Institut Destrée - The Destree Institute

               Accueil

Organisation

Recherche scientifique

Education permanente

Conseil

Action

Evénements

 

  Portail Wallonie-en-ligne : Histoire  Retour au Plan thématique du portail Wallonie-en-ligne

 

Histoire du mouvement wallon


De la "séparation administrative" au fédéralisme (1912-1950):
quête identitaire du Mouvement wallon?
- (1997)


Micheline Libon

Docteur en Histoire de l'Université catholique de Louvain

 

On l'a dit et écrit, le Mouvement wallon fut un mouvement défensif alors que le Mouvement flamand fut un mouvement d'affirmation de soi. Mouvement défensif, par rapport à qui ? par rapport à quoi ? Les "adversaires" une fois identifiés, encore faut-il discerner sur quoi repose la légitimité ou, à tout le moins, la justification que se donne le Mouvement au sujet de sa défensive. S'agira-t-il de facteurs purement négatifs ou, au contraire, d'éléments permettant une identification, le tracé d'une personnalité, en un mot le discernement et l'affirmation d'une identité ?

C'est l'objet de cet exposé de tenter une réponse à ces questions. La période couverte sera grosso modo 1912-1950, avec une attention particulière à l'impact des deux guerres mondiales quant à la quête identitaire du Mouvement wallon. Les projets d'organisation des rapports Flamands - Wallons dus à l'initiative du Mouvement furent-ils significatifs à cet égard, et en quoi ? Par ailleurs, les écrits de militants wallons aidèrent-ils à cerner davantage une identité wallonne ?

Du point de vue qui nous occupe, le Congrès wallon de 1905 revêt une importance particulière en ce sens que la plupart des rapports présentés traitaient de l'originalité de la Wallonie, de son identité ethnique et culturelle. Un invité de marque, Henri Pirenne, participait à ces assises. S'il souligna la communauté de civilisation dans laquelle il était bien difficile de faire la part respective des Flamands et des Wallons, il releva cependant une dualité dans cette communauté : il y a certainement, chez nous, deux autres sentiments parfaitement reconnaissables : le sentiment national flamand et le sentiment national wallon . (1)

Cela étant acquis ou tout au moins posé par l'éminent historien, quels sont pour les militants wallons, les fondements du sentiment wallon ? Une mise au point s'impose tout d'abord. Dans les années du début du siècle, le terme 'race' est assez couramment employé, notamment chez les militants wallons. Est-il besoin de signaler qu'à l'époque, il n'avait pas la charge négative qu'il prit sous le régime nazi dans l'horrible contexte que l'on sait. Cela étant, au cours du Congrès de 1905, le paléontologue de l'Université de Liège, Julien Fraipont (2)  mit les choses au point : il n'y avait pas de race wallonne; mieux valait utiliser l'expression 'type wallon (3). Quelques années plus tard, le philologue Auguste Doutrepont, l'un des premiers catholiques à militer dans le mouvement wallon, précisa comment il fallait comprendre le terme 'race'. Il s'agit d'entendre par là, disait-il, tout groupement humain qui, sans avoir conservé la pureté du sang, en dépit des croisements, s'est acquis à la longue une même manière de sentir, de penser et de vouloir, en un mot une âme commune. L'unité de ce groupement provient de l'uniformité de mentalité et de culture et non de la taille ni de la conformation du crâne. La 'race' ainsi définie est bien plus l'aboutissement intellectuel que le point de départ matériel (4).

Les Wallons – tout comme les Flamands – auraient une 'âme commune'; il y aurait donc une âme wallonne. Encore faudrait-il préciser ce concept d'âme, concept à la réminiscence chrétienne et qui pourtant est employé lui aussi au Congrès wallon de 1905 lorsque l'âme wallonne est affirmée. Il est sans doute superflu de rappeler que cette affirmation s'oppose à celle qui fut proclamée par Edmond Picard, quelques années plus tôt (1897), à savoir l'âme belge', produit de serre chaude comme le disait le philologue Olympe Gilbart (5) . Affirmer l'âme wallonne, tel était précisément l'un des objectifs du Congrès de 1905. Son président, Julien Delaite, le précisait en ces termes : Nous l'avons organisé [le Congrès] (...) pour exalter l'âme wallonne... Nous voulons... mettre en lumière ce que les Wallons furent dans le passé, ce qu'ils réalisent dans le présent, ce à quoi ils aspirent pour l'avenir (6) .Si l'existence de la 'race wallonne' est, à juste titre, niée au profit de l'âme wallonne' qu'en est-il de celle-ci ? Que signifie-t-elle ? Les congressistes ne le précisent guère.

Posons comme hypothèse l'assimilation âme wallonne -identité wallonne sur base d'un exposé du professeur Ernst Jouthe en juillet 1995. En effet, pour celui-ci, l'identité est en quelque sorte tiraillée (...) entre ce qui la fonde dans le passé et ce qui la spécifie dans le présent dans une perspective d'avenir. L'identité, jamais une donnée première, ni un état permanent, est plutôt une construction dynamique résultant du travail d'un individu (ou d'un groupe. note de l'A) qui cherche à se situer, à se positionner, à affirmer une singularité et une unité face à une réalité multiforme et hétérogène. Poser la question de l'identité, poursuit l'auteur, c'est poser fondamentalement la question du sens, dans sa triple dimension : dimension affective qui réfère au sentiment d'estime de soi, au fait d'être bien dans sa peau, dans sa langue, dans son pays, dans ses conditions d'existence, dans son univers matériel et symbolique; la dimension cognitive, qui réfère à la notion de compréhension de soi, au besoin de comprendre le sens de son histoire personnelle et collective, de sa vie quotidienne ici et maintenant et de son avenir; la dimension morale ou éthique, qui réfère à la notion de direction, d'orientation, de choix, de projet de vie personnelle et de son insertion dans un projet de société émancipateur  (7).

