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Joseph Hanse Grammairien
Floreffe 05.10.1902 - Watermael - Boitsfort 07.11.1992 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Fils de commerçants établis à Floreffe, Joseph Hanse réussit brillamment l’école
primaire communale de son village (1908-1914), entame des humanités
gréco-latines au Petit-Séminaire de Floreffe (1914-1917) et les achève au
Collège Notre-Dame de la Paix à Namur (1917-1920). La plus grande distinction
couronne son doctorat en philosophie et lettres, défendu à l’Université
catholique de Louvain en 1925. Consacrée à Charles de Coster, sa
thèse est récompensée par l’Académie de Langue et de Littérature françaises deux
ans plus tard ; elle est publiée en 1928 et sera rééditée en 1990.
Professeur à l’Athénée de Bruxelles et à l’École des régents de l’Institut
Saint-Thomas (1933-1944), le jeune enseignant se consacre à l’écriture et à la
défense de la langue française. En 1933, il adresse un réquisitoire contre La
Grammaire de l’Académie française, qu’il qualifie de scandaleuse. Rapidement
la cause lui est entendue et, alors qu’il est à peine âgé de 30 ans, sa carrière
de savant philologique mais aussi sa vocation nationale et internationale de
gardien de la langue française universelle sont marquées par cette croisade
contre l’autoritarisme grammairien de l’Académie. Philologue, savant, pédagogue,
il se révèlera, toute sa vie, un amoureux fervent de la langue française, dont
il observe l’évolution et dont il décrit les usages, et il entendra prodiguer
les conseils qui en assurent un bon usage. À cet effet, il réclame la création
d’une autorité compétente, supérieure à l’Académie française et en précise les
modalités de fonctionnement. Ses propositions se concrétisent avec l’Office de
la langue française, association privée en ses débuts (1937), mais dont les
consultations nombreuses et de tous les horizons renforcent la nécessité et le
crédit. Mais la Seconde Guerre mondiale ralentit ce premier élan. C’est
pourquoi, dès 1945, Joseph Hanse crée, avec Alain Guillermou, la Fédération du
français universel et, simultanément, les Biennales internationales de la langue
française. À l’occasion de la première Biennale qui se tient à Québec, est créé
le Conseil international de langue française. Reconnu et subsidié par les pays
francophones, le Conseil international, présidé par Joseph Hanse de 1968 à 1991,
fera preuve d’une réelle indépendance dans son fonctionnement, et d’un large
esprit d’ouverture à l’égard des pays où le français est régulièrement pratiqué.
Entre-temps, Joseph Hanse a été
nommé préfet de l’Athénée d’Ixelles (1944) puis est devenu professeur à
l’Université catholique de Louvain (1945). En 1949 paraît la première édition du
Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques ; en 1958,
avec Gustave Charlier, il assure la direction scientifique de la monumentale
Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique et y rédige notamment
trois chapitres importants. Avec Carlo Bronne et Herman Liebars, Joseph Hanse
fonde, en 1958, le Musée de la Littérature qui devient, en 1967, Archives et
Musée de la Littérature qui, elles-mêmes, sont rattachées, en 1977, à la
Communauté française. Joseph Hanse est sera le président jusqu’à son décès en
1992.
Sensible à la question wallonne et soucieux de n’adhérer à aucun parti
politique, Joseph Hanse accepte de s’engager personnellement, au sein de la
Fondation Plisnier (1959), dans la lutte pour la défense de la spécificité
française de la Wallonie : « (...) les périls qui s’annonçaient à l’horizon
politico-culturel étaient beaucoup trop graves pour qu’un homme de science
fidèle à sa Wallonie pût rester dans la sérénité de sa tour d’ivoire.
(...) ». Au moment de l’Affaire de Louvain (1962-1968), il s’enrôle sans hésiter
dans la campagne en faveur de l’université française. Il prend sa part des
travaux et des responsabilités de la commission des sages instaurée pour tenter
de trouver une solution à la question. Cosignataire de la Lettre au roi,
adressée à Baudouin en 1976 par de nombreuses personnalités wallonnes et
bruxelloises, Joseph Hanse entend alors réclamer l’instauration rapide du
fédéralisme.
Titulaire de la Cocarde de Wallonie (Namur, 1955), titulaire de la Gaillarde
d’Argent conférée à Namur par Joseph Calozet (1958), Officier de la Légion
d’honneur (1972), Prix de la langue française décerné par l’Académie française
(1972), Grand Prix du Rayonnement français (1977), récompense décernée par
l’Académie française, pour le rôle décisif qu’il a joué dans la prise de
conscience de la francophonie, il mène, avec la Fondation Plisnier, la Chasse
aux belgicismes, titre d’un ouvrage qui connaît plusieurs éditions, et est
l’initiateur de la Quinzaine du bon langage. En 1972, avec Lydie
Ruytinx-Sasson et Albert Doppagne, Joseph Hanse crée le premier championnat
national d’orthographe ; pendant vingt ans, Joseph Hanse garantira la qualité et
le succès de ce tournoi dédié à la langue française. Membre du comité
scientifique de la Bibliothèque royale, membre de l’Académie de Langue et de
Littérature françaises (1956), il préside la Promotion des lettres belges, et
est nommé docteur honoris causae de l’Université de Bologne (1989) et de
l’Université de Paris Val-de-Marne (1990). Père du Nouveau dictionnaire des
difficultés du français moderne (1983), le grammairien wallon est plébiscité
par ses pairs et par tout le public francophone ; en 2000, « Le Hanse », ainsi
que l’on nomme familièrement Le Nouveau Dictionnaire, en est à sa
quatrième édition.
Paul Delforge
En 2002, Joseph Hanse aurait eu cent ans. À l’initiative de sa fille, Ghislaine
Hanse, plusieurs hommages lui sont rendus, notamment, par la publication d’un
Album de souvenirs et par la tenue d’une séance à l’Académie de Langue et de
Littérature françaises (18 mars) : les discours prononcés à cette occasion sont
ici disponibles (Jacques
de Decker,
Henry
Ingberg,
Roger
Dehaybe,
Daniel
Blampain,
Daniel
Laroche).

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