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La Wallonie à l'écoute de la prospective - Dix tendances lourdes pour une prospective territoriale à l'horizon 2020 Mission prospective Wallonie 21 - Index

5. L'Europe, entre processus et projet

5.1. L'unification progressive du continent européen
par Ida Dekeyser, Assistante scientifique à  l'Institut Jules-Destrée

 

Le projet européen a été construit à l'abri du Mur, notait Marc Luyckx, en 1996. S'appuyant sur les travaux du professeur luxembourgeois Gilbert Trausch, le colla­borateur de la Cellule Prospective de la Commission européenne estimait que, dans l'Europe de 1950, à l'époque des Jean Monnet, Robert Schuman, Conrad Adenauer, c'était Staline qui, au fond, était le vrai père fondateur de la construction européenne. Et Marc Luyckx ajoutait :

En effet, on peut se demander si les Européens de l'Ouest auraient avancé aussi vite, sans une si forte unanimité contre "le danger soviétique".

La chute du Mur de Berlin a profondément redistribué les cartes géopolitiques. Tout d'abord le danger commun a disparu. Ensuite, l'assurance d'une protection stratégique américaine diminue, obligeant l'Europe à assumer, à terme, sa propre sécurité. Enfin, il s'agit maintenant pour l'Europe d'accepter de s'ouvrir aux pays d'Europe centrale, ce qui va l'obliger à modifier son projet lui- même [1].

C'est ce que confirme aussi Jacques Lesourne, lorsqu'il écrit début 2001 :

La réussite du relèvement économique de l'Europe après 1945 n'était pas écrite, pas plus que celle de la construction européenne. Les Etats-Unis comme incita­teurs, l'URSS comme menace, ont largement contribué au succès [2].

La tendance lourde que constitue l'unification progressive du continent européen a donc été marquée par d'autres dynamiques que la propre démarche qui a animé les pays dont les représentants étaient rassemblés au Quai d'Orsay à Paris, le 18 avril 1951. Ainsi que l'écrit Jean-Marie Guéhenno, l'Europe n'avait pas à dessiner ses frontières : elle lui étaient imposées par les chars du Pacte de Varsovie [3]. La dimen­sion extérieure de l'Europe a pesé sur la construction. Dans le monde qui suit la Guerre froide et dans lequel nous nous situons, d'autres variables externes – à l'Est, mais aussi au Sud – pèsent et pèseront encore assurément sur les contours, mais aussi sur le cœur de l'Union.

Mission prospective Wallonie 21 - Index L'exigence d'une configuration interétatique stabilisée

Coupé et morcelé pendant le XXème siècle par deux guerres mondiales et par de nombreuses crises idéologiques et politiques, le Vieux continent se découvre une nouvelle dimension géographique et politique. La nouvelle Europe reconstitue ainsi ses liens historiques avec l’Est et avec le Sud. L’Europe de l’Ouest a eu dans le passé déjà – et ce jusqu’à la Révolution russe et la Seconde Guerre mondiale – une influence politique et économique certaine sur les décideurs des pays du Centre et de l'Est du continent. Pour l’axe méditerranéen, les relations remontent encore plus loin dans le temps. Les liens jadis établis avec les peuples tels que les Phéniciens, les Egyptiens et les Maures – liens qui ont profondément marqué la civilisation européenne –  donnent un sens historique à l’élargissement de l’Europe vers le Sud. Grâce à ces relations privilégiées, il n’est pas irréaliste de penser que des relations nouvelles vont s'établir avec les voisins plus proches que deviendront la Russie et les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Si la construction européenne se fonde depuis son origine sur des acquis historiques et une vision spatiale, elle constitue surtout un projet contractuel construit sur les valeurs de démocratie et de paix territoriale. C'est cette exigence d'une configuration étatique stabilisée qu'a confirmé le Pacte de Stabilité en Europe du 21 mars 1995 : tout Etat qui souhaite faire partie de l'Union doit avoir établi avec ses voisins des traités de reconnaissance définitive des frontières et qui assurent la protection des minorités [4].

Aucun texte historique n’a précisément défini les frontières de l’Europe. Les contours européens ne dépendent d’aucune limite naturelle, leur tracé – en perpétuelle évolution ‑ ayant toujours relevé de choix politiques [5]. Géographiquement, on parle de Conti­nent européen mais la division du monde en continents, qui constitueraient des ensembles géographiques cohérents, fait toujours partie des représentations commu­nes largement véhiculées. C’est au XVIIème siècle que l’on pris conscience d'une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural. Il s’agit donc d’une convention récente  [6]. On se souvient des formules de Paul Hazard évoquant l'Europe du XVIIIème siècle, de Montesquieu à Lessing :

L'Europe, qu'était-ce au juste ? On ne le savait pas. Vers l'Est, ses limites étaient incertaines; à l'intérieur, elle n'avait pas toujours eu les mêmes divisions, par rapport aux peuples qui l'habitaient ; son nom même s'expliquait mal [7].