Par rapport à cette hypothèse, comment les militants wallons du début du XXe siècle, perçoivent-ils, dans les faits, cette âme wallonne - identité wallonne ? Par delà les différents patois de Wallonie, la langue française est, sans conteste, ce qui différencie profondément les Wallons des Flamands. Cependant, ces mêmes militants wallons estiment que le français, langue de grande culture, ne doit pas être expulsé de Flandre même s'ils reconnaissent aux Flamands le droit d'être instruits, administrés, jugés en néerlandais. Cet élément d'identité qu'est la langue, la langue française en l'occurrence, fera naître dans le Mouvement wallon, jusque dans les années 20, une opposition énergique et farouche à toute tentative ou application même limitée du bilinguisme en Wallonie. En effet, d'une part, l'attachement viscéral à la langue française était réel; d'autre part, en matière d'emplois à caractère public, le bilinguisme, pensait-on, favorisant les Flamands, désavantageait naturellement les Wallons. Mais on peut aussi comprendre le rejet catégorique du bilinguisme par le souvenir de la politique linguistique de Guillaume d'Orange, bien que celle-ci ne concernât pas les provinces wallonnes mais qui fut un facteur parmi d'autres qui amenèrent la Révolution de 1830 où les Wallons jouèrent un rôle non négligeable (8) . Le libéral Delaite, lors du Congrès wallon de 1912, le socialiste Destrée, dans sa lettre au roi Albert, y renvoient explicitement (9) . De cette menace de bilinguisation de la Wallonie, attentatoire à la langue française, les militants wallons en viennent à distinguer deux mentalités, plus précisément deux façons différentes de concevoir la vie politique révélant l'opposition des idéals du Nord et du Sud (10) . Pour les deux élections partielles de 1908 et 1910, sous le régime du suffrage universel plural et de représentation proportionnelle, le Parti catholique avait récolté 763.000 suffrages dans les arrondissements flamands, 494.000 dans les arrondissements wallons. Les deux autres partis, partis 'anticléricaux' recueillaient ensemble 759.000 suffrages dans les arrondissements de langue française, 455.000 dans les arrondissements de langue flamande. Lors des élections de 1912, les résultats furent similaires. Le parti au pouvoir récoltait 825.000 (733.097 chez Destrée) suffrages en Flandre, 543.000 (466.927) dans les arrondissements de langue française; l'opposition 453.000 (382.924) au nord, 796.000 (708.056) dans les seconds. C'est bien, à travers ces résultats, un parallélisme inverse qui se dégage et qui renforce la conviction des militants wallons d'une profonde différence de mentalité entre le nord et le sud du pays. Et le combat mené pour l'obtention du suffrage universel pur et simple n'y changea rien, ainsi que l'avait prévu Destrée. La population flamande étant plus nombreuse que la population wallonne (11) et la répartition des sièges à la Chambre étant fonction de cette statistique, les représentants de la Wallonie resteront minoritaires au sein d'un pouvoir centralisé tel qu'il existe. De cette situation grosse de danger pour la Wallonie, de sa 'minorisation pour longtemps', les militants wallons conclurent bientôt à la nécessaire réforme de l'Etat unitaire et centralisé, sans pour autant mettre en cause l'existence de la Belgique.

Au tout début de l'année 1912, la Ligue wallonne de Liège, active depuis 1897, prend l'initiative d'un Congrès à tenir le 7 juillet. En l'annonçant, le Moniteur officiel du Mouvement wallon de février publie l'ordre du jour de la future réunion. Le point 9 portait sur l'examen de la question de la séparation administrative entre la Flandre et la Wallonie, question qui serait traitée au cours de la matinée. Le Congrès reçut l'adhésion de 298 personnes individuelles et de 23 sociétés (regroupant 5.000 membres). Seuls les délégués des sociétés avaient droit de vote dans les questions politiques traitées. Le 7 juillet, la quasi totalité de la journée fut occupée par la question de la séparation administrative. Certes, il en fut ainsi, en partie tout au moins, en raison du résultat des législatives de juin, mais peut-être surtout en raison du débat passionné auquel la question donna lieu. Quatre projets avaient été distribués, au préalable : deux prônant un accroissement des pouvoirs des Conseils provinciaux, deux se rapprochant d'un système fédéral dont le plus abouti, celui de Julien Delaite, servit de base de discussion. Deux parties constituaient ce texte : la seconde contenait un projet de Constitution révisée et le commentaire des articles instaurant le fédéralisme. Delaite prévoyait un fédéralisme à trois régions : Wallonie, région flamande et région brabançonne chacune dotée d'un Conseil régional, composé en tout ou en partie des membres des Conseils provinciaux. Dans la première partie, l'auteur s'attachait à justifier le malaise wallon et la nécessité de mesures à prendre pour l'apaiser. Parmi celles-ci, il se plut à relever ce que la Ligue qu'il présidait avait déjà envisagé depuis plus de 10 ans. En décembre 1898, en effet, Delaite présenta un rapport à la Ligue wallonne de Liège dans lequel il s'exprimait ainsi : L'état fédératif... est un système qui pourrait peut-être nous être justement appliqué. (...).

Par le respect des autonomies locales, le caractère original et propre de chaque peuple fédéré se manifeste dans ses productions intellectuelles. (...). Les Wallons seraient plus attachés à leur Wallonie, parce qu'ils joueraient un rôle plus actif dans son gouvernement.

Les Flamands et surtout les flamingants ne nourriraient plus contre nous cette haine étrange (Weg met dat Wallenras !), parce qu'ils auraient comme nous, le droit de se gouverner, (...).

Quelle difficulté de principe voit-on à l'établissement d'un 'conseil régional', pour ne pas dire 'parlement provincial', en Wallonie et d'un autre en Flandre, avec son budget propre et son self-government. Au-dessus, un Parlement fédéral, composé de députés wallons et flamands en nombre égal. (...) . (12)

Quelques remarques s'imposent à propos de ce texte. Tout d'abord, les résultats des élections de 1912, à l'occasion desquelles libéraux et socialistes avaient multiplié leurs cartels (6 en 1910, 11 en 1912), ne sont pas les seuls à expliquer l'irruption du thème 'séparation' dans le Mouvement wallon. Le rapport de Delaite date de 1898, c'est-à-dire l'année même où la loi reconnaît le néerlandais, langue officielle à l'égal du français. Le suffrage universel plural et le vote obligatoire de 1894, la représentation proportionnelle bientôt acquise, en 1899, la population plus nombreuse en Flandre, autant de facteurs qui font craindre la minorisation de la Wallonie et, partant, suscitent chez les militants wallons un mouvement de protection, de défense en envisageant une réforme de l'Etat. La prédominance des catholiques au pouvoir, liée à la force du parti en Flandre en opposition avec la majorité 'anticléricale' dominant en Wallonie révèle une différence de mentalité qui ne fait que confirmer la crainte – sinon la rage – des militants wallons qui, à l'époque se recrutent principalement chez les libéraux et les socialistes dans une moindre mesure. Pourtant – c'est la deuxième remarque –, la légitimité des revendications flamandes n'est pas contestée, même si l'on regrette l'abandon du français en Flandre. Le rapport de Delaite, en 1898, en témoigne, comme l'intervention du Liégeois Emile Jennissen, libéral et militant wallon convaincu, lui-même auteur d'un projet fédéral, soulignant, au Congrès de 1912, le caractère irrésistible du mouvement flamand parce qu'il [le mouvement] est l'émanation du suffrage universel. Il est soutenu par les masses du petit peuple flamand, par sa démocratie . (13)

A ce même Congrès de juillet 1912, le débat sur la question de la séparation administrative, sur son opportunité et la définition de son contenu fut des plus animés. Parmi les opposants les plus résolus, un délégué bruxellois tenta de prouver, chiffres à l'appui, que la Wallonie n'aurait rien à gagner d'une séparation d'avec la Flandre (14) . Même au sein des libéraux liégeois, l'accord était loin d'être unanime : Delaite et Jennissen, partisans de la séparation, s'opposaient à Emile Digneffe qui estimait qu'un peuple n'est grand que quand il a évolué et passé du fédéralisme à la centralisation. Voyez la France... Quant aux socialistes, si Jules Destrée souhaitait que la séparation fut affirmée par le Congrès, tout en reconnaissant la difficulté d'en préciser le contenu, Léon Troclet la voyait déjà sous la forme d'une confédération des Etats-Belgique-Unis dans lequel [sic] j'irais jusqu'à comprendre si possible, la Hollande et le Grand-Duché  (15).

