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 La Wallonie à l'écoute de la prospective - Les fondements de la prospective wallonne
par Philippe Destatte, directeur de l'Institut Jules-Destrée

1.

La prospective, outil de la bonne gouvernance régionale

2.

Vers des définitions communes de la prospective et de ses concepts

    2.1.

 L'aménagement du temps et sa prise en compte

    2.2. La prospective : une mise en mouvement intellectuelle et politique
    2.3. La prospective, la stratégie et la décision publique
3.

Des méthodes globales et des pratiques participatives

    3.1. Des méthodes systémiques, pluridisciplinaires et holistiques
    3.2. Des pratiques participatives
4.

La prospective et la Wallonie

    4.1.

 Le manque d'acuité visuelle de la Wallonie et sa longue incapacité de renouveau

    4.2.  Un New Deal : le Contrat d'avenir pour la Wallonie
    4.3.  La mission de l'Institut Jules-Destrée dans la prospective wallonne
    4.4. Le système régional wallon de Prospective (SRWP)
Conclusion : Où voulons-nous aller ensemble ?
 

Bibliographie succincte

 

Notes

 

L'homme n'agit pas seulement en tenant compte du milieu qui l'entoure mais en tenant compte du futur tel qu'il peut le concevoir. L'image devient cause agissante dans la modélisation.

Ilya Prigogine

cité dans Arnaud SPIRE, La pensée-Prigogine, p. 24,

Paris, Desclée de Brouwer, 1999.

 

Nous sommes tous sur le sujet de la prospective, et moi en particulier, en situation de learning process, dans une sorte d’écolage.

Michel Quévit,
La Géode, Charleroi, 31 mars 2000

 Cette réflexion, voulue et appuyée par le Gouvernement wallon, résulte de cinq efforts majeurs qui ont marqué l'action de l'Institut Jules-Destrée depuis le quatrième congrès La Wallonie au futur, Sortir du XXème siècle, Evaluation, Innovation, Prospective, en octobre 1998 :

– donner des fondements à la prospective wallonne par un travail analytique rétrospectif;
– étudier et comprendre la discipline que constitue la prospective, ses différentes approches, ses contenus, ses méthodes, ses champs d'application, ainsi que l'apport qui peut être le sien pour la gouvernance de la Wallonie;
– inscrire l'Institut Jules-Destrée et, de ce fait, la Wallonie dans des réseaux européens et mondiaux de la prospective ou valorisant des études et recherches à vocation prospective;
– créer en Wallonie des réseaux d'acquisition et de développement de la prospective territoriale;
– faire reconnaître la Wallonie dans les milieux internationaux de la prospective comme une région porteuse d'intelligence collective et y montrer que la prospective wallonne est une dynamique en acquisition.

 Cette introduction va successivement aborder les questions suivantes. Dans un premier temps, elle situera la prospective à l'intérieur du concept de gouvernance. Ensuite, l'introduction tentera de présenter des définitions ‑ communes et à partager ‑ de la prospective et de ses méthodes. Enfin, elle resituera la démarche prospective dans la dynamique wallonne et particulièrement dans celle du Contrat d'Avenir pour la Wallonie, avant de préciser les missions menées par l'Institut Jules-Destrée et de décrire brièvement le Système régional wallon de Prospective. Des conclusions posent les fondements de la prospective wallonne en termes de forces et de faiblesses pour poser la question de savoir où voulons-nous aller ensemble ?

  

Mission prospective Wallonie 21 - Index

1. La prospective, outil de la bonne gouvernance régionale

 La gouvernance peut être appréhendée comme un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions qui produisent des compromis, des consensus politiques et sociaux permettant d'atteindre des buts propres – discutés et définis collectivement –, dans des environnements fragmentés et incertains. Cette façon de voir le concept permet d'échapper à une vision par trop économiste et de le rendre opératoire pour aborder clairement la question de la place de l'Etat dans la gestion du territoire. Cette gouvernance n'apparaît pas comme une contrainte supplémentaire pour la gestion publique mais constitue un cadre, une dimension de plus où faire porter l'action. C'est ce que, en France, le Rapport Bailly a bien valorisé.

 La gouvernance s'attache ainsi à inventer de nouvelles pratiques de démocratie, attentives aux lieux et aux personnes, et à mettre en place une pédagogie de l'adaptation à un monde complexe, en développant :

– la recherche de réponses locales à une économie globale;
– la capacité à faire fonctionner ensemble des acteurs publics et privés, aux niveaux local et global;
– la promotion de territoires dynamiques et ouverts;
– les réponses aux exigences de démocratie et de participation des citoyens;
– la mise en place d'ordonnancements sociaux qui fonctionnent faiblement à l'autorité;
la valorisation du "potentiel de développement des hommes
[1].

Jean-Paul Bailly distingue quatre phases distinctes de la bonne gouvernance allant de la phase de sensibilisation à celle de l'action.

 

  

Cette gouvernance, en tant que méthode de résolution de problèmes par la négociation et la coopération des acteurs [2] est incarnée en Wallonie par le Contrat d'Avenir. Directeur des services territoriaux à l'OCDE, Bernard Hugonnier estimait que, dans le cadre d'une bonne gouvernance, toutes les grandes décisions devraient s'appuyer sur une réflexion prospective [3]. Le PDG de la RATP souligne d'ailleurs lui-aussi que l'utilité de la démarche prospective réside dans sa capacité de nourrir le débat politique, d'accompagner l'ensemble du processus de décision et de contribuer à forger les concepts et les pratiques de nouvelles formes de "gouvernance" [4] .

 Dans cette nouvelle gouvernance, la place du décideur prend toute son ampleur. Maître des Horloges, il est celui qui harmonise l'action collective, l'organise, fait les choix stratégiques et assume les respon­sabilités de ces choix [5]. Ainsi, ni les dispositifs, ni les processus, ni les experts de la prospective ne sauraient en rien affaiblir ou se substituer au rôle des décideurs qui restent les vrais maîtres de l'action et au centre de l'enjeu [6]. Non seulement, parce que la responsabilité leur en incombe mais aussi parce que, ainsi que l'indiquait le professeur Jean Leca, compte tenu des intérêts multiples et changeants [qui] introduisent sans préavis de nouveaux standards d'action, de ceux-ci le "décideur politique" a une connais­sance bien meilleure et plus performante que les spécialistes de la connaissance [7].

 Jacques Lesourne aborde cette question lorsqu'il explique l'intérêt de la prospective stratégique. L'ancien professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers distingue claire­ment l'homme d'action que représente le décideur et l'homme de réflexion qu'est le prospectiviste. Le premier doit mobiliser toute son énergie pour l'aboutissement total de sa décision : il n'écrit pas, il réunit, il négocie et vit sur des postulats. Le second doit être capable de traduire en termes de recherches les préoccupations de l'homme d'action. Il est toutefois en profond décalage avec le décideur et ne peut lui être utile que si un pacte déontologique les lie. Par cet accord, l'homme d'action doit accorder à l'homme de réflexion le temps, les moyens et la liberté dont le second a besoin [8]. Du reste, la prospective s'accommode depuis longtemps de cette proximité avec la politique, en ne cherchant pas à se conformer à la rude ascèse intellectuelle du monde académique et en ne refusant de tenir des propos de nature normative [9].

 On voit donc le rôle important que la prospective peut jouer dans la gouvernance, telle que la voit Jean-Paul Bailly :

 Une prospective qui, au lieu de prétendre apporter des solutions définitives élaborées par quelques-uns, accom­pagne le processus de construction et de mise en œuvre de décisions stratégiques qui, parce qu'elles favorisent l'appropriation par le plus grand nombre, débouchent effectivement sur l'action [10].

 Ainsi, la prospective et la gouvernance favorisent la mise en place de modèles de décision qui renforcent la légitimité du décideur en l'appuyant, non plus sur une expertise scientifique ou technocratique individuelle mais sur un réseau d'acteurs qui réduit l'incertitude et favorise l'appropriation.

 Deux modèles de décision

"CHOIX TRANCHANT"

(décision traditionnelle)

"ENCHAINEMENTS DE RENDEZ-VOUS"

(décision en incertitude)

Un moment unique, un acte

Une activité itérative enchaînant
des décisions de second rang

Prise par un acteur légitime

Engageant un réseau d'acteurs diversifiés selon les responsabilités

Clôturée par l'autorité scientifique ou politique

Réversible, ouverte à de nouvelles informations ou
à de nouvelles formulations de l'enjeu

 Michel CALLON, Pierre LASCOUMES, Yannick BARTHE, Agir dans un monde incertain, Essai sur la démocratie technique,
p. 307, Paris, Seuil, 2001.

Mission prospective Wallonie 21 - Index 2. Vers des définitions communes de la prospective et de ses concepts

Aucun expert, aucun centre d'étude, aucun thinktank, aucune cellule ad hoc n'a la capacité de prévoir l'avenir, ni du monde, ni de la Wallonie. Toute forme de prédiction est une imposture, l'avenir n'est pas écrit, mais reste à faire, proclame avec raison un des plus grand théoricien de la prospective, le professeur Michel Godet [11]. Par contre, la question du rapport d'une société avec le futur appelle au moins quatre réflexions immédiates.

 – L'avenir, ainsi que l'indique Jacques Lesourne, apparaît être le fruit du hasard, de la nécessité et de la volonté. Si le premier facteur prend les prévisions à contre-pied alors que le second semblait les conforter, le concept de volonté exprime une capacité d'agir sur l'histoire, un désir d'action qui rejette aussi nettement le détermi­nisme que la fatalité.

 – L'importance du nombre des acteurs – variable déterminante mais indéterminée –, leur grande disponibilité d'action dans de nombreux domaines, leur capacité d'agir sur l'histoire font en sorte que, quelle que soit la pertinence d'un travail de prévision, celui-ci ne couvre jamais l'ensemble des futurs possibles. L'avenir apparaît dès lors comme ouvert, comme un champ en friche qu'il est possible de cultiver.

 – L'analyse historique constitue une pièce majeure de la prospective par le regard rétrospectif qu'elle permet sur le présent et par les points d'appuis qu'elle détermine en vue du travail prospectif. Cet outil est évidemment utilisé en considérant que l'avenir ne peut être ni la simple reproduction du passé ni son extrapolation : ni au départ de ses tendances, ni dans ses contingences, ni de manière linéaire, ni de manière cyclique.

 – Le concept de prospective permettra donc d'envisager non pas des probabilités recherchées par des exercices de prévision, mais des futurs possibles, des futuribles, en vue d'éclairer les acteurs et les décideurs sur les stratégies à mettre en place. Relevant les oppor­tunités et les menaces du chemin à parcourir, la prospective a pour vocation concrète de concevoir un futur désiré ainsi que les moyens nécessaires pour le rendre possible.

Ainsi, forts des données des prospectivistes, les décideurs pourront mieux construire, affiner ou réorienter leur projet (projet : pro-jacio = je jette dans le temps, je projette, image d'une situation, d'un état que l'on pense atteindre). Cette étape constituera celle du passage de la des­cription d'un ensemble de futurs possibles à la définition d'un avenir souhaitable.

