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La Wallonie à l'écoute de la prospective - Dix tendances lourdes pour une prospective territoriale à l'horizon 2020 Mission prospective Wallonie 21 - Index

2. L'accroissement de l'interdépendance

1.2. La recherche d'un nouveau Bretton Woods

par  Philippe Destatte, directeur de l'Institut Destrée

 

Le système monétaire, un chaudron du diable, précisait le directeur des Etudes économiques et financières de Paribas en 1985. Michel Develle n'en relevait pas moins que la prospective trouve dans les phénomènes monétaires et financiers interna–tionaux un terrain de choix bien que difficile car mouvant et incertain [1]. C'est ce que confirmait Pierre Jacquet en 1993, en considérant que réfléchir à l'avenir du système monétaire international est une tâche hautement spéculative. Il est en effet avant tout le reflet d'une époque, bien plus qu'une réflexion théorique rationnelle savamment orchestrée, le produit d'une évolution souvent perçue après-coup, plutôt que voulue et orientée, l'espace de réconciliation – et donc de conflit – entre des politiques macro-économiques élaborées de façon indépendante au niveau national, plutôt qu'un instrument de coordination de ces politiques [2]. Ainsi, le directeur adjoint de l'Institut français de Relations internationales (IFRI) considérait-il que seule une crise ou une rupture profonde pourrait remettre en cause le système monétaire international et le refondre dans sa totalité : aucun nouveau Bretton Woods n'est susceptible de conduire à un changement brutal de régime [3]. […] Un nouveau "Bretton Woods" à l'échelle mondiale paraît tout à fait prématuré tant que les principaux pays ne sont pas davantage prêts à partager la souveraineté économique et monétaire [4].

Chronologiquement plus proche de nous, Anton Brender, dénonce le contresens fondamental que constitue l'idée selon laquelle finance et croissance mondiale consti–tueraient deux approches contradictoire de l'économie.

Il faut se rappeler en effet que la finance a été, pour les économies nationales qui se sont développées au cours du dernier demi siècle, une des clefs de la croissance. Sans le développement des systèmes financiers, ce niveau de croissance n'aurait jamais été atteint. Et je crois qu'à l'échelle de l'économie mondiale, la finance sera encore, pour les prochaines décennies, l'une des clefs de la croissance ou, au contraire, de l'absence de croissance. Le défi qu'il nous faut relever collectivement, c'est celui de la construction d'un système financier international. Faute de quoi, il est à craindre que la croissance de l'économie mondiale sera bien inférieure au niveau qu'elle pourrait virtuellement atteindre.

Alors pourquoi y a-t-il encore un problème, même si l'on est d'accord sur ce contresens ? Tout simplement parce que la finance privée – on l'a peu à peu admis au niveau des économies nationales, mais on a beaucoup de mal à l'admettre au niveau de l'économie mondiale – est à elle seule incapable de constituer un système financier efficace. Je crois que le problème n'est pas de savoir s'il faut ou non de la finance : le monde a besoin de finance privée, c'est une des clefs de la croissance. Mais la finance privée est incapable seule, sans intervention complémentaire de l'autorité publique, de contribuer à la croissance, que ce soit au niveau national ou mondial. Il résulte de tout cela un problème de gouvernance qui peut être exprimé de la façon suivante : comment organiser l'intervention publique sans laquelle la finance privée est incapable de faire fonctionner un système financier international ? [5].

Mission prospective Wallonie 21 - Index Le système de Bretton Woods

Les Accords signés par 44 pays du monde à l'issue de la Conférence de Bretton Woods (New Hampshire), réunie en juillet 1944 à l'initiative du président Franklin D. Roosevelt, avaient comme objectifs de tenter de mettre fin à la désorganisation monétaire et financière née de la Seconde Guerre mondiale et d'éviter de nouvelles crises comme celle de 1929. Ces accords mettaient en place un système monétaire international fondé sur la parité de changes fixes pour tenter d'éviter les fluctuations monétaires de nature à déséquilibrer les marchés. Chaque pays s'engageant à assurer la convertibilité de sa monnaie et à défendre la parité de sa propre devise sur le marché des changes, les banques nationales avaient pour mission d'intervenir, par achat ou par vente de leur propre devise, pour limiter les fluctuations des taux de change de manière à ce qu'ils ne s'écartent pas de la parité officielle de plus ou de moins de 1%. Une exigence d'équilibre des balances de paiement avait été instaurée, de même qu'une limitation à 10% des dévaluations par rapport à la parité de la fin de la guerre, dévaluations désormais considérées comme des pis-aller exceptionnels. On avait également rétabli le système de 1922 du Gold Exchange Standard, permettant aux pays de créer de la monnaie sur la contre-valeur de leur stock d'or, de créances en monnaies nationales mais aussi en devises étrangères et ce particulièrement en dollars, qui est lié à l'or au taux fixe de 35 dollars l'once (valeur 1935). La fonction du Fonds monétaire international, institution supra-nationale créée par ces mêmes accords et alimentée par des paiements tarifés des pays membres, va consister à concéder – dans des limites précises – des droits de tirage à l'égard de tout pays dont les réserves de change sont insuffisantes mais qui est à même de se procurer la devise d'un autre pays dont il est débiteur. C'est dans ce cadre que sont également mis en place la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) qui deviendra la Banque mondiale et dans ce cadre encore qu'est conçu l'Accord général sur les Tarifs douaniers et le Commerce (GATT), dont la première négociation destinée à abolir les barrières douanières a été conclue en 1947 [6].

 L'expérience de la fuite des capitaux européens vers les Etats-Unis et vers la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale avait persuadé les artisans des accords de Bretton Woods, John Maynard Keynes et Harry Dexter White, que le contrôle du capital avait un rôle important à jouer dans l'avenir de l'économie internationale et que ce contrôle devait être exercé d'abord dans les pays bénéficiaires de cette fuite. Une forte opposition du lobby des banques américaines à ce principe avait abouti à ce que les articles de l'accord du Fonds monétaire international (Article 8-2b) permettent simplement la coopération interna­tionale en matière de mouvements de capitaux et n'en fasse pas une exigence [8]. Après la guerre et dans le cadre du Plan Marshall, le gouvernement américain a accepté de donner des renseignements aux pays européens sur les capitaux entrés aux USA pendant le conflit mais pas sur l'énorme fuite de capitaux dont l'Europe a été victime après la guerre.

