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La Wallonie à l'écoute de la prospective - Dix tendances lourdes pour une prospective territoriale à l'horizon 2020 Mission prospective Wallonie 21 - Index

4. Les déséquilibres aggravés de l'Humanité

4.2. Le largage du Tiers-Monde
par  Philippe Destatte, directeur de l'Institut Jules-Destrée

 

Voici vingt-cinq ans, dans Interfuturs [1], Jacques Lesourne estimait que l'intégration du prolétariat interne des sociétés occidentales était un fait acquis, notamment par le développement constant des classes moyennes. Pour le prospectiviste français, l'heure était venue de prendre en charge le problème du prolétariat externe : plus de cent vingt pays avec une population rapidement croissante, représentant déjà les trois quarts de l'humanité, à l'égard desquels les nations industrielles ont une responsabilité collective [2]. Ainsi, l'équipe de Jacques Lesourne avait fait l'hypothèse qu'un consen­sus social aurait pu se mettre en place dans les pays développés pour prendre en charge une partie du développement du Tiers-Monde par une coopération économique accentuée.

En 1994, Paul Bairoch a mis en évidence le caractère récent de l'inégalité entre les nations qui, selon l'économiste, trouve son origine dans la Révolution industrielle du XIXème siècle. Ainsi, au travers des siècles et des espaces, les civilisations ‑ à leur apogée ‑ avaient atteint des niveaux comparables : Rome au Ier siècle, les califats arabes au Xème, l'Inde au XVIIème et l'Europe au début du XVIIIème [3]. A cette dernière époque, l'écart de niveaux entre les différentes sociétés paysannes du monde était de l'ordre de 30 %. En 1870 toutefois, l'écart calculé en revenu par habitant, entre la nation la plus riche et la plus pauvre en termes de revenu, est passé au ratio de 1 au ratio de 11. En 1995, il est passé  de 1 à 50 [4] .

En 1999, Daniel Cohen confirmait la conclusion d'Interfuturs, en soulignant que l'histoire du [XXème] siècle est celle d'une formidable réduction des inégalités au sein des nations industrielles et d'un élargissement tout aussi considérable des inégalités entre les nations elles-mêmes [5]. Dans Richesse du monde et pauvreté des nations, Cohen avait d'ailleurs relevé le risque majeur d'un nouveau protectionnisme, qui serait érigé par certains pays nantis à l'encontre des pays en développement :

Pour ces pays, le commerce mondial n'est pas une figure de rhétorique : c'est une promesse que soit annulé ce qui apparaîtra peut-être comme une paren­thèse de l'histoire de l'humanité : deux siècles au cours desquels les nations du monde ont laissé se creuser les écarts de prospérité et de puissance sans aucun précédent dans l'histoire du monde. Le "grand espoir du XXIème siècle pourrait être d'abord qu'il permette de resserrer les inégalités entre les nations : on a vu que c'était un espoir raisonnable [6].

Pourtant, comme l'indique Michel Albert, plus nous parlons de mondialisation, plus notre indifférence s'accroît à l'égard des pays en déficit de développement. Le "trade not aid" se substitue de plus en plus à la politique des transferts publics au Tiers-Monde. Ceux-ci, il y a vingt ans, ne devaient pas être inférieurs à 1% du PIB des pays riches. Michel Camdessus constatait, le 22 octobre 1998, que ce ratio est tombé de 0,3 à 0,2 % depuis cinq ans, atteignant le taux le plus bas depuis un demi-siècle [7]. Le séminaire sur la "Prospective africaine", organisé à Paris en octobre 2000 mettait en évidence que, entre les Accords de Lomé (1975) [8] et ceux de Cotonou (23 juin 2000), la part de l'Europe dans les exportations africaines est restée supérieure à 40 % alors que, entre 1976 et 2000, la part des exportations africaines en Europe baisse de plus de la moitié, passant de 6,7 % (1976) à 3 % (1998). Le Centre de Recherche en Economie du Développement (CERED) relevait que, comme il n'y a pas eu de changement significatif des spécialisations, ce sont l'érosion des préférences et la baisse de l'aide qui ont marqué les relations entre l'Europe et l'Afrique durant cette période [9]. De son côté, Oxfam estime que les barrières douanières imposées par les pays les plus influents coûtent, aux pays les plus pauvres, environ 700 milliards de dollars par an, ce qui constitue quatorze fois le montant de ce qu'ils reçoivent en aide internationale [10].

Le Rapport mondial sur le développement humain 2001 met en évidence les résultats désastreux, en termes de croissance, de l'Afrique subsaharienne : le revenu moyen, déjà très faible, a baissé de 1 % entre 1975 et 1999. Ainsi, au Mali et à Madagascar, il atteint respectivement 753 et 799 dollars (en PPA 1999) contre 898 et 1.258 dollars en 1975 [11]. Un simple regard sur l'écart de revenus entre les différentes régions supranationales ‑ tel que mis en évidence par le Programme des Nations Unies pour le Développement en 2001 ‑, montre l'ampleur de la prolétarisation mondiale, pour reprendre la formule de Jacques Lesourne.

Les perspectives de l'OCDI, présentées dans Global Trends 2015 confirment la durabilité de cette évolution.

Ainsi, depuis 1965, le PIB des pays en développement s'est accru à une moyenne de 2,2 % par an. Depuis 1990, ces pays ont connu une croissance moyenne de 1,9 % contre 1,6 % pour les pays de l'OCDE. Toutefois, l'Afrique sub-saharienne n'a connu aucune croissance par habitant entre 1965 et 1999 [14].

Le constat de Michel Albert est partagé, alors que le drame reste d'actualité. Analysant les perspectives de l'Afrique, et s'inscrivant dans la longue période, Philippe Hugon relevait en 2000 la tension entre, d'une part, le taux d'épargne estimé à 13 %, un taux d'investissement de 18 %, les besoins considérables d'investissement du continent et, d'autre part, la faiblesse des perspectives de flux privés et la tendance à la baisse des flux publics, […] liée principalement à la baisse de l'aide au développement [15]. Ce besoin de financement a été mis en évidence lors du séminaire de Prospective afri­caine organisé au ministère français de la Coopération technique et de l'Aide au Développement au départ de l'étude du CERED. Il est clair que, quels que soient les paramètres, même en considérant une augmentation de la production supérieure à son accroissement démographique, l'Afrique est dans l'incapacité d'autofinancer les investissements nécessaires à son développement [16].

