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Débats avec les participants
 

Marcel Levaux
Député honoraire
Parti communiste

Je voudrais faire une proposition concrète pour l'ensemble de notre Congrès. Il s'agit du droit de vote pour les étrangers. Le gouvernement et la Commission de la révision de la Constitution viennent de se mettre d'accord sur une proposition à faire au Parlement en matière de droit de vote pour les immigrés. Cette proposition consiste à apporter un amendement à l'article 8 de la Constitution qui réserve les droits politiques exclusivement aux Belges. Selon cet accord, on y dérogera uniquement au niveau communal. Si le Parlement vote cela, les étrangers pourront voter aux élections communales et exclusivement aux élections communales. Ils pourront présenter aussi leur candidature mais rien n'est encore assuré parce qu'il faut qu'on vote une loi qui applique cette disposition constitutionnelle. Par ailleurs, seuls les personnes originaires des pays de l'Union européenne auront ce droit de vote en l'an 2000. Pour tous les autres étrangers, ce droit de vote ne sera acquis qu'après 2001, par une décision d'un Parlement que nous ne connaissons pas qui pourra l'adopter ou non, ils auront donc peut-être le droit de vote en 2006.

Il faut franchir le pas de donner le droit de vote en fonction de la citoyenneté, c'est-à-dire à la présence sur le territoire par exemple depuis cinq ans. Il est probablement impossible d'obtenir une modification de cette situation. Cependant, nous devons nous rappeler que le Parlement wallon a adopté, en 1997, à une écrasante majorité, une délibération demandant à ce que l'on ne fasse pas deux catégories d'étrangers. C'est un acte d'une importance démocratique considérable parce que cela permet de dire que les Wallons sont des gens de tous pays et de toutes origines qui habitent d'une manière durable en Wallonie, y apportent leur travail, leurs enthousiasmes, leur culture. Ils sont des citoyens, pour nous, à part entière.

Au fédéral, actuellement, seuls les Ecolos ont déposés un amendement pour supprimer cette distinction entre étrangers européens et non européens L'ensemble des Parlementaires de Wallonie devrait s'inspirer de cette idée.

Dogan Vancranen
Secrétaire administratif Province du Hainaut

Je voudrais plaider pour qu'il y ait moins de sous-régionalisme en Wallonie, cela ruine le dynamisme de la Région et empêche la création d'une identité wallonne. Il faut impérativement créer des projets d'ensemble, par exemple par l'éducation. Les hommes politiques doivent montrer l'exemple mais ce ne sera pas possible tant qu'ils seront élus dans une circonscription plus petite que la Wallonie. Je plaide donc pour la circonscription unique.

Jean-Marie Klinkenberg
Professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres
de l’Université de Liège

Je souhaiterais proposer, par rapport à l'exposé de Jean-Pol Brilmacker, que nous définissions ce que peut être une culture wallonne. Il apparaît de plus en plus clairement que la Wallonie est dépossédée de son langage et que cela l'affecte. Nous ne parvenons plus à parler de ce qui nous entoure. Je félicite Jean-Pol Brilmaker d'avoir parlé clairement, d'avoir utilisé un langage qu'on peut comprendre, et un langage qui est corrélé, à ce qu'il a appelé la faculté d'analyse scientifique. Il me semble que, ériger en Wallonie une nouvelle culture politique, c'est nous donner les moyens d'avoir ce langage qui nous permet de parler authentiquement des situations que nous vivons. C'est une responsabilité des médias, de l'enseignement et également du pouvoir politique.

Parmi les propositions que je compte lancer demain en direction des décideurs, il y a, d'une part Que comptez-vous faire pour développer chez le citoyen la faculté d'analyse des situations concrètes qu'il vit ? Quel langage allez-vous lui donner ? Je ne me fais pas d'illusions, je sais que c'est à contre-courant de ce qui se produit, où précisément le discours de l'économisme dominant se pare des oripeaux d'une prétendue scientificité, au détriment de toute réflexion en matière de sciences sociales.

