Institut Destrée - The Destree Institute

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Contributions écrites
 

Edouard Baudoux
Fonctionnaire européen retraité

 Ce carrefour a pour but de découvrir des pistes de développement économique de la Wallonie.

 A la Commission européenne, nous avons utilisé une étude sur la méthodologie d'un développement régional intégré (1).

 Cette méthodologie peut s'appliquer à la Wallonie. En effet, avant d'entreprendre, il faut :

 1. Poser un diagnostic de la situation de la Région par un inventaire des moyens ou des obstacles dont dispose ou souffre la Région :

  • revenu par habitant;
  • quelles sont les structures institutionnelles;
  • quels sont les résultats des politiques passées;
  • quels sont les obstacles au développement régional : manque d'entrepreneurs (d'investisseurs donc de capital);
  • des infrastructures inadéquates : manque de moyens de contrôle des politiques ?
  • conflits des stratégies ?
  • quelles sont les ressources naturelles : agriculture, sol, sous-sol, eau, main-d'œuvre qualifiée, enseignement, tourisme.

 2. Fixer les objectifs a atteindre :

  • augmenter le revenu par habitant, c'est-à-dire accroître le niveau de vie, donc le pouvoir d'achat, par la promotion du développement économique sous toutes ses formes dans les différents secteurs d'activité;

  • créer de nouvelles sources de revenus.

3. Donner une orientation convergente aux efforts afin d'obtenir un développement durable autocentré en tenant compte du maintien et de l'accroissement de la population, de l'emploi, de la production, des mouvements migrateurs, du revenu par habitant.....

L'application de cette méthodologie a pu être testée sur trois régions : la Basilicate, la Bretagne, l'Ouest de l'Irlande.

Daniel Blondiaux

Les relations des quatre interventions ci-dessus ont été écrites a posteriori. Celles-ci sont dès lors synthétiques et ne reprennent que le sens général de mon intervention.

A la lecture du rapport préliminaire j'ai été frappé par l'anonymat dans lequel sont reprises les différentes déclarations, comme si chacun voulait changer des choses, mais pas chez lui. Cela me laisse l'impression, que les entrepreneurs entreprennent dans l'anonymat, les politiques de même, etc. A quoi cela peut-il mener ?

Dans la présentation du président et des témoins, l'on évoque le manque de moyens, notamment financiers, qu'auraient les petites entreprises pour innover et je me demande alors comment font les spin off en démarrant de rien, de ce point de vue financier, le capital n'étant pas préexistant.

A propos des spin off, un participant a mis en avant le taux élevé d'échecs (80 %), je relève donc à ce propos que, aux USA, dans les secteurs des nouvelles technologies, 20 % de réussite est considéré comme excellent, à l'inverse de chez nous ! De même que les américains pensent peu en terme de faillite mais plutôt en cas "d'échec", d'acquérir de l'expérience.

En ce qui concerne la formation, qu'elle soit classique ou permanente, la réalité ne correspond pas au discours. Toutes les composantes de la société disent qu'il faut se former en permanence pour coller à l'évolution; simultanément, les budgets temps et financier sont amputés de moitié dans les formations de promotion sociale. Ex : à une licence universitaire à horaire décalé de 360 heures ne correspond qu'un quota de 180 heures de CEP.

Maurice Delogne
Editeur responsable de
Critiques et perspectives

Dans la crise actuelle, il faut se poser quelques questions et essayer d'envisager des débuts de réponse.

 1. Sommes-nous dans une crise économique classique ou vivons-nous le début d'une crise de fin de société ?

Les principaux types de société que l'homme a connus – les communautés primitives, l'esclavagisme, le féodalisme – ont eu une fin. Les changements étant permanents et universels, il n'y a aucune raison de croire à l'éternité du capitalisme.

2. Les solutions proposées successivement comme remède aux crises économiques et sociales n'ont rien résolu ou, pire, certaines ont contribué à les aggraver. Il en est ainsi des politiques de limitation des déficits publics, des réductions de taux d'intérêt, des offres de temps partiel, de pré-pension, etc.

