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La Wallonie à l'écoute de la prospective - Dix tendances lourdes pour une prospective territoriale à l'horizon 2020 Mission prospective Wallonie 21 - Index

Perspective :
De la Révolution cognitive
à la Révolution de l'Esprit

par  Philippe Destatte, Directeur de l'Institut Jules-Destrée

 

Le travail d'écoute de la prospective qui a été mené a permis d'ausculter la trajectoire de l'humanité [1], de percevoir et surtout de comprendre ce que vit le monde d'aujourd'hui, quels sont les axes de son développement et, parmi ces axes, d'en présenter dix qui affectent ou vont affecter durablement notre vie et celle de nos enfants.

Mission prospective Wallonie 21 - Index La transition des paradigmes sociétaux

Il ne fait pas de doute que le monde s'inscrit toujours dans la mise en place de la troisième vague de changement identifiée notamment par Alvin Toffler à la fin des années soixante-dix [2]. Il faut d'ailleurs compter cette vague comme étant la quatrième si, avec Graham T.T. Molitor, on distingue l'époque des services (Service Era) de celle de l'information (Information Era) [3]. Cette mutation de l'ensemble des structures de la société industrielle doit rester en mémoire car, coexistant au niveau mondial avec des types de société anciens, cette mutation n'a pas toujours la visibilité nécessaire à sa prise en compte. Le processus ‑ en cours et donc non encore abouti ‑ met  en place un nouveau type de société qui coexistera partiellement avec les précédentes. Jacques Lesourne le confirme, en 2001 :

L'apparition depuis la fin du XIXème siècle de l'ensemble des nouvelles techniques de l'information (le cinema, le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, l'ordinateur…) est en train de donner naissance à une nouvelle forme de société qui ne produira pas moins de biens agricoles et de produits industriels que la précédente, mais qui sera organisée différemment. Du point de vue technique, économique, social et politique [4].

Cette idée, que nous avions formulée avec force dès le Congrès La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme en octobre 1987 [5] ‑ sur base notamment des travaux de Pierre Lebrun et de John Naisbitt [6] ‑ se retrouve bien présente, tant dans l'analyse de Thierry Gaudin pour 2100, Récit du prochain siècle (1990) que dans celle qu'il propose pour le colloque Prospective d'un siècle à l'autre (2000). Elle est présente également dans les entretiens que l'ancien directeur du Centre de Prospective du ministère français de la Recherche a eu avec François L'Yvonnet pour son ouvrage L'Avenir de l'esprit (2001) :

Thierry Gaudin : A chaque transformation du système technique, une classe diri­geante, atteinte d'irréalité, cède la place à de nouveaux venus moins arrogants, mais plus efficaces. Chaque fois, matériaux, énergie, restructuration du temps et relation avec le vivant, les quatre pôles fondamentaux, sont activés. Chaque fois, la transfor­mation complète du système technico-social prend un à deux siècles. Aujourd'hui, les quatre pôles sont à nouveau en ébullition (polymères, électrification, microélec­tronique et robotique, biotechnologie) et tout donne à penser que cette nouvelle révolution qui nous mène vers l'avènement de la société de l'intelligence, prendra aussi un à deux siècles. Après la société de la production, ce nouvel âge connaît d'autres formes de consommation, de connaissance, et aussi, il faut bien le dire, d'exploitation de l'homme par l'homme [7].

La Révolution cognitive, si l'on peut la dénommer ainsi par analogie avec la Révolution industrielle, devrait aussi s'étendre sur un à deux siècles et donner lieu à un remplacement de la classe dirigeante – nous en voyons les prémisses dans la nouvelle économie –, ainsi qu'à une transformation complète des modes de vie et des façons de penser.

Sans doute, il est bien incertain d'anticiper de tels changements. Leur ampleur est telle que notre imagination peine à assembler en un tableau cohérent ce qui n'est encore qu'à l'état de signaux faibles. Mais c'est aussi un défi pour l'esprit, qu'il faut tenter, ne serait-ce que par jeu, en prenant le parti de sortir résolument des anciens conformismes, en remettant même en question les mots et les concepts qui nous servaient à voir le monde [8].

François L'Yvonnet : Ce que nous voyons arriver actuellement, n'est-ce pas simplement un prolongement ou un achèvement de la révolution industrielle ?

Thierry Gaudin : C'est beaucoup plus que cela. Sans doute, à l'échelle planétaire, la Révolution industrielle n'est-elle pas terminée. Environ la moitié de l'espèce humaine demande à y entrer, même si les plus lucides de ceux qui y sont déjà souhaitent en sortir. Mais il y a des différences qualitatives qui permettent de penser que le nouveau système n'est plus conforme à ce que nous appelons Industrie.

