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La Wallonie à l'écoute de la prospective - Dix tendances lourdes pour une prospective territoriale à l'horizon 2020 Mission prospective Wallonie 21 - Index

4. Les déséquilibres aggravés de l'Humanité

4.1. L’accélération du vieillissement de la population mondiale.
par  Jean-François Potelle, Conseiller Pôle Citoyenneté
de
l'Institut Jules-Destrée

 

Le millénaire qui vient de s’écouler a vu la population mondiale être multipliée par vingt-deux, passant d’environ 270 millions d’individus en l’an mil à plus de six milliards en l’an deux mille. Cette progression extraordinaire ne s'est pour autant pas effectuée de manière continue. Après des siècles d'une stabilité malthusienne caractérisée par de forts niveaux de mortalité et de natalité, la transition démographique s'amorce en Europe à partir de 1700/1750 grâce à une baisse lente et irrégulière de la mortalité. Dans un deuxième temps, la forte diminution de la mortalité après 1820, alors que la fécondité restait élevée, a considérablement accéléré le processus, provoquant ce que divers auteurs ont appelé une "explosion blanche" qui explique la déferlante des émigrants et des colons européens sur le reste du monde au cours du XIXème siècle. A partir de 1950 environ, l'introduction massive des médicaments occidentaux dans les pays en voie de développement y a permis une diminution spectaculaire de la mortalité alors que la fécondité y restait incontrôlée. Depuis 1950, pratiquement la totalité de la croissance démographique mondiale (de 2,5 à 6 milliards d'êtres humains !) n'est due qu'au Tiers-Monde. En l’an mil, l’espérance de vie au niveau mondial se situait probablement autour de 24 ans, en 1820, elle était d’environ 26 ans avant de croître d’une manière sans précédent : 31 ans en 1900, 49 en 1950 et 66 ans en 1999 [1]. La croissance démographique et l'augmentation de l’espérance de vie de la population mondiale devraient se poursuivre dans les cinquante années à venir, quoiqu'à un rythme plus modéré.

La nouveauté "démographique" de la fin du second millénaire et du début du troisième, c’est le vieillissement de la population. Ce terme recouvre deux notions distinctes. Le vieillissement désigne d’abord un phénomène individuel, celui des incidences de l’âge, dans ses dimensions biologique et psychologique, depuis la naissance jusqu’à la mort. Il s’agit d’un processus dont les étapes sont difficiles à marquer. Les seuils retenus (l’âge de 60 ou de 65 ans) relèvent plus de repré­sentations sociales que d’une réalité physiologique qui évolue au gré des progrès de l’espérance de vie [2].

Pris sous l’angle de la population et non plus de l’individu, le vieillissement signifie l’augmentation de la part relative des personnes âgées (vieillissement au sommet) dans la population, en général associée à une réduction de la proportion de jeunes (vieillissement à la base). Cette dimension collective avait déjà été formalisée par Alfred Sauvy à la fin des années vingt [3], mais le baby boom – la reprise de la natalité après la Deuxième Guerre mondiale dans les pays occidentaux – avait fait mettre la question entre parenthèses jusque dans les années soixante-dix, période où la tendance à la baisse de la fécondité s’est généralisée.

Mission prospective Wallonie 21 - Index La population mondiale : entre croissance en baisse et vieillissement en hausse
Une croissance différenciée

La population mondiale, qui a atteint six milliards d’individus en 1999, continuera à croître au cours des cinq prochaines décades. D’après les dernières évaluations et prévisions de la Division de la Population des Nations Unies (Département des affaires économiques et sociales) [5], la population mondiale, qui croît actuellement à un rythme de 1,2 % par an (soit 77 millions d’individus, dont 50 % assurés par six pays seule­ment : Inde, Chine, Pakistan, Nigeria, Bangladesh, Indonésie) pourrait atteindre en 2050, suivant que l’on retienne l’hypothèse basse, moyenne ou haute, 7,9 milliards, 9,3 milliards ou 10,9 milliards d’individus [6].

Cette croissance, quoique ininterrompue depuis le début du XXème siècle, qui a vu passer la population mondiale de 1,6 milliard à 6,1 milliards (à raison de 80 % depuis 1950) connaît aujourd’hui un fléchissement. Si l’on retient la variante médiane de fécondité de 2,1 enfants par femme, la population mondiale devrait atteindre 7 milliards d’individus en 2012, 8 milliards en 2026 et 9 milliards en 2043. C’est la baisse de la fécondité – l’indice synthétique de fécondité mondiale a été ramené de 4,9 naissances par femmes à 2,7 naissances entre la période 1965-1970 et la période 2000-2005 – qui est à l’origine de cette diminution de croissance [7]

Étapes importantes pour la population mondiale

Population

Année

 

 

Effectif mondial atteint

1 milliard en

1804

2 milliards en

1927  (123 ans plus tard)

3 milliards en

1960  (33 ans plus tard)

4 milliards en

1974  (14 ans plus tard)

5 milliards en

1987  (13 ans plus tard)

6 milliards en

1999  (12 ans plus tard)

Effectif que la population mondiale pourrait atteindre

7 milliards en

2012  (13 ans plus tard)

8 milliards en

2026  (14 ans plus tard)

9 milliards en

2043  (17 ans plus tard)

 Source : Nations Unies (2001) [8]

Dans les cinquante prochaines années, la croissance démographique se localisera uniquement dans les pays en développement dont la population passerait de 4,9 milliards à 8,2 milliards à l’échéance de 2050 (hypothèse moyenne). Parmi ces pays, les 48 Etats les moins développés verraient leur population tripler (658 millions à 1,8 milliard). Par contre, la population des pays les plus développés se stabiliserait autour de 1,2 milliard, mais 39 de ces Etats connaîtraient une diminution de leur population à l’échéance 2050 (Japon et Allemagne : - 14 %, Italie et Hongrie : - 25 %, Fédération de Russie, Ukraine, Géorgie de –28 à –40 %). Alors que plus de 32% de la population mondiale vivaient dans ce que l’on appelle les pays développés en 1950, ce chiffre est tombé à moins de 20% en 2000 et ne devrait pas dépasser les 13% au milieu du XXIème siècle.

Un vieillissement généralisé…

Si, dans les prochaines décennies, certaines parties de la planète verront leur popu­lation continuer à croître tandis que d’autres subiront une diminution, toutes connaî­tront un vieillissement de leurs structures démographiques, résultat de la baisse de la fécondité et de l’allongement de l’espérance de vie.

Au niveau mondial, d’après les dernières prévisions des Nations Unies [9], le nombre des personnes de plus de 60 ans fera plus que tripler, passant de 606 millions à plus de 2 milliards d’ici cinquante ans. La croissance du nombre des plus de 80 ans sera plus forte encore, passant de 69 millions en l’an 2000 à 379 millions en 2050. Dans les pays développés, la part des 60 ans et plus grimpera de 20 % aujourd’hui à 33 % en 2050. Dans les pays les moins développés, cette même proportion des 60 ans et plus ira de 8 % en 2000 à 20 % en 2050. L’espérance de vie à la naissance quant à elle devrait progresser de 12 ans dans les pays les moins développés et de 7 ans dans les pays développés, évoluant respectivement de 63 à 75 ans et de 75 à 82 ans.