D'autre part je leur demanderai : Vous, autorité gouvernementale comment comptez-vous parler, dans quel langage comptez-vous nous parler de nous ? On a déjà fait des progrès, n'est ce pas ! Un jour j'ai dit à M.  Guy Spitaels qu'il faisait une mauvaise action en s'érigeant ministre-président de l'Exécutif de la Région wallonne : personne ne comprend. S'il avait dit qu'il était Premier ministre, je crois que les gens auraient compris. Aujourd'hui nous avons encore des progrès à faire, Région wallonne par exemple, ce n'est pas clair, c'est la Wallonie. On dit bien la France, je sais qu'on dit parfois République française mais c'est la France qui parle d'une certaine voix.

Jacques Defay
Economiste

Il y a un problème de langage : en Flandre, les choses qui vont bien sont flamandes, les choses qui vont mal sont belges. En Wallonie, encore trop souvent, les choses qui vont mal sont wallonnes et les choses qui vont bien sont belges. A Bruxelles, on entend parler les Wallons et les Flamands : on en est arrivé à la conclusion que la Belgique n'existe plus pour les Flamands et que la Wallonie n'existe pas encore pour les Wallons.

Le type de démocratie que nous avons en Wallonie est encore imparfait et, en particulier, la participation au développement ascendant n'existe – et c'est tout à fait paradoxal – que pour la Wallonie rurale. Je suis administrateur de la Fondation rurale de Wallonie et l'un de ceux qui ont contribué à provoquer la naissance des plans communaux de développement rural. Dans les communes rurales, tout le monde trouve absolument normal que l'on se réunisse à la maison communale, opposition et majorité, pour délibérer ensemble du plan de développement communal. Dans le sillon Sambre-et-Meuse, cela n'existe pas, il n'y a pas de développement ascendant. Résultat : pour ceux qui font partie de l'opposition tout ce qui ne va pas en Wallonie est wallon, et tout ce qui va bien est belge.

Je crois que, si on veut que les citoyens wallons soient fiers d'être chez eux, il faut qu'ils généralisent au sillon Sambre-et-Meuse le principe du développement communal rural qui est maintenant vieux de presque vingt ans. Il faut que l'on arrive, au niveau des communes, à mettre ensemble les gens autour d'un programme de développement communal. Quand on aura le développement ascendant, on aura le sentiment que la démocratie existe réellement, même si, au niveau parlementaire, il doit y avoir une opposition et une majorité.

Que l'on cesse de vivre selon que l'on est wallon ou on n'est pas wallon, selon que l'on est du monde de l'entreprise ou qu'on en est pas ou selon que l'on est de l'opposition ou de la majorité.

Jacques Pyfferoen
Département Jeunesse
Ville de Charleroi

J'aimerais préciser que nous sommes une Wallonie qui se construit depuis plus de trente ans, depuis 1970. Il y a d'autres façons de créer une identité, comme l'on fait les Catalans, on peut aussi le faire par les armes, la violence. Ici on l'a fait de façon démocratique en respectant un maximum de gens, on ne s'est pas tiré dessus mais c'est très lent. D'où viennent les Wallons d'un point de vue économique ? Des années 1960-1975, où on a cru que le paradis terrestre existait en Wallonie, on a eu une croissance économique extraordinairement forte qui a permis de développer un bien-être social très important. Après 1975 et jusqu'en 1985-1990, on y a cru encore. Là, c'est l'Etat belge qui nous a aidés à continuer notre rêve de paradis. Depuis les années 1990, c'est fini, l'Etat ne peut plus subvenir aux besoins des Wallons. L'identité se construit notamment sur un espace, des gens, des relations, des représentations. Dans un autre atelier, Jean-Jacques Andrien disait : Il y a un décalage entre le réel et le rendu du réel, le réel nous renverrait plus à une espèce d'identité et le rendu du réel nous renvoie à nos institutions. Il y aurait une dichotomie entre la perception du public et les hommes politiques due à la sphère politique qui semblerait avoir un fonctionnement intra-politique et inter-politique avec, à la fois, les Wallons, les Flamands, les Bruxellois pour le niveau belge et également l'Europe.

