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Rapport du carrefour 4
Infrastructures structurantes et informations

Jean-Louis Dethier
Consultant – Centre de Management et de Créativité (CEMAC)

 

1. Le concept d’infrastructure structurante du développement

Pour pouvoir se développer, toute société a besoin d’appui, de supports, de guides, d’incitants permanents à des activités humaines créatrices de valeur et d’importance collective, qui font vivre la population et progresser la communauté.

Lorsque les plus fondamentales de ces structures d’appui font défaut, tout développement est impossible. L’Etat précède le marché. C’est ainsi que dans les sociétés sans Etat de droit, le commerce, le crédit, les investissements privés sont découragés par l’absence d’une sécurité juridique voire physique suffisante.

Le "système de sens" évoqué par Mme Elisabeth Dupoirier peut aussi être considéré comme une infrastructure structurante.

 

2. Validité des congrès précédents

Les grandes infrastructures ont apporté leurs bienfaits en termes de développement. Au delà du miracle du New Deal entre les deux guerres, le chemin de fer, les voies navigables, les autoroutes, les zonings industriels ont permis de soutenir la vie économique, d’améliorer le confort.

Ces infrastructures, bâties à la sueur et parfois au sacrifice de la vie des générations qui nous ont précédés ont développé notre potentiel, changé nos habitudes, restructuré nos modes de vie. Elles ont aussi apporté des nuisances nouvelles, des concentrations d’outils qui ont généré danger, bruit, pollutions diverses.

Comme la Wallonie toute entière, le Congrès ne s’est-il pas obnubilé par ces grandes infrastructures classiques, symboles du progrès et de la modernité dans les années 50 et 60 ?

A relire les différents travaux, on peut dire sans crainte que ce n’est pas le cas, bien au contraire.

Partant de ce que les technologies constituent un des piliers majeurs de notre société et de ce que son fonctionnement accéléré nécessite la capacité de gérer le complexe et l’incertain, le premier congrès La Wallonie au futur mettait l’accent sur la maîtrise du savoir.

L’information qui contient le savoir est un produit, un enjeu qu’il faut maîtriser et surtout consommer (pour pouvoir en tirer une valeur ajoutée). Les infrastructures structurantes des sociétés de demain favoriseront la communication du savoir, la synergie entre technologies et acteurs différents. Les régions qui disposeront de ces types d’infrastructure et sauront en tirer parti seront parmi les plus prospères dans le village planétaire du XXIème siècle.

Le second congrès a été consacré à une de ces infrastructures immatérielles essentielles : l’éducation, sur laquelle la croissance des jeunes générations s’appuie et se façonne.

C’est-à-dire au cours du congrès de 1995 : Quelles stratégies pour l'emploi ? que le terme Infrastructures structurantes du développement apparaît. Dans son rapport général de ce congrès, Michel Quévit concluait sur ce thème :

Revoir nos choix infrastructurels est un impératif et, comme le signale la commission qui s'est penchée sur cette question, il nous faut privilégier ce que nous appelons les infrastructures "structurantes" du développement à savoir celles qui ont une relation directe avec le développement de l'immatériel.

Mais, pour la Wallonie, qu'est-ce que des infrastructures structurantes du développement ? En d'autres termes, où sont les priorités de nos choix infrastructurels ?

Les travaux de la Commission en ont relevé trois types que je me plais de mentionner.

Tout d'abord, les infrastructures liées aux besoins des entreprises de se connecter au global c'est-à-dire celles qui permettent non seulement une meilleure accessibilité aux échanges intra-communautaires, en ce compris les PECO, mais aussi celles qui donnent accès à l'information et à la connaissance de l'état de la technologie qui est par nature mobile et mondialisée : il s'agit bien entendu des infrastructures de communication, de télécommunication et d'information.