Le système de Bretton Woods a pu répondre aux besoins du commerce mondial pendant vingt-cinq ans grâce à une balance de paiement américaine en déficit constant. Les Etats s'occupaient du contrôle de leur monnaie et de leur crédit. Le FMI assurait la convertibilité des monnaies et accordait, avec la Banque mondiale, des aides et des prêts aux pays en difficultés qui ne pouvaient en obtenir sur le marché international. On peut considérer, avec Barry Eichengreen et Peter B. Kenen, que trois facteurs ont donné la fois la force et la souplesse nécessaires aux institutions nées de Bretton Woods :

– la capacité et la volonté des Etats-Unis d'octroyer ou d'interdire des financements pour gagner l'appui ou le soutien de différents pays, notamment dans le cadre de la Guerre froide;
– la limitation du nombre des pays industrialisés inclus dans le système financier, très en retrait par rapport au nombre initial des signataires des accords;
– le repli des pays d'après-guerre par rapport à l'importance des échanges dans les années vingt, qui a fait privilégier les politiques intérieures de plein emploi
[9].

La pression sur le dollar, dans le contexte du "bourbier vietnamien" dans lequel l'armée et la diplomatie américaines étaient empêtrées, a poussé le gouvernement des Etats-Unis à supprimer la convertibilité de sa monnaie en or, le 15 août 1971, et à dévaluer le dollar. Cette opération s'est déroulée dans un premier temps le 18 décembre de la même année (passage officiel à 38 dollars l'once d'or), puis, dans un second temps, en février 1973. Comme l'ont justement fait remarquer Jacques Lesourne et Michel Godet, voici plus de quinze ans, ces événements n'ont pas ouvert la voie à la crise des années soixante-dix. En fait, les ruptures monétaires ont constitué non la cause mais la conséquence des déséquilibres géo-économiques qui se sont accumulés pendant la croissance – et notamment, parmi ces déséquilibres, le déclin relatif de l'économie américaine par rapport à ses concurrentes japonaise et allemande [10].

Ce sont les accords de la Jamaïque qui, en janvier 1976, ont officiellement supprimé les règles formelles de Bretton Woods, par un amendement à l'article 4 des dits Accords. Le régime des taux de change fixe et donc le système de Bretton Woods avaient vécu. Les mouvements de capitaux ont été libéralisés, chaque banque centrale a joué selon sa propre dynamique, mais avec une interdépendance de plus en plus vive, tandis que la gouvernance de l'économie mondiale était laissée au Fonds monétaire international : ce dernier  voyait sa mission et ses moyens s'accroître alors qu'il était, en fait, peu armé pour y faire face et que les événements de 1971 lui avait enlevé sa principale raison d'être [11].

Un Consensus de Washington [12] – marqué par un retour des Etats-Unis à l'avant-plan – va se construire dans les années 1980 autour du FMI, de la Banque mondiale et du Trésor américain, consensus que John Williamson, économiste à l'Institute for International Economics, a décrit sous la forme de dix commandements :

– la discipline budgétaire doit lutter contre les déficits, sources d'inflation et de fuites de capitaux;
– la réforme fiscale doit viser la taxation la plus large et la moins désincitative (large assiette et taux marginaux modérés);
– les taux monétaires doivent être rémunérateurs en termes réels;
– les taux de change doivent être compétitifs pour permettre d'accumuler des excédents com­merciaux;
– les échanges doivent être libéralisés, ce qui suppose un abaissement des barrières tari­faires;
– l'attractivité d'un territoire doit être améliorée pour permettre les flux directs d'investissement;
– il n'est d'entreprise bien gérée que privée;
– les subventions aux activités improductives doivent être éliminées ou réduites au minimum, au profit des missions éducatives, sanitaires et sociales des Etats;
– l'excès de réglementation paralyse l'initiative économique et crée une situation inégalitaire entre ceux qui accèdent aux cercles du pouvoir et ceux qui ne peuvent y prétendre;
– la défense et la promotion des droits de propriété sont fondamentaux : un cadre légal médiocre, des juridictions inefficaces peuvent avoir un effet désincitatif sur la création de richesse 
[13].

 

Figure 2.1.2.

Le "Consensus de Washington", vu par The Economist [14]

Mission prospective Wallonie 21 - Index Les vulnérabilités d'une non-régulation dans un non-système

Directeur général de McKinsey France, Yann Duchesne a identifié cinq grandes discontinuités à l'origine de l'élargissement spectaculaire du marché mondial depuis les années 1980 au point que, aujourd'hui, environ 20 % du Produit national brut mondial y sont générés et consommés. Ces tendances sont les suivantes :

– la déréglementation des marchés, faisant passer la moyenne mondiale des tarifs douaniers de 40 % (Geneva Round) à 3 % (Uruguay Round) et les privatisations;
– l'adoption de protocoles standard dans le domaine technologique ‑ avec le développement accéléré du numérique ‑ et de normes universelles;
– la disponibilité et la mobilité croissantes du capital;
– la baisse rapide des coûts de transport;
– la chute spectaculaire des coûts d'interaction, coûts encourus pour favoriser le travail en commun des personnes et des entreprises en vue d'échanger des biens et des services, par exemple la recherche d'information sur les clients de marchés étrangers, etc.
[15].

Il convient d'ajouter les données géopolitiques que constituent la chute du Mur de Berlin, la transition de la Russie et des Pays d'Europe centrale et orientale vers l'économie de marché, ainsi que la progressive réouverture de la Chine.

On sait avec Elie Cohen que les transactions financières ont connu une croissance explosive, sans commune mesure avec le taux de croissance des échanges réels ni avec celui du PIB mondial. Le prospectiviste et chercheur au CNRS a donné des indications précises sur les ordres de grandeur en jeux, effets de la titrisation et de la désintermédiation, notamment les affolantes données sur les investissements étran­gers des fonds de placement américains ainsi que les actifs gérés par les investisseurs institutionnels du G-7 [16]

Ces ordres de grandeur expriment une vérité : aujourd'hui, tout mouvement dans la sphère financière a des effets immédiats dans la sphère réelle (effets sur la consommation, sur la croissance des pays émergents, sur les flux d'investis­sements, voire sur les retraites), ce qui n'était pas le cas jusqu'au milieu des années soixante-dix où l'économie réelle et la sphère financière étaient relativement autonomes [17].