Mission prospective Wallonie 21 - Index Le Tiers-Monde, dernière victime de la Guerre froide

1989 constitue un tournant dramatique dans le rapport entre pays du Nord et pays du Sud. Loin d'ouvrir une ère de paix permettant au Tiers-Monde de toucher les dividendes de la fin de la Guerre froide, l'effondrement du Rideau de fer induit le reflux massif de l'aide publique au développement, qui a perdu son utilité géopolitique [17]. Comme l'indique Sylvie Brunel, à partir de l'expérience du terrain  :

l'intervention américaine en Somalie, en décembre 1992, qui s'achève quelques mois plus tard dans la débandade, la violence et le chaos – dont ce pays n'est toujours pas sorti aujourd'hui – semble sonner le glas des espérances humani­taires. Non, le monde ne recueille pas les dividendes de la paix. Non, l'ingérence ne met pas fin aux tragédies de certains peuples. La société mondialisée, loin de niveler les différences, creuse au contraire le fossé qui éloigne les exclus des consommateurs [18].

[…]

L'espoir de transformer le monde par la seule force de sa bonne volonté est mort sur les plages de Mogadiscio, un jour de décembre 1992 [19].

Tant pour les gouvernements que pour les organisations non-gouvernementales, la période actuelle est celle de la fin des illusions [20]. Un regard sur les chiffres est donc nécessaire. L'analyse des flux d'aide en provenance des pays membres du Comité d'Aide au Développement de l'OCDE, soit vingt-deux pays, fait apparaître une nette diminution de l'aide publique nette versée au développement entre 1990 et 1999 : elle est passée de 0,34 % à 0,24 % de leur PNB global. Cela signifie que, par habitant de ces pays donateurs, l'aide est passée de 77 dollars (valeur 1998) en 1990 à 66 dollars en 1999. Dans ce dernier montant, l'aide aux pays les moins avancés ne représente que 19 dollars par habitant [21] .

Si on analyse l'aide fournie par quelques pays, on obtient le tableau suivant :

Pays

Aide totale 1999
(millions de dollars)

% du PNB
1990

% du PNB
1999

Aide par habitant
1990

Aide par habitant
1999
(en dollars)

Japon

15.323

0,31

0,35

84

106

Etats-Unis

9.145

0,21

0,10

55

33

France

5.363

0,60

0,39

134

99

Allemagne

5.515

0,42

0,26

112

69

Royaume Uni

3.401

0,27

0,23

55

57

Pays-Bas

3.134

0,92

0,79

183

203

 

 

 

 

 

 

Norvège

1370

1,17

0,91

269

298

Danemark

1733

0,94

1,01

248

331

 

 

 

 

 

 

Belgique

760

0,46

0,30

98

77

 

 

 

 

 

 

CAD-OCDE

56.378

0,34

0,24

77

66

Source : Données extraites du Rapport mondial sur le développement mondial 2001,
PNUD, 2001, p. 190.

A part le Japon et le Danemark, l'aide est en reflux sur la période [22]. Ce reflux n'est pas confirmé par habitant en ce qui concerne le Royaume Uni, les Pays-Bas et la Norvège.

La Banque mondiale met, elle aussi, en évidence l'érosion de l'aide publique au développement :

L'aide publique au développement (APD) a diminué, ce qui a contribué à l'écart entre l'aide disponible et les besoins des pays pauvres. La Guerre froide termi­née, l'APD a fortement chuté au cours des années 90, a brièvement rebondi face à la crise finan­cière de 1997 en Asie de l'Est et s'est à nouveau contractée au cours des deux dernières années. Exprimée en dollars corrigés de l'inflation, elle était en 2001 de 20 % inférieure à son niveau de 1990 [24] .

Parallèlement, et toujours selon la même source de la Banque mondiale, les transferts nets de capitaux privés à long terme aux pays en voie de développement ont chuté en 2001 ‑ pour la cinquième année consécutive ‑ ,pour atteindre un chiffre estimé à 234 milliards de dollars. Ce montant constitue une baisse de 30 milliards de dollars par rapport à 2000 et de plus de 100 milliards par rapport au chiffre record de 1997.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Le maintien des insécurités et l'absence de demande solvable

 Les auteurs du 2001 State of the Future ont relevé cinq facteurs qui déterminent la pauvreté :

– la participation : les gens doivent être concernés dans la recherche des solutions à leurs problèmes;
– l'accès aux ressources : la terre, le capital, l'information;
– le degré d'isolation : géographique, culturel et en matière de télécommunication;
– la stabilité : environnementale, économique et politique;
– le management du risque : la mort d'un membre de la famille, une maternité non-désirée, ou un désastre naturel qui peut jeter la famille dans la pauvreté
[25].

La fin de la Guerre froide n'a pas signifié la fin de la guerre dans le Tiers-Monde. Le conflit semble plutôt s'y être décentralisé [26]. Ainsi, l'Afrique subsaharienne a connu, dans la dernière décennie, une aggravation des conflits qui ont pris des proportions jamais atteintes auparavant, même lors de l'avènement des indé­pendances nationales [27]. Pour François Gaulme, il s'agit également d'une consé­quence de la fin de la Guerre froide qui concourait dans l'ensemble – et malgré des exceptions très localisées – au maintien d'une paix générale. Il s'agit aussi du phénomène local de l'affaissement de l'Etat post-colonial [28].

Alors qu'on considère que les famines totalement naturelles sont devenues exception­nelles, quand elles surviennent, c'est souvent parce que les conflits empêchent d'y répondre : si le désastre initial était bien causé par la nature, la famine, elle, est le résultat de l'action des hommes [29]. Il suffit de dresser la liste des derniers drames alimentaires pour comprendre cette corrélation :

– Kurdistan (1991) ;
– Bosnie et Somalie (1992-1993) ;
– Rwanda (1994 et 1996) ;
– Kosovo (1999) ;
– Grands Lacs (1997-2001) ;
– etc.

