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Le financement de la solidarité :
Structure institutionnelle, champs d'actions budgétaires, et contraintes financières

Réginald Savage
Conseiller au Service d'Etudes du Ministère des Finances

 

Introduction. La solidarité: un concept large à situer dans son contexte social et temporel (inter-générationnel)

Le financement de la solidarité couvre une problématique a priori très large et très générale, qu'il importe de circonscrire.

D'abord, il convient de préciser la nature de cette "solidarité" à financer (solidarité "passive", "active") ainsi que les groupes sociaux concernés (ceux devant bénéficier de cette solidarité et ceux devant contribuer à son financement).

Il apparaît cependant d'entrée de jeu que le financement de la solidarité ne peut se limiter au seul financement du système actuel de sécurité ou de protection sociale, c'est-à-dire à son seul versant "compensateur" ou "protecteur" de type "passif". Les formes prises par la marginalisation ou l'exclusion sociale ont depuis des années et encore plus récemment pris des formes trop multiples ou plurielles (travail, formation, logement, santé, culture) que pour être ramenées à une simple - même si vitale - question de compensation monétaire.

De plus, les prises de conscience plus aiguisées et relativement récentes du caractère multidimensionnel de l'intégration sociale et de la qualité de vie, ainsi que du caractère inter- générationnel des enjeux redistributifs, obligent aujourd'hui plus que jamais à penser la solidarité tant dans l'espace social que dans le temps. La solidarité au sens large englobe alors selon cette optique tant les enjeux écologiques majeurs (la gestion - et le financement - du passif écologique dont vont hériter les nouvelles générations) que la prise en compte correcte - dans le temps - des défis socio-démographiques à venir dans les principaux pays industrialisés.

On concevra alors que le concept de solidarité recouvre finalement l'essentiel des fonctions collectives au coeur des politiques publiques, tant dans leurs aspects redistributifs qu'allocatifs (politiques d'emploi notamment) et productifs (de services publics et non-marchands ou mixtes).

Pour clarifier la discussion cependant, un certain nombre d'aspects par trop généraux ou englobants seront à ce stade laissés de côté.

Les aspects internationaux et mondiaux (relations Nord-Sud et Est-Ouest) de cette problématique de financement de la solidarité, qui pourtant sont sans doute très importants à moyen et long terme dans une perspective de développement planétaire durable (1) , seront ici laissés de côté. L'approche sera centrée sur le cadre d'analyse belge, avec ses particularités institutionnelles, et situé dans son contexte européen.

Dans la suite de cette contribution, nous aborderons successivement les points suivants:

1. Les contraintes budgétaires de court-moyen terme et leurs implications sur le financement de la solidarité.
2. Le financement de la solidarité dans le contexte institutionnel et budgétaire spécifique belge.
3. Les implications financières de la Réforme de l'Etat de 1989 (+1993) pour la Région wallonne et l'Entité "II." (2) en général.
4. Un point de vue sur le financement de la solidarité dans le contexte inter-générationnel de plus long terme.
5. Les options possibles de court-moyen terme (1996-97).

 

1. Les contraintes budgétaires de court-moyen terme et leurs implications sur le financement de la solidarité.

La question du financement de la solidarité, au niveau belge, n'est pas une question abstraite ou théorique. Elle se pose actuellement dans un contexte interne et européen bien précis, qui en détermine assez largement le contenu. Ce contexte interne et européen peut être décrit schématiquement comme suit:

  • une contrainte "Maastrichtienne" forte de convergence budgétaire à court terme (1996-97), doublée d'un objectif largement consensuel - dans son principe - d'inversion durable de l'effet "Boule de Neige" (3) et de réduction structurelle du taux d'endettement public belge (4).

  • un taux de chômage élevé - particulièrement en Wallonie -, doublé de taux d'activités belges relativement faibles comparativement à nos principaux voisins; ceci rend particulièrement urgente la recherche de solutions structurelles aux fractures sociales et mécanismes d'exclusion générés par le sous-emploi.

Ce contexte financier est de plus rendu singulièrement difficile dans le cas belge par le niveau actuel et prévisible élevé des charges d'intérêts (9.3% de PIB attendu en 1996, soit plus de 20% de l'ensemble des recettes publiques) (5), exerçant un effet d'éviction (aussi appelé "effet coucou") sur les dépenses socialement et économiquement utiles.

Il l'est aussi compte tenu des objectifs de court-moyen terme en matière de limitation des déficits budgétaires, obligeant à maintenir un niveau de prélèvements obligatoires supérieur à la moyenne européenne.

Les finances publiques belges, et les possibilités de "financement de la solidarité", se trouvent par conséquent structurellement obérées par un héritage financier bien lourd comparativement à la plupart des autres pays européens.

Avec un niveau d'endettement public plus de deux fois supérieur à la moyenne européenne, et des charges d'intérêts également très nettement supérieures à celles des autres pays (un écart de plus de 4.5% de PIB ou 360 Milliards ...), l'économie belge se trouvera en 1995 avec un taux de prélèvements obligatoires très significativement supérieur à la moyenne européenne (un écart de l'ordre de 4% de PIB) et un ratio de dépenses publiques primaires (hors charges d'intérêts) inférieur à la moyenne européenne depuis le début des années 90.