Bref, les congressistes se quittèrent après avoir adopté, par 28 voix contre 5 et 5 abstentions, la motion présentée par Destrée : ceux-ci émettaient le vœu de voir se réaliser la séparation entre la Flandre et la Wallonie pour permettre à celle-ci d'être davantage indépendante vis-à-vis du pouvoir central et ils chargeaient une commission d'étudier la forme à donner à la séparation. Ladite commission fut installée le 20 octobre à Charleroi; ce fut l'Assemblée wallonne, composée en principe d'un membre pour 40.000 habitants (16) .

A propos de l'hypothèse 'âme wallonne - identité wallonne' que peut-on en dire à la veille de la Première Guerre mondiale ? Quel contenu les militants wallons lui donnent-ils ? La langue française, on l'a vu, est l'élément qui marque profondément la différence entre les Wallons et la majorité des Flamands, langue qui fait participer à la culture française, culture qui imprègne de façon différente les expressions artistiques de la Wallonie par rapport à celles de Flandre, comme l'Exposition de 1911 à Charleroi l'avait donné à voir. Du point de vue qui nous occupe, l'avis d'Elie Baussart paraît exemplatif. L'exposition de Charleroi fut pour lui un véritable choc culturel, un événement de capitale importance. Elle fit surgir en lui l'intuition d'une identité wallonne et sans doute n'est-il pas exagéré de situer là son engagement wallon.

L'Assemblée wallonne entra en léthargie pendant les quatre années de guerre. Quand elle reprit ses activités en mars 1919, le climat était à l'union sacrée tandis que du côté flamand un programme minimum visait à faire reconnaître, en Flandre, l'emploi du seul néerlandais. Par ailleurs le suffrage universel pur et simple masculin joint à la représentation proportionnelle et à l'apparentement provincial allaient bouleverser le paysage politique. C'est bien connu. Toutefois, du point de vue qui nous occupe, rappelons que, lors des législatives de novembre 1919, les cantons flamands avaient voté à près de 57 % pour la droite et à près de 40 % pour les gauches; les cantons wallons, à près de 70 % pour les gauches et à près de 28 % pour la droite; les cantons bruxellois se situant à mi-chemin des deux régions (17). L'analyse faite par les militants wallons avant la guerre se trouvait confortée et, surtout, la crainte de minorisation de la Wallonie renforcée si aucun accommodement n'était trouvé quant aux institutions de l'Etat unitaire et centralisé. C'est dans ce contexte qu'il faut situer la démarche de deux sénateurs libéraux, membres de l'Assemblée wallonne. Alors que la première loi linguistique visant l'emploi des langues dans l'administration était votée en juillet 1921, la révision de la Constitution fut entreprise dès 1920. Dans ce cadre, le 22 septembre 1921, Joseph-Maurice Remouchamps, secrétaire général de l'Assemblée wallonne en remplacement de Jules Destrée, devenu ministre, déposa une proposition de loi visant l'introduction du vote bilatéral au Sénat. Pour être admis par celui-ci, un texte législatif devait recueillir la majorité des voix des sénateurs respectivement des arrondissements flamands, wallons et de l'arrondissement de Bruxelles (18). Sur les 88 présents, la proposition fut rejetée par 64 voix, celles des catholiques, de 11 libéraux dont 2 Wallons et de 4 socialistes dont 1 Bruxellois et 1 élu du Brabant. Parmi les 24 votes positifs, on comptait 17 libéraux dont 1 élu de Flandre et 7 socialistes wallons (19). Le texte déposé par le second sénateur libéral, Charles Magnette, s'attachait au calcul fixant le nombre des députés. En lieu et place de la fixation du nombre de députés en fonction du chiffre de la population, il proposait que ce nombre soit fonction du nombre d'électeurs; autrement dit il suggérait l'adoption d'un quotient unique (10.000 votes = 1 siège). Les députés flamands resteraient majoritaires, mais l'écart entre eux et les députés wallons se réduirait, passant de 16 à 5 sièges. Sur les 99 sénateurs présents, 76 rejetèrent la proposition, les catholiques, 9 libéraux dont 7 élus de Flandre et 2 de Bruxelles, 8 socialistes, 5 Wallons, 2 Flamands et 1 Bruxellois; 23 la votèrent dont 1 seul socialiste wallon et 22 libéraux dont 1 élu de Flandre, 3 de Bruxelles et 3 du Brabant (20).

Ainsi donc, les deux essais de réforme politique proposés par l'Assemblée wallonne s'avéraient être un échec. De cette impasse croîtra l'amertume des militants wallons et elle les confortera dans le sentiment d'être dominés par les Flamands. La conséquence va bientôt se révéler : l'éclatement du Mouvement wallon. En effet, en juin 1923, alors que le Parlement discute de la flamandisation de l'Université de Gand pour aboutir à la solution que l'on sait, l'Assemblée wallonne implose. Quelque dix-sept membres parmi les pionniers la quittent, tels Auguste Buisseret, Jules Destrée, Richard Dupierreux, Emile Jennissen. La cause de ce divorce est essentiellement due à la position des uns et des autres quant à l'homogénéisation linguistique de la Flandre, question relevant ou non des seuls Flamands. Pour les dirigeants de l'Assemblée, le maintien de la langue française au nord du pays est la condition du maintien de l'unité morale et politique de la Belgique. C'est à l'élite francophone du nord et du sud, pour qui il n'y a pas de frontière linguistique, que revient ce rôle essentiel, d'où le soutien inconditionnel à apporter aux francophones de Flandre. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'Assemblée maintiendra sa position, murée qu'elle est dans un antiflamingantisme stérile comme l'écrivait Elie Baussart. Par contre, pour les scissionnistes, bientôt rejoints par Léonie de Waha, Marguerite Delchef, Emma Lambotte et Georges Truffaut, l'homogénéité linguistique et culturelle de la Flandre et de la Wallonie est à reconnaître. Une union, librement consentie, des deux populations vaut mieux qu'une unité imposée; à la centralisation; mieux vaut substituer des mesures de décentralisation, comme le souligne, notamment Jules Destrée (21). Bref, dans les premières années de l'après-guerre, une partie du Mouvement wallon persiste dans la conviction que langue et culture françaises sont le ciment de la Belgique tandis que d'autres militants reconnaissent pleinement l'identité de culture flamande en Flandre et l'identité de culture romane en Wallonie.

Ce sont ces militants, qualifiés de 'séparatistes' par les dirigeants de l'Assemblée wallonne, qui se retrouvent dans la Ligue d'Action wallonne. Dans la question qui nous occupe, c'est à partir des congrès qu'elle organise, (rapports publiés par La Barricade , organe de la Ligue), que l'on peut tenter de dégager les éléments qui fondent l'engagement de ses militants.

Les 13 et 14 juillet 1924, la Ligue tient le premier de ses sept congrès annuels; il a lieu à Liège en présence de cent personnes. L'appartenance de la Wallonie – terre gauloise – à la civilisation française est réaffirmée ainsi que la nécessité de la défendre contre toute entreprise de bilinguisation. Aussi l'autonomie wallonne devient-elle le but que doivent se fixer les Wallons; celle-ci ayant comme corollaire l'autonomie flamande : d'où le souhait exprimé de voir menées les négociations libératrices par les représentants qualifiés des deux peuples. Quelle serait la forme à donner à cette autonomie ? Tout d'abord, c'est en s'appuyant sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes que ce droit est reconnu aux Wallons et aux Flamands. Quant à l'application de ce principe, Buisseret, tout en mettant en garde contre toute hâte, dessine les contours d'une autonomie progressive : Selon les nécessités du moment, réclamons l'extension des pouvoirs des communes, des provinces et, quand ce groupement nouveau pourra être créé, de la région wallonne (22) .

