Michel Fromont
Directeur général La Meuse - La Nouvelle
Gazette
Etant à la fois wallon et bruxellois, je voudrais
vous parler de l'espace wallon et de la relation Wallonie - Bruxelles. Celle-ci
me semble tout à fait importante et au centre de notre débat.
Lorsque j'étais journaliste à Charleroi, je me
suis rendu compte qu'il y avait tout un monde politique qui avait foi en sa région et en
sa ville à une époque où on fermait les charbonnages et on licenciait massivement dans
la métallurgie. Avec mon journal, on a soutenu tous ceux qui voulaient entreprendre, tout
qui avait le courage de vouloir contrer un peu ce que j'appelle la méthode Coué
négative. Après quelques années à Charleroi, j'ai été journaliste à Liège où j'ai
essayé de faire comprendre aux Liégeois la presse étant en difficulté
qu'il fallait travailler avec les Carolo, rassembler nos forces pour faire du travail de
meilleure qualité. Faire trois fois une page internationale, ça n'a aucun sens. Je me
suis donc battu pour construire un espace médiatique wallon. Cela n'a pas été sans mal
mais finalement nos onze éditions ont compris qu'il y avait urgence à réaliser cet
objectif.
Le but de la création de cet espace médiatique
wallon était de jouer un rôle positif, de relancer l'économie et un meilleur
bien-être, de recréer l'enthousiasme, l'esprit d'entreprendre. La presse a un rôle de
soutien à jouer. Dans les prochaines semaines, nous allons faire encore un pas en avant
dans la création de cet espace médiatique wallon par la création du groupe Sud Presse
qui va gérer l'ensemble de nos quotidiens régionaux wallons, et donc participer au
développement de la Wallonie.
En tant que wallon et bruxellois, j'ai également
observé l'évolution des institutions. Les Wallons sont très différents entre eux,
c'est une de leur faiblesse et aussi une de leur richesse. Pour moi, il n'est pas possible
de se parler si on n'a pas quelqu'un en face de soi, il n'est pas possible d'unir ses
forces si on est tout seul. Quand les Wallons affirment leur identité, les Bruxellois
ressentent ça comme une agressivité. Nous devons absolument leur faire comprendre que
les Wallons ont le droit et même le devoir d'être wallons. Si on pouvait faire passer ce
message, on recréerait un climat d'enthousiasme pour nos entreprises. Oser être wallon,
c'est oser être reconnu et reconnaître l'autre.
Pour terminer, je schématiserai la Communauté
française comme un fronton qui se fissure avec une colonne bien solide, Bruxelles et la
petite Wallonie qui ose à peine s'affirmer mais qu'on utilise avec des étançons pour
soutenir la Communauté française. Ce schéma doit être dépassé. Le futur doit être
deux piliers : les Bruxellois et les Wallons qui supportent un fronton performant où
les Bruxellois et les Wallons ajoutent leurs complémentarités dans le respect et la
reconnaissance de leurs différences. Une telle construction serait performante.
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