L’Europe continentale n’a jamais eu de contours et de frontières fixes, les guerres, les alliances et les traités sont venus les modifier en fonction des intérêts politiques des acteurs de l'histoire. La recherche des frontières de l’Europe apparaît vaine et conduit à constater qu’il n'est pas possible de proposer une définition géographique précise de l’Europe. Ainsi, loin d’être une évidence naturelle, l’Europe est un produit de l’histoire  [8]. Lors de sa création en 1951, la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, composée de six pays, ne représentait qu'une fraction de l’espace conti­nental. Actuellement, l’Europe continentale ressemble à un espace fragmenté de quarante-cinq Etats, avec au moins cinquante nations ou entités culturelles et linguistiques à vocation nationale. Les élargissements successifs ont redessiné complètement la carte de l‘Europe .

Avec la future extension géographique de l’Union européenne, l’espace européen, qui est de 3.236 km², va s’accroître de 34 %. La population qui se compose en 2001 d’environ 380 millions d’habitants va augmenter, quant à elle, de 100 millions d'habitants. L’extension géographique donne ainsi une nouvelle dimension démographique. Ainsi, alors qu'en 2001 le continent européen – Russie comprise – comptait 735 millions d’habitants, l’Union européenne regroupait un peu plus de la moitié des habitants de ce continent [10].

Initialement, seulement six pays devaient rejoindre le club fermé de l’Union européenne. Ils sont devenus quinze en 1995. Depuis, treize Etats sont reconnus candidats officiels à l’entrée dans l’Union : les dix pays d’Europe centrale et orientale (PECO), plus Chypre et Malte, et enfin la Turquie. Les premières adhésions devront logiquement se faire en 2004.

Avec cette nouvelle dimension géographique, la Communauté de l’Europe occidentale et de l’après guerre se trans­forme en une Union à vocation paneuropéenne [12]. Cet l’élargissement permettra de préciser la portée géographique de l’Union. Cette grande Europe englobe toute l’ancienne Europe sauf la Suisse, le Lichtenstein, la Norvège et l’Islande qui pourraient adhérer à tout moment s'ils le souhaitaient. L’intégration ne peut être déterminée clairement sur le plan géographique, la Turquie étant située à l’intersection de plusieurs grandes régions avec seulement un petit terri­toire sur le continent européen. L’adhésion de ce pays relève essentiellement de considérations géopolitiques et géostratégiques pour l’ensemble du territoire de l’Union européenne.

Mission prospective Wallonie 21 - Index La remise en cause du concept de frontière au profit du projet

La nouvelle Europe, se construisant davantage sur une volonté commune d’adhérer à un modèle fondé sur des critères politiques et économiques, remet en en cause le concept de frontière. Celui-ci n‘aura plus les mêmes valeurs symboliques car il n’a plus guère de réalité géographique. L’Europe est un projet et ses frontières sont élas­tiques [13]. Par l’inexistence de limites géographiques, l’Europe démontre une géogra­phie aux contours flous et une pratique qui allie la diversité sans cesse revendiquée, recherche d’unité des Etats-nations [14]. Des éléments géographiques, historiques et culturels sont d‘ailleurs sollicités pour fonder l’identité européenne. Souvent, l’Europe comme discours géopolitique, sert de mythe organisateur de la complexité du continent [15].

Pour la construction européenne, l’expérience partagée entre les peuples serait le ciment fondateur, alors que cette volonté d’unification subit des critiques constantes pour son absence de visions communes tant dans les Parlements que dans les médias [16]. Les frontières seront remises en cause au fur à mesure des étapes prévues de l’élargissement; les contours d’une identité européenne resteront tout aussi flous. Il apparaît difficile de parler d’unification alors que le continent demeure une véritable mosaïque de peuples, de cultures et de langues. Parallèlement, l’Union euro­péenne va s’ouvrir à l’Est sur des pays qui ont de réelles spécificités culturelles [17]. La plupart des Etats candidats à l’Union européenne souffrent de difficultés d’homo­généité nationale, amplifiées par l’existence de diasporas [18]. Avec la multiplicité de peuples qui composent ces Etats, les pays d’Europe centrale et orientale sont donc loin d’être stabilisés. Jusqu’à présent, la construction européenne a toujours su gérer la diversité des Etats qui la composent afin de créer une forme d'"unité". Aujourd’hui, le contexte apparaît quelque peu différent. La problématique de l’unifi­cation et de la diversification est évolutive ; celle-ci s’amplifie et s’accélère. Comme l'indique Philippe Moreau Defarges La question est de savoir si l’Union européenne parviendra à préserver et à approfondir cet équilibre dynamique entre unité et diversité, l’une et l’autre étant des éléments en évolution permanente [19].

La question de l'élargissement est aussi une question économique. L'un des faits porteurs de la tendance lourde que constitue l’unification et l’extension de l’Union européenne est la constitution, dans les années 1980-1990, de blocs transnationaux et/ou régionaux à vocation économique à l’échelle mondiale : l'ALENA avec l’intégration du Mexique dans la zone Amérique du Nord, le MERCOSUR, l'ASEAN, etc. L’accélération – tant de l’approfondissement (Marché unique, Euro) que de l’élar­gissement – de l’Union depuis le traité de Maastricht est mue par une volonté de l’Union européenne de mieux se positionner "politiquement" et de manière plus compétitive dans le globalisation de l’économie et, tout particulièrement, au sein de la Triade (Etats-Unis, Japon et nouveaux pays asiatiques, Europe) [20]. Cette volonté d’unification s’inscrit dans la perspective de la globalisation de l’économie. L’appro­che économique a toujours dominé dans la construction européenne. Toutefois la création de l’Union européenne par le Traité de Maastricht a opéré un saut qualitatif : la construction européenne, essentiellement économique est devenue globale [21]. Cette volonté de créer un espace économique et social européen s’inscrit bien sûr dans les mutations du champ de la concur­rence mondiale et des échanges économiques, dont les rapports de forces se cristallisaient d’abord au sein de l’ancien GATT et maintenant dans l’OMC.