Le poids des déficits accumulés dans le passé signifie donc dans le cas belge qu'une partie plus importante des ressources publiques, par ailleurs supérieures relativement à celles de la plupart des autres pays européens, est et restera absorbée au cours des prochaines années par le financement des charges d'intérêts.

Ceci limite bien entendu à court terme les marges de financement de la solidarité, d'autant plus qu'un certain nombre d'autres caractéristiques de la situation belge en matière fiscale, dans un contexte d'harmonisation fiscale européenne largement inachevée voire de tendance à la "concurrence fiscale" ou au "dumping" fiscal, limitent sensiblement les marges d'action discrétionnaire des autorités politiques en la matière.

Parmi ces limitations, on notera en particulier les difficultés rencontrées sur la voie d'une taxation équitable des revenus du capital mobilier, dans un contexte où l'absence d'harmonisation fiscale européenne minimale en la matière (6), les résistances culturelles, la présence à nos frontières de paradis fiscaux facilement mobilisables, conduisent à une tendance structurelle à la défiscalisation compétitive des produits d'épargne et à l'érosion structurelle des recettes fiscales en la matière.

En matière d'impôts indirects (TVA, accises), l'exiguïté relative du territoire (augmentant les risques de détournement de trafic), ainsi que l'écart existant déjà entre certains taux belges (le deuxième taux TVA notamment) et les minima européens, imposent également un certain nombre de contraintes aux marges de manoeuvre discrétionnaires des autorités.

Enfin, l'option prise récemment au niveau européen, dans le cadre du Livre blanc de la Commission des Communautés européennes, en faveur d'un allègement des charges sociales (cotisations) pesant sur le facteur travail, et en particulier sur le travail peu ou pas qualifié, même si elle s'inscrit dans l'optique positive d'un renforcement des incitants à l'emploi et d'une croissance plus intensive en ressources humaines (et donc dans le cadre d'une politique active de solidarité), pose la question des arbitrages délicats de financement entre politiques actives de solidarité et politiques "passives" de solidarité (politiques de compensation monétaire).

En résumé, le financement de la solidarité doit actuellement être pensé dans un contexte de court-moyen terme bien particulier, qui est celui à la fois de la Convergence budgétaire dans le cadre du Traité de Maastricht et de la mise en place de la Monnaie unique (7), et de celui des lignes de forces du Livre blanc de la Commission.

Sur le plan budgétaire et financier, ceci se traduit par la confrontation de logiques et de besoins contradictoires particulièrement difficiles à articuler de manière cohérente et efficiente, à savoir:

  • une logique d'austérité et d'orthodoxie budgétaire de court terme, dont les retombées potentiellement déflatoires au niveau européen, lorsque mises en place simultanément et cumulativement, doivent être correctement évaluées et éventuellement compensées par des inflexions monétaires neutralisatrices (politique des taux d'intérêts favorable à la croissance) et par le renforcement à l'échelle européenne des actions structurelles (fonds social européen);

  • une logique de réduction sélective du coût du travail non-qualifié, dont il importe de compenser à court terme les moins-values fiscales et parafiscales par des sources de financement alternatives si l'on veut que la transition de politiques de solidarité passives (de type compensatoires) vers des politiques plus actives (incitatives) se fasse de manière ordonnée et socialement équitable.

Par ailleurs, comme déjà explicité en introduction, la Solidarité est un concept multidimensionnel. Elle met en jeu fondamentalement à la fois:

1) des mécanismes multiples relevant de la formation des revenus primaires et du partage en amont des fruits de la croissance et des gains de productivité générés par les actifs,

2) ainsi que des mécanismes de redistribution secondaires (via les prélèvements fiscaux, les transferts sociaux, etc.) voire tertiaires (production et diffusion de services collectifs non- marchands ou mixtes, tels l'éducation-formation, la santé, la culture, etc.).

Ces mécanismes multiples ne relèvent pas nécessairement des mêmes acteurs sociaux ou politiques ni des mêmes instances institutionnelles.

Le premier niveau (formation des revenus primaires et politiques d'emplois essentiellement au niveau privé) relève fondamentalement, via la négociation collective plus ou moins centralisée ou non-, des interlocuteurs sociaux et du Pouvoir politique central (national et européen, via la règlementation sociale, les particularités nationales du rapport salarial) (8).

Le deuxième niveau, celui de la redistribution secondaire des revenus, continue de relever pour l'essentiel, pour ce qui est de la Belgique, du cadre national Fédéral.

 

2. Le financement de la solidarité dans le nouveau contexte institutionnel et budgétaire spécifique belge.

Les principes généraux définis ci-avant doivent par ailleurs pouvoir être appliqués dans un contexte institutionnel et budgétaire belge qui est marqué par la réforme majeure de l'Etat opérée en 1989 (et complétée par les accords dits de la St.-Michel de 1992-93), dont il convient néanmoins d'en synthétiser certains éléments-clés (9).