Durant les années quatre-vingt dix, ce système ‑ que Anton Brender qualifie avec Claude Lévi-Strauss de bricolage ‑, a permis de soutenir la croissance mondiale, malgré des soubresauts coûteux :

Autrement dit, ce système fonctionne mais avec une très grande instabilité, et cela parce qu'il résulte d'un bricolage. La différence entre ce que fait le bricoleur et ce que fait l'ingénieur, c'est que pour ce dernier, il existe un projet en fonction duquel sont conçus  des matériaux susceptibles de résister aux différentes tensions auxquelles le système est soumis. En revanche, quand on bricole, on utilise ce qu'on a sous la main et on ne se pose pas trop la question de savoir à quel type de pression tout cela pourra résister. On espère que cela résistera. C'est le cas tant qu'il n'y a pas de choc très violent, mais, parfois, des chocs violents se produisent, et le système saute [18].

Ce sont ces chocs que la fin des années 1990 nous a réservés. Au delà des fortes turbulences régulières du marché des changes, on constate une accélération du rythme des crises, une augmentation de leur vitesse de transmission et une contami­nation de marchés apparemment disjoints, malgré les mesures préventives adoptées par le G-7 et le FMI pour résoudre ces crises [19] : crise mexicaine (1995) – la première crise financière du XXIème siècle [20] –, crise thaïlandaise (1997), crise russe (1998), crise du fonds d'arbitrage LTCM (Long Term Capital Management, 1998). C'est ce que l'ancien directeur général du FMI appelait les spasmes d'une laborieuse transition du monde vers son unité économique et financière, la mondialisation [21]. Michel Camdessus arrivait donc à ce constat :

Autant dire qu'il y a une vulnérabilité qui appelle un renforcement du système financier, puisque nous savons maintenant qu'une crise financière, née presque n'importe où, peut se répandre comme une traînée de poudre [22] .

Le FMI a pris un profil plus bas après ces crises. La problématique de d'équilibre et de sécurité des marché est revenue à l'avant-scène : il fallait retrouver une nouvelle régulation, telle que celle que l'on avait connue dans le système de Bretton Woods. Ce changement de discours a également remis en cause l'idée d'irréversibilité de la croissance financière et de la capacité des Etats à légiférer en cette matière, en ce comprise l'idée de taxe – grains de sable – lancée par l'économiste américain James Tobin en 1978 [23]. Pour celui qui est devenu Prix Nobel d'économie en 1981, cette taxe comprise entre 0,1 et 0,3 % serait appliquée à toute transaction étrangère afin de réduire la spéculation monétaire. Les accords de Bâle de 1988 [24], et ceux en préparation pour élaborer un Bâle II [25] , tout comme l'ensemble des efforts de mise en place d'un système contre le blanchissement d'argent (estimé à 500 milliards de $ par an), tout comme la Convention de Vienne contre les transactions illicites [26], ou encore les multiples initiatives prises notamment par le G7 (qui a créé le Financial Action Task Force "FATF" en 1989), par le Conseil de l'Europe, par l'Union européenne et par la Banque mondiale, tous ces éléments servent de base, voire de modèle à une régle­mentation globale du système financier.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Vers une nouvelle architecture financière internationale

 Elie Cohen a bien montré, en s'appuyant sur huit conclusions de l'économiste Alan Blinder ‑ par ailleurs ancien vice-président du Conseil d'Administration de la Réserve fédérale américaine [27],‑, et portant sur les crises des années 1990, combien les institutions de Bretton Woods ont mal vieilli, combien elles ont mal intégré les effets des politiques qu'elles préconisaient pour les pays émergents, en donnant des pistes pour les réformes nécessaire [28]. Ainsi, c'est tout le système du Consensus de Washington qui a été critiqué et dénoncé car il reposait notamment – selon ses détrac­teurs – sur une analyse erronée des ressorts de la croissance des pays modèles d'Asie de l'Est, parce qu'il imposait un coût inacceptable aux couches sociales les plus défavorisées et parce qu'il méconnaissait les dimensions institutionnelles des pays sur lesquels il portait son attention [29]. Comme l'indique Alan S. Blinder dans son article sous-titré Back to Bretton Woods, quand un si grand nombre de voitures sortent de la route, vous commencez à vous demander si ce n'est pas la chaussée elle-même qui a un problème [30].

Ainsi, à partir du début des années quatre-vingt-dix, un certain nombre d'experts ont émis l'idée d'un retour à une stabilité en faisant explicitement référence au système de Bretton Woods. En 1992, Paul A. Volcker – ancien président du Conseil des Gouver­neurs de la Réserve fédérale et professeur à Princeton – plaidait en ce sens, tout en estimant que le monde ne serait pas prêt de s'engager sur cette voie avant long­temps [31]. Le cinquantième anniversaire des accords de Bretton Woods a constitué l'opportunité d'un rappel de l'importance de la régulation financière et monétaire internationale. Ainsi, l'Institute for International Economics a organisé une conférence prospective à Washington sous le titre de Managing the World Economy, Fifty Years after Bretton Woods [32]. L'occasion était donnée à un panel d'experts de tirer l'expérience de l'après-guerre, constitué d'une vingtaine d'années de coordination des politiques monétaires et d'une vingtaine d'années de flexibilité et d'instabilité moné­taires. La question était ainsi posée de savoir s'il est désirable pour l'économie mondiale de disposer de règles du jeu approuvées collectivement pour résoudre les problèmes d'engagement et de coordination ou s'il est suffisant d'autoriser des taux de change pour réconcilier des partenaires déstructurés [33]. John Williamson estimait que, s'il fallait dessiner un nouveau régime monétaire et financier, il ne faisait pas de doute que l'expérience démontrait que le système de Bretton Woods constituait la référence en termes de qualité de fonctionnement, en tous cas pour ce qui concerne son âge d'or, de 1959 à 1968. Williamson relevait que quatre facteurs majeurs de ce succès étaient probablement exogènes :

– les occasions pour l'Europe et le Japon de rattraper la croissance ;
– la possibilité d'exploiter facilement le premier niveau de substitution des importations dans les pays en développement;
– l'héritage des faibles taux d'inflation;
– le leadership des Etats-Unis;
– l'absence de grand choc
[34].

