), c'est une administration de
mission à vocation interministérielle qui est née en 1963 sous l'un des gouvernements
du Général de Gaulle et qui avait pour objectif de préparer les décisions que devaient
prendre le gouvernement, les autorités centrales, en matière d'aménagement du
territoire, et d'intervenir dans ce qu'on appelait à l'époque, l'action régionale mais
une action qui n'avait certes pas l'importance qu'elle a prise au cours des années. C'est
donc un organisme de mission, souple, réactif, composé d'environ 70 chargés de mission
et conseillers. La différence, c'est que la Datar ne dépend plus seulement de Matignon
puisqu'en 1993, le ministère de l'Intérieur est devenu ministère de l'Intérieur et de
l'Aménagement du Territoire et qu'actuellement, la Datar est également sous la tutelle
de la ministre de l'Aménagement et de l'Environnement du Territoire, Madame Voynet, dont
un phénomène de double tutelle, le ministère de l'Aménagement du Territoire et bien
entendu, les services du Premier ministre.
Mon propos sera de vous parler de cette relation
contrat - territoire et de son évolution. Je le ferai en deux parties, la
première sera un exposé un peu général, liminaire, pour caractériser cette relation.
La deuxième portera sur la préparation de la 4ème génération des contrats de plan
Etat - Région, un exercice dans lequel la Datar est effectivement complètement
immergée et elle le sera jusqu'au début 2000, période à laquelle les contrats de plan
Etat - Région, 4ème génération, devraient entrer en application.
L'une des expressions clés de la politique d'aménagement du
territoire, aussi bien au niveau du discours qu'au niveau de sa mise en uvre à
travers l'action publique, c'est une relation entre contrat et territoire. Pour qui se
remémore les années 1960-1970 en France, l'aménagement du territoire, comme d'autres
politiques publiques d'ailleurs, était un monopole d'Etat, l'expression, dirions-nous,
d'un pouvoir technocratique. Or d'un schéma unitaire où les autorités centrales de
l'Etat concevaient et dirigeaient exclusivement les politiques territoriales
c'était l'époque de la planification française avec l'omniscience du commissariat
général au plan, l'époque du développement national où prévalait un modèle de
croissance privilégiant les infrastructures et les grands équipements publics , on
est passé à un concept de partage partenarial de l'action publique. Alors, que s'est-il
passé ?
D'abord, la fin du mythe connu sous le vocable des "30
glorieuses", cette espèce de développement continu et des taux de croissance
supérieurs à 5 % où on avait une sorte de croyance collective en la toute
puissance du progrès scientifique et technologique, et de l'accroissement des richesses
matérielles pour entraîner plus de progrès et, donc, plus de bonheur. Certes, il y
avait déjà une prise de conscience que les ressources naturelles n'étaient pas
inépuisables, si l'on se souvient de Stockholm en 1972, du Club de Rome, de Sicco
Mansholt et sa théorie de la croissance zéro, des travaux du MIT. Mais toutes ces
menaces étaient perçues comme lointaines et manifestement exagérées par les mouvements
écologistes naissants.
Ensuite, la mise en uvre de la décentralisation en
France, décentralisation qui exprimait l'idée que l'Etat ne pouvait s'occuper de tout
avec une égale réussite, qu'il y avait une demande des citoyens pour que les décisions
se prennent à un niveau plus proche d'eux et donc, une montée en puissance des pouvoirs
locaux et des territoires avec une traduction législative, institutionnelle où l'Etat
répartissait ses compétences avec des collectivités territoriales, la région, le
département, à côté des communes qui préexistaient et des groupements de communes. On
avait plusieurs niveaux d'administration territoriale avec lesquels il fallait composer et
surtout, le fait que ces collectivités territoriales n'étaient pas hiérarchisées entre
elles. Donc, il était nécessaire, du fait de la complexité des politiques publiques,
d'assurer une coopération et une coordination entre ces différents niveaux
d'intervention et cette coordination revient à l'Etat, l'Etat qui fixe les règles du jeu
et qui est garant de l'équité, l'équité pour les conditions de vie sur le territoire
national puisque l'objet de l'aménagement du territoire est resté le même, c'est celui
de bien répartir les activités et les hommes sur l'ensemble du territoire. En
parallèle, on a permis une montée en puissance, parmi ces collectivités publiques, de
la Région qui, en 1983, est devenue une collectivité territoriale à part entière, une
collectivité élue et ensuite, avec laquelle l'Etat a renforcé ses relations
contractuelles, en matière d'aménagement du territoire. On poursuivait l'exercice de
planification nationale mais, à partir de 1984, nous avons eu des contrats de plan entre
l'Etat et les régions et puis, à partir du 11ème plan, c'est-à-dire à partir de 1993,
on a abandonné la planification nationale pour se focaliser exclusivement sur les
contrats de plan Etat - régions.