Une des solutions réside dans l'accroissement des consommations ici et ailleurs, comme soutien à la production. Tous les programmes d'austérité réduisant le pouvoir d'achat d'un nombre de plus en plus élevé de consommateurs sont les principaux responsables de l'aggravation de la crise. Une contradiction importante actuelle est celle entre la capacité pratiquement illimitée de produire des biens et des services ET la réduction constante de revenus affectés à la consommation, ici et ailleurs dans le monde : un milliard d'êtres humains vivent avec l'équivalent d'un dollar par jour. Cette masse d'humains ne fait pas partie d'un marché solvable. Les revenus de deux autres milliards sont nettement insuffisants.

3. Une autre contradiction importante est celle entre le capitalisme financier et la capitalisme industriel. Le premier n'est pas propriétaire de moyens de production ou de service, il contrôle ceux de sociétés par le biais de participations dans leur capital social. Au delà du capitalisme financier, on ne perçoit rien qui pourrait lui succéder. Il y a donc un vide à prévoir, celui de la fin du capitalisme.

Elle est prévue par un économiste américain, Immanuel Wallenstein. Un autre économiste, Jérémy Rifkin, prévoit qu'il n'y aura plus que 2 % d'ouvriers dans la population active en 2030.

4. L'argent fou prépare une catastrophe économique et sociale sans précédent. L'équivalent de milliers de milliards de dollars joués quotidiennement dans les Bourses de valeurs ou de produits dérivés, n'ont aucune contre-valeur utilisable ou consommable.

Les plus grandes banques japonaises (et d'autres) sont dans le rouge pour avoir prêté inconsidérément des montants qui ne seront jamais remboursés. De nombreux pays endettés, en faillite virtuelle, ne rembourseront pas les emprunts qu'ils ont contractés.

Un fonds à risques américain dénommé LTCM (parrainé par deux Prix Nobel de la finance) doit être renfloué par un ensemble de banques du monde à concurrence de 80 à 90 milliards de dollars dans l'espoir, peut-être vain, d'éviter un cataclysme financier mondial.

En Belgique, les 30.000 milliards d'épargne connus, non seulement ne seront jamais remboursés en billets de banque mais ils ne trouveront pas à s'investir... Tous les secteurs d'activités rentables sont pratiquement saturés ...

D'autre part le montant des investissements annuels en réalisations industrielles ou autres étant de l'ordre de 1.500 milliards, les sommes actuellement disponibles en monnaie scripturale, sont insuffisantes pour 20 années d'investissements !

Ces montants colossaux plus ceux qui les compléteront, ne deviendront pas productifs. Il s'agit d'argent sans valeur sociale.

Nous vivons actuellement sur un magma bouillonnant qui explosera à la manière des volcans.

Isabelle Ferreras
Chercheur
Université catholique de Louvain
Centre de Philosophie du Droit

L'ensemble du débat de ce carrefour tourne autour d'une seule issue : be market oriented. La seule proposition faite par les participants est d'écouter les signes du marché pour faire aussi bien, si pas mieux que ceux qui réussissent, par exemple les Flamands.

Je pense que le développement économique et humain de la Wallonie ne peut pas passer par cette seule et unique perspective, cette vieille recette, pour la simple raison que, à long terme, ce type de développement (du type croissance à tout prix) est insupportable à l'échelle de la planète. Nous savons que, si le monde entier se met à consommer et à se déplacer en voiture ou en avion au rythme où nous le faisons, l'équilibre écologique de la planète sera bientôt un vieux souvenir. Donc, il nous faut promouvoir d'autres types de développement, finalement bien plus ambitieux que le vieux modèle de la croissance.

De plus, pour beaucoup de jeunes de ma génération d'autres modèles de développement ainsi que d'autres types d'emplois (société à finalité sociale, etc.) constituent une issue crédible et souhaitable à la crise. La concurrence et la compétitivité sont des cadres bien trop étroits pour suffire à donner sens à un projet de société.

Pourquoi la Wallonie ne se distinguerait-elle pas des initiatives de développement durable, de solidarité, de services de proximité tout en étant la terre d'émergence d'entreprises nouvelles performantes ? Soyons plus ambitieux, développons un modèle de développement économique et social véritablement novateur et aux horizons larges, écartons-nous du seul modèle proposé pour le moment : tourné sur le court terme et aveugle quant à ses effets sur le développement global de la planète.