La Révolution industrielle avait comme activité centrale la production et mobilisait à cet effet d'une part des masses de travailleurs, d'autre part des tonnes de matières premières, enfin des connaissances relevant des sciences "dures", telles que la physique et la chimie.

La Révolution cognitive est fondée sur un tout autre principe. Elle manie d'une part l'information, de l'autre la génétique, qui d'ailleurs se rejoignent. L'enjeu n'est plus la production, mais la conscience à travers le fonctionnement central de la vie : la reconnaissance. C'est un "antimatérialisme" qui nous conduira, […] vers la philosophie [9].

Ainsi, nous avons analysé cette Révolution cognitive telle que la voit l'exercice Global Trends 2015, c'est-à-dire comme la plus importante transformation mondiale depuis le début de la Révolution industrielle de la moitié du XIXème siècle [10]. Elle est une transition entre société industrielle et société cognitive, entamée depuis plusieurs dizaines d'années et encore en cours pour plusieurs autres dizaines d'années. Elle restructure tous les domaines de la société à partir d'un changement de paradigme techno-économique dans lequel l'informatique, sous toutes ses formes, et la génétique jouent ou joueront un rôle décisif. D'autres technologies émergent qui pourraient accroître l'action de ces premiers moteurs ou même prendre leur relais dans les prochaines décennies, telles, par exemple les nanotechnologies et les technologies des nouveaux matériaux [11].

Mission prospective Wallonie 21 - Index La recherche de nouvelles régulations

Les cinquante dernières années du XXème siècle ont été économiquement les plus dynamiques de l'histoire. Comme le souligne Angus Maddison, le PIB mondial a été multiplié par six de 1950 à 1998, avec un taux annuel moyen de croissance de 3,9 % par an, contre 1,6 % de 1820 à 1850 et de 0,3 % de 1500 à 1820.

Cette accélération de la croissance a servi en partie à soutenir l'accroissement plus rapide de la population, mais le revenu réel par habitant a progressé de 2,1 pour cent par an, contre 0,9 pour cent entre 1820 et 1950 et 0,05 pour cent entre 1500 et 1820. Il a donc augmenté 42 fois plus vite qu'à l'époque protocapitaliste, et plus de deux fois plus rapidement que pendant les 13 premières décennies de notre époque capitaliste.

Les liens d'interdépendance entre les différentes parties de l'économie mondiale se sont fortement resserrés. Le volume des échanges de produits a augmenté plus rapidement que le PIB. Le rapport exportations/PIB mondial est passé de 5,5 pourcent en 1950 à 17,2 pourcent en 1998. Les voyages, les communications et les autres transactions sur les services ont connu un développement phénoménal, ce qui a permis d'améliorer la division internationale du travail, de faciliter la diffusion des idées et de la technologie, et de faire bénéficier d'autres régions du monde du niveau élevé de la demande de la part du groupe capitaliste avancé [12].

Abordant les questions de mondialisation [13] de globalisation [14] et d'interdépendance, trois idées fortes que Fernand Braudel avait développées lors d'un cycle de conférences faites en 1977 à la John Hopkins University, méritent d'être rappelées. La première idée retenue est celle de l'ensemble du monde.

L'ensemble du monde, c'est-à-dire, entre XXème et XVIIIème siècles, cette unité qui se dessine et fait sentir progressivement son poids sur la vie entière des hommes, sur toutes les sociétés, économies et civilisations du monde. Or, ce monde s'affirme sous le signe de l'inégalité. L'image actuelle – pays nantis d'un côté, pays sous-développés de l'autre – est vraie déjà, mutatis mutandis, entre XVème et XVIIIème [15].

La seconde idée est celle de l'apparition d'une véritable économie mondiale […] à la fin du XVIIIème siècle [16].

La troisième idée est celle de la représentation des acteurs principaux de cette économie, les capitalistes :

Très tôt, depuis toujours, ils dépassent les limites "nationales", s'entendent avec les marchands des places étrangères. Ils ont mille moyens de fausser le jeu en leur faveur, par le maniement du crédit, par le jeux fructueux des bonnes contre les mauvaises monnaies, les bonnes monnaies d'argent et d'or allant vers les grosses transactions, vers le Capital, les mauvaises de cuivre, vers les petits salaires et paiements quotidiens, donc vers le Travail. Ils ont la supériorité de l'information, de l'intelligence, de la culture. Et ils saisissent autour d'eux ce qui est bon à prendre – la terre, les immeubles, les rentes.. Qu'ils aient à leur dispo­sition des monopoles ou simplement la puissance nécessaire pour effacer neuf fois sur dix la concurrence, qui en douterait ? [17]

Ce texte, qui ne dénoterait pas sous la plume d'un Riccardo Petrella ou d'un Jeremy Rifkin, tend à montrer que la mondialisation ou la globalisation de l'économie consti­tuerait un phénomène ancien et inscrit dans le temps très long, voire dans la nature humaine, comme le notait voici peu Thierry de Montbrial :

Ainsi, aux différences de vocabulaire près, le phénomène que nous appelons aujourd'hui mondialisation, c'est-à-dire l'accroissement massif de l'interdépendance, n'est-il que le prolongement d'une tendance de très longue durée, que l'on peut faire remonter au moins au début du millénaire qui s'achève, et dont la cause la plus profonde tient au besoin humain d'agir, de transformer le monde, de comprendre la nature [18].