Cette région wallonne, cette Wallonie, qu'est-ce qui la fonde ? Quelle est son 'identité' ? Un autre militant wallon – par ailleurs professeur d'histoire au Collège des Pères jésuites de Charleroi –, Elie Baussart, dégage, dans plusieurs articles de sa revue, la Terre wallonne, les éléments qui, à ses yeux, constituent la 'personnalité' de la Wallonie. Les Wallons sont un peuple de marche, aux confins de deux civilisations. Ils ont comme mission de conserver intactes les acquisitions de la civilisation latine sur leur sol, laquelle les a faits, en partie, ce qu'ils sont par le moyen du latin d'abord, des dialectes romans plus tard, de la langue française enfin. La langue française, qui transcende la diversité des patois, est l'agent quotidien, subtil, immortel de l'unité wallonne. La langue n'est pas qu'une phonétique, mais l'expression adéquate et subtile de tout l'intime du moi, de toute l'âme d'un peuple; la langue est inséparable de la pensée qu'elle exprime, agissant sur la formation des concepts, leur association et leur ordonnance. Pourtant la langue n'est pas le peuple, mais un peuple qui perd sa langue ou la laisse s'éteindre, abdique en même temps que sa personnalité, son droit à l'existence.

Le deuxième élément d'identité wallonne est, pour Baussart, une âme commune, c'est-à-dire une façon bien à soi qu'a le peuple de réagir en face des événements, une manière personnelle de s'approprier les idées, de les associer, de les traduire. Ame commune, culture spécifique, c'est tout comme : car une culture c'est un mode de penser, d'organiser ses idées, de discipliner ses sentiments, de réagir sous l'événement; c'est une certaine conception du monde, de la morale, de l'art, de la politique . Pour Baussart, il ne fait aucun doute que, par-dessus les dissemblances de terroir, ces traits existent qui font la personnalité du peuple wallon différente de celle du peuple flamand mais également du peuple français. De cette prise de conscience, doivent se dégager des normes d'action car Baussart est persuadé, comme tout vrai régionaliste, que le salut de la Wallonie (...) prendra naissance dans la Wallonie elle-même. C'est le Wallon, la famille wallonne, l'atelier wallon, la campagne wallonne qu'il faut réformer ou relever ou réorganiser et c'est de la combinaison de ces restaurations partielles que sera fait le renouveau de la Wallonie. Aussi s'impose-t-il de bien connaître sa situation : Il nous faudrait donc des monographies exactes et fouillées de chaque centre wallon, de chaque industrie et de chaque métier de chez nous, un inventaire de nos déficits et de nos ressources, par genre et par espèce, une description sans fard de nos maux . Passé, présent, avenir : n'est-ce pas ce que Delaite écrivait déjà en 1905 et que confirment, aujourd'hui, les propos du professeur Jouthe cité plus haut, quant à la quête identitaire ?

En outre, pour Baussart, cette région wallonne, cette Wallonie, n'est pas un tout statique (...), comme tout ce qui vit, [elle] est en perpétuelle transformation (...); il faut ne la point considérer comme un tout fermé, hérissé vers le dehors, pour ne point l'isoler et l'anémier (23). Point de repli sur soi, donc; point de nationalisme.

Lors du Congrès de la Ligue d'Action wallonne, en 1925, ce sont des propos similaires que tient Fernand Dehousse. D'entrée de jeu, il souligne combien l'étude de la langue maternelle, de l'histoire, de la géographie régionales contribue à influencer la formation mentale du peuple; ce qui implique l'étude du passé et du présent qui doit contribuer ainsi à l'explication de ce que chacun ressent. Dans un second temps, le rapporteur s'interroge sur l'éventuelle antinomie entre l'éducation du sentiment patriotique et la possibilité de développer l'âme wallonne. Selon lui, cette antinomie est inexistante. D'une part, s'il est vrai, poursuit l'orateur, que nous nous 'sentons' Wallons avant de 'comprendre' que nous sommes Belges, d'autre part, il est non moins vrai que toute éducation de sentiment patriotique commence par l'initiation au respect, à l'amour du toit familial, de la cité, de la vallée ou de la plaine et de leurs hôtes. Enfin, la fierté d'être d'une Wallonie laborieuse et artiste, fleuron inestimable du diadème Belgique n'a rien d'un repli sur soi, rien de nationaliste. Et Fernand Dehousse de conclure : Et, souvenons-nous (...) que, parallèlement aux mouvements régionalistes (...), se développe, avec les moyens de communication rapides, un mouvement internationaliste irrésistible qui en est la continuation nécessaire, qui en sera l'aboutissement logique.

Le jour où des pourparlers sérieux seront entrepris par le gouvernement pour réviser le statut belge et 'accorder' les trois provinces [Flandres - Bruxelles - Wallonie], que l'on veille à voir grand, à voir européen. Et pourquoi la Belgique ne pourrait-elle pas, dès lors, un jour servir de modèle à l'organisation des Etats-Unis du monde sur la base de l'autonomie de toutes les nations (24) !

Aussi les militants wallons persistent-ils à revendiquer au moins une large décentralisation, au mieux le fédéralisme. L'unité, impliquant l'idée de fusion, qu'elle soit française ou flamande est également impossible. Dès lors, l'union, loyalement et librement consentie, est la seule solution susceptible de dissiper le malaise grandissant entre les deux peuples et, du point de vue wallon, de supprimer le problème si angoissant des minorités. Ainsi, la devise de la Belgique prendra-t-elle son véritable sens, puisque c'est de l'union et non de l'unité qu'il s'agit (25) . Baussart, lui aussi, estime qu'un régime de centralisation qui en un siècle n'a pu donner au pays une véritable paix intérieure doit être révisé. Tant du côté flamand que du côté wallon, en effet, l'Etat centralisé de 1830 rompait totalement avec leur passé respectif. Toute leur histoire sous les différents régimes est faite des longs et tumultueux efforts des collectivités et des principautés pour acquérir et conserver les droits et les privilèges nécessaires à leur vie libre et féconde. Aussi, affirme-t-il, le caractère flamand de la Flandre, roman de la Wallonie doivent être reconnus et les institutions s'y conformer. Et de clore sa longue réflexion ainsi : La Flandre et la Wallonie ne sont pas faites pour la Belgique; la Belgique est faite pour la Flandre et la Wallonie. Comme l'Etat est fait pour le citoyen et non le citoyen pour l'Etat (26).

