Wallonie 2020, 5ème congrès "La Wallonie au futur" - Namur, 25.10.2003 - Institut Jules-Destrée

Wallonie 2020 : le cinquième congrès La Wallonie au futur
Actes du congrès
- Namur, samedi 25 octobre 2003

Rapport général

Michel Quévit
professeur à l'Université catholique de Louvain,
président du Comité scientifique La Wallonie au futur

Au terme de cette journée riche en échanges et confrontations, il me paraît important en tant que Rapporteur général de rappeler très brièvement le cadre et la démarche de ce que fut ce congrès La Wallonie au futur.

Notre initiative, dès la départ, et vous le savez, est le fruit d’une démarche de prospective libre et volontaire, indépendante des formations politiques et des groupes de pression mais soucieuse de créer en Wallonie les conditions d’un consensus indispensable pour faire de notre Région un espace de liberté, de solidarité et de croissance dans l’Europe et le monde de demain.

Pour indiquer le caractère particulièrement innovant de la démarche Wallonie 2020, permettez-moi de vous rappeler le chemin parcouru depuis 1987, année où nous avions lancé le concept, certes un peu barbare et voulu comme tel, de "nouveau paradigme".

En 1987, le congrès permanent La Wallonie au futur avait accueilli des contributions de simples citoyens, certains plus ou moins représentatifs du prisme de la société wallonne mais agissant de manière dispersée. Les congrès suivants se sont appuyés sur les expertises et des travaux d'intellectuels et praticiens autour de thématiques particulières telles que l’éducation, l’emploi, l’évaluation et la contractualisation des politiques régionales.

Aujourd’hui, la démarche est tout autre, plus interpellante mais aussi plus périlleuse puisqu’elle a voulu associer des membres de la société civile à une réflexion citoyenne sur le devenir prospectif de la Wallonie.

Pour y arriver, le Pôle Prospective de l’Institut Jules-Destrée a mis en place une méthodologie participative qui, j’ose le dire, est unique dans l’univers de la prospective en Europe. Merci à l’équipe de Institut d’avoir osé ce défi.

Mais, il faut surtout remercier toutes celles et tous ceux, plus de 400 personnes, jeunes et moins jeunes, de toutes catégories sociales qui ont accepté de jouer le jeu et consacré tant d’heures, de soirées et de journées, de parties de week-end. Vous avez aussi pris le risque que l’on vous conteste votre légitimité mais vous n’êtes pas tombés dans ce piège de vous croire les seuls représentants de la société civile.

Vous saviez mieux que quiconque qu'était révolu le temps de l’agora de la Grèce antique où tout pouvait se dire et se décider sur une place publique et vous avez accepté le défi d’être une forme d’intermédiation entre la sphère du politique et la société civile.

Venons-en aux résultats de la démarche Wallonie 2020.

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Il est bon de le rappeler, les travaux de ce Congrès se sont situés d’emblée à l’horizon de 2020 et dans le contexte des grandes mutations que connaîtront les sociétés hautement développées, et donc de la Wallonie en particulier qui est située dans un de ces épicentres géographiques de la croissance mondiale.

L’appréhension de ces nouveaux enjeux ne s’est pas limitée à de simples constats, par ailleurs connus, mais nos travaux ont surtout porté sur les voies et les moyens d’y répondre.

En fait, si je devais résumer le résultat des travaux de cette démarche prospective en une phrase, je dirais que les propositions ont porté moins sur le contenu des politiques à mettre en œuvre que sur les principes de base d’une action régionale solidaire et sur les relations du citoyen au fonctionnement de la société wallonne.

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Wallonie 2020, 5ème congrès "La Wallonie au futur" - Namur, 25.10.2003 - Institut Jules-Destrée  
 Cinq interrogations fondamentales et quinze propositions d’action

‑ Comment contribuer à développer en Wallonie un espace de solidarité sociale et de proximité répondant aux besoins des populations ?

‑ Comment contribuer à faire de la Wallonie un espace de croissance ET de créativité;

‑ Comment développer en Wallonie des politiques de développement territorial plus proche des citoyens ?

‑ Comment contribuer à améliorer la gouvernance de la société wallonne et y développer une citoyenneté responsable ?