James N. Rosenau n'est pas de cet avis. Le professeur à la George Washinton University estime en effet que, dans le monde actuel, interdépendant et en rapide changement, la séparation même entre les affaires nationales et les affaires interna­tionales s'est érodée pour laisser la place à une aire fragmentée. Le théoricien de la gouvernance mondiale [19] introduit la notion de Frontière, pour estomper les limites qui n'existent plus dans les faits et donner naissance à un nouvel et large espace politique dans lequel les affaires intérieures et les affaires étrangères convergent, s'interpénètrent jusqu'à devenir indiscernables [20]. Dans la complexité du phénomène de Frontière [21], James N. Rosenau relève en effet trois dimensions majeures de la période actuelle – qui constituent autant de ruptures – , en nature et pas seulement en intensité, avec tout ce qui s'est passé jusqu'ici :

– La première rupture concerne les structures qui soutiennent les politiques des relations et des échanges. Ces structures n'ont plus rien en commun avec les routes commerciales des siècles précédents ou les relations qui unissaient les empires nationaux des XIXème et XXème siècles. Ce sont aujourd'hui des multiples liens et réseaux qui unissent les peuples, les communautés et les sociétés ‑ et sur lesquels, même la nation la plus puissante n'a plus qu'une influence parcellaire.
– La deuxième rupture porte sur l'intégration à l'économie mondiale globalisée. Ce processus, en développement, prend déjà fortement le caractère de réseau transnational interconnecté plutôt que la forme de liens hiérarchisés directs entre marchés nationaux.
– La troisième rupture se concentre sur le cadre temporel dans lequel les événements et les tendances se déroulent. Le temps de la période actuelle est caractérisé par des processus d'agrégation et de désagrégation qui interagissent simultanément. En conséquence, écrit James Rosenau, on peut être égaré par le passé si, dans le contexte présent, on ne tient pas compte des dynamiques de transformation
[22]

Ainsi, l'interdépendance se marque par des tendances apparemment antinomiques mais en réalité complémentaires : globalisation et localisation, fragmentation et intégration, micro et macro décisions, renforcement des sphères d'autorité et multiplication des acteurs stratégiques. Il s'agit également d'une réduction des contraintes géogra­phiques, par la multiplication qu'elle induit de nouvelles connexions entre les peuples, les organisations, les économies et les écosystèmes. Par son accélération exponentielle, la globalisation se révèle être un processus social, dont la part économique n'est pas la plus importante et qui prend surtout sa valeur par le fait que des systèmes se connectent qui ne l'étaient pas précédemment ‑ par exemple dans le domaine de la culture et de l'environnement  [23].

Kimon Valaskakis définit lui aussi la mondialisation comme un processus historique dont les deux moteurs contemporains sont le changement technologique, d'une part, et la mobilité transnationale des facteurs de production, de l'autre. Cette mondialisation, ajoute-t-il, apporte avec elle une montée des interdépendances qui n'est pas néces-sairement voulue et qui, de toute façon, est loin d'être maîtrisée. Avec ces interdépendances, viennent des chocs asymétriques, car la mondialisation elle-même n'est ni uniforme ni douce [24]. L'ancien ambassadeur du Canada à l'OCDE montre bien la différence entre la mondialisation et le mondialisme, doctrine qui se réjouit de l'existence du phénomène de mondialisation et qui tente de l'accélérer.

Dans ce passage d'une logique d'économie fermée à celle d'une économie ouverte [25], deux tendances ont été considérées comme marquantes. D'une part, la recherche et la construction d'un nouveau système de régulation économique et finan­cier face aux risques liés à la croissance des marchés; d'autre part, la redéfinition du rôle des Etats-nations et donc la mise en place d'un système post-westphalien. Ces tendances sont porteuses de toutes les interrogations de ce monde multipolaire et interdépendant auquel Jacques Lesourne consacrait près d'un tiers de son ouvrage Les mille sentiers de l'avenir en en soulignant toute la complexité [26].

A la complexité, s'ajoute – comme le souligne Jérôme Vignon – l'ampleur et la généra­lisation des tendances, leur caractère largement diffusé qui, en même temps, font apparaître des tensions, et des déséquilibres non résolus.

On peut en effet constater que, vu l'ampleur de ces tendances, il est possible maintenant de discerner les béances ou les déséquilibres qu'elles ont provoqués et qui font dire que tout n'est pas terminé [27].