On part traditionnellement de 4 niveaux de pouvoirs biens définis (10), regroupés deux à deux en deux grandes Entités (dénommées "I." et "II.") en fonction des liaisons fonctionnelles ca- ractérisant leur mode de financement.

Cette réforme de l'Etat a non seulement conduit à une redéfinition du paysage institutionnel et constitutionnel, mais également à une décentralisation budgétaire importante qui affecte certains aspects importants des mécanismes de financement de la solidarité (notamment inter- régionale).

En effet, le Pouvoir fédéral conserve à ce stade, dans le cadre d'une harmonisation fiscale européenne minimale et limitée pour l'essentiel à certains impôts indirects, la quasi-intégralité des prérogatives fiscales et para-fiscales. L'autonomie fiscale (au sens restreint de "en matière de recettes fiscales") des Régions nouvellement crées reste des plus limitées (11), et elle est pratiquement inexistante au niveau des Communautés.

En prenant en considération l'ensemble consolidé de l'Entité "II." (Communautés et Régions, Pouvoirs provinciaux et communaux), on peut estimer à quelques 3.8% de PIB seulement (à peine plus de 7.5% des ressources publiques globales), la part de ses recettes publiques propres, c'est-à-dire ne dépendant pas directement de décisions de l'Autorité centrale et/ou de mécanismes de financement - comme la Loi Spéciale de Financement (LSF) des C&R - sur lesquels l'Entité "II." n'a aucun pouvoir discrétionnaire.

Par ailleurs, largement plus de la moitié de ces ressources propres ou "autonomes" de l'Entité II. provient actuellement des centimes communaux additionnels.

En termes de compétences budgétaires, les choses sont un peu différentes. La réforme de l'Etat de 1989 a consacré l'organisation d'un processus important de décentralisation budgétaire. Pour situer son impact quantitatif, il n'est pas inutile de procéder à un chiffrage schématique des grandes masses en présence et de leur articulation.

Au sein de l'entité "I.", nous retrouvons le Pouvoir Central National (PCN) et la Sécurité Sociale (SECSO). Ils sont regroupés ici pour la raison principale que la Sécurité Sociale dépend directement pour pratiquement un cinquième du PCN pour ce qui est de son financement (12).

De plus, restant jusqu'à présent nationale, sa gestion globale reste sous la tutelle du Pouvoir Central National, en concertation avec les partenaires sociaux (syndicats, mutuelles, em- ployeurs, prestataires de soins, etc.). Ce lien de dépendance financière de la sécurité sociale à l'égard du PCN est important, notamment dans le régime des salariés, où la subvention du PCN au régime général, fixée pour 1992 à 192 Milliards, constitue un enjeu majeur pour l'équilibre financier du système ou le rythme de croissance d'"équilibre" des dépenses sociales (13).

On remarquera symétriquement que dans la nouvelle configuration fédérale belge, le total des subventions du PCN aux régimes sociaux n'est pas loin de représenter un quart des propres dépenses primaires ou hors intérêts du PCN, ces dernières ayant par ailleurs été fortement amputées par la dernière réforme de l'Etat.

Au niveau de l'entité "II.", on retrouve d'une part un bloc dominant, constitué des Communautés et Régions (C&R), gérant depuis 1989 un bloc de compétences (hors charges d'intérêts) représentant actuellement au bas mot 700 Milliards de francs courants (dont plus de 350 Milliards pour l'enseignement des deux communautés). D'autre part, on retrouve les Pouvoirs locaux (PL) soit essentiellement les Communes, dont une des caractéristiques essentielles est qu'elles sont passées en 1989 sous la tutelle des Régions (et non plus du Pouvoir Central), et que plus de 40% de leurs ressources financières proviennent du fonds des Communes (dorénavant régionalisé) ou des Communautés (financement de l'enseignement communal).

En finale, on obtient donc, en termes de dépenses propres consolidées (14) et finales (15) hors intérêts, que l'entité "I." avec environ 2200 Milliards (1995), est largement dominante par rapport à l'entité "II.", avec ses 1100 Milliards et quelques.

Au sein de l'entité "I.", c'est la Sécurité Sociale qui domine à ce niveau avec près de 70% des dépenses primaires finales (comparativement à 30% pour le Pouvoir fédéral), alors qu'au sein de l'entité "II.", les C&R (hors transferts aux communes), ne dominent que modérément avec un poids relatif d'un peu moins de 60%.

En termes de ressources avant transferts internes cependant, les proportions sont sensiblement modifiées, puisque le Pouvoir fédéral continue à prélever des ressources (fiscales et non- fiscales) à concurrence de 2150 Milliards environ (27% du PIB), soit pratiquement le double des cotisations de Sécurité Sociale (15% de PIB environ). Le tiers environ de ces ressources fiscales cependant (soit quelques 750 Milliards) se retrouve automatiquement transféré aux C&R dans le respect de mécanismes précis votés par une Loi Spéciale de Financement (LSF) à majorité spéciale des deux tiers, et sur lesquels le PCN ne dispose dorénavant plus d'aucune marge de décision discrétionnaire.