De plus, le cadre de violence, de conflit et de chaos dans lequel se déroulent les inter­ventions humanitaires les rend d'autant plus difficiles et complexes. Cette situation se complique encore par l'enjeu que constitue, pour les chefs locaux, le contrôle de l'approvisionnement des populations, ainsi que par l'impunité de leurs méfaits face à la communauté internationale. Il importe de mettre au point des programmes de sécurité au sein des organisations non-gouvernementales, pour tenter de développer une ana­lyse globale du problème, à l'instar du projet Humanitarian Safety and Projection Network. Comme l'indique Pierre Gallien, directeur de ce projet ‑ lui-même blessé en 1995 au Burundi par des éclats de grenades lancées contre son ONG ‑, la sécurité du personnel humanitaire est un enjeu collectif qui interroge les organisations huma­nitaires sur leurs principes mêmes d'intervention [30] .

L'examen de la production agricole mondiale sur une longue période montre que la courbe des disponibilités dépasse celle de l'accroissement démographique. Alors que, en une génération, la population mondiale a doublé, la production de céréales a été multipliée par plus de trois, passant de 600 à environ 1.900 millions de tonnes par an. La moitié de cette production ne bénéficie toutefois pas directement à l'humanité puisque 25 % sont perdus par des procédés inadéquats de conservation, les destruc­tions des rongeurs, etc. 20 % sont utilisés pour nourrir le bétail [31] et 5 % sont conser­vés pour les semences [32]. Tandis que la FAO projette une production de 2.300 millions de tonnes pour 2010, on peut considérer la poursuite de l'augmentation de quantités disponibles par personne, la difficulté n'étant assurément pas de produire au niveau mondial mais bien de consommer. A ce sujet, Philippe Chalmin rappelle que les changements géopolitiques et économiques de l'ex-URSS pourraient rendre aux plaines russes et ukrainiennes leur potentiel d'exportateur net du début de la fin du XIXème siècle [33]. L'agronome Philippe Collomb souligne lui-aussi les progrès réalisés pour vaincre l'insécurité alimentaire régnant depuis quarante ans et le fait que les ressources alimentaires ne manquent pas à l'échelle globale [34]. Il estime que, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques actuelles, des gains de productivité considérables peuvent encore être réalisés, si l'on considère le différentiel entre les rendements obtenus dans des conditions optimales et les rendements moyens :

L'insécurité alimentaire semble donc plus résulter d'un défaut d'application des techniques connues, par manque d'accès aux moyens de production ou de diffusion des savoirs, que d'une défaillance de l'état général des connaissances et des techniques [35].

Ainsi, comme l'explique Sylvie Brunet, la production agricole s'est ralentie dans les pays développés car ils adaptent cette production à la demande solvable, c'est-à-dire au monde des consommateurs :

Qu'il y ait environ 800 millions de personnes qui souffrent de malnutrition dans le monde ne change rien à la donne puisque ces personnes-là sont trop pauvres pour acheter de la nourriture [36].

Ainsi, Philippe Chalmin rappelait le paradoxe de l'aide alimentaire : elle est inver­sement corrélée aux prix demandés : plus ils sont élevés, moins on est généreux et plus ils sont bas, plus on aime son prochain ! [37]

Le creusement du fossé sanitaire constitue un révélateur meurtrier de cette tendance. Dans ce domaine également, les faits ont tué les illusions. Le déplacement, la concentration et l'accroissement de la population mondiale mais aussi l'usage systé­matique des antibiotiques dans l'élevage ont accru les risques d'émergence et de réémergence des maladies. D'autres causes sont mises en avant, comme le change­ment de l'environnement chimique ou la résistance aux méthodes de stérilisation [38]. L'essentiel des nouveaux médicaments commercialisés dans le monde depuis vingt-cinq ans l'est pour répondre aux maladies du Nord. Très peu sont destinés au traitement des maladies tropicales. Faut-il rappeler la catastrophe majeure que constitue la pandémie du Sida, aux effets démographiques, économiques, sociaux et politiques [39]. Il suffit de souligner que, en Afrique, le coût d'un préservatif permettant de lutter contre le Sida représente une journée de salaire, pour mesurer la gravité de ces interrelations [40].

Enfin, de nouvelles maladies menacent le Sud, notamment les pandémies grippales et le fièvres hémorragiques. D’autres risques infectieux font également leur "grand retour" comme, par exemple, la tuberculose, la méningite, etc. [42].

Ce sont toutes les causes structurelles de la misère du Tiers-Monde qu'il faudrait recenser, comme l'ont fait Howard Handelman ou Daniel Cohen : l'exploitation de la femme, l'exploitation des campagnes par les villes, les fondamentalismes religieux, le mercantilisme, la corruption, l'exploitation de la nation tout entière par les élites économiques ou, plus spécifiquement pour l'Afrique, le mode de vie basé sur l'exploitation et l'esclavage de la femme, les centrales d'Etat, etc. [43]. Certains ‑ y compris parmi les grands prospectivistes ‑, estiment que l'aide au Tiers-Monde ne sert souvent qu'à soutenir des régimes corrompus, à démolir les structures économiques ou les habitudes alimentaires en place [44].

Comme l'indiquent Adrien Akanni-Honvo et Abel Mayeyenda en abordant la question de la lutte contre la famine, le problème est d'abord institutionnel. Ni les Etats, seuls, ni les marchés, ni les interlocuteurs internationaux n'ont la bonne réponse sur la faim. Elle peut provenir des actions collectives à la fois des Etats, du marché et des interlocuteurs internationaux [45]. La lutte contre la famine implique une capacité réelle de participation à l'action collective internationale. Or, si les pays en voie de dévelop­pement sont aujourd'hui au cœur de l'interdépendance, ils sont écartés tant des mécanismes de gestion des institutions financières que des bénéfices qu'ils pourraient retirer de la mondialisation des échanges. Ainsi que le relevait la Fédération interna­tionale des Droits de l'Homme (FIDH) lors de l'Uruguay Round, seuls douze des vingt-neuf pays les moins avancés disposent de missions à Genève. La FIDH a d'ailleurs appuyé la proposition de financement, par l'OMC, d'un programme d'assistance technique aux pays en voie de développement en ces matières [46].