 Tirant les conclusions comme rapporteur de la séance sur la pros­pective territoriale métropolitaine et régionale à l'OCDE le 12 décem­bre 2000, la prospectiviste française Fabienne Goux-Baudiment estimait que l'impératif de la prospective était aujourd'hui de poser les concepts. Ceux-ci intégrant tant l'objet des disciplines portant sur l'avenir que l'espace concerné par cet objet.

 

La prévision

Activité ayant pour objet de mettre en évidence certaines relations entre les événements, à partir desquels il est possible de calculer le degré de probabilité des différentes évolutions possibles de ces évé­nements. La prévision part généralement de prémisses chiffrées (c'est le cas de la prévision économique ou technologique) [12].

 On le voit, c'est méthodologiquement que la prospective se différencie du scientisme de la prévision qui construit des modèles théoriques et essaie de les appliquer pour construire l'avenir [13].

 Ainsi, comme le répète Hugues de Jouvenel, ce n'est pas parce que l'on parle du futur qu'on est dans la prospective. Le rapport entre la prospective et la prévision est un rapport difficile. La seconde semble en effet avoir miné le chemin de la première tandis que la prospective tente de renouveler la prévision [14] .

L'anticipation

Modèle d'un futur construit sur la base de la logique [15]. L'anticipation n'a de sens que pour éclairer l'action, répète Michel Godet [16].

  

La planification

Processus qui fixe (pour un individu, une institution, une collectivité territoriale ou un Etat), après études et réflexion prospective, les objectifs à atteindre, les moyens nécessaires, les étapes de réali­sation et les méthodes de suivi de celles-ci [17].

 

Etudes et recherches à vocation prospective

 Selon John McHale, les études et recherches à vocation prospective constituent une discipline qui inclut toutes les formes d'études du futur, de l'extrapolation tendancielle (la manière la plus facile et la plus utilisée) jusqu'à l'utopie [18].

Par un cheminement différent depuis la guerre, les futures studies nord-américaines trouvent aujourd'hui une convergence avec la prospective sous l'appellation de foresight, au point que l'on puisse désormais traduire l'une par l'autre [19].

Enfin, Fabienne Goux-Baudiment posait aussi la question des espa­ces envisagés pour la prospective. La question n'est pas innocente lorsque l'on parle des régions belges –particulièrement la Flandre et la Wallonie – dont on sait que l'ampleur de leur souveraineté d'Etat en font davantage des espaces nationaux que des espaces territoriaux.

 

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index 2.1. L'aménagement du temps et sa prise en compte

Le philosophe français Gaston Berger, considéré comme le fondateur de la prospective, soulignait que, à bien des points de vue, la prospective ressemble à l'histoire.

L'une et l'autre portent sur des faits qui, par essence, ne sont jamais donnés : le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore, tous deux sont hors de l'existence. Comme l'histoire aussi, la prospective ne s'attache qu'aux faits humains. Les événements cosmiques ou les progrès de la technique ne l'intéressent que par leurs conséquences pour l'homme. Nous ne prétendons pas que l'homme soit "la mesure de toutes choses". Dans les études prospectives, c'est lui, du moins, qui donne l'échelle [20].

Hugues de Jouvenel regrettait pourtant qu'en général ceux qui s'intéressent à l'histoire ne s'intéressent pas à l'avenir et ceux qui s'intéressent à l'avenir ne s'intéressent pas à l'histoire [21]. C'est sur le passé que portent les études des historiens, mais – comme l'indique Jean Chesneaux, – c'est l'avenir qui en fonde la portée, la raison d'être [22]. Pour interpréter ce qu'écrit l'auteur d'Habiter le temps, on pourrait noter que c'est parce que, à un moment donné, la société wallonne s'est donné un avenir, qu'elle a pu prendre en considération son passé. Ainsi, à la question de l'anachronisme d'une histoire de la Wallonie en 1973, l'équipe du professeur Léopold Genicot répondait que la Wallonie se constituait en nation consciente et cohérente [23] et, par là, marquait déjà sa volonté d'agir sur l'histoire. Cette historicité passe par la prise en compte sociale du présent et doit déboucher sur le futur. Radical, Jean Chesneaux écrit que le passé ne mérite attention que s'il s'ouvre vers l'avenir, à travers les incontournables contraintes du présent [24]. C'est à cette quête d'avenir qu'invite la présente démar­che, de manière à passer de l'historicité à la temporalité, concept dont Michel Quévit disait avec raison qu'il est au centre de la démarche prospective [25].

L'historicité – la relation entre passé et présent – doit s'ouvrir sur la temporalité, sur la relation plus complexe que le présent établit à la fois en direction de l'amont et de l'aval, du passé et de l'avenir [26].

Il ne s'agit pas ici de faire une dissertation sur le temps. Celui-ci, nous le savons, est relatif. Fernand Braudel mettait en évidence la diffé­rence entre le temps des historiens et celui des sociologues, moins impérieux, moins concret aussi, jamais au cœur de leurs problèmes et de leurs réflexions [27].  Que dire du reste du temps des décideurs politiques ? Ne prête-t-on pas à Jean Gol de s'être exclamé que trois mois, pour un ministre, c'est une éternité ? Par contre, à l'heure du déve­loppement durable, chacun se rend compte que la décision ou la non-décision d'aujourd'hui engage une responsabilité et une pré­caution par rapport au temps long à la fois dans le bien-être et les droits des générations futures ainsi que dans la compétition des territoires dans lesquels vivront ces générations.

 Chaque territoire est libre de choisir son futur, mais dans la compétition qui règne aujourd'hui entre eux, l'avantage n'ira pas au plus timoré. Il est donc nécessaire de s'aider de la prospective normative et des espaces de liberté qu'elle nous offre pour rechercher les voies les plus performantes, c'est-à-dire innovantes et offensives, d'un avenir souhaitable et possible [28].

C'est donc une culture politique du temps qu'il nous faut construire en Wallonie, pour rompre avec le positivisme linéaire, l'immédiat auquel nous invite généralement la presse, internationale comme belge, écrite comme télévisée, accroissant encore l'incertitude du futur en le limitant à un regard fugace et par trop limité. Ainsi, on entrera dans la prospective lorsque, avec Gaston Berger, on commencera à considérer l'avenir non plus comme une chose déjà décidée et qui, petit à petit, se découvrirait à nous, mais comme une chose à faire [29].

  

Mission prospective Wallonie 21 - Index 2.2. La prospective : une mise en mouvement intellectuelle et politique

Rarement affirmée comme une science, souvent présentée comme une discipline, une forme de pensée voire un art, la prospective est certainement ce que le Dr Julio Dias, conseiller du maire de Lisbon­ne, qualifiait en portugais de movida : une mise en mouvement intel­lectuelle et politique [30]. Loin de vouloir déterminer ce que sera demain – ce qui ne semble donné à personne – la prospective exprime davantage un regard critique, un esprit non conformiste, en quête de solutions alternatives [31]. Dès lors, la prospective apparaît comme une méthode de changement, un travail participatif et péda­gogique [32], un processus cognitif permettant d'explorer ce qui pourrait advenir et ce qui pourrait être fait.

 Parmi les nombreuses définitions amenées ou construites, la défi­nition de la prospective présentée par Fabienne Goux-Baudiment a la mérite de la rigueur.

La prospective (littéralement : regarder devant) est une discipline des sciences humaines qui s'appuie sur les fondements de l'économie, de la sociologie et des scien­ces politiques pour maîtriser les dynamiques tempo­relles (tendances, évolutions) et les changements qui en découlent (impacts structurels).

Exploratoire, elle aide à dessiner les futurs possibles, généralement sous la forme de scénarios.

Normative, elle est un outil d'intelligence collective qui permet de définir une vision du futur. Cette vision génère des objectifs à atteindre pour une organisation donnée, entreprise, Etat ou collectivité territoriale. Elle peut se décliner en projet d'entreprise ou de territoire, matérialisé par des politiques bien définies.

 La prospective peut faire l'objet d'études, fondées sur des réflexions exploratoires, ou d'exercices, qui s'appuient sur une pluralité de modalités pour créer une intelligence collective. Les exercices sont l'outil privilégié de la prospective normative [33].

Bâtie au travers d'une longue réflexion menée par six groupes de travail parallèles, au cours des premiers mois de l'année 2000, la définition de la prospective inscrite dans la charte fondatrice de la Société wallonne de l'Evaluation et de la Prospective a pour elle la qualité de l'appropriation par les acteurs wallons qui ont tenté d'en comprendre la signification.

 La prospective est une démarche rigoureuse, généralement réalisée de façon transdisciplinaire et en réseau. Elle permet de déceler les tendances d’évolution, d'identifier les continuités, les ruptures et les bifurcations des variables (acteurs et facteurs) de l'environnement ainsi que de déterminer l’éventail des futurs possibles. La prospective permet ainsi d'élaborer des stratégies cohérentes et d'améliorer la qualité de la décision à prendre. Elle est une des techniques nécessaires à la proactivité, attitude de celui qui anticipe l’événement dans ses réflexions, agit pour provoquer les changements souhaités et saisit les opportunités nouvelles.

 Tout comme l’étude de l’histoire (la rétrospective), la prospective permet de jeter un regard enrichi sur le présent. Cette démarche systématique a pour objectif d’anticiper les effets des mutations, d'aider à définir des stratégies et de les adapter. Elle se fonde sur un travail d’écoute et d'analyse de la société pour y déceler les éléments de permanence et de fugacité, les signaux et les tendances permet­tant de déterminer non le futur mais des futurs possibles. Elle requiert de déterminer les paramètres sur lesquels les politiques peuvent agir ou, par approche systémique, de mettre en évidence les liens et dépendances entre éléments de nature ou d’évolution différents.

 Trois dimensions majeures de la prospective contribuent à mieux éclairer les enjeux cruciaux du devenir : sa vision sociétale de la réa­lité, sa maîtrise de la dimension du temps, sa globalité dans l’examen des mutations économiques, sociales, politiques et culturelles et leurs répercussions dans l'espace. La prospective ouvre ainsi les champs du possible. Ce futur ouvert, esquissé mais non déterminé, permet l'identification des enjeux, la possibilité des choix en ouvrant l'espace du débat. La prospective crée donc une nouvelle liberté d'action et renforce ainsi la confiance des acteurs. Dans la vie publique, cet éventail des possibles donne du sens à la démocratie.

 En permettant d’identifier les scénarios probables et les logiques d’intervention possibles des acteurs en vue de provoquer les orien­tations souhaitées, la prospective permet d’introduire dans le débat public une logique d’anticipation (la veille des problèmes de société par exemple) et de préméditation (l’identification des actions détermi­nantes), plutôt que de remédiation.

 Une réflexion prospective commune ouvre de nouvelles dimensions à l’autonomie des acteurs qui y participent, donc à l’efficacité collective d’une collectivité, privée ou publique. Tout comme ce qui concerne l'évaluation, la démocratie participative nécessite de la part du citoyen un apprentissage critique des méthodes utilisées en pros­pective, la publicité des travaux réalisés et le décryptage des enjeux et des résultats de ceux-ci [34].

