Institut Destrée - The Destree Institute

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Philippe Adam
Administrateur-Directeur de la Société publique
d’Aide à la Qualité de l’Environnement (SPAQUE)
 

Je vais vous apporter le témoignage d'une activité qui date des années 80 où j'ai découvert la problématique des déchets, que j'ai élargi par la suite au cadre de vie en général.

Je suis heureux de constater que, dans le cadre de ce colloque, l'enquête réactive précise que le cadre de vie est une innovation. J'ai quelques remarques à propos de ce rapport : je trouve que le transport fluvial n'y est pas suffisamment repris en tant qu'élément majeur de déplacement des matières premières et du fret. Les nuisances qu'il apporte sont minimes par rapport à tous les autres transports. Je voudrais également, dans le cadre d'une évaluation de l'enquête réactive, tordre le cou à l'image de la "Wallonie poubelle de l'Europe" : c'est un slogan qu'on a connu dans les années 85 au Parlement wallon. Je crois que c'était un élément qui révélait la prise de conscience de la problématique qu'on avait ignorée pendant tout un temps en Région wallonne. Je prendrai l'exemple de Mellery : si je fais l'inventaire des déchets estimés que nous y trouvons, il s'agit manifestement de déchets wallons, flamands et éventuellement bruxellois, bien plus que de déchets importés. Nous avons certainement fait l'objet d'importations de déchets – pas toujours très clairement et pas toujours légalement mais nous n'avons pas été une poubelle plus grosse que nos voisins. Je rappellerai les transports entiers que l'Allemagne a dirigés vers le nord de la France. Cette image de Wallonie, poubelle de l'Europe, a surtout été un frein par rapport à des politiques. Je me souviens que, lorsqu'on imaginait, il y a dix ans d'ici, de mettre en place des usines de recyclage de papier, l'équation était simple : l'économiste disait : Voilà, la quantité de papier fournie en Région wallonne est d'autant, pour rendre rentable l'industrie en question, il en faut le double, donc il faut importer. Je crois que – et c'est dans l'intérêt de la Wallonie – ce temps-là est dépassé. Ce n'est pas par hasard qu'on s'est focalisé sur des investissements relativement importants – un milliard a été dépensé à l'assainissement de Mellery.

A propos du cadre de vie, il est aussi question de l'assainissement des friches industrielles. Les activités qui sont développées sur ce problème par le gouvernement dans le cadre de la DPRC sont des activités tout à fait intéressantes. On fait référence au Nord - Pas-de-Calais qui a mis en œuvre des politiques très volontaristes à cet égard. Le témoignage que je voudrais offrir ici, c'est de dire que des enquêtes ont été faites, des inventaires ont été réalisés – notamment par Madame Miller. Il faut tirer la quintessence de ces inventaires, il ne s'agit pas de tout réhabiliter, nous ne saurions pas financièrement. Il faut que nous ayons des cibles précises, les coûts étant ce qu'ils sont. En aucune manière ces terrains à réhabiliter ne produiront suffisamment de richesses pour atténuer les coûts qu'aura nécessités leur réhabilitation.

Toujours dans le cadre de l'enquête réactive, je réagis par rapport à la gestion des déchets. Les jeunes Wallons encouragent le tri et le recyclage. Dans ce domaine, un immense travail a été réalisé depuis les lois du 8 août 80. Il faut savoir que, à l'époque, nous nous référions à des dispositions réglementaires qui dataient de 1948 : c'était le RGPT avec toutes les lacunes qu'on connaissait par rapport à la problématique des déchets. La régionalisation a apporté un arsenal juridique très développé. Il est tellement complet qu'il y a même des juristes qui se font spécialisés dans cette question. La prise de conscience a été importante et il faut continuer dans ce sens-là en harmonisant l'ensemble des législations relatives à l'environnement. C'est, d'ailleurs, le projet qui est actuellement en débat au Parlement avec le permis unique.

Le problème de la transversalité des problématiques du cadre de vie – l'air, les eaux souterraines, les eaux de surface, les déchets, voire d'autres vecteurs ou secteurs – se pose de plus en plus.

Par rapport à une future déclaration de politique régionale, il faudrait insérer deux points particulièrement importants, c'est la gestion du phénomène NIMBY (not in my back yard) de l'environnement, ainsi que le manque de réponses institutionnelles ou professionnelles en général sur les questions de santé. Il faut que nous trouvions conventionnellement – et non pas nécessairement institutionnellement – des outils pour répondre aux personnes quant à la problématique de leur santé vis-à-vis d'installations, que ce soit d'incinérateurs ou toute autre entreprise. Il y a actuellement un déficit flagrant par rapport au manque de réponses que nous formulons vis-à-vis de ces personnes.

Un autre point que nous devons continuer à développer, c'est ce principe même de planification. On a parlé de la planification du développement durable, je parlerai ici du plan wallon des déchets Horizon 2000 que le gouvernement a voté le 15 janvier, c'est des perspectives qui mettent fin à certaines formes de sous-régionalisme. Je voudrais aussi dire combien le plan des CET est déstabilisant pour les gens, mais je crois que nous devons dépasser certains canevas. Un autre élément qu'il faut absolument définir dans le cadre d'une perspective à moyen terme, c'est la comptabilisation de manière précise des flux de déchets. Nous sommes toujours dans un monde où la transparence à cet égard n'est pas évidente.

Le marché du déchet est un marché qui est fait par la loi, par le décret. L'offre et la demande joueront mais il faut se dire que le prix de la mise en décharge est déterminé par une imposition réglementaire que sont les coûts fixes d'investissement des CET et par une taxe. Dès le moment où on joue sur le vecteur taxe, économiquement, on devrait pouvoir mesurer, mieux, les effets sur le consommateur, sur l'industriel. Pour ce faire il faut qu'on ait une idée très précise du flux de déchets. Je crois que ce n'est pas dans l'intérêt des pouvoirs publics ni des entreprises privées de ne pas savoir exactement où on va dans ce domaine.

 

 

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