Paradoxalement, je pense que les Wallons vont prendre conscience de leur identité en faisant connaissance des autres peuples européens c'est-à-dire en refusant de se centrer de façon nombriliste sur soi. Plutôt que de revendiquer un drapeau et un chant, qui, finalement, ne sont jamais que des attributs, l'identité peut se construire sur la réalité actuelle. Cela ne sert à rien de rêver à une autre réalité. Il faut la construire sur la réalité aujourd'hui en travaillant sur la tranche systémique à tous les niveaux. Pourquoi systémique de tous les niveaux, parce qu'ainsi l'action se conçoit pour elle-même. Le systémique travaille en projet global où tous les éléments sont liés entre eux, tous les éléments construisent et travaillent en fonction d'un but commun. Ça n'est pas exactement ce qui se fait aujourd'hui.

José Fontaine
Philosophe

Pour répondre au secrétaire politique du PS qui à évoqué une fuite en avant identitaire, il est clair qu'on ne se parle pas d'identité pour se cacher d'autres problèmes.

Je viens d'écrire un livre sur le discours anti-wallon où j'essaie d'analyser ce qu'on a dit, en Belgique francophone, de la Wallonie depuis quinze ans. Je constate que l'on emploie des mots comme nationalisme, racisme, ou repli sans jamais les définir et uniquement pour stigmatiser la Wallonie. Ceux qui le font ont la parole et nous écrasent. Ils nous écrasent avec des mots dont on se demande s'ils en connaissent la signification. Depuis quelques mois, il y a eu un changement : au lieu d'employer le terme repli, on emploie le terme fuite identitaire. Je souhaiterais que ces termes soient définis.

Par ailleurs, suite à l'exposé de M. Fromont, je ne vois pas Bruxelles et la Wallonie sur un pied d'égalité au sein de la Communauté française, avec tout le respect que j'ai pour les Bruxellois et leur autonomie, il me semble que c'est la Wallonie qui doit prévaloir. Elle doit prévaloir, ce qui ne veut pas dire qu'elle doit dominer.

Le centre de cet espace francophone belge, c'est la Wallonie et c'est Namur.

Donat Carlier
Etudiant – Membre de la
Revue nouvelle
Traceurs de Lendemain (Fondation Roi Baudouin)
Université catholique de Louvain-la-Neuve

Par rapport à l'introduction Michel Molitor, j'ai retenu trois choses.

En terme de priorité au niveau institutionnel, vous avez évoqué, dans le rapport de l'Institut Jules Destrée, que tout le monde disait que l'institutionnel n'était pas prioritaire mais venait en second. C'est en effet très important de dire que l'institutionnel est essentiel mais ne vient que dans un deuxième temps. A ce propos, ce que M. Brassinne a dit correspond à un certain mouvement vers une affirmation des régions et est très intéressant, mais il doit se recadrer dans un débat qui est prioritaire par rapport à cette tuyauterie institutionnelle.

Ensuite, il faut pouvoir parler de débat, de citoyenneté et d'identité. Michel Molitor a dit que les Wallons devaient d'abord être convaincus de la qualité de leur administration et de leurs institutions politiques avant de pouvoir s'y identifier, qu'il y avait une priorité pour la citoyenneté d'abord et puis pour l'identité qui viendrait lorsqu'on pourrait s'identifier. Je crois, quant à moi, que ce sont deux choses qui se réalisent dans le même mouvement.

