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Rapport préliminaire

Chapitre 2

 

2. Le projet économique wallon

2.1. Le projet économique wallon – Synthèse

L'avenir économique de la Wallonie passe impérativement par une rupture avec les paradigmes anciens fondés sur le gigantisme de l'industrie motrice et sur la croissance polarisée. Ainsi, le projet économique wallon sera construit sur la triple priorité à accorder aux investissements productifs, au capital humain et à l'innovation technologique, créatrice de nouveaux produits.

Cette innovation ne se limite pas à un accès à une technologie mais résulte d'un processus social où s'interpénètrent les connaissances, le savoir-faire, la gestion, et les modes d'organisation de l'économie.

Dès lors, l'innovation technologique ainsi comprise est inséparable de l'innovation sociale impliquant le dépassement d'une conception taylorienne des rapports de travail, la constitution et l'organisation de réseaux articulant entreprises innovantes, services productifs, laboratoires de recherche, systèmes éducatifs, pouvoirs publics, agents culturels.

La situation économique de la Wallonie – difficile mais au tissu productif non dépourvu de potentialités – nécessite la prise en compte et la valorisation des spécificités locales et micro-régionales, ainsi que la mise en oeuvre de stratégies adaptées aux différentes trajectoires de développement des entreprises. Cette situation appelle la mise en place d'une véritable synergie entre l'activité des entreprises et les stratégies de l'autorité publique en matière de développement économique (interventions des pouvoirs publics, lois d'expansion, regroupements des filières.

L'évolution de l'activité économique wallonne à l'horizon 2010 implique :

  • une formidable volonté de renouveau et de progrès de la part de tous les acteurs du devenir wallon;

  • une élévation générale du niveau des qualifications et une modification profonde de la culture économique;

  • une organisation du travail et une conception des tâches décloisonnées et responsabilisées;

  • une répartition de l'emploi entre les divers secteurs compatibles avec la finalité des activités économiques, à savoir la création de richesses, ce qui, à court et moyen termes, nécessite une importante croissance nette de l'emploi dans les secteurs industriels et tertiaires marchands;

  • la réalisation des conditions d'épargne et d'investissement matériel et immatériel favorables à l'indispensable redéploiement industriel.

Albert Schleiper
1991.

De la nécessité d'une stratégie de développement régional organisée et concertée

L'articulation des différents aspects de la politique économique de la Région ne sera réellement efficace que si elle s'inscrit dans une stratégie régionale qui respecte une triple démarche :

  • une démarche bottom-up qui part de la réalité des entreprises locales et de la valorisation des ressources endogènes;

  • une approche intégrée qui crée des synergies entre les différents domaines de l'intervention des pouvoirs publics : infrastructures, services aux entreprises, valorisation des ressources humaines , etc.;

  • une démarche partenariale qui encourage les coopérations concertées entre les acteurs économiques, sociaux, éducatifs et politiques sur des projets concrets.

 

Cette stratégie appelle l'établissement d'une réelle concertation durable et formelle entre les autorités régionales et les acteurs représentatifs des forces vives de la Région. Une telle concertation inclurait non seulement les divers aspects de la politique économique de la Région mais aussi la prise en considération de problèmes sociaux aussi fondamentaux que ceux de la répartition du temps du travail et des formes de solidarité.

Michel Quévit
1995.

 

Le moment est sans doute propice sous divers aspects – politique, économique, social et culturel – pour un "contrat social wallon". La Wallonie a acquis une stabilité institutionnelle avec l'élection de son Parlement, la situation économique montre les limites économiques et les impasses sociales du néolibéralisme, chacun a désormais conscience que leur avenir dépend des Wallons eux-mêmes.

Yves de Wasseige
1995.

 

Il faut définir les bases d'une politique agricole wallonne, faisant le bon choix entre une production destinée à une consommation de masse et celle d'une production de qualité qui réponde mieux aux impératifs de santé.