Que s'est-il passé encore ? L'abolition des frontières,
la libre circulation des marchandises et des capitaux, l'implication d'un nombre croissant
de pays émergeant dans le jeu mondial des marchés, et cette implication croissante,
naturellement, a exacerbé la concurrence concurrence entre Etats qui devaient se
lier par des accords de coopération et qui devaient protéger leurs marchés par des
règles du jeu communes commerciales mais également concurrence au sein des
régions, concurrence au sein des métropoles, des grandes villes, bref, au sein des
territoires infrarégionaux. Ces facteurs et d'autres que je n'évoque pas ici, et surtout
leurs interactions, expliquent que cette relation contrat - territoire qui est
de nature dialectique, ce n'est pas une relation naturelle, surtout pour un Etat comme la
France, c'est vraiment une relation qui progresse par dépassement de ses contradictions,
prend une telle importance. Elle aurait semblé, sinon incongrue voici 25 ans, du moins
très très limitée, alors qu'elle trouve aujourd'hui sa pertinence dans le contexte d'un
pays qui entend désormais gouverner ses territoires par l'intermédiaire d'un système
d'actions collectives qui repose sur la coopération des acteurs des politiques
territoriales.
Alors, ce thème sur lequel porte mon intervention,
"contrats et territoire", est très vaste et il est assez vaste pour que je
choisisse une approche et un champ particuliers, capables d'illustrer cette relation
contractuelle qui prévaut désormais en matière d'aménagement et de développement du
territoire. Ce champ sera donc celui de la contractualisation entre l'Etat et les
régions, les contrats de plan entre l'Etat et la Région dont nous préparons en ce
moment la 4ème génération pour une durée de 2000-2006, une durée d'ailleurs qui
coïncide avec le démarrage des programmes structurels européens. C'est aussi la raison
pour laquelle nous avons décalé la contractualisation en cours, d'une année.
Mon approche n'est pas celle d'un universitaire, elle n'est pas
celle d'un expert ou d'un élu. Vous aurez, ici je crois, la vision des contrats de plan
par les élus, les grands élus, mais plutôt celle d'un praticien de l'administration qui
contribue un peu modestement à son poste de travail à orienter et coordonner le jeu
nécessaire des acteurs aussi bien au niveau des ministères qu'au niveau des régions.
Mais auparavant, il me paraît utile d'apporter deux précisions qui portent, l'une sur la
nature juridique des contrats de plan et l'autre sur ce qu'on appelle le territoire de
projet qui est à la base de la contractualisation entre l'Etat et les collectivités
territoriales.
Le contrat de plan Etat - régions, est-ce un contrat
administratif au sens du droit public ? On pourrait le penser puisque le Conseil
d'Etat dans un arrêt rendu en 1988 qui opposait le gouvernement à la Communauté urbaine
de Strasbourg a effectivement décidé que c'était un contrat de droit public qui
comportait des droits et obligations réciproques entre les parties. Il n'est pas allé,
néanmoins, jusqu'au bout de son raisonnement et a débouté le requérant pour des
raisons de procédure; surtout pour la raison qui tient au fait que la requête n'était
pas recevable parce que le contrat de plan n'était pas un acte réglementaire. Il
n'empêche qu'il faut considérer ce contrat plutôt comme un protocole d'accord, de
coopération que réellement comme un contrat car les engagements pluriannuels que
prennent les partenaires, l'Etat et la Région, sont soumis, pour ce qui concerne l'Etat,
à la règle de l'annuité budgétaire, comme l'a dit M. Burin, et qu'en fait, les
engagements que prend l'Etat trouvent leurs limites dans la comptabilité publique qui
impose et qui autorise l'engagement de crédit seulement dans la limite de l'année
budgétaire; et l'autre limite, c'est que la mise en uvre des projets que l'on
inscrit dans les contrats de plan est parfois aléatoire. Prenez la construction d'une
autoroute ou d'un TGV, cela nécessite toute une série de procédures lourdes, complexes.