…mais différencié dans le temps et dans l’espace [11]

 Si l’accélération du vieillissement de la population constitue une tendance lourde, les diversités régionales n’en sont pas moins très grandes. Le caractère plus au moins accentué du vieillissement et son intensité sont largement déterminés par la structure des âges des populations, elle-même fonction de l’étape atteinte par les populations dans leur transition démographique. Ainsi on peut déterminer trois grands groupes de pays :

– à une extrémité, l’Europe, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, quelques pays asia­tiques ou latino-américains, en transition démographique avancée; on y trouve plus de 10% de personnes âgées (65 ans et +) et moins de 25 % de jeunes (- de 15 ans)
– à l’autre extrémité, une septantaine de pays, dont la moitié en Afrique qui n’ont encore connu que de faibles et récents changements au niveau de la fécondité; on y trouve encore plus de 40 % de jeunes et entre 3 et 5 % de personnes âgées;
– enfin, entre ces deux extrêmes, une quarantaine de pays, essentiellement d’Asie et d’Amérique latine, qui sont en phase de transition démographique plus ou moins avancée; on y trouve entre 22 et 35 % de jeunes et entre 3 et 10 % de personnes âgées.

Pour l’Europe dans son ensemble, c’est dès le troisième quart du XIXème siècle que la part relative des personnes âgées commence à augmenter : 5,2 % en 1870, 6,1 % en 1900, 7,3 % en 1940, 8,3 % en 1950, 11,9 % en 1970, 16 % aujourd’hui. Suivant les dernières prévisions des Nations Unies, elle devrait atteindre 21 % en 2020 et 28 % en 2050. Même au niveau européen, le vieillissement ne s’est pas effectué partout au même rythme, il a été fonction de la date de démarrage de la transition démo­graphique, qui a varié selon les pays et les régions. L’Europe du Sud – dont le vieillis­sement est plus tardif que celui de l’Europe du Nord – a rattrapé son retard et apparaît aujourd’hui comme la région la plus vieille d’Europe et du monde.

L’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle-Zélande restent jeunes (moins de 5 % de personnes âgées et plus de 30 % de moins de 20 ans) jusque vers 1925. Le vieillissement au sommet débute vers 1930, il reste lent puis s’accélère à partir de 1970.

Le Japon quant à lui a connu un vieillissement d’une rapidité exceptionnelle. Il compte 5 % de personnes âgées en 1950, 7 % en 1970, 9 % en 1980 et 17 % en 2000. La part des personnes âgées devrait atteindre 26 % en 2020 et 32 % en 2050.

Proportions de moins de 20 ans, proportions de plus de 65 ans et âges moyens dans dix régions du monde en 1975, 2000 et 2025 [12]

Grande région

% de moins de 20 ans

% de plus de 65 ans

Ages moyens

1975

2000

2025

1975

2000

2025

1975

2000

2025

Afrique du Nord

55

47

34

3,8

4,0

7,0

23,1

25,6

31,9

Afrique Sub-Sahara

55

54

46

3,1

3,3

3,7

22,7

22,8

24,6

Amérique centrale

57

45

33

3,7

4,5

8,4

22,1

26,1

32,9

Amérique du Sud

50

40

31

4,4

5,6

9,8

24,9

28,5

34,4

Asie de l’Est

47

32

24

4,7

7,7

14,2

26,0

32,6

39,6

Asie de l’Ouest

52

45

37

4,3

4,8

7,3

24,1

26,3

31,0

Asie Sud et Centre

52

43

32

3,6

4,6

8,0

23,7

27,0

33,3

Océanie

41

33

28

7,5

10,0

14,8

29,9

33,7

37,6

Amérique du Nord

35

28

24

10,3

12,5

19,0

33,1

36,7

40,8

Europe

32

24

20

11,4

14,7

21,0

34,6

38,9

43,8

Pays pauvres

55

53

45

3,1

3,1

4,0

22,5

23,0

26,3

Pays intermédiaires

41

41

31

4,0

5,4

9,4

24,4

28,4

34,4

Pays développés

33

25

21

10,7

14,4

20,9

34,0

38,6

43,1

Le monde

47

39

31

5,6

6,9

10,4

26,7

29,8

34,6

 Sources : Nations Unies, 1999

Sur le reste de la planète, il faut attendre les années 1970 pour assister aux premiers reculs, variables selon les régions, de la fécondité et de la mortalité qui vont créer une certaine diversification régionale des structures d’âge et du vieillissement qui va s’intensifier dans les prochaines décennies. L’Asie de l’Est se distingue par un fort vieillissement à la base qui se poursuivra jusqu’en 2025 et un vieillissement au sommet déjà visible en 2000 mais qui s’accentuera. En 2025, ses structures d’âge seront pratiquement celles de l’Europe en 2000. Dans le reste de l’Asie et en Amérique latine, le processus de vieillissement est engagé, mais sera moins brutal. Pour l’Afrique sub-saharienne, le processus est beaucoup plus lent. Le déclin de la fécondité est très récent et plus lent qu’ailleurs. D’ici 2025, la part des jeunes aura commencé à reculer, mais celle des vieux n’aura que peu augmenté. En Afrique, comme sur les autres continents, cette évolution sera loin d’être homogène. De plus l’incertitude quant au devenir démographique de cette région est plus grande qu’ailleurs [13] en raison du caractère récent de la baisse de la fécondité et de l’impact possible du SIDA sur la structure des âges.

Le vieillissement de la population mondiale constitue donc un fait de civilisation sans précédent. Ce "tremblement démographique" ou "nouvel ordre démographique inter­national" [14] se caractérisera dans les prochaines décennies par une augmentation spectaculaire du nombre de personnes âgées dans le monde et parmi celles-ci, la progression du nombre de personnes de plus de 80 ans sera particulièrement élevée. Les pays en développement seront ceux qui verront le nombre de personnes âgées augmenter de la manière la plus forte (61 % des personnes âgées vivent dans ces pays en 2000, ils seront plus de 70 % en 2025). Ces "vieux" sont et seront, en majorité, de vieilles femmes, car les femmes vivent plus longtemps que les hommes, et l'écart d'espérance de vie entre les deux sexes n'a cessé de se creuser au cours du XXème siècle. Le processus de transition démographique d’une société jeune à une société plus mûre est beaucoup plus rapide dans les pays en développement que cela n’a été le cas dans les pays développés. Il a fallu 115 ans à la France (1865-1980) pour que la proportion de la population âgée (65 ans et plus) passe de 7 à 14 %, le processus a pris 26 ans au Japon (1970-1996), il prendra 18 ans en Jamaïque (2015-2033) et 15 ans en Tunisie (2020-2035)[15]. Par ailleurs, si dans les  pays développés, c’est l’augmentation du nombre relatif des personnes âgées au sein de la population qui sera la plus importante et dont les conséquences seront les plus lourdes (financement de la sécurité sociale, pension), dans les pays en développement, c’est l’accrois­sement en chiffres absolus du nombre de personnes âgées et le taux d’accroissement qui seront prépondérants (pauvreté, santé, logement, etc.).