Dans cette catégorie, nous ne pouvons passer sous silence l'importance non pas de la quantité de dotation d'infrastructures mais de leur qualité et de leur rapidité. Dans cette perspective, puisque nous sommes à Liège, nous nous devons de poser le problème de la connexion des autres villes wallonnes ainsi que des zones rurales plus périphériques au réseau de TGV en voie de réalisation.

Mais, il est une autre forme d'infrastructure qui fait grandement défaut en Wallonie : nous pensons aux infrastructures d'accueil et d'équipement qui consolideraient une offre de services aux entreprises nécessaire tant dans les zones rurales que dans certaines villes wallonnes.

Enfin, nous nous devons de mentionner l'importance, pour une région de tradition industrielle, de l'amélioration du cadre de vie et de l'environnement qui concerne autant le milieu urbain que le milieu rural.

Dans une optique de création d'emplois durables, c'est moins la création d'emplois immédiats que peut engendrer la réalisation de ces infrastructures qui importe que la création nette d'emplois qu'elles sécrètent si nous les concevons comme les germes d'une base productive : les exemples du Nord - Rhein - Wesphalie dans la reconversion des sites industriels ou du Bade - Wurtemberg dans la valorisation de l'environnement rural sont des initiatives intéressantes à suivre.

 

L’atelier a, dans cette optique, tenté de répondre aux deux questions posées, dans le cadre d’une interrogation thématique : "quelles infrastructures structurantes pour assurer le développement de la Wallonie au XXIème siècle ?

 

3. Constats à propos de quelques infrastructurantes du développement en Wallonie

Le carrefour a abordé divers thèmes dont le présent rapport a voulu donner un compte-rendu du point de vue spécifique des infrastructures structurantes. Les thèmes qui suivent ont fait l’objet de réflexions, sans toujours avoir été exploitées systématiquement. Quoique toutes les réponses aux questions posées par le Congrès ne s’y retrouvent pas, il nous a semblé important d’en faire l’écho, car ces thèmes constituent des pistes pour des réflexions ultérieures.

 

3.1. Les médias

Par la force et la quantité des messages qu’ils véhiculent, les médias structurent ce qu’on appelle l’opinion publique et donc les valeurs, les croyances et les comportements collectifs.

Par exemple, le manque d’intérêt pour les réalisations wallonnes témoigné par les médias que le congrès a par ailleurs relevé est structurant d’une image interne négative ou défaitiste de la Wallonie, voire d’un manque d’image de soi des citoyens wallons.

Une action spécifique par rapport aux médias devrait être développée par le prochain gouvernement wallon, qui pourrait favoriser la création d’un observatoire indépendant et permanent des médias et de l’image de la Wallonie et des Wallons, et utiliser ses produits pour améliorer l’efficacité structurante de sa communication, dans le respect de la déontologie des journalistes.

 

3.2. La culture, vue comme une infrastructure structurante

Parce qu’elle véhicule une vision du monde, une idéologie, une représentation symbolique de l’homme et de la société, la culture structure les hommes et les groupes humains.

Il est donc essentiel de développer le secteur des industries culturelles, non seulement pour profiter des retombées économiques qu’il pourrait générer, mais aussi pour donner aux Wallons un outil d’expression collective.

 

3.3. Les villes

Parce qu’elles constituent un pôle de potentiels et concentrent un grand nombre de personnes sur une surface limitée, les villes doivent constituer un axe central d’une politique de développement durable.

 

3.4. Les partis politiques

Les partis constituent ensemble une infrastructure très structurante de la société, dont la fonction est de produire des propositions que les gouvernements sont appelés à mettre en œuvre.

En ce sens, l’efficacité du fonctionnement des partis, indépendamment de l’idéologie qu’ils véhiculent, est déterminante de la qualité des propositions émises par eux et constitue par conséquent un enjeu fondamental pour un développement durable.

Il y a lieu d’améliorer la volonté des partis de progresser ensemble pour développer la Wallonie (plutôt que de penser que l’on est toujours sur une mine d’or et que le problème est de se le répartir…).