Mission prospective Wallonie 21 - Index Des objectifs décalés par rapport à la gouvernance mondiale

 Une vraie question consiste à se demander où se situent les pays en développement dans la logique de la gouvernance mondiale. En ce qui concerne l'Afrique, l'avis est tranché entre Gertrude Mongella ‑ qui voit le continent exclu de la mondialisation [47] ‑ et l'ancien président Amadou Toumani Touré, qui estime que les chefs d'Etat africain ont su s'inscrire dans un certain nombre de principes liés à l'avènement de la bonne gouvernance :

– l'instauration et l'enracinement du système démocratique, prenant en compte les réalités socioculturelles des Etats ;
– la mise en place d'un gouvernement axé sur un dialogue social permanent et sur la recherche d'un consensus politique ;
– l'avènement d'une justice accessible à tous, crédible et indépendante ;
– le respect des droits de l'Homme et la lutte contre l'impunité ;
– le bannissement de l'exclusion et l'association de toutes les compétences à la gestion des affaires publiques ;
la conduite d'une politique économique concertée au niveau des instances internatio­nales (système des Nations Unies, etc.) sur des thèmes essentiels comme la dette, l'intégration, les femmes, l'enfant, les identités culturelles et surtout la lutte contre la pauvreté [48].

Du côté de la communauté mondiale, ou en tous cas de l'ensemble des gouver­nements des Etats du monde riche, il faut bien considérer, avec Lester R. Brown – qui cite un rapport récent de la Banque mondiale –, que l'on s'est inscrit depuis vingt-cinq ans dans une tendance à l'indifférence et à l'incapacité d'agir. Les incantations sont nombreuses en effet, du discours d'Henry Kissinger à la Conférence mondiale sur l'alimentation en 1974, à ceux des Sommets des Nations-Unies du tournant du siècle [49]. En 1995, le Sommet des Nations Unies sur le Développement social avait défini comme objectif de diminuer de moitié la pauvreté extrême à l'horizon 2015. Depuis ce moment, on n'a pas rempli le tiers engagements globaux définis. En ce qui concerne l'Afrique subsaharienne, ce n'est seulement qu'un sixième de l'objectif qui a été atteint [50] !

Lors du Sommet du Millénaire orga­nisé par les Nations Unies en septembre 2000, les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté la Déclaration du Millénaire pour le développement et la lutte contre la pauvreté, s'engageant à défendre collectivement, à l'échelon mondial, les principes de la dignité humaine, de l'égalité et de l'équité. En matière d'éradication de la pauvreté, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont fixé de nouveaux objectifs à l'horizon 2015 :

– réduire de moitié la proportion des êtres humains ayant moins d'un dollar par jour pour vivre;
– diviser par deux la proportion des individus souffrant de la faim;
– réduire de moitié la proportion de personnes privées d'accès à l'eau potable;
– parvenir à la scolarisation de tous les enfants du monde, au moins jusqu'à la fin de l'école primaire;
– assurer l'égalité des populations féminine et masculine face à l'éducation;
– réduire des trois-quarts les taux de mortalité maternelle;
– diminuer des deux-tiers les taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans ;
– mettre un frein à la propagation du virus HIV et du sida, ainsi que du paludisme et des autres grandes maladies, et commencer de les faire diminuer leur propagation;
– réduire des deux-tiers le taux de mortalité infantile ;
– procurer à toutes les femmes l'accès à des soins de gynécologie et d'obstétrique;
– mettre en œuvre, d'ici 2005, des stratégies nationales de développement durable, afin de pouvoir inverser le phénomène de dégradation des ressources environne­mentales 
[51].

Ces objectifs sont particulièrement ambitieux. Ils le sont d'autant plus que, d'ores et déjà, le PNUD – pourtant généralement optimiste – considère que plus de la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles seront incapables de réaliser les objectifs envisagés s'ils s'en tiennent à leur niveau actuel de développement. Rien que sur la question épineuse de la dette du Tiers-Monde, le séminaire "Prospective africaine" estimait nécessaire une réduction de 65 % en moyenne de la valeur actuelle nette de la dette pour rendre celle-ci soutenable dès 2004 [52].

Ainsi, d'une part, plus de quatre-vint dix pays ‑ abritant 62 % de la population mondiale ‑ ne seront pas à même de réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans au deux tiers d'ici 2015 : 11 millions de ces enfants meurent chaque année alors qu'il existe des prophylaxies ou des réponses aux fléaux qui les frappent. D'autre part, près d'un milliard de personnes ne disposent toujours pas d'accès à l'eau potable [54].

L'analyse contenue dans le Rapport 2001 du PNUD est accablante :

Une grande partie d'entre eux font partie du groupe des pays les moins avancés d'Afrique subsaharienne. Si 50 d'entre eux sont bien partis pour respecter le critère retenu en matière d'eau potable, 83 autres (soit 70 % de la population mondiale) sont plus en retard, ou carrément loin derrière. Et si 62 pays semblent en mesure de réduire la mortalité maternelle des trois-quarts, 83 autres, là encore, sont à la traîne ou franchement distancés. Concernant la pauvreté monétaire, plus de 40 % de la population mondiale vivent aujourd'hui dans des pays qui sont en bonne voie pour atteindre l'objectif fixé. Cependant, ces personnes sont concentrées dans 11 pays, parmi lesquels la Chine et l'Inde, tandis que 70 autres pays sont loin derrière ou risquent de se laisser distancer. Et même si ces pays ne représentent qu'un tiers de la population mondiale, on trouve parmi eux plus de la moitié du groupe des pays en développement. Compte non tenu de la Chine et de l'Inde, seuls 9 pays, soit 5 % de la population mondiale, seraient en fait a priori en mesure de réduire de moitié l'incidence de la pauvreté extrême chez leurs habitants. C'est peut-être pour la mortalité des enfants de moins de cinq ans que la situation est la plus préoccupante : 66 pays sont sur la bonne voie, mais 83 autres – environ 60 % de la population de la planète – semblent mal ou très mal partis. Dans 10 pays, ce taux de mortalité est même en progression [55].