Il faut d'abord obtenir un consensus politique suffisant entre les élus, il faut pouvoir
assurer son financement pluriannuel. Il faut que le projet soit techniquement prêt,
c'est-à-dire que les enquêtes publiques trouvent un dénouement favorable dans une
période raisonnable ce n'est pas toujours le cas. Et puis, il y a à obtenir un
consensus de la part des habitants. Lorsque vous faites passer un TGV dans une région
désertique, ça va relativement assez vite; si vous le faites passer entre Avignon et
Marseille, vous imaginez les problèmes qui peuvent survenir. Donc, ce sont des aléas que
ni l'Etat ni la Région ne maîtrisent vraiment. Et c'est ce qui explique qu'au bout d'un
contrat de plan, on ait un taux d'exécution qui ne soit pas de 100 %. On avait, à
la fin de l'année 1998, un taux d'exécution qui était de 83-84 %. Le fait que l'on
prolonge la durée de contractualisation améliorera effectivement ce taux d'exécution.
Il sera de 92-93 % mais en tout cas, il ne sera pas de 100 %.

La deuxième précision, c'est cette notion de territoire de
projet qui est réellement innovante et très importante, même si elle n'est pas si neuve
que ça puisqu'elle apparaissait déjà en filigrane de la préparation des contrats de
plan précédents (1991-1992). Simplement, l'inflexion est plus nette. En fait, on a bien
pris conscience que la qualité des territoires est devenue un facteur de développement
aussi bien qu'un service attendu par la population et par les entreprises. Et donc,
partant de ce fait, on invite les décideurs locaux, qu'ils soient élus, organismes
publics, entreprises, associations, organismes de développement, à s'organiser autour
d'un projet global de développement. En fait, il s'agit bien de produire des territoires
cohérents au sens où l'espace sur lequel sont prises des multiples décisions par ces
acteurs dont je parlais, influe sur le maintien ou non des habitants sur un espace donné,
sur leur répartition spatiale avec, pour conséquence, le développement, la stagnation
ou le déclin. Et donc, cet espace, c'est ni plus ni moins qu'une production collective à
laquelle, certes, l'Etat contribue mais qui est surtout entre les mains d'acteurs locaux
qui disposent désormais d'une autonomie et de moyens accrus. Cela ne veut pas dire que
l'Etat se désengage, l'Etat par la qualité de ses services publics, par les
investissements qu'il consent à leur égard, je pense aux infrastructures, je pense aux
nouvelles technologies de l'information et de communication, aux hôpitaux, enfin à tous
ces services collectifs qui font que les entreprises prennent des décisions d'investir ou
de s'implanter là ou à un autre endroit. Ce rôle, l'Etat le conserve mais puisqu'on
parlait, dans l'introduction, de cette stratégie de bottom-up, l'Etat a pris
conscience qu'il fallait que le développement local, le développement endogène soit
beaucoup plus promu, soit davantage stimulé, bien qu'il soit, je le répète, entre les
mains des acteurs locaux eux-mêmes.
