Le thème de notre carrefour est Identités, ouvertures et institutions politiques. Nous avons abordé cet atelier avec trois questions.

• La première concerne la conduite politique de la Wallonie : comment évalue-t-on les institutions politiques issues de la régionalisation et destinées à animer politiquement la société wallonne ?
• La seconde concerne la culture politique. La constitution d’un espace politique nouveau, la création d’institutions politiques nouvelles ont-elles été à l’origine d’une transformation de la culture politique ?
  Lien avec les autres carrefours :culture de la transparence pour une Wallonie au futur.
• La troisième concerne l’appartenance ou l’identité. Nous avons choisi de traiter ce thème à partir d’une question relative au sentiment de responsabilité des Wallons sur / de leur territoire.

Si l’on reprend les grands constats des congrès précédents, on se rend compte qu’il y a la nécessité d’aller plus profondément, après 10 ans, dans la construction des trois volets précités : Identités, institutions et ouvertures, avec en filigrane la construction d’un projet wallon qui relèverait d’une volonté de constituer une démocratie exemplaire.

Pour le volet de l’évaluation des institutions politiques, il faut que, outre espace de dialogue et de concertation, ces espaces institutionnels marquent un espace réel de débat et de construction et qu’ainsi ils gagnent la reconnaissance et la confiance du citoyen. Il y va de plusieurs aspects sur lesquels il faut s’engager.

• développer plus d’autonomie constitutive et donc se reposer la question du transfert de compétences;
• simplifier et articuler les différents niveaux de pouvoir. Subsidiarité - Missions nouvelles (?) des Provinces. Place des Communautés urbaines;
• développer des dispositifs de synergie entre les différents auteurs et acteurs des politiques publiques via un secrétariat ou un office, une autre structure à définir avec une double volonté : efficacité et démocratie.

Cet espace politique wallon est en construction. Comment lui éviter les perversions d’espaces politiques plus anciens, tels que le cloisonnement, le clivage, l’immobilisme et clientélisme ? Comment maintenir cet esprit d’innovation porteur de progrès ?

En ce qui concerne l’identité, la volonté d’un espace particulier de démocratie s’affirme dans le constat que l’intégration des populations étrangères est une réalité prégnante mais qu’il faut distinguer deux aspects qu’il faudra déterminer précisément : la politique du flux migratoire et une politique d’accueil respectueuse des valeurs humanistes, qui sont historiquement constitutives de ce territoire.

La révision de l’Article 8, dans ce qu'il restera de discriminatoire, sera un enjeu de taille pour cette affirmation au lendemain de la constitution du nouveau gouvernement wallon. C’est ce type d’éléments qui permettent la construction identitaire de fond. L’identité, quant à elle, se définit aussi par rapport à d’autres territoires et à leurs rapports :

• entre l’Europe et l’idée d’une Région wallonne, indépendante possédant un projet économique propre dans l’Europe mosaïque des Régions et qui ne privilégierait pas la socialisation des pertes et la privatisation des profits.
• entre Bruxelles et la Wallonie, et leurs rapports que l’on ne peut occulter et pour lesquels l’existence d’une solidarité est indéniable et ne n’oppose en aucun cas à la construction de l’identité wallonne. Mais il faudrait d’ores et déjà imaginer des modes de fonctionnement prospectifs pour cet ensemble. Cela permettrait d’entamer autrement le débat stratégique avec la Flandre prochainement.

Parler de l’identité wallonne implique la redéfinition des mots et d’une langue politique, implique de ne pas privilégier les sous-régionalismes mais d’être attentif aux spécificités économiques, sociales et culturelles d’un système global, d’où un choix de politiques de délibérations respectueuses des attentes citoyennes, économiques, sociales et culturelles.

Parler de l’identité wallonne c’est aussi parler du maillage associatif et des réseaux et des espaces à créer, par exemple via l’espace médiatique wallon (presse écrite, TVC) via l’éducation et l’enseignement, les aires de culture qui traversent toutes les tranches d’âge et les couches sociales. Parlons dès lors de leur mise en réseau.

Si l’identité est un acte de production symbolique, il y a lieu d’alimenter cet imaginaire. Mais ces productions symboliques ne doivent pas être le produit seulement de la sphère publique. Il faut l’alimenter en partenariat, en synergie et/ou en délocalisation en faisant appel à tous les acteurs, selon les différents niveaux pour l’inscription dans un projet de culture wallonne.