Jean Mal
Wallon libre

Jean Mal félicite Christian Druitte de son mea culpa lorsqu’il reconnaît que des propos défavorables qui sont souvent fait à la RTBF sur la Wallonie.

Beaucoup peut être fait par Christian Druitte, pour la Wallonie, en changeant par exemple la dénomination RTBF en RTWF. Cela ferait peut-être changer la mentalité des gens qui la dirigent.

Philippe Rasic
Conseiller en Formation
Bureau d’Ingénierie en Education et en Formation

 Avertissement

Mon intervention lors de ce colloque n’était pas préméditée. Je pensais me contenter d’un rôle d’observateur. Le sentiment que nous nous trompions de débat m’a poussé à dépasser ce rôle et à intervenir directement. Le texte ci-dessous dépasse donc mon intervention de ce vendredi 9 pour préciser et développer les points que j’y ai soulignés.

 Introduction

Lors de leurs interventions respectives, MM. Quévit et Wauters ont mis en exergue la proposition d’être impertinent et provocateur dans nos interventions pour faire avancer le débat.

 Contenu de l’intervention

1. J’estime que le carrefour qui s’est déroulé n’a pas du tout atteint les objectifs qui lui étaient assignés, dont notamment celui de faire des propositions concrètes innovantes, et ce pour les raisons suivantes :

1.1. Mme Strauss et M. Druitte se sont contentés de nous faire une description sommaire de leurs différentes institutions. Notamment, M. Druitte a mentionné que la RTBF avait participé au développement économique de la Wallonie en ouvrant quatre Centres de Productions régionaux en Wallonie et en créant 800 emplois. Je ne vois pas en quoi cette énumération de faits rencontre les objectifs du carrefour. De même, en quoi les faits énoncés par Mme Straus constituent-ils des innovations ?
1.2. Certains membres du public qui ont pris la parole se sont trompés de lieu de débat. Il n’était pas question ici de faire un diagnostic des problèmes qui se posent en Wallonie, mais de proposer des solutions concrètes qui permettent de les régler. Chacun peut lire dans les journaux les grands problèmes de l’économie wallonne (mondialisation, (dé)localisations, etc.) et j’espérais entendre autre chose que des lieux communs.
1.3. De même, le retour sur le passé tant affecté par certains membres du public – et je pense notamment ici à M. Burgeon – ne nous a pas permis de progresser. Le passé est le passé, même s’il conditionne le présent et l’avenir, mais s’y enfermer sans prendre les problèmes à bras le corps (le cœur) paraît être une erreur.

2. Personne n’a abordé les relations qui devraient exister entre les trois termes du titre du carrefour, à savoir le développement économique, l’évolution technologique et les ressources humaines. Notamment, une seule personne a abordé la problématique des ressources humaines. Cela démontre un manque de vision stratégique à long terme.

Enfin, j’ai été un auditeur particulièrement attentif de l’ensemble des interventions mais je n’ai perçu aucune proposition concrète dans l’ensemble de celles ci.

Proposition pour les colloques futurs de l’Institut Jules Destrée

Je pense que si l’objectif est de provoquer des réactions non conventionnelles de la part des participants, il ne sert à rien de lancer le débat avec des personnes qui sont membres de l’establishment wallon qui, par définition, s’opposent à toute nouveauté puisqu’elle remettent en cause leur fonction et leur pouvoir.

Leur présence limite donc les débats sur certaines pistes périphériques qui ne risquent pas de remettre leurs fonctions et responsabilités en cause. Il est donc essentiel de "choquer" pour obtenir une réaction réelle des décideurs politiques et administratifs de la Région wallonne. Dans le cas contraire, il est à redouter que, dans le futur, le colloque organisé par l’Institut Jules Destrée ne soit plus considéré, par l’ensemble des partis politiques, que comme une tribune politique supplémentaire où l’important est d’être vu mais pas de s’engager.

Conclusion personnelle

Je pense que le grand mérite de ce colloque est d’exister et de permettre de confronter les divers partis politiques et leurs programmes respectifs. Il devrait par contre se concentrer sur le recueil de propositions concrètes qui pourront induire une réflexion dans les sphères dirigeantes des partis politiques.