L'approche du centenaire de l'existence de la Belgique fut marquée par certains événements ou initiatives qui allaient constituer un point de non retour en matière d'unilinguisme régional. Rappelons pour mémoire qu'en mars 1929, à quelques jours de distance, deux groupes prennent position, d'une part, le Conseil central de la Ligue nationale des Travailleurs chrétiens (le 13) et d'autre part, 15 Wallons et 13 Flamands, tous députés du POB (le 16) : ils reconnurent l'autonomie linguistique et culturelle des deux 'régions'. Le 10 décembre, le gouvernement catholique - libéral déposait un projet de loi visant la flamandisation de l'Université de Gand (27). Du côté des militants wallons, un Congrès de Concentration wallonne fut convoqué pour les 27 et 28 septembre à Liège; il reçut l'adhésion de quelque 300 personnes. Mais il fallait les mettre d'accord entre elles ! Aussi, ce premier Congrès dont l'objectif était de réaliser un front wallon unique se conclut-il par la résolution : Unilinguisme - Egalité - Révision. C'est au Congrès de 1931 que furent adoptés les principes d'une Constitution prévoyant un Etat fédéral composé de 2 régions et du territoire fédéral de Bruxelles. En cela, les militants wallons s'opposaient à la proposition des députés frontistes déposée en avril et qui faisait de Bruxelles la capitale de la Flandre et le siège de son gouvernement (28). En janvier 1933, La Barricade cède la place à L'Action wallonne tandis que les Congrès annuels de Concentration se poursuivent (29). Ils s'attachèrent à évaluer la situation de la Wallonie qui allait en se précarisant; notons : sa faible représentation au gouvernement, le déplacement d'entreprises au nord du pays et de bon nombre de leurs sièges sociaux à Bruxelles, le marasme économique et social qu'elle subit, le danger d'une situation exposée en cas d'invasion de l'Allemagne faute de réelle défense à sa frontière de l'Est et, après mars 1936, suite à la rupture de l'accord militaire franco-belge puis de l'adoption sous la pression flamande de la politique d'indépendance - neutralité. Et, in fine, cette même année, l'adaptation du nombre de députés convaincra les militants wallons que l'état d'infériorité de leur région vient d'être officiellement consacré (30). Dans le contexte international que l'on sait, le climat de nationalisme exacerbé en Flandre et ses succès, sans oublier le rexisme, vont renforcer l'inquiétude des militants wallons.

Pour Elie Baussart, après le redressement des griefs au nom et par les voies de la démocratie, c'est l'Etat totalitaire qui est proposé comme terme de l'effort et condition de salut de la communauté flamande. Aussi, la menace est-elle grosse de danger pour la Wallonie : c'est d'une part, nos libertés qui sont en cause et la perspective qui s'éloigne d'un régime de justice sociale par l'élimination du capitalisme; de l'autre, la vie politique et économique de la Wallonie, vouée à une subordination contre nature dans un Etat thiois. Bien qu'il reconnaisse que subsistent en Flandre d'immenses réserves démocratiques, Baussart insiste sur la réaction des Wallons : Dès lors, défendre la démocratie, c'est défendre la Wallonie. Et inversement. Les deux causes, si la menace se confirme, seraient confondues. Pas de doute que les Wallons, sur ces deux questions, seront intraitables. Et quelque mois plus tard, il revient sur l'identité des Wallons, peuple roman, riche d'un passé et d'un patrimoine dont ils commencent à acquérir la fierté. Mais, à ses yeux, et ce n'est pas contradictoire avec son analyse rapportée plus haut, il n'y a pas de culture wallonne. Il y a une culture française assimilée par les Wallons. Elément indéniable d'unité wallonne, qui n'est peut-être pas suffisant en ces temps troublés par les nationalismes morbides pour constituer un puissant rassemblement wallon. Faisant appel à l'histoire, Baussart rappelle la tradition ancienne et assurée qui fut celle des provinces wallonnes : celle de la liberté. Et avec force, il affirme : Dictature, totalitarisme, racisme, tout cela n'est pas de chez nous : quinze siècles d'histoire le prouvent (...) La vieille passion libertaire est toujours vivace au cœur des individualistes que nous sommes  (31). Relevant ce qu'écrit Baussart, Léon-E. Halkin insiste sur la nécessité de donner à la communauté wallonne la conscience de son unité morale et comme le Carolorégien, le Liégeois écrit que cette unité doit se fonder sur le sentiment d'une tradition historique de liberté; liberté, mot usé, idée immortelle (32). Et de plaider, l'un et l'autre, pour une histoire du peuple wallon sans a priori 'wallingant' qui répondrait à l'a priori 'belgiciste' d'une certaine histoire du pays. Or, en juin 1938, sous l'égide de la Concentration wallonne présidée par l'abbé Mahieu, est fondée la Société historique pour la Défense et l'Illustration de la Wallonie qui s'inscrit dans une démarche scientifique identique. L'histoire d'un peuple, déclarait l'abbé, est l'exposé scientifique, c'est-à-dire logiquement ordonné des événements et des faits qu'il a vécus ainsi que du développement qu'il a subi. (...) Elle (l'histoire) fausserait sa marche et conniverait (sic) à l'erreur si elle n'était qu'un essai de justification d'une état de fait présent. L'interprétation a priori des données historiques, dans le but d'asseoir et d'étayer des situations politiques acquises, est un crime contre la vérité (33). L'historien namurois FÈlix Rousseau s'incrit, lui aussi, dans cette démarche. Il est nécessaire et grand temps que les Wallons s'occupent davantage de leur histoire (34), écrit-il à Maurice Bologne, secrétaire de la jeune Société historique.

Du côté de la Ligue d'Action wallonne et de son périodique, L'Action wallonne, on ferraillait ferme contre la politique d'indépendance que les militants considéraient de plus en plus 'de neutralité'. Les articles des Buisseret, Rey, Truffaut ne se comptent plus (35). Parallèlement à cette opposition visant la politique extérieure qui manifestait, une fois de plus, les choix différents du Nord et du Sud du pays, la Ligue préparait un projet de statut fédéral (36), projet assumé principalement par Georges Truffaut député socialiste depuis 1934 et Fernand Dehousse, à l'époque chargé de cours à l'Université de Liège. Celui-ci inaugura, par la même occasion, une rubrique, Propos de doctrine, dont le premier article s'intitulait : Y a-t-il un "nationalisme" wallon ? En argumentant, il réfute les éléments essentiels du nationalisme : impérialisme, oppression des minorités, exclusivisme et il poursuit : Latins, nous nous intégrons (...) dans la civilisation la plus universaliste qui soit. Le Mouvement wallon est un mouvement de défense : de défense de la culture et de l'autonomie de la Wallonie en Belgique. Et Fernand Dehousse de conclure en invoquant, pour le Mouvement wallon, le parrainage du Mouvement national tchèque de Thomas Masaryk : Avec lui, nous avons en commun l'amour de la démocratie et l'attachement à la liberté sous toutes ses formes (37).

L'invasion du pays, une nouvelle fois, suspendait l'activité des organes du Mouvement wallon. Mais bon nombre de militants allaient se retrouver dans la Résistance, hormis ceux des leurs – tels Georges Truffaut, Luc Javaux, notamment – fauchés dans leur combat contre le nazisme et la perspective de voir l'Ordre nouveau imposé à l'Europe, et hormis ceux des leurs retenus en Allemagne comme quelque 70.000 de leurs compatriotes wallons – tels Joseph Merlot (38) et Jean Rey. Comme Marie-Françoise Gihousse l'a montré, les militants wallons restés ou rentrés au pays se retrouvent dans les premiers mois de l'occupation et forment de petits groupes d'où vont émerger au fil du temps trois mouvements principaux : Wallonie libre, Wallonie catholique et Wallonie indépendante (39). Si les orientations idéologiques respectives sont marquées, progressivement s'est dégagée une position commune quant à l'avenir de la Wallonie, comme l'annonce le clandestin catholique en avril 1944 : Il y a (...) à l'heure présente, unanimité parmi les mouvements wallons militants pour doter, après la guerre, la Wallonie d'un statut d'Etat fédéral (40). La décision de tenir un Congrès wallon à la Libération est prise et des contacts sont noués pour son organisation.

