 |
Pierre Harmel Homme politique
Uccle 16.03.1911 -
Uccle 15.11.2009 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Docteur en Droit,
licencié en sciences sociales et notariat de l'Université de Liège (1933),
Pierre Harmel est d'abord avocat stagiaire au Barreau de Liège (1934), puis
assistant à l'Université de Liège (1934-1940), avant d'être nommé professeur à
la Faculté de Droit de l'institution liégeoise, assurant la formation de
plusieurs générations de notaires (1943-1981).
Ancien président de
l'Association catholique des Jeunesses de Belgique (1936-1938), fortement
influencé par Jacques Leclercq, membre et vice-président du groupe de réflexion
La Relève (1945), Pierre Harmel entame une carrière politique au sein du
PSC, quand il est élu député de l’arrondissement de Liège au lendemain de la
Libération.
Au lendemain du Congrès
national wallon d’octobre 1945 où plus d’un millier de Wallons posent la
question du devenir de la Belgique, Pierre Harmel prend l’initiative de déposer
une proposition de loi visant à créer un lieu de réflexion « sur les relations
entre les deux grandes communautés du pays » (1946). En 1948 est créé le Centre
de Recherches pour la Solution nationale des Problèmes sociaux, politiques et
juridiques des Régions wallonnes et flamandes (sic), plus communément appelé le
"Centre Harmel". Pendant plusieurs années, alors que tardent à être publiés tous
les résultats du recensement de population de 1947, le Centre Harmel devient un
lieu où un réel dialogue s’établit entre personnalités soucieuses d’aménager
harmonieusement les structures de l’État belge. En 1958, un volumineux rapport
conclut, notamment, à la nécessité d'une autonomie culturelle des deux
communautés (1958).
Entre-temps,
vice-président de la Chambre (1948-1950), Pierre Harmel devient ministre de
l'Instruction publique (1950-1954), au moment où la Question royale se termine
par l’abdication de Léopold III. À l’heure où la Question scolaire devient le
nouveau dossier sensible, le ministre prend une série de mesures, dont le
subventionnement par l'Etat de l'enseignement libre moyen, normal et technique
et des changements au Fonds de la Construction des Bâtiments scolaires. En 1954,
son successeur, le socialiste Léo Collard, supprime ses réformes. La Guerre
scolaire est rallumée. Le Pacte scolaire l'éteindra en 1959.
Lorsque le troisième
gouvernement Eyskens est formé, il comporte pour la première fois un ministère
des Affaires culturelles (1958-1960). Pierre Harmel le dirige en même temps
qu’il est un éphémère ministre de la Justice (1958). Dans l’esprit des
conclusions du « Centre Harmel », il propose la création d'un Conseil national
de la Culture néerlandaise et d'un Conseil national de la Culture française qui
seraient compétents dans toutes les matières touchant à la culture, sur un
territoire donné. Son projet de loi est rejeté. Par contre, la loi donnant un
nouveau statut à la RTB-BRT est adoptée (1960).
Après avoir été ministre
de la Fonction publique pendant toute la durée de la Grève contre la loi unique
de l’hiver ’60-’61, Pierre Harmel refuse de participer au gouvernement
Lefèvre-Spaak qui se met en place au printemps 1961 et désapprouve la
déclaration gouvernementale. Néanmoins, il se penche sur les problèmes
communautaires, participe notamment à la conférence de la Table ronde
(1964-1965) et devient président de l'aile wallonne du PSC (1964-1965). Premier
ministre d’une coalition des perdants après le scrutin de mai 1965, il ne
dispose pas d'une majorité suffisante pour adopter les conclusions de la Table
ronde, relatives à la révision de la Constitution et remet la démission de son
gouvernement (1966). Dans l’équipe de son successeur, Paul Vanden Boeynants,
Pierre Harmel devient ministre des Affaires étrangères, où il succède à
Pau-Henri Spaak. Pendant sept ans, sans interruption, il va symboliser la
politique extérieure de la Belgique et développer une politique originale sur la
scène internationale. Il joue en effet un rôle important dans le processus de
détente Est-Ouest, sorte de médiateur entre les deux grandes puissances. Dans ce
cadre, il dépose un important rapport à l'OTAN, qui décide d'établir son centre
militaire à Casteau (SHAPE) et son centre civil à Evere.
À partir de novembre
1971, il quitte la Chambre des représentants et est désormais régulièrement
coopté au Sénat par son parti. En 1973, il accède à la présidence du Sénat,
après la chute du dernier gouvernement de Gaston Eyskens. En 1977, il met un
terme à son parcours parlementaire, mais demeure attentif à l’évolution de son
pays et de son parti. Considéré comme un sage, il était régulièrement sollicité
comme conseiller à tous les niveaux de l’État, comme à l’étranger.
 |