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Le renouvellement des populations de Wallonie :
Un atout pour le financement de la solidarité

André Lambert
Bureau d'Etudes ADRASS asbl - Ottignies

 

Ce texte prend appui sur un travail effectué dans le cadre de la Convention du 29 août 1994 conclue avec le Ministre du Développement technologique et de l'Emploi pour la Région Wallonne et réalisé en connexion avec la C.O.P.A. (Mr A. Seghin et Mr P. Chaidron).

 

1. Introduction

Des trois phénomènes fondamentaux (mortalité, fécondité, migrations) qui gouvernent l'avenir de la population wallonne, le premier est certainement celui dont l'évolution influencera le plus l'effectif et la répartition par âge de la population future de la Wallonie.

La croissance attendue du nombre des personnes âgées est telle qu'on n'imagine plus de provoquer un redressement de la fécondité qui puisse contrecarrer la hausse de la part relative des "vieux". On sait par ailleurs que les mouvements migratoires ne modifient pas fondamentalement la structure par âge. De toutes les façons, même si la part relative des âgés pourrait éventuellement être partiellement modifiée sous l'action de la fécondité et de la migration, il reste que le nombre absolu d'âgés va croître.

Dans les lignes qui suivent, on mesurera l'impact du recul de la mortalité sur le développement du vieillissement démographique et sur la charge en inactifs (jeunes, chômeurs, âgés) qui repose sur les actifs occupés. On montrera que du point de vue socio-démographique, il existe des possibilités d'affronter le vieillissement.

Cela ne veut pas dire que le financement de la solidarité soit garanti (on n'a pas introduit les flux financiers dans cette approche) mais bien qu'il reste possible si on tire parti des potentialités qui continueront à exister en termes d'effectifs et de structures de différents segments de la population de la Région, particulièrement des actifs occupés.

 

2. L'impact du recul de la mortalité sur l'effectif et la répartition par âge de la population de Wallonie

On a réalisé un scénario dans lequel on imagine qu'en 50 ans, l'espérance de vie des hommes passe de 71.6 à 83.4 ans et celle des femmes de 79.3 à 88.2 ans, soit un gain de 11.8 ans pour les hommes et de 8.9 ans pour les femmes.

En moyenne, chaque année, les hommes gagneraient ainsi 23,6% d'année, les femmes 17.8%. Le rythme de gain observé depuis 1945 est d'environ un quart d'année par an. L'hypothèse est donc tout à fait vraisemblable. On compare ce scénario à un autre dans lequel la mortalité reste à son niveau actuel.

 

Tableau 1. La population. Sensibilité à la mortalité. Le premier nombre de la case appartient au scénario de baisse de la mortalité, le second reflète le maintien du niveau actuel. (Calculs ADRASS).

 

1995

2000

2010

2020

2030

2040

Total

3312

3350

3403

3445

3461

3440

(milliers)

 

3340

3337

3303

3229

3089

0 - 19 (milliers)

826

816

760

709

685

638

20 - 59

1775

1808

1843

1777

1662

1593

(milliers)

   

1836

1762

1641

1563

60 +

711

726

800

959

1114

120

(milliers)

 

716

741

832

904

890

60 +

21,5

21,6

23,5

27,8

32,2

35;1

(%)

 

21,0

22,2

25,2

28,0

28,8

Dans les conditions d'aujourd'hui, la population wallonne atteindrait son maximum en 2005. Cependant, son déclin ne se produirait qu'après 2030 si la mortalité continuait à décliner.

A court et moyen terme, le déclin de la mortalité est un facteur appréciable de croissance (lente) des effectifs. Ce n'est que dans un petit demi-siècle que le non renouvellement potentiel de la population (du fait de la faiblesse de la fécondité) cesse d'être camouflé par le recul de la mortalité.

