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Histoire économique de la Wallonie  Retour au Plan thématique du portail Wallonie-en-ligne

 

Avec l'appui de la Région wallonne, Direction générale des Technologies, de la Recherche et de l'Energie

Séminaire "Innovation, savoir-faire, performance
Une histoire économique de la Wallonie dans le cadre européen

Retour haut de page Contexte et objectif du séminaire
Retour haut de page Programme du 25.03.2003
 

Château de Namur (Wallonie) -  25 mars 2003

 

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Actualité de l’histoire économique et de l’analyse rétrospective en Wallonie

Jean-Marie Duvosquel, historien, président de l'Institut Jules-Destrée

C'est, d'abord, avec un réel plaisir que je m’acquitte de mon devoir de président de l’Institut Jules-Destrée de vous accueillir aujourd’hui. En particulier, je tiens à remercier tous les participants des trois tables rondes d’avoir, avec un intérêt manifeste, répondu à l’appel qui leur avait été lancé. En particulier, je veux saluer la présence de M. le Professeur Toni Pierenkemper, de l’Université de Cologne, ainsi que de M. le professeur Denis Woronoff, de l’Université Paris I Sorbonne Panthéon, et les remercier d’avoir accepté la charge de présenter, aujourd’hui, les exposés introductifs des deux premières tables rondes.

Ensuite, permettez-moi d’exprimer ici la gratitude de l’Institut Jules-Destrée envers toutes les personnes contactées depuis deux ans, qui ont réservé un accueil attentif à Philippe Destatte, directeur de l’Institut Jules-Destrée, puis à Sven Steffens, conseiller à l’Institut Jules-Destrée et coordinateur du présent travail, dans le cadre de la préparation des recherches que nous abordons ici. Tous ceux-là ont contribué – par leur compétence d’historien, d’économiste, de sociologue ou de philosophe – à la réflexion sur l’idée d’une recherche innovante portant sur l’histoire économique de la Wallonie. Si nos interlocuteurs sont trop nombreux pour les citer nommément, signalons au passage le fait que beaucoup parmi eux travaillent au sein d’universités wallonnes, belges et étrangères, gage de l’ouverture intellectuelle et de l’ouverture vers l’Europe, recherchée par l’Institut Jules-Destrée.

Enfin, mes remerciements vont à M. le Vice-président du Gouvernement wallon, M. Serge Kubla, ministre de l’Economie, des PME, de la Recherche et des Technologies, et à la Direction générale des Technologies, de la Recherche et de l’Energie de la Région wallonne, qui ont bien voulu soutenir les travaux de l’Institut Jules-Destrée pendant cette première année consacrée à l’élaboration du projet de recherche et à l’établissement d’un plan de travail. Notre gratitude s'adresse aussi à Madame Anne-Marie Straus qui, dans les diverses fonctions qui ont été les siennes ces dernières années, n'a cessé de marquer son intérêt pour nos travaux.

Une large partie de notre réflexion d'aujourd'hui portera sur l'actualité de l'histoire économique et de l'analyse rétrospective en Wallonie. Certes, s’intéresser à l’histoire économique de la Belgique n’est pas original en soi. Cette préoccupation a été largement balisée par plusieurs chantiers parmi lesquels le plus monumental est certainement "Histoire quantitative et développement de la Belgique", ouvert et porté par mon collègue de l'Académie, le professeur Pierre Lebrun de l’Université de Liège et l'équipe interuniversitaire qu'il a su mettre en place et maintenir pendant plus de vingt ans.