Le PCN se caractérise alors par une structure de financement particulièrement vulnérable, puisque d'une part ses recettes propres sont le résultat résiduel de l'évolution globale des recettes fiscales et d'un montant légal qu'il est tenu de verser aux C&R, pratiquement indépendamment de la conjoncture.

D'autre part les charges d'intérêts à ce niveau restent écrasantes, puisqu'elles représenteront en 1995 au bas mot plus de 650 Milliards, soit pas moins de la moitié des recettes propres du PCN (après transferts aux C&R et à la Sécurité sociale), et plus de 40% des dépenses totales du PCN. Autre illustration encore, une hausse imprévue d'un pour-cent (1% ou cent points de base) du taux d'intérêt moyen sur la dette publique belge à court terme entraîne à lui tout seul une charge additionnelle de l'ordre de 25 à 30 Milliards de FB, soit l'équivalent de près de 3% des dépenses hors intérêts du PCN, et de près de 4% de ces mêmes dépenses, mais hors transferts aux régimes sociaux.

 

3. Marges et limites d'un financement spécifiquement wallon de la Solidarité.

Du côté wallon à strictement parler (budget de la Région wallonne) et francophone au sens large (compétences régionales et communautaires francophones), les marges d'actions restent cependant relativement limitées. Au niveau de l'ensemble de l'Entité "II." du monde francophone (Région, Communauté, Provinces et Communes), on peut estimer les masses budgétaires totales en jeu à un peu plus de 5% de PIB national, soit 12 à 13% environ du PIB régional correspondant). Hors enseignement, le chiffre correspondant est cependant ramené à 7 à 7.5% du PIB régional, alors qu'on peut estimer le poids relatif des transferts sociaux (Sécurité sociale) en faveur des résidents wallons à trois fois ce pourcentage, soit environ 22% du PIB régional wallon.

Les marges d'action publique spécifiques au niveau wallon restent par ailleurs limitées par la dynamique propre des mécanismes de financement mis en place à moyen et long terme dans le cadre de la Loi Spéciale de Financement de 1989, même complété par les accords de la St.- Michel, ainsi que par les implications des accords intra-francophones (accords dits de la St.- Quentin) en faveur du refinancement de la Communauté française.

Ces implications (récemment actualisées) ont été décrites plus en détail ailleurs (8). Sans entrer dans des détail inutiles, rappelons cependant ici quelques traits essentiels des conclusions dégagées.

Les mécanismes de financement mis en place en 1989 et complétés en 1993 prévoient un régime transitoire (1989-1999) et un régime dit "définitif" (post 1999). Le régime transitoire se caractérise par un certain nombre de mécanismes qui peuvent être schématisés comme suit.

Au départ (1989), la part wallonne (et plus généralement francophone) dans le total des matières (dépenses) régionalisées et communautarisées était significativement plus élevée que la part wallonne (francophone) correspondante dans les ressources financières localisables (Impôt des Personnes physiques) et/ou dans le total national du nombre de jeunes "scolarisables" (16).

Il a donc été prévu un certain nombre de mécanismes transitoires et progressifs (jouant sur une dizaine d'années) visant à faire converger (à la baisse) la part des moyens transférés (à la Région wallonne et à la Communauté française, ainsi qu'à la Région de Bruxelles-Capitale) sur la part effective des Entités correspondantes dans les ressources financières localisables (Impôt des Personnes physiques) et/ou dans le total national du nombre de jeunes "scolarisables".

Il a certes été prévu un mécanisme central de Solidarité (appelé "Intervention de solidarité") en faveur de la (ou des) Région(s) dont l'I.P.P. par tête serait inférieur à la moyenne nationale. Ce mécanisme joue actuellement en faveur de la Région wallonne; il a, et aura également à l'avenir pour conséquence que la convergence à la baisse de la part des ressources transférées à la Région wallonne (sur son poids fiscal effectif inférieur) ne sera pas complète. En d'autres termes, le principe "du juste retour" (à chacun selon ses moyens et non selon ses besoins) est ici partiellement atténué par un mécanisme correcteur.

En termes dynamiques ou évolutifs, ces divers mécanismes mis en place ont et auront pour conséquence, tout au long de la période transitoire, que les moyens financiers transférés à la Région wallonne (ainsi qu'à la Région bruxelloise et à la Communauté française) croissent et croîtront structurellement moins vite que ceux transférés à la Communauté flamande (compétences régionales et communautaires confondues). L'écart annuel de croissance entre les recettes consolidées (régionales et communautaires) transférées aux deux grandes Entités peut être estimé à 1.7% environ, ce qui est important dans une perspective de moyen terme (un écart cumulé de 18% au terme de la période transitoire).

Du côté francophone, le problème financier est aggravé par la forte dissymétrie d'évolution des moyens "spontanés" (17) régionaux et communautaires (un écart annuel moyen de 1.5% environ, soit 16% cumulés en dix ans), se grevant sur une quasi-stagnation programmée, au mieux une très faible croissance en termes réels des moyens totaux de la Communauté française.

