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Jean-Jacques Andrien Cinéaste - réalisateur
Verviers 01.06.1944 - |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Après ses études à l'INSAS, où il a notamment
comme professeurs A. Souris et A. Delvaux, J.-J. Andrien débute comme assistant de
Delvaux dans Un soir un train, avant de se lancer dans une carrière personnelle.
L'attachement d'Andrien à sa ville natale et à sa
région se reflèteront continuellement dans l'oeuvre de ce cinéaste qui s'inscrit, avec
un support différent, dans la tradition de l'école des peintres intimistes verviétois,
en campant des personnages graves et quelque peu introvertis.
Dès ses premiers courts métrages, Andrien
maîtrise parfaitement son art et affirme un style personnel et original. Ses héros,
souvent solitaires, sont constamment à la recherche de leurs racines. Dans Le Fils
d'Amr est Mort, (film dont Andrien a écrit le scénario avant de le réaliser
lui-même), le héros qui vit en Wallonie part en Tunisie à la recherche de lui-même et
de l'autre; dans Australia, sur fond de déclin économique de la ville qui lui est
chère, J.-J. Andrien replace dans l'atmosphère de sa jeunesse un Verviétois qui,
décidé à rompre avec ses racines, s'est exilé en Australie. La dialectique entre
intériorité et paysage, enracinement et exil est constamment présente dans son oeuvre
de même que sa méthode, qui consiste à créer un équilibre entre la précision de
l'anecdote et l'universalité de son propos. Pour illustrer ses paradoxes, le cinéaste
use de nombreuses techniques accentuant la distorsion; par exemple, il rend autonomes la
bande son et la séquence d'images en se servant de fausses voix off.
Si les oeuvres précitées sont plutôt du genre
romanesque, il en est tout autrement du film qui a révélé Andrien. Le Grand Paysage
d'Alexis Droeven, à l'instar de Mémoires, se rapproche du cinéma-réalité.
Andrien introduit dans le dialogue entre Alexis et son père des discussions sur des
sujets d'actualité comme les quotas laitiers de la Communauté européenne, ou encore les
problèmes linguistiques. Ces problèmes sont exposés dans leur totale réalité, avec Mémoires.
Andrien filme les événements tels qu'ils se produisent, lorsqu'ils se produisent dans la
réalité : celle des Fourons et des marches flamandes, celle de communes où des milices
privées d'extrême-droite s'en prennent aux biens et aux personnes sous l'oeil vigilant
mais impassible des forces de l'ordre. Cinéma-réalité, cinéma-fiction, J.-J. Andrien a
commis, aux yeux de certains, le sacrilège de mêler ouvertement art et politique.
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