Le fait de pouvoir rencontrer des personnes soucieuses de développer les conditions économiques et autres de la Région wallonne dans un cadre "neutre" est évidemment un avantage indéniable. Je participerai donc avec plaisir aux futures organisations de l’Institut et notamment celles relatives au colloque permanent La Wallonie au futur.

Emile Simon
Conseiller d'entreprises
Réseau
WISE Partners.

 Je souhaite intervenir en tant qu'homme d'entreprise, aguerri à l'économie, à la stratégie et au facteur humain des sociétés, les grandes autant que nos PME. En regard du thème large dont nous débattons, mon propos vise quatre domaines d'attention et relate nombre d'observations. Ceci porte sur la formation du management et des cadres; l'innovation et les spin-off; les grappes de PME et le sens de l'organisation (accents GRH); enfin sur le défi permanent de l'emploi et des mentalités en notre Wallonie et bien au delà.

 Faut-il d'abord s'étonner de trouver parmi les 300 participants moins de 5 % de gens relevant du secteur privé ? C'est un terrible déficit d'écoute, car l'entrée réussie de la Wallonie en ce XXIème siècle, avec une Europe très ouverte à la concurrence économique, doit se concevoir grâce aux idées des entrepreneurs combinées à celles des autres interlocuteurs présents ici. Chacun considérera ce congrès La Wallonie au futur comme une initiative heureuse. Mais si ces entrepreneurs sont tant absents, il y a deux raisons à évoquer :

  1. Les retombées du congrès restent floues aux yeux de beaucoup. Ceci dissuade les milieux de l'entreprise privée de participer plus intensément, eux qui vivent la réalité d'une énorme pression économique et sociale.

  2. On se rappellera des remarques très pertinentes contenues dans le rapport préliminaire envoyé par l'Institut Jules Destrée. Ce rapport, d'évidente honnêteté et d'ouverture, contient des citations d'enquête faisant apparaître l'excès d'académisme et l'énoncé de quelques lieux communs.

Les gens font facilement des constats sur une situation. Bien peu nombreux sont ceux capables de donner un début de réponse concrète à la question : comment faire ? par quelles actions ? grâce à quelles coopérations ? Bien sûr les propos qui précèdent n'engagent que moi; mais je viens d'écouter les interventions des témoins au carrefour et, ceci dit sans méchanceté, je constate que trop d'intervenants ont encore tendance à "penser le futur" au travers d'un "regard dans un rétroviseur" ! On est certes fier de notre passé, mais bien plus encore de ce que nous construirons pour la postérité. Ce n'est pas à coup d'analyses de statistiques – même raffinées – qu'il est possible de fixer une ligne de conduite prospective. L'analyse du point de départ (nos années 1990) existe en un grand nombre de documents déjà publiés. Certains sont pleins de complaisance, d'autres disent les faits sans concessions. La prospective, elle, doit se construire par la juxtaposition d'ambitions, de l'imagination et d'un réalisme suffisant pour aller sans détours, avec des dates et des repères. Une intelligence de stratégie fait généralement défaut en Wallonie : non celle d'une stratégie globale (les grands principes y suffisent à ce stade) mais surtout "secteur par secteur", là où la stratégie devient indispensable pour réussir le parcours du futur. Je me reporterai ici aux points 3 et 4 qui suivent pour développer mon intervention sur ces aspects. Passons maintenant aux propositions à réfléchir par chacun.

1. La formation du management et des cadres

Chacun observe que, sur tout le tissu économique wallon, nous sommes entrés dans une période de transformation longue et en profondeur. En ces circonstances, notre formation continuée (celle à laquelle souscrivent aujourd'hui tous les milieux d'Europe) doit s'orienter vers des compétences plus propices à nous faire participer au changement. Ceci veut dire : comprendre les variables du changement (en toutes leurs dimensions), imaginer les axes à suivre (en autant de dimensions), les transposer dans nos pratiques de projets et en de nouveaux modes d'opération. Or, parmi 10.000 offres belges de formation, diffusées par plus de 1.200 organismes de tous types, trop peu à notre sens visent la formation transversale, c'est-à-dire l'analyse et la projection stratégique d'un type transfonctionnel. C'est un risque majeur encouru par des dirigeants inattentifs. En effet, beaucoup d'adultes ont naturellement tendance à se spécialiser à outrance pour être efficaces (en des domaines parfois trop étroits) avant de bâtir cette vue transversale nécessaire à leur développement futur !