 

3.5. Les infrastructures de dialogue et de protection sociale 

Elles permettent de prévenir et de résoudre les conflits sociaux, de faire régner et évoluer la justice et la solidarité sociale, d’arbitrer les priorités sociales et économiques.

L’exercice de ces fonctions constitue aujourd’hui une infrastructure structurante critique pour l’avenir de la Wallonie : les changements qui doivent intervenir dans la politique économique et dans la culture des décideurs ne peuvent se concevoir sans le soutien d’un dialogue social ouvert et permanent, ni sans systèmes de redistribution et de solidarité maîtrisés (par un système d’évaluation permanente), transparents, acceptés et motivant à l’initiative.

La création d’organismes structurant le dialogue social comme le CESRW crée des lieux de dialogue et de réflexion commune, constituant un premier pas. On peut y voir des coalitions forcées qui se mettent en place pour éviter l’arbitrage gouvernemental. Ils ont cependant pu aboutir à la transformation d’outils publics comme l’OFI et l’AWEX.

Mais au delà de l’organisation du dialogue social, les acteurs doivent absolument évoluer pour changer les équilibres et les dynamiques traditionnelles en présence. A cet égard, quatre éléments culturels déterminants ont été cités :

  • La culture de l’utilité : l’entreprise est faite pour satisfaire les besoins de ses clients;
  • La culture de l’efficacité : les institutions doivent produire des services; nous sommes dans une économie de marché;
  • La culture de communauté : pour nous développer ensemble, nous devons créer un esprit de co-élaboration;
  • La culture de contrat : chaque personne est un acteur qui doit être considéré comme apte à contribuer librement au développement collectif.

Dans cette optique,

  • le rôle du dirigeant est aussi celui de l’animateur, de celui qui rend le consensus possible,
  • le rôle des syndicats est de s’impliquer à ses côtés, ce qui ne constitue pas une intégration, mais un soutien apporté aux moteurs de l’économie qui acceptent les quatre éléments culturels cités plus haut,
  • le rôle des pouvoirs publics est de faire en sorte qu’il y ait des règles respectées, et notamment pour ce faire, de montrer l’exemple.

 

4. Quelle politique de développement d’infrastructures en Wallonie ?

Dans quelle mesure les politiques qui ont été menées depuis dix ans ont-elles tenu compte des pistes formulées par les congrès en matière d’infrastructures structurantes ? Quelles propositions peut-on faire à court, moyen et long terme ?

Le carrefour s’est particulièrement penché sur les infrastructures structurantes suivantes : les infrastructures de télécommunication, l’administration régionale, les dispositifs de soutien aux PME.

 

4.1. Les infrastructures de télécommunication

Politique du gouvernement wallon

Le carrefour a salué le caractère innovateur du projet WIN, visant à doter la Wallonie d’une infrastructure de télécommunications performante, destinée à accélérer l’accès et l’utilisation d’Internet dans l’ensemble de la région.

Le projet est également intéressant dans la manière dont il est structuré et géré : partenariat public - privé, rapidité de mise en œuvre, universalité et transversalité d’utilisation des infrastructures, promotion de l’utilisation de l'internet via un développement de son utilisation dans le secteur public (écoles et administration), devant concourir à sa modernisation et à l’amélioration de la qualité des services rendus.

 

Enjeux 

La Région est intervenue pour accélérer la mise à disposition d’une infrastructure indispensable au développement de la société wallonne. Elle doit maintenant veiller à ce que le WIN structure le développement de la Wallonie en veillant à un accès pour tous et une utilisation maximale et rapide sur le plan quantitatif (augmentation du nombre des utilisateurs et de la quantité de données transportées) et sur le plan qualitatif (accroissement de la compétitivité des entreprises, formation des travailleurs et des étudiants, ouverture de la société wallonne à l’extérieur, développement d’activités dans les secteurs liés à l’information et à la culture).