Ainsi, Williamson concluait que le non-système des vingt dernières années n'avait pas été couronné de succès mais que cette période avait permis d'apprendre beaucoup sur la manière de construire un meilleur système, tout comme les Nations Unies avaient jadis appris de l'expérience de la Société des Nations [35] .

Cette même année 1994, une quarantaine d'experts se sont réunis à titre privé sous la présidence de Paul A. Volcker et l'intitulé de Bretton Woods Commission, pour ouvrir une réflexion à ce sujet [36]. De même, sous l'égide du Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII), Michel Aglietta indiquait que les boulever­sements économiques et financiers qui ont marqué le dernier quart de siècle ne pourront pas apporter un bien-être supérieur aux populations du monde, s'il n'y a pas d'ordre monétaire international pour prévenir les crises et pour régler les indispen­sables transferts de ressources [37].

Un consensus international sur la question d'un nouveau régime monétaire interna­tional est assurément difficile à trouver [38]. On pourrait en préciser le besoin en disant que le système économique mondial n'est pas encore doté d'un cerveau qui soit à la mesure des interdépendances commerciales et financières dont on a essayé de promouvoir le développement [39]. La fin des années quatre-vingt dix a donc vu se multiplier les initiatives pour appeler les institutions financières internationales à se réformer. Ainsi, une conférence internationale s'est réunie à Genève en mai 1999 et a débouché sur un premier rapport sur l'économie mondiale appelant le FMI à se réformer pour faire face de manière plus efficace aux crises financières [40]. C'est probablement animé du même constat et de la même volonté que le Sommet du G7-G8, réuni en juin 1999 à Cologne, a créé une dynamique de Nouvelle Architecture financière internationale (NIFA) articulée autour du Forum de Stabilité financière (FSF) [41] et du Groupe des Vingt (G20), mis en place en septembre de la même année. Ce G20 est composé des pays du G7-G8 auxquels ont été ajoutés les repré­sentants de l'Union européenne, de l'Argentine, de l'Australie, du Brésil, de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie, du Mexique, de l'Arabie saoudite, de l'Afrique du Sud, de la Corée du Sud et de la Turquie. L'objectif consiste à établir un nouveau mécanisme de dialogue non formel dans le cadre du système des institutions de Bretton Woods, d'élargir les discussions sur les principaux enjeux économiques et financiers entre les économies importantes du point de vue institutionnel et de favoriser la collaboration en vue d'atteindre une croissance économique mondiale stable et durable, qui profite à tous [42] . Il s'agit donc d'assurer un marché plus ouvert, plus stable et plus transparent [43]. Au lendemain de cette rencontre, lors du colloque organisé par le Centre d'Analyse économique (CAE) et la Banque mondiale à Paris les 21 et 23 juin 1999, le ministre français de l'Economie avait souligné la volonté de la France de voir les institutions de Bretton Woods se maintenir au centre du dispositif des accords internationaux, dans la mesure où ces institutions constituent l'expression organisée d'une solidarité inter­nationale [44].

Depuis septembre 1999 ‑ notamment dans le cadre des situations observées en Russie et au Nigéria ‑, des amendements et des propositions de loi ont été introduits au Congrès américain (Sénat et Chambre des Représentants), destinés à étendre la définition du blanchiment d'argent et à y assimiler la fraude commise à l'égard d'un gouvernement étranger, tout comme le détournement de moyens attribués par des institutions internationales comme le FMI [45]. Les Etats-Unis sont au premier rang de cet effort. Edith Weiner soulignait, à la World Future Society Conference de Houston, que la finance mondiale s'américanisait, ce qui, disait-elle, était une bonne chose compte tenu de la transparence et de l'honnêteté des professionnels américains de la finance [46]. Le professeur Eric Helleiner de l'Université de Trent (Canada) confirme que dans la plupart des instances, les Etats-Unis utilisent leur position dominante au sein du système financier international pour inciter les Etats à travailler ensemble pour réglementer la finance internationale [47]. Ainsi, le leadership américain s'est avéré crucial dans l'organisation d'une coopération et d'une coordination dans le cadre de la finance globale, particulièrement au travers de la dynamique de lutte contre la drogue dont les Etats-Unis ont fait une question de sécurité nationale. Ils ont donc induit une dynamique d'établissement de normes sur les marchés nationaux. La prise de telles initiatives est moins difficile qu'il n'y paraît. Eric Helleiner rappelle que la volatilité du capital s'est accrue avec la globalisation, d'autant que les citoyens de nombreux pays parmi les plus pauvres ont pu placer leur argent à l'étranger de plus en plus facilement. Ainsi, pendant la période de crise internationale de la dette des années quatre-vingt, les avoirs à l'étranger des citoyens de nombreux pays sud-américains notamment étaient quasi plus importants que la dette extérieure officielle du pays en crise [48].

En 2000, le FMI a fait l'objet de débats et de critiques au sein des plus hautes instan­ces législatives américaines, notamment sur la capacité de l'institution à appréhender les crises financières de la fin des années quatre-vingt dix. Le Rapport du professeur Allan H. Meltzer, de la Carnegie Mellon University, commandé par la Congrès américain, a confirmé que la réforme des institutions multilatérale était à l'ordre du jour et qu'elle aurait à modifier profondément de nombreux méca­nismes de la gouvernance financière mondiale [49]. Ce rapport, co-signé par l'économiste de Harvard Jeffrey Sachs, pointe du doigt les disfonction­nements du FMI et souhaite limiter le rôle de cette institution, d'une part, à la prévention des crises systémiques et, d'autre part, à une intervention à l'égard des pays qui sont localement atteints, sans toutefois assumer un rôle de banquier mondial [50].

Le FMI semble lui-même conscient de la nécessité de réformer sa maison. Ainsi, trois mois après sa prise de fonction comme directeur exécutif, Horst Köhler estimait que les appels au changement étaient justifiés, non seulement parce que l'environnement dans lequel se meut le Fonds a subi des changements radicaux – notamment le formidable accroissement du volume des échanges financiers, porteur de volatilité et donc aussi de crises –, mais aussi parce que le Fonds a commis des erreurs. En particulier, le Fonds n'a pas été suffisamment attentif aux mutations à l'intérieur des marchés financiers globaux et à leurs répercussions sur le système des taux de change et sur les secteurs financiers nationaux [51]. Pour Horst Köhler, le FMI doit assurer ses deux rôles majeurs, d'une part, de prévention des crises au travers de sa veille et de ses conseils et, d'autre part, la gestion des crises en ce compris ses prêts catalytiques. Ainsi, pour son nouveau directeur, le FMI devrait se positionner naturellement au centre de la discussion sur le renforcement de l'architecture financière globale, sans pour autant que le FMI ne devienne une sorte de super-puissance régulatrice [52].