La difficulté est en effet majeure puisque le cadre élaboré pour assurer le contrôle des échanges économiques et des relations internationales, à savoir l'Etat-nation, est devenu impuissant face à l'élargissement phénoménal des flux et des espaces. On peut toutefois considérer avec Elie Cohen que les tensions qui trouvent leur origine dans l'accélération de l'intégration économique, dans la globalisation financière ainsi que, nous l'avons vu, dans la mise en cause des organisations internationales, conduisent à envisager trois types d'ordre stable :

– celui où la primauté des Etats-nations conduit à renoncer à l'intégration écono­mique mondiale ;
– celui où la politique démocratique se hisse au niveau des espaces régionaux économiquement intégrés;
– celui, enfin, où des instances nouvelles de gouvernement mondial jettent un pont sur des instances nationales renouvelées
[28].

Sans entrer dans le débat assez technique de la régulation ‑ et en se méfiant des acceptions différentes et complexes de ce concept [29] ‑, on peut considérer, avec Thierry de Montbrial, que plus un système se complexifie, c'est-à-dire plus l'interdé­pendance entre ses parties augmente, plus cette interdépendance doit être accompagnée d'une capacité de régulation [30].

L'analyse de la gouvernance, dans le cadre de la tendance sur l'élaboration d'un nouveau contrat social, a montré que de nouveaux types d'interactions et de dialogues entre les acteurs étaient possibles ‑ et mêmes souhaitables. Comme le souligne Saskia Sassen, ces modes de régulations sont encore à inventer. La professeur à l'Université de Chicago remarque que ces mécanismes devront s'appuyer sur une nouvelle géographie, utilisant ces nœuds de la globalisation que restent les Etats et que deviennent les grandes cités globales [31]. Certes les investissements nécessaires, en lobbies et en diplomatie, pour mettre en place un gouvernement mondial ou un système de régulation financier peuvent paraître considérables et excessifs. Cependant, dans Les mille sentiers de l'avenir, Jacques Lesourne n'hésitait pas à appeler la France à contribuer à la construction d'un monde plus équilibré dans au moins quatre directions :

– en participant à la stabilisation du système monétaire et financier international;
– en s'associant aux actions internationales dans le domaine de l'énergie;
– en adoptant des politiques constructives pour les échanges internationaux;
– en soutenant les opérations de protection du patrimoine commun de l'humanité et en facilitant la constitution d'un riche tissu d'organisations internationales non gouverne­mentales 
[32].

Nier nos marges de liberté est une autre forme de résignation et de sclérose, annonçait le prospectiviste. Cette idée rejoint la formule de Riccardo Petrella selon laquelle c'est la région qui peut aider l'Europe et le monde, mais pas l'inverse [33].

L'avenir de l'Europe est en effet dans ces mots clefs issus de l'analyse des tendances lourdes que constituent la quête d'une nouvelle vision pour l'Europe et l'unification progressive du continent européen : fonctionnement démocratique des institutions, besoin de légitimité des politiques, principes de subsidiarité active, gouvernance multi-niveaux, interdépendance institutionnelle, Europe des réseaux et alliances, solidarité dans l'élargissement, coopération transnationale. Ces différentes idées maîtresses s'appliquent non seulement à la dimension institutionnelle et organisationnelle, qui semble intéresser davantage les observateurs, y compris les prospectivistes, mais surtout au contenu même des politiques menées ou à mener (concurrence, recherche, entreprise, transport, politique sociale, etc.) [34] .

L'avenir de la France, c'est l'Europe, professe Thierry de Montbrial. Qui contesterait que c'est aussi celui de la Wallonie ? Mais, au delà de la difficulté de définir son espace et sa finalité, on a relevé avec le professeur du CNAM que l'Europe ne se concevait pas en dehors de la combinaison d'un projet toujours à animer et d'une expérience historique. […] Les grandes œuvres – écrit-il plus loin –, s'édifient grâce à une volonté soutenue dans la durée  [35].

Mission prospective Wallonie 21 - Index La Révolution de l'esprit

Résolu à chercher plus avant les mouvements du temps présent, et après avoir évoqué les tendances de la globalisation, du progrès technique, du rejet des norma­tivités extérieures, de la nécessité d'une nouvelle fonction régulatrice, de l'industria­lisation, etc., Jérôme Vignon s'est demandé si ces changements ne constituaient pas, en fait, les indices d'une transformation plus vaste de nature culturelle, au sens que lui donnait le XIXème siècle. L'ancien directeur de la Cellule de Prospective de la Commission faisait donc l'hypothèse que ce qui est en cause, c'est un changement de l'enveloppe culturelle à l'intérieure de laquelle la civilisation cherche son chemin [36]. Jérôme Vignon liste dès lors une série de phénomènes de société qui, depuis les années soixante-dix, touchent à ce qui fonde le lien de la vie sociale et plus particuliè­rement à ce qui met en relation les ensembles pouvoir - autorité - légitimité et vérité - connaissance - savoir :