Mission prospective Wallonie 21 - Index Une prise de conscience récente

Si le début du vieillissement démographique des pays riches remonte à la fin du XIXème et aux premières décennies du XXème siècle, la prise de conscience de ce phénomène et les inquiétudes qu’il engendre ne datent, pour Peter Laslett [16], que du début des années 80, même si en France, avec le Rapport Laroque [17] et en Wallonie avec le Rapport Sauvy [18], par exemple, la problématique du vieillissement démogra­phique est à l’ordre du jour dès le début des années soixante.

C’est en 1982 que se tient à Vienne la Première Assemblée mondiale sur le vieillis­sement [19]. Y fut adopté un Plan d’action international sur le vieillissement, premier plan directeur pour la réflexion mondiale sur le vieillissement qui structure depuis vingt ans les politiques successives.  A l’intersection de l’action humanitaire et de l’action en faveur du développement, ce plan énumère soixante-deux recommandations regrou­pées dans sept domaines intéressants les personnes âgées : santé et alimentation; protection des consommateurs âgés; logement et environnement; famille; protection sociale; maintien du revenu et emploi; enseignement. La faiblesse de ce document, c’est que ses recommandations étaient surtout adaptées aux besoins et aux scénarios du monde développé dans lequel le vieillissement démographique était déjà une réalité. Aujourd’hui, l’accroissement spectaculaire du nombre de personnes âgées dans le monde et le vieillissement accéléré des populations des pays en dévelop­pement ont fait apparaître de nouveaux énoncés et de nouveaux concepts. Il a fallu attendre ces dernières années pour que le thème du vieillissement s’installe au cœur des débats et pour voir se multiplier initiatives et programmes faisant du vieillissement un axe d’intervention prioritaire. Le 16 décembre 1991 sont promulgués les Dix-huit Principes des Nations Unies pour les Personnes âgées (résolution 46/91) [20]. Le 16 octobre 1992 (résolution 47/5) [21], l’Assemblée générale adopte la Proclamation sur le vieillissement dans laquelle elle décide de célébrer en 1999 l’Année internationale des Personnes âgées, dont le thème sera "Une société pour tous les âges" (résolution 52/80).

Ces diverses initiatives prises sur la problématique du vieillissement, ainsi que d’autres programmes d’actions convenus à l’échelle mondiale lors de la dernière décennie [22], ont contribué à la formulation par les Nations Unies du cadre conceptuel de la "société pour tous les âges", dont les quatre grands axes sont : la situation des personnes âgées, l’épanouissement de l’individu tout au long de sa vie, les relations inter-générations, les liens entre le vieillissement de la population et le développement [23]. Ce cadre conceptuel de la société pour tous les âges interroge sur les moyens de mieux tirer profit du vieillissement de la population et de s’adapter à ses consé­quences. Les plans d’action initiés au niveau international, ont permis de se rendre compte que la situation des personnes âgées demeurait au cœur des préoccu­pations de nombreux pays, mais qu’il fallait élargir le champs de la réflexion pour donner plus de place aux perspectives à long terme, à la prévention des problèmes susceptibles de surgir tout au long de la vie, et à placer dans un contexte plus large les adaptations nécessaires à l’échelle des familles, des communautés et des pays. Une vision plus globale du vieillissement s’étendant sur toute la durée de la vie et à l’échelle de la société, est plus conforme à la réalité du XXIème siècle (ex. : apprentissage tout au long de la vie, mode de vie sain, souplesse dans le domaine professionnel, perfection­nement des compétences). Les initiatives visant à renforcer les liens entre les géné­rations apparaissent aussi comme indispensables pour les collectivités locales comme pour le tissu social dans son ensemble. Les compétences et les aspirations propres à chaque âge peuvent être modulées pour le plus grand bénéfice de chacun, des personnes âgées elles-mêmes, de leur famille et de leur communauté.

Les liens entre vieillissement de la population et développement constituent le dernier axe fondamental du cadre conceptuel de la "société pour tous les âges". La commu­nauté internationale devient particulièrement attentive aux incidences macro-écono­miques du vieillissement de la population sur divers secteurs comme les marchés du travail et du capital, les retraites, les prestations de services et les systèmes d’aide traditionnel pour mieux définir les orientations politiques futures, en tenant compte des effets des mutations technologiques et culturelles. Il s’agit de s’interroger sur la manière de mettre l’apport des personnes âgées au service des intérêts de la société  et contester l’argument selon lequel le vieillissement constitue un frein au dévelop­pement.

Mission prospective Wallonie 21 - Index La deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement

La deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, qui s’est tenues à Madrid du 8 au 12 avril 2002, s’était vue assigner une triple mission : examiner les résultats de la première assemblée, adopter un Plan d’action international sur le vieillissement révisé et un projet de stratégie intégré tenant compte des changements qui se sont produits depuis vingt ans, ainsi que des nouvelles questions politiques qui ont fait irruption dans le paysage social, culturel et économique mondial (progrès technologiques, mondia­lisation, effondrement de l’Union soviétique et des divisions est/ouest, diminution de la dimension de la famille nucléaire, multiplication des familles comptant quatre ou cinq générations, épidémie de sida, émergence du rôle des ONG, etc.).

Le Plan d’action révisé adopté à Madrid retient trois orientations priori­taires, elles-mêmes subdivisées en thématiques pour chacune desquelles objectifs et mesures à prendre sont définis. La première orientation, assurer le développement dans un monde vieillissant, s’articule autour de huit thèmes :

– participation active des personnes âgées à la société et au développement;
– emploi et vieillissement de la population active;
– développement rural, migration et urbanisation ;
– accès aux connaissances, à l’éducation et à la formation;
– solidarité entre générations;
– lutte contre la pauvreté;
– sécurité des revenus, protection sociale et prévention de la pauvreté;
– situations d’urgence.

La deuxième orientation, promotion de la santé et du bien-être des personnes âgées, retient six thèmes :

– promotion de la santé et du bien-être tout au long de la vie;
– accès universel et équitable aux services de santé;
– les personnes âgées et le sida;
– formation des personnels de santé;
– besoins des personnes âgées en matière de santé mentale;
– les personnes âgées et les handicaps.

La troisième orientation prioritaire, créer un environnement favorable et porteur, se concentre sur quatre thèmes :

– logement et cadre de vie;
– soins aux personnes âgées;
– mauvais traitement et violences;
– l’image que l’on donne des personnes âgées
[24].

La nécessité de penser le vieillissement progressif de la planète dans le contexte plus large du développement, en tenant compte du cycle complet de vie, et à l’échelle de la société est aujourd’hui reconnue comme l’est celle pour la communauté internationale d’établir un scénario porteur d’avenir qui fasse du vieillissement de la population une source de développement futur. Prendre acte des défis que doivent relever les pays en développement, les pays développés et les pays en transition dans un monde vieillis­sant permet une meilleure adéquation des politiques à promouvoir [25].