 2. L'innovation et les spin-off de chercheurs

L'expérience récente fait énormément espérer des spin-off. Ces lancements de jeunes PME s'accomplissent dans le monde entier. Tous agissent sur des idées et créneaux avancés ou originaux. Mais seulement 20 à 30 % d'entre eux tiennent plus de trois années après leur lancement. Certains intervenants évoquent alors – comme je l'ai entendu – la "tolérance à l'échec" comme excuse pour couvrir des spin-off mal préparés. Il faut une tolérance (ce sont d'ailleurs des projets à risque élevé). Cependant l'analyse menée sur nombre de cas fait penser à un défaut inscrit dès le départ : de bonnes idées au plan R&D, mais un déficit évident d'intelligence et de structures en marketing et ventes, bref un plan d'affaires assez mal conçu. Les spin-off wallons doivent se réfléchir avec cette attention majeure. En période de chaos des marchés, l'échec est doublement coûteux. Plus que jamais, il nous faut mener des analyses de besoins du marché et agir avec un esprit market-driven allant ainsi à la rencontre naturelle de l'acheteur potentiel. La preuve en est faite par des entreprises internationales; faisons de même, d'entrée de jeu !

 3. Les grappes d'entreprises et le sens de l'organisation (accents GRH)

Après celles des zones industrielles, des zones franches, etc., l'idée des grappes fait son petit chemin en Wallonie. Elle est d'ailleurs devenue stratégique partout dans le monde ! L'Union wallonne des Entreprises, Fabrimétal, la Flandre du VEV, d'autres encore, poussent fort judicieusement à la chose. Mais, ce à quoi les entrepreneurs ne pensent pas assez, c'est que, au delà des synergies de produits et des services entre ces PME, la difficulté très visible sera d'associer des PME dont la culture et les mentalités sont en contrastes. Ici, les techniques d'une vraie gestion des ressources humaines (GRH) seront de mise. A mon sens, ce volet managérial et organisationnel est trop occulté par l'attention souvent technocrate et cière de chaque partenaire dans une grappe. Alors, avant la résolution de nouveaux conflits ou dysfonctionnement potentiels, apprenons à anticiper là où il le faut !

 4. La richesse de l'emploi et les mentalités présentes en Wallonie

Traduites en tailles d'entreprises, les stratégies citées plus haut – qu'il faut savoir mettre en œuvre en toute urgence – doivent cibler le secteur des PME de 50 à plus de 250 salariés. Car l'ouverture à l'Europe et au monde rend ces tailles beaucoup plus vulnérables que celles des 10 à 50 salariés, tailles qui resteront, elles, très captives en leurs marchés locaux. Il paraît alors inexact de dire que, ainsi que le suggèrent quelques penseurs académico-politiques, small is beautiful. Ce n'est vrai que très partiellement. Lancé à Liège en 1980, le leitmotiv mérite que l'on reconnaisse ses limites et ses errements. Cessons de croire à un providentiel tissu maillé de micro-PME comme dans les districts italiens d'Emilie - Romagne; notre culture du travail et notre structure économique ne s'y prêtent guère. Beaucoup de nos PME sont trop petites et restent trop tournées vers la distribution "petit consommateur"; ceci n'est pas un gage d'expansion et de dynamique soutenue. Ce qui précède est bon à générer quelques emplois mais loin d'être à l'échelle du grand nombre d'emplois qu'il s'agirait de créer pour couvrir une problématique socio-politique de la Wallonie. Ce n'est donc pas ainsi que se reconstruiront la vitalité exportatrice et la richesse wallonne du passé.

Encourageons résolument les grandes entreprises autant que les PME; chacune d'elles a droit à retrouver ses lettres de noblesse ! A preuve, on observera aujourd'hui l'intensité et la vitalité données aux synergies par alliances, aux recentrages sur le(s) métier(s) de base (c'est-à-dire aux forces distinctives de chaque société qui s'y engage), ainsi qu'aux fusions, acquisitions et toutes les transformations stratégiques. Toutes ont des ambitions à portée internationale. De telles initiatives ne signifient pas nécessairement des délocalisations perspectives. Car ces dernières sont d'abord présentes là où, par manque d'anticipation ou d'imagination, leurs dirigeants et / ou autres acteurs sociaux ont laissé aller l'esprit d'entreprise et la rentabilité à vau-l'eau !

