Les
relations internationales de la Wallonie (1/3)
Partie
2 -
Partie
3 Philippe
Suinen Directeur général de la
Direction générale des Relations extérieures de la Région wallonne
Introduction
Evoquer les relations
internationales de la Wallonie revient à limiter son investigation à la
politique extérieure de la Région wallonne en tant qu'entité de droit public.
Bien entendu, cette politique est dans bien des cas l'aboutissement de relations
- de voisinage ou autres - entretenues par les Wallons ou les provinces et
communes wallonnes avant que la Région wallonne ne se voit créée et dotée de la
personnalité juridique.
Une double constatation
s'impose d'entrée de jeu :
-
en matière de
relations internationales, la Région wallonne a connu en treize années une
évolution institutionnelle spectaculaire, partant de l'inexistence
juridique pour aller vers un statut très proche de celui de l'Etat ;
-
les actions et
contacts internationaux de la Région ont, à chaque stade de l'évolution
institutionnelle, été suffisamment diversifiés et denses que pour mettre en
oeuvre le cadre légal existant tout en préparant - et en faisant pression
sur - la prochaine étape institutionnelle destinée à renforcer les pouvoirs
internationaux des Régions.
En d'autres mots, la
Région wallonne a joué en la matière un rôle de pionnier et de référence,
entraînant les réactions aussi bien d'envie d'autres régions européennes que de
froide réserve de la part de pouvoirs centraux de pays pourtant amis.
I. Le régionalisme
et les relations internationales
Deux approches sont
possibles pour cerner la notion de "Région" en fonction de la dimension propre
aux relations internationales.
La définition des Régions
retenue par l'Assemblée des Régions d'Europe - organisation dont la Wallonie a
été l'un des fondateurs les plus actifs - situe celles-ci au deuxième niveau
dans la pyramide des pouvoirs, c'est-à-dire immédiatement en-dessous de l'Etat
central. Le second critère existentiel pour les Régions est de disposer d'une
assemblée directement élue.
On le voit, cette
définition ne procure pas toutes les garanties de véritable autonomie et de
participation au pouvoir central. En outre, elle ne fait pas mention de
l'expression externe, ce qui indiquerait que des Régions reconnues comme
telles se voient refuser par les Etats centraux toute possibilité de partenariat
international.
Certes, le Traité de
Maastricht sur l'Union européenne a ouvert une brèche dans le sens de la
dimension européenne des Régions en prévoyant la création du Comité des Régions,
institution consultative composée de 189 membres et chargée de donner des avis,
à la demande ou d'initiative, sur les enjeux et programmes. Mais les Etats
retrouvent tout leur poids lorsque l'on sait qu'ils doivent désigner les membres
dudit Comité (cf. 5e partie).
Une autre approche du
fait régional se base sur la notion d'identité. Jean-Marie Klinkenberg,
Professeur à l'Université de Liège et directeur du centre d'études de cette même
université, a schématisé en trois phases le processus symbolique complexe dont
l'identité collective est l'aboutissement
(1)
:
-
un substrat objectif,
qui peut être un cadre de vie commun, certains comportements (allant du
culinaire et du vestimentaire au religieux ou au politique), certaines
situations sociales, etc. ;
-
une sélection de
certains de ces traits, dès lors assumés comme autant de signes de
démarcation dans le cadre d'un processus de mobilisation ;
-
le caractère
communicable de cette identité, ce qui suppose une certaine forme
d'institutionnalisation.
L'identité est ainsi à
entendre comme l'antinomie de l'isolement et du repli sur soi : elle n'existe
qu'en s'exprimant vis-à-vis de l'autre, et dès lors par des contacts
internationaux. Cette tendance est d'autant plus manifeste en fonction de
l'internationalisation si caractéristique du monde actuel, bien illustrée par la
formule du "global village" de Marshall Mc Luhan.
Cette dimension
internationale est indispensable à l'efficacité de l'action régionale à partir
du moment où est reconnu le principe fédéraliste de l'autonomie. Selon ce
dernier, chaque Région ou composante d'un Etat fédéral se voit dotée de
compétences et pouvoirs exclusifs nécessaires à la réalisation des buts qui sont
les siens. L'efficacité de l'action régionale serait ainsi fortement contrariée
si l'Etat central pouvait remettre en cause les objectifs de la Région en
empêchant leur mise en oeuvre au niveau international.