‑ Comment faire de la Région wallonne un partenaire proactif de la construction d’une Europe élargie et contribuer à développer un modèle économico-social fondé sur la solidarité et la cohésion économique, sociale et territoriale ?

A chacune de ces questions, des propositions d’action précises sont avancées. Permettez-moi de les rappeler brièvement mais surtout leur contexte. Je les résumerais sous forme de cinq défis majeurs porteurs d’enjeux.

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Wallonie 2020, 5ème congrès "La Wallonie au futur" - Namur, 25.10.2003 - Institut Jules-Destrée  
 

1. le défi de la solidarité sociale dans une société globalisée

Le défi de la solidarité sociale fut au cœur des travaux. Il ne trouve pas son fondement seulement dans une vision philosophique du fonctionnement de la société wallonne mais il part aussi des constatations et d’appréhensions sur le devenir wallon à l’horizon de 2020 qui ont été identifiés au tout début de la démarche prospective. J’en épingle quelques uns :

‑ la longévité de la vie et la gestion du temps hors travail : en 2020, il y aura un inactif pour un actif;

‑ l’accès à la santé et le financement de la sécurité d’existence : qui et comment le financer ?

‑ l’accès au logement de qualité;

‑ la mobilité et le développement des transports collectifs;

‑ la prise en compte de l’enjeu de la cohésion économique et sociale sur le territoire wallon, etc.

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1.1. L’indispensable reconnaissance du rôle des missions d’intérêt général en Wallonie

Ces différents constats ont suscité une réflexion fondamentale sur le rôle de l’Etat dans la gestion du bien commun et a conduit à une interpellation centrale : comment assurer le développement des missions d’intérêt général dans la société wallonne ?

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit purement et simplement de garantir à chaque citoyen wallon le droit au service universel : se loger, assurer sa santé, se déplacer, communiquer avec l’extérieur, apprendre, etc… En d’autres termes,il s'agit de permettre aux habitants d'avoir accès, à un prix abordable et en appliquant le principe d'équité, à des services essentiels et de qualité, quel que soit leur positionnement géographique et quelle que soit la nature de l'opérateur de ces missions (services publics, entreprises, associations).

Pour y parvenir, vous avez formulé une interpellation forte qui s’adresse d’abord aux autorités régionales (Parlement et gouvernement) : donner à ces missions d’intérêt général un cadre juridique et financier clair dans l’application du futur Contrat d’Avenir pour la Wallonie, notamment au travers d’un décret.

Il s'agit donc de décliner en quoi consistent ces missions d'intérêt général dans le domaine du logement, de la santé, de l'éducation, des transports, de la justice, de l'intégration des personnes handicapées, de l'intégration des personnes "âgées", notamment, et de définir les modalités d'intervention des pouvoirs publics régionaux et communautaires dans la réalisation de ces missions.

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1.2. Des services publics de qualité

Le corollaire indispensable de la réussite par la Région wallonne des missions d’intérêt général passe aussi par un changement profond du fonctionnement et de la gestion des services publics.

L'amélioration de la qualité des services et des opérateurs publics est le garant du respect du citoyen comme sujet de droit – quelles que soient son identité et son origine – et non pas seulement comme simple consom­mateur de ces services. Vous avez mis l’accent sur une chose importante : faire de la transparence et du partenariat interactif entre les opérateurs publics et les usagers les critères essentiels de l’ "approche qualité" des services publics.

Ce processus d’amélioration de la qualité est largement développé en Wallonie au niveau des entreprises mais aussi au niveau de certaines administrations publiques sous l’impulsion du gouvernement wallon. Il manque toutefois d’une méthodologie et d’une pédagogie d’accès à la qualité qui intègre ces dimensions de partenariat et de transparence dans les services publics.

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 2. Entrer de plein pied dans la société de la connaissance

 La problématique de la connaissance a déjà été largement présente dans tous les congrès de la Wallonie au futur mais elle a pris dans les travaux de ce congrès une dimension nouvelle face aux défis identifiés à l’horizon de 2020.

La croissance économique de la Wallonie, région située au cœur d’un espace européen qui se partage les trois quarts des ressources matérielles et immatérielles de l’Union européenne, sera plus que jamais indissocia­blement liée au développement de produits et de services de très haute valeur ajoutée. Cela exige l’acquisition de compétences et de savoirs avancés.