L’évolution future des frontières européennes démontre bien que leur contour relève toujours des volontés politiques. L’unification de l’Europe est devenue un véritable projet politique qui comporte des enjeux et des risques. Mais cette unification se conçoit avant tout comme une volonté des Quinze de stabiliser les frontières au sein d’Etats pour la plupart en formation récente, dont la contestation des limites a été à l’origine des deux conflits mondiaux de 1914-1918 et de 1940-1945. Le but est de réunifier l’Europe dans ses composantes culturelles, historiques, sociales et reli­gieuses, écrit Philippe Deloire [22]. Les frontières auront dès lors une dimension non plus nationale mais transnationale. De ce fait, le futur développement européen est considéré comme un défi historique car, au cours des différents stades de l’élargissement, l’intégration commencera par dépasser les frontières de l’Europe "latine" puis celles de l'Europe "chrétienne". Avec les élargissements successifs, il ris­querait d’y avoir une dilution de la Communauté européenne si elle ne s’accompagnait pas d’un approfondissement, notamment de la création d’un noyau dur capable d’assumer sa fonction d’avant garde [23]. Ce noyau dur serait composé de pays leaders qui représenteraient en quelque sorte l’ancienne Europe "carolingienne". Les autres pays membres viendraient alors s’articuler autour de ce noyau dur de manière concen­trique.

Il est possible d’observer, au travers de  la volonté d’élargissement, une extension de l’Europe sous une forme politique. Le fait porteur de cette tendance a été la chute du Mur de Berlin en 1989, qui a permis de "recoller" ensemble les deux blocs Est/Ouest de l’Europe. Mais, malgré cette levée de barrières idéologiques et politiques, la circu­lation des personnes n’était pas totalement assurée sur le continent car la Commu­nauté européenne avait pris des dispositions législatives afin de se protéger de l’Est. La libre circulation des personnes, inscrite dans les Traités, n’était assurée que pour les individus originaires d’un des Etats membres de la Communauté.

Désormais, avec la volonté politique de s’étendre, l’approche est différente, car les frontières sont redessinées. En effet, avec l’extension vers l’Europe centrale et orientale, les frontières orientales des nouveaux pays membres deviendront les fron­tières extérieures de l’Union européenne [24]C’est la libre circulation des personnes qui va poser à terme des problèmes pour les pays-frontières avec des pays tels que la Russie. L’étanchéité des frontières externes de la Turquie, vu sa dimension, son orien­tation balkanique et son ouverture sur le Moyen-orient, va représenter un véritable enjeu stratégique pour l’équilibre géopolitique et démographique de l’Union euro­péenne. La nouvelle orientation de l’Union européenne dans le cadre de l’élargis­sement, en y acceptant des pays tel que la Turquie, est d’ordre stratégique, si l'on considère la nécessité de concevoir ces évolutions à l’échelle du Continent avec des pays proche des Balkans [25].

Les trois prochaines étapes de l’élargissement de l’Union européenne marqueront l’histoire du Continent, car il s’agit du plus grand élargissement depuis le Traité de Rome en 1957. Grâce à ces nouveaux Etats - membres, l’Union européenne peut se renforcer, s’affirmer comme pôle ouvert de prospérité mais elle risque aussi de se transformer en forteresse impénétrable de l’extérieur, et en un piège pour les plus démunis à l’intérieur [26]. Cet élargissement géographique ne doit pas seulement être perçu comme un facteur de stabilité sur l’ensemble du continent. Logiquement, il doit être facteur d’intégration mais, si aucune stratégie régionale n’est mise en œuvre, elle risque d’être aussi synonyme d’exclusion pour tous ceux qui ne participent pas à ce processus [27]. La "nouvelle frontière Schengen" risque paradoxalement d’encourager l’illégalité [28]. Toutes sortes de trafics (immigration clandestine, drogue, trafic humain, etc.) pourraient dorénavant s’étendre sur toute la longueur de la ceinture externe de l’Union européenne.

Dans les années à venir, la recherche de sécurité et d’équilibre des blocs régionaux mondiaux va s’accentuer sur l’avant-scène internationale. Grâce à cette extension et à cette unification géo-spatiales, l’Europe pourrait se constituer en bloc face aux Etats-Unis. Elle aura les capacités géographiques, démographiques et économiques de se poser en véritable concurrent. Les rapports de force avec les Etats-Unis pourraient aller en s’accroissant car l’Europe voudra montrer sa force. D’ailleurs, les rapports de forces économiques avec les Etats-Unis ont déjà été observés, notamment lors des négociations de l’OMC à Seattle en 1999. Selon Jacques Lesourne, l’Union euro­péenne continuera à entretenir avec les USA les relations que l’on observe depuis plusieurs décennies, relations faites de conflits multiples dans le cadre d’une alliance globale [29]. Les rapports de force dépendront essentiellement de la construction d’une Europe soudée. Sa puissance découlera de sa cohérence aux plans politique et militaire entre ses membres. Parallélisme et rivalités se retrouveront dans les politiques américaines et européennes à l’égard de la Chine, de l’Inde, de la Russie, du Brésil, du reste du Tiers-Monde [30].