 

2.2. Le projet économique wallon – Constats, analyse, pistes et exemples

Constats

Analyse

Pistes et exemples

C1
La Wallonie est passée d’une structure industrielle lourde (sidérurgie, construction lourde, mines, ...) à un tissu économique et technologique de PME.
A1
Il est nécessaire d'adapter les structures de décision et d'action pour exploiter toutes les potentialités du tissu économique.
P1
Mettre en place une culture d’innovation technique, managériale et sociale.
Organiser des réseaux articulant entreprises innovantes, services productifs, laboratoires de recherche, systèmes éducatifs, pouvoirs publics, agents culturels.
C2
Le tissu économique de la Wallonie – non dépourvu de potentialités – est affaibli par la disparition de nombreuses entreprises qui n’ont pas été remplacées. Trop d'importance est accordée au secteur non marchand par rapport au secteur marchand, en comparaison avec d’autres régions.
A2
La politique économique nécessite la prise en compte et la valorisation des spécificités locales et micro-régionales.
P2
Développer une stratégie régionale qui donne la priorité aux investissements productifs, particulièrement immatériels, au capital humain et à l’innovation technologique et qui recourt à une triple démarche :
  • créer des synergies entre les différents domaines de l’action des pouvoirs publics,
  • encourager les coopérations entre les acteurs sociaux, éducatifs et politiques.

Mieux utiliser les ressources du FEDER.

C3
Le développement économique ne viendra plus des secteurs industriels traditionnels.
A3
L'évolution de l'activité économique wallonne implique :
  • une formidable volonté de renouveau et de progrès de la part de tous les acteurs du devenir wallon,
  • une élévation générale du niveau des qualifications et une modification profonde de la culture économique,
  • une importante croissance nette de l'emploi dans les secteurs industriels et tertiaires marchands,
  • la réalisation des conditions d'épargne et d'investissement matériel favorables au redéploiement industriel.
P3
  • Renforcer les filières et développer des nouveaux produits.
  • Adapter les règles d’intervention des pouvoirs publics et d’aide aux entreprises pour les rendre conformes à cette stratégie
  • Définir les bases d'une politique agricole wallonne de qualité qui réponde mieux aux impératifs de santé.

 

2.3. Le projet économique wallon – Enquête réactive

De façon générale, les personnes interrogées estiment que le développement économique est le premier défi de la Wallonie. Celui-ci doit donc constituer une partie prioritaire du projet wallon. Toutefois, certains décideurs expriment leur conviction que, dans ce domaine, les propositions des congrès La Wallonie au futur relèvent de l'incantation car la Région wallonne a peu de possibilités réelles de modifier les paramètres de la croissance, celle-ci étant principalement fonction de données fédérales, européennes et mondiales. Ainsi, l'autonomie économique de la Wallonie apparaît-elle très faible aux yeux de nombreux interlocuteurs : elle se résume à l'art de choisir ses partenaires.

La globalisation à laquelle la Wallonie doit faire face – et qu'elle gère mal – est perçue comme une des causes de ses problèmes économiques. La Wallonie ne sait pas se vendre à l'étranger, aspect trop peu abordé dans les congrès La Wallonie au futur. Elle aurait dû gérer la mondialisation dès 1945, elle n'a pas eu assez tôt les moyens de le faire et désormais, elle essaie de rattraper le temps perdu. La difficulté est accrue du fait que les mentalités n'ont pas changé, même si les décideurs se rendent compte de la nécessité de s'adapter.

Par ailleurs, un patron d'entreprises met en garde contre le leurre que constitue le discours sur la tertiairisation et la création d'une société de services : ce qu'il faut avant tout à la Wallonie, c'est reconstruire un tissu industriel solide au profit duquel, dès lors, des services pourront se développer.