Les effectifs de population de moins de 20 ans ne cessent de décroître. Par rapport à 1995, on est à l'indice 97 en 2000, à l'indice 92 en 2010, 85 en 2020 et 77 en 2040. Comme par ailleurs dans l'hypothèse de mortalité variable, la population totale ne cesse de croître qu'après 2030, la part relative des moins de vingt ans décline rapidement.

A supposer que les conditions d'aujourd'hui se répètent constamment, la population de Wallonie comprendrait finalement un pourcentage constant de 20,6% de jeunes. Dans le scénario de déclin de la mortalité, on aurait à terme environ 18% de moins de vingt ans... soit une diminution d'un tiers, par rapport à la situation de 1995.

A court et moyen terme (jusqu'en 2010), le stock des potentiellement actifs de Wallonie augmentera d'environ 80 000 personnes et leur poids relatif dans la population totale croîtra. Mais à partir de 2015, cette population décroîtra régulièrement.

Dire "Dans 5 ans, nous travaillerons plus, et plus longtemps" (La Libre Belgique, 13-03- 1995, à propos d'une étude de Mr. C. Vandenbroeke, historien-démographe à l'université de Gand) et justifier cette déclaration par des considérations démographiques n'a pas de sens, du moins pour la Wallonie. La région a en effet un répit de...vingt ans!

L'avenir est aux retraités, que ce soit en termes absolus ou relatifs. Même si la mortalité ne reculait pas!

Dans 25 ans, la probabilité est grande de constater une croissance de 250 000 personnes de soixante ans et plus, soit presque un tiers de l'effectif de départ ! La question est : saurons-nous affronter ce défi en sauvegardant la solidarité ?

Deux vagues creuses parcourent les âgés: vers 2000, les 80 ans et plus déclinent en valeur absolue. Entre 2005 et 2010, les 60-79 ans déclinent à leur tour. L'écho de ce déclin se marque autour de 2020 chez les 80 ans et plus. Dès les premières années du siècle prochain, les 80 ans et plus se mettent à augmenter, suivis des 60-79 ans. Selon toute vraisemblance jusqu'au milieu du siècle prochain.

Mais la définition des personnes âgées à partir d'une limite d'âge à priori (par exemple 60 ou 80 ans) n'est pas toujours heureuse, surtout dans le contexte d'une baisse rapide de la mortalité. On risque alors de déformer progressivement la réalité, en considérant comme vieilles des personnes par ailleurs en excellente santé physique et mentale.

Pour remédier à cet inconvénient, on a mesuré dans les deux scénarios les évolutions (en valeurs absolues et relatives) des nombres de personnes auxquelles on peut attribuer une espérance de vie qui ne dépasse pas dix ans (tableau 2).

 

Tableau 2. Evolutions des effectifs de population ayant une espérance de vie de moins de 10 ans. (Calculs ADRASS).

année

 mortalité constante

 milliers pour mille

 mortalité variable

 milliers pour mille

 

321

97

321

97

1995

330

100

330

100

2000

367

110

343

103

2005

378

114

333

99

2010

370

112

330

98

2020

378

115

300

88

2030

447

141

331

97

2040

478

158

390

116

 

CONCLUSIONS :

  • Même mesuré en termes dynamiques et adaptés à l'évolution, le vieillissement est inéluctable.

  • Le vieillissement étant relié au niveau d'espérance de vie, l'élévation de celle-ci n'entraîne pas une accélération automatique du nombre ou du pourcentage de personnes séniles.

  • Les hypothèses introduites en ce qui concerne le recul de la mortalité contrebalancent les effets de structure et induisent un ralentissement du processus de vieillissement.

  • Mais il ne faudrait pas perdre de vue que si le nombre et la part relative des âgés augmentera à coup sûr, les populations en âge d'école et pré-scolaires formeront jusqu'en 2010 un effectif sensiblement égal aux personnes de soixante ans et plus. Si on entreprend une réflexion relative au développement des services à la population, il ne faudrait pas se focaliser uniquement sur les troisième et quatrième âges.