Cet élément a été
souligné à l'occasion du séminaire organisé à Bratislava du 16 au 18 janvier
1992 par l'Assemblée des Régions d'Europe sur le thème "Fédéralisme : état et
perspectives". En y évoquant les critères de la réussite des systèmes fédéraux
sans pour autant vouloir établir un code général de bonne pratique régionaliste
et fédéraliste, six idées de base y ont été retenues pour un fonctionnement
démocratique, proche du citoyen et efficace : la clarté, la personnalité, la
consistance du pouvoir, la réalité des moyens, la transparence et la
reconnaissance de l'interdépendance. Au titre de la consistance du pouvoir
étaient ainsi mentionnés l'équivalence des normes fédérales et fédérées, le
caractère exclusif des compétences reconnues aux régions et/ou entités fédérées,
mais aussi la possibilité de mise en oeuvre internationale de ces compétences
par leurs détenteurs dans l'ordre interne.
On peut affirmer que, dès
ses premiers pas institutionnels, la Région wallonne s'est résolument inscrite
dans cette recherche d'affirmation de son identité en termes de partenariats
internationaux.

II. Les principes
politiques à la base de l'action de la Région wallonne
Les relations extérieures
constituent un domaine dans lequel un certain type de consensus entre les
familles politiques présentes à la Région s'exprime le plus nettement. Un axe de
continuité est donc perceptible quant à la politique menée, et ce dès les
origines institutionnelles de la Région. Les mêmes principes de base, à des
nuances près, ont été défendus et mis en oeuvre par les différents titulaires de
la matière qui se sont succédés et qui émanent pourtant des trois partis dits
traditionnels : le socialiste Jean-Maurice Dehousse, le libéral André Damseaux,
les sociaux-chrétiens Melchior Wathelet et Albert Liénard, les socialistes Guy
Spitaels et Robert Collignon.
La déclaration de
politique régionale de l'Exécutif régional wallon du 22 janvier 1992, prononcée
par le Président G. Spitaels, traduit bien cet état d'esprit et les principes
soutenant l'action extérieure de la Région, la dimension européenne d'ouverture
apparaissant parmi les notions-clés du projet wallon :
"L'Exécutif propose un
projet de société aux Wallons et invite ceux-ci à y adhérer, dans leur vie
quotidienne, dans leur milieu professionnel, dans leurs organisations et
associations : il s'agit, ensemble, et dans un contexte parfois peu propice, de
faire de la Wallonie au sein de la Belgique une Région d'Europe où la
démocratie, ainsi que la solidarité avec les moins favorisés d'aujourd'hui comme
avec les générations de demain, ne seront pas un vain mot".
En développant son action
extérieure, la Région s'est basée sur le principe que tout ce qui ne lui était
pas formellement interdit lui était permis, approche qualifiée du "non-dit" par
Jean-Maurice Dehousse
(2).
Cette approche est basée sur cinq objectifs.
1. La mise en
oeuvre externe
Dans sa déclaration du 22
janvier 1992, l'Exécutif précise qu'il veillera à ce que les compétences de la
Région connaissent une mise en oeuvre optimale au niveau international.
En termes actifs, la mise
en oeuvre efficace de bon nombre de compétences régionales implique qu'elle se
situe dans le cadre d'accords ou partenariats internationaux liant la Wallonie,
par exemple :
-
les coordinations
transfrontalières pour ce qui concerne l'aménagement du territoire et
l'infrastructure ;
-
les actions de
contact de l'industrie wallonne et des centres de recherche wallons avec des
homologues étrangers ainsi que les participations conjointes à des
programmes européens, sur base des compétences reconnues aux Régions dans le
triangle politique économique - énergie - recherche appliquée. A ce niveau,
le pouvoir régional apparaît véritablement comme le centre de gravité
décisionnel des interventions publiques non fiscales concernant les
entreprises, ce qui l'amène bien entendu à devoir apprécier la réalité de
l'entreprise dans son ensemble, qu'il s'agisse du marché interne ou des
marchés étrangers.
