 |
Contrats, territoires et
développement régional
Actes de la Journée
d'étude du 11 mai 1999 au Château de Namur
Organisation :
Institut Jules Destrée
CEMAC (Centre de Management et de Créativité)
OGM (Organisation Gestion Marketing)
|
|
 |
Le contrat : outil de gestion
publique
François Burhin
Administrateur délégué d'OGM
Introduction
Cet exposé vise à faire un point général des expériences
contractuelles dans le secteur public et à souligner les principales tendances
repérables aujourdhui qui auront un impact sur les futurs contrats à conclure.
Lexpérience dOGM en la matière est assez longue
puisquelle débute en 1990 au travers de lélaboration du premier contrat de
gestion en Belgique pour la STIB (Bruxelles) et large puisquelle recouvre
aujourdhui de multiples expériences dans des secteurs variés (logement, emploi et
formation professionnel, développement économique, santé,
) et dans de nombreux
pays européens. OGM réalise dans ce domaine, assez pointu, plusieurs recherches pour la
Commission européenne.
Caractéristiques des contrats de gestion
Sans aller dans trop de détails que le temps imparti ne permet pas de
développer, le contrat de gestion est avant tout un outil de gestion qui sinscrit
dans le temps et la durée. Cest un outil de planification qui permet de donner du
temps au temps et de fixer un accord pour un terme donné.
Il détermine les rôles et responsabilités des acteurs et codifient
leurs relations. Les objectifs et les engagements des uns et des autres sont écrits, ce
qui est une différence notable par rapport à certains modes de fonctionnement
antérieurs prévalant dans le secteur public.
Ladministration publique est dailleurs à cet égard un
système paradoxal où coexistent un très grand formalisme et une très grande
incertitude.
Lélaboration du contrat est une occasion de mobiliser les
acteurs et de les faire réflechir sur leur avenir, sur leurs modes dorganisation et
sur leurs missions (en particulier sur les rapports avec lusager).
Le contrat, parce quil est écrit et connu est un outil de
transparence pour lautorité publique mais aussi pour ladministration. Bien
que contractuel, les tiers peuvent également sy référer et parfois sen
prévaloir.

Les contrats en Wallonie
Leur apparition date de 1990 (le premier organisme a avoir été doté
dun contrat est le Forem). Aujourdhui, la plupart des para-régionaux en sont
dotés (Forem, SRWT-TEC, SRWL, IFPME, AWEX,
AWIPH bientôt).
Ils portent en général sur une période allant de 3 à 5 ans et
comportent, selon les cas, des objectifs plus ou moins précis (parfois des obligations de
résultats, plus souvent des obligations de production ou des obligations de moyens).
Les effets peuvent être considérés par certains observateurs comme
limités, mais on peut toutefois noter quils sinscrivent dans le cadre des
suites de la régionalisation, donc par rapport à une administration et des outils
jeunes. Et que leur système programmatique permet quand même dassurer une certaine
sécurité des moyens permettant daller au-delà du principe dannualité
budgétaire. Cest un des effets bénéfiques souligné par lensemble des
dirigeants de services publics dotés dun contrat de gestion.
Contrat de la deuxième génération
Quand on sengage dans un processus conventionnel, il sagit
de se situer à léchéance du contrat et non au point de départ. Les objectifs
doivent refléter lambition à terme et les dispositifs contractuels la
mécanique du contrat - doit intégrer les innovations les plus récentes.
Voici, quelques traits caractéristiques repérables aujourdhui
sur base dexpériences multisectorielles et internationales :
les valeurs sont de plus en plus fréquemment développées
dans les textes afin de poser le cadre et les principes daction de
lorganisation publique;
les finalités de lorganisme exprimées en termes
fonctionnels mais aussi sous la forme dobjectifs et de projets;
le partenariat est une notion très nouvelle du moins dans
ces traductions concrètes (ex : le transport public qui dépend de
lintervention de tous les acteurs de lespace public et particulièrement des
communes);
la traduction des politiques transversales telle que la
politique de lemploi, ici encore, sous une forme pratique (une infrastructure
sportive sengage à former des moniteurs sportifs et à engager un chômeur de
longue durée);
les autorités publiques de plus en plus confrontées à
des technologies complexes et à des groupes de "fournisseurs" de prestations de
service sont en train de former à leur tour des réseaux afin de disposer doutils,
dexpériences et de ressources pour opérer une bonne contrepartie aux contractants
mieux armés. Par le passé, les autorités ont imposé de nombreuses obligations aux
concessionnaires (a fortiori lorsquil sagissait de régies);
Le service public sans frontières est une réalité même
en labsence de service public européen (il existe la notion de service
dintérêt général) et des initiatives transfrontalières témoignent de réelles
potentialités;
Le return des projets est de mieux en mieux
apprécié. En Grand Bretagne où tout est dérégulé, des contrats lient lEtat
investisseur (construction dune route) et les entreprises privées
bénéficiaires : cest un véritable retour sur investissement;
Les citoyens sont davantage impliqués dans les processus
de conception du service et dans son évaluation ; les comités dusagers et les
clubs de clients émergent un peu partout en Europe;
Les Autorités publiques qui avaient pris lhabitude
de limiter leurs engagements aux aspects budgétaires et financiers sengagent aussi
à coordonner leurs politiques (il est cohérent de demander à une agence intérimaire
publique de développer sa part de marché, à condition que tous les services publiques
dépendant de la même autorité aient lobligation minimale de la consulter
lorsquun besoin dintérimaire se fait sentir);
Les nouvelles technologies parfois considérées comme un
gadget doivent permettre de rendre plus de service au public et de rendre mieux le service
au public (accessibilité, disponibilité de documents,
);
Les démarches qualité, assez répandues dans le secteur
public évoluent vers des démarches damélioration de la qualité basées sur la
formulation dobjectifs, la mesure des résultats obtenus et lauto-évaluation;
Le rôle éducatif des services publics notamment
vis-à-vis des publics défavorisés ou sensibles (par exemple les jeunes) est conforté.
Une fonction de prospective y est souvent associé;
La responsabilité est traduite dans lengagement. Il
nest plus rare que des incitants et/ou des pénalités pour non respect de la
qualité par exemple étayent les contrats;
Enfin, une logique prévaut dans lensemble de
laction publique qui se déroule selon les phases suivantes "prévoir, agir et
rendre compte". Si les deux premières phases sont bien connues, lidée de
rendre compte même si elle est inscrite dans la déclaration des Droits de lHomme
et du citoyens de 1792 - est plus récente. LEmployment Service britannique remet un
rapport annuel où le point est fait par rapport aux prévisions et qui indique par
ailleurs les mesures prises pour faire mieux lannée prochaine

Conclusions
En guise de conclusions, les contrats de la deuxième génération ont
pour mots clés :
responsabilité et proximité;
partenariat et implication;
objectifs concrets, mesure et auto-évaluation.
Ils confèrent un nouveau rôle aux pouvoirs publics, qui nest ni
lautocratie, ni la soumission mais bien celui dêtre des leaders et des
animateurs.