L’accès du plus grand nombre de Wallonnes et de Wallons à la société de la connaissance est devenu un "must" incontournable en Europe (cfr la déclaration de Lisbonne). Recherche, innovation, créativité et formation sont des facteurs indissociables et indispensables au positionnement compétitif futur de la Wallonie, dans l’Europe, d’abord, dans le monde, ensuite. C’est une question de survie.

L’éclairage nouveau de ce congrès a judicieusement porté sur deux cibles stratégiques : d'une part, apprendre à apprendre, d'autre part, apprendre à entreprendre.

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2.1. Apprendre à apprendre

Avant de connaître, il faut d’abord apprendre à apprendre et c’est la tâche prioritaire des enseignants de transmettre ce savoir-faire. Le rôle de l’école n’est pas d’abord de s’adapter aux besoins immédiats des entreprises bien qu’il faille contribuer à permettre à tous d’être compétents, mais surtout de suivre l’évolution de la connaissance et du savoir et de former les jeunes à apprendre.

Comparé aux autres congrès La Wallonie au futur, les travaux menés dans le cadre de la démarche Wallonie 2020 apportent une image nouvelle sur cette fonction éducative qui n’était pas apparue aussi évidente auparavant.

Les jeunes Wallons doivent prendre conscience qu’ils seront appelés à se former tout au long de leur vie active et que, dès lors, apprendre à apprendre devient aussi important que d’accumuler des connaissances.

Dans cette perspective, se profile un double enjeu : celui d’acquérir la capacité à apprendre mais aussi de trouver des lieux de formation continuée. Sur ce plan, force est de constater que le système wallon d’enseignement n’est guère des plus performants : l’inadéquation entre les processus d’apprentissage pratiqués en Wallonie et l’évolution des connaissances est flagrante et le système de formation permanente reste peu développé.

Pour y remédier, trois actions sont proposées qui visent trois objectifs : libérer les initiatives pédagogiques, donner une autonomie de gestion pédagogique aux établissements et aux enseignants, encourager la formation permanente.

2.1.1. Négocier un pacte entre les acteurs de l'éducation – à tous niveaux – et la société civile sur trois cibles prioritaires :

‑ rendre le système scolaire plus égalitaire en modifiant le système actuel de discrimination positive par la mise en place d’une politique d’intégration;

‑ mieux articuler les liens entre l'école et la famille : le système éducatif ne doit pas suppléer aux carences familiales et supplanter la fonction éducative de la famille. Ce n’est pas la fonction première de l’enseignant et c’est à ce prix que passe aussi la revalorisation du métier d'enseignant ;

‑ valoriser l'éducation à la transversalité et à l'interdisciplinarité (savoir utiliser différentes disciplines pour aborder un problème ou mener un projet dans toute sa complexité) pour former des citoyens autonomes, responsables et visionnaires.

2.1.2. Accorder l'autonomie pédagogique aux établissements et aux enseignants, en mettant en place un système de fonctionnement par délégation, en élaborant un cadre juridique à l'exercice de cette autonomie, et en remplaçant la norme par l'agrément.

La création d'une éducation à la mesure de la société de la connaissance passe par l'octroi de l'autonomie pédagogique aux établissements et aux enseignants.

Cette autonomie devrait permettre à l'enseignement d'adapter son fonctionnement interne, son rôle éducatif, ses méthodes d'apprentissage à l'évolution de la société, conformément à sa finalité première de former des citoyens responsables.

2.1.3. Encourager la création et le fonctionnement de lieux d'apprentissage et de formation tout le long de la vie, en partenariat entre les acteurs : enseignants, monde associatif, acteurs socio-économiques.

Des actions de formation permanente existent et se multiplient, mais sans coordination suffisante. Il s'agira donc d'encourager des partenariats structurés avec les acteurs du monde de l'enseignement, du monde socio-économique, du monde associatif.

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2.2. Apprendre à entreprendre

La Wallonie manque d’entrepreneurs et le goût de l’initiative chez ses concitoyens est faible comparé à des pays comme la Finlande et la Suède (au top européen de la société de la connaissance), pays qui ne sont pourtant pas plus peuplés que la Belgique. Pour changer de cap, deux actions nous sont proposées.