Ce dernier aspect
justifie le transfert vers les Régions d'une partie importante des compétences
relatives au commerce extérieur, tel que réalisé par les réformes
institutionnelles de 1989 et 1993. La loi spéciale du 16 juillet 1993 visant à
achever la structure fédérale de l'Etat précise désormais que les Régions sont
compétentes pour la politique des débouchés et des exportations, sans préjudice
de la compétence fédérale :
-
d'octroyer des
garanties contre les risques à l'exportation, l'importation et
l'investissement;
-
de mener une
politique de coordination et de coopération ;
-
de mener une
politique de promotion en concertation avec les Régions.
Une priorité constante
est ainsi donnée à la promotion du commerce extérieur en amenant les
entreprises, selon l'expression consacrée, à exporter plus et mieux.
Dans leur objectif de
mise en oeuvre externe, les relations internationales de la Région doivent ainsi
soutenir au mieux les exportations wallonnes, notamment, comme le précise la
Déclaration du 22 janvier 1992, par l'établissement de partenariats avec des
Régions et Etats étrangers facilitant les actions conjointes d'entreprises et de
centres de recherche.
En termes défensifs,
malgré le caractère exclusif des compétences régionales, il convenait d'éviter
que, par le biais des relations internationales, les autorités de l'Etat central
reprennent des compétences des Régions et les mettent en oeuvre de manière
inappropriée aux besoins et objectifs exprimés par les autorités régionales.
Seule la reconnaissance
de la possibilité pour les Régions de conclure des traités internationaux dans
les matières de leur compétence pouvait lever cette ambiguïté. Il a fallu
attendre la révision constitutionnelle de 1993 pour qu'il en soit ainsi.

2. La
participation
Ce deuxième objectif
tient à l'idée de participation : la Région entend être associée aux activités
internationales de l'Etat belge afin que celles-ci aient leurs retombées
équitablement réparties entre les composantes du pays et ne portent pas
préjudice aux compétences, actions et intérêts wallons.
Dès avant la révision de
l'article 68 de la Constitution et l'octroi aux Régions de la capacité de
conclure des traités internationaux, la pratique tenait partiellement compte de
cette préoccupation. En effet, les Régions pouvaient être représentées dans des
délégations de l'Union économique belgo-luxembourgeoise (U.E.B.L.) lors de
réunions de commissions mixtes de coopération industrielle et commerciale avec
les Etats étrangers.
L'idée de participation
est également partiellement concrétisée par la représentation de la Région au
sein des conseils d'administration de l'Office belge du Commerce extérieur (O.B.C.E.)
et de l'Office national du Ducroire (O.N.D.) ainsi qu'au Comité Copromex.
Mais la plus récente
phase de réforme de l'Etat, avec la révision constitutionnelle de 1993 et
l'octroi aux Régions de la capacité de conclusion des traités, a nécessité, pour
sa mise en oeuvre, le règlement du problème des traités dits mixtes, en
l'occurrence ceux qui concernent à la fois les compétences de l'Etat fédéral et
des Régions. La solution intervenue par accord entre l'Etat et les Régions
systématise la concertation entre les différents niveaux de pouvoir concernés en
Belgique. Elle prévoit également la signature desdits traités par des
représentants de l'Etat comme des Régions.
3. Le
partenariat international
La troisième cible de la
politique wallonne des relations extérieures a trait à l'établissement de
relations intergouvernementales porteuses de co-développement : en d'autres
termes, définir et mettre en oeuvre des relations de coopération avec d'autres
entités de droit public, comme des Etats, des Régions, des ministères techniques
ou des sociétés à capitaux publics ou mixtes.
La déclaration de
l'Exécutif du 22 janvier 1992 mentionne, en outre, une voie spécifique de
partenariat axée sur le développement et deux constatations de base :
-
les compétences de la
Région lui octroient des capacités d'expertise et d'assistance
indispensables à la coopération au développement ;
-
des besoins exprimés
par les pays du Tiers Monde peuvent être rencontrés sur base des capacités
d'entreprises et de centres de recherche wallons.
Il s'agit là d'une
philosophie d'action recherchant les meilleures liaisons entre, d'une part, les
compétences régionales, principalement économiques et orientées vers les
entreprises et, d'autre part, des actions centrées sur les besoins des pays en
développement.