C'est aussi le type de conclusion que tirent Michel Aglietta et Sandra Moatti à l'issue de leur importante étude consacrée au Fonds monétaire international :

Au terme de cette réflexion prospective, il apparaît que le dilemme prudentiel provoqué par la globalisation financière peut être surmonté par une internationa­lisation des dispositifs de gestion de crise d'une part, de supervision d'autre part. Ce processus sera évolutif, sous l'effet des forces du marché et de celles qui redessinent la configuration des pouvoirs politiques dans le monde. Il n'y aura probablement pas de nouvelle conférence internationale sur le modèle de Bretton Woods. Pour assumer le rôle monétaire que ses fondateurs lui confièrent et qu'il n'a jamais véritablement rempli, le Fonds monétaire international doit être doté d'une direction politique pourvue de capacités d'action et reflétant l'intérêt commun de ses membres à dominer les crises globales [53].

Les réunions des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays du G20, à nouveau réunis, d'une part, en octobre 2000 à Montréal et, d'autre part, en novembre 2001 à Ottawa, ont montré que la volonté manifestée à Berlin en 1999 de promouvoir l'adoption de codes et de normes internationaux pour favoriser la transpa­rence et une régulation du secteur financier restait entière. Les événements du 11 septembre 2001 ont d'ailleurs accru la collaboration des pays du G20 dans le domaine de la répression du financement du terrorisme et de la criminalité transnationale orga­nisée [54].

Mission prospective Wallonie 21 - Index Conclusion : le poids de l'Europe

Ancien administrateur principal à l'OCDE et professeur au Humphrey Institute of Public Affairs (Université du Minnesota), Ethan Kapstein a relevé quatre caractéristiques du système économique actuel, qu'il considère en faillite :

– la mobilité du capital a conféré aux flux monétaires un pouvoir extraordinaire sur l'évolution de l'économie réelle et des politiques économiques – dans leurs volets fiscal et monétaire. La finance s'en est trouvée projetée au cœur de l'économie mon­diale : la course à la réduction des coûts, pour reprendre les termes de Bill Clinton, permet d'attirer les investissements.
– le travail ne jouit pas d'une mobilité comparable au capital. Le terme de "mondia­lisation" désigne avant tout l'absence d'entraves aux flux financiers ; le travail, également soumis à des critères de rentabilité, pâtit donc de la mondialisation sans pouvoir compenser cette contrainte par une circulation accrue.
– ces deux évolutions entraînent une distorsion croissante entre travail et capital : les propriétaires d'avoirs financiers deviennent, dès la décennie 1970, bien plus riches que les salariés. Le maintien de la cohésion sociale, en France et ailleurs, s'est effectué au détriment de l'emploi et d'une jeune génération "sacrifiée".
– les crises financières qui se sont multipliées depuis vingt ans ont eu des consé­quences sociales désastreuses, notamment pour les plus démunis, souvent dépourvus de couverture sociale comme en Europe de l'Est et dans les pays en développement
[55].

La nécessité de coordonner, de coopérer et de réguler dans le domaine de l'accrois­sement de l'interdépendance constitue une revendication de nombreux acteurs. Le mouvement puissant qui regroupe les efforts faits dans ce domaine prend bien la forme d'une tendance lourde. Celle-ci ne se développe toutefois pas sans résistance et une approche domesticiste subsiste chez bien des conseils du prince ‑ et du reste parmi bien des princes aussi. Ceux-ci et ceux-là estiment que l'économie internationale se porte bien quand chacune des économies nationales est bien gérée en fonction de leurs propres intérêts [56]. Cette thèse l'a emporté dans la première administration Reagan et au sein du G-5 entre 1981 à 1985, lorsqu'on y soulignait le besoin, pour chaque pays, de mettre de l'ordre dans sa propre maison [57]. Ainsi, comme le relève Pierre Jacquet, le débat sur le système monétaire international oppose souvent ceux qui, d'une part, considèrent que la responsabilité du choix du régime de change relève de la compétence nationale et ceux qui, d'autre part, ont une approche systémique de l'économie et des problèmes financiers :

La coopération n'est pas toujours indispensable. Dans le paradigme du marché parfait, c'est la décentralisation qui conduit en effet à l'optimum et la coopération apparaît  comme une collusion d'intérêts néfaste au bien-être collectif. La compréhension du besoin de coopérer s'appuie donc sur les nombreuses raisons pour lesquelles l'éco­nomie internationale s'écarte de ce paradigme [58] .

Le débat sur l'avenir de la régulation [59] mondiale des marchés financiers est désor­mais largement ouvert. Lors de son audition au Sénat français, le 5 février 1997, Michel Camdessus, alors directeur général du FMI, soulignait que l'Europe des Quinze détenait 29 % du capital du FMI contre 18 % aux Etats-Unis d'Amérique [60]. Ce qui devait être de nature à faire s'exprimer plus clairement les Européens.

L'appropriation par les Européens de ce problème économique peut donc apparaître aisée. Après avoir quitté le système de Bretton Woods, nous étions entrés dans un non-système. Pour les prospectivistes que nous avons écoutés, il s'agit aujourd'hui de rechercher les conditions d'un nouveau pilotage collectif, ou d'une nouvelle action collective mondiale, telle que John Maynard Keynes l'entendait [61]. La nouvelle donne consisterait à s'approprier l'idée de système monétaire ‑ tel qu'il a fait ses preuves de 1944 à 1971 ‑, mais aussi à le dépasser en intégrant le contrôle des flux financiers considérables qui ont marqué l'entrée dans XXIème siècle. La mise en place effective de l'Euro et la prise de conscience que cette monnaie peut engendrer constituent des incitants dynamiques pour favoriser cette démarche. Encore faut-il s'interroger sur la volonté et la capacité des Européens à assainir la zone de la nouvelle monnaie, pour en faire un modèle de transparence et d'honnêteté sur le plan mondial, pour reprendre les formules d'Edith Weiner.