– l'affaiblissement de l'autorité scientifique, qui perd sa légitimité, par une vision plus relativiste des scientifiques eux-mêmes;
– le pluralisme des conceptions qui conteste l'unicité du diagnostic sur les problèmes de société et rejette les solutions absolues et définitives au profit des solutions provisoires;
– l'attrait des conceptions philosophiques et religieuses qui mettent en cause l'universalisme et la rationalité (New Age, nouveaux philosophes, etc.);
– la "procéduralisation" : le fait de donner une large place dans l'entreprise, dans l'administration, au caractère collectif de l'énoncé des problèmes, ce qui suppose une large décentralisation;
– la crise institutionnelle qui trouve sa source dans la mise en cause à la fois du suffrage universel comme système de représentation et de la centralisation de l'Etat;
– le pluralisme culturel et la décentralisation de l'autorité;
– le relativisme culturel généralisé et son corollaire, l'intégrisme religieux ou politique
 [37].

Les changements dans les valeurs se produisent en profondeur. Alors que le XXème siècle a marqué le triomphe de la laïcité, de la science et du rationalisme, ces idées entrent désormais en compétition avec l'identification d'une tendance qui s'est développée depuis la fin du XXème siècle et qui envisage la résurgence de la religion, du mysticisme et de la spiritualité. Ces deux attitudes sont-elles conciliables, voire convergentes ? [38]. Ainsi que le souligne Hugues de Jouvenel, cette analyse vient en opposition radicale avec celle – qui se développe depuis les années soixante – de la croissance de l'individualisme : le processus, à très long terme, qui se traduit par le passage de valeurs traditionalistes, dont le principe de légitimité est fondé sur la transcendance, à des valeurs dites individualistes, dont le principe de légitimité réside dans l'individu [39].

L'économiste et prospectiviste américain William E. Halal n'hésite pas à considérer que la tendance que constitue la montée des valeurs spirituelles pourrait déboucher, dans les dix prochaines années et aux Etats-Unis, sur ce qu'il nomme – à l'instar de Thierry Gaudin – la Révolution de l'esprit (The Spiritual Revolution). Cette révolution ouvrirait la succession des sociétés de l'information vers l'Age de l'esprit (Spiritual Age). On va découvrir dans dix ans, estime le professeur à la Washington University, que l'humanité est profondément non rationnelle [40] .

Mission prospective Wallonie 21 - Index Un regard nouveau sur la prospective

L'exercice qui consiste à analyser les temps longs, les tendances du monde pour les confronter ensuite avec l'analyse des acteurs locaux apparaît particulièrement stimu­lant. Ainsi, nous avons tenté, dans ce travail d'écoute de la prospective à partir de la Wallonie, de limiter le plus possible nos sources aux travaux des prospectivistes, n'utilisant des sources plus proches géographiquement ou intellectuellement que pour la compré­hension des premières. Le regard est donc multiple, interdisciplinaire, systémique et pluriel. Déjà, ces informations et analyses ont provoqué de nombreuses remises en cause des hypothèses originelles du travail, modifiant parfois très profondément notre regard. Il nous paraît dès lors que la confrontation avec les données plus tradition­nelles du terrain wallon ne pourra s'avérer que très profitable et probablement efficace. C'est Ilya Prigogine qui écrivait que reconnaître la complexité, trouver les outils pour la décrire, et relire dans ce contexte nouveau les relations changeantes de l'homme avec la nature et de l'homme avec lui-même, voilà les problèmes cruciaux de notre temps [41].

Le travail exaltant qui s'annonce consistera à passer du monde perçu au monde actionné [42], c'est-à-dire de mesurer comment les acteurs se positionnent par rapport aux processus eux-mêmes. La tâche sera ardue mais, menée avec méthode et volonté d'aboutir, elle peut, elle aussi, contribuer à dégager une vision de ce destin collectif souhaité pour la société wallonne.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] L'"auscultation" de la trajectoire de l'humanité : l'expression est de Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième millénaire, dans Jérôme VIGNON ea, Questions pour le XXIème siècle, Des chrétiens s'interrogent, p. 14, Académie d'Education et d'Etudes sociales-Fayard, 1999.

[2] Alvin TOFFLER, La Troisième vague, Essai, Paris, Denoël-Gonthier, 1980. – Alvin TOFFLER et Heidi TOFFLER, Creating a new civilization : the politics of the Third Wave, Turner, Atlanta, 1995. – Pour une critique succincte du modèle de Toffler : Mattias HÖJER et Lars-Goran MATTSON, Determinism and backcasting in future studies, dans Futures, 32, p. 613-634, 2000. –  Arthur B. SHOSTAK, Toffler and Rowling : futurism and fantasy, dans Future Times, Hiver 2000, p. 1 et 2.