Peuvent ainsi être
retenues au titre de modalités :
-
la conclusion
d'accords bilatéraux avec les pays concernés, le cas échéant au niveau de
leurs structures décentralisées ;
-
la stimulation de
partenariats industriels, en liaison avec le Centre pour le Développement
industriel ACP-CEE (pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique)
et avec la facilité dite "Cheysson" (ECIP -European Community Investment
Partners - pour les pays du Maghreb, d'Asie et d'Amérique latine) ;
-
la contribution aux
projets de la francophonie multilatérale, via l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique (A.C.C.T.) ;
-
la coopération avec
des organisations internationales spécialisées,comme la Banque Africaine de
Développement, l'Organisation des Nations unies pour le Développement
industriel, l'Organisation internationale du Travail ;
-
la contribution au
fonds multirégional du développement décentralisé, propre à l'Assemblée des
Régions d'Europe (A.R.E.).
4. Le relais
vers les acteurs wallons
Le réseau des relations
extérieures nouées par la Région doit également être considéré comme un bon
tremplin, voire un cadre stimulant, pour l'action internationale menée par
différents intervenants wallons. Mieux, ledit réseau a aussi pour objectif de
susciter de nouvelles actions de ce type, ce qui est résumé par la formule
"mettre le monde dans la tête des Wallons", plus particulièrement des
entreprises et des centres de recherche, mais également des jeunes décideurs de
demain.
La première en date des
coopérations initiées par la Région wallonne, qui vise le Québec, est assez
exemplative à cet égard : l'une de ses pistes prioritaires tient précisément en
la stimulation de partenariats industriels et technologiques et une évaluation
en est dressée à chaque session du Comité permanent Wallonie-Québec (commission
mixte réunissant les représentants des deux gouvernements). A cette occasion,
chaque dossier est examiné afin d'identifier, si nécessaire, les obstacles
empêchant son bon aboutissement et les moyens susceptibles de les lever.
La forte liaison des
relations internationales avec le commerce extérieur implique évidemment que les
entreprises puissent bénéficier, dans leur action de recherche de partenariats,
de programmes incitatifs conçus par la Région et gérés par sa Direction générale
des Relations extérieures, notamment au niveau de l'Agence wallonne à
l'Exportation :
-
l'organisation de
missions d'accompagnement d'entreprises et de journées de contact à
l'étranger, ainsi que des invitations de personnalités étrangères en
Wallonie ;
-
l'organisation de
stands collectifs ou la subsidiation de la participation à des foires,
salons et colloques internationaux ;
-
l'octroi d'avances
récupérables dans le cas de missions de prospection hors CEE (Fonds du
Commerce extérieur) ;
-
des interventions
dans le financement de cartes de visite audiovisuelles d'entreprises et
d'autres supports de promotion comme des brochures ;
-
la mise à disposition
de personnel affecté à des missions d'études et de marchés, de prospection
et de promotion;
-
la mise à disposition
de spécialistes en commerce extérieur ou en design;
-
des formations aux
techniques du commerce extérieur;
-
l'encouragement des
activités de secrétariats d'intendance à l'exportation ;
-
des interventions
dans le financement d'études et de frais de démarrage pour des opérations de
partenariat d'entreprises. Ces interventions complètent le cas échéant les
aides accordées par l'Union européenne au titre des mécanismes gérés par le
CDI (Centre pour le Développement industriel - zone des pays ACP) et par l'ECIP
(pour les pays en voie d'industrialisation non ACP);
-
la mise en place de
lignes de crédit destinées à contribuer à la réalisation de projets
impliquant des entreprises wallonnes (Sénégal, Congo, Tunisie).