Fin 1944, l'historien Félix Rousseau publie sous les auspices de Wallonie catholique, une brochure intitulée La Wallonie, son histoire, son avenir. Il réaffirme avec force que la Wallonie est une terre latine et française et rien que latine et française, et il s'agit qu'elle le demeure intégralement. En conséquence, le cadre étroitement unitaire est à rejeter si l'on ne veut pas que la Wallonie soit étouffée sous le poids flamand qui a pour lui la loi du nombre.

Le problème communautaire est loin d'être résolu au sortir de la guerre. La Question royale va révéler, une fois de plus, que les choix sont majoritairement différents au Nord et au Sud du pays. Le rassemblement d'un certain nombre d'intellectuels catholiques – et non des moindres – au sein de Rénovation wallonne, issue de Wallonie catholique, est significatif à cet égard. Même les syndicats, souligne Baussart, travaillent un prolétariat [wallon] si dissemblable du prolétariat flamand et qui défendent des intérêts qui sont conditionnés pour une part qui n'est pas mince par des conditions régionales (41). Par ailleurs, l'aggravation de la situation démographique wallonne (42), conséquence pour une bonne part de la captivité des soldats wallons, accentue la minorisation de la Wallonie au sein de l'Etat unitaire et centralisé; s'ajoute encore au marasme la situation économique se dégradant et entraînant d'inéluctables séquelles sociales.

Précédé d'une ample campagne de presse (43), le Congrès wallon se tint les 20 et 21 octobre 1945, date anniversaire de la fondation de l'Assemblée wallonne en 1912. La centaine de participants des Congrès de l'Entre-deux-guerres s'était élargie à quelque 1.500. Ce Congrès est trop connu pour que l'on s'y attarde longuement (44). Toutefois il est à noter qu'il baigna dans la ferveur à l'égard de la France de de Gaulle, la France Libre. Parmi les quatre formules proposées pour l'avenir de la Wallonie, la formule fédérale fut adoptée à la quasi unanimité; elle avait été défendue principalement par Fernand Dehousse, Henri Glineur au nom du Parti communiste, par Léopold Levaux au nom de l'UDB et Jean Rey, porte-parole de la Fédération libérale liégeoise. Pour Dehousse, le fédéralisme est la forme suprême de la démocratie, en ce sens qu'à côté de toutes les libertés individuelles (...), elle en ajoute de nouvelles qui sont des libertés locales ou régionales. Pour Rey, seule la solution fédérale était susceptible de réaliser l'unité des Wallons, unité des Wallons indispensable pour que la Wallonie, libre de disposer d'elle-même, forme une communauté majeure qui ne subisse l'hégémonie ouverte ou larvée de personne, fût-ce de certains compatriotes, ceci selon Levaux. Tous étaient d'avis que le fédéralisme était un dernier essai de vie en commun dans le cadre belge, même si, pour y atteindre, il faudrait beaucoup de courage et beaucoup d'efforts  (45).

Une commission pluraliste fut chargée de couler la décision du Congrès en forme de proposition de révision de la Constitution. Dix-sept mois plus tard, six députés (2 socialistes, 2 libéraux, 2 communistes) déposèrent le texte prévoyant deux Etats régionaux et la Région fédérale de Bruxelles comprenant les 19 communes de l'agglomération. Saluant la vitalité remarquable du Mouvement flamand qui avait amené la constitution d'une Flandre, véritable communauté, les auteurs insistaient sur le profond malaise pesant sur la Wallonie au point de vue politique, économique, culturel et psychologique, malaise reconnu lors du débat à la Chambre en novembre 1945. Aussi, pour les signataires de la proposition, le maintien du régime unitaire faisait-il violence à l'histoire et au sentiment des populations. Seul le fédéralisme permettait de concilier la nécessité de maintenir l'unité de l'Etat avec celle d'assurer aux régions et aux populations l'autonomie à laquelle elles aspirent. Et de conclure : La liberté politique est la démocratie des individus : le fédéralisme, c'est la démocratie des peuples (46).

Toutefois, un écueil à la recevabilité du texte se présentait : la Constitution ne pouvait être révisée sous la Régence. Pour les signataires de la proposition, s'appuyant sur l'avis du juriste Henri Rolin (47), les travaux préparatoires pouvaient être considérés comme exclus de cette interdiction. Or, souvent, ils étaient longs et dans cette perspective, la Régence aurait pris fin. En effet, pour les militants wallons, opposés au retour du roi Léopold III, septembre 1948, moment de la majorité du prince Baudouin lui permettant de remplacer son père, n'était guère éloigné. Le 19 novembre 1947, suite à la consultation de sept professeurs d'université, dont six se prononcèrent pour l'application stricte du texte constitutionnel, la Chambre vota dans le même sens, ce qui revenait à refuser la prise en considération de la proposition. Scrupule juridique ou non, prétexte ou non, la répartition des votes avait l'apparence d'un vote 'communautaire'. Les votes négatifs se répartissaient comme suit : sur les 71 députés flamands présents, 50 catholiques, 15 socialistes et 3 libéraux; sur les 24 Bruxellois présents, 11 catholiques, 4 socialistes et 1 libéral. Quant au vote contraire, des 64 Wallons présents, 23 socialistes, 15 communistes et 2 libéraux s'opposèrent aux conclusions de la Commission. L'amertume fut grande chez les militants wallons et correspondait bien à ce que le catholique Levaux évoquait dès le Congrès wallon de mai, c'est-à-dire que le rejet du fédéralisme provoquerait une émotion profonde (...), et peut-être, et certainement, [le] sentiment d'une injure qui nous serait faite et comme un défi qui nous serait porté (48) .

La Wallonie, marche du nord de la civilisation française ! Telle est l'identité que les militants wallons ont contribué à définir, à maintenir et à défendre tout au long de la période envisagée et cela d'autant plus que s'affermissait la conscience flamande, voire le sentiment national flamand. Par ailleurs, les institutions unitaires et centralisées jointes, au lendemain de la Première Guerre, au suffrage universel – jamais mis en question – permettaient une prédominance certaine des Flamands dans l'Etat au sein duquel les Wallons, même alliés aux 'francophones' de Bruxelles, constituaient une minorité. Très tôt, le Mouvement wallon prend en compte cette donnée d'ordre politique, ce qui explique que, très tôt, la revendication du fédéralisme est à l'ordre du jour. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'audience du Mouvement wallon s'accroît. Si l'identité romane de la Wallonie reste d'actualité, de nouveaux problèmes se posent tels le déficit démographique aggravé, le déséquilibre économique par rapport à la Flandre. Malgré la préexistence d'autres solutions possibles, l'unité du Mouvement wallon se fait sur la revendication du fédéralisme... avec, en 1947, le résultat négatif que l'on sait au niveau parlementaire.