 On le voit, la prospective est d'abord une action participative et col­lective. Comme l'a indiqué Michel Godet lors de l'exercice portant sur Pays basque 2010 [35], la prospective, c'est réfléchir librement et ensemble. Ce n'est pas un pur exercice intellectuel de collecte d'informations, de conjectures académiques et de prévisions futurologiques. Son objet est d'apporter aux responsables et aux instances décision­nelles les éléments dont ils ont besoin pour prendre de bonnes déci­sions. Le travail prospectif s'appuie donc à la fois sur une ouverture d'esprit et sur une organisation scientifique.

La prospective territoriale

Fabienne Goux-Baudiment a beaucoup travaillé tant sur les concepts que sur les pratiques de la prospective territoriale, que la responsable de proGective définit comme une branche de la prospective générale qui a pour objet l'identification des devenirs possibles et/ou souhaitables d'un territoire. Elle se développe autour de plusieurs caractéristiques fondatrices :

– elle s'exprime à travers des démarches collectives au sein desquelles le processus est aussi important que le résultat ;
– elle s'appuie sur un appareil méthodologique distinct en cours de constitution ;
– elle est pilotée par un plusieurs acteurs locaux ;
– stratégique (donc normative), elle cherche à devenir plus opérationnelle, à la fois comme moyen d'aide à la décision et comme outil de pilotage de projet ;
– globale (et non sectorielle), elle porte sur l'ensemble du territoire physique et humain;
– elle s'exerce au bénéfice de l'intérêt général, dans une perspective de moyen et de long termes
[36] .

Les futuribles

 Pour le prospectiviste, l'avenir ne saurait être déterminé. Au contraire, c'est là que réside la marge de manœuvre et que peut se déployer la capacité d'action : l'avenir est ouvert à des futurs possibles, les futuribles.

 Nullement naïf au point de croire pour autant que tout est possible, le prospectiviste devra ainsi identifier l'éventail des futurs possibles. Et, comme celui-ci se déforme conti­nuellement – des futuribles disparaissent alors que d'au­tres émergent – il faudra le faire non pas une fois pour toutes mais de manière permanente [37].

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index 2.3. La prospective, la stratégie et la décision publique

Loin d'une réflexion en chambre et coupée des réalités, la pros­pective constitue un instrument performant d'aide à la décision et à l'élaboration de stratégies. On l'a vu, Jacques Lesourne fait du dialo­gue entre prospective et décision l'axe principal de l'action. Pour le professeur Lesourne, chaque fois qu'il y a une réflexion prospective, il y a une décision à prendre [38]. C'est ainsi que la prospective permet au décideur d'arrêter de jouer à coup forcé et lui rend la capacité et la marge nécessaires à l'action, notamment :

– en contribuant à une meilleure compréhension du monde contem­porain et de ses avenirs possibles;
– en identifiant des idées et des faits porteurs d'avenir;
– en contribuant à l'accroissement de l'intelligence collective du terri­toire;
– en permettant de mesurer les facteurs d'inertie.

 C'est ce que souligne Christian Stoffaës, patron de la prospective chez EDF :

 Il y a des points communs entre les actes de "conduire l'armée" (selon la racine étymologique de la stratégie); ou bien une entreprise ou une nation; une association, un syndicat ou un parti politique; la vie d'une famille ou la carrière d'un individu : comme il en est de la prose, chacun fait de la stratégie, parfois sans le savoir… Mais il vaut mieux en faire méthodiquement plutôt qu'implici­tement : c'est la fonction de la prospective que de fournir l'assistance d'une méthodologie rationnelle et osons le dire scientifique à la préparation de la stratégie en avenir incertain [39].

Ainsi, la prospective accroît-elle la faculté collective de poser les problèmes du futur, de penser l'impensable (to think the unthinkable [40]) et permet la proactivité, agir pour provoquer les changements souhaités.

L'exercice de la prospective a pour objet premier de nous acculturer au futur. A force d'en parler, de l'imaginer, d'en analyser les ressorts, celui-ci entre peu à peu dans les esprits. Au départ pur concept, il s'enrobe de chair au fur et à mesure des travaux et finit par faire partie du raisonnement, prolongement naturel de l'immédiat vers le moyen-long terme.

Cette proximité avec le futur montre combien nos peurs peuvent être handicapantes. Car le futur est non seulement un espace vierge qu'il nous appartient de peupler, mais aussi un espace de liberté qui s'offre à notre volonté : nous pouvons agir sur lui, le modifier, le modeler à notre convenance (dans les limites de certaines contraintes). Débarrassés de cette frilosité, nous devenons plus positifs, plus constructifs, plus proactifs [41].

Dès lors, en matière de gestion publique, on se situera fort heureusement aux antipodes de la formule bien connue en politique belge du Z'azis, et puis ze réfléssis, chère à l'ancien premier-ministre Achille Van Acker (1898-1975). La réflexion prospective est au service direct de l'action, car il s'agit d'une réflexion ouverte, prédisposée à l'inno­vation, à l'imagination et à la créativité. Dans une société wallonne que certains beaux esprits n'ont pas hésité à qualifier de peuple sans passé à l'avenir incertain [42], la démarche prospective organisée et concertée de l'ensemble des acteurs apparaît comme l'outil privilégié de structuration de la pensée collective. Il s'agit d'un atout décisif pour situer la Région wallonne dans son environnement et la faire agir dans un monde de grande complexité. Jacques Lesourne, qui enseigna aussi les théories de la décision, définit l'action comme une succession de décisions qui atteignent un objectif. Un autre personnalité d'envergure, Michel Crozier, souligne, quant à lui, que les héros sont ceux qui savent avoir l'énergie pour prendre des décisions et pour les applique [43].

Mission prospective Wallonie 21 - Index 3. Des méthodes globales et des pratiques participatives
Mission prospective Wallonie 21 - Index 3.1.Des méthodes systémiques, pluridisciplinaires et holistiques

On dispose actuellement, grâce notamment à l'école française de prospective (The French School of la prospective, comme on l'appelle aux USA), d'une excellente boîte à outils pour aborder la prospective [44].

 On ne saurait songer ici ni à étudier, ni même à passer en revue les multiples méthodes utilisées en prospective.

 L'idée fondamentale, qui pourtant n'a fait que très difficilement l'objet d'un consensus lors de la mise au point de la charte de la Société wallonne de l'Evaluation et de la Prospective, est que la prospective consiste en une approche globale, systémique, interdisciplinaire et holistique. Son champs est aussi large que possible et consiste à appréhender le monde et son évolution dans toute leur complexité. Le parallélisme avec la discipline historique aide à comprendre cette exigence puisque, chacun aujourd'hui peut l'admettre, il n'est d'his­toire que totale.

 Edgar Morin nous éclaire sur ce global, relations entre tout et parties, qui est ici déterminant :

 Le global est plus que le contexte, c'est l'ensemble contenant des parties diverses qui lui sont liées de façon inter-rétroactive ou organisationnelle. Ainsi, une société est plus qu'un contexte : c'est un tout organisateur dont nous faisons partie. Le tout a des qualités ou des propriétés qui ne se trouveraient pas dans les parties si elles étaient isolées les unes des autres, et certaines qualités ou propriétés qui ne se trouveraient pas dans les parties si elles étaient isolées les unes des autres, et certaines qualités ou propriétés des parties peuvent être inhibées par des contraintes issues du tout [45].

 Il y a complexité, nous dit Morin, lorsque les différents éléments constituant ce tout (l'économique, le politique, l'affectif, le mythologique, etc.) sont inséparables et qu'il y a tissu interdépendant (complexus signifie tissé ensemble), interactif et inter-rétroactif entre l'objet de la connaissance et son contexte, les parties et le tout, les parties entre elles. La complexité, c'est, de ce fait, le lien entre l'unité et la multiplicité [46].

 Pour Pierre Gonod, la complexité est, avec l'interdisciplinarité (comme produit collectif, processus d'organisation sociale des acteurs inséparable du processus intellectuel) et la systémique (analyse des systèmes, théorie et pratique de la modélisation), le troisième pilier de la prospective [47] .

 Lorsqu'on s'interroge sur les qualités du "bon prospectiviste" ou d'une bonne équipe de prospective, on mesure la nécessité de disposer autant de créativité que de rigueur et surtout d'allier profondeur d'analyse et largeur de vue, transdisciplinarité et expertise [48]. On y ajoute également le détachement des contingences et échéances politiques nécessaires à assurer l'indépendance de la réflexion prospective. Jacques Lesourne estime, quant à lui, que le critère fondamental de qualité en prospective, c'est l'honnêteté intellectuelle [49].

 Enfin, la qualité de la prospective repose fondamentalement sur la capacité d'établir des liens entre les acteurs, de construire des réseaux sociétaux ainsi que de mettre en place des dynamiques collectives et participatives.

La crédibilité, l'utilité et la qualité d'un exercice de prospective territoriale passent par le respect strict de certaines conditions : en particulier, il ne faut absolument pas sous-traiter complètement à l'extérieur la réflexion sur son avenir.

Dans une étude, quelle que soit sa qualité, le rapport final compte moins que le processus qui y conduit. D'où l'im­portance qu'il y a, à s'appuyer sur les capacités d'expertise locale, et à profiter de l'exercice de prospective pour enclencher une dynamique de changement, au moins dans les esprits. C'est moins une étude de prospective qu'il s'agit de réaliser qu'un processus de réflexion parti­cipative qu'il convient d'initier. En effet, c'est en suscitant une réflexion globale au niveau local que l'on fera naître le désir d'un rapprochement des idées et d'une mise en cohérence autour d'un, ou plutôt de plusieurs projets pour le territoire [50].

Le professeur Michel Godet insiste constamment dans ses travaux sur cet aspect collectif, donnant du sens à l'action et générant l'appro­priation par les acteurs des enjeux et des projets, créant ainsi une mobilisation de l'intelligence. Certes, le patron du Laboratoire d'Inves­tigation en Prospective, Stratégie et Organisation (LIPS) relève que cette mobilisation collective porte davantage sur les menaces et opportunités de l'environnement que sur les choix stratégiques qui, eux, peuvent rester confidentiels. Pour Michel Godet, l'appropriation intellectuelle et affective constitue un point de passage obligé pour que l'anticipation se cristallise en action efficace [51]. En mettant en évidence les trois composantes du triangle grec, il décrit :

 – logos : la pensée, la rationalité, le discours, c'est-à-dire ici l'anti­cipation, la réflexion prospective;
épithumia : le registre des désirs (nobles ou non), qui génèrent l'appropriation et la mobilisation collective, y compris l'utopie, objet virtuel du désir et source où l'action puise son sens
[52];
erga : les actions, les réalisations, qu'expriment la volonté straté­gique et l'action.

Le mariage de la passion et de la raison, du cœur et de l'esprit est – écrit Michel Godet – la clef du succès de l'action et de l'épanouis­sement des individus [53].

 

  

La prospective déploie dans son travail une quantité très importante de méthodes diverses : ateliers de prospective, outils d'analyse stratégique, instruments de simulation, analyses structurelles (Mic-Mac, etc.), stratégies d'acteurs (Mactor), analyse morphologique, méthode Delphi, Abaque de Regnier, etc.