Ayant longuement examiné le tissu wallon, je ne suis pas de ceux qui croient aveuglément au succès du déploiement du seul secteur tertiaire au détriment du secondaire industriel. Car c'est sur celui-ci que repose une grande part de notre base de compétences. Pensés en un "nouveau style", certains sous-secteurs du secondaire restent entièrement porteurs d'espoir et de croissance. Il suffit de les compléter d'activités de services complémentaires et à caractère tertiaire. Un tel courant de modernisation exige transformation et ingénierie sur les structures et les hommes de l'existant. Il s'agit ici de remédier à des défauts d'organisation et un style de management qui doivent dynamiser, limitant strictement la bureaucratie asphyxiante que nous observons chaque jour !

Les emplois associés à des organisations transformées sont riches de nouvelles compétences, à tous les niveaux et en tous métiers. Ceci doit encore s'accomplir pour notre Wallonie au futur (et nous lie étroitement à mon attention première de la formation transversale du management). Nombre d'actions restent donc à lancer vers ces 200.000 cadres actifs et ceux qui suivent encore leur formation initiale. L'enjeu se situe autant dans nos écoles et universités que dans d'autres organismes de formation. Tout est dans tout disent les philosophes anciens. Et les attitudes modernes (les mentalités de demain) doivent y contribuer. Patrons, employés, syndicats, enseignants de tous niveaux sont sollicités à l'égal pour assurer notre victoire sur le futur. Mais il ne suffit pas de former le "V" de Churchill pour que tout se réalise; la volonté, le sens des responsabilités, l'huile de bras et le jeu des cerveaux ont chacun ici tout leur sens. Tâchons donc d'apporter des réponses aux : comment faire ?, quelles actions ?, quelles coopérations originales ? et retroussons-nous les manches !

Olivier Van Herstraeten
Avocat au barreau de Bruxelles
Assistant à l'UCL

  Le succès et le développement d'une entreprise résultent de la combinaison harmonieuse de quatre facteurs. Ces quatre facteurs sont les suivants :

  1. un produit performant constamment adapté aux besoins du marché;

  2. un personnel motivé par le succès de l'entreprise;

  3. une mise de fonds suffisante et un volant financier permettant de faire face aux investissements nécessaires et aux difficultés passagères (faillite d'un bon client, naissance d'un concurrent...);

  4. un chef d'entreprise capable de donner une vision motivante, de définir des objectifs et de déléguer ses responsabilités.

Le chef d'entreprise wallon qui se trouve à la tête d'une PME est trop souvent un homme seul. Les principales difficultés rencontrées lors de la création ou de la croissance de son entreprise proviennent de la carence d'un ou de plusieurs des facteurs précités. Il importe, par conséquent, de créer un environnement susceptible de l'aider dans sa démarche entrepreneuriale.

 La création d'un tel environnement suppose la naissance d'un lieu de rencontre où puissent se réunir et travailler ensemble, chacun dans ses compétences, dans un esprit de dialogue, des représentants des institutions et organismes compétents pour chacun des facteurs sus décrits à savoir :

  1. les universités pour la recherche et le développement des produits;

  2. les organisations syndicales pour les travailleurs (y compris les cadres);

  3. les établissements de crédit et les sociétés de venture capital pour les finances;

  4. les représentants des PME (UWE), des entrepreneurs et des spécialistes en management.

Un tel lieu de rencontre fait cruellement défaut à la Wallonie où coexistent des mondes qui répondent à une logique trop souvent dogmatique empêchant tout dialogue constructif. Il est de la responsabilité du pouvoir politique auquel n'incombent pas d'autres tâches en l'espèce que de mettre en contact et de susciter les initiatives afin de remédier à cette situation.

Notes

(1) Direction générale de l'agriculture, Etude 117. Contact : G. Torcasio – Commission européenne, 200, rue de la Loi, 1040 Bruxelles.

 

 

 

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