Considérer le cadre régional wallon comme espace de recherche en histoire économique reste singulier. Faut-il rappeler que, ici même au Château de Namur, et voici quinze ans, lors de l'inauguration par l'Institut Jules-Destrée du Centre d'Histoire de la Wallonie et du Mouvement wallon, le Professeur Hervé Hasquin soulignait que tous les anciens complexes étaient abandonnés et que plus aucun historien n'avait le sentiment de faire de l'histoire anti-scientifique, quand il s'occupait de l'histoire de la Wallonie [1]. Voire. Le travail exploratoire mené dans ce cadre-ci a montré que quelques interrogations subsistaient…

De même, nous savons que, jusqu'ici, les attentions de l'histoire économique de la Wallonie ont davantage porté sur le XIXème siècle que sur le XXème siècle, davantage sur le secteur secondaire que sur les secteurs primaire et tertiaire, davantage sur les grandes entreprises que sur les petites et moyennes. De nombreuses lacunes restent donc à combler mais l'évaluation de la recherche dans ce secteur n’est pas le propos du projet que l’Institut Jules-Destrée soumet à votre réflexion, même s'il en a constitué l'amont.

L’initiative d’explorer l’histoire économique de la Wallonie est le fruit d’une préoccupation fondamentale de l’Institut Jules-Destrée, celle de contribuer à l’analyse et à la compréhension de la Wallonie d’aujourd’hui, et, à partir de cette base, de contribuer à la réflexion sur l’avenir de la région. Ainsi, la recherche historique peut-elle être considérée comme une manière d’auto-compréhension d’une société, chaque époque cherchant à comprendre le pourquoi de son propre "devenir passé". La recherche en matière d’histoire économique peut ainsi contribuer à la compréhension des modes successifs de création des richesses matérielles d’une société. En même temps, l’histoire économique a pour fonction de nourrir une réflexion critique au sens noble du terme et ce à la lumière d’une reconstitution factuelle rigoureuse et d’une interprétation argumentée et cohérente.

Une des grandes questions d’actualité est, bien sûr, celle de la situation économique de la Wallonie. Quelles sont les évolutions à l’œuvre en Wallonie ? Quels sont les éléments d’accélération ou de blocage du changement ? Ici se pose la question de la croissance et des facteurs favorisant celle-ci. Or, un des facteurs majeurs de la croissance est manifestement l’innovation et, partant, la capacité d’innovation des entreprises. Si l’on accepte cette hypothèse de travail, la question suivante s'impose : comment analyser et comprendre dans son évolution comme dans ses ruptures ce que certains auteurs appellent le système régional d’innovation wallon ? Dans quel cadre temporel placer la problématique et de quelle façon relier l’actualité au passé tout en évitant la faute de l’anachronisme historique ?

Ces différentes interrogations ont abouti à envisager les processus de transformation de l’économie wallonne dans la longue durée. En effet, on peut supposer que seule la longue durée permettra de saisir les mécanismes qui ont été à l’œuvre et ceux qui le sont encore. Dans le cas présent, il semble justifié de remonter jusqu’aux débuts de la Révolution industrielle car celle-ci est marquée, entre autres facteurs, par des vagues successives d’innovations les plus diverses et, corollairement, par une évolution remarquable et incessante des savoir-faire de la part des techniciens comme de celle des artisans, des ouvriers mais aussi des employés. Enfin, comme le montrent les recherches spécialisées – on pensera notamment aux récents ouvrages collectifs dirigés par les économistes B.A. Lundvall et Richard R. Nelson [2] –, au cours des différentes phases d’industrialisation se sont créés, dans les différents pays industrialisés, des systèmes nationaux et régionaux d’innovation avec leurs spécificités plus ou moins favorables à l’adaptation et, éventuellement, à la reconversion. Effectivement, les systèmes nationaux et régionaux d’innovation sont étroitement liés aux configurations technologiques dominantes d’une économie nationale ou régionale donnée. Cette évolution a tendance à sinon déterminer, du moins fortement influencer la capacité d’adaptation à des technologies nouvelles et concurrentes. A l’instar d’autres régions européennes de tradition industrielle caractérisées par l’industrie lourde, la Wallonie est confrontée au défi de la reconversion. Son système d’innovation est-il à la hauteur de ce défi ?

