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Rapport préliminaire

Chapitre 6

 

6. Le projet culturel pour la Wallonie

6.1. Le projet culturel pour la Wallonie – Synthèse

L'intérêt des congrès La Wallonie au futur pour le champ culturel et l'ampleur des travaux qui y sont liés reflètent plus qu'une aspiration et doivent s'interpréter comme une revendication à l'existence d'un véritable projet culturel en Wallonie, indissociable des autres projets et surtout de l'économique.

1. Ce projet culturel s'enracine dans l'histoire : la capacité pour la Wallonie, en tant que communauté humaine, d'assumer son présent par une lecture de son passé qui lui permette de mieux orienter l'avenir. Il s'agit donc de sortir de la réelle amnésie qui semble avoir frappé la Wallonie. Ainsi, l'accession de la Wallonie à sa dimension de collectivité humaine implique une réappropriation de son passé qui s'écarte d'une vision "folkloriste" ou "archéologiste" réductrice : ces approches donnent une image fausse de la région. La Wallonie, il faut la montrer au travers de sa mémoire collective et de tout ce qui enrichit son patrimoine culturel : les savoir-faire, les savoir-vivre, les productions culturelles et artistiques.

2.Ce projet culturel sous-tend la recherche d'une identité qui éprouve des difficultés à s'affirmer collectivement. L'essentiel est pourtant de savoir si la Wallonie est encore capable de se forger une identité susceptible de rassembler toutes les composantes de sa population autour d'un projet de société novateur. Se forger une identité est en effet un processus vital pour la Région wallonne, si celle-ci veut s'affirmer dans l'Europe de demain.

L'identité wallonne ne peut se confondre, ni avec un nationalisme désuet fondé sur la tradition romantique du XIXème siècle, ni non plus avec la revendication d'une société homogène et uniformisante ou avec un repli sur soi. La Wallonie est culturellement plurielle dans ses appartenances locales et sous-régionales, dans ses appartenances culturelles dont l'immigration constitue un apport important.

Cette quête d'identité, si nécessaire à son existence même doit rejeter un régionalisme étroit et s'appuyer sur cette double démarche complémentaire si bien définie par Kundera :

  • démarche d'universalité, d'une région largement ouverte vers l'extérieur où son vécu est appréhendé comme une réalité vécue aussi ailleurs.

  • démarche d'enracinement, par la prise en charge d'une histoire riche et complexe et par l'affirmation haute d'une spécificité s'alimentant aux savoir-faire et à la réalité pluriculturelle de la région.

Michel Quévit
1987.

3. Ce projet culturel doit être mobilisateur d'une prise en charge par la Wallonie de son propre développement. En effet, dans un contexte de déclin industriel, le dynamisme d'hier a fait place à une perte de confiance et à une véritable désertification culturelle, due à l'exode des créateurs. Une des tâches prioritaires consistera donc à créer un espace culturel wallon par le biais d'institutions régionales et donc de rendre à nos artistes la possibilité de travailler en Wallonie avec les moyens et la mobilité requis dans tous les domaines de la vie des arts : cinéma, théâtre, musique, littérature, arts plastiques, etc.

Il s'agit également de rompre avec le climat de morosité sociale et de fatalisme qui semble avoir pris possession de notre imaginaire collectif. Il est nécessaire de nous forger une "image symbolique" de la Wallonie qui soit positive. Le rôle des médias (TV, radio, presse) est à cet égard capital.

Les Wallons doivent reprendre leur place dans la bataille de l'audiovisuel. Dès lors, il faut créer des réseaux d'échanges, de co-production, des nouveaux services et des nouveaux métiers liés à la filière des industries culturelles.

La situation globale ne paraît guère brillante. Le poids de la Wallonie à l'intérieur de la RTBF est insuffisant. La Wallonie ne tire guère parti du fonctionnement d'une télévision privée en Communauté française. Ses télévisions locales manquent de ressources. Son réseau câblé joue un simple rôle de transporteur de programmes. Ses maisons de production sont peu nombreuses.

Jean-Philippe Art
1995.