 

  

Les critères de choix des outils de la prospective territoriale

– la durée, plus ou moins longue, du travail envisagé et la possibilité ou non d'avoir des partenaires;
– la qualité, la fiabilité et l'exhaustivité des résultats à produire;
– la présence ou pas d'une équipe, même sommaire, ou d'un réseau de compé­tences coordonnées;
– l'existence, ou pas, d'un système permanent de "veille historique et prospective";
– la possibilité, ou pas, de mobiliser les acteurs et décideurs eux-mêmes;
et surtout :
– la disponibilité (en qualité et quantité, coût et fiabilité), des sources statistiques à une échelle pertinente et à une date récente;
– les ressources, et donc les moyens financiers et humains disponibles, en quantité et durée (qui peuvent être extrêmement variables);
– l'horizon utilisé : 2100 n'est pas 2000 
[54].

  

Evoquons deux outils permettant de comprendre le type de démarches qui peuvent être menées, notamment sur le plan régional : la méthode des scénarios et les arbres de comptétences.

La méthode des scénarios

Méthode qui visualise souvent la prospective, la méthode des scé­narios apparaît comme l'exercice de prospective par excellence, même si, aujourd'hui, on la considère parfois dépassée car trop lourde ou manipulatrice. En fait, peut-être a-t-on quelque peu confondu un scénario avec un modèle de simulation ou l'utiliser pour prévoir alors qu'il est là pour provoquer celui à qui on le présente, pour le forcer à remettre en questions les hypothèses choisies [55].  Comme l'indique Michel Godet, cette méthode nécessite une bonne connaissance du terrain et une capacité en temps pour pouvoir suivre un long cheminement si l'on explore tous les modules définis, ce qui n'est pas toujours nécessaire [56].

 

 Qu'est-ce qu'un scénario ?

 Un scénario est un ensemble formé par la description d'une situation future et du cheminement des événements qui permettent de passer de la situation d'origine à la situation future.

 On distingue en fait deux grands types de scénarios :

– exploratoires : partant des tendances passées et pré­sentes et conduisant à des futurs vraisemblables,
– d'anticipation ou normatifs : construits à partir d'images alternatives du futur, ils pourront être souhaités ou au contraire redoutés. Ils sont conçus de manière rétro­projective
[57].

  

L'utilisation que la méthode des scénarios et de ses résultats sera toutefois fonction à la fois des objets de la prospective stratégique envisagée (niveau exploration, orientation, actions) et du type d'environnement considéré. 

Utilisation de la méthode des scénarios

 

 Exploration
prospective

 Orientation
stratégique

 Actions
stratégiques

Environnement
continu
prééminence
des tendances


Choix d'un
Scénario
"tendanciel"

Intériorisation du scénario et infléchissement favorable de son contour

Déclinaison
de la vision
dans le cadre
du scénario

Environnement
discontinu
ruptures possibles mais pressenties

Quelques scénarios contrastés et vraisemblables

Pari délibéré sur l'avenir avec prééminence du souhaitable

Stratégie panachée en avenir
multi-scénarios

Environnement invisible /
impondérable bouleversements insoupçonnables

Une quasi-infinité de situations difficilement formalisables

Règles génériques de conduite pour gérer au mieux les surprises

Un tronc commun "prudent" complété, chemin faisant, de modules auxiliaires

D'après Jacques Arcade, septembre 1998 - Paris, Futuribles 27 avril 2000.

 

Les arbres de compétences

 Travail considérable s'il se veut exhaustif, il dessine et analyse, en phases passé, présent, avenir, les compétences d'une région comme on le ferait pour une entreprise. Il s'agit donc de construire un dia­gnostic rétrospectif avant d'en faire un diagnostic prospectif.

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index 3.2. Des pratiques participatives

Les équipes et les expériences de prospective se sont multipliées depuis la réflexion Interfuturs, menée de 1975 à 1979 à l'initiative de l'OCDE : Facing the future : mastering the probable and managing the umpredictable [58]. Au delà, on a reconnu la pertinence des travaux du programme FAST (Forecasting and Assessment in the Field of Science and Technology – Prospective et Evaluation de la Science et de la Technologie), sous la direction de Riccardo Petrella, puis de la Cellule de Prospective de la Commission européenne, dirigée par Jérôme Vignon et mise en place en 1989 à l'initiative de Jacques Delors [59], ou encore de ceux de l'Office d'Analyse et de Prévision de l'Unesco, animé par Jérôme Bindé [60].

 Sur le plan régional, il faut épingler les travaux menés à partir de 1989 par Hugues de Jouvenel et Maria-Angels Roque sur la Cata­logne – probablement la première étude globale à l'échelle d'une région dont ait pu disposer la prospective régionale européenne, pour citer le président délégué de l'Institut Català d'Estudis Mediterranis, en 1994 [61]. Nous relèverons également les travaux entamés depuis 1987 par le Conseil régional du Limousin – Limousin 2007, puis Limousin 2017, conduit par Benoît Lajudie [62] –, ou encore ceux, plus sectoriels, menés en Région Ile-de-France à l'initiative de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme [63]. Du reste, de nombreuses régions françaises disposent désormais d'une direction de l'évaluation et de la prospective, même si, comme le signalait Guy Loinger ‑ responsable de l'Observatoire international de Prospective régionale ‑ rares sont les régions européennes qui ont intégré la prospective comme démarche fondamentale [64]. Toutefois, à l'instar du Nord - Pas-de-Calais, une Mission Prospective, proche du Conseil régional [65], leur permet de préparer de manière volontariste les plans régionaux, les contrats de plan Etat-Région et de s'inscrire dans le chantier plus vaste de la prospective territoriale initiée par la Datar (Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action régionale), à partir de son Service Etudes et Prospective.

 Avec son programme France 2020, lancé en 1997, la Datar veut en effet mieux appréhender les mutations qui rétroagissent sur le terri­toire français, définir les enjeux pour l'action publique et constituer un outil d'aide à la décision. L'horizon de ce programme est la France de 2020 et le continent européen. Un conseil scientifique composé de 18 membres, choisis pour leur compétence en matière de prospective et d'aménagement du territoire, suit et évalue les travaux [66]. A cet effet, la Datar a organisé une série de groupes de prospective pour aborder les grandes questions que pose le futur des territoires et des projets de la France de 2020. La démarche connaît actuellement sa troi­sième génération de groupes de réflexion. Pour Jean-Louis Guigou, la Datar passe ainsi de la prospective cognitive à la prospective stratégique [67] .

L'ensemble de ces initiatives, se situant à des niveaux de compré­hension et de décisions différents (mondial, européen, étatique, régional), ont pour vocation un travail complémentaire en réseau dans lequel chacun nourrit l'autre de ses données, analyses et scénarios.

Mission prospective Wallonie 21 - Index 4. La prospective et la Wallonie
Mission prospective Wallonie 21 - Index

4.1. Le manque d'acuité visuelle de la Wallonie et sa longue incapacité de renouveau

La Wallonie contemporaine a longtemps et largement manqué d'une capacité de renouveau. Prisonnière d'une logique de déclin économique, culturel et donc politique, elle s'est largement inscrite jusqu'il y a peu dans le scénario décrit par le professeur au collège de France, Alfred Sauvy, pour le Conseil économique wallon en 1962 : un pays de vieilles gens aux vieilles idées dans de vieilles maisons.

 Si la prospective remonte aux écrits de Gaston Berger, début des années 1960, on peut s'interroger sérieusement sur le désir, la volonté ou la capacité des élites wallonnes, tant de cette époque que des périodes qui ont suivi, d'oser un regard vers un horizon battu par une tempête permanente que rien ne semblait en mesure d'apaiser.

 Les efforts de pro-activité (agir pour provoquer les changements souhaités) ont été timides. Ils ont presque essentiellement trouvé leur origine dans le renardisme ainsi que dans les projets de fédéralisme et de réformes de structure qui y étaient associés. Au delà du rapport Sauvy, on notera deux efforts tangibles : d'une part, celui du Dossier pour un gouvernement wallon, publié en 1970 par Emile Nols et Georges Vandersmissen; d'autre part, celui du Groupe Bastin-Yerna, édité en 1971 sous le titre Quelle Wallonie ? Quel socialisme ? Aucune de ces deux réflexions ne relevaient de la prospective.

 Il faut noter que, dix ans plus tard, la Commission "Avenir écono­mique de la Belgique" de la Fondation Roi Baudouin s'est inspirée des travaux de prospective menés par l'OCDE sous la direction de Jacques Lesourne pour publier, en 1981, un travail de prospective économique. Construit à partir d'interviews de quarante person­nalités, cette étude de prospective sera toutefois contestée par plu­sieurs membres de cette même Commission. Il n'est pas inutile de relever ici qu'une des objections fondamentales présentée dans une note de minorité par Georges Vandersmissen était que le rapport se refusait de considérer la dimension régionale des problèmes écono­miques évoqués. Et le directeur de la Fondation André Renard d'ajou­ter qu'il déplorait cette absence d'approche car il s'agit d'un facteur objectif dont la prise en compte est indispensable avant de définir des stratégies de politiques économiques applicables en Belgique [68].

 Peut-être interpellé par les travaux d'Interfuturs, l'Institut Jules-Destrée s'est également intéressé à la prospective fin des années 1970. Ainsi, sous la direction de Jacques Lanotte, l'Institut Jules-Destrée a mené à bien la coordination d'un travail entamé en 1976, portant sur l'avenir culturel de la Communauté française Wallonie - Bruxelles et en a assuré l'édition en 1979. L'ensemble des contributions se voulait une réflexion prospective sur diverses pratiques culturelles, à partir de quelques situations, ou d'expériences, révélatrices de tendances naissantes dans la communauté [69]. Pour le directeur de l'Institut, l'idée était donc bien de dégager l'avenir culturel, en le reliant inten­sément à la société et aux groupes qui la composent. L'Institut Jules-Destrée est également à l'origine, en 1978, d'un projet de travail portant sur la prospective économique de la Wallonie. Accueilli avec réserve par le partenaire escompté, il ne pourra être mené à bien pour des raisons budgétaires [70].

 Au début des années 1980, et surtout à partir de 1985, l'Institut Jules-Destrée s'est attaché à créer une dynamique collective wallonne résolument tournée vers l'avenir. Le premier volet de cette démarche s'intitulait Culture, Wallonie, An 2000, et l'enjeu portait sur La place et la fonction de la culture dans la société wallonne de l'an 2000. Il s'agissait d'articuler travail et temps libre, de poser le problème de l'impact de la troisième Révolution industrielle sur la société wallonne, en étudiant principalement les perspectives 2000 en matières écono­miques et sociales, ainsi que les enjeux culturels. La dynamique des congrès La Wallonie au futur s'est inscrite dans la durée à partir de l'affirmation de 1987, Vers un nouveau paradigme, et s'est poursuivie jusqu'aujourd'hui, notamment au travers de l'exercice Wallonie 2020 [71].

 De manière comparative, Fabienne Goux-Baudiment note que c'est à la fin des années 1980 que, en France, les Conseils régionaux ou les Conseils économiques et sociaux régionaux initient des exercices pionniers de prospective territoriale. C'est le cas particulièrement de la Haute-Normandie [72], de Rhône-Alpes [73], du Limousin [74], de la Région Ile de France[75] et du Nord - Pas-de-Calais [76], avec des am­pleurs différentes.