2.3.1. Les structures, les politiques et les secteurs économiques

Selon de nombreux décideurs économiques, la Wallonie n’est pas un ensemble économique homogène mais comprend deux réalités différentes : d’une part, l’ancien bassin sidérurgique et houiller qui essaie, avec plus ou moins de succès, de se reconvertir; d’autre part, un territoire économiquement neuf, formé principalement par l'axe Bruxelles - Louvain-la-Neuve - Namur - Luxembourg, où sont localisés de nombreux espoirs de l’avenir économique wallon.

Malgré la réalité telle qu'elle ressort des chiffres, l'opinion des décideurs est optimiste quant à la reconversion économique de la région liégeoise car, même si son passé industriel marque encore son environnement économique de nombreuses cicatrices, son université, sa position dans l'Eurégio et le développement de son aéroport constituent des atouts d'avenir.

Par contre, le développement de la région de Mons - La Louvière et même de Charleroi suscite des interrogations. La seule façon pour ce bassin ne disposant pas de la même concentration de services que Liège de se sortir de la crise est, selon un décideur du secteur bancaire, d’accepter de former une entité unique pour pouvoir y valoriser l'ensemble des atouts relativement dispersés du Hainaut.

Plusieurs chefs d'entreprise et quelques personnalités politiques, tant libérales et écologistes que socialistes ou social-chrétiennes, déplorent l'absence de définition, par les gouvernements wallons successifs, d'une politique industrielle globale, audacieuse et volontariste, inscrite dans le long terme, pilotée avec les interlocuteurs sociaux et poursuivant des objectifs clairement déterminés. A cet égard, la responsabilité du Conseil économique et social de Région wallonne est également épinglée.

Ainsi, pour la plupart des décideurs économiques interrogés, les nouveaux pôles de développement doivent, pour devenir économiquement attractifs, allier tissu industriel, pôle universitaire et sociétés de services, avec la mise en place de réseaux entre ces structures : certains observateurs ne manquent pas de souligner que ces suggestions étaient inscrites, de longue date, parmi les recommandations des congrès La Wallonie au futur.

Quant aux secteurs porteurs d’avenir en Wallonie, ils figurent parmi les secteurs traditionnels – l’acier, le verre, ou le papier – si des efforts dans le domaine de la recherche et du développement les maintiennent à la pointe de l’innovation. Plusieurs interlocuteurs soulignent que l'un des mérites de l'approche économique de La Wallonie au futur a été de ne pas vouloir tourner le dos aux secteurs de développement traditionnels de la Wallonie, tout en prônant le renouveau technologique.

A l’opposé, selon d’autres avis, ces secteurs traditionnels continueront à perdre des emplois et disparaîtront totalement à plus ou moins longue échéance. Certains estiment qu’il faut néanmoins continuer à y investir un minimum pour des raisons sociales même si, économiquement, ces investissements sont réalisés en pure perte. Dans cette optique, les domaines économiques porteurs d’avenir seraient plutôt les nouvelles technologies, l’environnement, l’eau, le tourisme, les services. Ainsi le déclin des secteurs traditionnels sera compensé par l’avancée des secteurs nouveaux au niveau du PIB et par celle des services au niveau du volume de l’emploi, ce que les chiffres de l'emploi confirment déjà.

Un observateur de la Wallonie met en garde contre la disqualification de l’industrie lourde et du non-marchand, ce dernier étant une source d’emplois valorisants, au profit de la technologie de pointe alors que nous sommes plutôt en retard dans ce domaine; nous avons déjà de solides concurrents : les Silicon Valley, ça sert surtout à supprimer des emplois plutôt qu'à en créer.

Par ailleurs, selon un patron d’entreprise, pour être réellement économiquement forte dans ses pôles d’excellence, il faut que la Wallonie soit tout aussi forte en aval (finitions et ventes) et en amont (enseignement, recherche, innovation) de la production. C'est surtout dans l'apprentissage et dans l'entretien du "savoir vendre" (marketing) et du "savoir créer" que réside notre capacité à agir sur l'avenir. Selon un observateur, cette nécessaire cohérence entre, d'une part, les investissements dans l'enseignement et la recherche et, d'autre part, le développement économique, la valorisation des facteurs immatériels vient seulement de surgir dans les décisions prises par l'actuel gouvernement wallon et il s'agirait – enfin – d'une retombée – tardive – des congrès La Wallonie au futur, ou en tout cas du discours de ceux qui en sont porteurs, à commencer par Michel Quévit et par l'actuel président de l'Union wallonne des Entreprises .