Enfin, il est apparu tentant d’intégrer dans la conception du projet la notion de "société de la connaissance" étant donné que l’information nouvelle et le savoir nouveau participent pour beaucoup à la définition de l’innovation et des savoir-faire qui portent les innovations à la réalisation. Ainsi, pourrait s’opérer, à titre expérimental, un rapprochement entre les notions de "société industrielle" et "société de la connaissance". Sans pour autant vouloir confondre les deux ou nier leurs différences, ne serait-il pas possible de s’interroger sur l’innovation, le savoir-faire et leur histoire comme éléments préfigurant la société de la connaissance ? Cette option suscitera des interrogations et des critiques. Laissez-moi la justifier en développant rapidement les concepts de base du projet tels que ceux-ci se présentent en ce moment, tout en exprimant d’ores et déjà le souhait que la discussion permettra de les améliorer.

Le premier concept à évoquer est celui d’histoire économique régionale. Ainsi, quelle est la pertinence de l’idée d’étudier l’histoire de l’économie wallonne ? Il n’est pas question, cela va de soi, de considérer l’ensemble des entreprises en activité sur le territoire de l’actuelle Région wallonne – dont les frontières n'ont été institutionnellement fixées que dans les années trente – comme une entité économique homogène et comme une entité clairement distincte des autres régions belges ou tranfrontalières. En particulier, les liens étroits existant, depuis la création de la Belgique, entre Bruxelles, pôle financier majeur mis en place lors de la Révolution industrielle, et les provinces wallonnes, s’opposent à une telle vision. Cependant, tout comme on l’a constaté pour des pays plus étendus, il tombe sous le sens que l’économie belge aussi forme un ensemble composite au sein duquel il est possible de distinguer des sous-entitées régionales, voire sous-régionales avec leurs structures et caractéristiques propres. Par ailleurs, l’évolution constitutionnelle et institutionnelle de la Belgique a doté les régions bruxelloise, flamande et wallonne non seulement d’un statut légal mais, depuis dix ans, aussi de l'essentiel des compétences en matière de politique économique.

La coïncidence de ces deux réalités, l’une ancienne, l’autre récente, confère une pertinence certaine à traiter de l’histoire économique de la Wallonie. Néanmoins, cette histoire économique wallonne doit rester ouverte et attentive aux multiples interférences avec l’histoire économique globale – y compris bien sûr de la colonisation. Le cadre européen paraît particulièrement indiqué comme cadre de référence étant donné l’intérêt de la comparaison raisonnée entre régions industrielles telle que René Leboutte, aujourd’hui titulaire de la Chaire Jean Monnet à l’Université d’Aberdeen, l’a pratiquée. Ce n’est pas un hasard, si nous avons aujourd’hui, parmi nous M. Toni Pierenkemper et M. Frank Zschaler, collaborateur du professeur Hubert Kiesewetter, tous deux représentants d’approches au centre desquelles figure l’histoire économique régionale [3].

Nous proposons d’étendre les notions d'innovation et de savoir-faire au-delà d’une acception qui les lie à la technologie au sens étroit du terme. En effet, il apparaît nécessaire de les appliquer au domaine de la production de biens mais également aux domaines de la gestion économique privée, de la gestion politique et sociale, ainsi qu’au domaine des services privés et publics. Cet élargissement suit une logique systémique qui récuse une vision techniciste de l’économie. L’innovation et le savoir-faire, croyons-nous, sont l’affaire non seulement de fabricants, d’ingénieurs, de managers, d’artisans et d’ouvriers mais aussi de nombreux autres acteurs appartenant à la finance, au commerce, aux services, à la politique, à la représentation des groupes d’intérêt, à la vie intellectuelle, religieuse et artistique. Ainsi, l’histoire économique qui est au centre du présent projet, rejoindrait l’histoire sociale, politique et socio-culturelle.