En fin d'analyse, une relation théorique intéressante semble apparaître entre l'évolution des faits ici rappelée et l'affirmation du professeur Jouthe : poser la question de l'identité, c'est poser fondamentalement la question du sens. La triple dimension qu'il évoque – dimension affective, cognitive et éthique – se retrouve chez les militants wallons avec une intensité variable de l'une ou de l'autre selon les époques. Les dimensions affective et cognitive sont davantage présentes au cours de la période de législation linguistique (années 20), marquée par le bilinguisme. Dans les années 30, par contre, les dimensions cognitive et éthique sont plus affirmées quand le fascisme menace la démocratie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale prédomine également la double dimension cognitive et éthique dans une perspective de sauvegarde de l'identité culturelle de la Wallonie et de son avenir politique et économique.

 

* Micheline LIBON (Antheit, 1938) est docteur en philosophie et lettres (Histoire) de l'UCL depuis 1986. Sa thèse de doctorat était intitulée Elie Baussart (1887-1965), l'identité wallonne et le Mouvement wallon.

Notes

1. Congrès wallon. Compte rendu officiel, Liège 1905; Chantal KESTELOOT, Mouvement wallon et identité nationale. C.H. CRISP, n°1392, 1993, p.17.
2. Il ne faut pas confondre Julien FRAIPONT (1857-1910) avec Charles de FRAIPONT (1883-1946), lui aussi anthropologue et qui fut élu sénateur rexiste de Liège en 1936.
3. Sur ce Congrès de 1905, voir Arnaud PIROTTE, L'apport des courants régionalistes et dialectaux au Mouvement wallon naissant. Une enquête dans les publications d'action wallonne de 1890 à 1914. Mémoire de licence en Histoire. UCL, 1993. Dactylographié.
4. Archives A. Doutrepont. Manuscrit d'une conférence sur l'ethnographie, la langue et la littérature wallonnes, [Liège], [1912]. – Voir, sur tout ceci, M. LIBON, "Raciner" les Wallons. Elie Baussart. Ecrits politiques wallons, vol. n° 6, Institut Jules Destrée, 1993, p. 18-20.
5. Cfr A. PIROTTE, L'apport des courants..., op. cit., p. 49-50, 135.
6. Cité dans C. KESTELOOT, Mouvement wallon..., op. cit., p.17, note 35. C'est nous qui soulignons.
7. E. JOUTHE, Citoyenneté, identités et immigration. dans Pratique de la Citoyenneté et Identités. Actes de la Treizième Conférence des Peuples de Langue française, Liège 13-15 juillet 1995, Charleroi, 1996, p. 58-59.
8. La vision de la Révolution de 1830 est quelque peu différente chez Auguste Vermeylen dans sa Kritiek der Vlaamsche Beweging paru en 1896. Il écrit en effet : la Flandre se laissa entraîner dans la révolution de l'année 30 : jamais révolution plus stupide ne fut déclenchée à la suite d'influences étrangères ! (cité dans Textes et Documents. Documents d'histoire de Belgique, t. II, 1978, p. 148.
9. Congrès wallon de 1912. Etude d'un régime séparatiste en Belgique. Rapport présenté par J. Delaite, Liège, 1912, p. 18; J. DESTREE, Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre dans Revue de Belgique, 15 août - 1er septembre 1912, p.744, 754. Destrée signale quelques exemples de cette introduction du flamand en Wallonie, tels les panneaux indicateurs : Solre Sint-Goorinckx, Hoei, Marchiennes Ter Brug. – Sur le rôle des Wallons en 1830, voir André CORDEWIENER, 1830 en Wallonie dans La Wallonie. Le pays et les hommes. Histoire - Economies - Sociétés sous dir. H. HASQUIN, t.II, p. 11-22.
10. Congrès wallon de 1912..., op. cit., p. 19; J .DESTREE, Lettre au Roi..., op. cit., p.751-753. Pour les élections de 1912, la différence des données entre les deux auteurs vient du fait que Delaite a, notamment, comptabilisé les votes de l'arrondissement de Bruxelles moitié pour la Flandre, moitié pour la Wallonie.
11. En 1831, la population wallonne représentait 39,7 % de la population belge; en 1900; 41 %. Institut de Démographie, UCL cité dans F. DOCQUIER, La démographie wallonne : histoire et perspective d'une population vieillissante dans Wallonie. Atouts et références d'une Région, Liège, 1995, p. 112.
12. Congrès wallon de 1912, op. cit., p. 10-11.
13. Congrès wallon organisé par la Ligue wallonne de Liège, 7 juillet 1912, Liège, 1912, p. 40.
14. Ce délégué était Maurice de Miomandre. Après la parution de la Lettre au Roi de Jules Destrée, de Miomandre publia, dans la même Revue de Belgique, pas moins de quatre articles Contre la séparation administrative (1er novembre 1912, 15 février, 15 mars et 15 avril 1913).
15. Sur ces discussions, voir Congrès wallon organisé..., op. cit., passim.
16. La composition idéale de l'Assemblée wallonne devait être la suivante : 31 Hennuyers, 23 Liégeois, 6 Luxembourgeois, 10 Namurois, 4 Brabançons wallons, 5 représentants de l'agglomération bruxelloise.
17. R.E. DE SMET, R. EVALENKO et W. FRAEYS, Atlas des élections belges. 1919-1954, Bruxelles, 1958, p. 22.
18. Documents parlementaires. Sénat. Session 1920-1921, n° 279, 22 septembre 1921. Révision de l'art. 39 de la Constitution. La proposition était signée par 7 libéraux et 1 socialiste. Documents parlementaires. Sénat. Session 1920-1921, n° 294, 7 octobre 1921. Rapport de la commission de révisions de la Constitution.
19. Annales parlementaires. Sénat. Session 1920-1921. Séance du 19 octobre 1921, p. 1305-1313.
20. Documents parlementaires. Sénat. Session 1920-1921, n° 276, 20 septembre 1921, p. 251-254. Révision de l'article 49 de la Constitution. – Annales parlementaires. Sénat. Session 1920-1921. Séance du 13 octobre 1921, p. 1289-1292.
21. Voir notamment Annales parlementaires. Chambre. Session 1922-1923, Séance du 14 février 1923, p. 717-718 et J. DESTREE, Wallons et Flamands. La querelle linguistique en Belgique, Paris, 1923, p. 171 et ss.
22. A. BUISSERET, Après le Congrès et A. BUISSERET, Les principes directeurs du mouvement autonomiste. Rapport au premier Congrès de la Ligue d'Action wallonne dans La Barricade, n° 18, août 1924, p. 1-4; 14-16. Dans ce projet, l'auteur propose que Bruxelles et son agglomération constituent un district fédéral. Quant aux négociations avec les Flamands, elles devraient envisager un règlement équitable de la situation des minorités francisantes..., sans toutefois donner aux Flamands l'impression d'une ingérence indiscrète.
23. Pour cette synthèse, voir M. LIBON, "Raciner" les Wallons, op. cit., p.35-37, 46-47, 66-69.
24. 2e Congrès de la LAW, Rapport de M. Dehousse. L'autonomie et la question scolaire dans La Barricade, n°30-31, p.9-14. – Voir également Philippe DESTATTE, Y a-t-il un nationalisme wallon ? Communication au Colloque Vlaamse Eigenheid - Identité wallonne, Anvers, 14 décembre 1992. Inédit.
25. Notre cinquième Congrès, 7-8 juillet 1928. Le fédéralisme et l'organisation administrative. Rapport d'Yvon Pâris dans La Barricade, n° 61, septembre 1928, p. 151; Discours de J. Destrée dans Annales parlementaires. Chambre Session 1927-1928, Séance du 27 juillet 1928, p. 1885-1889.
26. E. BAUSSART, 1930 verra-t-il la faillite de 1830 dans La Terre wallonne, octobre 1928, p. 5-24.
27. La loi sera promulguée le 16 avril 1930.
28. Deuxième Congrès de Concentration wallonne, Liège, 18 octobre 1931, p.7-8. – Voir aussi P. HENRY, Examen du projet frontiste pour la réorganisation de la Belgique suivi par Avant-projet de Statut fédéral dans La Barricade, n° 92, août - septembre 1931, p.9-25.
29. Jusqu'en 1936, les sept Congrès furent présidés par le socialiste François Van Belle, qui n'hésitait pas à déclarer : Nous savons, nous, fils de Flamands, comment nos parents ont été accueillis en Wallonie. Nous savons que si nos parents ont quitté leur lieu d'origine, c'est qu'ils ne trouvaient plus là le pain nécessaire à leur existence; ils sont venus le chercher en Wallonie, où ils ont trouvé des écoles, un milieu d'émancipation, une atmosphère telle qu'elle leur a fait comprendre la liberté. – Cfr Deuxième Congrès..., op. cit. p.10

