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Contrats, territoires et
développement régional
Actes de la Journée
d'étude du 11 mai 1999 au Château de Namur
Organisation :
Institut Jules Destrée
CEMAC (Centre de Management et de Créativité)
OGM (Organisation Gestion Marketing)
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Expériences en Province de Namur
Renaud Degueldre
Directeur général du Bureau économique de la
Province de Namur
Brève synthèse des propos exprimés
Les expériences namuroises ne relèvent pas d’une démarche
contractuelle formalisée. Néanmoins, les expériences présentées ci-dessous s’y
apparentent en ce sens qu’elles ont réuni un ensemble d’acteurs namurois
différenciés, tant sur le plan de leurs composantes que de leurs missions, dans la
réflexion et la mise en œuvre de politiques bien déterminées, acteurs namurois qui
se sont progressivement rassemblés autour d’objectifs communs conçus ensemble.
I. La démarche Innovation en Province de Namur – Le Programme
Lauréat
1. Le partenariat a réuni, dès le départ, un noyau d’acteurs
dans lequel les universités namuroises (Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix de
Namur et Faculté agronomique de Gembloux), la Chambre de Commerce et d’Industrie,
l’asbl Namur Europe Wallonie, l’asbl Interface Qualité et le Centre
d’Entreprise et d’Innovation du Bureau économique de la Province de Namur ont
joué un rôle prédominant.
2. Les acteurs ont procédé à une enquête réalisée, d’une
part auprès des entreprises de la Province de Namur et, d’autre part, auprès
d’un certain nombre d’acteurs institutionnels et académiques intégrant pour
les premiers cités leur niveau d’innovation et, pour les seconds, leur perception de
l’innovation en territoire namurois.
3. Le constat est le suivant : alors qu’un certain nombre
d’infrastructures sur le plan public sont reconnues sur le plan régional (centre de
zootechnie, centre de recherche agronomique, …), alors que les deux universités
namuroises sont dans leurs domaines de compétence bien ciblés (agroalimentaire et
informatique) reconnues nationalement et internationalement, il est paradoxal de constater
que la démarche en matière d’innovation, par les entreprises, est globalement
absente. Ce constat mérite d’être tempéré par le fait que le tissu
socio-économique namurois est composé, pour la presque totalité, de très petites
entreprises (moins de 20 personnes).
4. L’objectif a donc été le suivant :
– essayer d’attirer dans le namurois des entreprises
innovantes s’inscrivant dans trois secteurs qui renforcent l’image que la
Province de Namur veut se donner à l’extérieur, à savoir un cadre de vie de
qualité : l’agroalimentaire, l’environnement, les technologies de la
communication; et parallèlement à cette action de densification du tissu
socio-économique, entreprendre une démarche d’encouragement à la qualité et à
l’innovation pour les entreprises traditionnelles dont une bonne partie sont
établies en milieu rural.
5. La démarche, appréhendée d’une façon systématique, a été
la suivante :
– actions de promotion : par exemple, la réalisation
d’une " Semaine de l’Innovation technologique " en Province
de Namur, réunissant les acteurs publics, privés et académiques autour de thématiques
particulières orientées sur l’innovation, et ouvrant la porte des entreprises au
public namurois. Cette semaine a notamment réuni, en 1998, plus de 800 personnes ;
– actions de formation : par exemple, la mise en œuvre
d’un plan créativité afin d’encourager la créativité dans les entreprises du
milieu rural, plan comprenant une séance générale de sensibilisation, des ateliers de
formation et enfin, face aux projet émergents, la formation et l’encadrement de
ceux-ci par l’équipe du Centre d’Entreprise et d’Innovation du Bureau économique
de la Province de Namur
– un encadrement financier par l’intermédiaire du Programme
Lauréat, celui visant à apporter à l’entreprise, aux différents stades de sa
démarche d’innovation, une aide complémentaire, notamment à celle octroyée par la
Direction générale des Technologies et de la Recherche pour la Région wallonne, et ce,
à condition que l’entreprise inscrive son développement dans une démarche
stratégique par la réalisation d’un business plan en collaboration avec le Centre
d’Entreprise et d’Innovation du Bureau économique de la Province de Namur.
– une mise en réseau par l’intégration des entreprises le
réseau européen des Centres d’Entreprise et d’Innovation.
Le partenariat, décrit en préambule, a constitué le noyau dur et a
été progressivement élargi à d’autres acteurs en fonction de la réalisation des
différents projets.