Lorsqu’on cherche à définir les notions d‘innovation et de savoir-faire, on se rend compte qu’elles font partie de courants de recherche relativement spécialisés : de l’économie de l’innovation, de la sociologie de l’innovation, de l’histoire de l’innovation, de l’histoire des techniques, de l’histoire de l’enseignement, de la sociologie du travail, principalement. Soulignons d’emblée que les questions liées à l’innovation et aux savoir-faire ne sont guère étudiées ensemble mais plutôt séparément. D’après les historiennes suisses Margrit Müller et Béatrice Veyrassat, l’innovation est un processus qui mobilise des connaissances acquises, des expériences et des savoir-faire dans une recherche incessante de produits nouveaux, de nouveaux procédés, de nouvelles formes d’organisation de l’entreprise et de l’activité économique en général [4]. Cette définition est proche de celle de l’économiste Joseph Schumpeter, premier véritable théoricien de l’innovation, qui a proposé de distinguer cinq types d’innovations : 1° la fabrication d’un bien nouveau, 2° l’introduction d’une méthode de production nouvelle, 3° la réalisation d’une nouvelle organisation, 4° l’ouverture d’un débouché nouveau, 5° la conquête d’une nouvelle source de matière première. Cependant, pour des raisons méthodologiques, certains économistes soucieux de la quantification, préfèrent limiter cet éventail aux deux premiers éléments, à savoir aux nouveaux produits et aux nouveaux procédés. C’est ainsi que le Manuel d’Oslo de l’OCDE, élaboré en 1992, définit l’innovation [5]. Du point de l'histoire économique, la vision schumpéterienne doit être maintenue parce qu’elle dépasse l’horizon réduit de la technologie au sens étroit et permet d’être plus en phase avec la complexité de la réalité. Il va de soi que cette option soulève des questions de sources et de méthodes.

Le terme savoir-faire est compris comme un ensemble complexe de savoirs pratiques et techniques dans le sens le plus large du terme ; on peut distinguer au moins trois types de savoirs pratiques et techniques : – 1° les connaissances scientifiques orientées vers l’application, – 2° le know-how des ingénieurs, entrepreneurs, managers et cadres, – 3° la qualification et les compétences de la main-d’œuvre employée et ouvrière. L’histoire des sciences, l’histoire des techniques, l’histoire de l’enseignement technique et professionnel, et, surtout, la sociologie du travail ont exploré un certain nombre de conséquences des changements du monde du travail à la suite d’innovations technologiques, organisationnelles et commerciales sur le savoir-faire. On peut constater deux tendances contradictoires qui, pourtant, sur le terrain des entreprises, ne s’excluent pas l’une l’autre parce qu’elle touchent différentes catégories de travailleurs. La première tendance est celle de la déqualification en raison de la mécanisation et de la parcellisation du travail, la seconde tendance est celle de la naissance de qualifications nouvelles et même de haut niveau. Un élément de l’évolution des savoir-faire qui mérite une attention particulière est la tendance, manifeste depuis les débuts de la Révolution industrielle, à la formalisation, codification et, dans une certaine mesure, scolarisation des nouveaux savoir-faire ; c’est ici que l’on pourrait le mieux établir un lien avec la société de la connaissance

Le projet propose de développer une forte composante qualitative sur le plan thématique et sur le plan des méthodes. Il est tentant d’envisager pour la période depuis 1930/40 des enquêtes d’histoire orale en rapport avec l’enseignement technique et professionnel, d’une part, avec l’adaptation des travailleurs à certaines innovations qu’il reste à choisir en fonction de leur exemplarité, d’autre part. L'enseignement technique à étudier devrait inclure le niveau supérieur et universitaire.

Associer innovation et savoir-faire est une manière de répondre à une évidence. Sans le savoir-faire de toutes les catégories de travailleurs, du scientifique jusqu’à l’ouvrier, les innovations ne pourraient pas prendre corps. En même temps, l’association des concepts d'innovation et de savoir-faire fait écho au couple capital et travail dont il serait fatal de ne pas tenir compte.