La question demeurera toujours de la capacité politique, qui se discute à travers le développement d’un "projet commun" compris comme élément fédérateur à l’ensemble des pays membres. Face à l’international, l’Union européenne essaie de se positionner en tant que bloc faisant l’unité, tout en respectant le principe démocratique de la diversité dans sa gestion interne.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Les conséquences d'une dynamique fonctionnelle

Malgré l’effet de dynamique politique et économique que l’élargissement peut insuffler dans le processus d’intégration, celui-ci imposerait, selon le Groupement d’études et de recherches Notre Europe, un dilemme à l’Union et aux nouveaux membres. Ces questions ont été étudiées et traduites sous la forme de deux scénarios. Le premier prévoit la mise en place d’une Europe à 27 pour 2010 et le second prévoit le blocage de la négociation d’élargissement et le statu quo à la même échéance. Ces deux scénarios extrêmes sont largement dépassés par les nouvelles décisions euro­péennes [31]. Lors du Conseil de Laeken de décembre 2001, les Etats membres ont décidé que les pays candidats prêts à entrer dans l’Union pourraient adhérer en vue de la participation aux élections des députés européens en 2004. Cette avancée "fonction­nelle" prouve bien que l’Union a passé la vitesse supérieure dans l’intégration euro­péenne, afin de rassurer les douze candidats qui avaient tendance à reprocher la faible avancée dans sa préparation d’accueil (modernisation économique, administrative, etc...).

Malgré une avancée positive et une volonté politique croissante qui affirment son intention d’être prête à partir de 2002, les moyens prévus pour 2002-2006 apparaissent comme largement insuffisants [32]. L’ampleur des changements que l’élargissement impose et le nombre d’acteurs qui y participent en font néanmoins un processus structurellement lourd [33]. L’aspect économique est volontairement "oublié" car aucune présidence de l’Union ne désire s’embarrasser de ce problème qui deviendra un jour cependant crucial.

L’élargissement tel qu’il est prévu, vers douze nouveaux membres, engendre une mutation profonde de la construction euro­péenne. Malgré les avantages apparents qu’il offre, l’élargissement n’a jamais été préparé ni réfléchi dans ses conséquences. L’élargissent est supposé avoir un effet significatif et positif sur la prospérité; c’est ce qui s’est produit avec l’élargissement des années soixante-dix et début quatre-vingt ; mais depuis 1988, cela n’est plus une réalité. L’importance de la question économique ne trouve pas uniquement sa raison dans la dimension géographique mais surtout dans la disparité économique entre les nouveaux pays adhérents et ceux de l’actuelle Union : les PIB des nouveaux pays se situent en dessous de la moyenne européenne des années soixante. Ainsi, avec l’introduction de nouveaux membres (élargissement à 27), le PIB de l’Europe va croître plus faiblement. Il faut pouvoir gérer une augmentation de la population de 25 à 29 % avec une augmentation du PIB de 7 à 9 % [34]. La fracture sociale et territoriale de l’Union se renforcera dans les prochaines décennies par l’adhésion des pays candidats aux acquis communautaires, surtout au Marché intérieur et à la Politique agricole commune (PAC). A ce titre, l’enjeu de la cohésion économique et sociale ainsi que de la solidarité prend une dimension nouvelle, de même que la réflexion sur le modèle économique et social de l’Union européenne. En dehors de l’aspect social, la dimension économique se pose en termes de compétitivité entre pays. En effet, l’adhésion induira des problèmes de localisation/délocalisation vers les nouveaux pays adhérents qui seront plus compétitifs sur des marchés de produits intermédiaires en raison de la configuration des facteurs suivants : niveau salarial plus bas, niveau de formation technique élevé et taux de population jeune plus élevé. En conséquence, les pays de l’actuelle Union européenne devront encore intensifier leur compétitivité sur des productions à très haute valeur ajoutée et accroître leur développement dans la société de la connaissance [35].

Avec vingt-sept membres, la fracture socio-économique et territoriale sera encore plus grande que celle que nous pouvons observer actuellement. De trop grandes diver­gences territoriales mettront les efforts d’intégrations en danger. Avec l’ouverture aux nouveaux pays candidats; l’enjeu de la cohésion va atteindre une ampleur consi­dérable; il n’est donc pas erroné de penser qu’il s’agira du plus grand défi jamais rencontré par l’Union depuis le début de la construction européenne [36].