 

3. L'impact des migrations.

A supposer que le solde migratoire s'annule, voire devienne négatif, le renouvellement de la population d'âge actif ne serait plus assuré, même à court terme.

Par ailleurs, on pourrait souhaiter que le stock démographique des potentiellement actifs n'en arrive pas à diminuer. Dans le cadre du scénario de mortalité en déclin, on a donc relevé progressivement le flux d'immigration de telle sorte que la population des 20-59 ans ne diminue pas à partir de 2006.

Le tableau 3 compare quelques résultats d'une simulation dans laquelle l'immigration s'accroît légèrement entre 1997 et 2007 (+ 3000 personnes en 2007) puis plus fortement entre 2007 et 2017 (+ 10 000 personnes en 2017 par rapport aux conditions initiales.). Ces accroissements sont nécessaires pour que la population d'âge actif ne décroisse que de quelques milliers de personnes entre 2017 et 2020.

 

Tableau 3: Comparaison de quelques indicateurs issus d'un scénario de hausse des migrations (en italiques) par rapport au scénario de constance des migrations, de déclin de la mortalité et de constance de la fécondité (calculs ADRASS).

 

 1994

 2000

 2005

 2010

 2020

Population totale

3444

3350

3369

3380

3421

3403

3475

3445

3635

% 0 - 19

25,1

24,4

24,4

23,6

23,5

22,3

22,4

20,6

20,7

% 20 - 59

53,5

54,0

54,0

54,8

55,0

54,2

54,4

51,6

52,3

% 60 et plus

21,4

21,6

21,6

21,6

21,5

23,5

23,2

27,8

27,0

Charge démographique

87

85

85

83

82

85

84

94

91

Un accroissement des mouvements d'immigration pour contrer le déclin de la population d'âge actif produit en 25 ans un accroissement de presque 200 000 personnes mais ne modifie quasiment pas la répartition de la population en grands groupes d'âge, ni la charge démographique (le rapport des moins de 20 ans et des 60 ans et plus aux 20-59 ans).

Après 2020, il serait nécessaire d'augmenter encore l'immigration pour contrer le déséquilibre structurel de la pyramide des âges. Mais on pourrait coupler une politique de croissance de l'immigration avec un encouragement à une fécondité plus élevée. On a simulé les effets de l'accroissement migratoire décrit ci-dessus avec le scénario de relèvement de la fécondité jusqu'au niveau de 2,5 enfants par femmes.

 

Tableau 4: les principaux indicateurs à l'horizon 2020 selon trois scénarios : migration constante, immigration en hausse, immigration et fécondité en hausse. (Calculs ADRASS).

 

 migration  

constante

 immigration

en hausse

immigration et

 fécondité en hausse

Population totale

3445

3635

3965

% 0 - 19 ans

20,6

20,7

26,9

% 20 - 59 ans

51,6

52,3

48,4

% 60 ans et +

27,8

27,0

24,7

Charge démographique

94

91

107

Un relèvement substantiel de l'immigration permet de conserver le stock de population potentiellement active au niveau actuel pendant une vingtaine d'années. Par la suite, il faudrait relever continuellement l'importance du flux migratoire pour conserver le stock désiré. Si l'on y adjoint un relèvement de la fécondité, on se trouve très vite débordé dans l'autre sens: la charge démographique s'accroît très vite, le volume de la population aussi.

La difficulté est grande de maîtriser un relèvement de la fécondité ou une augmentation du flux migratoire. Comme le renouvellement démographique des 20-59 ans est plus qu'assuré d'ici 2006, on retiendra donc qu'il n'existe pas aujourd'hui de nécessité d'entreprendre une politique volontariste dans le domaine démographique strict. A plus long terme, une telle politique reste difficile et délicate et ne devrait être envisagée qu'après analyse des autres paramètres: scolarisation, prise de retraite ou taux d'occupation.