J'en viens maintenant à cette nouvelle génération qui se
prépare de contrats de Plan et de la Région. On s'est d'abord livré, au niveau de
l'action interministérielle, à un exercice qui n'avait jamais été fait auparavant
depuis 1984. C'est une sorte de bilan critique des contrats précédents et des contrats
en cours et cet exercice a été conduit sous l'égide de Jacques Chereque qui dans un
rapport, a énoncé un certain nombre de préconisations. Si on devait résumer ce rapport
en une phrase, on dirait que cette contractualisation de certaines politiques publiques
est un exercice positif qui a suscité certes des attentes et des frustrations mais qui
demande à être poursuivi. Exercice positif en termes d'intérêt et de nouveauté
puisque, nous l'avons vu, la création des contrats de plan Etat - régions a
accompagné la décentralisation et correspondait à un besoin et à une attente des
citoyens, et donc à une demande de modification du fonctionnement de l'Etat. En terme de
partenariat, puisque les contrats de Plan ont impliqué de plus en plus d'acteurs, à
travers une approche davantage territorialisée des actions de développement. Voici une
petite idée sur les montants financiers que cela implique. Pour les années 1984-1988, on
avait 70 milliards de francs, 42 pour l'Etat, 28 pour les régions. Pour la période
1989-1993, on a 102 milliards, l'Etat 56 et les régions 45. Pour la période 1994-1999,
on passe à 220 milliards, l'Etat 88, les régions 71 et l'Europe 72; et il est probable
que cette clé de répartition - maintenant 1/3 Etat, 1/3 région, 1/3 Europe - va se
poursuivre pour la génération qui se prépare. Donc, ce sont des efforts financiers et
de l'Etat et des partenaires qui ne sont pas négligeables mais il faut garder à l'esprit
que c'est quand même assez peu puisque, dans le budget d'une région, cela correspond, en
moyenne à 20 et 30 % de son budget, donc ce n'est pas l'essentiel de son
intervention qui est contractualisé, et pour l'Etat, c'est quelques 10-15 pour cent de sa
capacité annuelle d'investissement. Ce n'est pas négligeable.
Mais l'exercice a suscité des attentes et des frustrations. En
effet, les contrats de plan et leurs engagements initiaux traduisaient donc un effort de
l'Etat et des régions mais ils ont été contrariés par au moins deux facteurs. Le
premier, c'est la crise que l'on a connue dans les années 1991, 1992 et 1993. Le
deuxième, c'est la volonté de respecter les critères de Maastricht, les fameux
critères de convergence. Effectivement, l'Etat a été amené à ne pas honorer tous ses
engagements et naturellement, ses partenaires élus lui ont en beaucoup voulu. Ensuite, le
principe de rééquilibrage entre les régions. Il ne faut pas perdre de vue que si l'on
fait de l'aménagement du territoire, c'est d'abord pour tâcher de corriger les écarts
de développement entre régions; c'est un souci que seul l'Etat peut prendre en compte,
que de veiller à l'égalité des conditions de vie sur le territoire. Ainsi, pour moduler
l'effort que consentait l'Etat dans les régions, on avait inventé tout un système de
calcul qui consistait, à partir de critères macro-économiques, comme le potentiel
fiscal des régions, comme le taux d'activité, le taux de chômage, à classer nos
régions en trois ou quatre groupes. Et on avait dit que le premier groupe, qui était le
plus défavorisé régions pauvres verrait son enveloppe augmentée
fortement, le second groupe un peu moins, le troisième pas du tout et le quatrième - en
fait l'Ile de France qui est très riche -, verrait son enveloppe baissée.
Malheureusement, cela ne s'est pas passé ainsi. Ca n'a pas marché, pourquoi ? Parce
que, dans le jeu de la négociation, les régions sont montées à l'assaut du pouvoir
central en disant : ça ne va pas du tout, l'effort que vous consentez ne correspond
pas à la place que nous avons dans la Région ou aux difficultés que nous rencontrons et
qui ont été sous-estimées par l'Etat. Donc, il y a eu des avenants à ces contrats.
Ensuite, il y a eu des programmes qui avaient été négociés hors contrat de plan et qui
sont venus s'y intégrer comme le programme Université 2000. Enfin, d'autres facteurs ont
faussé les bases de calculs et ont fait que cette péréquation a été très critiquée
par les partenaires de l'Etat. Il nous faut donc pour cette génération, revenir sur
cette modulation financière entre les régions mais certes, d'une autre manière.

