire et des réseaux territoriaux en dépassant peut-être les concepts un tout
petit peu étroits que nous propose aujourd'hui la Datar entre l'agglomération et le
pays, surtout dans une configuration comme celle du Nord - Pas-de-Calais Luc
Maréchal le rappelait tout à l'heure où finalement la distinction entre le
milieu urbain et le milieu rural est de moins en moins évidente. Ce que nous souhaitons
nous, c'est de pouvoir avoir la compétence et la qualité Etat et Région, en Nord -
Pas-de-Calais, de négocier correctement quelle sera la définition des aires
territoriales sur lesquelles nous aurons à contractualiser. Deuxième point, il nous
faut, à mon avis, renforcer l'engineering du développement local. Je pense que c'est un
point fondamental sans lequel on pourra toujours parler de développement local sans
jamais s'en donner les moyens. D'autre part, tout ceci doit se faire effectivement en
adéquation avec le principe de subsidiarité, nous en avons parlé ce matin. Et la
contractualisation sur les territoires ne doit pas se faire à l'aveugle mais elle doit se
faire sur la base d'obligation de résultats et non pas d'obligation de moyens. De plus en
plus, en un mot, il nous faudra partager les résultats que nous souhaiterons avoir avec
les territoires. Il ne s'agit pas de financer tout, n'importe quoi, à l'avenant et de
gérer des politiques de guichet, il s'agit de gérer des politiques de projets et pour
cela, il nous faut être d'accord avec les territoires sur les résultats que nous
cherchons à accomplir, sans avoir un quelconque pouvoir de tutelle sur les territoires
avec lesquels nous contractualiserions, mais simplement sur cette nécessité du partage
d'un certain nombre d'objectifs de développement entre le niveau régional et le niveau
local.

6. Renforcer les dispositifs d'évaluation contradictoires
Sixième point, sixième obligation que nous nous fixons, c'est la
capacité de l'Etat et de la Région de développer un meilleur suivi et une meilleure
évaluation du contrat de plan Etat - Région. La Région Nord - Pas-de-Calais
est engagée, depuis maintenant cinq ans, dans une démarche assez ambitieuse en matière
de suivi et d'évaluation. Nous souhaitons encore la continuer et la renforcer dans le
cadre de cet exercice commun avec l'Etat. Ce sont des recommandations simples et de bon
sens. C'est améliorer le suivi conjoint en développant l'aspect qualitatif des
éléments, aujourd'hui on arrive à peine à avoir un suivi quantitatif à peu près
correct. Il nous faut renforcer l'aspect qualitatif du suivi. Il nous faut renforcer
l'évaluation partenariale et contradictoire des programmes que nous engageons. Nous
l'avons fait sur un certain nombre de thèmes. Il faut sans doute le généraliser et
prévoir l'évaluation à mi-parcours. Une des propositions du rapport de Jacques
Cherèque, c'est aussi de prévoir une évaluation à mi-parcours du contrat de plan en
2003, c'est-à-dire que nous rentrons dans une aire de planification décentralisée et
démocratique. Je crois encore à la planification, pour répondre à une question posée;
je ne me sens pas complètement de la couleur du mur qui est tombé il y a quelques
années à Berlin pour pouvoir parler, sans aucun complexe, d'une planification
démocratique et décentralisée. En tout cas, c'est ce que nous essayons de construire en
France, en Nord - Pas-de-Calais. Pour cela, il faut renforcer l'évaluation publique et
contradictoire, et prévoir une évaluation à mi-parcours afin d'infléchir les
décisions prises qui ne doivent pas être figées pour sept ans, mais simplement pouvoir
également être révisées au bout d'un contexte à mi-parcours.
Pour mettre en place l'ensemble de ces éléments, la région Nord -
Pas-de-Calais, en parallèle de l'Etat, a lancé en débat un document d'orientation
régionale qui n'est pas ce que l'on appelait avant le plan régional, mais un document
beaucoup plus simple et beaucoup plus ramassé qui fait état d'un certain nombre de
propositions de réflexion, tant sur la méthode que sur le fond de ce qu'il faut
contractualiser avec l'Etat. Un certain nombre de partenaires ont répondu à notre appel
et en débattent également avec nous. Ce document a été diffusé à environ cinq mille
partenaires, collectivités, associations. Il est en débat. Le président Delebarre est
en train de le porter en débat auprès des deux assemblées départementales des grandes
communautés urbaines et nous espérons que, d'ici la fin du mois de juin, nous pourrons
avoir en même temps que le préfet aura son mandat de négociation un
mandat de négociation pour le Conseil régional Nord - Pas-de-Calais, un mandant ayant
été négocié avec ses principaux partenaires territoriaux et ses partenaires
économiques et sociaux, au premier rang desquels le CESR, afin de commencer la
négociation d'un contrat de plan qu'on espère différent des trois précédentes
générations.
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