Par ailleurs, une question complémentaire à l’étude de l’innovation et des savoir-faire est celle des performances économiques induites par ces deux facteurs. L’outillage théorique et méthodologique des sciences économiques, en pleine évolution d’ailleurs, permet d’analyser et d‘évaluer avec beaucoup de finesse des situations contemporaines ; est-ce également possible en ce qui concerne le passé ? La productivité pourrait, certes, être un indicateur quantitatif significatif, mais il reste à en déterminer d’autres. Un paramètre potentiel serait la proportion de la main d’œuvre qualifiée et hautement qualifiée employée dans les entreprises. Une autre piste pourrait être l’analyse de produits à l’exportation à haute valeur ajoutée. De toute manière, il est indispensable de reconstituer, sur base de la littérature existante ou en exploitant les sources statistiques disponibles, les performances générales de l’économie régionale dans son ensemble et secteur par secteur.

Le concept de société de la connaissance fait figure de concept relativement nouveau et relativement peu théorisé comparé à celui de société industrielle. Par conséquent, il est fort sujet à des critiques et n'est donc pas stabilisé. Lorsqu’on le définit par les seules variables de "tertiarisation de l’activité économique" et d'"emprise des technologies de l’information et de la communication sur la production et le travail", on l’utilise quasi en opposition au concept de société industrielle. Or, les notions d’innovation et de savoir-faire pourraient constituer un pont entre les deux, et ce d’autant plus que les industries manufacturières classiques ne diminuent pas aussi rapidement que certains auteurs l’avaient prédit. Du reste, rien ne s’oppose à considérer que nous serions entrés dans une nouvelle révolution industrielle au sein de laquelle le tertiaire et les techniques de l’information et de la communication ainsi que d’autres techniques nouvelles jouent un rôle dominant. Les économistes, à l'instar de l'équipe récemment rassemblée autour de Carlo Vercellone, de l'Université de Paris I, se posent du reste des questions aussi fondamentales que celle d'un crépuscule du capitalisme industriel, considérant ainsi que la croissance fordiste a constitué l'aboutissement du modèle industriel dont Adam Smith avait su décrire et anticiper les tendances les plus marquantes [6]. Quelle que soit l'hypothèse, il n'en demeure pas moins que nous sommes en face d'une mutation structurelle, une structure de changement de structure telle que Pierre Lebrun l'a analysée pour la période 1770-1848.

Le présent séminaire constitue le point culminant de la phase préparatoire du projet d'histoire économique de la Wallonie que nous avons voulu initier. Il est en lui-même le résultat d’une première phase exploratoire du travail. Parallèlement à la campagne de contacts scientifiques, l’Institut Jules-Destrée a procédé à une enquête de prospection archivistique auprès des centres d'archives, des collectivités territoriales mais surtout de plusieurs milliers d'entreprises wallonnes, visant à identifier les gisements d’archives d’entreprises ainsi que d’autres fonds d’archives utiles à la recherche sur l’histoire économique de la Wallonie. Les résultats obtenus ont été intégrés dans une banque de données. Ils concernent un nombre élevé de fonds – près de 1.800 –, couvrant les XIXe et XXe siècles. Enfin, signalons la réalisation en cours d'une bibliographie spécialisée et sélective, rétrospective dans un premier temps, courante ensuite.

Permettez-moi de conclure, en évoquant le déroulement de notre rencontre.

D’abord, ce sera au tour du ministre Serge Kubla de nous expliquer l’importance qu’il accorde à l’innovation, au savoir-faire et à la performance dans sa position stratégique de ministre wallon de l'Economie, des PME, de la Recherche et des Technologies.