Ensuite, la déconcentration des moyens de l'Etat entre les
mains des préfets de Région était une première administrative : une première
passionnante. En fait, on disait : il y a une enveloppe globale pour les contrats de
plan. On la répartit entre les mains des préfets puisque ce sont eux qui ont fait
remonter les besoins du terrain et proposé une stratégie de développement compatible
avec les objectifs de l'Etat. Leur position était la suivante : à notre avis,
après négociation et consultation de nos partenaires, voilà ce que l'Etat doit faire
dans la Région pour les cinq ou six ans concernés. En fait, que s'est-il passé ?
Les préfets se sont heurtés aux ministères. Les ministères ont pris avec une relative
mauvaise volonté le fait que les préfets disposent de "leur" enveloppe; et ont
en conséquence réintroduit leurs priorités : l'Etat a contraint l'engagement des
régions sur ces priorités, c'est ce que l'on a appelé les noyaux durs; ces noyaux durs
avaient d'ailleurs une proportion très forte, si encore ils avaient atteint une
proportion de 50 %, dans la mesure où l'on considère que l'Etat et la Région
financent la moitié du contrat, cela pouvait passer. Seulement, dans certaines régions,
ces noyaux durs ont constitué 70 voire 75 % et donc, la marge de manuvre des
préfets de Région était très faible et c'est ce que nous ont dit les grands élus, les
présidents de conseil régional : que reste-t-il à négocier ?
Donc, ce sont toutes ces attentes et ces frustrations qui ont
fait que nous sommes amenés à revoir les conditions dans lesquelles l'Etat interviendra
dans cette nouvelle génération. Ceci dit, la quasi totalité des partenaires de l'Etat
ont quand même fait part de leur intérêt pour cet exercice et ont demandé sa
poursuite. Ils ont considéré qu'au regard des enjeux et des échéances qui se profilent
au plan européen, il paraissait plus que nécessaire d'assurer la cohésion des
politiques publiques dans la durée et sur un espace clairement identifié et que, dans un
contexte de mondialisation des échanges d'ouverture des territoires et des marchés, la
rationalisation des organisations territoriales c'est-à-dire tâcher de mettre fin
aux chevauchements de compétences, aux conflits d'attribution, aux concurrences stériles
et coûteuses entre collectivités , cet effort de rationalisation était
incontournable tant pour des raisons de compétitivité économique que pour des raisons
d'optimisation de la dépense publique, parce que la dépense publique est limitée et que
la tentation de l'augmenter trouve rapidement sa traduction au niveau des feuilles
d'impôts.
Dans ce contexte, comment s'inscrivent ces nouveaux contrats de
Plan en préparation ? Tout d'abord, et c'est une nouveauté, ils découlent d'une
loi d'orientation qui est, en ce moment, en discussion au Parlement, c'est la loi
d'orientation d'aménagement et de développement durable du territoire. Que dit cette
loi ? Elle dit : il faut faire moins d'infrastructures, moins de routes, moins
de béton, moins de bitume. Pourquoi ? Parce que le niveau atteint par un certain
nombre d'infrastructures de base est relativement satisfaisant et que ces infrastructures
et équipements privilégient des modes de vie générant de plus en plus de nuisances et
consomment nos ressources naturelles. Manifestement, il y a un rééquilibrage à faire
entre la route et le rail, entre les transports individuels et les transports collectifs,
il faut favoriser l'intermodalité des transports, il faut favoriser les transports
combinés, il faut favoriser les investissements immatériels, ceux qui agissent sur la
qualité de l'organisation, des services. Il faut parier sur l'intelligence, mettre en
réseau des universités, des établissements du supérieur de recherche, des chercheurs,
favoriser la mobilité des étudiants, les plates-formes technologiques, les systèmes
productifs locaux, les incubateurs. Voilà donc quelles sont les priorités : faire
du développement durable, c'est-à-dire un développement qui allie la compétitivité
économique à la cohésion sociale et également la protection des ressources. La
protection des ressources, c'est maintenant très important parce qu'on n'est plus à
l'époque où l'on disait certes que les menaces de l'environnement, c'est bien beau mais
que c'est loin et pour les autres. Non, parce que les atteintes à l'environnement, on les
voit, on les vit tous les jours. L'homme de la rue, à la campagne, les sols pollués par
l'agriculture intensive, les nitrates, les phosphates; en ville, la qualité de l'air, la
qualité de l'eau. Donc, ces problèmes sont importants et on les prend en compte.