Parallèlement, la Banque mondiale a émis des doutes sur la capacité de la plupart des pays moins avancés à atteindre la réalisation des objectifs de développement du Millénaire. Nicholas Stern estimait, déjà avant la Conférence internationale de Monterrey sur le financement du développement, que les pays riches devaient apporter leur soutien aux pays pauvres en ouvrant davantage leur marché et en accroissant leur aide. La Banque mondiale relevait que, à ce moment, cinq pays donateurs seulement étaient en conformité avec l'objectif fixé par la communauté internationale de consacrer au moins 0,7 % de leur PIB à l'aide au développement. La Banque mondiale estimait que l'aide devait augmenter de 40 à 60 milliards de dollars par an pour que les objectifs du Millénaire puissent être atteints, dans l'hypothèse où les résultats s'amé­liorent dans les pays en développement [56]. Compte tenu du chiffre de 57 milliards d'aide actuelle donné début 2002 par James D. Wolfensohn, président de la Banque mondiale [57] , cet effort consiste à doubler l'aide accordée au Tiers-Monde.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Conclusion

Dans son rapport au Club de Rome de 1985, Bertrand Schneider avait déjà souligné l'imbrication des nations, qu'elles soient pauvres ou riches :

L'interdépendance entre pays du Nord et pays du Sud s'est incarnée dans des situations économiques, stratégiques et militaires si nombreuses qu'elle apparaît désormais comme une donnée majeure [58] .

C'est ce que Horst Köhler exprimait d'une autre manière au Fonds monétaire interna­tional, à savoir qu'il n'y aura pas de bon futur pour le riche, s'il n'y a pas de perspective de meilleur futur pour le pauvre. Il ajoutait que cela ne se ferait pas tout seul mais que nous devrons y travailler [59].

On voit mal, en effet, – et sans encore porter la question sur le plan moral – comment on pourrait, aujourd'hui ‑ mondialisation ou pas ‑, dissocier l'avenir des différents pays de la planète. Ce n'est d'ailleurs pas uniquement pour des questions de valeurs que l'Union européenne, son Conseil, sa Commission considèrent que l'exercice de la solidarité avec les pays en développement apparaît comme un enjeu politique majeur [60].

Un analyste comme Philippe Hugon [61] a une approche systémique du problème de la faim et intègre donc tant les asymétries internationales que les aspects organisa­tionnels et institutionnels du problème. Il estime que la démocratie, par les contre-pouvoirs qu'elle induit et la transparence de l'information qui la caractérise, constitue la meilleure prévention contre les risques de famine. La politisation du malheur par les campagnes journalistiques contraint les gouvernants à la bonne gouvernance en matière de prévention et de régulation des famines. Ainsi, la famine serait-elle donc la résultante d'une sous-institutionnalisation. La violence, les conflits, la privatisation des droit et l'insécurité sont autant de signes de cette sous-institutionnalisation [62]. C'est ce lien entre la démocratie et le développement que défend aussi l'économiste indien Amartya Sen, prix Nobel d'économie en 1998, selon lequel il n'y a jamais eu de famine dans un pays gouverné par un pouvoir démocratique. L'analyse fine de l'évolution de certains pays jadis frappés par la malnutrition montre que les facteurs déterminants du développement humain sont d'ordre immatériel et non financier ou matériel : attention accordée à la santé publique; alphabétisation moyenne et féminine; droit des femmes, notamment au travail extra-familial; niveau et liberté d'information; paradigmes de la contrainte ou de la participation [63].

Cette démocratisation constitue une tendance de la fin du XXème siècle. Les prospec­tivistes du Millenium Project relèvent, avec l'appui du Rapport annuel de la Freedom House, que, en 1999, 85 Etats du monde (soit 44 %) étaient libres, c'est-à-dire que leurs habitants disposaient d'une large gamme de droits politiques et de liberté civile. En vingt-cinq ans, le nombre des pays de cette catégorie a plus que doublé [65].

Philippe Hugon note également que la valorisation des ressources humaines (édu­cation, santé, fécondité contrôlée, nutrition) n'est pas seulement une fin mais un moyen essentiel de croissance [66]. C'est la même approche, adaptée à l'espace social africain, que valorise Daniel Sala-Diakanda, qui a établi un plan destiné à rendre l'espoir aux pays les plus défavorisés, en ciblant ce que le professeur à l'Université de Yaoundé appelle une "politique des sexes" et qui fait jouer à la femme africaine une part déter­minante de l'action de redéploiement du continent :

– relèvement du niveau d'éducation, en particulier agricole, des populations rurales, y compris féminines – ce qui permettra d'améliorer la santé des membres de la famille, d'une part, et la productivité agricole, d'autre part;
– promotion de la recherche agricole et des transferts technologiques, afin d'augmenter les rendements tout en préservant les cultures traditionnelles;
– diffusion élargie de l'éducation sexuelle et les soins médicaux, y compris auprès des adolescentes;
– mise en place de mécanismes qui garantissent une véritable solidarité inter-généra­tionnelle face à l'inversion de la pyramide des âges;
– approfondissement de la coopération régionale politique, économique et sociale, fondée en particulier sur la construction des infrastructures pertinentes et le commer­ce inter-régional;
– abolition de toutes les lois et pratiques discriminatoires en matière d'héritage, de propriété foncière et d'accès au crédit;
– élaboration d'une législation encourageant l'efficience de l'exploitation agricole et organisant l'équitable répartition des terres;
– révision du rôle respectif des hommes et des femmes dans le processus de production agricole;
– vigoureuse mobilisation des ressources internes afin de réaliser la triple transition que constituent la transition démographique et épidémiologique (réduit le nombre d'enfant par famille, améliore leur santé et élève leur niveau scolaire), la transition agricole (mise en place d'une agriculture intensive et performante), et la transition environnementale (maintien de la couverture végétale)
[67].