Retour haut de page

30. Votez wallon ! dans L'Action wallonne, 15 mai 1936. Voir aussi F. VAN BELLE, La Wallonie écrasée. A propos du nombre des députés dans L'Action wallonne, 15 février 1936.
31. Le Provincial [E. Baussart], En face d'un totalitarisme flamand dans La Terre wallonne, février 1937, p. 302-304; E. BAUSSART, Quelques considérations sur le problème wallon dans La Terre wallonne, octobre et novembre 1938, p. 17-26; 81-87. – Voir également Ph. DESTATTE, Le Mouvement wallon contre le fascisme et M. LIBON, Des intellectuels wallons, catholiques et démocrates. L'aventure de la 'Terre wallonne' dans l'Entre-deux-guerres. Communication des deux auteurs au Colloque de la Fondation Baussart, Défendre la Démocratie, Défendre la Wallonie, Charleroi, 5 juin 1993. Textes inédits.
32. Léon-.E. HALKIN, La Wallonie devant l'histoire dans La Cité chrétienne, 20 mai 1939, p.423.
33. Cfr Bulletin de la Société Historique pour la Défense et l'Illustration de la Wallonie, n° 1, 1939.
En 1960, la Société se muait en Institut Jules Destrée.
34. L.-E. HALKIN et F. ROUSSEAU se retrouveront au sein de la Commission d'histoire de l'APIAW. Cette Commission publiera, en 1948, L'Enseignement de l'histoire en Wallonie. Trois ans auparavant, F. ROUSSEAU avait publié La Wallonie. Son histoire. Son avenir , Bruxelles, [1945]. Cfr Ph. DESTATTE, Félix Rousseau et Léon-E. Halkin. Ecrire la Wallonie avec quelques mots simples, comme celui de liberté dans Félix Rousseau, La Wallonie, Terre romane suivi de L'Art mosan, Charleroi, 1993, p. 7-40.
35. Déjà en 1933, la Ligue wallonne de Charleroi avait publié deux brochures d'A. CARLIER, prônant le maintien et le renforcement de l'entente militaire avec la France.
36. Le projet de statut fédéral prévoyait 3 régions. Il fut ratifié, en avril 1938, par le Conseil général de la Concentration wallonne, encommissionné par le Congrès des socialistes wallons, en juillet; cependant, il avait été déposé à la Chambre, le 1er juin, par trois socialistes. La prise en considération fut rejetée, le 2 février 1939, par 112 non, 62 oui et 4 abstentions. Les votes négatifs comptèrent tous les catholiques, tous les libéraux y compris Jennissen, 33 socialistes, 1 communiste et 3 rexistes ; les votes positifs se répartirent comme suit : 33 socialistes, 6 communistes, 14 nationalistes flamands et 9 rexistes.
37. F. DEHOUSSE, Y a-t-il un "nationalisme" wallon ? dans L'Action wallonne, 15 octobre 1937.
38. J. MERLOT en tant que prisonnier politique.
39. Marie -.Françoise.GIHOUSSE, Etude des Mouvements wallons de Résistance, mai 1940 - septembre 1944. Mémoire de licence en Histoire. UCL, 1982. IDEM, Mouvements wallons de résistance. Mai 1940 - septembre 1944, Institut Jules Destrée, Charleroi, 1984.
40. Cfr La Wallonie catholique, n°12, 15 avril 1944.
41. E. BAUSSART, Ce que devrait être le mouvement wallon dans La Cité nouvelle, 8 juin 1946.
42. A. DELPEREE, Faits d'économie régionale dans Nouvelle Revue wallonne, t. I., p.33-35. L'auteur compare la situation démographique de 1947 par rapport à celle de 1939. Les quatre provinces flamandes et le Brabant ont un solde positif allant de + de 17000 jusqu'à plus de 43.000, les 4 provinces wallonnes, un solde négatif allant de + de 30.000 pour le Hainaut et Liège, à + de 5.000 pour le Luxembourg et à + de 2.000 pour Namur.
43. Cfr L'Opinion wallonne, n° 3, août - septembre; n° 4, octobre - novembre 1945. Pour sa part, E. Baussart publie 10 articles entre le 31 mai et le 17 octobre dans La Cité nouvelle., le journal de l'éphémère U.D.B.
44. Ph. RAXHON, Histoire du Congrès wallon d'octobre 1945. Un avenir politique pour la Wallonie ? Collection Notre Histoire, Institut Jules Destrée. Charleroi, 1995. L'Institut Jules Destrée a également publié un dossier pédagogique et une cassette vidéo consacrée à l'interview de douze participants au Congrès d'octobre 1945.
45. Le Congrès de Liège des 20 et 21 octobre 1945. Débats et résolutions, Liège, s.d., p.43-58.
46. Documents parlementaires. Chambre. Session 1946-1947, t. III, 25 mars 1947, n° 257.
47. ibidem. H. Rolin s'était exprimé de la sorte à la tribune du Sénat, le 9 avril 1946 : Cfr Annales parlementaires. Sénat. Session 1945-1946, p.54. Cette interprétation fut contestée par 3 des 7 professeurs d'université consultés par la Chambre : Cfr Documents parlementaires. Chambre. Session 1946-1947, t.V, n° 534, p.16, 23-25.
48. Le Congrès de Namur des 3 et 4 mai 1947. Débats et résolutions, Liège, s.d., p. 86.

 

Micheline Libon, De la "séparation administrative" au fédéralisme (1912 - 1950) :quête identitaire du Mouvement wallon ? dans Cahiers d'Histoire du Temps perdu, Hors série - Foyoüs d'Istwére dè Tins pièrdou, Numèrö spéciål, IJD, Namur - Nameûr, 1998


 

 

L'Institut Destrée L'Institut Destrée,
ONG partenaire officiel de l'UNESCO (statut de consultation) et 
en statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social
des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2012
  The Destree Institute The Destrée Institute,
NGO official partner of UNESCO (consultative status) and 
in Special consultative status with the United Nations Economic
and Social Council (ECOSOC) since 2012 

www.institut-destree.eu  -  www.institut-destree.org  -  www.wallonie-en-ligne.net   ©   Institut Destrée  -  The Destree Institute