Dans les pays en développement où le nombre de personnes âgées est en rapide augmentation, c’est la pauvreté qui menace le plus la sécurité sociale et économique, dans la mesure où elle ne permet pas aux personnes âgées et à leurs familles de dépasser le stade de la satisfaction des besoins fondamentaux. Il s'agit donc de fournir aux personnes âgées les structures leur permettant de jouer un rôle utile et productif dans la société, de protéger et de renforcer la famille et la communauté, tout en mettant en place un système de garantie des moyens d’existence et d’appui pour ceux qui ne sont plus capables de se suffire à eux-mêmes. Pour ces pays, la question est posée de l’élargissement de la couverture des régimes de sécurité sociale – dont ne bénéficie qu’une fraction infime de la population. Il s'agit aussi d'éviter d'y reproduire les problèmes que connaissent les pays développés en la matière [26].

Dans les pays dits "en transition", soit essentiellement les pays d'Europe de l'Est, les person­nes âgées ont été les premières victimes de la refonte des programmes sociaux issus des réorientations économiques. Elles sont passées d’une situation de sécurité absolue à une insécurité totale du fait de la disparition des filets de sécurité sociale et des retards et/ou dévaluation des pensions de retraite. L’aggravation du chômage et du sous-emploi a par ailleurs empêché la solidarité familiale de jouer son rôle.

Dans les pays développés, la pauvreté des personnes âgées a pu être combattue par les régimes de pension et de sécurité sociale et les services de protection en faveur des plus défavorisés. Les personnes âgées y sont confrontées à un large éventail de problème : emploi, retraite, lutte contre l’isolement, incapacités physiques et mentales. Les familles doivent faire face au coût croissant des soins médicaux résultant de l’allongement de la vie, posant à la société et aux pouvoirs publics les questions de la réforme de la sécurité sociale, des régimes de retraite et des établissements de santé publique.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Le défi du vieillissement dans les sociétés occidentales

Si, au niveau de la communauté internationale, la problématique du vieillissement de la population est envisagée dans une perspective extrêmement large et transversale, lorsqu’elle est abordée à l’échelle des sociétés occidentales, la problématique se limite souvent à deux thèmes : les retraites et la dépendance. Josée Landrieu, dans le chapitre consacré à la question du vieillissement au sein de l’ouvrage Expertise, débat public : vers une intelligence collective [27], regrette l’appauvrissement du débat où sont régulièrement confondus vieillissement de l’individu, vieillissement démographique et vieillissement social. Selon cette prospectiviste française, les représentations données du vieillissement de l’individu – qu’il soit perçu comme un processus biologique et physiologique naturel ou comme un processus de dégradation de l’utilité sociale – ne tiennent jamais compte des jugements des personnes elles-mêmes, pour qui le vieillis­sement est aussi question de solitude, de manque de reconnaissance, de difficulté à s’impliquer dans un processus créatif. Le calcul du vieillissement démographique sur base d’indicateurs presque exclusivement du registre économique et non humain est biaisé, laissant croire que l’allongement de la durée de vie entraîne automatiquement un vieillissement démographique. Or cette association est contestable en raison du recul de l’âge biologique du vieillissement, des progrès de l'espérance de vie "en bonne santé". Pour Josée Landrieu, il résulte de cette confusion une représentation très pauvre du processus social du vieillissement réduit à trois dimensions, biologique, démographique et économique; l’humain et le politique disparaissant.

Il est indéniable que ce qui interpelle en priorité les sociétés occidentales, qu’elles soient européennes ou non, ce sont les conséquences économiques et sociales que peuvent avoir l’accroissement du nombre et de la proportion des personnes âgées :

‑ sur l’évolution des dépenses de retraite,
‑ sur l’évolution des dépenses de santé,
‑ sur l’évolution de l’épargne et la composition des patrimoines qui sont largement détenus par les personnes âgées et pourraient l’être davantage encore,
‑ sur la consommation des ménages, la demande, et par conséquent, sur la dynamique de croissance économique
[28].

L’avenir des systèmes de protection sociale

Depuis plusieurs années déjà, les instances internationales [29] ont attiré l’attention sur l’impasse dans laquelle le vieillissement démographique – défini comme l’augmentation de la proportion des personnes âgées dans la population totale – allait conduire les systèmes de protection sociale de bon nombre de pays occidentaux. La situation devient plus préoccupante à mesure que s’approche le moment où arrivera à l’âge de 60 ans la première des trente générations nombreuses du baby boom (2006) alors que les générations moins nombreuses du baby krack entreront dans le monde du travail.

Au niveau européen, par exemple, une étude réalisée pour la Commission euro­péenne, intitulée Le vieillissement démographique dans l’Union européenne [30], montre quel pourrait être l’effet propre – c’est-à-dire l’impact de la seule modification de la composition des âges, toutes choses étant égales par ailleurs – du vieillissement démographique, d’une part sur le financement des dépenses de santé, d’autre part sur les systèmes de retraite. Ainsi, si le vieillissement correspond au scénario central d’Eurostat, l’équilibre de la branche maladie ne pourrait être obtenu qu’en augmentant de moitié le taux de cotisation ou en réduisant d’un tiers le taux de remboursement (période 1995-2045). L’effet du vieillissement sur les systèmes de retraites serait plus important. Du seul fait du vieillissement, le rapport du nombre d’actifs au nombre de retraités devrait être approximativement divisé par deux au cours des cinquante années à venir. Cinq actions pourraient être combinées pour restaurer l’équilibre financier d’un système de retraite par répartition déficitaire :

– augmenter le taux de cotisation-vieillesse prélevée sur les actifs de manière à maintenir le parallélisme entre évolution des salaires nets moyens et l’évolution des retraites moyennes;
– diminuer le rapport entre la pension moyenne servie aux retraités et le salaire net perçu par les actifs, de manière que demeure inchangé le taux de cotisation vieillesse;
– faire en sorte que demeure constant le rapport entre le nombre d’actifs et celui de retraités, en relevant l’âge moyen de cessation d’activité;
– augmenter l’effectif de la population active grâce à l’élévation des taux d’activité à certains âges;
– recourir à l’immigration.