Comme le souligne Philippe Collomb, la sous-alimentation chronique va de paire avec une faible scolarisation; c'est pourquoi la mise en place de politiques adaptées de promotion de l'éducation constitue la clé du développement rural. L'ancien prospec­tiviste à la FAO estime que deux générations seront nécessaires pour atteindre l'objectif de productivité agricole :

– la première génération devra disposer d'une éducation de base, nécessaire à un primo-développement agricole (utilisation d'intrants, etc.) ;
– la deuxième génération devra être en mesure d'utiliser des informations écono­miques et des innovations technologiques, et impliquera donc l'accès à la forma­tion
 [68].

L'état du système éducatif induit une marginalisation durable des pays du Tiers-Monde. Or, dans les quarante-huit pays les moins avancés, le taux de fréquentation scolaire n'atteint que 36 % [69]. Dans la plupart des études de prospectives portant sur le continent africain ‑ notam­ment les National Long Term Perspectives Studies, réalisées avec le PNUD ‑, l'éducation apparaît comme le facteur-clé de l'avenir [70]. On ne saurait nier les efforts déjà entrepris dans ce domaine mais le chantier reste immense, particulièrement pour mettre en place un enseignement primaire généralisé, puisque les budgets consacrés à l'éducation ne peuvent suivre le rythme de la croissance démographique [71]. Cet objectif a, lui aussi, un coût. Ainsi, la Banque mondiale estime que la généralisation de l'enseignement primaire d'ici 2015 exigera un investissement de l'ordre de 10 à 15 milliards de dollars par an. Cette estimation rejoint d'ailleurs celle faite par l'Unicef (9,1 milliards de dollars par an) [72]. Cela signifie que, en Afrique, même si on vise l'horizon 2020 pour une scolarisation primaire intégrale, il faudrait y consacrer plus de la moitié des recettes publiques des pays concernés [73].

Les réponses au problème du largage du Tiers-Monde se situent dans une conception nouvelle de l'économique et de la redistribution sociale à l'échelle planétaire. Le concept complet de développement humain et social durable, équitable et participatif, avancé comme principe de la politique de développement de l'Union européenne dans la foulée de l'accord de Cotonou, est intéressant [74]. Tout comme l'économiste Herman Daly, ce concept montre qu'une économie soucieuse du long terme peut solliciter notre environnement et nos ressources naturelles dans une moindre mesure, mais bien davantage nos ressources morales [75].

Ainsi, au delà de l'avalanche des indicateurs, des chiffres et des objectifs non atteints de la réponse à la misère du monde, au-delà de l'exploitation du Nord par le Sud, il semble que l'on assiste cruellement, depuis quelques décennies, au largage éthique du monde dit développé.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] INTERFUTURS, Face aux futurs : pour une maîtrise du vraisemblable et une gestion de l'imprévisible, Paris, OCDE, 1979.

[2] Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans après, … p. 315.

[3] Paul BAIROCH, Mythes et paradoxes de l'histoire économique, p. 152-154, Paris, La Découverte, 1994. – Cité dans Daniel COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p. 31 , Paris, Flammarion, 1997.

[4] Daniel COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p. 31.

[5] Daniel COHEN, L'avenir des inégalités mondiales, dans Thierry de MONTBIAL et Pierre JACQUET, dir. , Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, p. 65, Paris, Ifri-Dunod, 1999.

[6] Daniel COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p. 143.

[7]  Michel CAMDESSUS, Conférence du 22 octobre 1998 à l'Université de South Orange, cité dans Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans après…, p. 316.

[8] Jean-Jacques GABAS, Les accords de Lomé et la sécurité alimentaire, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 387-402.

[9] Coopération technique et aide au Développement, Séminaire "Prospective africaine", Les devenirs des Etats africains : des Etats débordés ? Paris, 12 octobre 2000.  http://www.diplomatie.fr/cooperation/developp/prospafric/bleu/devenir_etat.htm . 22.02.02.

[10] Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges, p. 150, Washington, American Council for The United Nations University, 2001. – Voir aussi la description du protectionnisme des pays développés par Michel NORRO, La mondialisation et les pays en développement, dans Jacques DELCOURT et Philippe de WOOT, Les défis de la globalisation, Babel ou Pentecôte ?, p. 98sv, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2001.

[11] Rapport mondial sur le développement humain 2001, Mettre les nouvelles technologies au service du développement humain, p. 13, New-York, PNUD - Paris & Bruxelles, De Boeck et Larcier, 2001. http:// www.undp.org/hdr2001/french/ 16.02.02.

[12] Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 17.

[13]  Global Trends 2015, CIA's Long Terme Growth Model, Washington, ODCI, 2000.

[14] Nicholas STERN, Ian GOLDIN & Halsey ROGERS dir., The Role and Effectiveness of Development Assistance, Lessons from the World Bank Experience, A Research Paper from the Development Economics Vice Presidency of the World Bank, p. xi , Washington, The World Bank, Mars 2002. http://econ.worldbank.org/

[15] Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne …, p. 25-26. Philippe Hugon se base sur les perspectives d'Adrien Akanni-Honvo dans Un Bilan de la prospective africaine, CERED/CERNEA, Paris X-Nanterre, 1999.

[16] Coopération technique et aide au Développement, Séminaire "Prospective africaine", Quelles ressources pour le développement ? Besoin de financement et sources de financement, Paris, 12 octobre 2000. http://www.diplomatie.fr/cooperation/developp/prospafric/bleu/quelle_ress.htm . 22.02.02.

[17] Too often during the Cold War, aid allocations were driven by geopolitical aims rather than by poverty-reduction goals. Given to the diversity of motives, it is not surprising that some of this aid failed to have the direct effect of spurring growth and reducing poverty. Nicholas STERN, Ian GOLDIN & Halsey ROGERS dir.,The Role and Effectiveness of Development Assistance, Lessons from the World Bank Experience, A Research Paper from the Development Economics Vice Presidency of the World Bank, p. xi, Washington, The World Bank, Mars 2002. http://econ.worldbank.org/ – Sylvie BRUNEL, Vingt ans de lutte contre la faim : du volontarisme au principe de réalité, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000, p. 5, Paris, Puf, 1999. Sylvie Brunel est conseillère stratégique à Action contre la faim.