Enfin, toujours en terme de priorité et de méthode, on a parlé tout à l'heure du débat avec la Flandre. Effectivement c'est un débat stratégique parce que le jour où la sécurité sociale sera scindée, les réalités de terrain seront tout à fait transformées en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Ceci dit, je crois prioritaire de s'intéresser à cette création d'un espace public, d'un espace démocratique de débat en Wallonie et à Bruxelles avant de discuter avec la Flandre. Pour discuter avec quelqu'un qui nous est autre, je crois qu'il faut d'abord savoir qui nous sommes nous. Sinon nous ne discuterons jamais avec la Flandre que dans une espèce d'opposition, nous ne nous unirons jamais entre Bruxellois francophones et Wallons qu'en opposition à la Flandre.

Alfred Mathot
Gérant de sociétés
Agence en communication
Mathot Productions

J'aimerais que nous examinions quand même si la solution pour la Wallonie n'est pas son indépendance dans une Europe où se discernent déjà des Etats-régions dans tous les grands pays qui sont en train de craquer de toutes parts.

Paul Ficheroulle
Député wallon

A propos de la modernisation interne de la Région wallonne et pas seulement les débats des rapports entre les régions et les équilibres dans l'État.

L'espace politique wallon lui-même reste en construction. Je pars d'un postulat qui est celui du centre de gravité à donner aux institutions régionales. Je voudrais vous faire part de ce que je ressens comme étant un problème de légitimité des institutions wallonnes. Elles ont une légitimité historique incontestable parce qu'elles sont, sur le plan politique, la concrétisation de tout un combat fédéraliste démocratique. Mais ont-elles véritablement déjà cette légitimité vivante et concrète des institutions démocratiques ? Autrement dit, font-elles l'objet d'une reconnaissance effective de la part des citoyens, de leur existence comme lieu de pouvoir démocratique ? Ceci pose toute une série de problèmes. Lieu de pouvoir signifie qu'on y reconnaisse que les décisions s'y prennent. Quelles décisions ?

Dans une chaîne institutionnelle qui va de la commune à l'Europe, la région n'est qu'un maillon mais important. La Région wallonne deviendra, à part entière, un véritable espace et les institutions de véritables pouvoirs politiques, en fonction de la contestation dont elles feront l'objet. Que les manifestations se passent autant à Namur qu'à Bruxelles, c'est peut-être un peu pragmatique de le dire mais c'est un point typique. Qu'on reconnaisse ce lieu comme lieu de débat et de pouvoir, qu'on le respecte – ce qui, à mon avis, n'est pas encore le cas, peut-être par méconnaissance. Je dis à ceux qui considèrent comme dérisoires des symboles, même minimes, qu'ils sont indispensables mais sans être essentiels. Un drapeau, un hymne et une fête, je crois que ce n'est pas l'essentiel, mais si vous crachez dans la soupe comment voulez-vous avoir le respect de l'ensemble des institutions ?

Par rapport à la proximité, mon avis est qu'il faut, pour essayer de concrétiser cette légitimité, ce caractère vivant des institutions, miser sur une modernisation interne. Mon postulat est qu'une région forte a aussi besoin d'institutions fortes. Ce qui veut dire trois axes de travail :

1. Dans la négociation, utiliser plus et réclamer plus d'autonomie constitutive. L'idée d'une constitution wallonne a fait l'objet de travaux de l'Institut Destrée, elle a fait l'objet d'articles de presse mais elle n'a pas encore fait l'objet d'un véritable débat politique.

2. Il faut qu'il y ait un plus démocratique en terme de citoyenneté, ce qui veut dire une simplification des niveaux de pouvoir. Nous fonctionnons encore avec des institutions dont certaines sont héritées de l'Etat unitaire. Je songe aux provinces. Si vous saviez comme c'est difficile d'essayer de les transformer dans le sens de leur disparition. Demain on va inventer les communautés urbaines. Comment voulez-vous que les citoyens s'y retrouvent ? Ce débat des niveaux de pouvoir est extrêmement difficile à avoir en Région wallonne.