Mission prospective Wallonie 21 - Index Notes

[1] Michel DEVELLE, Le système monétaire, Un chaudron du diable, dans Jacques LESOURNE et Michel GODET dir., La fin des habitudes, Les mille sentiers de l'avenir, p. 58-76, Paris, Seghers, 1985.

[2] Pierre JACQUET, Le système monétaire international en devenir, dans Michel AGLIETTA coord., Cinquante ans après Bretton Woods, p. 196, Paris, Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII), Economica, 1995. – voir aussi Pierre JACQUET, Quelles solutions aux désordres économiques internationaux, dans Jacques LESOURNE dir., L'urgence du futur, Existe-t-il des stratégies économiques de long terme pour la France ?, p. 187-196, Paris, IHEDN-Economica, 1989.

[3] Pierre JACQUET, Le système monétaire international en devenir…, p. 197.

[4] Ibidem, p. 215.

[5] Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance mondiale, dans Thierry de MONTBRIAL dir., Observation et théorie des relations internationales, II, Séminaire-débat,  coll. Travaux et recherches de l'Ifri, p. 53-54, Paris, Institut français des Relations internationales, 2001. Anton Brender est directeur des Etudes économiques à la Compagnie parisienne de Réescompte, professeur à l'Université Paris Dauphine et ancien collaborateur du Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales.

[6] Voir le chapitre The Evolution of the Monetary System dans Peter B. KENEN, The International Economy, p. 444-492, Cambridge - New-York, Cambridge University Press, 4ème éd. , 2000. – Eric HELLEINER, Explaining the globalization of financial markets : bringing the states back, dans Review of International Political Economy, 2, Printemps 1995, 315-341. – Pierre LEON dir., Histoire économique et sociale du monde, t.6, Le Second Vingtième Siècle, 1947 à nos jours, p. 256, Paris, Armand Colin, 1977. – Yves de WASSEIGE, Les mécanismes de l'économie politique, Laisser faire ou volontarisme, p. 182-191, Bruxelles, EVO, 1994.

[7] United Nations Monetary and Financial Conference, 1er juillet 1944, Photo Nations Unies 24476 UN/DPI
http://www.un.org/UN50/Photos/40s.htm . 9/4/02.

[8] Eric Helleiner a analysé les versions draft de cet accord et a notamment relevé celle-ci de White en 1942, dans laquelle les gouvernements étaient tenus a) not to accept or permit deposits or investment from any member country except with the permission of the government of that country, and b) to make available to the government of any member country at its request all property in the form of deposits, investments, securities of the nationals of that member country. Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…, p. 15 et 16 n57.

[9] Barry Eichengreen et Peter B. Kenen, L'organisation de l'économie internationale depuis Bretton Woods : un panorama, dans Michel AGLIETTA coord., Cinquante ans après Bretton Woods..., p. 14. – voir aussi Barry EICHENGREEN et Harold JAMES, Monetary and Financial Reform in Two Eras of Globalization,  dans NBER Conference on the History of Globalization, SANAT_Barbara, 4-6 Mai 2001, 44p. Revised Version.

[10] Jacques LESOURNE et Michel GODET, La Fin des Habitudes, Les mille sentiers de l'avenir, p. 33, Paris, Seghers, 1985.

[11] Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai sur les autorités de régulation, p. 154-156, Paris, Fayard, 2001. – Alan S. BLINDER, Eight Steps to a New Financial Order, dans Foreign Affairs, vol. 78, n°5, Septembre-octobre 1999 - http://www.foreignaffairs.org/ Search/printable.asp… 28/02/01. – Voir aussi Michel AGLIETA et Sandra MOATTI, Le FMI : de l'ordre monétaire aux désordres financiers, Paris, Economica, 2000.

[12] Lors du Forum économique du FMI du 5 avril 2001, Thomas Dawson, directeur du Département des Relations extérieures du FMI a contesté l'idée même de la création de ce consensus comme une espèce de conspiration entre le FMI et le Trésor US dans les années quatre-vingt, à un moment où, justement, Dawson travaillait dans ces deux institutions. Economic Forum, Governing Global Finance ; The Role of Civil Society, 5 avril 2001, Transcript prepared from a tape recording, p. 24, FMI, 2002. - http://www.imf.org/external/np/tr/2001/tr010405.htm . - 29/01/02.

[13] John WILLIAMSON, What Washington means by policy reform in Latin American adjustment : how much it happened ?, Washington Institute for International Economics, 1990. cité par Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 157.

[14] A plague of finance, Anti-globalists see the "Washington consensus" as a conspiray to enrich bankers. They are not entirely wrong, dans The Economist, 27 septembre 2001. http://www.economist.com  12/03/02.

[15] Yann DUCHESNE, La mondialisation et son impact sur l'entreprise, dans dans Yves MICHAUD dir., Université de tous les savoirs, vol.3, Qu'est-ce que la société ?, p. 609-610, Paris, Odile Jacobs, 2000.

[16] Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale, dans Edith HEURGON et Josée LANDRIEU, Prospective pour une gouvernance démocratique… p. 59-60.

[17] Elie COHEN, Globalisation financière et gouvernance mondiale…, p. 60. – Les transactions journalières sur le marché des changes sont de 1500 milliards de dollars, soit cinquante fois le volume des transactions réelles sur biens et services contre vingt fois il y a dix ans. Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 130.

[18] Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance mondiale…, p. 63.

[19] José MONT, Le rôle nouveau du Fonds monétaire international sur une scène financière internationale en profonde mutation : une analyse à la lumière de la crise financière mexicaine de 1994-1995, dans Douzième Congrès des Economistes belges de Langue française, Les grandes interrogations de l'an 2000 : croissance, emploi, sécurité sociale, Commission 3, Rapport préparatoire, p. 285-294, Charleroi, CiFoP, 1996. José Mont était en 1996 conseiller à la Banque nationale de Belgique.

[20] L'expression est de Michel Camdessus, directeur général du FMI, au lendemain de la crise mexicaine, cité par Daniel COHEN, L'avenir des inégalités mondiales, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, p. 65, Paris, Ifri-Dunod, 1999.

[21] Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février 1997, http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html . - 31/12/01. Sur la description des crises, voir E. COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 129-140. – Peter B. KENEN, The International Financial Architecture, What's new ? What's missing ?, p. 13-49,  Washington, Institute for International Economics, Novembre 2001.