Ensuite, vont se succéder trois tables rondes. La première aura pour sujet de réflexion l’importance que l’on peut et que l’on doit accorder aux facteurs innovation et savoir-faire dans le cadre de l’histoire économique régionale. Ce premier débat abordera, d’une part, les concepts innovation, savoir-faire, région, société de la connaissance, et, d’autre part, les enseignements qui se dégagent à la lecture de la littérature spécialisée. Peut-être sera-t-il possible d’évoquer les relations entre innovation et savoir-faire. La deuxième table ronde se penchera sur la question des sources. Elle tentera d’établir une typologie de sources et d’examiner leur intérêt, leurs limites et leurs problèmes théoriques et pratiques d’utilisation et d’interprétation. La troisième et dernière table ronde quant à elle servira à réfléchir aux thèmes et méthodes innovants qui pourraient être adoptés lors de la future recherche sur l’économie wallonne. Chaque table ronde sera ouverte par un exposé introductif dont la durée ne doit pas dépasser quinze minutes. Ensuite, on écoutera les réactions des intervenants dont chacun dispose, de manière cumulée, d'un maximum de dix minutes de temps de parole, de manière à laisser aux autres participants le temps de poser leurs questions et de faire part de leurs remarques et suggestions.

Enfin, le séminaire se terminera par les premières conclusions que nous présentera Philippe Destatte. Ainsi, nous l’espérons, une dynamique de recherche pourra se développer au delà de la phase exploratoire et donner lieu à une collaboration étroite et fructueuse entre les universités et l’Institut Jules-Destrée, comme c'est déjà le cas pour d'autres chantiers. L’enjeu est de taille. En effet, la recherche porte sur les antécédents du changement de paradigme au sein de l’économie wallonne. Ce changement de paradigme, l'Institut Jules-Destrée n'a cessé d'en être un observateur depuis 1987, particulièrement en capitalisant les travaux du programme FAST de la Commission européenne, par les apports de Riccardo Petrella, Michel Quévit, et le Comité scientifique La Wallonie au futur, ainsi que plus récemment, ceux de Marc Luyckx-Ghisi, ancien collaborateur de la Cellule de Prospective de la Commission européenne qui vient de rejoindre notre Pôle Prospective. Ici, la démarche historique rejoint les interrogations propres à la démarche prospective. L'une et l'autre ne sont-elles pas intimement liées à la ligne du temps ? L'une comme l'autre n'ont-elles pas comme vocation – sinon comme devoir – d'être explicatives du présent ?

 

 

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Notes

[1] Interview d'Hervé Hasquin accordé à l'émission de la RTBF Télévision, Ce Soir, cité dans Philippe DESTATTE, Questionnement de l'Histoire et imaginaire politique, dans La Wallonie au Futur, Vers un nouveau paradigme, p. 308, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1989.

[2] Bengt-Ake Lundvall (ed.), National Systems of Innovation. Towards a Theory of Innovation and Interactive Learning, London-New York, 1995 [19921]. – Richard R. Nelson (ed.), National Innovation Systems. A Comparative Analysis, New York – Oxford, 1993.

[3] Hubert Kiesewetter, Region und Industrie in Europa 1815–1995 (Grundzüge der modernen Wirtschaftsgeschichte, n° 2), Stuttgart, 2000; Toni Pierenkemper, Die Industrialisierung europäischer Montanregionen im 19. Jahrhundert (coll. Regionale Industrialisierung, n° 3), Stuttgart, 2002.

[4] Margrit Müller, Béatrice Veyrassat, « Introduction », in : Hans-Jörg Gilomen, Rudolf Jaun, Margrit Müller, Béatrice Veyrassat (dir.), Innovations. Incitations et résistances – des sources de l’innovation à ses effets, Zurich, 2001, p. 14.

[5] Patrick Cohendet, « Innovation », in : Claude Jessuah, Christian Labrousse, Daniel Vitry (dir.), Dictionnaire des sciences économiques, Paris, 2001, p. 474.

[6] Carlo VERCELLONE dir. , Sommes-nous sortis du capitalisme industriel ? Paris, La Dispute, 2003.

 


 

 

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