Les avis divergent sur le fait de savoir si les infrastructures de transport sont un autre secteur à valoriser par la Région wallonne pour soutenir le développement économique. Certains considèrent qu'il s'agit d'un mythe lié à l'ancienne culture industrielle. D'autres estiment que les voies de communication constituent un attrait non négligeable pour les entreprises, c’est pourquoi le développement des aéroports régionaux et des centres multimodaux serait primordial. La problématique des liaisons autoroutières et ferroviaires est également évoquée. Plusieurs décideurs politiques estiment que les congrès n'ont pas suffisamment fourni d'arguments pour favoriser leur développement, particulièrement en ce qui concerne la question fondamentale du TGV et des liaisons Star 21. Quant aux autoroutes, compte tenu de leur dégradation, de la nécessité et du coût de leur entretien, un observateur préconise d'en confier la maintenance à un organisme, privé ou parapublic, avec système de péage – extérieur à l'administration.

Enfin, selon un décideur du secteur bancaire, les nouveaux développements économiques entraîneront très probablement une émigration, interne à la Wallonie, des anciens pôles industriels vers les nouveaux pôles de développement, c'est-à-dire, de l'horizontale wallonne (Tournai -Verviers) à la verticale wallonne (Wavre - Arlon).

2.3.2. Un nouveau développement du tissu économique wallon

De l’avis de plusieurs décideurs du secteur bancaire, s'il est clair que le nouveau tissu industriel sera basé davantage sur les PME et les universités, il convient toutefois de rester attentif aux besoins de la Wallonie en grandes entreprises : ce sont elles qui investissent le plus en recherche - développement et elles exportent massivement – la présence des grandes entreprises en Wallonie reste indispensable, même si elles envisagent désormais leurs investissements à l'échelle mondiale en raison, notamment, du faible coût des transports.

De fait, les PME se développent souvent autour des grandes entreprises. Imaginer un tissu industriel basé uniquement sur des PME est irréaliste, même si l’on envisage la PME au sens européen du terme, c’est-à-dire une entreprise de moins de 250 personnes : telle que considérée en droit social belge, à savoir une entreprise de moins de 50 personnes, une PME n'est pas apte à se mouvoir sur le nouveau marché intérieur qu’est devenue l’Europe.

Une alternative intéressante entre la petite PME à rayonnement local et les grandes multinationales, pourrait être les clusters, c’est-à-dire des PME qui se sont regroupées pour créer un produit fini et qui peuvent ainsi espérer être maîtres du développement et du marché d'un produit.

De plus, pour assurer le développement économique de la Wallonie, les pouvoirs publics doivent favoriser la création d’entreprises. Cette piste a été particulièrement développée par des Traceurs de Lendemains, eux-mêmes souvent porteurs de projets.

Ils suggèrent :

  • des facilités financières tels des crédits à 0% d’intérêt pour le lancement de nouvelles entreprises, l’encouragement du capital à risque, des subsides liés aux investissements tant matériels qu’humains;

  • une fiscalité décourageant le travail au noir, tout spécialement dans le secteur de la construction et dans l’Horeca;

  • un transfert de la taxation du travail vers le capital;

  • une détaxation des entreprises citoyennes créatrices d’emplois et qui s’engagent à protéger l’environnement;

  • des formations à la création d’entreprises et des centres de conseils, regroupant en un même lieu des conseils sur les tâches administratives et sur les procédures d’obtention de subsides, des observatoires pour la transmission de savoirs entre porteurs de projets, etc.