 La directrice de proGective réserve précisément l'appellation de "prospective régionale" à toute démarche prospective mise en œuvre par des Conseils régionaux ou des Conseils économiques et sociaux régionaux [77]. Ce qui frappe dans La Wallonie au futur, c'est sa démarche en bottom up, où cette idée signifie ‑ et le sens en est différent en France ‑ que c'est véritablement la société civile qui prend l'initiative de la prospective, et non le Conseil régional. Ainsi, en Wallonie, la démarche prospective se situe déjà dans la logique rêvée d'une initiative de la société civile en appui des pouvoirs publics, dans l'intérêt régional [78].

 Cette idée est d'ailleurs développée par Raymond Barre, un des décideurs politiques qui a poussé le plus loin la prospective dans son espace de travail :

 Car pour être efficace la prospective doit s'émanciper des seuls cénacles, des seuls élus politiques et des hauts fonctionnaires, pour animer la société locale tout entière et l'aider à mieux se situer dans l'effervescence du temps présent.

 Il s'agit aujourd'hui d'élaborer tous ensemble un projet de développement global à la mise en œuvre duquel les uns et les autres contribuent ensuite au travers de multiples projets concrets, qu'ils soient matériels (équipements, innovations techniques…) ou immatériels (apprentissages, ingénierie de projet, diffusion du savoir,…) [79].

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index 4.2. Un New Deal : le Contrat d'avenir pour la Wallonie

Pour définir un projet mobilisateur et porteur de sens, il faut en comprendre le sens avant de le partager. C'est une occasion pour que la citoyenneté prospective puisse s'exprimer [80].

 La Wallonie se situe aujourd'hui, de manière évidente, à un point de bifurcation : ce moment constitue pour les acteurs un tournant stratégique. En s'inscrivant en tant que nette rupture par rapport aux blocages politiques, culturels et sociaux de la société wallonne, ainsi qu'en se donnant les moyens et le temps d'une action concertée et durable, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie semble avoir modifié la donne séculaire ou, à tout le moins, peut constituer une opportunité pour un tel changement.

En effet, en s'efforçant de mobiliser les acteurs sociétaux au travers d'une démarche de contractualisation, en marquant sa détermination à faire table rase des politiques obsolètes, des idées reçues, et des pratiques politiques et budgétaires anciennes, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie s'est posé en vecteur de changement culturel face à la logique de déclin de la Région. En manifestant sa volonté de rompre avec ce qu'il a identifié comme étant un mauvais scénario, le Gouvernement wallon s'est déjà inscrit dans une démarche pro-active. En décidant d'intégrer une dynamique d'évaluation systématique au pilotage de son contrat-projet, il se donne les moyens d'un ajustement possible de ses actions en vue d'atteindre les impacts attendus de sa politique.

 La prospective peut ainsi constituer ainsi non seulement un outil au service d'un projet régional en construction permanente, mais aussi un facteur dynamique de ce projet. Ainsi que le souligne le professeur Fabrice Roubelat, dans le cadre d'un changement de paradigme, la prospective, en tant que processus s'appuyant sur des réseaux d'hommes, contribue ainsi à modifier les représentations collectives dans l'orga­nisation et son environnement. La prospective apparaît ainsi non seulement comme un processus de réflexion, mais aussi, à travers la création de sens, comme un processus d'action [81] .

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index 4.3. La mission de l'Institut Jules-Destrée dans la prospective wallonne

 C'est à l'occasion de l'ouverture du quatrième congrès La Wallonie au futur; le 9 octobre 1998, que le président de l'Institut Jules-Destrée, Jean-Pol Demacq, a annoncé la volonté de cette institution de mettre en place, de manière structurelle, un centre indépendant de prospective pour la société wallonne [82]. Cette initiative a été proposée au Gouvernement wallon le 27 juillet 1999, lors d'un entretien avec le ministre-président Elio Di Rupo, afin qu'elle puisse être mise en œuvre dans le cadre du partenariat pluriannuel qui lie l'Institut Jules-Destrée au Gouvernement wallon depuis 1994.

 Réuni à l'Hôtel de Ville de Charleroi le 21 décembre 1999, le Conseil d'Administration de l'Institut Jules-Destrée a souligné son attachement à la démarche de contractualisation que constitue le Contrat d'Avenir pour la Wallonie, a proposé d'y prendre sa part à la fois en apportant sa contribution à la mise en place d'un Réseau des Acteurs wallons porteurs de Projets et en confirmant la décision de proposer au Gouvernement wallon la mise en place d'une cellule de prospective régionale indépendante. En réseau avec ses homologues régionaux européens – et particu­lièrement français  , avec le Service des Etudes et de la Statistique du Ministère de la Région wallonne, ainsi qu'avec la Cellule de Prospective de la Commission euro­péenne, cette cellule serait chargée d'une mission de veille et d'éveil de la société wallonne, dans sa démarche prospective [83].

C'est le 31 mars 2000 que, à l'occasion de la journée d'étude organisée sur la prospective et le développement régional, le Ministre-président a annoncé sa décision de confier cette mission à l'Institut Jules-Destrée. Pour Elio Di Rupo, outre des prérogatives spécifiques du Gouvernement wallon, le rôle de la cellule indépendante de prospective sera d'assurer des missions de prospective plus générales :

– la veille et la détection de signaux porteurs de sens ;
– l'animation de la réflexion générale sur l'avenir de la Région wallonne ;
– une activité de recherche prospective, directement ou en partenariat ;
– une fonction de conseil pour le gouvernement wallon dans les matières retenues et ce, dès la mise en place de la cellule
[84].

Le 5 juin 2000, le nouveau Ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe confirmait cette volonté d'engager la Wallonie dans la prospective. C'est dans cette perspective que fut rédigée la nouvelle convention de travail qui, depuis 1994, lie l'Institut Jules-Destrée à la Région wallonne dans un certain nombre de domaines.

 L'Institut Jules-Destrée dispose des deux premiers atouts majeurs pour s'interroger sur les futuribles de la Wallonie. Le premier est sa capacité de réponse à la première question méthodologique des chercheurs qui travaillent dans le domaine de la prospective stratégique ‑ qui suis-je ? ‑, c'est-à-dire le capital de la recherche entreprise de longue durée par l'Institut Jules-Destrée sur l'identité de la Wallonie. On pense bien sûr, à ce qu'écrivait Fernand Braudel dans L'identité de la France :

Voilà donc l'histoire invitée à quitter les quiétudes du rétrospectif pour les incertitudes de la "prospective". Mais n'est-ce pas le mouvement naturel de la réflexion historique que de passer, comme le disait Joseph Chappey, "d'un vrai historique apparent à un vrai historique caché", ou à un historique à venir ? Quand je me pose des questions sur l'identité de notre pays, observé par priorité à travers de l'épaisseur de son passé, n'est-ce pas à propos de la France de demain que je me tourmente et m'interroge ? Les forces contradictoires d'hier et d'aujourd'hui, accrochées les unes aux autres, ne cessent d'engendrer, d'être une histoire profonde sur laquelle la France dérive. Ces forces seront encore là demain sur lesquelles tout se construit, tout, à l'occasion, peut se détruire, sans que l'on en devine toujours les vraies raisons et, moins encore, l'heure exacte [85].

 

  

Le deuxième atout de l'Institut Jules-Destrée consiste en son capital de connaissance scientifique et de documentation, c'est-à-dire sa connaissance non seulement des domaines politiques, économiques, sociaux, culturels de la Wallonie, mais aussi des données sur l'élaboration d'un projet wallon sur le long terme, depuis la fin du XIXème siècle. L'Institut Jules-Destrée dispose d'autres atouts non moins importants. Ainsi, comme l'indique Fabrice Roubelat, la prospective stratégique peut être défi­nie comme une activité d'animation de réseaux visant à remettre en cause, à travers une réflexion collective sur les futurs possibles, les représentations des différents acteurs qui forment l'entreprise et son environnement, en vue d'orienter la stratégie de l'organisation [86]. Le travail mené depuis 1987, dans le cadre du congrès La Wallonie au futur, atteste de la capacité de l'Institut Jules-Destrée à réaliser ce type de tâche d'animation de réseau, grâce surtout au capital de confiance dont il dispose dans les milieux scientifiques, mais aussi à son pluralisme philosophique et politique affirmé et vécu.

 

  

 Il nous faudra toutefois souligner que c'est moins une étude de pros­pective qu'il s'agit de réaliser qu'un processus de réflexion participative qu'il convient d'initier. En effet, c'est en suscitant une réflexion globale au niveau local que l'on fera naître le désir d'un rapprochement des idées et d'une mise en cohérence autour d'un, ou plutôt de plusieurs projets pour le territoire [87]. Ainsi, cette dynamique devra permettre, de manière prioritaire, de mieux associer les universités – fort absentes en tant que telles de la réflexion sur le projet de Contrat d'Avenir pour la Wallonie – à l'élaboration d'un nouveau paradigme pour la Région. Cette dynamique permettra également de valoriser les compétences de ces institutions scientifiques que l'interdisciplinarité et la résolution collective de problèmes dynamisent plus que tout autre mise en réseau.

L'expérience montre qu'une cellule ou une mission de prospective ne saurait fonc­tionner dans le long terme qu'en bénéficiant d'une indépendance réelle d'actions, de méthodes et de champs de recherches, permettant la créativité voire l'impertinence [88]. L'objectif est moins d'être une boussole qu'un détecteur de mines, un fanal éclairant les zones d'ombre, pour reprendre les formules de Jérôme Vignon [89]. Le directeur de l'Advisory Unit auprès du secrétaire général de l'OCDE, le professeur Wolfgang Michalski, indiquait, sur base de sa propre expérience, la difficulté d'une relation entre une cellule de prospective, quelle qu'elle soit, et les pouvoirs publics. D'une part, expliquait-il, si une telle organisation essaie de dire aux pouvoirs publics ce qu'ils aiment entendre, c'est du gaspillage des deniers publics. D'autre part, il indiquait la nécessité pour le prospectiviste de se comporter envers les décideurs comme un poisson-pilote envers le requin : si on est trop près du requin, on se fait manger; si on est trop innovant, le gouvernement aura de la peine à vous suivre [90]. Evoquant l'idée de scénario de l'inacceptable cher à Jacques Chaban-Delmas, Jacques Lesourne insiste égale­ment sur cette question en soulignant que les scénarios les plus probables sont d'ailleurs toujours dits inacceptables par les comman­ditaires de la prospective [91]. La question de l'appropriation de la prospective – et donc la difficulté de créer une relation constructive entre interlocuteurs wallons – doit pouvoir être surmontée par la mise en place d'une relation effective de confiance, faite de rencontres régulières, organisées entre les ministres du gouvernement eux-mêmes et les responsables de la prospective.

Le positionnement de l'Institut Jules-Destrée s'inscrit dès lors dans la logique d'un partage de l'information récoltée et produite, tel que l'illustre Jacques Lesourne en faisant référence au Commissariat général au Plan. D'un côté cet organisme est au service du gouvernement et peut, dans la discrétion, étudier pour ce dernier des problèmes et proposer des suggestions. De l'autre, il fait travailler des commissions sur de vastes sujets et rend publics leurs rapports afin que les élites et les relais d'opinion prennent conscience des changements nécessaires [92].