2.2.1. Sensibiliser toutes les composantes de la société aux impacts de la société de la connaissance et de ses implications sociétales : au terme de ses travaux, le congrès demande que les autorités régionales organisent une vaste campagne d'information en continu auprès des jeunes et des parents sur la nécessité d'étudier et de se former en permanence.

2.2.2. Ouvrir l'école à la vie réelle en organisant des échanges interactifs entre les entreprises, le monde du travail et l'école mais aussi ouvrir les entreprises à la réalité de l’école.

Les progrès déjà entrepris pour rapprocher les logiques et les mondes différents qui caractérisent aujourd'hui l'école et l'entreprise – ou plus généralement, le monde du travail – sont réels mais ils restent insuffisants. Beaucoup de choses ont été entreprises pour intégrer l’école à l’entreprise mais peu a été fait dans le sens inverse.

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 3. L’ enjeu de la proximité des politiques publiques

La référence à la proximité des politiques est certainement un des apports les plus novateurs des travaux de ce Congrès.

Ici, deux préoccupations ont émergé des échanges au sein des groupes de travail.

La première vise la recomposition de l’espace wallon à partir des dynamiques de développement territorial.

On assiste, en Wallonie, à l’émergence d’une nouvelle sensibilité en faveur d’un développement territorial plus proche de la population au travers de dynamiques territoriales infra-régionales. Les exemples abondent : le Hainaut occidental, le Pays de Chimay, le Pays de Herve, le sud Luxembourg et la réussite du PED, les Communauté urbaines, etc.

On se doit de reconnaître ces réalités et de souhaiter les voir se renforcer car elles impliquent plus directement les acteurs de terrain de ces territoires : entrepreneurs, monde du travail, pouvoirs locaux, associations dans de réels programmes de développement de leurs territoires.

Pour rencontrer ces dynamiques nouvelles, il est impératif de favoriser la mise en œuvre des programmes de développement infrarégionaux mais aussi d’intégrer ces initiatives à la dynamique du Contrat d'Avenir pour la Wallonie qui doit rester le cadre de référence du projet de développement cohérent sur toute la Wallonie. Cette intégration dans le Contrat d'Avenir permettrait ainsi de mieux orienter ces dynamiques territoriales et d’éviter la dispersion de ces initiatives.

Mais, il faut être clairs, il ne s’agit nullement ici de reproduire les "féodalités" localistes et sous-régionales du passé, que ont été combattues dans chaque groupe de réflexion. La philosophie est tout autre ! Il s’agit purement et simplement de mieux articuler les sphères publiques : provinces, intercommunales, pays, communautés urbaines, villes et communes à l’objectif d’une stratégie de développement cohérente de la Région.

La seconde préoccupation de proximité mise en évidence concerne la sécurité. Il faut donner une réponse positive à l'insécurité des citoyens dans leur vie de tous les jours. Le respect de la sécurité du citoyen dans la société est devenu une préoccupation de la vie quotidienne. Les mesures judiciaires et administratives prises pour rencontrer ces problèmes sont importantes. Mais elles ne suffisent pas car les racines du problème sont aussi d’ordre éthique, individuel et collectif. C’est au niveau local que ce sentiment d’insécurité est devenu très sensible : racket, vol de voitures, agressions en rue, etc.

Il devient urgent de développer une éthique de respect du citoyen et du cadre de vie. Pour y arriver, le niveau communal, plus que tout autre, peut jouer un rôle très efficace par son contact quotidien avec la population.

C’est l’essence même de l’action proposée de mettre en place des politiques locales de proximité, initiées par les autorités communales et associant les acteurs en matière d'administration, de logement, de police, d'ensei­gnement, de transports, d'aménagement urbain, de régie de quartier, etc… Ces initiatives pourraient être des lieux privilégiés pour la création d’une telle éthique sociale.

La réflexion inter-générationnelle devrait être y privilégiée, les jeunes et les plus âgés apparaissant souvent comme les citoyens les plus à la recherche de respect et de sécurité.