Pour compléter ce schéma, des décideurs interrogés ont aussi évoqué :

  • le manque de création de nouveaux produits en Wallonie;

  • la nécessité de maîtriser et de réduire les coûts directs et indirects liés à la production;

  • la définition des priorités afin d’éviter la dispersion des initiatives et le saupoudrage des aides;

  • la promotion et le développement du travail indépendant;

  • le développement de la notion de qualité totale comme but de chaque entreprise.

Certains observateurs proposent, quant à eux :

  • l’étude des conséquences d'un remboursement du précompte immobilier par la Région wallonne;

  • l’étude de la réforme du droit successoral en Région wallonne;

  • l'information du public sur les marchés porteurs tels qu'ils se dégagent des travaux réalisés par la Commission européenne;

  • la simplification des procédures administratives;

  • l’établissement d’une fiscalité favorable pour attirer les investissements;

  • une analyse plus affinée des différents facteurs de déclin pour cesser de rendre les Wallons responsables d'une situation qui leur a longtemps échappé et leur échappe encore largement : abandon de la région par le capital, absence de bourgeoisie motivée par la Wallonie, pas de projet éducatif propre, etc.

De plus, aborder la question d'un nouveau développement du tissu économique wallon induit aussi les problématiques du développement de l’esprit entrepreneurial, de l’ancrage patronal et financier, du coût de la main-d’œuvre et du rôle de Bruxelles dans ce contexte.

2.3.2.1. Le développement de l’esprit entrepreneurial

Les différents congrès La Wallonie au futur l'ont affirmé : un changement de mentalités est nécessaire pour dynamiser le développement économique de la Wallonie. Ainsi, selon le recteur de l'une de nos universités, les personnes les plus susceptibles de générer des idées proviennent des centres de recherche universitaires mais elles ne souhaitent généralement pas devenir des entrepreneurs et les pouvoirs publics ne les encouragent pas à concrétiser leurs idées.

Dans cette optique, l’esprit entrepreneurial doit être valorisé et l’échec lors de la création d’entreprises socialement accepté. Un décideur du monde éducatif met en évidence le vocabulaire utilisé aux Etats-Unis pour parler d’un échec entrepreneurial (to have experience – être un failli) ou pour évoquer le capital investi dans des entreprises (venture capital – capital à risque). Mais qui a intégré ici l'idée qu'au Massachusetts Institute of Technology (MIT), on considère avec satisfaction un taux de réussite de 20% pour les spin-off, trois ans après leur démarrage ?

Selon un dirigeant du secteur bancaire, il s’agit plus d’un problème culturel que financier. Pour le résoudre, il faut une réforme de l’enseignement et simultanément un soutien mesuré des porteurs de projets par le secteur public.

2.3.2.2. L'ancrage patronal et financier

La problématique de l’ancrage patronal et financier wallon divise les décideurs même s'ils considèrent ensemble que les congrès La Wallonie au futur n'y ont pas accordé toute l'attention nécessaire. Selon certains entrepreneurs et opérateurs économiques publics, cette problématique de l'ancrage patronal et financier est importante pour le développement économique de la Région tandis que, selon plusieurs décideurs du secteur bancaire, elle est secondaire dans le contexte actuel.

Pour ces derniers, il n’y a jamais eu de patronat wallon. Au dix-neuvième siècle, il n’existait déjà qu’un patronat belge à peine localisé en Wallonie mais plus généralement installé à Bruxelles, les uns et les autres étant, de toute manière, soumis au centre de décision financière établi dans la capitale de la Belgique. Selon d’autres, il y a pourtant eu un patronat wallon dans de grandes entreprises et il existe maintenant des dirigeants wallons dans le domaine des PME et des spins-off universitaires.

Si disposer de banquiers wallons n’a plus d’importance car le rôle du banquier aujourd’hui est différent de celui de l’époque industrielle, il est nécessaire d’avoir en Wallonie du capital à risque et des fonds d’amorçage pour le lancement d’entreprises. La sous-capitalisation et la difficulté d'accès au capital sont des freins au développement économique de la Wallonie.