La RTBF et sa décentralisation constituent un enjeu majeur du redéploiement wallon : un désert culturel n'a jamais été propice à la dynamisation d'une économie. C'est l'existence même de la Wallonie qui est ici en jeu. Celle-ci ne peut vivre en abandonnant à Bruxelles le monopole de la culture et de la production audiovisuelle. Elle ne peut davantage être uniquement consommatrice d'une culture standardisée d'origine américaine et multinationale. Dès lors, la réponse peut résider dans la création de réseaux de production multimédia à la fois européens et interrégionaux, valorisant la pluralité culturelle de l'Europe et permettant aux artistes et aux créateurs de co-produire à un haut niveau.

La création d'une offre structurée de production audiovisuelle ne pourra cependant se faire qu'à deux conditions :

  • le développement de coopérations partenariales entre les centres de distribution de la RTBF et les autres organes de production tant privés que publiques (TV communautaires, RTL-TVI, producteurs indépendants, etc.);

  • un minimum de concentration de moyens financiers privés et publics. Celle-ci pourrait être constituée par la création, à partir de la SRIW, d'une structure de capitaux à risques dans le domaine des industries culturelles, permettant aux producteurs wallons de se positionner de manière compétitive sur un secteur en pleine expansion.

4. Ce projet culturel doit être interpellateur de la finalité de notre développement et de notre société car c'est la culture qui secrète les valeurs susceptibles de modeler notre projet culturel.

Cela implique un effort d'information de la part des médias sur le plan régional.

Sans engager ici le débat sur la répartition des compétences entre Région et Communauté, on notera cependant que le divorce entre les deux instances n'est pas propice à la création d'une culture wallonne dans son image et dans sa réalité. Peut-on croire que cette culture émergera et se fera respecter tant qu'elle ne disposera pas d'institutions spécifiques pour la gérer, et des moyens financiers et matériels qui leur sont attachés.

Jacques Dubois
1995.

6.2. Le projet culturel – Constats, analyse, pistes et exemples

Constats

Analyse

Pistes et exemples

C1
Le projet culturel wallon est indissociable des autres projets surtout de l’économique.
A1
La Wallonie est culturellement plurielle (l’immigration constitue un apport important), dans ses appartenances locales et sous-régionales.
P1
Mettre en œuvre une double démarche :
  • démarche d’universalité : ouvrir la région vers l’extérieur
  • démarche d’enracinement : identification et valorisation des spécificités.
C2
L’identité wallonne éprouve des difficultés à s’affirmer collectivement. Jusqu'à présent, il n’a pas été possible de rassembler toutes les composantes de la population autour d’un projet de société novateur.
A2
Dans un contexte de déclin industriel, le projet culturel donnera une "image symbolique" positive de la Wallonie, qui constituera une source de dynamisme pour l’ensemble de la société dans tous les domaines.
P2
Donner vie à un véritable projet culturel pour la Wallonie et en faire diffuser les éléments par les médias.
C3
La Wallonie est "amnésique" de son patrimoine culturel : elle se centre sur des visions "folkloristes" ou "archéologistes" qui donnent une image fausse de la région.
A3
La réappropriation de son passé est nécessaire pour que la Wallonie assume son présent par une lecture de son passé, se forge une identité et puisse construire un projet de société partagé pour orienter son avenir.
P3
Montrer la Wallonie au travers de sa mémoire collective et de tout ce qui enrichit son patrimoine culturel.
Jean Louvet : "Je rêve d’un manuel scolaire qui explique aux Wallons d’où ils viennent et où ils vont".
C4
La Wallonie vit une perte de confiance en elle-même, qui entraîne un exode des créateurs et une véritable désertification culturelle.
A4
La perte de confiance engendre un cercle vicieux de désertification culturelle.
P4
Créer un espace culturel wallon et développer la filière des industries culturelles pour rendre à nos artistes la possibilité de travailler en Wallonie.
Développement de coopérations partenariales entre les centres RTBF et les organes de production privés.
C5
La Wallonie ne dispose pas d’institutions culturelles spécifiques, ni d’un poids suffisant dans les institutions existantes, et ne peut, par conséquent, mobiliser les moyens financiers et matériels nécessaires.
A5
La Wallonie doit obtenir la maîtrise de ses ressources culturelles (particulièrement celles liées à la RTBF) et les valoriser au niveau international, en partenariat avec des partenaires internes et externes à la Wallonie.
P5
Créer un réseau d'industries culturelles audiovisuelles autour des centres régionaux de la RTBF et des télévisions communautaires.
Création par la SRIW d’une structure à capitaux à risques dans le domaine des industries culturelles.