3. Il y a le débat centralisme - subsidarité, le débat entre l'autonomie communale et le pouvoir de la Région. Le débat de l'efficacité de l'administration. Nous ne voulons pas reproduire, à Namur, en Wallonie, les erreurs de l'ancien Etat belge. Donc nous ne ferons pas du tout à Namur là où il y avait du tout à Bruxelles mais nous ne devrons pas perdre l'outil étatique essentiel qu'est la Région sous peine de voir toutes les tendances centrifuges exploser. Je n'admettrai plus que, dès le moment où l'on veut privilégier un centre de décision wallon cohérent face au sous-localisme, par exemple, on se fasse traiter de jacobin.

Vincent Vagman
Conseiller du Ministre Jean-Claude Van Cauwenberghe

Je suis co-auteur de Choisir l'avenir et aussi de Oser être Wallon.
Deux petites réflexions.

Concernant la transformation de la culture politique, dans quelle mesure ne pourrait-on pas estimer que la singularité d'une société pourrait s'observer dans la façon dont elle engendre ses propres clivages et dont ensuite elle les gère ? A ce titre, au niveau wallon, on peut observer que des clivages spécifiques ont été engendrés : d'abord il y a le clivage Liège - Charleroi, la rivalité entre les bassins, ensuite il y a le clivage ville - campagne. Je vois poindre en Wallonie les formules d'intégrations originales nouvelles : les communautés urbaines.

A propos de l'identité wallonne, je pense qu'il faut, calmement mais fermement, rappeler qu'affirmer l'identité wallonne n'est en rien vouloir s'en prendre à la solidarité de Wallonie - Bruxelles, d'une part, et que, d'autre part, la solidarité Wallonie - Bruxelles est un concept bien plus large que l'institution Communauté française. Si la solidarité Wallonie - Bruxelles ne devait être portée que par la Communauté française, ce serait une solidarité à sens unique au profit de Bruxelles et au détriment de la Wallonie. Par ailleurs, qui dit identité, dit production symbolique. Il fallait que cela passe par des initiatives de pouvoir public, ça a été le cas, mais c'est insuffisant, il faudra aussi aller plus loin. Les productions symboliques qui concourent à l'affirmation d'une identité wallonne ne devront pas toujours émaner de la sphère publique.

Eugène Mommen
Ingénieur et Economiste
Ministère de la Région wallonne

Pour délibérer de la mise en œuvre des politiques

Délibérer, décider et agir sont trois étapes que l'on peut distinguer dans l'action collective en général et en particulier, dans l'action publique.

Le débat politique sur les institutions a tendance à se focaliser sur celles qui décident, en négligeant la délibération préalable et la mise en œuvre ultérieure. Ce penchant apparaît encore dans le rapport préliminaire de ce congrès. Il s'étend sur la répartition – entre niveaux géographiques surtout – du pouvoir de décision. Mais il aborde à peine les institutions de la délibération et celles de la mise en œuvre.

 

Des précédents à généraliser

Depuis cinq ans, en Wallonie, le débat politique s'est cependant déplacé vers ces deux étapes, en amont et en aval de la décision, à l'occasion de deux événements majeurs.

D'une part, les assises de l'enseignement ont fait participer beaucoup de gens à un débat sur l'école, dans ses aspects les plus concrets. Il s'agissait bien de l'aval de la politique éducative, de sa mise en œuvre. Et l'innovation institutionnelle que constituent les agoras et les autres dispositifs de la libération a elle-même été amplement débattue. Parmi ces autres dispositifs, le Conseil de l'Education et de la Formation a sans doute joué un rôle majeur pour instruire le débat.

D'autre part, la marche blanche a suscité un large débat sur le fonctionnement de la justice et des polices : non pas sur le code pénal mais sur la mise en œuvre. Et l'ampleur inusitée de la délibération est, ici aussi, liée à une innovation institutionnelle : une commission parlementaire dont l'enquête, transmise en direct à la télévision, a bénéficié d'une écoute considérable.

Intermèdes sans lendemain ou faits porteur d'avenir ? Comment étendre à d'autres secteurs de l'action publique cette dynamique où la délibération déplace son objet des intentions vers les conditions de réalisation et mobilise une fraction accrue de la population au travers d'institutions nouvelles ou rénovées – qui se consacrent à cette seule délibération en laissant à d'autres, plus anciennes, le soin de décider ?