Espérance de vie à la naissance dans 34 pays 1950 - 2000 (en années)

Région / Pays

Vers 1950

2000

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

 

 

 

 

 

PAYS DEVELOPPES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Europe occidentale

 

 

 

 

Autriche

62,0

67,0

74,5

81,0

Belgique

62,1

67,4

74,5

81,3

Danemark

68,9

71,5

74,0

79,3

France

63,7

69,4

74,9

82,9

Allemagne

64,6

68,5

74,3

80,8

Norvège

70,3

73,8

75,7

81,8

Suède

69,9

72,6

77,0

82,4

Royaume Uni

66,2

71,1

75,0

80,5

 

 

 

 

 

Europe orientale et méridionale

 

 

 

 

Tchèquie

60,9

65,5

71,0

78,2

Grèce

63,4

66,7

75,9

81,2

Hongrie

59,3

63,4

67,0

76,1

Italie

63,7

67,2

75,9

82,4

Espagne

59,8

64,3

75,3

82,5

 

 

 

 

 

Autres

 

 

 

 

Australie

66,7

71,8

76,9

82,7

Japon

59,6

63,1

77,5

84,1

Etats-Unis

66,0

71,7

74,2

79,9

 

 

 

 

 

PAYS EN DEVELOPPEMENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Afrique

 

 

 

 

Egypte

41,2

43,6

61,3

65,5

Ghana

40,4

43,6

56,1

58,8

Mali

31,1

34,0

45,5

47,9

Afrique du Sud

44,0

46,0

50,4

51,8

Ouganda

38,5

41,6

42,2

43,7

Congo (Brazzaville)

37,5

40,6

44,5

50,5

 

 

 

 

 

Asie

 

 

 

 

Chine

39,3

42,3

69,6

73,3

Inde

39,4

38,0

61,9

63,1

Kazakhstan

51,6

61,9

57,7

68,9

Corée du Sud

46,0

49,0

70,8

78,5

Syrie

44,8

47,2

67,4

69,6

Thaïllande

45,0

49,1

65,3

72,0

 

 

 

 

 

Amérique latine

 

 

 

 

Argentine

60,4

65,1

71,7

78,6

Brésil

49,3

52,8

58,5

67,6

Costa Rica

56,0

58,6

73,3

78,5

Chili

57,8

61,3

72,4

79,2

Mexique

49,2

52,4

68,5

74,7

Venezuela

53,8

56,6

70,1

76,3

 Source : Kevin KINSELLA, Victoria VELKOFF, An Aging World 2001, U.S. Census Bureau, Series P95/01-1, p. 26,
U.S. Government Printing Office, Washington, DC, 2001.

Age de la retraite dans 24 pays (1995)

Pays

Masculin

Féminin

Age légal

Age observé

Age légal

Age observé

Australie

65

61,8

60

57,2

Autriche

65

58,6

60

56,5

Belgique

65

57,6

60

54,1

Canada

65

62,3

65

58,8

Danemark

67

62,7

67

59,4

Finlande

65

59,0

65

58,9

France

60

59,2

60

58,3

Allemagne

65

60,5

65

58,4

Grèce

62

62,3

57

60,3

Islande

67

69,5

67

66,0

Irlande

66

63,4

66

60,1

Italie

62

60,6

57

57,2

Japon

60

66,5

58

63,7

Luxembourg

65

58,4

65

55,4

Pays-Bas

65

58,8

65

55,3

Nouvelle-Zélande

62

62,0

62

58,6

Norvège

67

63,8

67

62,0

Portugal

65

63,6

62,5

60,8

Espagne

65

61,4

65

58,9

Suède

65

63,3

65

62,1

Suisse

65

64,6

62

60,6

Turquie

60

63,6

55

66,6

Royaume Uni

65

62,7

60

59,7

Etats-Unis

65

63,6

65

61,6

 Source : Kevin KINSELLA, Victoria VELKOFF, An Aging World 2001, U.S. Census Bureau, Series P95/01-1, p. 109,
U.S. Government Printing Office, Washington, DC, 2001.

Taux d'emploi 1990 - 2000 dans l'Union européenne
(Population en emploi civil sur population d'âge actif 15-64 ans)

 

1990

1996

1997

1998

1999

2000

Belgique

54,4

56,3

57,0

57,3

58,9

60,9

Danemark

75,4

74,0

75,4

75,3

76,5

76,4

France

59,9

59,2

58,8

59,4

59,8

61,1

Allemagne

64,1

64,3

63,8

64,7

65,4

66,3

Irlande

52,3

54,4

56,1

59,8

62,4

62,5

Italie

53,9

50,6

50,5

51,8

52,5

53,4

Pays-Bas

61,1

65,4

67,5

69,4

70,9

72,9

Norvège

73,1

75,3

77,0

78,3

78,0

77,8

Espagne

51,1

48,2

49,5

51,2

53,8

56,1

Suède

83,1

71,6

70,7

71,5

72,9

74,2

Royaume Uni

72,4

69,9

70,8

71,2

71,7

72,4

 Source : Perspectives de l'emploi de l'OCDE, 2001.

Le tableau suivant synthétise les ajustements à opérer en matière de retraites dans quelques pays européens pour compenser l’effet du vieillissement durant la période 1995-2045. Ainsi au niveau de l’Europe des Quinze, en retenant le scénario central d’Eurostat, il faudrait soit multiplier par 1,49 le taux de cotisation vieillesse, soit diminuer de 43 % les ressources nettes des retraités par rapport à celles des actifs, soit élever l’âge de la cessation d’activité de 9,9 ans, soit enfin, augmenter la taille de la population active de 75 % (élévation du taux d’activité ou immigration).

Ajustements à opérer en matière de retraites dans quelques pays européens
pour compenser l’effet du vieillissement durant la période 1995-2045
[31]

 

1ère action

2ème action

3ème action

4ème et 5ème actions

Pays

Coefficient multiplicateur du taux de la cotisation-vieillesse en 2045

Abaissement (%) des ressources nettes des retraités en 2045 par rapport à celles des actifs

Elévation entre 1995 et 2045 de l’âge de cessation d’activité (en années)

Augmentation (en %) de la taille de la population active

 

Compensant l’effet du vieillissement durant la période 1995-2045

Allemagne

1,49

42

10,6

73

Espagne

1,80

54

10,2

117

France

1,51

44

9,6

80

Irlande

1,96

54

10,7

118

Italie

1,49

45

11,3

81

Royaume-Uni

1,45

39

8,5

65

Suède

1,24

26

5,8

35

Union européenne

1,49

43

9,9

75

Source : Scénario central d’Eurostat

Les conclusions de cette étude menée au niveau européen ont le mérite de renseigner sur l’ampleur de la question et sur les mesures très radicales à adopter. Deux mesures retiennent plus particulièrement l’attention. L’élévation de l’âge de la retraite semble la plus efficace lorsque les retraites sont gérées par répartition, mais cette mesure nécessite que le marché de l’emploi soit favorable à un tel maintien de l’activité. L’autre mesure avancée consiste à adopter des systèmes de retraite plus ou moins fondés sur la capitalisation. La substitution d’un système à un autre apparaît pourtant comme un faux débat, les modes de financement par répartition et par capitalisation, étant plus complémentaires qu’opposés.