 

6.3. Le projet culturel – Enquête réactive

6.3.1. La culture

La situation économique est mauvaise, ce qu'il faut à la Wallonie, c'est une révolution culturelle, les congrès La Wallonie au futur y contribuent.

Un haut fonctionnaire fédéral

Si on veut régionaliser la culture, il faut d'abord s'interroger sur ce que l'on va en faire ? A-t-on besoin de ce levier pour faire plus ?

Un haut fonctionnaire de la Communauté française

Création d'un projet culturel wallon en symbiose avec la dynamique sociétale et en réponse à l'image d'une Wallonie en déclin : ces thèmes apparaissent aux personnes interrogées comme les moteurs du congrès permanent La Wallonie au futur. Paradoxalement, alors que les congrès ont toujours abordé la question culturelle en tant que chapitre du devenir wallon à part entière, mais sans s'arrêter ni se perdre dans les questions institutionnelles – et particulièrement dans le débat du transfert des compétences de la Communauté française vers la Région wallonne et la Région bruxelloise –, cette problématique cristallise de nombreuses réactions politiques et met en évidence la reconnaissance même de l'existence de la Wallonie.

Pour plusieurs observateurs, décideurs politiques ou chefs d'entreprise, vouloir créer et développer une culture wallonne est un leurre. Ce qui est important, c’est de mettre la culture en général à la portée les Wallons. Selon eux, les deux principales difficultés évoquées quant à la régionalisation de la culture sont les suivantes :

  • tout d’abord, pour avoir une création culturelle, il y a, selon un décideur du milieu artistique, une masse critique à atteindre et cette taille minimale n’est pas atteinte en Wallonie;

  • ensuite, la régionalisation de la culture augmenterait l'une des plaies principales de la Wallonie, le sous-régionalisme.

La situation actuelle est cependant malsaine, aux yeux de plusieurs décideurs du milieu artistique. En effet, la méfiance est devenue telle entre Bruxellois et Wallons qu'un procès d'intention sera fait à tout ministre de la culture qui n'appartiendrait pas à la région des institutions culturelles dont il a la charge.

Sans être nécessairement en faveur d’une régionalisation de la culture, de nombreux décideurs souhaitent un meilleur équilibre entre Bruxelles et la Wallonie pour les activités culturelles, les subsides aux théâtres, aux expositions, aux centres culturels, etc. Même si, selon les chiffres présentés par l'Etude des flux financiers de la Direction générale de la Culture et de la Communication de la Communauté française pour 1995, les subsides régionalement identifiables auraient été répartis entre la Wallonie et Bruxelles à concurrence de 72% pour la Région wallonne et de 28% pour la Région bruxelloise, certains décideurs politiques estiment que des initiatives devront être prises pour pouvoir mener une véritable politique culturelle à partir de la Wallonie, c'est-à-dire à partir du Parlement wallon. Plusieurs décideurs souhaitent la mise en place d’une meilleure politique d’événements culturels en Wallonie et une mobilisation pour le développement de plus nombreux projets culturels à partir de la Wallonie – et à vocation universaliste. Créer en Wallonie uniquement à destination des Wallons, c'est un appauvrissement, une autolimitation, il faut que la Wallonie rayonne.

Pour certains décideurs politiques et économiques et plusieurs observateurs, la Wallonie ne peut se passer de la régionalisation de la culture, domaine par lequel naîtra le dynamisme nécessaire pour mener à bien un projet wallon cohérent. Ainsi, pour permettre le développement économique comme culturel de la Wallonie, il conviendrait d’augmenter les liens qui se développent entre économie et culture, par exemple dans des domaines du tourisme ou du cinéma. Un décideur politique a ajouté une troisième dimension à ce lien privilégié : l’aménagement du territoire.

Evoquer la désertification culturelle de la Wallonie, comme l'a fait le congrès La Wallonie au futur, a heurté des décideurs politiques de tous les partis. Pour la plupart d'entre eux, la Wallonie a effectivement subi une désertification culturelle mais l’hémorragie serait arrêtée depuis une dizaine d’années. Cependant, il subsisterait bel et bien un complexe culturel en Wallonie, les Wallons ne seraient pas fiers de leur culture : il n’y aurait pas de grands musées, les grands peintres régionaux ne seraient pas reconnus.