Comment ?

Une commission parlementaire d'enquête dans un cas, un conseil consultatif dans l'autre. Comment rendre ces dispositifs de délibération plus efficaces pour la majorité des cas ?

Pour qu'une commission parlementaire puisse mener une enquête en profondeur, il faut d'abord que ses membres soient disponibles pour ce travail. C'est une raison majeure pour réduire le cumul des mandats. Nos institutions évoluent dans ce sens. Il faut accentuer cette évolution.

Et pour qu'un conseil consultatif puisse évaluer avec précision la mise en œuvre de la politique publique qui constitue son objet, il a besoin d'un secrétariat permanent de qualité. Or cette qualité est, aujourd'hui très aléatoire : on y trouve le meilleur et le pire.

Il nous manque un service de développement méthodologique de l'évaluation des politiques, qui rassemble, pendant une fraction de leur temps de travail, les secrétariats des multiples conseils consultatifs, qui organise et qui anime leur réflexion sur leurs pratiques, l'élaboration de critères de qualité et une formation pour les moins aguerris. Ce service pourrait, dans un deuxième temps, s'ouvrir aux agents qui, dans différentes administrations, ont en charge l'élaboration d'un rapport d'activité annuel sur un secteur relativement étendu et même accueillir occasionnellement ceux des parlementaires qui veulent s'investir dans un travail de commission plus incisif.

Où situer un tel service dans le réseau de nos institutions ? Certainement en un lieu commun pour les différents niveaux de pouvoir, de façon à bénéficier d'un effet d'échelle. Une évaluation plus incisive des politiques ne fera pas toujours plaisir à ceux qui exercent les différents pouvoirs exécutifs. Pour que le service destiné à stimuler l'efficacité de cette analyse contestatrice soit protégée autant que possible d'éventuelles tentatives d'étouffement, il est bon de le situer à distance des pouvoirs confrontés aux intérêts particuliers les plus puissants, donc dans celui des trois pouvoirs – Etat fédéral, Région et Communauté – qui est le plus petit. On peut donc imaginer ce service au sein de la Communauté française.

Philippe Suinen
Directeur général de la Direction générale
des Relations extérieures de la Région wallonne

Je voudrais dire qu'il ne faut pas être fataliste. J'en ai assez qu'on se dise : Les hommes politiques wallons vont encore céder. Si on fait une analyse politique de ce qui risque d'arriver, pourquoi n'aurait-on pas, après les prochaines élections, un gouvernement fédéral qui se mette très lentement en place parce qu'il ne parvient pas à régler la question de la réforme de l'Etat ? Pourquoi le gouvernement fédéral actuel ne pourrait-il pas gérer les affaires courantes très longtemps, le temps voulu, pour que le gouvernement wallon se mette en place et, en quelque sorte, prenne le pouvoir puisque le gouvernement fédéral sera, lui, en affaires courantes ?

Je crois qu'il faut attaquer, il faut investir, il faut éduquer et il faut s'ouvrir sur le monde. On a une chance, par rapport à des tas d'autres régions : on a la possibilité de s'exprimer sur le plan international et de donner une dimension internationale à nos compétences externes. Actuellement, les entreprises sont encore frileuses, même si il y a de bons succès. Le mal wallon, c'est de se gausser du succès des autres en se demandant s'il est mérité.

Il faut avoir confiance en soi. Il faut aussi se tourner vers les autres. Prenez une réception dans une ambassade à l'étranger, les Wallons restent entre eux, les Flamands vont vers les clients qui sont là. Je crois qu'il y a aussi une question de mentalité. Avoir une identité, c'est aussi s'ouvrir vers l'étranger : on est encore très frileux à ce sujet-là et l'administration dont on a parlé est prête à aider les Wallons à s'ouvrir.

 

 

 

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