Mission prospective Wallonie 21 - Index 4.4. Le système régional wallon de Prospective (SRWP)

Ainsi que l'indique Michel Quévit, la démarche prospective est fondamentalement stratégique. C'est pour­quoi, explique l'administrateur délégué du RIDER 2, la finalité de la prospective consiste d'abord à être orientée vers l’action et non à théoriser des problèmes, bien qu’elle fasse appel à des instruments méthodiques rigoureux voire même très sophistiqués.

 Cette finalité stratégique de la prospective pose d’emblée la question de ses rapports, et avec l’action régionale – en tant qu’outil d’aide à la décision, et avec la gouvernance régionale dont elle est évidemment un instrument privilégié. Mais, cette articulation conduit à devoir clarifier le statut spécifique et l’autonomie du Système Régional de Prospective :

 ‑ La prospective n’est pas la stratégie mais elle l’éclaire, la prépare et lui donne un référent pour la définition des orientations stratégiques de la société, ici en l’occurrence la société wallonne. A ce titre, elle doit rester "interpellante" vis-à-vis des acteurs de cette société.

‑ Le SRP ne peut être en aucun cas l’instrument du seul pouvoir institutionnel car la prospective s’adresse à toutes les composantes de la Wallonie en tant que collectivité territoriale et non seulement en tant qu’entité politique [93].

 

  

On doit, avec Michel Quévit, déduire de cette réflexion que le Sys­tème régional wallon de Prospective est au service du projet de société de la Wallonie, comme élément de la construction du discours stratégique de la Wallonie sur elle-même et sur son avenir Ce sont les questions du qui "suis-je ?" et "que vais-je faire ?", posées plus haut par Michel Godet. L'enjeu du SPR est donc bien précisé : il s'agit bien d'identifier les besoins latents et réels de la population et d'articuler ces besoins aux grandes mutations sociétales pour construire un regard commun. Ainsi que l'affirmait avec raison l'ancien Délégué de la DATAR, Jean-Louis Guigou, s'il n'y a pas de vision commune, il n'y a pas d'action commune [94].

Ni structure, ni bureau d'études, le Système régional wallon de Prospective constitue dès lors un cadre organisé d'échanges entres des réseaux d'acteurs au travers de mécanisme d'animation, de concertation et de légitimation impliquant tous les acteurs au projet régional. Son objectif consiste à construire le consensus régional sur base de la maîtrise de la connaissances des grandes mutations et de leurs implications sur le devenir de la société globale par les citoyens dont il a appuyé la sensibilisation et l'expression des besoins socié­taux. Comme l'indique Michel Quévit, dans cette optique, la démarche du SPR est un corollaire de celle du Contrat d'Avenir pour la Wallonie initiée par l'actuel Gouvernement wallon, qui se fonde sur une réelle démarche participative et contractuelle entre le Gouver­nement wallon et les représentants de la société wallonne [95].

 

  

Le dispositif du Système régional wallon de Prospective est organisé autour de quatre composantes opérationnelles de base bien décrites par Michel Quévit dans la note déjà mentionnée :

– un dispositif de prospective autonome reliée à la société civile et à la dynamique des acteurs impliqués dans la construction du dis­cours stratégique régional;
– un lieu de concertation permanente avec les services du  Ministre-président du Gouvernement wallon;
– un pôle de prospective servant d'appui logistique à la démarche globale du Système régional wallon de Prospective;
– l'insertion du Système régional wallon de Prospective dans les réseaux européens de prospective.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Conclusion : Où voulons-nous aller ensemble ?

 1. Le travail de prospective que nous devons développer en Wallonie s'inscrit dans la filiation de la prospective française telle qu'initiée par Gaston Berger. Il s'agit de cette prospective dont Fabienne Goux-Baudiment écrit qu'elle n'est pas un simple catalogue méthodologique, qu'elle tire toute sa force et son originalité de la philosophie profondément humaniste qui l'anime, celle qui aide donc à réfléchir sur les buts que l'on souhaite atteindre, sur les finalités de l'action, sur le bien commun, l'intérêt général… [96] Cette prospective ne peut être que collective, participative, rigoureuse, honnête dans ses attendus comme dans ses construc­tions. Elle se veut totale, globalisante, systémique.

Cette référence n'exclut pas d'y inscrire les apports, de plus en plus nombreux et nécessaires, du foresight, notamment asiatique et océanique, mais aussi européen [97].

Dans tous les cas, les méthodes utilisées doivent être pragmatiques, c'est-à-dire accorder la priorité à l'action et à la pratique. Elles doivent toujours rester au service du projet défini. Comme le répète Hugues de Jouvenel, une imperfection opérationnelle est meilleure qu'une perfection qui ne l'est pas.

Dans tous les cas, on se convaincra que l'essentiel du travail prospectif réside dans la qualité du questionnement [98].

  

2. Le travail de prospective qui s'entame en Wallonie ne peut être ni détaché ni du temps, ni coupé de l'espace. Il s'inscrit à la fois dans les temps long et court de l'histoire de la Wallonie ainsi que dans un présent difficile mais exaltant. Il s'inscrit aussi dans des espaces en émergence, une région qui est plus qu'une région, dans un Etat fédéral qui se vide de sa souveraineté, dans une Europe qui se recompose et ne connaît pas les limites de son espace final, dans un monde dont les composantes se rapprochent et les interdépendances s'accroissent et qui, par là, se rétrécit. Ces dynamiques nouvelles, chargées d'historicité et de temporalité, ouvrent l'avenir et constituent donc une chance pour l'action pensée.

  

3. En terme de fondements, cette prospective wallonne en construc­tion dispose à la fois de bases faibles et de bases fortes, sous les quatre aspects de l'expertise, du cadre dans lequel elle s'inscrit, des désirs et besoins sociétaux ainsi que de l'intelligence collective.

3.1. Il n'existe pas de tradition d'expertise ni de centre d'excellence en matière de prospective en Wallonie, ni d'ailleurs à Bruxelles – à l'exception bien entendu des milieux de la Commission – et, semble-t-il, pas en Flandre non plus. Un certain nombre d'expériences ont été entamées ou menées qui, jamais n'ont pu se poursuivre de manière durable et atteindre un niveau de résultat suffisant. On peut citer le Conseil central de l'Economie, la Fonda­tion Roi Baudouin ou plusieurs études sectorielles menées par des services universitaires ou non (ADRASS, LENTIC, etc.). Des experts internationaux, particulièrement français, ont pu toutefois initier ou structurer méthodologiquement ou simplement participer à des dynamiques internes performantes, notamment en matière de veille prospective (Forem, GRD de Louvain, etc.).

 3.2. La nouvelle gouvernance, prônée au niveau global, mais d'abord engagée au niveau local constitue un cadre réel de déploiement de la prospective. En ce qui concerne la Wallonie, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie a construit un environnement structuré pour cette nouvelle gouvernance. Déjà l'évaluation a commencé à y prendre place. Ce cadre constitue un terrain particulièrement favorable pour la mise en œuvre d'une prospective collective et participative qui devrait permettre l'ajustement des politiques dans la présente législature et surtout, la préparation de la prochaine génération de contrat.       
La prospective wallonne devrait permet également de rencontrer deux difficultés par l'actuelle contractualisation régionale wallonne. D'une part, malgré les politiques croisées entre la Communauté Wallonie - Bruxelles et la Région wallonne, le Contrat d'Avenir pour la Wallonie connaît toutefois les mêmes limites que la Région pour insuffler des actions dans des secteurs éminemment stratégiques pour le redéploiement wallon dont la compétence lui échappe comme l'enseignement, la culture, voire la recherche. D'autre part, cette contractualisation reste encore trop soumise à la logique politique respectable mais fatalement réductrice entre la majorité et l'opposition au Parlement wallon. Dans ces deux cas, le Système régional wallon de Prospective devrait pouvoir créer les lieux nécessaires à assurer la cohésion régionale.

 3.3. Les désirs et besoins sociétaux de la Wallonie apparaissent particulièrement importants. Non seulement, comme tout territoire du monde, la Wallonie est confrontée aux enjeux globaux de la transition et de la mutation en cours mais en plus, on le sait, elle semble sortir progressivement, depuis 1986, d'une situation de long déclin. Le renouveau reste toutefois nettement marqué, par les "friches industrielles culturelles", c'est-à-dire les valeurs et les croyances de la vieille industrialisation. Avec la renaissance wallonne dont on peut aujourd'hui percevoir des prémisses, le regard des acteurs wallons peut désormais se faire plus lointain pour rétroagir sur le quotidien. Il s'agit ainsi, comme le soulignait le prospectiviste allemand Oliver Schlake, de traduire le présent dans une vision de l'avenir pour induire à partir du futur désiré des actions à prendre au présent [99].

 3.4. La dynamique d'intelligence collective et de création d'une vision commune qui s'est poursuivie pendant quatorze ans au travers des congrès La Wallonie au futur et de son nouveau paradigme constitue une expérience tangible de pré-prospective régionale wallonne. Comme l'a montré Michel Quévit, ces exercices ont permis de construire un discours stratégique à partir des acteurs et contribué à faire naître une société wallonne – qui n'existait pas au début des années quatre-vingt – et d'y inscrire la culture du consensus. Une pédagogie du futur y a été élaborée à partir de la société civile, avec une capacité d'interpellation des décideurs économiques, sociaux et politiques. De même, des réseaux d'acteurs y ont été mobilisés durablement. Il s'agit assurément de fondations importantes pour les initiatives futures en matière de prospective.

  

4. Les parties prenantes, la prospective wallonne, le Système régional wallon de Pros­pective, les services du Gouvernement wallon, le Pôle de Prospective de l'Institut Jules-Destrée doivent désormais s'attacher à identifier les enjeux pour y déceler les tendances, les ruptures, les bifurcations. Fidèle à la mission qui lui a été confiée, l'Institut Jules-Destrée met en place, avec plusieurs partenaires, des réseaux de prospectives nouveaux, internes et externes à la Wallonie, permettant de répondre à cette demande d'identification d'enjeux, en positionnant sa réflexion bien au-delà, en terme d'horizon, de toutes les réflexions menées jusqu'ici dans ce pays. Car la vraie question collective à résoudre pour la Wallonie est la même que celle que Jacques Lesourne a posée partout dans le monde durant sa longue carrière de pros­pectiviste, de Tokyo à New-York : comment penser ce qu'on va devenir ? ou, à la manière de Lawrence L. Lippitt : Where do we want to go together ? [100]         

En examinant attentivement le Système régional wallon de Prospective, une question fondamentale vient à l'esprit : celle de l'articulation entre les acteurs de la prospective régionale. C'est assurément de la qualité du dialogue construit entre eux que dépendra le fonctionnement du système et dès lors, qu'une impulsion sera donnée à la prospective wallonne. Pour le Gouvernement wallon, il s'agira d'être un interlocuteur attentif du Système régional wallon de Prospective et un partenaire complice du Pôle de Prospective afin de pouvoir dépasser tant les contingences de la réactivité constante à laquelle doit faire face un Gouvernement. Pour le Pôle Prospective de l'Institut Jules-Destrée, il s'agira de prouver ce que l'on répète dans les milieux internationaux de la prospective, à savoir que les thinktanks indépendants ont une véritable capacité de production intellectuelle et de vision prospective [101]. S'ils l'ont, s'ils peuvent l'avoir, ce n'est pas – on l'aura maintenant compris – par un génie intrinsèque quelconque. Tout au contraire, j'ai la conviction qu'ils ne peuvent ou ne pourront acquérir cette capacité de production prospective que, d'une part, par la modestie dont ils pourront faire preuve dans leurs productions propres et, d'autre part, par l'ampleur de leur écoute ainsi que par la qualité de leur questionnement envers l'ensemble des acteurs de la société.   