D’autres travaux ne se contentent pas de mesurer l’effet pur du vieillissement démographique (toutes choses égales par ailleurs), mais font varier une quantité de paramètres (taux de croissance, taux de chômage, taux d’intérêt, etc.), puis à partir d’une batterie d’hypothèses sur chacune de ces variables, procèdent à des simulations à l’aide de modèle macro-économiques. La France se distingue particulièrement par les recherches menées dans ce domaine. Les rapports Charpin [32], Teulade [33], Taddéi [34] ou d’autres études menées par le Conseil économique et social [35], s’ils s’accordent tous sur l’ampleur de l’enjeu et de la nécessité d’une réforme du système de retraite, diffèrent par l’ampleur et l’urgence des mesures qu’ils préconisent et qui sont fonction de l’optimisme plus ou moins grand à l’égard de la croissance écono­mique et de l’emploi [36].

La limite évidente de ces travaux d’essence prévisionnelle, c’est qu’ils supposent une reproduction à l’identique d’un système socio-économique de référence, faisant l’impasse sur les discontinuités et les ruptures qui pourraient intervenir [37]. Cette limite a été soulevée dans l'essai de prospective sur les retraites en France à l’horizon 2040 réalisé par  Futuribles [38]. Cette étude, menée à l’aide de la méthode des scénarios, intègre les facteurs de discontinuité et de rupture possibles, et présente six scénarios contrastés à l’horizon 2020 et cinq à l’horizon 2040. Elle montre combien le spectre des futurs possibles est ouvert, même à l’échéance de vingt ans, et comment le problème de la retraite se posera de manière d’autant plus aiguë que la croissance économique ne sera pas durable et que les réformes tarderont à être mises en place.

Les scénarios à l’horizon 2020 sont élaborés en croisant deux dimensions, celle des acteurs de la protection sociale, leur capacité et volonté de réforme eu égard à la plasticité du contexte socioculturel (au fil de l’eau, social-démocrate, libéral); celle du contexte économique plus ou moins favorable (expansion, stagnation). Ces six scéna­rios (les Trente Glorieuses revisitées, la guerre des âges, l’économie sociale de marché, la république des pauvres, la régulation marchande, la société à deux vitesses), sont ramenés à cinq macro-scénarios à l’horizon 2040 qui se veulent des sortes d’idéaux type, plutôt que des descriptions circonstanciées d’alternatives exclu­sives (le despotisme éclairé, le modèle britannique, le modèle américain, le modèle suédois, le communautarisme égalitaire).

De cet exercice de prospective, les auteurs ont retenu cinq chantiers majeurs (mettre en place un plan d’urgence, renforcer la flexibilité négociée, accroître l’équité, refonder le cycle de vie, préparer l’avenir à long terme) et sept enseignements majeurs :

– le vieillissement démographique pourrait être plus prononcé et plus brutal qu’on ne l’anticipe habituellement;
– le coût des retraites augmentera très fortement, leur financement sera d’autant plus problématique que la croissance économique ne sera pas nécessairement au rendez-vous; le plein emploi de la population d’âge actif paraît, à l’horizon 2020, improbable; la pratique très répandue des cessations anticipées d’activité profes­sionnelle ne saurait être radicalement renversée en quelques années; le surcoût lié à certains risques (retraite, santé) ne saurait être compensé par les économies réalisées sur d’autres risques (par exemple, la politique familiale), d’abord parce que les montants en cause ne sont pas de même ampleur, ensuite parce que les économies que l’on pourrait être tenté de faire sur certains postes se traduiraient par des hypothèques;
– la probable conjonction du sous-emploi et du vieillissement risque de mener à une faillite du système et/ou à une exacerbation des tensions entre catégories sociales ainsi qu’entre générations;
– plus de la moitié de la population active devra, à système socio-économique inchangé, être remplacée dans les vingt ans à venir;
– le risque de dépendance va s’ajouter au problème de financement des retraites lié au vieillissement démographique;
– les chocs seront d’autant plus violents que non anticipés. Les éléments de calendrier sont fondamentaux. Point ne suffit d’anticiper les évolutions si ces anticipations ne conduisent pas à l’adoption, en temps voulu, des mesures adaptées;
– la réduction des prestations risque d’être beaucoup plus brutale que prévue
[39].

Des visions plus optimistes

 A côté de ces perspectives et de ces prospectives, à juste titre alarmantes quant au financement futur de la protection sociale et qui en appellent à la prise rapide de mesures adaptées [40], certains auteurs développent une vision globale résolument optimiste, voir idyllique, face au vieillissement démographique.

Dans l’article Il sera une fois…la révolution grise. Jeux et enjeux autour d’une profonde mutation sociale [41], Michel Loriaux a synthétisé la liste des griefs de l’économie classique à l’égard d’une population vieillissante tels qu’ils ont été formulés par Jean-Claude Chesnais (corrélation entre déclin économique et déclin démographique, pénu­rie de ressources humaines, diminution du dynamisme collectif, diminution de la demande, ralentissement du rythme d’innovation, réduction de la solidarité inter-générationelle, réduction de la compétitivité, fléchissement de l’investissement, conservatisme politique…) [42] et leur a apporté un contre argument positif.

Plus récemment, le sociologue Robert Rochefort, directeur du Centre de Recherche pour l’Etude et l’observation des conditions de vie, dans son ouvrage Vive le Papy boom ! [43], développe tous les bienfaits que l’on peut attendre de l’arrivée à l’âge de soixante ans des générations nombreuses du baby boom. Il y conçoit le vieillissement non comme une menace mais comme une chance susceptible de déboucher sur de nouvelles solidarités. Pour lui, grâce au recul du seuil d’entrée dans la vieillesse, l’arrivée en masse des plus de 60 ans ne signifiera pas qu’il y a plus de personnes âgées dans la société, mais que se créera un groupe d’âge intermédiaire nouveau par son importance et son positionnement; la "senioritude". L’effet du vieillissement sur le financement des retraites débouchera sur le recul de l’âge effectif de départ à la retraite. La diminution du pouvoir d’achat des futurs retraités pourra être compensée par la généralisation d’une double pension dans les foyers, résultat de l’arrivée massive des femmes sur le marché de l’emploi ces trente dernières années. Le pouvoir d’achat global ne devrait donc pas en être trop affecté. La réforme du régime des retraites s’imposera aussi sur le plan sociétal. On ne peut imaginer une famille de quatre générations, dans laquelle une seule serait dans l’emploi. Il faut passer du schéma de référence actuel de la succession des générations à celui de cohabitation intergénérationnelle. Au niveau de la consommation, l’arrivée des papy boomers ne devrait pas provoquer de récession. En effet, la sous-consommation est principalement liée à un effet de génération et non à un effet d’âge. Robert Rochefort évoque encore les implications dans la vie associative. On pourrait imaginer un glissement progressif entre la vie active et la vie professionnelle (temps partiel activité/bénévolat avant la phase de retraite). Un seul point sombre au tableau : la concentration du capital économique dans les mains des plus âgés.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Conclusions : inventer de nouveaux rapports sociaux

Face au vieillissement, il convient d’établir des rapports sociétaux qui restent pour une grande part à inventer : quelle place pour la population active qui va devoir soutenir par son travail une part de la population de plus en plus grande et âgée ? Quelle place pour les personnes âgées qu’il est souhaitable d’intégrer dans le fonctionnement de nos sociétés comme une force et non comme un poids ? Comment utiliser l’expérience des aînés systématiquement reléguée une fois la pension arrivée ? Comment main­tenir les aînés en santé le plus longtemps possible ? Comment aider par des dispositions adéquates en matière de structure d’accueil ou autres, la décision des couples d’avoir des enfants ? [44]

Pour faire face à nos difficultés de financement de la protection sociale ou pour compenser les carences de main-d’œuvre, quelques pistes alternatives peuvent à ce stade être avancées en jouant sur une meilleure exploitation des réservoirs de main-d’œuvre nationale, notamment au niveau de la population féminine et de ses taux d’activité, en améliorant la formation professionnelle des chômeurs, en préparant mieux les jeunes à leurs carrières futures, en permettant aux aînés d’occuper des rôles productifs dans la société, que ce soit à travers une plus grande flexibilité des cycles de vie ou par l’exercice de secondes carrières et d’activités bénévoles dans les secteurs de l’économie sociale ou de la vie associative, qui contribuent de plus en plus au développement de nos sociétés [45].

Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] Angus MADDISON, L’économie mondiale : une perspective millénaire, p. 27-31, Etudes du Centre de Développement, Paris, OCDE, 2001.

[2] Patrice BOURDELAIS, L’Age de la vieillesse, Paris, Odile Jacob, 1993.

[3] Alfred SAUVY, Journal de la Société statistique de Paris, n° 12, décembre 1928, n°1, janvier 1929. Un recueil très complet des articles de Sauvy a été publié dans La vieillesse des nations, Paris, Gallimard, 2000.

[4] Population, environnement et développement. Rapport concis, Division de la Population, Département des Affaires économiques et sociales, Nations Unies, New-York, 2001, p. 7

[5] World Population Prospects, The 2000 Revision, Highlights, Population Divison, Departement of Economic and Social Affairs, United Nations, New-York, 2001.

[6] Jean-Claude CHESNAIS, Vers une récession démographique planétaire, dans Thierry DE MONTBRIAL et Pierre JACQUET dir., Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, p. 51-63, IFRI, Paris, Dunod, 1999.

[7] Population, environnement et développement. Rapport concis, …, p. 6-9.

[8] Population, environnement et développement. Rapport concis, …, p. 8.

[9] World Population Prospects, The 2000 Revision, Highlights, Population Divison, Departement of Economic and Social Affairs, United Nations, New-York, 2001.

[10] Kevin KINSELLA & Victor VILFOFF, An Aging World 2001, US Census Bureau, Series P95/01-01, p. 10, Washington, US Governement Office, 2001.

[11] Thierry EGGERICKX, Dominique TABUTIN, Le vieillissement démographique dans le monde, Historique, mécanismes et tendances, Document de travail n° 14,  Université catholique de Louvain,  Département des Sciences de la Population et du Développement, Novembre 2001.

[12] Thierry EGGERICKX, Dominique TABUTIN, Le vieillissement démographique dans le monde…, p. 17.

[13] Dominique TABUTIN, Les transitions démographiques en Afrique sub-sahariennes : spécificités, changements et … incertitudes, dans Actes du Congrès international de la population, Beijing, UIESP, vol. 1, p. 219-247.

[14] Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport du Secrétaire général, Commission du développement social constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars 2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2, p. 13.

[15] Quatrième opération d’examen et d’évaluation de l’application du Plan d’Action international sur le vieillissement, Nations Unies, Division des politiques sociales et du développement social, 14 mars 2000, http://www.un.org/esa/socdev/ageing/age4rfr2.htm .

[16] On commença à tenir vraiment compte du vieillissement vers 1980, lorsque les nouveaux progrès de l’espérance de vie résultèrent largement d’une réduction de la mortalité des personnes âgées. Ce fait était moins apparent au début du 20ème siècle, bien que l’augmentation de l’espérance de vie des personnes âgées ne fut pas négligeable. Dans les années 1950 et 1960; le baby-boom, en freinant le processus de vieillissement, en a retardé la prise de conscience, P. LASLETT, La lente émergence du troisième âge, dans J-P BARBET et J. DUPAQUIER dir., Histoire des populations de l’Europe, t. 3, Les temps incertains 1914-1998 , p. 262, Paris, 1999.

[17] P. LAROQUE (Prés.), Politique de la vieillesse, Paris, la Documentation française, 1962.

[18] Alfred SAUVY, Roland PRESSAT, Le problème de l’économie et de la population en Wallonie, dans Revue du Conseil économique wallon, janvier – avril 1962, n° 54-55, p. 2-51.

[19] Rapport de l’Assemblée mondiale sur le vieillissement, Vienne, 26 juillet – 6 août 1982, New-York, Nations Unies.

[20] Principes des Nations Unies destinés à permettre aux personnes âgées de mieux vivre les années gagnées, Nations Unies Division des politiques sociales et du développement social, 2 septembre 1998, - http://www.un.org/french/esa/socdev/iyop/friyoppo.htm .

[21] L’Assemblée générale décide de célébrer en 1999, en bénéficiant des ressources du budget-programme de l’exercice biennal 1998-1999 et de contributions volontaires, l’Année internationale des Personnes âgées, eu égard à la maturité démographique de l’humanité et à ce qu’on peut en attendre en matière d’attitudes et d’aptitudes plus responsables dans le domaine social, économique, culturel et spirituel, en particulier pour la paix mondiale et le développement au 21ème siècle., Nations Unies, Division des politiques sociales et du développement social, 2 septembre 1998, http://www.un.org/french/esa/socdev/iyop/iyoppoa.htm .

[22] La Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 1992, la Déclaration de Vienne et le Programme d’action de la Conférence mondiale sur les droits de l’homme en 1993, le Programme d’action de la Conférence sur la population et le Développement au Caire en 1995, la Déclaration et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social à Copenhague en 1995, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing de la quatrième conférence mondiale sur les femmes en 1995, le Programme pour l’Habitat et la Déclaration d’Istanbul sur les établissements humains de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissement humains en 1996.

[23] Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport du Secrétaire général, Commission du développement social constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars 2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2, p.22-23.

[24] Stratégie internationale sur le vieillissement pour 2002. Projet de texte présenté par le Président, Commission du développement social constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, Reprise de la Première session, New-York, 10 – 14 décembre 2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC.L.9.

[25] Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Rapport du Secrétaire général, Commission du développement social constituée en comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, Première session, New-York, 26 février-2 mars 2001, Conseil économique et social, Nations Unies, E/CN.5/2001/PC/2, p.24.

[26] Le Courrier de l’UNESCO de janvier 1999, intitulé Troisième âge : la nouvelle vague, consacre plusieurs articles au problème du défi du vieillissement dans le Tiers-Monde.

[27] Josée LANDRIEU, Avant-propos, dans Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURON, Josée LANDRIEU coord., Cerisy : Prospective (II) Expertise, débat public : vers une intelligence collective, p. 61-62, La Tour d'Aigues,  Editions de l’Aube, 2001.