La réduction des disparités constituant un objectif prioritaire de l’Union (article 2), l’accent sera davantage mis sur la cohésion économique et sociale de l’Union. L’élar­gissement pose un défi majeur à la cohésion car la majorité des régions des pays adhérents affichent des PIB par habitant inférieurs à 40 % de la moyenne commu­nautaire. Les disparités entre les régions riches et les régions pauvres de l’Union élargie se verront affecter un ratio de 1 à 10 alors qu’il est de 1 à 5 entre les régions de l’actuelle Union. Les écarts seront grandissant, vu des tendances telles que la dicho­tomie centre périphérie et par l’accroissement ou la persistance des disparités infrana­tionales dans certains pays [37]. La cohésion posera la question de la solidarité communautaire entre le soutien aux régions de l’actuelle Union, qui doivent continuer leurs efforts de rattrapage économique, et le soutien aux régions des nouveaux pays membre [38]. Notons néanmoins que les disparités futures risquent d’être principa­lement sociales et culturelles, voire institutionnelles, même si leur traduction est écono­mique [39]. La cohésion est fondée sur le principe de la solidarité commu­nautaire et non sur celle des Etats-membres pris séparément. Cet objectif ne concerne pas seulement l’application des Fonds structurels mais aussi de la contribution à l’objectif de cohésion de toutes les politiques communautaires (art.157-158) [40].

Le choc de l’élargissement met la question de la réforme des Fonds structurels sur la table des discussions. Malgré le statu quo prévu jusqu’en 2006, l’Union européenne sera confrontée dans sa politique de cohésion à la réussite de deux grands défis stratégiques : d’une part, la mise en œuvre d’une démarche de cohésion "équitable" qui fonde le consensus entre les états membres de l’actuelle Union européenne et les nouveaux Etats membres et, d’autres part, la poursuite de l’objectif majeur de la politique de cohésion qui vise l’accroissement de la compétitivité territoriale de l’en­semble de l’Union élargie [41]. L’enjeu futur consistera plutôt à stabiliser les situations de disparités entre régions qu’à les réduire globalement [42]. Avec l’élargissement, il faut approfondir dans la sécurité, la stabilité économique, politique et sociale et pour que les inégalités économiques existantes cèdent la place à de meilleures chances [43]. Afin de se construire une politique de cohésion écono­mique efficace, l’Union euro­péenne approfondit ses connaissances et identifie plus clairement les priorités, car, pour mettre en relation la politique de cohésion avec les mutations économiques et sociales. Dans sa phase de transition que constitue l’intégration européenne, on relève actuellement, dans certains pays, une tendance au développement de la pauvreté – principalement dans les nouveaux Etats indépendants issus de l’éclatement de l’URSS [44]. On constate qu’il y a peu d’intégration régionale dans les Balkans car chaque pays court seul en direction de l’Europe [45]. Cependant, tout est question de volonté; ainsi pour le prospectiviste Alexander Tomov, l’enjeu face à l’intégration européenne pour la Bulgarie n’est pas d’être accepté pour aller mieux mais d’aller mieux (grâce à nos propres efforts) pour être acceptés [46].

Deux problèmes essentiels se posent aux futurs pays membres lorsque l'on réfléchit à l’élargissement en tant que réalité politique : l’acquis communautaire et l’absence de cadre institutionnel adéquat. Avec le principe de l’acquis communautaire, les nouveaux membres sont tenus d'appliquer sans délai une législation qui n’a pas été faite pour eux et qui ne leur convient pas nécessairement. La difficulté majeure, pour les pays candidats, est d’adapter les législations européennes dans leur appareil administratif et juridique, en raison de l’absence de structures administratives adéquates. De ce fait, une période de transition et d’adaptation risque d’être inévitable concernant la moder­nisation administrative et économique. De son côté, l’Union européenne devra choisir, à terme, entre l’application stricte de l’acquis communautaire ou la distribution de dérogations. Si vingt-sept membres sont envisagés aujourd’hui, d’après les critères d’adhésions fixés lors du Conseil européen de Copenhague en 1993, il n’y a pas de limites géographiques à l’Europe. Il est donc vital de s’interroger sans complaisance sur le sens de l’évolution en cours pour le renforcement de l’Union [47]. Deux tendan­ces s’inscrivent dans cette question, d’une part, des optimistes qui espèrent que la pression de l’élargissement obligera l’Union européenne à faire un saut qualitatif qui lui permettra d’absorber une nouvelle vague d’adhésions dans un cadre institutionnel rénové et au prix d’un renforcement des politiques communes. D’autre part, les pessi­mistes qui déplorent l’inévitable dilution de la Communauté dans une Union élargie victime des faiblesses de son système de décision et des insuffisances de sa dimension démocratique  [48].

Les pays candidats à l'élargissement sont ainsi confrontés à la transition démocratique qu'induit la préparation de leur entrée dans l'Union. Les gouvernements de ces pays renforcent leur fonctionnement démocratique et des efforts importants ont été faits pour améliorer l’indépendance, la transparence et l’efficience des administrations publiques. Des difficultés restent encore à surmonter quant à la protection des minorités, même si des pays comme la Bulgarie, la Slovaquie ou la Roumanie accordent un rôle nouveau à ces minorités dans la vie politique nationale [49].

