 |
Hubert Grooteclaes Photographe
Aubel 06.11.1927 - Liège 24.10.1994 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Au moment où la Seconde Guerre mondiale se
termine, Hubert Grooteclaes interrompt ses humanités pour travailler dans une fabrique de
fromages avec sa mère (1945-1954). Quand, à 18 ans, il reçoit un appareil
photographique, il se passionne très vite pour ce hobby qui se transforme en profession
dès 1954-1955. Déjà il veut trouver son originalité dans l'invention de sa propre
technique.
Après un stage chez Werres, un des grands
photographes liégeois de l'époque, et tout en continuant à apprendre en autodidacte, il
ouvre, à Liège, un studio dont le succès ira grandissant. Spécialiste du portrait, il
fréquente les milieux du spectacle et il y noue des amitiés solides, en particulier avec
Léo Ferré. Il réalise notamment des couvertures de disques pour Brel, Aznavour, Sammy
Davis junior, et de livres pour Georges Simenon.
A côté du "portrait alimentaire",
Grooteclaes se fabrique un monde photographique bien à lui, perfectionne la technique du
tirage limité en sandwich de plusieurs négatifs, publie et réalise ses premières
expositions. Le succès est au rendez-vous. Ainsi, par exemple, la revue hollandaise Avenue
remporte, grâce à ses photographies, le qualificatif de plus belle revue du monde
(1973). Pourtant, en cette même année, il ferme son studio et accepte un poste de
professeur de photographie à l'Institut Saint-Luc (Liège). Exposé un peu partout dans
le monde, le photographe Grooteclaes dirige des stages de reportage et de photographie; il
a aussi publié de nombreux portfolio et réalisé des sérigraphies, des peintures, des
cartes postales, des posters.
Passant de l'image-trait à l'image floue, il a mis
au point une technique toute particulière (1975). Son originalité provient de
l'utilisation d'un flou qui lui est tout à fait personnel. J'aime le flou, je suis
myope. Quand je regarde en arrière, tout est flou. Mes photos aussi. Je leur donne ainsi
une certaine nostalgie. Je ne supporte pas de faire comme les autres ! C'est pourquoi, je
ne tire qu'en noir et blanc. Les couleurs que j'apporte parfois sont des couleurs à moi,
ce sont celles qui sont restées dans ma mémoire, explique Hubert Grooteclaes. Ferré
parle ainsi de ses atmosphères : Dans vos photographies, il se passe quelque chose
"en plus", ce que les Italiens appellent le "non so che", la dernière
auberge des critiques et des experts désarmés.

|