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4. Pour une gouvernance citoyenne en Région wallonne

Le thème de la gouvernance a été présent dans presque tous les ateliers et il est réjouissant de constater la très grande sensibilisation des participants en faveur d’une plus grande implication du citoyen à la gestion de la sphère publique. La gouvernance citoyenne n’est autre qu’un système de gouvernement qui articule et associe les institutions politiques, les acteurs sociaux et les organisations privées dans le processus d’élaboration de choix collectifs capables de provoquer une adhésion active des citoyens.

Cependant, la particularité des réflexions émises à ce sujet est d’y voir associés, à côté des acteurs institutionnels (tels que partis politiques, organisations professionnelles, syndicats), des représentants de la société civile, et cela à tous les niveaux de décision de la Région wallonne, du local au régional.

Un principe moteur de cette gouvernance citoyenne a aussi été réaffirmé : le principe de subsidiarité qui, rappelons-le, consiste à ne pas faire au niveau de décision supérieur ce qui peut être mieux réalisé au niveau inférieur et vice-versa. D’où l’attente exprimée de voir en Région wallonne se décliner de manière plus précise et cohérente l’application de ce principe fondamental.

Il est évident que la participation des citoyens exige pour être efficace d’être structurée et nécessite la mise en place d’une véritable pédagogie de l’action.

Pour y parvenir deux propositions ont été formulées, l’une concerne le niveau régional, l’autre le niveau infra régional.

Tout d’abord au niveau régional. Pour les participants, il est évident que le niveau régional reste le niveau plus pertinent pour mettre en œuvre une stratégie globale du développement wallon.

Cependant, une dynamique plus innovante de mobilisation autour du Contrat d’Avenir pour la Wallonie semble nécessaire si l’on veut concrètement y associer les citoyens, notamment, à l’élaboration, la décision et l’évaluation des politiques. Pour y parvenir, devraient être créés des lieux durables de débats et de réflexion prospective sur la stratégie régionale, d’information sur les politiques mises en œuvre et leur évaluation.

La Région wallonne, il est important de le souligner, a de ce point de vue été innovante puisqu’elle a déjà intégré dans sa pratique politique, non seulement la culture de l’évaluation mais celle de la contractualisation de sa stratégie régionale. Il ressort des travaux du congrès que les autorités régionales devraient encourager et œuvrer à la mise en place de ces lieux. Il s'agit de lieux, pas de structures nouvelles comme semblent l’avoir interprété certains intervenants de ce Congrès. Ce qui ne doit pas empêcher des innovations institutionnelles comme celle d’ouvrir le Conseil économique et social de la Région wallonne à des représentants d'association de la société civile qui serait ainsi partenaire des acteurs institutionnels à la fonction d’avis de cet organisme.

Au niveau sous-régional, ensuite. Au niveau infrarégional, et cela en cohérence avec la proposition de mettre en œuvre des programmes de développement territoriaux, il apparaît logique de mettre en place aussi des lieux transversaux de débats et de réflexion qui ont la même finalité que ceux mis en place au niveau régional.

Ici aussi, l'idée d'une réforme institutionnelle est avancée : celle de créer en support à la mise en œuvre des programmes territoriaux des Conseils de développement territorial qui joueraient le rôle de passerelle entre l’action infrarégionale et la stratégie régionale ainsi que le suivi des programmes territoriaux de proximité évoqués précédemment.

Ces espaces de gouvernance infrarégionaux permettraient de dépasser le danger de voir ressurgir un sous régionalisme de féodalité car, par un processus de contractualisation avec le niveau régional, ces Conseils de développement seraient les garants de la bonne articulation des actions infrarégionales à la stratégie régionale.

Enfin, il n’y a pas de bonne stratégie territoriale sans opérateurs de projets et sans cohérence entre eux. Cette dimension de l’action de terrain est très souvent négligée. Pour mener une action de développement régional plus transversale et plus mobilisatrice, il faut être capable de mettre en place une culture et un tissu de partenariats entre opérateurs qu’il faut encadrer, coordonner et contractualiser. La proposition de mettre en place des cellules de pilotage de projets transversaux favorisant les partenariats entre opérateurs dans des actions croisées entre entreprises, monde associatif, monde de l’éducation et pouvoirs publics va dans ce sens.