[3] Graham T.T. MOLITOR, The Next 1000 Years : The "Big Five" Engines of Economics Growth, dans  Howard F. DIDSBURY, Frontiers of the 21st Century : Prelude to the New Millenium, p. 155-156, Bethesda (Maryland), World Future Society, 1999. – Graham T.T. Molitor est président de Public Policy Forecasting à Potomac (Maryland) et vice-président de la World Future Society.

[4] Jacques LESOURNE, Un art difficile pour l'entreprise, réfléchir pour agir, dans Jacques LESOURNE et Christian STOFFAES dir., Prospective stratégique d'entreprise, p. 91, Paris, Dunod, 2001. – Voir aussi Jacques LESOURNE , Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu, p. 282, Odile Jacob, 2001.

[5] On retrouvera dans le discours d'ouverture du congrès de 1987 prononcé par Jean-Pol Demacq, président de l'Institut Jules-Destrée l'analyse suivante :
La prise de conscience, pour la plupart d'entre nous, de notre situation économique et sociale dans le temps long de l'histoire, telle que l'a définie, mesurée même l'équipe interuniversitaire du Professeur Pierre Lebrun a probablement joué un rôle décisif dans notre appréhension de notre aujourd'hui. C'est presque devenu commun d'affirmer que nous ne sommes déjà plus dans les sociétés industrielles telles que les ont vécues nos parents et grands-parents, que la technique a effectué en quatre décennies des progrès de portée infiniment plus élevée qu'au cours des quatre siècles précédents. Que la naissance du nouveau système technique, à laquelle nous assistons, est en train de générer une mutation qui aura pour l'humanité une importance comparable à celle provoquée au siècle passé par l'implantation des premières machines à vapeur.
La nouvelle révolution industrielle est entamée. Comme la première, comme les premières, - n'entrons pas dans le débat -, elle ne va pas consister en un simple remplacement d'une génération technologique par une autre mais ce sont effectivement tous les domaines de la civilisation qu'elle va affecter à la fois: les principes de la production, l'organisation sociale, la culture. Changement radical, cassure avec la société dans laquelle nous vivons, cette mutation secrète son passage vers une autre ère. En rupture progressive avec la structure ancienne, déstructurante donc, la crise actuelle fait apparaître des données inassimilables pour les théories économiques et sociales de la période industrielle: endettement mondial collectif, croissance fabuleuse du chômage, quasi impossibilité de maintien du volontariat. Dans le même temps, les marchés, tout autant que les mentalités, se transforment sous le mouvement de ce que certains ont appelé la troisième vague des sociétés industrielles. Après les matières premières et l'énergie, c'est au tour de l'information en tant que ressource, de polariser les secteurs économiques et de construire une nouvelle structure pour notre société.
Age de l'intelligence répartie, monde de la communication, société programmée, ère de la biomatique, nous ne pouvons pas anticiper sur ce que sera demain. Il est pourtant essentiel pour nous, Wallons, que nous essayions de comprendre et que nous tentions de maîtriser les passages historiques.
Comme au dix-neuvième siècle, la Wallonie est interpellée par la nouvelle révolution industrielle. A cette époque, elle a prouvé sa capacité à modifier ses structures avec efficacité et, après les tensions, à retrouver un équilibre social où l'homme est davantage respecté.
La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme
, p. 12, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1989.

[6] Philippe DESTATTE dir., Evaluation, prospective et développement régional…, p. 21-38.

[7] Thierry GAUDIN dir., 2100, Récit du prochain siècle,  p. 54-55, Paris, Payot, 1990.

[8] Thierry GAUDIN, De la reconnaissance à l'intelligence collective, dans Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord., Expertise, débat public : vers une intelligence collective, Prospective d'un siècle à l'autre (II), p. 334-335, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2001.

[9] Thierry GAUDIN, L'avenir de l'esprit, Prospectives, Entretiens avec François L'Yvonnet, Paris, Albin Michel, 2001.

[10] Most experts agree that the IT revolution represents the most significant global transformation since the Industrial Revolution beginning in the mid-eighteenth century. in Global Trends 2015 : A Dialogue About the Future With Nongovernement Experts, National Intelligence Council, Décembre 2000. – Pierre JACQUET, Nouvelle économie : du virtuel au réel, dans MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses), p. 27, Paris, Dunod-IFRI, 2000.

[11] Ibidem, p. 23-24. – H.G. CRAIGHEAD, Nanoelectromechanical Systems, dans Science, vol. 290, 24 novembre 2000, p. 1532-1535.