Voilà donc les priorités essentielles de la loi et ces
priorités vont naturellement se traduire dans les nouveaux contrats de Plan
Etat - régions : c'est ce qu'on peut dire sur ces principes.
J'ajouterai quelques éléments clé. On milite pour plus de
rigueur dans la contractualisation, c'est-à-dire qu'on va essayer de contractualiser
moins mais de contractualiser mieux, de faire en sorte qu'on prenne en compte des projets
qui soient techniquement, politiquement et financièrement prêts, de façon à éviter
d'inscrire dans les contrats des objectifs ou programmes dont on sait pertinemment que ni
l'Etat ni les régions n'auront les moyens de les réaliser ou de les mettre en
uvre. Ce ne sera naturellement pas facile parce qu'on va se heurter à la volonté
des élus dont les choix d'investissement sont parfois conditionnés par des motifs
politiques, et à celle des ministères qui chercheront à préserver, à
"sanctuariser" leurs crédits pendant toute une période; je pense notamment au
ministère des Transports dont l'essentiel de la politique d'investissement en matière
d'infrastructures routières nationales se traduit dans les contrats de Plan
Etat - Région. Et, l'autre principe, c'est, comme je vous l'ai dit, non plus de
décider depuis Paris mais partir des besoins identifiés par la Région et par les
acteurs concernés. Donc, un effort de démarche participative et démocratique.
Voilà ce que je voulais vous dire, de manière très libre, sur
cette préparation de contrat de plan.

Quelques mots sur la préparation des prochains contrats de plan
Etat - Région. Où en est-on actuellement ? On a commencé par une réflexion
stratégique en amont, aux mois de septembre, octobre, novembre où, d'un côté les
ministères nous ont fait part des orientations qu'ils entendaient mettre en uvre
dans les contrats de plan; de l'autre, les préfets de Région nous ont fait remontrer
leurs documents stratégiques. On a rapproché ces orientations, de telle façon que
l'Etat ne parle que d'une seule voix. Ensuite, on a mis à la consultation, dans les
régions, ce document de stratégie; d'abord au niveau du partenaire régional et ensuite
au niveau des autres acteurs. Les régions ont alors été chargées de produire leur
propre projet régional et c'est sur la base de la confrontation entre ces deux projets
que nous déterminerons la plate-forme commune de propositions qui donnera naissance au
contrat de plan Etat - Région. Actuellement, la période de consultation
s'achève. On va donc effectivement faire un travail de centralisation, de synthèse. Nous
allons préparer les mandats et les enveloppes, répartir l'enveloppe globale qui est donc
de 105 milliards entre les ministères et entre les régions de telle façon que la
négociation proprement dite puisse démarrer à partir à l'été 1999. Quelques mois de
négociations seront nécessaires pour que les contrats de Plan soient signés à partir
du 1er janvier 2000. Toutefois, les contrats de Plan ne seront mis en uvre qu'à
l'issue de leur approbation par les parties signataires.
Donc, en guise de conclusion rapide, je pense que la relation
Etat - contrat et territoire est une relation qui a beaucoup d'avenir devant
elle. Pourquoi ? Parce qu'on s'aperçoit qu'à côté du mode classique de
légitimation de l'action publique que sont la loi, le règlement expression de la
volonté politique , on a besoin de la recherche de consensus pour que cette
volonté politique justement ne soit pas seulement un vu pieux, car elle a besoin de
se traduire en actes. La combinaison du règlement et du contrat devrait contribuer à
résoudre cette contradiction entre application normative de l'intérêt public et
reconnaissance des intérêts catégoriels au sein des territoires.