L’élargissement remet à l'ordre du jour la configuration des rapports de forces politiques au sein de l’Union européenne élargie, et tout particulièrement les relations entre les grands pays et les petits Etats, qui deviennent majoritaires non seulement en nombre mais en population, dans la conduite politique de l’Union. Le problème vient essentiellement de la taille et du poids politique des grands pays de l’Union face aux nouveaux "petits" arrivants. Les premiers ne veulent pas perdre des privilèges acquis par leur importance au sein de l’Union. Ils refusent de jouer le jeu de l’égalité et le principe des règles communes. Le fonctionnement des institutions européennes est posé par le passage de 15 à 27 membres à tous les niveaux communautaires : pouvoir exécutif de la Commission, pouvoir décisionnel du Conseil, pouvoir législatif du Parle­ment, pouvoir représentatif du Comité des Régions. En dehors des questions fonction­nelles, la problématique de l’approfondissement du modèle social européen est posée pour rendre humainement effective cette intégration dans le marché intérieur. Cela implique un nouveau projet social européen, la révision les compétences de la Com­mission européenne et une modification des objectifs prioritaires.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Conclusion : aux marches européennes

Peut-on renoncer à l'idée de frontière ou la réinventer ? L'universalisme qui constituerait le principe même de la construction européenne est-il même compatible avec la notion de limites politiques de l'Europe ? C'est la question que pose Jean-Marie Guéhenno :

En vérité, l"Europe, si elle traçait sa frontière, trahirait le meilleur d'elle-même. Fondé sur la conviction que la vrai liberté des hommes est celle d'un bon voisinage choisi et maîtrisé plutôt que celle de la solitude orgueilleuse des nations, quand bien même elles s'étendraient aux dimensions d'un continent, le "modèle européen" est le premier exemple d'institutionnalisation de l'interdé­pendance et il constitue plus qu'un change­ment d'échelle qui serait caractérisé, après l'âge des Etats-nations, par l'avènement des Etats-continents [50].

Le problème, on le voit, dépasse largement la "théorie des dominos" et confirme l'impression de bricolage institutionnel  [51]. Sur le terrain, les embûches-mêmes sont multiples.

Par définition, les limites de l'extension géographique de l'Europe sont constituées par ses marches, essentiellement à l'Est et au Sud. S'aventurer dans ces territoires drama­tise soudainement la problématique abordée ici sereinement et ouvre la porte à toutes les incertitudes. Il est des domaines dans lesquels toute hypothèse doit être avancée avec prudence. C'est particulièrement le cas lorsque, sur les frontières, on fait dispa­raître les zones ou les Etats - tampons qui ont, comme leur nom l'indique, vocation à amortir les frottements qui se produisent inévitablement entre régions dont les niveaux politique, culturel ou économique sont trop marqués [52].

Peut-on considérer l'Ukraine – voire la Biélorussie – comme candidats potentiels à l'adhésion, comme certaines cartes le suggèrent ?

Pour certains observateurs avertis, cette démarche paraît relever de la politique du coucou. Comme l'écrit Jacques Lesourne, qui ne cache pas ses inquiétudes :

A l'Est, les incertitudes portent sur l'évolution de la Russie : prendra-t-elle le chemin de l'anarchie, de la démocratie ou de l'autoritarisme ? Restera-t-elle dans ses frontières actuelles, abandonnera-t-elle le territoire d'ethnies secondaires ou reconstituera-t-elle en absorbant l'Ukraine et la Biélorussie un empire slave ? S'orientera-t-elle vers des relations internationales coopératives ou élaborera-t-elle, à partir de l'humiliation de son abaissement, une politique extérieure agres­sive et sourcilleuse ? Un large éventail des possibles reste ouvert, d'une coopé­ration économique dans laquelle l'Europe par ses investissements facilitera la croissance russe à une confrontation hostile à propos des Etats baltes, de l'Ukraine occidentale ou de nouvelles Tchétchénies… [54]

A l'Est, l'alternative apparaît dès lors simple :

– soit faire entrer la Russie avec l'Ukraine et la Biélorussie dans l'Europe, ce qui est conforme à la vision d'un espace de l'Atlantique à l'Oural notamment cher au Général de Gaulle [55], voire intégrer l'Empire russe de Sibérie et porter l'Europe jus­qu'au cap Lopatka et au détroit de La Pérouse ;
– soit fixer la frontière européenne à la Ligne Curzon et sur le Prout ou le Dniester, selon la manière dont on règle la question de la Moldavie.

Les incertitudes au Sud portent sur la Turquie. La République, s'étend sur près de 800.000 km2 – plus de deux fois l'Allemagne réunifiée – où vivent plus de 60 millions d'habitants, musulmans à 98 %. Son entrée dans l'Union porte l'Europe jusqu'au Taurus, faisant de l'Union un voisin frontalier de la Syrie, de l'Iran et de l'Irak. Cet élargissement-là fait baigner l'Europe dans le Tigre et l'Euphrate, renouant avec l'origine de nos civilisations. L'enjeu stratégique est à la mesure de celui de la gouvernance européenne.