[22] Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février 1997, http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html . - 31/12/01.

[23] voir Barry EICHENGREEN, Towards a New International Financial Architecture, A Practical Post-Asia Agenda, Washington, Institute for International Economics, 1999. – Pierre JACQUET, Gouverner l'économie mondiale…, p. 194 (Encadré 4 : Tobin or not Tobin).  – Voir aussi Olivier DAVANNE, Instabilité du système financier international, Rapport, p. 45-47 Paris, Conseil d'Analyse économique -  La Documentation française, 1998

[24] Le Comité mis en place à Bâle développe des normes internationales de prudence financière en dialogue continu avec la communauté des financiers. Michel AGLIETTA, Financial Fragility, Crises and Stakes of Prudential Control : A Few Lessons Learned from Recent Experience, dans Governance, Equity and Global Markets, Proceedings…, p. 567-568.

[25] Banks'capital adequacy, The good Tailors of Basel, dans The Economist, 21 février 2002.
http://www.economist.com . 12/03/02.

[26] Convention against Illicit Traffic in Narcotic Drugs and Psychotropic Substances, Vienne, 1988.

[27] Ces huit conclusions sont les suivantes :
– il ne convient jamais de fixer un taux de change de manière irréversible,
– un pays émergent doit emprunter le moins possible en devises étrangères, surtouts si son épargne intérieure est abondante,
– il n'est jamais bon de se hâter en matière de libéralisation des marchés de capitaux. La libéralisation doit couronner un processus d'ouverture économique et d'établissement d'un Etat de droit économique,
– il faut suivre des politiques macro-économiques et financières raisonnables et solides (normalisation comptable, supervision bancaire, développement des règles prudentielles, remise en cause du dogme de l'équilibre budgétaire, voire du retrait de l'Etat),
– l'austérité n'est pas nécessairement la bonne médecine, même en temps de crise,
– les institutions internationales ne peuvent empêcher des gouvernements souverains à consacrer des ressources pour protéger des citoyens ordinaires (la première responsabilité de tout gouvernement, de toute institution, c'est de protéger les citoyens ordinaires),
– l'échec du FMI est lié à son incapacité à rééchelonner la dette privée des pays émergents brutalement exposés aux mouvements violents de capitaux à long terme.
- les pays qui mènent des politiques macroéconomiques et structurelles raisonnables doivent se voir garantir une protection en cas d'attaque contre leur monnaie, par une mise en œuvre de lignes de crédits préaffectées.
Alan S. BLINDER, Eight steps to a new financial order, dans Foreign Affairs, vol. 78, n°5, Septembre-octobre 1999, p. 50-63. Cité dans Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 151-154.
Alan S. Blinder est professeur d'économie à l'Université de Princeton. Il a également fait partie des conseillers économiques de l'Administration Clinton.

[28] Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 154.

[29] Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 272.

[30] Alan S. BLINDER, Eight Steps…, p. 2.

[31] David LEVY, Interview with Paul A. Volker, dans The Region, Minneapolis, Federal Reserve Bank of Minneapolis, Décembre 1992, p. 3/9.
http://minneapolisfed.org/pubs/region/92-12/int9212.html  - 28/12/02.

[32] Peter B. KENEN ed., Managing the World Economy, Fifty Years after Bretton Woods, Washington, Institute for International Economics, Septembre 1994.

[33] John WILLIAMSON, Managing the Monetary System, dans Peter KENEN ed., Managing the World Economy…, p. 83-111.
http://www.iie.com/papers/williamson0094.htm . 01/02/02.

[34] John WILLIAMSON, Managing the Monetary System…, p. 5.

[35] John WILLIAMSON & Randall HENNING, Managing the Monetary System, dans Peter B. KENEN ed., Managing the World Economy… p. 109.

[36] Looking to the Future, Washington DC, Bretton Woods Commission, 1994.– Susanne SOEDERBERG, The New International Financial Architecture : Why the New Builiding ?, Paper prepard for the British International Studies Association (BISA), International Relations and Global Development Working Group : The Global Constitution of Failed States : the consequences of new imperialisme ?, Avril 18-20, 2001,  University of Alberta, Department of Political Sciences, 2001.

[37] Michel AGLIETTA coord., Cinquante ans après Bretton Woods, p. 3, Paris, Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII), Economica, 1995.

[38] J. Bradford DELONG, Why we need – and why there will not be – a New International Financial Architecture, World Affaires Council Program, 16 mars 1999. - http://www.j-bradford-delong.net/Comments/WAC_IFA.html  - 31/01/01.
J. Bradford Delong est professeur d'Economie à l'Université de Californie à Berkeley.

[39] Anton BRENDER, Marchés financiers, gouvernance et croissance mondiale…, p. 75. – On trouvera une chronologie de ces efforts sur le site du Ministère des Finances du Canada : Réforme de l'Architecture financière internationale, Chronologie,
http://www.fin.gc.ca/activity/finarchref_f.html - 14/02/02.

[40] José DE GREGORIO, Barry EICHENGREEN, Takatoshi ITO & Charles WYPLOSZ, An Independent and Accountable IMF, Geneva Reports on the World Economy, 1, Genève, International Center for Monetary and Banking Studies, Londres, Ce,ter for Economic Policy Research, 2001.

[41] Le Forum sur la Stabilité financière a été créé en février 1999. Le FSF réunit le FMI, la Banque mondiale et des intervenants nationaux, y compris les banques centrales, les ministères des finances et les organismes nationaux de surveillance du secteur financier. Sa mission consiste à faire prendre les mesures adéquates pour renforcer les systèmes financiers nationaux dans les pays qualifiés de vulnérables. Réforme de l'Architecture financière internationale, Chronologie…, p. 2.

[42] Communiqué de la Réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, les 15 et 16 décembre 1999, p. 1. http://www.g20.org/news/001-f.html  - 14/02/02.

[43] Architecture financière internationale, Rapports Fred Bergsten, Olivier Davanne et Pierre Jacquet, Patrick Artus et Michèle Debonneuil, Michel Aglietta et Christian de Boissieu, Paris, Conseil d'Analyse économique, La Documentation française, 1999. – Peter B. KENEN, The International Financial Architecture : What's New ? What's missing ?, Washington, Institute for International Economics, 2001.