 

Propositions

1. Mettre en place un observatoire, qui suive l’évolution du marché des télécommunications, avec une structure de pilotage du projet WIN, permettant de s’assurer que les objectifs sont atteints selon un rythme optimal (le temps jouant un rôle structurant essentiel). Il s’agit notamment, le projet n’étant pas rentable, de prévoir toute l’infrastructure nécessaire pour le valoriser auprès de tous les publics (petites entreprises, familles modestes, petites asbl, …).

2. En liaison avec la Communauté française, faire créer par la SRIW une société d’investissement spécialisée, dans laquelle le privé serait impliqué, qui développe les applications du WIN et les autres industries culturelles. Cette société financerait en capital les initiatives des acteurs de ces secteurs, créerait des synergies et des économies d’échelle entre les créateurs, les développeurs, les industriels privés. Elle pourrait s’inspirer de la SODEQ, qui joue un rôle structurant essentiel de ce secteur au Québec.

 

4.2. L’administration régionale

Par sa mission d’exécution des lois et des décisions gouvernementales, l’administration incarne le pouvoir au quotidien, avec l’énorme impact concret mais aussi symbolique (l’exemple vient d’en haut) que cela implique. Elle constitue aussi le lien incontournable entre l’efficacité et l’audience de l’administration et celle des dirigeants.

En pratique, le contenu du travail de l’administration en matière de structuration du développement est cadré par le politique, qui définira les critères de la distribution des aides ou les règles et les modalités du contrôle des activités économiques.

Par contre, la manière dont l’administration jouera son rôle dépend d’elle-même, et sera tout aussi déterminante. L’administration se présentant comme un soutien fondamental au projet de société, servira à la fois de relais à la volonté du politique, de soutien aux initiatives privées et "bureau d’études" de la société, l’aidant à réfléchir sur elle-même et à infléchir les comportements collectifs.

En montrant l’exemple du dynamisme, de la flexibilité, de l’efficacité, elle renvoie à chacun de ses interlocuteurs, wallons et étrangers, une image de la collectivité régionale qui inspire la confiance en soi, en l’avenir pour tous les acteurs, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs à la région.

 

Constat

L’administration wallonne est heureusement composée en général de fonctionnaires jeunes, dynamiques et compétents.

Elle est cependant aujourd’hui, malgré son jeune âge, engoncée dans le poids de ses règles de fonctionnement, de décision, de contrôle bureaucratique et freinée par des pratiques de cloisonnement et des luttes de pouvoir qui souvent empêchent les projets novateurs d’avancer.

Elle manque d’outils de gestion et d’information performants (par exemple en matière de statistiques), et consomme trop d’énergie à sa gestion et son fonctionnement interne, alors qu’elle existe pour rendre des services aux acteurs régionaux.

Elle évite de s’évaluer, que ce soit par rapport à ses propres critères que par rapport à d’autres régions ou d’autres autorités (benchmarking), ce qui la prive d’un potentiel de créativité et de remise en question important.

 

Enjeux

L’administration a un rôle moteur à jouer d’exemple et de support de l’élaboration et de la mise en œuvre du projet de société wallon. Sa fonction est d’assurer le leadership du gouvernement sur la société wallonne, alors que le gouvernement semble souvent mal (tantôt trop, tantôt trop peu) la contrôler : les rapports de force qui s’installent et l’intervention excessive des cabinets aboutissent davantage à créer des freins supplémentaires qu’à améliorer l’efficacité de l’appareil.

La qualité médiocre des relations entre l’administration et les usagers, la paralysie de l’administration, les luttes de pouvoir avec les responsables politiques, la crise de confiance par rapport à l’administration, qui évolue en une crise de confiance de la population par rapport à l’Etat, amènent un risque de perte du leadership de la Région sur son propre fonctionnement.

 

Propositions à moyen terme

1. Renforcer les fonctions de "bureau d’étude" de la société wallonne, ce qui permettrait une gestion de la Wallonie fondée sur des indicateurs, surtout statistiques (selon certains, les données font cruellement défaut).