Le 10 décembre 1999, lors du Conseil européen d'Helsinski, les Quinze ont inscrit la Turquie parmi les pays éligibles à l'adhésion, avec la nécessité pour Istambul de remplir les critères de Copenhague en termes de démocratie, droits de l'homme, respect des minorités, etc. Ces questions sont bien sûr liées aux litiges avec le Grèce ainsi qu'aux questions chypriotes et kurdes. Comme l'indique Jean-Raphaël Chapon­nière, la Turquie est aujourd'hui aux portes de l'Union européenne [56]. L'Europe, elle, est aux portes de l'Asie.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] Marc LUYCKX, Réflexions prospectives sur l'identité européenne, dans Les identités de l'Europe : repères et prospective, Actes du colloque tenu à Louvain-la-Neuve, le 9 mai 1996, p. 123, Louvain-la-Neuve, Institut d'Etudes européennes,  1998.

[2] Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu, Une relecture du XXème siècle européen, p. 308, Paris, Odile Jacob, 2001.

[3] Jean-Marie GUEHENNO, Le modèle européen, dans Thierry de MONTBRIAL & Pierre JACQUET dir., Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, p. 269, Paris, Dunod-Ifri, 2000.

[4] Philippe MOREAU DEFARGES, L'Union européenne ou l'unité dans la diversité, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET dir., Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses), p. 128, Paris, Institut français des Relations internationales - Dunod, 2001.

[5] Guillaume LE QUINTREC, Quelles frontières pour l’Europe ? , l’Europe en perspective, Cahier français, n°298, p. 3

[6] Guillaume LE QUINTREC, Quelles frontières pour l’Europe ?… , p. 3.

[7] Paul HAZARD, La pensée européenne au XVIIIème siècle, De Montesquieu à Lessing, coll. Les Grandes études littéraires,  p. 422, Paris, Fayard, 1963.

[8] Guillaume LE QUINTREC, Quelles frontières pour l’Europe ?… , p. 3.

[10] Michel FOUCHER et Catherine BAULAMON, Une identité en mutation, dans L'état du monde en 2002 : Annuaire économique géopolitique mondial, p. 442, Paris, La Découverte, 2001.

[12] Philippe DELOIRE, Vers l’Europe des Trente, p. 99, Paris, Gualino, Paris, 1998.

[13] Guillaume LE QUINTREC, Quelles frontières pour l’Europe ?…, p. 7.

[14] Michel FOUCHER et Catherine BAULAMON, Une identité en mutation,… p. 442.

[15] Michel FOUCHER et Catherine BAULAMON, Une identité en mutation, … p. 443.

[16] Michel FOUCHER et Catherine BAULAMON, Une identité en mutation, p. 442.

[17] E. NOVAKY, V. RAMBA VARGA, M.K. KOSZEGI, Futures studies in the European ex-socialist countries, Budapest University of Economic sciences and public administration, Futures Studies Centre, en collaboration avec la WFSF (World Futures Studies federation) et l’UNESCO, Budapest, 2001.  Ce document concerne : la Bulgarie, la République Tchèque, l’Estonie, l’ex RDA, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et la Yougoslavie.

[18] Philippe MOREAU DEFARGES, L’union européenne ou l’unité dans la diversité, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET dir., Rapport annuel mondial sur le Système économique et les stratégies (Ramses),  p.134, Paris, Institut français de Relations internationales - Dunod, 2001.

[19] Philippe MOREAU DEFARGES, L’union européenne ou l’unité dans la diversité…, p.127.

[20] Michel QUEVIT, Contribution du 7 février 2002.

[21] Philippe MOREAU DEFARGES, L’union européenne ou l’unité dans la diversité…, p.130.

[22] Philippe DELOIRE, Vers l’Europe des Trente…, p.99.

[23] Jean-François DREVET, Une Europe rassemblée ou intégrée ?, dans Futuribles, décembre 2000, n°259, p.23 sv.

[24] Anne DE TINGUY (CNRS), L’élargissement à l’est de l’Union, un nouveau défi pour l’Europe réunifiée, dans Hommes et Migrations, n°1230, mars-avril 2001, p. 5.

[25] Gilles LEPESANT, Les tendances de la période , p.447, dans L'état du monde en 2002 : Annuaire économique géopolitique mondial, Paris, La Découverte, 2001.

[27] Anne DE TINGUY, L’élargissement à l’est de l’Union, un nouveau défi pour l’Europe réunifiée…, p.18.

[28] Anne DE TINGUY, L’élargissement à l’est de l’Union, un nouveau défi pour l’Europe réunifiée..,  p.16.

[29] Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n’ont pas lieu, p. 292, Paris, Odile Jacob, 2001.

[30] Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n’ont pas lieu …, p.293.

[31] Marjorie JOUEN, Le Dilemme de l’élargissement, dans Notre Europe, avril 2000, http:.//www.notre-europe.asso.fr , 10.10.2001.

[32] Gilles LEPESANT, Les tendances de la période.., p.447.

[33] Florence DELOCHE-GAUDEZ, Le processus de l’élargissement, dans L’Europe en perspective, Cahier français, n°298, p.13

[34] Jean-François DREVET, Une Europe rassemblée ou intégrée ?, dans Futuribles, décembre 2000, n°259, p.29.

[35] Michel QUEVIT, Contribution du 7 février 2001.

[36] Michel QUEVIT, Quelle politique de cohésion de l’Union européenne élargie après 2006 ? RIDER II, octobre 2001, p.4.