[12] Angus MADDISON, L'économie mondiale : une perspective millénaire, coll. Etudes du Centre de Développement, p. 133, Paris, OCDE, 2001.

[13] Thierry de Montbrial, directeur de l'Institut français des Relations internationales (Ifri), définit ainsi la mondialisation :
J'appelle unité active tout groupe organisé doté de ressources , au sens le plus large du terme (correspondant au terme de capital chez Pierre Bourdieu), capable de se fixer des objectifs et des stratégies pour les atteindre. De façon générale, on appelle "mondialisation" le phénomène selon lequel les unités actives, en proportion croissante, élaborent leurs objectifs et leurs stratégies en référence à des théâtre d'opération (voir les champs de Pierre Bourdieu) de plus en plus étendus géographiquement. Le choix d'un concept nouveau – mondialisation plutôt qu'interdépendance – suggère que le phénomène se distingue suffisamment des interactions caractéristiques des années 1945-1980 pour opérer, certes progressivement, une véritable mutation de la structure du système international. Thierry de Montbrial ajoute que l'idée de mondialisation est étroitement liée à celle d'économie de marché et donc au libéralisme économique. Thierry de MONTBRIAL, Le monde au tournant du siècle, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses), p. 14, Paris, 1999.

[14] Jan Aart Scholte , professeur au Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation à l'Université de Warwick estime que l'on peut distinguer cinq types d'idées dans le concept de globalisation :
– la globalisation peut signifier internationalisation, c'est-à-dire interaction et interdépendance entre les pays ;
– la globalisation peut être vue comme libéralisation, dans le sens d'un monde ouvert où circulent les ressources, les gens, les marchandises, les capitaux, sans entraves, contrôles ni barrières ;
– la globalisation peut être comprise comme universalisation, ce qui signifie qu'un phénomène serait dit global lorsque situé dans toutes les parties du monde ;
– la globalisation peut être également être un synonyme de "westernalisation" ou d'américanisation, dans le sens de l'extension du mode de vie de l'Ouest ou des Etats-Unis à l'ensemble du monde, particulièrement la consommation ;
– la globalisation peut être aussi identifiée à la déterritorialisation. Cela signifie que les relations globales sont vues comme occupant un espace social qui transcende la géographie territoriale. Pour Jan Scholte, il n'y a que cette dernière conception qui rende la tendance qui touche le monde depuis la fin du XXème siècle de manière différente que pour les périodes précédentes. Il n'était en effet pas nécessaire d'appliquer un nouveau concept aux quatre autres sens qui couvrent des phénomènes déjà anciens. Par contraste, la déterritorialisation est sans précédent et, pour Jan Scholte, le concept de globalisation constitue un terme adéquat pour décrire les nouvelles circonstances.
Jan Aart SCHOLTE, Global Civil Society : Changing the World ?, in CSGR Working Paper n°31/99, p. 8, Coventry, University of Warwick, Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation,  Mai 1999.
http://www.warwick.ac.uk/fac/soc/CSGR/wpapers/
 - 14/02/02. – Voir aussi : Jan Aart SCHOLTE, Global Capitalisme and the State, dans International Affairs, Juillet 1997, p. 427-452. http://www.mtholyoke.edu/acad/intrel/scholte.htm. 14/02/02. – Jan Aart SCHOLTE, Globalization : A critical Introduction, Londres, Macmillan, 2000.

[15] Fernand BRAUDEL, La dynamique du capitalisme, p. 83, Paris, Arthaud, 1985.

[16] Ibidem, p. 97.

[17] Ibidem, p. 60-61.

[18] Thierry de MONTBRIAL, Perspectives à la fin du millénaire, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial…, 2000, p. 13.

[19] James N. ROSENAU, Turbulence in World Politics : A Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press 1990 . – James N. ROSENAU & Ernst -Otto CZEMPIEL, Governance without Government, Order and Change in World Politics,  New York, Cambridge University Press, 1992 . – Elie Cohen estime à juste titre que depuis les travaux de James Rosenau, on ne pense plus dans les mêmes termes les relations internationales. E. COHEN, L'ordre économique mondial, Essai… p. 18, n1.

[20] James N. ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier, Exploring Governance in a Turbulent World, p. 3-5, Cambridge University Press, 1997.

[21] The information revolution and other technological dynamics are major stimulants, but so is the breakdown of trust, the shrinking of distances, the globalization of economies, the explosive proliferation of organizations, the fragmentation of groups and the integration of regions, the surge of democratic practices and the spread of fundamentalism, the cessation of intense enmities and the revival of historic animosities – all of which in turn provoke further reactions that add to the complexity. James N. ROSENAU, Along the Domestic-Foreign Frontier… , p. 7.