Enfin, si on resitue ces moyens d'action potentiels dans une perspective de soutenabilité financière de moyen et long terme, force est d'admettre que les capacités d'emprunts wallonnes et francophones sont nécessairement limitées par la contrainte absolue d'éviter l'emballement d'un processus explosif de "Boule de Neige" régionale ou communautaire, face auquel les autorités régionales et communautaires, compte tenu de leur faible autonomie fiscale (au sens restreint), seraient encore plus démunies que le Pouvoir fédéral.

Ceci signifie qu'assez largement, et hormis la possibilité formelle (et réelle ...) d'imposer des centimes additionnels à l'I.P.P. (communaux ou régionaux) et d'augmenter à la marge certaines recettes non-fiscales (redevances etc.) ou fiscales de moindre importance, les marges de croissance des dépenses hors intérêts globalisées régionale et communautaire resteront à moyen terme fortement contraintes par le rythme de croissance des recettes "LSF" (Loi Spéciale de Financement).

Si financement accru de la Solidarité il doit y avoir à ce niveau institutionnel et budgétaire, cela ne pourrait que difficilement s'opérer pour l'essentiel autrement que par un recalibrage des moyens disponibles (dans le sens par exemple d'une augmentation des discriminations positives dans les secteurs de l'enseignement et de la formation, du logement, de la culture, de l'emploi non-marchand etc.).

Pour conclure sur cette composante potentielle des moyens d'actions publics en faveur d'une politique de solidarité sociale au sens large (tant active que passive), susceptible d'application en région wallonne, on relèvera les conclusions suivantes:

Sans vouloir minimiser les moyens d'actions publics et collectifs potentiellement mobilisables en faveur d'une "politique de solidarité" au niveau strictement régional et local (communal), force est de constater que ces moyens resteront quantitativement limités au cours des prochaines années, relativement aux moyens drainés via la Sécurité sociale (et les pensions publiques financées par le Pouvoir fédéral) en faveur du revenu disponible net des ménages wallons.

Il en est et restera ainsi tant par la masse relative initiale des moyens en jeu (un tiers environ des moyens d'actions publics globaux, l'essentiel restant localisé au niveau de l'Entité "I." et en particulier au niveau des régimes de Sécurité sociale) que par les limites que l'étroitesse d'autonomie fiscale de l'Entité "II." et l'impératif d'éviter un processus d'endettement explosif imposent structurellement à toute majoration discrétionnaire significative de ces moyens d'action.

 

4. La politique de solidarité au niveau de l'Entité "I.": la solidarité intergénérationnelle par le désendettement public.

Il résulte de ce qui précède que l'essentiel des leviers macro-économiques et macro-budgétaires d'une politique de Solidarité restent aujourd'hui du ressort de l'Autorité fédérale (au sens large). Il en est ainsi tant par l'importance quantitative des masses financières en jeu (deux tiers des moyens d'actions primaires publics totaux), que par la place centrale des revenus de remplacement et sociaux (transferts de Sécurité sociale) en provenance de l'Entité "I." dans le revenu disponible des ménages Wallons (40% environ).

Enfin, et ce n'est pas le moins important, que du contraire, on relèvera le caractère resté très largement centralisé (national), pour des raisons d'Union économique et monétaire belge, des principaux leviers stratégiques en matière fiscale et para-fiscale (cotisations) et en matière de rapport salarial (règlementation sociale, négociations salariales, etc.).

Une politique cohérente de solidarité à ce niveau implique alors l'articulation deux grands types de questions:

  • Quelle politique macro-économique (monétaire, budgétaire, salariale) et macro-structurelle (structure des prélèvements, modalités de flexibilité salariale, etc.) mener de manière à maximiser le contenu en emploi et le bien-être collectif, dans une perspective de renforcement de la cohésion sociale et de lutte contre l'exclusion sociale? Ceci peut être considéré comme le volet "amont" (actif) des politiques de solidarité.

  • En articulation avec le point ci-dessus, quelles restructurations opérer en matière d'actions de l'"Etat-compensateur" (Etat-protecteur) de manière à assurer un maximum d'équité sociale, non seulement entre groupes sociaux (espace social) mais également dans le temps (équité intergénérationnelle). Ceci pose la question des lignes de forces d'une redéfinition des rôles, missions et moyens de la Sécurité sociale notamment.

Les questions doivent être abordées de manière articulée tant il est clair aujourd'hui que les modalités de répartition du revenu primaire et les arbitrages "temps/revenus" sont un des éléments-clés de l'intensité en emplois de la croissance réalisée, et que par ailleurs les modalités de financement des dépenses publiques, et en particulier des dépenses sociales, en sont un autre élément déterminant.

Ces deux thématiques sont cependant bien trop vastes que pour pouvoir être abordées en détail et de manière argumentée dans le cadre de cette contribution introductive. Elles mettent en jeu des questions complexes et sensibles comme celles du contenu du rapport salarial et plus précisément dans le cas belge actuel de la redéfinition de la Loi sur la Compétitivité et des modalités d'une réduction-réorganisation socialement efficace et équitable du temps de travail.