Le complexe de la Wallonie viendrait, d’une part, de la culture de l’échec qui y est véhiculée et, d’autre part, de la position géographique de la Wallonie, entourée de régions culturellement fortes (Flandre, Bruxelles, Pays-Bas, Allemagne, Nord - Pas-de-Calais).

La culture wallonne – ou française de Wallonie – est riche. Il existe de grands peintres, écrivains, ou artistes wallons mais la Wallonie ne se les réapproprie pas quand ils sont reconnus à Paris ou à Bruxelles et qu’ils y développent leur art. Attitude compréhensible pour un observateur puisque c'est là que le marché et le pouvoir d'achat sont localisés. Selon un décideur économique passionné d’art, quelques institutions essaient de faire en sorte d'être reconnues : le Musée de l'Art wallon, la Maison de la Culture de Namur ou celle de La Louvière, mais leurs moyens restent faibles. Pourquoi, dès lors, ne pas créer un Bilbao wallon, un Guggenheim wallon où montrer nos artistes, propose un dirigeant politique ?

6.3.2. L'identité wallonne

Si on veut une identité pour la Wallonie, il faut que cela soit une identité de projets pas une identité de rejet.

Une personnalité politique socialiste

Ce sont des moyens et des opportunités qui manquent à la Région, l’identité suivra.

Un président de parti

L’image de marque de la Wallonie vient derrière la nécessité d'une réalité économique favorable.

Un haut fonctionnaire fédéral

Si la question de l’identité wallonne et de l’image de la Wallonie est considérée comme essentielle par certains décideurs, elle en crispe d’autres. Ainsi, selon un décideur économique, il s’agit d’un sujet futile et la Wallonie a assez de problèmes concrets auxquels se consacrer sans perdre de temps à propos de cette question

A côté de ce point de vue tranché, une majorité de décideurs économiques et certains décideurs politiques expliquent que le problème de l’identité de la Wallonie ne se posait pas lorsqu’elle était une région forte. Si la croissance économique se concrétise, l’image de la région deviendra plus positive et les Wallons auront un sentiment d’appartenance régionale.

Certains décideurs économiques et politiques mentionnent une identité wallonne englobant Bruxelles. Un décideur du secteur bancaire évoque une nécessaire identité transfrontalière, multiple et tournée vers le futur. Un syndicaliste parle d'une identité eurégionale, qui lierait identités régionale et européenne.

S’il est positif pour la Wallonie d’avoir une population qui se sente wallonne, il ne convient pas de tenter de créer artificiellement cette appartenance; l’identité wallonne doit se mettre en place naturellement. Selon un fonctionnaire, elle est probablement en construction mais vouloir qu'elle existe déjà alors que la Région wallonne n'existe que depuis 1980, c'est trop court.

Enfin, pour une partie des décideurs politiques et économiques, l’imaginaire collectif wallon, le sentiment d’appartenance à la Région constituent des données très importantes du projet wallon. Ce sentiment est à créer. Ce sera toutefois difficile en raison de l’individualisme qui caractérise la Wallonie.

Les décideurs convaincus par la nécessité de la création d’une identité régionale insistent pour que celle-ci soit une identité de projets, pas de rejet : ouverte et plurielle. Ce sont la classe dirigeante et l'enseignement qui doivent donner envie d’être fier d’être wallon. Ainsi, il est nécessaire d’avoir un ministre-président élu au suffrage universel, qui gagnera en crédibilité et permettra à la population de s’identifier plus aisément à cette réalité.

De l’avis d’un haut fonctionnaire, le projet Wallonie-Intranet (WIN), tout comme l’aéronautique, Charleroi-Danse ou l’Opéra royal de Wallonie apportent beaucoup à la création d’une identité wallonne. Des réalisations concrètes de ce type projettent plus une image positive de la Wallonie que des drapeaux ou un hymne car cela forge une identité dynamique et non pas statique.

Actuellement, les Wallons n'ont pas conscience d'appartenir à une même communauté d'intérêt (on se sentirait italien, liégeois, belge, européen mais pas wallon) car il n'y a pas eu d'événement historique qui nous a fait prendre conscience d'être Wallons. Les seuls éléments de cohésion viennent de soustractions (par rapport aux Flamands ou aux Bruxellois). Il manquerait à la Wallonie une cohésion interne. Un lien concret pourrait être perçu entre les Wallons grâce à l'élément de cohésion que constituent un journal ou la présence sur les ondes.