[22] James N. ROSENAU, op. cit., p. 24. – Elie Cohen pose la question de manière similaire : A quoi tient donc la nouveauté ? D'abord, à la somme des évolutions décrites. Si aucune tendance dans le mouvement des échanges n'explique à elle seule le phénomène, la combinaison des facteurs n'en crée pas moins un contexte nouveau. On observe, en effet, simultanément un élargissement géographique (Chine, Amérique latine…), et sectoriel (services, produits agricoles, propriété intellectuelle) des échanges, un approfondissement de l'intégration (nouvelles règles de l'OMC) et une accélération récente des évolutions (les télécommunications et les finances comme vecteurs). En un mot, l'interdépendance des économies a augmenté, et l'intégration régionale est devenue une réalité. Elie Cohen relève toutefois que les évolutions en cours relèvent davantage du modèle de l'économie ouverte internationale qu'à celui de l'économie mondialisée. Cohen relève aussi que les travaux de Kevin O'Rourke et Jeffrey G. Williamson ont établi que le première mondialisation, celle du XIXème siècle, aurait été plus prononcée par de nombreux aspects, notamment les mouvements migratoires et les flux financiers. Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 79. – Kevin O'ROURKE et Jeffrey G. WILLIAMSON, Globalization and History : The Evolution of the Nineteenth Century Atlantic Economy, Cambridge, Mass., MIT Press, 1999.
Annual Conference of the World Future Society, FutureScope 2001, Exploring the 21st Century, Minneapolis, 30 juillet 2001

[23]  Walter TRUETT ANDERSON, Harlan CLEVELAND et James ROSENAU, The Future of Globalization : Analyses, Visions and Scenarios, Annual Conference of the Wordld Future Society, FutureScope 2001, Exploring the 21st Century, Minneapolis, 31 juillet 2001.

[24] Kimon VALASKAKIS, La planète Terre est-elle gouvernable ? dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord., Prospective pour une gouvernance démocratique, Colloque de Cerisy, p. 45 , La Tour d'Aigues, 2000.

[25] Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale, dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU coord., Prospective pour une gouvernance démocratique, Colloque de Cerisy, p. 61 , La Tour d'Aigues, 2000.

[26] Jacques LESOURNE, Les mille sentiers de l'avenir, p. 120sv, Paris, Seghers, 1981.

[27] Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième millénaire…, p. 19-20.

[28] Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 67.

[29] Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 216sv.

[30] Thierry de MONTBRIAL, Observation et théorie des relations internationales, II…, p. 68. – Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts notent que la régulation est un enjeu de politique internationale, un objet de conflit et de négociations dont l'issue dépend des rapports de force en présence. B. BADIE & M-C. SMOUTS, Le retournement du monde, Sociologie de la scène internationale, p. 111, Paris, Presses de Sciences Po et Dalloz, 1999.

[31] Saskia SASSEN, Globalization and Its Discontents, p. 195-218, , New York, The New Press, 1998. – Le national et le mondial ne s'excluent pas, Entretien avec Saskia Sassen, dans Qui gouverne l'économie mondiale ?,  Alternatives économiques,  Hors-série, 1er trimestre 2001,  p. 20-21.

[32] Jacques LESOURNE, Les mille sentiers de l'avenir…, p. 348-350.

[33] Riccardo PETRELLA, Quatre messages à la Wallonie, dans La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme, Actes du Congrès, p. 539, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1989.

[34] Pascale VAN DOREN, L'Europe entre processus et projet, Note du 23 juillet 2002.

[35] Thierry de MONTBRIAL, Quel avenir pour la France ?, dans Thierry de MONTBRIAL, La France du nouveau siècle, p. 499 et 506, Paris, Académie des Sciences morales et politiques, 2002.

[36] Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième millénaire…, p. 25.

[37] Jérôme VIGNON, op. cit., p. 25-39.

[38] Arnold BROWN ea, Religion and Science in the 21st Century : Convergence, Divergence or What ?, Annual Conference of the World Future Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices, Houston, 24 juillet 2000.

[39] Hugues de JOUVENEL, Pour un nouvel humanisme, dans Futuribles, n°260, Janvier 2001, p. 3.

[40] William E. HALAL, Top Ten Breakthroughs for the Next Decade, Annual Conference of the World Future Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices, Houston, 25 juillet 2000. – Allen HAMOND, Which World ? Scenarios for the 21st Century, Global Destinies, Regional Choices, p. 50sv, Washington DC, Covelo (California), Island Press-Shearwater Books, 2000.

[41] Ilya PRIGOGINE, La lecture du complexe, dans Le Complexe de Léonard ou la société de création,  p. 62 , Paris, Editions du Nouvel Observateur / J-C Lattès, 1984.

[42] Pierre GONOD, L'amont de la prospective territoriale, p.7, 23 septembre 2001.
http://www.euroProspective.org/222_Pierre_Gonod_Amont-01-09-23.htm .

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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