C’est une approche nouvelle du management territorial qui se profile ainsi au travers la poursuite de cet objectif central qu’est la mise en place en Wallonie d’une gouvernance citoyenne.

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 5. La Wallonie, région d’Europe : un partenaire proactif de la construction européenne

Lors des premières réunions des groupes de travail, la dimension de l’Europe était quasi absente des débats.

Cette dimension européenne est devenue ensuite un point fort de la réflexion citoyenne dès lors qu'il fut pris conscience de cette distance entre la réalité de l’Europe en devenir et la perception qu’en ont les Wallons.

En effet, bien que l'Europe devienne une réalité de plus en plus concrète et incontournable, elle reste relativement absente de l'esprit d'une majorité de la population : il faut donc faire entrer l’Europe dans la tête des Wallonnes et des Wallons. Et nous en prendrons pour exemple récent, la frilosité des entrepreneurs wallons à s’inscrire dans la dynamique de l’élargissement alors que se constitue un des plus grands espaces économiques intégré du monde. Que dire alors de la quasi-absence d’un débat européen citoyen dans les écoles et les universités de Wallonie ?

Par ailleurs, la Wallonie parvient difficilement à se faire percevoir positivement sur la scène européenne bien qu'elle y occupe une place reconnue et active dans des structures telle que le Comité des Régions. La Wallonie est trop peu connue des peuples et des régions de l’Union européenne et quand elle l’est, c’est encore trop souvent en référence à son passé de crise industrielle.

Il est donc important aussi de faire entrer la Wallonie dans la tête des Européens et de la faire connaître sous des dimensions nouvelles telles que son ouverture à la multiculturalité liée à l’immigration, son hospitalité, son patrimoine environnemental, sa créativité culturelle, etc.

On le voit la démarche est ici interactive et demande une action volontariste non seulement des pouvoirs régionaux qui font déjà beaucoup dans ce domaine mais des Wallonnes et des Wallons eux-mêmes : artistes, entrepreneurs, créateurs, chercheurs, étudiants ERASMUS, etc. Tel est le sens de l’action proposée de voir défini par les autorités régionales un large programme d'action dont le but est de changer l'image de la Wallonie dans l'Europe et de l'Europe en Wallonie et d’y mettre les moyens humains et financiers adéquats.

L’Europe de l’élargissement, ce n’est pas seulement un grand marché économique; c'est aussi, et de plus en plus, une réalité multiculturelle et géopolitique nouvelle. Un modèle de société européenne est en train de se construire.

La Région wallonne possède, par rapport à la plupart des régions d’Europe, un avantage comparatif considérable sur le plan de l’action européenne. Dotée de compétences exclusives qui en font un quasi-Etat, elle a une capacité et une marge de manœuvre très grandes pour être un partenaire proactif de la construction européenne.

De cela, les participants sont convaincus, et c’est donc naturellement qu’ils suggèrent que les autorités wallonnes interpellent la Commission européenne sur l’enjeu des missions d’intérêt général dans l’Union européenne en cohérence avec sa position en la matière au niveau wallon.

Le débat sur l’avenir des missions d’intérêt général est plus qu’actuel depuis la publication en juin dernier du Livre vert sur les missions d’intérêt général et il est, aussi, un débat politique de première importance puisque c’est le futur du modèle économique et social de l’Union européenne qui est en jeu.

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 Conclusion

Le Congrès présente un solide et ambitieux programme d’actions mais, à la lumière des critiques positives et des échanges, ses travaux doivent être revisités. Je retiens le message que vous nous avez lancé : pas seulement avoir des idées nouvelles mais les traduire en objectifs et les rendre compréhensibles pour tout le monde, condition sine qua non pour passer à l’action. C’est le défi lancé au Comité scientifique d’examiner les voies et moyens d’y parvenir et de vous y associer.

Finalement, nous sommes convaincus que ces vastes chantiers du futur ne pourront se concrétiser que dans une démarche commune entre les autorités régionales et les acteurs de la société civile de la Wallonie.

C’est donc tout naturellement que je me tourne vers son Ministre-Président pour lui donner la parole et lui transmettre le fruit des réflexions de ce congrès.

Je vous remercie pour votre attention.

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Actes du congrès Wallonie 2020

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Page mise à jour le 23-08-2004

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