II. La démarche exportation – le Programme Horizon
1. Le partenariat a été constitué sous l’égide du gouverneur
de la Province de Namur et de la Députation permanente et a réuni des acteurs comme la
Chambre de Commerce, l’Agence wallonne à l’Exportation, le Bureau économique
de la Province de Namur et le Club des Exportateurs.
Ce partenariat résulte d’une enquête réalisée par le Service
des Relations internationales du Bureau économique de la Province de Namur, auprès des
entreprises namuroises, enquête qui a permis de définir un constat tant en matière de
taux d’exportation (avec comparaison intrarégionale), ainsi qu’en matière de
marchés à cibler par les entreprises.
Le constat concluait à la faiblesse de l’ouverture internationale
des PME namuroises, constat paradoxal quand on sait que la Province de Namur est une
région frontalière.
2. L’objectif a donc été le suivant : renforcer la
présence d’entreprises namuroises à l’international en développant les
marchés frontaliers, mais aussi des marchés plus lointains, ciblés en fonction de leurs
opportunités pour le tissu socio-économique namurois.
3. La démarche a été lé suivante :
– actions de promotion via notamment des publications mais aussi
la remise en fonctionnement du Club des Exportateurs, celui-ci sensibilisant, au cours de
réunions conviviales, les entreprises non-exportatrices à l’importance de
démarches internationales
– formations via par exemple la réalisation, par le BEP,
d’un programme de formation de longue durée intégrant les différentes techniques
à l’exportation et aussi la réalisation, par la Chambre de Commerce et
d’Industrie, d’une opération plato-export visant à encadrer une entreprise
exportatrice sur des marchés ciblés, par une entreprise qui y exporte déjà
– un encadrement financier via la mise en œuvre d’un
programme financier de promotion à l’exportation couvrant les différentes
démarches à l’exportation et apportant une aide complémentaire à celle dévolue
par l’AWEX, à condition que l’entreprise ait une démarche stratégique et soit
encadrée par le Service Relations internationales du BEP, et plus particulièrement son
Secrétariat d’Intendance à l’Exportation
– la réalisation d’un programme de missions namuroises à
l’étranger, missions définies sur base de l’enquête réalisée et
s’intégrant dans le cadre d’opérations régionales.

Les rapides constats que l’on peut porter sur les deux démarches
sont les suivants:
1. Accroître une synergie et une
complémentarité entre les différentes politiques menées au niveau régional et au
niveau local, afin qu’elles se renforcent mutuellement.
2. Promouvoir la culture de la différence : il ne faut pas
instrumentaliser le développement local par une logique de développement infrastructurel
sans âme et ne reposant suffisamment pas sur le tissu local et, à l’inverse, ne pas
trop compartimenter le territoire en y développant des spécialisations sous régionales
trop rigides.
3. Aborder la compétitivité du territoire par une logique de
développement endogène tout en ayant à l’esprit que celui-ci nécessite des
mutations culturelles plus importantes que le développement exogène.
4. Développer une approche méthodique et systématique, avec
réalisation d’une enquête de terrain, formation des enjeux, formalisation des
partenariats, mise en place de programmes de formation, mise en place d’un
accompagnement individuel et mise en place d’un réseau d’échanges
d’expériences.
5. Elaborer formellement un contrat entre les partenaires, ce qui
implique que le rédacteur doit avoir la légitimité pour l’écrire, et ce afin de
dépasser le simple contrat moral. A cet égard, il importe tout autant de définir un
lieu de débat et de réorientation des politiques.
6. Eviter la multiplication des institutions porteuses de
développement local. A cet égard, les nouvelles agences de développement local doivent
pouvoir être intégrées dans une logique d’intercommunalité afin d’éviter
les concurrences stériles entre territoires contigus.

En ce qui concerne les relations entre la Région wallonne et les
Agences de Développement local :
1. la réalisation d’enquêtes
territoriales (et suivi de la conjoncture économique) pourrait être réalisée par la
Région wallonne, les enquêtes d’opportunité étant réalisées par les acteurs de
terrain.
2. il importe de mettre en place une task force pluridisciplinaire au
niveau de la Région wallonne, auprès d’un organisme représentatif comme le Conseil
économique et social de la Région wallonne, chargé de la réalisation des plans
stratégiques à soumettre au gouvernement wallon.
3. la Région wallonne devrait mettre en place des conventions de
développement que l’on pourrait imaginer sous forme de contrat de pays, et qui
devraient comprendre les objectifs à mener sur les territoires définis,
l’orientation stratégique, les domaines d’action, les priorités et les
financements,
4. par ailleurs, il importe de continuer à avoir une action de
formation de l’identité territoriale, tant au niveau régional qu’au niveau
sous-régional.
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