[28] Hugues de JOUVENEL, Le vieillissement démographique français : un défi majeur, dans Cahiers de l’AURIF n°121, p. 55-67.

[29] Averting the Old Age Crisis : Policies to protect the old and promote growth, Banque mondiale, New-York, Oxford University Press, 1994.; Le vieillissement dans les pays de l’OCDE. Un défi fondamental pour la politique,  Paris, OCDE, 1997, Orazio P. ATTANASIO, Giovanni L. VIOLANTE, Pension reform and demographic trend : is funding the solution ?, dans Governance, equity and global markets (Proceedings of the Annual Bank Conference on Development Economics in Europe, June 21-23 1999), p. 303-315, Paris, La Documentation française, 2000.

[30] Gérard. CALOT, Jean-Claude CHESNAIS, Alain CONFESSON, Alain PARANT, Jean-Paul. SARDON, Le vieillissement démographique dans l’Union européenne à l’horizon 2050, dans Futuribles , Collection Travaux et Recherches de Prospective, n° 6, octobre 1997, Paris.

[31] Gérard CALOT, Jean-Paul SARDON, Vieillissement démographique et protection sociale, dans Futuribles, n° 244, juillet-août 1999, p. 34.

[32] Commissariat général au Plan, L’avenir de nos retraites, Paris, La Documentation française, 1999.

[33] Conseil économique et social, L’avenir des systèmes de retraite, avis présenté au nom de la section des Affaires sociales par M. René Teulade, 12 janvier 2000.

[34] Conseil d’Analyse économique (rapport réalisé par M. Dominique Taddéi), Pour des retraites choisies et progressives, Paris, La Documentation française, 2000)

[35] Conseil économique et social, Les perspectives socio-démographiques à l’horizon 2020-2040 (rapporteur Chantal Lebatard), Paris, Les Editions des journaux officiels, Avis et rapport du Conseil économique et social, 1999.

[36] Excepté le rapport Taddéi, ces travaux ont été présentés et analysés dans la revue Futuribles, pour le Rapport Charpin, Futuribles, n° 242, Mai 1999, p. 43-53; pour le Rapport Teulade, Futuribles, n° 252, avril 2000, p. 5-22; pour le rapport du Conseil économique et social, Futuribles, n° 250, février 2000, p. 23-34. Futuribles consacre régulièrement articles et numéros spéciaux à la problématique du vieillissement démographique et à ses implications sur la sécurité sociale. Pour la Belgique, le Bureau du Plan travaille sur ces problématiques et a organisé en décembre 1997 un colloque sur le thème du vieillissement démographique et du financement de la sécurité sociale, Vieillissement démographique et financement de la sécurité sociale : un défi soutenable ? Actes du Colloque organisé par le Bureau fédéral du Plan à Bruxelles, les 2 et 3 décembre 1997, Bruxelles, Bureau du Plan, 1999. Il faut signaler également la publication de nombreux Cahiers du CREPP (Centre de Recherche en Economie Publique et en Economie de la Population de l’Université de Liège) sur le sujet : Philippe COMPAGNIE, Financement des retraites belges : un essai de simulation (CREPP 96/09), André MASSON, Equité ou solidarité intergénérationnelle (CREPP 97/01), Pierre PESTIEAU, Philippe VAN PARIJS, Repenser (radicalement ?) la solidarité avec les plus âgés (CREPP 97/02), Pascal BELAN, Pierre PESTIEAU, Privatisation des systèmes de retraite : une évaluation critique (CREPP 97/06), Alain JOUSTEN, Pierre PESTIEAU, Sécurité sociale et départ à la retraite (CREPP 2000/02), Pierre PESTIEAU, Erik SCHOKKAERT, Frans SPINNEWYN, Bismarck contre Beveridge : l’efficacité et la durabilité politiques des systèmes de retraite (CREPP 2000/03), Françoise LANNOY, Barbara LIPSZYC, Le vieillissement en Belgique : données démographiques et implications économiques (CREPP 2000/04), Olivier PADDISON, Pierre PESTIEAU, Croissance et système de retraite dans une société duale (CREPP 2000/05), Pierre PESTIEAU, Longévité et activité (CREPP 2001/01), Raphaël DESMET, Sergio PERELMAN, Pierre PESTIEAU, Le revenu des personnes âgées : la fin de l’âge d’or ? (CREPP2001/09).

[37] Hugues de JOUVENEL, Le vieillissement démographique, dans Futuribles, n° 244, juillet-août 1999, p.4.

[38] Benjamin DELANNOY, Hugues de JOUVENEL, Alain PARANT, Les retraites en France à l’horizon 2040. Un essai de prospective, dans Futuribles, n° 268, octobre 2001, p. 5-28, Hugues de Jouvenel (sous la direction de), Un essai de prospective sur les retraites en France à l’horizon 2040, Futuribles international, Collection Travaux et recherches de prospective, Paris, 2001.

[39] Benjamin DELANNOY, Hugues de JOUVENEL, Alain PARANT, Les retraites en France à l’horizon 2040. Un essai de prospective, dans Futuribles, n° 268, octobre 2001, p. 26.

[40] Dans son ouvrage La dynamique de la retraite, Une menace pour l’Europe, Paris, Economica, 1997, Didier Pène montre que l’on ne peut comprendre la faiblesse de la croissance économique, le fonctionnement de l’économie internationale et des marchés financiers, la vie politique et même l’évolution de notre système de valeur, si l’on ne les analyse pas à travers le vieillissement démographique et sa conséquence, l’essor irrésistible de la retraite et des dépenses de santé. Pour lui, la résolution du problème de la société de la retraite repose sur un cocktail de mesures au dosage complexe : retraite par capitalisation, aménagement du temps de travail, immigration adéquate, reprise de la natalité,…

[41] Michel LORIAUX, Il sera une fois… la révolution grise. Jeux et enjeux autour d’une profonde mutation sociale, dans Populations âgées et révolution grise. Chaire Quetelet ’86, Institut de démographie, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, CIACO, 1990, p. 3-32.

[42] Jean-Claude CHESNAIS, Les conséquences des tendances actuelles de la fécondité dans les Etats-membres du Conseil de l’Europe, Comité d’experts sur les tendances de la fécondité, Strasbourg, Conseil de l’Europe, 1984.

[43] Robert ROCHEFORT, Vive le papy boom !, Paris,  Odile Jacob,  2000.

[44]  Voir le dosssier La question du vieillissement, dans Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON et Josée LANDRIEU, Expertise, débat public : vers une intelligence collective, Prospective d'un siècle à l'autre, II, p. 61-170, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2001.- Marc DEBUISSON, Thierry EGGERICKX, Michel POULAIN, Perspectives démographiques de la Wallonie 1995-2000, dans Tendances économiques, SES, MRW, n°12, avril 1997, p.16.

[45] Michel LORIAUX, Les enjeux démographiques des migrations vers l’Europe, Communication présentée au colloque international "Penser les migrations de demain vers l’Europe", organisé à l’ULB le 29 et 30 mars 2000, p.11-12.

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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