Elles posent également une autre question centrale, celle des modalités de mise en oeuvre d'un financement alternatif et moins destructeur d'emploi du niveau actuel de couverture sociale.

Nous aborderons pour notre part une autre question d'actualité et controversée, celle du conflit présumé entre assainissement budgétaire et financement de la solidarité. Une vieille conception oppose a priori ces deux objectifs, avec comme sous-entendu implicite l'idée que la rigueur ou l'orthodoxie budgétaire, concrétisés par exemple actuellement par la volonté de respecter le Plan de Convergence, serait antinomique avec le maintien de la Solidarité.

Selon cette vision, la rigueur monétaire et budgétaire serait ainsi l'ennemie viscérale de la solidarité sociale. L'histoire des vingt dernière années fournit cependant dans le cas belge une illustration parfaite du fait que c'est l'explosion des déficits et de la dette qui a été le berceau ou le terreau des politiques d'austérité budgétaire et sociale ultérieurement entreprises.

De plus, le niveau d'un déficit public ne dit rien du contenu ni de la "valeur sociale" des dépenses opérées: ainsi, la réduction d'un déficit peut s'opérer par des mesures équitables, et ces mesures peuvent aussi bien a priori concerner des majorations de recettes publiques que des réductions de dépenses. Il y a donc en la matière le plus souvent confusion de débat sur les objectifs et les moyens.

Dans une situation où les taux d'intérêts réels (hors inflation) internationaux et sur la dette publique belge sont structurellement supérieurs à la croissance économique, les Pouvoirs publics ont tout intérêt à casser l'effet "Boule de Neige" et à mettre les finances publiques sur la voie d'un désendettement structurel et durable.

Ceci est d'autant plus vrai dans le cas belge où les charges d'intérêts absorbent plus de 9% du revenu national, près de 20% des ressources publiques totales, et où l'importance relative de la dette à court terme rend les déficits publics très sensibles aux variations imprévues des taux à court terme et aux tensions internationales sur les taux de changes.

La politique budgétaire dès lors ne peut se concevoir principalement dans une perspective de très court terme, "solidariste" seulement en apparence. Tout retard ou toute hésitation dans l'inversion durable de l'effet "Boule de Neige" et la réduction structurelle du taux d'endettement risque d'être sanctionnée par des hausses coûteuses de primes de risques et par un renchérissement des conditions de financement de la dette.

De même, les propositions parfois matamoresques avancées par certains sous le couvert "solidariste" de faire contribuer les rentiers ou le secteur financier au financement de la dette et à l'assainissement des finances publiques doivent être évaluées froidement quant à leur capacité réelle à produire effectivement et surtout durablement les résultats promis; en effet, ces "opérations-miracles" proposées sur la dette interviendraient dans un contexte européen marqué par l'existence de marchés financiers très concurrentiels où la substituabilité entre actifs financiers est très forte, où la confiance des opérateurs est fort volatile, et où la mobilité quasi- parfaite du capital - on peut le regretter - empêche toute manipulation politique durable et efficace des "prix du marché" (ici les taux d'intérêts). On ne peut par conséquent qu'être extrêmement sceptique et réservé quant à leur réalisme ou faisabilité pratique.

De plus, chacun sait que la plupart des pays industrialisés, et en particulier la Belgique, seront confrontés d'ici peu de temps - une dizaine d'année pour la Belgique - aux implications budgétaires d'un choc socio-démographique majeur, estimé sous certaines hypothèses par le Bureau fédéral du Plan à 5% de PIB sur 25 ans environ, soit 0.2% de PIB ou 15 Milliards de francs constants par an cumulativement.

Ce choc prévisible imposera, toutes autres choses égales par ailleurs, de nouvelles tensions multiples - entres groupes sociaux et générations, entre demandes sociales conflictuelles et concurrentes sur les ressources publiques - sur la répartition primaire et secondaire des revenus. Un des enjeux majeurs des prochaines années et de la décennie suivante sera d'assurer les conditions d'une solidarité "à sens multiples" entre générations (actifs et inactifs) et à l'intérieur de celles-ci.

A déficit public inchangé et taux d'endettement simplement stabilisé (ou ne régressant que lentement), on risque fort d'aborder la période critique (les années 2010-2030) sans autres options cornéliennes que de relever sévèrement les prélèvements obligatoires (sur les actifs et les revenus du travail...?), d'amputer les prestations de pensions légales (difficile compte tenu du poids électoral alors acquis par les aînés...) ou de brider d'autres dépenses publiques socialement utiles (éducation-formation, culture, santé, réparations et prévention écologique, etc.).

La seule option sans doute vraiment solidaire, la plus efficace économiquement et la plus acceptable socialement serait de parachever l'assainissement budgétaire au cours de la nouvelle législature. La génération qui a présidé à l'explosion du taux d'endettement public et des dépenses d'intérêts improductives depuis la fin des années 70 parachèverait de la sorte la remise en ordre des finances publiques et l'enclenchement d'un effet "Boule de Neige" inversé.