[18] Sylvie BRUNET, La naissance d'un humanitaire responsable, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 303.

[19] Sylvie BRUNEL, La naissance d'un humanitaire responsable…, p. 306.

[20] Sylvie Brunel écrit  : La seule chose qui soit morte, maintenant que l'humanitaire est entré dans sa maturité responsable , ce sont les illusions de sa jeunesse :
– illusion qu'il suffisait de débarquer quelque part auréolé de sa bonne volonté de secouriste pour être accueilli en bienfaiteur de l'humanité… et aussi pour être utile,
– illusion que les citoyens pouvaient à eux seuls améliorer le monde en se passant des Etats et des hommes politiques, bien évidemment "tous pourris" : au contraire, c'est par la force de l'engagement citoyen et son relais sur l'action politique que le mouvement associatif peut aboutir à des réformes durables,
– illusion enfin que la civilisation occidentale avait un modèle de progrès universel à proposer au reste du monde, se transformer en propagandiste acharné de techniques considérées comme amélioratrices de la qualité de vie suffisant dès lors à diffuser du développement
. Sylvie BRUNEL, La naissance d'un humanitaire responsable, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 306.

[21]Rapport mondial sur le développement humain 2001, Mettre les nouvelles technologies au service du développement humain, p. 190, New-York, PNUD - Paris & Bruxelles, De Boeck et Larcier, 2001.   http:// www.undp.org/hdr2001/french/ 16.02.02.

[22] Sur l'ensemble des vingt-deux pays du CAD de l'OCDE, la Suisse, le Luxembourg, l'Autriche, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal maintiennent ou accroissent leur aide en % du PNB.

[23] CAD - OCDE, Système de notification de la dette extérieure à la Banque mondiale et estimations des services de la Banque mondiale La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement, Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars 2002. - http://Inweb18.worldbank.org/news/…/  15.03.03.

[24] La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement, Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars 2002. - http://Inweb18.worldbank.org/news/…/  15.03.03.

[25] Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges, p. 153, Washington, American Council for The United Nations University, 2001.

[26] Coopération technique et aide au Développement, Séminaire "Prospective africaine", Les devenirs des Etats africains : des Etats débordés ? Paris, 12 octobre 2000. - http://www.diplomatie.fr/cooperation/developp/prospafric/bleu/devenir_etat.htm . 22.02.02.

[27] François GAULME, Afrique, Une aggravation sans précédent des conflits, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses),  p. 286, Paris, Ifri-Dunod, 1999.
François Gaulme est chargé de cours à l'Institut d'Etudes politiques de Paris.

[28] François GAULME, Afrique, Une aggravation sans précédent des conflits…, p. 286.

[29] Sylvie BRUNEL, Existe-t-il encore des famines "naturelles" ? dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 161-166.

[30] Pierre GALLIEN, La sécurité : une composante essentielle de l'action humanitaire, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 269-271.

[31] Rappelons qu'il faut approximativement six calories "végétales" pour produire une calorie "animale".

[32] Sylvie BRUNEL, Accroître les capacités productives de la planète : une nécessité, dans Géopolitique de la faim, Edition 2000…, p. 314.

[33] Philippe CHALMIN, Géopolitique des ressources naturelles : prospective 2020, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies (Ramses),  p. 98, Paris, Ifri-Dunod, 2000. Philippe Chalmin est conseiller économique chez EULER-SFAC.

[34] Alors que, en 1960, 80 % de la population du monde vivaient dans des pays où les disponibilités alimentaires étaient notoirement insuffisantes (moins de 2100 calories par jour et par personne), aujourd'hui, moins de 10 % de la population du monde se trouve dans le cas. Philippe COLLOMB, Quelle sécurité alimentaire pour les pays en développement en 2050 ?, dans Jérôme BINDE dir, Les clés du XXIème siècle…, p. 135. Philippe Collomb est ingénieur agronome, directeur exécutif du CICRED et a participé à la prospective globale de la FAO pour le Sommet mondial de l'alimentation (1996).

[35] Philippe COLLOMB, Quelle sécurité alimentaire pour les pays en développement en 2050…, p. 135.

[36] Sylvie BRUNEL, Accroître les capacités productives de la planète : une nécessité…, p. 315. Sylvie Brunel note que, selon Pierre Le Roy (Agriculture et alimentation mondiales : des raisons d'espérer ? Crédit mutuel, 1996),  la limitation de l'offre résultant de la politique européenne (terres mises en jachères) s'élèverait à 20 millions de tonnes par an, soit deux fois la totalité des importations alimentaires de toute l'Afrique subsaharienne !.

[37] Philippe CHALMIN, Géopolitique des ressources naturelles : prospective 2020…, p. 99. – 200 millions de malnourris vivent en Afrique où ils représentent 40 % de la population. 530 millions vivent en Asie du Sud, où ils représentent 20 % de la population.

[38] Luc MONTAIGNIER, De quoi souffrirons-nous au XXIème siècle ?, La science face aux maladies émergentes et réémergentes, dans Jérôme BINDE dir, Les clés du XXIème siècle…, p. 91-93.

[39] Coopération technique et aide au développement, Séminaire "Prospective africaine", Le devenir de la population et l'impact du Sida, Paris, 12 octobre 2000,
http://www.diplomatie.fr/cooperation/developp/prospafric/bleu/devenir_sida.htm . 22.02.02.

[40] Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p. 43.

[41] Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges…, p. 184.

[42] Georges DUCEL, Les nouveaux risques infectieux, dans Futuribles, novembre 1995, p.5-32.

[43] Howard HANDELMAN, The Challenge of Third World Development, Upper Saddle River (New Jersey), Prentice Hall , 2000. – Daniel COHEN, Richesse du monde, pauvretés des nations, p. 18-27, , Paris, Flammarion, 1997.

[44] Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, t. 1, …, p. 162.

[45] Adrien AKANNI-HONVO et Abel MAYEYENDA, Analyse empirique des déterminants de la famine en Afrique au Sud du Sahara, Intervention au 40ème congrès de la Société canadienne de Science économique, Montréal 17-18 mai 2000, p. 8. - http://www.crde.umontreal.ca/scse/ textes 21.03.02.