Pour donner l’envie aux habitants de la Wallonie d’être Wallons, il faut les rendre fiers de leur région. Outre l’économie, c’est par l’image que la Wallonie donne d’elle ainsi que par la culture qu’une identité wallonne naîtra ou non. Et ce, indépendamment de toute question institutionnelle.

6.3.3. L’image de la Wallonie : le tourisme, la presse, les médias

Pour plusieurs dirigeants politiques et économiques, de nombreux Traceurs de Lendemains et certains observateurs, la Wallonie doit changer l’image qu’elle donne d’elle-même, tant vis-à-vis des Wallons que vers l’extérieur. Il est, en effet, important qu’il existe une fierté régionale, qu’une image de qualité de la Wallonie soit valorisée tant par les médias qu’à l’étranger. Ainsi, certains décideurs déplorent-ils que l’Office de Promotion du Tourisme vende la Wallonie à l’étranger sous le label Ardenne, perdant ainsi une occasion exceptionnelle de faire reconnaître la Région à l'étranger sous l'un de ses aspects particulièrement attrayant.

Les médias accordent beaucoup d'attention à la Wallonie mais on ne leur fournit pas matière à réflexion, la Wallonie ne se saisit pas de grands dossiers capables d'attirer l'attention des médias et du public, elle devrait ouvrir la réflexion sur la démocratie, la jeunesse, ..

Une personnalité politique libérale.

Selon une majorité de décideurs politiques, culturels et économiques, la presse écrite, bien que largement localisée à Bruxelles, couvre de manière satisfaisante les sujets ayant trait à la Wallonie et si, selon certains, on n’évoque pas assez les questions concernant la politique régionale, d’autres répliquent qu’il faut que la Région wallonne se saisisse de dossiers intéressant le public pour que la presse les relaie. De l’avis d’un dirigeant d’un groupe de presse, les matières gérées par la Wallonie intéressant les lecteurs sont celles qui ont trait à la vie quotidienne – par exemple, la gestion des déchets.

Pour certains, le choix de la Wallonie d’avoir dispersé ses organes politiques, économiques et culturels dans différentes villes de Wallonie fait qu’il n’y a pas un pôle central capable d’attirer en masse les médias. Même si le gouvernement et le Parlement wallons sont à Namur, ils ne peuvent concurrencer l’effet de masse des organismes concentrés à Bruxelles où sont également présentes – outre la politique fédérale et celle de la Région bruxelloise – les institutions européennes et d'autres organisations internationales.

Selon un patron de presse wallon, il existe une contradiction essentielle entre, d’une part, la volonté des décideurs politiques wallons d’avoir une presse wallonne et, d’autre part, le fait qu’ils ne lui cèdent pas la primeur de l’information.

Certains observateurs relèvent toutefois le handicap réel que constitue, pour la Wallonie, l'absence d'une presse se sentant et s'affirmant concernée et responsabilisée par le développement économique et culturel de la région.

Du côté de la presse audiovisuelle, il convient, pour de nombreux décideurs politiques, de se satisfaire du cadre actuel. Plusieurs décideurs culturels et politiques se disent cependant frustrés du manque d’intérêt manifesté, tant par la première chaîne radio de la RTBF et que par le journal télévisé, pour les réalisations wallonnes, ce qui va à l’encontre de l’opinion de la direction de la RTBF, convaincue d’être aussi wallonne que le souhaite le public.

Selon un spécialiste de l’audiovisuel, il n’est pas envisageable d’imaginer une RTBF wallonne pour le moment, car le développement ne vient pas du dépeçage : au contraire, il convient d’apporter un plus. Or, une RTBF régionalisée serait confrontée à des tensions localistes plus néfastes pour l’image de la Wallonie que la situation actuelle.

Par contre, pour un décideur politique, un rassemblement au niveau de la Wallonie des télévisions communautaires pour certains programmes précis apporterait un élément neuf dans le paysage audiovisuel, par la diffusion de programmes locaux à destination de l’ensemble des Wallons. Malheureusement, ici aussi, des sous-régionalismes n’ont pas permis l’aboutissement de ce projet.

Par ailleurs, il convient de considérer également l’offre audiovisuelle privée, parfois plus sensible aux réalités régionales que la radio et la télévision de service public.

 

 

 

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