Une fois le déficit public ramené à 3% de PIB en 1996, moins de 2% en 1999 et pratiquement 0% à la veille de la montée en puissance du vieillissement, l'auto-réduction induite du poids des charges d'intérêts, de l'ordre de 0.2% de PIB par an, devrait permettre d'aborder l'ensemble des défis du prochain millénaire - non seulement socio-démographiques, mais également écologiques et autres - dans des conditions financières et budgétaires soutenables tant économiquement que socio-politiquement, c'est-à-dire en évitant des conflits de répartition intergénérationnels majeurs et potentiellement dangereux pour la Démocratie.

 

5. Le financement de la Solidarité à court terme (1996-97).

Reste la question délicate à court terme de la poursuite simultanée d'un double objectif d'assainissement budgétaire (solidarité inter-générationnelle et prévention de conflits de répartition futurs majeurs) et de réforme en profondeur de la structure de financement de la Sécurité sociale, dans un sens plus favorable à l'emploi. Selon nous, cette articulation ne saura être atteinte à court terme sans nouvelle augmentation programmée des prélèvements obligatoires et ressources publiques - autres que sur le facteur travail - et sans une plus grande sélectivité bien ciblée en matière de prestations sociales nettes (après impôts), en fonction de la capacité contributive.

Pour entraîner le moins de distorsions socio-économiques possibles dans le contexte d'intégration économique et financière européenne qui bat son plein, et s'insérer dans une stra- tégie de développement "soutenable" à moyen terme, cette hausse des ressources publiques devrait prioritairement affecter les consommations - et en particulier les consommations énergétivores - et les modes de production polluants, plutôt que les revenus du travail.

La base de prélèvement des impôts directs (des particuliers comme des sociétés) pourrait cependant être significativement élargie par une lutte plus efficace contre la fraude fiscale organisée et les usages impropres, par une rediscussion tant du régime fiscal spécial des revenus de remplacement (au-delà d'un certain plancher) que de celui - splitting - des conjoints sans activité professionnelle, ainsi que par une révision des multiples dépenses fiscales (18), notamment les avantages fiscaux à l'épargne dite à long terme et aux régimes de pensions complémentaires, qui se justifient difficilement économiquement et socialement dans un contexte de taux de rendements financiers réels élevés pour les particuliers et de surabondance de l'épargne privée belge. Ces régimes fiscaux dérogatoires apparaissent en effet dans le contexte actuel comme autant de subsides fiscaux déguisés à des lobbies et groupes bien organisés ou abrités, bénéficiant de relais politiques structurés dans les rouages de l'Etat.

Une hausse pluriannuelle et significative des impôts indirects (TVA, accises, éco-taxes, etc.) devrait de plus être mise à l'ordre du jour, selon des modalités permettant d'éviter des effets anti-redistributifs pervers sur le pouvoir d'achat des bas revenus.

Une harmonisation à la hausse (15%) (19) du précompte mobilier, avec suppression des exonérations sur les livrets d'épargne (20), serait conciliable avec la forte mobilité de ce type de base imposable au plan européen, et devrait être mis en place en attendant une indispensable harmonisation des retenues à la source au niveau européen.

Parallèlement, une conception "solidariste" de la politique active de l'emploi impose que dans un premier temps (c'est-à-dire en 1996-97), d'éventuelles réductions additionnelles de cotisations patronales de Sécurité sociale soient concentrées sur les types d'emplois et les secteurs où leur "effet de levier" immédiat sur l'emploi, ainsi qu'en termes de bien-être collectif, soit maximal et assuré (minimisation des effets dits "d'aubaine"), c'est-à-dire sur les bas salaires et sur le secteur non-marchand (Maribel social) et par exemple aussi le secteur de la construction-rénovation.

La limitation des ressources budgétaires et financières impose par ailleurs que la modification recherchée des coûts relatifs "capital-travail", susceptible de promouvoir à terme une croissance plus intensive en emplois, soit obtenue non seulement par un abaissement du coût marginal du travail (non ou peu qualifié), mais également par un relèvement du coût marginal des autres facteurs de production (capital et énergie). Le relèvement, limité dans un premier temps, du coût du capital, pourrait être obtenu par un élargissement de la base de financement de la Sécurité sociale à d'autres composantes de la Valeur ajoutée que la seule masse salariale, à savoir la consommation de capital fixe (amortissements) ou d'autres éléments de l'excédent brut d'exploitation des entreprises.

Alternativement (ou complémentairement), le coût d'usage du capital physique (et en particulier de la substitution capital-travail), très largement importé en Belgique et rendu bon marché par la politique du franc fort, pourrait être majoré par une suppression ou limitation de la déductibilité à la TVA des dépenses d'investissements des entreprises en capital physique.

En conclusion, le financement de la Solidarité doit non seulement assumer sa dimension "spatiale" immédiate (solidarité inter-régionale et inter-personnelle), mais elle doit aussi et surtout pouvoir s'inscrire dans la durée et dans une perspective de soutenabilité inter- générationnelle large (tant écologique que socio-démographique).