En mai 1993, le
Gouvernement wallon a dégagé une somme supplémentaire de 2 milliards de francs
pour une relance sélective de l'emploi directement productif. Une partie de ce
montant, à savoir 250 millions de francs * a été affecté à un programme spécial
consacré à la promotion des exportations hors CEE et basé sur cinq axes majeurs
:
-
soutenir les efforts
d'expansion commerciale en Europe centrale et dans le Sud-Est asiatique ;
-
créer ou renforcer la
représentation de la Région auprès d'organisations internationales (Union
européenne, ONUDI, Banque mondiale, Banque africaine de Développement,
Banque asiatique de Développement);
-
intervenir
financièrement dans les frais d'assistance technique au profit des
utilisateurs étrangers de biens d'équipement fournis par des entreprises
wallonnes;
-
stimuler la
collaboration au sein du monde industriel wallon, en encourageant
l'utilisation, par les PME, des antennes dont disposent à l'étranger les
grandes entreprises exportatrices;
-
encourager la
création d'antennes à l'étranger par des PME wallonnes.
(*Portant ainsi les incitants de
l'Agence wallonne à l'Exportation à un montant en 1994 de quelque 829,7 millions
de francs.)
D'autre part, pour ce qui
concerne les jeunes, le programme "mémorant" vise à mobiliser les mémoires de
fin d'études au profit des entreprises, particulièrement des PME, et des besoins
rencontrés par elles en matière d'exportation.
Dans le cadre de
l'Assemblée des Régions d'Europe (A.R.E.), la Wallonie participe aussi
activement au Tour d'Europe des Jeunes, rebaptisé programme "Eurodyssée". Ce
programme a pour objectif de donner à des jeunes une première expérience
professionnelle rémunérée en entreprise, en dehors de leur Région, en associant
l'amélioration de leurs connaissances linguistiques, l'approche d'une nouvelle
culture et le développement d'une conscience européenne.
5. La
représentation à l'étranger
L'une des préoccupations
constantes de la Région a été de se doter de représentations à l'étranger.
Ainsi, confirmant le caractère privilégié de la coopération avec la belle
Province, la Wallonie compte depuis le tout début des années quatre-vingts un
délégué permanent à Québec. C'était là un cas exceptionnel, dû à la complicité
des partenaires, car la représentation des Régions à l'étranger était considérée
par beaucoup de chancelleries comme soit une impossibilité, soit une affaire de
droit privé. Il a fallu attendre, pour que la question évolue, un protocole
d'accord conclu le 25 juillet 1988 entre les ministres responsables des
relations extérieures au niveau de l'Etat central (L. Tindemans), de la
Communauté française (J.P. Grafé) et de la Région wallonne (A. Liénard).
Selon ce document, la
Communauté et la Région, conjointement, ou séparément, peuvent désigner des
représentants à l'étranger ou auprès d'organismes internationaux. Ces délégués
sont intégrés dans les ambassades, consulats ou représentations permanentes
belges selon le cas et sont placés sous l'autorité diplomatique du chef de
poste. Par contre, ils sont placés sous l'autorité fonctionnelle de la
Communauté et/ou de la Région et reçoivent directement leurs instructions de
celles-ci.
L'application de ce
protocole a été néanmoins retardée pour la seule Région puisqu'il stipule en son
article 7 ne pouvoir sortir ses pleins effets en ce qui concerne celle-ci que
lorsque la révision de l'article 68 de la Constitution sera effective. Or, on
sait que cette révision n'est intervenue qu'en 1993...
Il a donc fallu
contourner l'obstacle en bonne intelligence avec la Communauté française :
celle-ci a recruté des délégués qui, de fait, se sont chargés de la
représentation de la Région à l'étranger, et ce à Washington, Milan, Kinshasa et
Alger, ainsi qu'auprès de la CEE. La collaboration ainsi mise au point entre la
Région et la Communauté française prévoyait également que les autres délégués de
cette dernière non recrutés pour la Région pouvaient effectuer des prestations
pour la Région wallonne et ses entreprises, comme cela a été notamment le cas à
Genève, Paris, Rome, Tunis, Dakar et Rio de Janeiro.
L'approfondissement de la
régionalisation du commerce extérieur, intervenue au 1er janvier 1994, a
fortement contribué à donner une solution à ce problème. En fait, depuis le 1er
janvier 1991, huit attachés commerciaux avaient été transférés à la Région et
localisés à Londres, La Haye, Lyon, Cologne, Bratislava, Barcelone, Casablanca
et San Francisco. Avec la loi du 16 juillet 1993 visant à achever la structure
fédérale de l'Etat, c'est l'ensemble du réseau des attachés commerciaux belges à
l'étranger qui est transféré aux Régions et en l'occurrence, 38 attachés à la
Région wallonne.