[46] Rapport L'OMC et les droits de l'Homme, FIDH, n°285, novembre 1999, p. 12. - http://www.fidh.ong/ecosoc/rapport/1999pdf/fr/novomc.pdf . 22.02.02.

[47] Gertrude MONGELLA, L'économie du futur en Afrique, dans Jérôme BINDE dir. , Les clés du XXIème siècle…, p. 484. Gertrude Mongella est ambassadrice de Tanzanie et ancienne secrétaire générale de la IVème Conférence des Nations Unies sur les Femmes à Pékin en 1995.

[48] Amadou Toumani TOURE, Prévention et résolution des conflits : les clés du futur, dans Jérôme BINDE dir., Les clés du XXIème siècle…, p. 478. Amadou Toumani Touré est ancien président du Mali.

[49] Lester R. BROWN, La faim dans le monde : un problème qui s'aggrave, dans Linda STARKE éd., L'état de la planète 2001,  p. 55-80, Paris, Worldwatch Institute- Economica, 2001.

[50] Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges…, p. 154.

[51] Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 24.

[52] Coopération technique et aide au Développement, Séminaire "Prospective africaine", Quelles ressources pour le développement ? Besoin de financement et sources de financement, Paris, 12 octobre 2000. - http://www.diplomatie.fr/cooperation/developp/prospafric/bleu/quelle_ress.htm . 22.02.02.

[53] Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p.23.  Note du PNUD : Cette analyse ne tient pas compte des pays de l'OCDE à revenu élevé. L'abréviation PMA renvoie aix pays les moins avancés.

[54] La plupart des pays ne pourront pas atteindre les objectifs fixés par les Nations Unies pour 2015, Note d'information du PNUD,  Mexico, 10 juillet 2001, p. 1. http://www.undp.org/hdr2001 . 31.01.01.

[55] Rapport mondial sur le développement humain 2001…, p. 25.

[56] La Banque mondiale prévoit une reprise mondiale de l'économie et fait appel aux pays riches d'augmenter l'aide au développement, Washington, The World Bank Group, Communiqué de presse, 13 mars 2002. - http://Inweb18.worldbank.org/news/…/  15.03.03.

[57] La Banque mondiale chiffre le coût de réalisation des "objectifs de développement pour le millénaire" à 40 à 60 milliards de dollars d'aide supplémentaire par an, Communiqué de presse , Washington, Banque mondiale, 20 février 2002. - http://1nweb18.worldbank.org/news/ … 21.03.02.

[58] Bertrand SCHNEIDER, La Révolution aux pieds nus, Rapport au Club de Rome, p. 12, Paris, Fayard, 1985.

[59]There will not be a good future for the rich if there is no prospect of a better future for the poor. This will not happen by itself. We need to work for it  Horst KöHLER, The IMF in a Changing World, Remarks given at the National Press Club, Washington DC, FMI, 7 août 2000, p. 2. - http://www.imf.org/external/np/speeches/2000/080700.htm

[60] Déclaration du Conseil et de la Commission sur la politique de développement de la Communauté, 10 novembre 2000, p. 2.
http://www.diplomatie.fr/cooperation/actual/declarcommiss1011.html . 22.03.03.

[61] Philippe HUGON, L'économie de l'Afrique, coll. Repères, Paris, La Découverte, 1999. – Philippe HUGON, Guy POURCET, Suzanne QUIERS-VALETTE, L'Afrique des incertitudes, p. 37-38, Paris, Puf, 1995.

[62] Adrien AKANNI-HONVO et Abel MAYEYENDA, Analyse empirique des déterminants de la famine en Afrique au Sud du Sahara…, p. 8.

[63] André-Yves PORTNOFF, Liberté et développement, A propos du livre d'Amartya Sen, Un nouveau modèle économique, Développement, justice, liberté, [Paris, Odile Jacobs, 2000] dans Futuribles, n° 258, Novembre 2000, p. 57 et 61.

[64]Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges, p. 81, Washington, American Council for The United Nations University, 2001.

[65] Jerome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2001 State of the Future, Global Challenges…, p. 81.

[66] Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p. 43.

[67] Daniel SALA-DIAKANDA, Dynamiques démographiques et sécurité alimentaire : quelle stratégie pour le XXIème siècle ? dans Jérôme BINDE, Les clés du XXIème siècle, p. 153-154.

[68] Philippe COLLOMB, op. cit., p. 147.

[69] Déclaration du Conseil et de la Commission sur la politique de développement de la Communauté, 10 novembre 2000, p. 2.
http://www.diplomatie.fr/cooperation/actual/declarcommiss1011.html . 22.03.03.

[70] Philippe HUGON et Olivier SUDRIE, Un bilan de la prospective africaine, vol. 1, p. 14, Paris, Ministère des Affaires étrangères, 2000.

[71] En Afrique subsaharienne, le taux d'alphabétisation des adultes a doublé en trente ans en passant de 27 à 55 % entre 1966 et 1996. Ivan URSINOV, Les défis de l'éducation, dans Hugues de JOUVENEL dir., L'an 2000, et après…, Futuribles, Hors série, Janvier 1999, p. 78-79.

[72] La Banque mondiale chiffre le coût de réalisation des "objectifs de développement pour le millénaire" à 40 à 60 milliards de dollars d'aide supplémentaire par an, Communiqué de presse , Washington, Banque mondiale, 20 février 2002. - http://1nweb18.worldbank.org/news/ … 21.03.02.

[73] Philippe HUGON, Prospective de l'Afrique subsaharienne…, p. 43.

[74] Déclaration du Conseil et de la Commission sur la politique de développement de la Communauté, 10 novembre 2000, p. 3

[75] Cité par Christopher FLAVIN, Planète riche, planète pauvre, dans Linda STARKE éd., L'Etat de la planète 2001…, p. 25. Herman Daly est professeur d'économie à l'Université du Maryland. – voir aussi Ethan B. KAPSTEIN, Does globalization have an ethical problem, dans Jean-Marc COICAUD et Daniel WARNER, Ethics and international affairs : Extent and limits,  p. 248-263, Tokyo - New-York - Paris, United Nations University, 2001.

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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