On se souviendra des vers d'Antonio Machado qu'Edgar Morin évoquait dès les premières pages de La Méthode : Caminando no hay camino, se hace el camino al andar (Marcheur il n'est pas de chemin, en marchant se construit le chemin) [102]. Assurément, la Wallonie ne manque pas de fondements pour la prospective qu'elle construira collectivement. Elle devra, elle aussi, poursuivre ou inventer son propre chemin

 

Mission prospective Wallonie 21 - Index Bibliographie succincte

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Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] Jean-Paul BAILLY, Président directeur général de la RATP, Rapporteur de la Commission spéciale du Plan, dans Prospec­tive, débats, décision publique, Avis du Conseil économique et social, reproduit dans Futuribles, Octobre 1998, p. 28.

[2] Ces derniers termes renvoient à l'essai de définition de la gouvernance par Philippe C. Schmitter, professeur à l'Institut universitaire européen de Florence et à l'Université de Standford : la gouvernance est une méthode ou un mécanisme de résolution d'une vaste série de problèmes ou de conflits, par laquelle/lequel les acteurs parviennent régulièrement à des décisions mutuellement satisfaisantes ou contraignantes, à travers la négociation et la coopération lors de la mise en œuvre de ces décisions. Philippe C. SCHMITTER, Réflexions liminaires à propos du concept de gouvernance, dans Corinne GOBIN et Bennoît RIHOUX éd., La démocratie dans tous ses états, Systèmes politiques entre crise et renouveau, p. 51-59, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2000.

[3] Conclusions du séminaire de l'OCDE, Les avancées de la prospective territoriale, Paris, OCDE, 11-12 décembre 2000.

[4] Jean-Paul BAILLY, Président directeur général de la RATP, Rapporteur de la Commission spéciale du Plan, dans Prospective, débats, décision publique, Avis du Conseil économique et social, reproduit dans Futuribles, octobre 1998, p. 28.

[5] Philippe DELMAS, Le Maître des Horloges, Modernité de l'action publique, Paris, Odile Jacobs, 1991.

[6] Philippe DESTATTE, Bonne gouvernance : contractualisation, évaluation et prospective, Trois atouts pour une excellence régionale, dans Ph. DESTATTE dir., Evaluation, prospective et développement régional, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2001.

[7] Jean LECA, Le rôle de la connaissance dans la modernisation de l'Etat, dans Revue française d'Administration publique, n°66, avril-juin 1993, p. 187. Cité dans Bernard PERRET, Evaluation, gouvernance et procéduralisation de l'expertise, Intervention au séminaire sur Les mutations de l'art de gouverner, organisé par la Cellule de Prospective de la Commission européenne, Bruxelles, 27 mars 1996, p. 3. http//:perso.wanadoo.fr/bernard.perret/eva-proc.htm.

[8] Jacques LESOURNE, L'articulation prospective, stratégie et management, Futuribles , 27 avril 2000.

[9] Serge WACHTER ea, Repenser le territoire, Un dictionnaire critique, p. 64, La Tour d'Aigues, L'Aube – Paris, Datar, 2000.

[10]Prospec­tive, débats, décision publique, Avis du Conseil économique et social, reproduit dans Futuribles, Octobre 1998, p. 28.

[11] Michel GODET, De la rigueur pour une indiscipline intellectuelle, Intervention aux Assises de la Prospective, Paris, 8-9 décembre 1999, p. 7.

[12] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Petit lexique de prospective, Paris, proGective, janvier 2001, p. 2.

[13] Serge WACHTER ea, Repenser le territoire…, p. 65.

[14] Michel GODET, Crise de la prévision, essor de la prospective, Exemples et méthodes, Paris, Puf, 1977.

[15] Eleonora Barbieri MASINI, Penser le futur, L'essentiel de la prospective et de ses méthodes, p. 20, Paris, Dunod, 2000.

[16] Michel Godet, Manuel de prospective stratégique…, L'Art et la méthode, p.1, Paris, Dunod, 1997.

[17] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Petit lexique…, p. 3.

[18] John McHALE et Magda CORDELL McHALE, An Assessment of Futures Studies Worlwide, dans Futures, VIII, 2, Oxford, 1976, cité dans Eleonora Barbieri MASINI, Penser le futur, L'essentiel de la prospective et de ses méthodes, p. 16, Paris, Dunod, 2000.

[19] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Foresight, l'évolution en marche, dans E.B. MASINI, Penser le futur…, p. 21-22. – Yukiko FUKASAKU, Technology foresight and sustainable Development in some OECD countries, dans Futures Reseach Quartely, Fall 1999, vol.15, 3, p. 53-79 (intéressante bibliographie). – Collin BRACKMAN dir., Foresight, dans Foresight, n°6, Cambridge, décembre 1999, p. 491-592.

[20] Gaston BERGER, L'attitude prospective, dans Encyclopédie française, tome XX, Le Monde en devenir, 1959, reproduit dans Ch. BRUNOLD et J. JACOB, Lectures sur les problèmes de la pensée contemporaine, p. 290, Paris, Belin, 1970.

[21] Hugues de JOUVENEL, Caractéristiques de la démarche prospective : utilité et limites comme instrument d'aide à la décision, Exposé fait à Futuribles le 26 avril 2000.

[22] Jean CHESNEAUX, Habiter le temps, Passé, présent, futur : esquisse d'un dialogue politique, p. 133-134, Paris, Bayard, 1996.

[23] Désiré DENUIT, Anachronisme, une histoire de la Wallonie ?, Non, réplique une équipe de professeurs, la Wallonie se constitue en nation consciente et cohérente, dans Le Soir, 12 octobre 1973, p. 3.

[24] J. CHESNNEAUX, op. cit., p. 169.

[25] Michel QUEVIT, Quel travail de prospective pour la Wallonie ?, dans Philippe DESTATTE dir., Evaluation, prospective et développement régional, p. 314-315, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2001.

[26] Jean CHESNEAUX, Habiter le temps, Passé, présent, futur : esquisse d'un dialogue politique, p. 18-19, Paris, Bayard, 1996.

[27] Fernand BRAUDEL, Ecrits sur l'histoire, p. 75, Paris, Flammarion, 1969.

[28] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, Guide de prospective territoriale à l'usage des acteurs locaux, p. 162, Lyon, Certu, 2000.

[29] Cité par Hugues de JOUVENEL, La démarche prospective, Un bref guide méthodologique, dans Futuribles, novembre 1999, n°247, p. 48.

[30] Julio DIAS, Réflexions sur la prospective territoriale au Portugal, Séminaire de l'OCDE, Les avancées de la prospective territoriale, 11 décembre 2000.

[31] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p. 265.

[32] Christian STOFFAES [directeur délégué de la prospective internationale à EDF], La prospective dans une entreprise de service public, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8 décembre 1999.

[33] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, Guide de prospective territoriale à l'usage des acteurs locaux, p. 35, Lyon, Certu, 2000.

[34] Charte de la Société wallonne de l'Evaluation et de la Prospective, adoptée lors de son Assemblée générale du 29 avril 2000

[35] Pierre SEIN, Prospective, Réfléchir librement et ensemble, dans Sud-Ouest basque, 10 juin 1992, p. 1. – voir aussi Michel GODET, Prospective et dynamique des territoires, dans Futuribles, Novembre 2001, p. 25-34.

[36] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Une nouvelle étape du développement de la prospective : la prospective opérationnelle, p. 454, Thèse présentées pour l'obtention d'un doctorat en prospective, Université pontificale grégorienne de Rome, Facultés des Sciences sociales, 2002.

[37] Hugues de JOUVENEL, La démarche prospective, Un bref guide méthodologique, dans Futuribles, novembre 1999, n°247, p. 47-68.

[38] Jacques LESOURNE, Conclusion, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8 décembre 1999.

[39] Christian STOFFAËS [directeur à la présidence et direction générale d'EDF], La prospective dans une entreprise de service public, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphi­ne, 8-9 décembre 1999, draft p. 6/9.

[40] Arie de GEUS [Royal Dutch Shell, London Business School] Prospective analyses in a multinational corporation, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8 décembre 1999.

[41]Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, Guide de prospective territoriale à l'usage des acteurs locaux, p. 23, Lyon, Certu, 2000.

[42] Thierre EVENS, Un peuple sans passé à l'avenir incertain, dans Le Soir, 20 septembre 1993, p. 3.

[43] Au colloque organisé en l'honneur de Jacques Lesourne, le 11 janvier 000 au Conservatoire national des Arts et Métiers à Paris.

[44] Voir notamment Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, 2 vol., Paris, Dunod, 1997 – Hugues de JOUVENEL, La démarche prospective, Un bref guide méthodologique dans Futuribles, Novembre 1999, p. 47-68. – Philippe GABILLIET, Savoir anticiper, Les outils pour maîtriser son futur, coll. Formation permanente, Paris, ESF, 2000. – Mika MANNERMAA, Multidisciplinary, methodologies and futures studies, dans Futures Research Quarterly, Summer 2000, Vol. 16, 2, p. 5-20.

[45] Edgar MORIN, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, p. 37, Paris, Seuil, 1999. Edgar Morin rappelle le principe de Pascal : Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties. PASCAL, Pensées, Paris, Garnier-Flammarion, 1976.

[46] Edgar MORIN, Les sept savoirs…, p. 39. – voir aussi E. MORIN, La méthode, 1. La nature de la nature, Paris, Seuil, 1977.

[47] Voir les développements utiles de Pierre GONOD, Dynamique des systèmes et méthodes prospectives, p. 4sv,  coll. Travaux et recherches de prospective n°2, Paris, Futuribles-LIPS-Datar, 1996.

[48] Hugues de JOUVENEL, Pourquoi des Assises de la Prospective ? dans Vigie, Juillet-septembre 1999, p. 1.

[49] Jacques LESOURNE, L'articulation prospective, stratégie et management, Futuribles , 27 avril 2000.

[50] Michel GODET [professeur titulaire de la chaire de prospective industrielle au CNAM], De la rigueur pour une indiscipline intellectuelle, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8-9 décembre 1999, draft p. 21/25.

[51] Michel GODET, La Boîte à outils de prospective stratégique, coll. Cahiers du LIPS, n°5, p. 17, Paris, CNAM, Avril 2000.

[52] Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, 1, Une indiscipline intellectuelle, p. 7, Paris, Dunod, 1997.

[53] Ibidem.

[54] Jacques de COURSON, La prospective des territoires, Concepts, méthodes, résultats, p. 48, Lyon, Certu, 1999.

[55] M. GODET, Prospective : une approche cognitive, dans Futuribles, Mai 2000, p. 41.

[56] M. GODET, La boîte à outils de prospective stratégique…, p. 45.