Dans ce cadre, la politique de la SRIW est très critiquée car la société est jugée trop frileuse en ce qui concerne l’investissement dans de nouveaux produits. Les invests sont aussi jugés sévèrement par plusieurs décideurs économiques et sont comparés à de petites baronnies locales plus soucieuses de leur survie ou de la présentation de leurs comptes annuels que de prendre des risques financiers, qui sont gérés par des employés fonctionnarisés plutôt que par des entrepreneurs. Les responsables des invests interrogés contestent cette vision, leur enracinement dans le tissu local constituant, à leurs yeux, la seule opportunité d'un véritable développement endogène, tel que prôné par les congrès La Wallonie au futur.

Le point de vue négatif souvent exprimé à l'égard des opérateurs financiers publics wallons n’est cependant pas partagé par la totalité des décideurs économiques, certains responsables économiques et politiques louant le rôle de ces instruments financiers régionaux et suggérant qu’ils soient davantage utilisés. Certains aussi montrent du doigt les entreprises en rappelant que 60 à 70% des entreprises de Wallonie génèrent un rendement inférieur à celui des emprunts publics.

2.3.2.3. Le coût de la main-d’œuvre

Une des forces traditionnelles de la Wallonie était la qualité de sa main-d’œuvre. Actuellement, ce ne serait plus d’elle que viendrait la richesse économique, en raison de son coût jugé, par certains interlocuteurs, comme beaucoup trop élevé pour pouvoir être concurrentiel sur le marché mondial ou même européen. Le rapport annuel 1997 du ministère fédéral de l'Emploi et du Travail est souvent cité en référence puisqu'il établit que les salaires payés aux ouvriers en Wallonie restent supérieurs à ceux versés en Flandre et à Bruxelles (gains horaires bruts masculins de 1992 à 1994). Actuellement une entreprise pourrait plus facilement gérer une sous-traitance ou à engager des intérimaires qu'augmenter le volume de son personnel. En effet, selon de nombreux décideurs économiques, les charges patronales sont trop élevées et, s'il est normal que les soins de santé et les pensions soient liés au salaire, ce n'est pas le cas pour les autres secteurs de la sécurité sociale. Certains interlocuteurs du monde des entreprises dénoncent l'importance des coûts salariaux totaux à charge des sociétés, tout en relevant que les salaires nets de leurs ouvriers sont parmi les plus bas d'Europe.

2.3.2.4. Le rôle controversé de Bruxelles

Pour certains décideurs – fonctionnaires, personnalités politiques et culturelles, entrepreneurs – ainsi que pour plusieurs observateurs et jeunes, l’importance de Bruxelles pour le développement de la Wallonie est jugée essentielle et peu présente dans l'approche économique réalisée par les congrès La Wallonie au futur. Ainsi un observateur de la Wallonie souligne que tout projet économique wallon reste boiteux dès qu'il néglige notre métropole économico-financière qu'est Bruxelles, qui, sans charbonnages, sidérurgie, verrerie, construction, mais grâce à ceux du sillon Sambre et Meuse, s'est hissée au rang de grande ville de niveau international tout en restant francophone, c'est-à-dire grâce aux Wallons. Elle est nôtre. La négliger par faiblesse, frustration, repli, ... – peu importe – est plus qu'une erreur, c'est une faute mortelle et mesquine.

Pour d’autres par contre, le projet économique wallon doit se concevoir en relation avec toutes les régions qui entourent la Wallonie, y compris la Flandre, mais sans privilégier particulièrement Bruxelles qui ne structurerait la Wallonie qu'à son profit permanent.

Enfin, plusieurs décideurs économiques et politiques évoquent l'idée d'un partenariat avec Bruxelles, dans une optique interrégionale, par la création de synergies pour que les capitaux concentrés à Bruxelles se réinvestissent dans la région à partir de laquelle ils ont été accumulés.

 

 

 

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