[37] Marjorie JOUEN, Comment renforcer la cohésion économique et sociale européenne après 2006  ?, Séminaire organisé par European Policy et par Notre Europe, Bruxelles, le 23 mai 2001, septembre 2001, P.1, www.notre-europe.asso.fr, 22.10.2001.

[38] Michel QUEVIT, Contribution, février 2002.

[39] Marjorie JOUEN, Comment renforcer la cohésion économique et sociale européenne après 2006 ?…, p.6.

[40] La politique de cohésion a comme priorité absolue de réduire les disparités économiques et sociales entre les différents territoires de l’Union européenne en privilégiant le soutien de politiques actives en faveur de l’augmentation de leur compétitivité et du développement de leurs ressources tant immatérielles que matérielles, Michel QUEVIT, Quelle politique de cohésion de l’Union européenne élargie après 2006 ?, RIDER II, octobre 2001, p.4.

[41] Michel QUEVIT, Quelle politique de cohésion de l’Union européenne élargie après 2006 ?… ,  p. 9.

[42] Michel QUEVIT, Quelle politique de cohésion de l’Union européenne élargie après 2006 ?…, p. 7.

[43] Michel BARNIER, La politique de cohésion et de l’élargissement, défis et perspectives d’avenir; Conférence des Régions d’Industries et de Technologies (RETI), Budapest, 9 novembre 2001.
http://www.europa.eu.int/comm/commissioners/barnier/speecreg_fr.htm, 29.12.2001

[44] Alexander Tomov dans Futures studies in the European ex-socialist countries, p.32

[45] Radmila NAKARADA, Project Coordinator Institute for European Studies, Belgrade, dans Futures studies in the European ex-socialist countries, p.177.

[46] E. NOVAKY, V. RAMBA VARGA, M.K. KOSZEGI, Futures studies in the European ex-socialist countries, Budapest University of Economic sciences and public administration, Futures Studies Centre, en collaboration avec la WFSF et l’UNESCO, Budapest, 2001, p.37

[47] Jean-François DREVET, Une Europe rassemblée ou intégrée ?…, p.33.

[48] Jean-François DREVET, Une Europe rassemblée ou intégrée ?…,  p.33.

[49] Making a success of enlargement : Strategy Paper and Report of the European Commission on the progress towards accession by each of the candidate countries, 2001.  http://europa.eu.int/comm/enlargement/report2001/strategy_en.pdf  - 4/1/2002

[50] Jean-Marie GUEHENNO, Le modèle européen…, p. 281.

[51] Philippe MOREAU-DEFARGES, L'élargissement, L'échéance se rapproche, dans Thierry de MONTBRIAL & Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, p. 241-242, Paris, Ifri-Dunod, 2001.

[52] Analyse de Fabienne Goux-Baudiment, Namur 21 février 2002.

[53] Jean-François DREVET, Une Europe rassemblée ou intégrée ?, dans Futuribles, n°259, décembre 2000, p. 34.

[54] Jacques LESOURNE, Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu…, p. 293. – Voir aussi Laurence WHITEHEAD, L'élargissement de l'Union européenne : une voie risquée de promotion de la démocratie, dans Revue internationale de Politique comparée, La consolidation de la démocratie : nouveaux questionnements, vol. 8, n°2, Eté 2001, p. 311. – Hélène CARRERE D'ENCAUSSE, Quelles frontières pour l'Europe politique ? dans L'Europe dans le monde du XXIème siècle, Aspects économiques, démographiques, stratégiques,  Numéro hors-série de La Lettre des Européens, n°3, juin 1997, p. 103-108 (Mouvement Européen-France).

[55] Mais, dès lors que l'Allemagne aurait cessé d'être une menace, cette subordination, dépourvue de raison d'être , paraîtrait tôt ou tard intolérable aux vassaux, tandis que les Russes eux-mêmes perdraient toute envie de dépasser leurs frontières. Si le Kremlin persistait dans son entreprise de domination, ce serait contre le gré des nations soumises à son gouvernement. Or il n'est point, à la longue, de régime qui puisse tenir contre les volontés nationales. J'estimais, en outre, qu'une action menées à temps aauprès des maîtres du Kremlin par les alliés occidentaux, à condition qu'elle fût concertée et catégorique, sauvegarderait l'indépendance des Polonais, des Tchèques, des Hongrois et des Balkaniques. Après quoi, l'unité de l'Europe pourrait être mise en chantier sous forme d'une association organisée de ses peuples, depuis l'Islande jusqu'à Stamboul et de Gibraltar à l'Oural. Charles DE GAULLE, Mémoires de guerre, t. 3, Le Salut (1944-1946), p. 58, Paris, Plon, 1959. – Voir aussi Marc FERRO, La Russie fait-elle partie de l'Europe ? dans Elie BARNAVI et Paul GOOSSENS éd., Les frontières de l'Europe, p. 200-223, Bruxelles, Musée de l'Europe-De Boeck, 2001.

[56] Jean-Raphaël CHAPONNIERE, Turquie, d'une crise à l'autre, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, dir., Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses), p. 307, Paris, Institut français des Relations internationales - Dunod, 2001.
Jean-Raphaêl Chaponnière est conseiller économique au Poste d'expansion économique à Istambul.

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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