2. Intégrer dans toutes les fonctions administratives la diffusion des informations, par la création et la gestion pro-active de serveurs d’information aux acteurs de la société wallonne (sous forme physique, comme le guichet unique, ou sous forme informatique, via le WIN).

3. Utiliser les techniques modernes de gestion et d’organisation, et plus particulièrement

  • faire s’auto-évaluer l’administration, en se référant aux programmes d’action qui lui auront été fixés, ou qu’elle aura soumis au gouvernement, et utiliser comme critère innovant pour cette évaluation la qualité des services rendus aux citoyens, aux acteurs de la société wallonne, parmi lesquels le gouvernement se situe au premier plan.
  • faire travailler l’administration par programmes pluriannuels transdépartementaux.

 

Proposition immédiate

Créer une petite cellule administrative de développement (20 personnes), en staff des trois ministères. Cette cellule sera légère, pour lui éviter des tentations de prendre le pouvoir, fonctionnant de façon autonome pour lui éviter d’être phagocytée par les pratiques bureaucratiques. Composée de fonctionnaires provenant des divers départements pour lui permettre de trouver rapidement sa place dans la grande famille de l’administration, mais essentiellement ouverte sur l’extérieur, elle constituera une force d’étude, de propositions et de diffusion d’idées et de pratiques nouvelles.

Ses rôles essentiels seront de :

  • fournir aux gouvernements les outils de pilotage de ses politiques;
  • mener une réflexion prospective et diffuser de façon pro-active des informations stratégiques à l’intérieur et à l’extérieur de l’administration;
  • assurer, par la gestion de l’information, l’animation de task-forces interdépartementales utilisant des outils de gestion modernes, tels le reengineering des processus administratifs, l’évaluation, et aidant à mettre en place les infrastructures facilitant l’accès aux services administratifs (exemple : le guichet unique).

 

4.3. Les dispositifs de soutien aux PME

La globalisation actuelle, l’accélération du développement technologique renforcent chaque jour l’âpreté de la concurrence, la complexité du marché et de l’environnement des entreprises, l’incertitude du lendemain. Pour se développer, les entreprises recherchent traditionnellement aides financières, allégements sociaux et fiscaux, crédits et investissements en capital.

Mais cadres et dirigeants ont de plus en plus un besoin permanent d’informations pertinentes, d’outils, de techniques de gestion pour mieux sérier les priorités et traiter les multiples défis liés aux aléas du marché et à la croissance. L’accès à des services répondant à ces besoins est de plus en plus essentiel au développement : obtention immédiate de l’information critique, veille technologique, études de marché, ingénierie financière, formation, organisation, gestion de la qualité sont des domaines dans lesquels même les grandes entreprises ont besoin de soutien extérieur, et qui constituent aujourd’hui des infrastructures critiques pour le développement des PME wallonnes, qu’elles soient au stade de la gestation (soutien aux créateurs d’entreprises) ou en développement.

L’existence, la compétence, l’efficacité de ces services sont déterminantes. Leur impact sur le développement ne sera significatif que si leur offre est conforme aux attentes des bénéficiaires (les dirigeants, les cadres, les travailleurs, y compris les indépendants), individuellement et globalement (organiser les synergies et éviter la concurrence excessive, surtout lorsqu’il y a soutien financier public). C’est surtout dans ce domaine que les progrès sont nécessaires.

 

Constat

L'ancien paradigme était croire qu'il suffisait de créer des zonings, d’attendre l’arrivée miraculeuse des investisseurs étrangers et de soutenir les grandes entreprises. Depuis dix ans, ce paradigme a déjà largement évolué, dans les politiques et sur le terrain, vers de nouvelles infrastructures structurantes. Cependant, les acteurs wallons restent plus enclins à l’individualisme qu’à la démarche collective. Il faut passer maintenant à une vitesse supérieure pour obtenir des résultats importants et durables, avec des impacts sur l'emploi.

 

Propositions

Si le choix opéré est le développement endogène, l’infrastructure structurante du développement des PME résultera d’une mise en commun de ressources au niveau local et au niveau régional, pour arriver à regrouper l’ensemble des outils et des compétences disponibles.