Dès lors, en tenant
compte des délégués et attachés commerciaux déjà en activité, la représentation
wallonne à l'étranger est, au 1er janvier 1994, de 53 agents.
Représentation de la
Région wallonne à l'étranger
Union européenne
Hambourg, Berlin, Cologne, Münich, Lille, Lyon, Paris, Strasbourg, Londres *,
Birmingham, Milan *, Rome, Barcelone, Madrid, Porto, Athènes, Copenhague, La
Haye, Communauté européenne;
Association européenne de
libre-échange (A.E.L.E.)
Vienne, Helsinki, Göteborg;
Europe centrale orientale
Budapest, Varsovie, Moscou, Prague;
Amérique du nord et
Amérique latine
Montréal, Chicago, San Francisco, Washington, Houston, Buenos-Aires;
Afrique
Casablanca, Alger, Tunis, Abidjan *, Johannesburg, présence également d'une
antenne commerciale à Kinshasa;
Proche et moyen orient
Tel Aviv, Djeddah, Ankara;
Asie-Océanie
Pékin, Shangaï, New-Delhi, Osaka, Tokyo, Kuala Lumpur, Ho Chi Minh Ville,
Hong-Kong, Melbourne.
(* A Londres, la Région wallonne
a décidé d'implanter deux agents, ainsi qu'à Milan et Abidjan.)
Comme on le voit, la
Région wallonne dispose ainsi d'un impressionnant réseau de conseillers
économiques à l'étranger, principalement orientés vers le soutien à l'action des
entreprises, mais concernés par la mise en oeuvre de l'ensemble des compétences
régionales.
La collaboration nouée
avec les deux autres Régions et avec l'Etat vise à accroître l'efficacité de ce
réseau en évitant les duplications et contradictions.
Ainsi, l'accord de
coopération signé le 31 décembre 1993 par les trois Régions permet à un attaché
commercial de travailler également pour les autres Régions qui ne disposeraient
pas d'un représentant dans la zone concernée. Les demandes des entreprises aux
attachés commerciaux sont ainsi à adresser au service de la Région dans laquelle
l'entreprise demanderesse est installée, ledit service contactant directement
l'attaché. Un comité de suivi tripartite garantit la mise en oeuvre de l'accord
et règle les conflits éventuels d'application.
Selon le même accord, le
calendrier des audiences de retour en Belgique des attachés est fixé
annuellement par les trois Régions en concertation. Il est entendu que les
attachés commerciaux, en poste dans un pays ou groupe de pays où les deux autres
régions ne sont pas représentées, consacrent un minimum de 25 % de leur temps
disponible pour les audiences dans les deux autres Régions.
Avec l'Etat fédéral, la
relation de travail est organisée sur base des notions de cohérence, d'autonomie
et de collaboration :
-
les attachés
régionaux sont localisés au sein des représentations diplomatiques et
consulaires belges à l'étranger;
-
ils ont dans l'Etat
d'accueil, le même statut diplomatique que les attachés commerciaux d'autres
pays;
-
ils ont leur bureau
dans les chancelleries;
-
les attachés
économiques et commerciaux sont exclusivement désignés par les Régions et
placés sous leur autorité fonctionnelle;
-
l'Office belge du
Commerce extérieur (O.B.C.E.) gère en Belgique une banque de données
directement accessible aux entreprises et aux régions. Cette banque est
approvisionnée par les attachés régionaux;
-
les attachés
régionaux contribuent à la préparation des missions de l'O.B.C.E. pour
autant qu'elles aient été retenues dans le cadre d'une concertation entre le
pouvoir fédéral et les Régions.
Orientation
bibliographique
1.
Institut Jules Destrée, la Wallonie au futur, vers un nouveau paradigme,
p.210.
2. Wallonie : an I de la légalité, l'Europe en formation,
novembre-décembre 1980, n° 240, pp. 39, 44 et 54.
Partie 2 -
Partie 3 Philippe Suinen, Les
relations internationales de la Wallonie, dans
Wallonie. Atouts et références d'une
Région,
(sous la direction de Freddy Joris), Gouvernement wallon, Namur,
1995.

|