[57] Michel GODET, La Boîte à outils de prospective stratégique, coll. Cahiers du LIPS, n°5, p. 42, Paris, CNAM, Avril 2000.

[58] INTERFUTURS, Face aux futurs : Pour une maîtrise du vraissemblable et une gestion de l'imprévisible, Paris, OCDE, 1979. – Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans après, dans J. THEPOT ea, p. 306-317. – Wolfgaang MICHALSKI, The OECD Interfutures project revisited 20 years later, dans J. THEPOT ea, p. 318-331.

[59] Voir les travaux de cette cellule, sous la direction de Jean-Claude Thébault, notamment les cinq scénarios Europe 2010 : Gilles BERTRAND, Anna MICHALSKI, Lucio R. PENCH, Europe 2010 : cinq scénarios, dans Futuribles, Octobre 1999, p. 5-23. – G. BERTRAND, Scénarios Europe 2010, Cinq avenirs pour l'Europe, Rennes-Luxembourg, Editions Apogée - Office des Publications offocielles de la Commission européenne, 1999.

[60] Jérôme BINDE dir., Les clés du XXIème siècle, Paris, Unesco-Seuil, 2000.

[61] Hugues de JOUVENEL, Maria-Angels ROQUE, Catalogne à l'horizon 2010, préface de Raymond BARRE, Barcelone, Institut Catala d'Estudis mediterranis – Paris, Economica, 1994.

[62] CONSEIL REGIONAL – PREFECTURE DE REGION, Limousin 2007, Etude prospective, 2 tomes, Limoges, Editions du Limousin, 1988. – Limousin 2017, Exercice de prospective territoriale, Rapport général, Projet, sd [1999].

[63] Vincent GOLLAIN, Alain SALLEZ, Emploi et territoires en IIe-de-France, Prospective, Paris, Editions de l'Aube, 1999.

[64] Guy LOINGER, Exposé aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8-9 décembre 1999.

[65] Jean-François STEVENS, Petit guide de prospective Nord-Pas-de-Calais 2020, Paris, Editions de l'Aube, 2000.

[66] Voir sur le site internet de la Datar : http://www.datar.gouv.fr

[67] Jean-Louis GUIGOU, Prospective et territoires, Exposé fait aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 8-9 décembre 1999. – GUIGOU Jean-Louis, Aménager la France de 2020, Mettre les territoires en mouvement, Paris, DATAR- La Documentation française, 2000. – Programme de prospective Territoires 2020, 2000-2003, Paris, Datar, 2000, 16 p.

[68] Commission Avenir économique de la Belgique de la Fondation Roi Baudouin, L'avenir économique de la Belgique, préface d'André MOLITOR, p. 154, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 1981.

[69] INSTITUT JULES DESTREE, Fonds Institut Jules Destrée, Correspondance 1978-1979, 1979 (Lettre de Jacques Hoyaux à Bernard Gillain du 14 février 1979).

[70] INSTITUT JULES-DESTREE, Fonds Guy Galand, Entretien avec G. Vandersmissen à la Fondation André Renard le 10 octobre 1978 (note du 7 novembre 1978).

[71] Philippe DESTATTE, Prospectives territoriales, réformes institutionnelles et gouvernance : le cas de la Wallonie, Intervention au séminaire de l'OCDE Les avancées de la prospective territoriale, Paris, OCDE, 11-12 décembre 2000, 12 p. – Philippe DESTATTE, C'est quand qu'on va où ? La Wallonie : un futur pour un présent, dans Wallonie, ma région, Avril 2001, p. 73-79. – Philippe DESTATTE, Les questions ouvertes de la prospective wallonne ou quand la société civile appelle le changement, dans Territoires 2020, Revue d'études et de prospective de la DATAR, n°3, Juin 2001, p. 139-153.

[72] Drakkar 2000, Rouen, Conseil économique et social de Haute-Normandie, 1987.

[73] Prospective : vivre en 1995-2000, Dans quel cadre ? Dans quelles conditions ?, Lyon, Préfecture de la Région Rhône-Alpes, Service d'Etude du SGAR, 1987.

[74] Etude prospective Limousin 2007, Limoges, Conseil région du Limousin - Préfecture de Région, Editions du Limousin, 1988.

[75] Ile de France 2000, Vers un projet régional, Paris, Conseil régional, 1988.

[76] Jean-François STEVENS, Lille, Eurocité : l'Europe à portée de main, Lille, Centre d'Etudes et de Prospective du SGAR, 1989.

[77] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p. 36.

[78] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Ibidem, p. 26.

[79] Raymond BARRE, préface à l'ouvrage de Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, Guide de prospective territoriale à l'usage des acteurs locaux, p. 6, Lyon, Certu, 2000.

[80] Jean-Claude THEBAULT, La prospective au service de la construction européenne, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 9 décembre 1999.

[81] Fabrice ROUBELAT, La prospective stratégique, Des hommes et des organisations en réseaux, dans Jacques THEPOT e.a., Décision, Prospective, Auto-organisation, Mélanges en l'honneur de Jacques Lesourne, p. 303, Paris, Dunod, 2000. – Voir également sur cette question l'avis rendu par le Conseil économique et social de la République française sur le Rapport de Jean-Paul Bailly au nom de la Commission spéciale du Plan, Prospective, débat, décision publique, dans Futuribles, Octobre 1998, p. 27-51.

[82] Jean-Pol DEMACQ, La Wallonie au futur, de la prospective de 1987 à la réalité d'aujourd'hui, dans La Wallonie au futur, évaluation, innovation, prospective, p. 83, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1999.

[83] L'Institut Jules-Destrée et le Contrat d'Avenir pour la Wallonie, Charleroi, Institut Jules-Destrée, le 21 décembre 1999. https://www.wallonie-en-ligne.net/wallonie-evenements/Contrat-Avenir_IJD-1999-12-21.htm

[84] Elio DI RUPO, Une cellule indépendante de prospective pour la Wallonie, dans Philippe DESTATTE dir., Evaluation, prospective et développement régional, p. 308, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2001. 

[85] Fernand BRAUDEL, L'identité de la France, Espace et histoire, p. 20, Paris, Arthaud-Flammarion, 1986.

[86] Fabrice ROUBELAT, La prospective stratégique, Des hommes et des organisations en réseaux, dans Jacques THEPOT e.a., Décision, Prospective, Auto-organisation, Mélanges en l'honneur de Jacques Lesourne, p. 286, Paris, Dunod, 2000.

[87] Michel GODET, De la rigueur pour une indiscipline intellectuelle, Intervention aux Assises de la Prospective, Paris, 8-9 décembre 1999, p. 21.

[88] Marie-José AVENIER dir., Ingénierie des pratiques collectives, La Cordée et le Quatuor, p. 41, Paris-Montréal, L'Harmattan, 2000.

[89] Marie BRANDELEER, Prospective, Apprivoiser le futur, dans Tendances, 25 juin 1998, p. 24.

[90] Wolfgang MICHALSKI, au colloque organisé au Conservatoire national des Arts et Métiers en l'honneur de Jacques Lesourne, à Paris, le 11 janvier 2000.

[91] Jacques LESOURNE, conclusions du colloque organisé au Conservatoire national des Arts et Métiers à Paris, le 11 janvier 2000. – Aux Assises de la Prospective, en décembre 1999, Arie de Geus, ancien Group PLanning Coordinator de la Royal DutchShell et Visiting Professor à la London Business Scholl avait posé la question How to think the unthinkable ?

[92] Jacques LESOURNE, Un art difficile pour l'entreprise : réfléchir pour agir dans La Prospective stratégique d'entreprise : de la réflexion à l'action , draft, p. 7, Paris, Dunod, Février 2001.

[93] Michel QUEVIT, Un système régional de prospective pour la Wallonie, Principes, cadre et dispositif organisationnel, p. 3, Namur, Institut Jules-Destrée, 9 mars 2001, 6 p.

[94] Jean-Louis GUIGOU, Prospective et territoires, aux Assises de la Prospective, Paris, Université Dauphine, 9 décembre 1999.

[95] Michel QUEVIT, Un système régional de prospective pour la Wallonie, Principes, cadre et dispositif organisationnel, p. 3, Institut Jules-Destrée, 9 mars 2001, 6 p.

[96] Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Donner du futur aux territoires, … p. 24.

[97] Michael KEENAN, Ian MILES & François FARHI, Creating Vision in the Regions : A Framework for Organising Regional Foresight, Paper presented to the World Futures Studies Federation, XVII World Conference, Brasov, Romania, September 2001, 11 p. – The Role of Foresight in the selection of research policy priorities, Seville 13-14 May 2002, Conference proceedings, IPTS-JRC, July 2002 - European Commission, Report EUR 20406 EN.

[98] Cette problématique a été très abordée lors d'un exercice organisé lors du forum professionnel de la World Future Society le 26 juillet 2000. C'est probablement mon impertinence wallonne qui m'avait fait poser cette question lors de l'atelier Consultants : the fonction of internal futures advising and doing the supporting futures research, animé par John Mahaffie, vice-président de Coates & Jarratt, à titre d'exemple de questionnement du futur : "Can you imagine a future within people are making futures studies without consultants ?"

[99] Oliver Schlake : Translating present in future, leading to actions in present, World Future Society, Houston, Texas, 26 juillet 2000.

[100] Lawrence L. LIPPITT, Exploring the "Magic" of Creating the Future, Exposé fait à Futures Focus 2000,  World Futures Society,Houston, 25 juillet 2000.

[101] Hugues de JOUVENEL, Concepts et méthodes de veille et de prospective, Futuribles, 25 janvier 2000. – C'est Jean-Paul Bailly qui le soulignait : S'agissant plus précisément de la prospective, ceci veut dire que l'Etat a naturellement vocation à constituer un pôle de prospective de premier plan, mais qui, désormais ne peut plus prétendre être un pôle exclusif, car il lui faut tenir compte d'acteurs multiples qui revendiquent une part plus active. Son rôle serait donc davantage d'encourager les grands acteurs socio-économiques – entreprises, collectivités, groupes sociaux… – à s'associer à une réflexion multipolaire, déployée selon une diversité de lieux et de structures (publiques ou privées) : universités, grands établissements de recherche scientifique ou technique, entreprises ou fondations indépendantes. Il convient à ce propos, de saluer la prochaine création d'une Fondation Paul Delouvrier, qui s'efforcera de mieux anticiper les ruptures de la société. Force est de reconnaître qu'il s'agit d'une initiative plutôt isolée en France. Pourtant, l'exemple d'autres pays, comme les Etats-Unis ou l'Allemagne, montre que les fondations constituent des institutions originales dont l'apport peut être fécond et le rayonnement important. C'est pourquoi le Conseil économique et social estime qu'il serait utile qu'une réflexion soit menée sur la place et le rôle actuels et futurs des fondations dans notre pays. Jean-Paul BAILLY, Président directeur général de la RATP, Rapporteur de la Commission spéciale du Plan, dans Prospective, débats, décision publique, Avis du Conseil économique et social, reproduit dans Futuribles, Octobre 1998, p. 43.

[102] Edgar MORIN et Jean-Louis LE MOIGNE, L'intelligence de la complexité, p. 16 , Paris-Montréal, L'Harmattan, 1999.

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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