[44] Of course, these institutions should be made to work better. They should be more transparent and they should remedy the shortcomings that have come to light in their crisis management, such as supervision of the financial sector, but, for us, they are irreplaceable. That is why we want their political governance to be reinforced. Dominique STRAUSS-KAHN, Closing Speech, dans Governance, Equity and Global Markets, Proceedings of the Annual Bank Conference on Development Economics in Europe,  21-23 juin 1999, Paris, La Documentation française, 2000.

[45] Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…, p. 18.

[46] An honest market place, Edith WEINER, Trends affecting Business in the 21st Century, Closing Plenary of the Annual Conference of the World Future Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices, Houston, 23 juillet 2000.

[47] Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation : Lessons from the Fight against Money Laundering,  New York, Center for Economics Policy Analysis, Working Paper n°15, p. 6, Avril 2000. – Eric Helleiner est professeur à la Trent University.
http://www.newschool.edu/cepa  - 31/12/01.

[48] Eric HELLEINER, The Politics of Global Financial Reregulation…, p. 14.

[49] Allan H. MELTZER, Report of the International Financial Institution Advisory Commission, Submitted to the US Congress and US Department of Tresury, 8 mars 2000. –  Slimming the Bretton Woods duo, dans The Economist, 16 mars 2000. http://www.economist.com. 12.03.02. – Reforming the sisters, If America's new administration would like a challenge, it can try changing the IMF and World Bank, dans The Economist, 15 février 2001. http://www.economist.com 11/03/02. – Un autre rapport a été rédigé parallèlement : Safeguarding Prosperity in a Global Financial System : The Future International Financial Architecture, Report of an Independent Task Force sponsored by the Council on Foreign Relations, Washington, Institute for International Economics, Septembre 1999. –– voir C. Fred BERGSTEN, Reforming the International Monetary Found, Before the Subcommittee on International Trade and Finance, Committee on Banking, Housing and Urban Affairs, Washington, United States Senate, 27 avril 2000. Fred Bergstein est directeur de l'Institute for International Economics et a participé aux deux commissions. http://www.iie.com/papers/bergsten0400.htm. 01/02/02. – D'autres analyses critiques du rapport Meltzer : Pierre JACQUET, Le FMI sur la sellette, Débats autour de l'architecture financière internationale, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel mondial…,  2000, p. 257-258. – J. Bradford DELONG, The Meltzer Report, http://econ161.berkeley.edu/TotW/meltzer.html . - 31/12/01.

[50] Sur les diverses propositions de réforme du FMI, voir Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 159sv.

[51] Horst KöHLER, The IMF in a Changing World, Remarks given at the National Press Club, Washington DC, FMI, 7 août 2000, p. 2. - http://www.imf.org/external/np/speeches/2000/080700.htm

[52] This does not mean that I see the Fund as a kind of regulatory superpower. Horst KöHLER, The IMF in a Changing World…, p. 4.

[53] Michel AGLIETTA & Sandra MOATTI, Le FMI, De l'ordre monétaire aux désordres financiers, p. 220, Paris, Economica, 2000.

[54] Communiqué des Ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays du G20, le 25 octobre 2000, 7 p. –  Communiqué des Ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays du G20, les 16 et 17 novembre  2001.
http://www.www.g20.org/news/  - 14/02/02.

[55] Ethan KAPSTEIN, Un nouveau contrat social pour une nouvelle phase de la mondialisation, dans Jérôme BINDE, Les Clés du XXIème siècle, p. 463, Paris, Unesco-Seuil, 2000.

[56] Pierre JACQUET, Gouverner l'économie mondiale, dans Thierry de MONTBRIAL et Pierre JACQUET, Rapport annuel sur le système économique et les stratégies (Ramses), p. 182, Paris, Institut français des Relations internationales, Dunod, 1999.

[57] John WILLIAMSON, Managing the Monetary System…, p. 2. - http://www.iie.com/papers/williamson0094.htm . 01/02/02.

[58] Pierre JACQUET, Gouverner l'économie mondiale…, p. 182. -– Pierre Jacquet relève et développe quatre de ces "imperfections" : la répartition inégale du pouvoir, l'interdépendance, les problèmes d'information ainsi que les rendements croissants.

[59] Elie Cohen remarque que la notion de régulation doit être utilisée avec une extrême prudence car non seulement en économie le terme recouvre des théories différentes comme l'Ecole de la régulation, développée autour de Michel Aglietta et de la théorie de la régulation, au cœur du modèle néo-classique depuis les travaux  de George Stigler (regulation failures) , mais encore le concept est utilisé par les juristes pour qualifier le processus de transition du monopole administratif au marché organisé dans un pays où le terme de réglementation était utilisé dans un sens normatif précis, les juristes ont choisi le terme de régulation. Enfin, Elie Cohen rappelle que sous l'intitulé général d'Etat régulateur ou de fonction régulatrice de l'Etat, les politologues entendent décrire l'ensemble des actions qui échappent aux mécanismes de coordination des marchés, impliquant des autorités publiques.
Elie COHEN, L'ordre économique mondial, Essai…, p. 218, n1.

[60] Audition de M. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international, Paris, Sénat français, Rapport d'information n°242, Rapport sur la mondialisation, 5 février 1997, http://www.senat.fr/rap/r96-242/r96-2424.html. - 31/12/01.
John Williamson a dressé un tableau éclairant des rapports de forces au sein du FMI :
 

 

Percentage of GWP

Population

IMF quotas

United States

21

4.6

17.7

Japan

7

2.2

6.3

European Union
of which, Euroland

20
16

6.3
4.9

30.6
23.6

Africa

2

7.9

5.2

Developing Asia

26

53.5

9.6

Latin America

9

8.4

7.6

John WILLIAMSON, A more focused IMF, Esquisse d'une présentation à la conférence The Future of the Bretton Woods Institutions : The European Contribution to the Debate on the New Financial Architecture, p. 5, The American Council on Germany et Reinventing Bretton Woods Committee, Paris, 13 septembre 2000. - http://www.iie.com/papers/williamson 0900-2.htm  . 01/02/02.

[61] Joseph E. STIGLITZ, La grande désillusion, p. 256 et 290, Paris, Fayard, 2002.

Mission prospective Wallonie 21 - Rapport au Ministre-Président du Gouvernement wallon

 

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