Dans cette perspective élargie, un assainissement budgétaire socialement équilibré, par delà les slogans souvent simplistes et faciles à courte vue qui légitiment de fait le gel d'acquis corporatistes, constitue très certainement une pierre angulaire. C'est cette pierre qu'il conviendra d'articuler correctement et progressivement avec une réforme nécessaire et en profondeur de la structure et du mode de financement d'un niveau global de couverture sociale par ailleurs à consolider.

Car la prise de risque individuelle et collective, ainsi que les attitudes d'innovation sociale, organisationnelle et culturelle ne peuvent se concevoir que dans un contexte de sécurité collective et de visibilité sociale suffisantes quant à la pérennité des systèmes de protection sociale.

C'est dans ce sens que des finances publiques assainies, conditions d'une auto-réduction "spontanée" du poids excessif des charges d'intérêts, constituent un des garants essentiels d'une solidarité conjuguée au futur.

 

Notes

1. - par exemple en matière de limitation de l'effet de serre, de réduction des inégalités mondiales, de prévention et régulation des grands flux migratoires internationaux, etc.
2. - le concept d'"Entité II." renvoit au total consolidé des Communautés et Régions (C&R) et des Pouvoirs locaux (PL)(soit les Communes et Provinces).
3. - processus pernicieux et explosif d'augmentation du taux d'endettement public et de ses charges, entraînant des pressions à la hausse sur les déficits publics, entretenant à leur tour l'auto-augmentation des taux d'endettement, etc.
4. - les sousbassements de cette option seront analysés par la suite.
5. - au niveau du seul Pouvoir fédéral, là où est localisée près de 90% de l'ensemble de la dette publique belge existante, les charges d'intérêts représenteront en 1995-96 8.3% du PIB, soit 45% environ des recettes totales du Pouvoir fédéral (après transferts aux autres Entités), et près de 40% de l'ensemble de ses dépenses.
6. - par exemple via un précompte libératoire plancher de 10 à 15% imposé à tous les non-résidents européens.
7. - processus qui lui même se justifie dans le cadre d'une volonté politique de stabilisation monétaire en Europe, de renforcement de la logique du Marché unique (avec suppression des possibilités de dévaluations compétitives déstabilisatrices pour les conditions de concurrence), et de constitution d'un contre-poids à la toute-puissance incontrôlée du dollar.
8. - par exemple l'existence ou non de mécanismes d'indexation des rémunérations, l'existence et le contenu de "Lois sur la compétitivité", etc.
9. - R. SAVAGE, "Le financement des Communautés et Régions: Une appréciation d'ensemble actualisée.", in Finances publiques régionales et fédéralisme fiscal, (Journée d'Etudes du 11 mars 1994 aux FUNDP), Centre de Recherches sur l'Economie Wallonne, Presses universitaires de Namur, 1994.
10. - le Pouvoir fédéral (PCN), l'ensemble des régimes de Sécurité sociale (SECSO), les Communautés et Régions (C&R, anciennement partie intégrante du Pouvoir central) et les Pouvoirs locaux (PL, reprenant les Communes et Provinces).
11. - dans le cadre des Lois de financement, cette autonomie se limite pour l'essentiel à la possibilité d'instaurer des additionnels (ou soustractionnels) à l'I.P.P., ainsi qu'à la possibilité de modifier les bases et taux de certains impôts régionaux (ou redevances) d'importance macro-économique limitée.
12. - les 4/5 restants étant évidemment assurés par des ressources propres, pour la toute grosse part (90% au moins) des cotisations de sécurité sociale à charge des salariés, employeurs et indépendants.
13. - il faut ainsi faire remarquer que la simple indexation ou non-indexation de cette subvention spéciale représente à elle seule un enjeu de 5 Milliards par an environ, soit 0.5% du total de la masse des prestations versées aux salariés du secteur privé, ou encore près de 3% du montant total des indemnités de chômage.
14. - propres, c'est-à-dire, en termes de sources financement, hors transferts internes à d'autres niveaux de pouvoirs subordonnés.
15. - hors moyens transférés aux Institutions communautaires (CEE) et à l' Entité "II." (essentiellement pour les programmes régionaux de résorption du chômage et les contrats de sécurité).
16. - en pratique, le critère effectivement retenu a été celui du nombre de jeunes de moins de 18 ans, ce qui n'est pas exactement le même critère.
17. - c'est-à-dire les moyens "automatiquement" transférés par le Pouvoir fédéral en fonction des mécanismes structurels prévus par la Loi Spéciale de Financement.
18. - systèmes dérogatifs prévus par la loi et qui permettent en toute légalité à certains contribuables de réduire l'assiette imposable de certains montants, lorsqu'ils sont affectés à certaines "dépenses" ou plutôt le plus souvent à certaines formes de placements ou d'investissements.
19. - cette mesure a entretemps été décidée dans le cadre du budget 1996 du Pouvoir fédéral.
20. - qui constituent une sorte de subside fiscal déguisé au secteur financier et aux grandes banques d'épargne en particulier, en leur permettant d'avoir accès à des sources de financement bon marché.

 


 

 

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