Ces outils et compétences seront mises à disposition des entreprises, sur une base sous-régionale, dans le cadre d’un programme régional concerté de soutien au développement économique, et de programmes sous-régionaux dans lesquels l'ensemble des partenaires, y compris les entreprises, seront concepteurs, parties prenantes et acteurs, ce qui implique une révision du rôle des intercommunales.

Dans une telle dispositif, le rôle du niveau régional est d’abord un rôle d’impulsion et d’animation, en assurant :

  • l’interconnexion des réseaux locaux (réseaux d’acteurs soutenant les PME, mais aussi et surtout réseaux de PME entre elles, et réseaux transversaux : entreprises - universités - pouvoirs publics);
  • la mise en commun et l’échange des expertises et des ressources rares, et notamment l'information;
  • la définition d’un cadre général de contractualisation de la coordination et du support des infrastructures structurantes du développement des entreprises et de l'activité économique en général, à l'intérieur d'un projet global
  • décrire un projet global, intégrant les aspects sociaux, qualité de vie, citoyenneté, pourra trouver sa place en harmonie avec les projets sous-régionaux et sectoriels.

 

5. Conclusions

Alors que le rôle des pouvoirs publics en Europe et dans le monde est remis en question, notamment via les politiques généralisées d’ajustement structurel et de privatisation, les experts en la matière (1) soulignent que l’attitude des gouvernements des pays qui décollent économiquement et socialement est précisément d’établir des "infrastructures structurantes" performantes, c’est-à-dire fournissant le cadre et le support dont les acteurs collectifs et individuels ont besoin pour développer leurs activités. Sont par exemple citées l’éducation, la recherche, les communications, la protection de l’environnement, la sécurité sociale.

Le constat de l’atelier a été de donner nombre de pistes pour l’amélioration du rôle de la Région dans l’établissement et / ou le développement d’infrastructures dont l’existence et la disponibilité paraissent essentielles pour l’avenir de la Wallonie : les infrastructures et les services en matière de télécommunication, l’administration régionale, les dispositifs de soutien aux PME, le dialogue et la protection sociale, les villes, les partis politiques, la culture, les médias.

Pour les premières citées, grâce aux éléments fournis par les intervenants, le carrefour a établi des constats précis, a identifié les enjeux et a formulé des propositions.

Pour les autres, le carrefour a enregistré faits, préoccupations, suggestions.

Cependant, quelles que soient les ouvertures à des réflexions nouvelles et à des projets novateurs pour les autorités régionales que le carrefour a pu créer, il semble bien que son apport principal soit d’avoir exploré une facette supplémentaire du nouveau paradigme, que les congrès précédents n’avaient qu’abordé : les fonctions de l’Etat, et les conditions de l’efficacité de ces dernières en matière de développement durable.

C’est ainsi que, en contrepoint du carrefour 1 (développement économique, évolution technologique et ressources humaines), qui a mis en évidence l’importance des changements nécessaires en termes de politique économique et sociale (Un nouveau rôle politique et Un nouveau contrat social), le carrefour Infrastructures structurantes et information a donné de multiples exemples sur une manière primordiale de repositionner dès maintenant l’action des pouvoirs publics. Chaque fois qu’il agira en ayant à l’esprit son rôle de préparer l’avenir en développant ces nouvelles formes d’infrastructures, essentiellement immatérielles, l’Etat wallon créera les conditions dans lesquelles l’offre et la demande pourront se développer, et donnera ainsi à tous les acteurs un accès à un développement durable, pour eux-mêmes, et pour l’ensemble de la collectivité.

 Note

(1) Voir par exemple J.E. STIGLITZ, The Role of Government in Economic Development, Keynote Address, dans Proceedings of the Annual World Bank Conference on development Economics, Washington DC, 1996, cité par Claire Lobet-Maris, dans son introduction au Carrefour.

 

 

 

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