 

4. L'impact de la déscolarisation et de la prise de retraite.

Les variations démographiques ne forment cependant qu'un paramètre de l'évolution des potentiellement actifs. En fait, les potentiellement actifs ne sont approchés qu'imparfaitement à partir de l'observation des 20-59 ans. Dans les lignes qui suivent, on considère que les personnes qui forment les potentiellement actifs sont alimentées par les déscolarisés de l'année, et réduites par les personnes mises à la retraite, compte tenu par ailleurs de la dynamique démographique.

Le tableau 5 présente l'évolution des potentiellement actifs sous les hypothèses suivantes :

- mortalité en déclin.
- fécondité constante (1.6).
- migration constante.
- déscolarisation constante.
- prise de retraite constante.

 

Tableau 5: Evolution des potentiellement actifs sous la constance des mouvements ,sauf la mortalité (calculs ADRASS).

an

potentiellment

actifs

sortie

école

entrée

retrait

différence

mouvement

démographique

solde

total

1995

1728236

42912

54603

-11690

-2570

-14260

1996

1713967

43104

47767

-4662

-2315

-6977

1997

1706999

41425

43825

-2400

-2142

-4542

1998

1702457

41360

42378

-1019

-2022

-3041

1999

1699416

40949

40345

604

-1930

-1325

2000

1698091

40575

39159

1416

-1873

-457

2001

1697634

40654

38710

1943

-1828

115

2002

1697748

40533

38826

1706

-1796

-90

2003

1697658

40658

39132

1525

-1769

-244

2004

1697414

40972

39940

1031

-1752

-720

2005

1696694

41743

40778

695

-1736

-1041

2006

1695653

41756

41911

-155

-1720

-1875

2007

1693778

42208

42639

-431

-1703

-2134

2008

1691644

42739

43513

-775

-1683

-2457

2009

1689187

43176

44074

-898

-1656

-2554

2010

1686632

43667

44453

-786

-1623

-2409

2011

1684223

43794

45317

-1522

-1586

-3108

2012

1681115

43538

45987

-2449

-1530

-3979

2013

1677136

43132

46317

-3185

-1466

-4651

2014

1672484

42539

46773

-4234

-1397

-5631

2015

1666854

41826

47287

-5461

-1320

-6781

2016

1660073

41069

47449

-6380

-1237

-7617

2017

1652456

40386

47440

-7053

-1153

-8206

2018

1644250

39700

47570

-7871

-1066

-8937

2019

1635314

39103

47550

-8447

-978

-9425

2020

1625889

38663

47445

-8781

-890

-9671

On constatera que dans la situation de constance de tous les mouvements (sauf la mortalité), la population potentiellement active s'érode très lentement.

A supposer que la scolarité soit réellement totale jusqu'à 18 ans et qu'après cet âge, la propension à la déscolarisation reste constante comme dans le scénario précédent, on obtiendrait une réduction de la population des potentiellement actifs d'environ 47 000 personnes en 2020. Mais ce scénario est absolument théorique, compte tenu de l'existence d'une fraction de la population souffrant de handicaps divers face à l'école.

Il est plus intéressant de tester ce que donnerait un allongement de la scolarité. Alors qu'entre 1991 et 1994, on observe dans la table construite à cet effet que 65% des hommes et 64% des femmes sont encore scolarisés à 20 ans, on imagine qu'à partir de l'an 2000, ces pourcentages atteindront 80%.

Par ailleurs, on pourrait imaginer que la propension à quitter la vie potentiellement active en direction de la retraite soit freinée. à l'âge de 65 ans le pourcentage de retraités serait maintenu, mais on le réduirait de 66% à 24% pour les hommes à 60 ans et de 76% à 38% pour les femmes à cet âge. Cela revient à reculer d'environ 5 ans le passage à la retraite.

 

Tableau 6: Effectifs de potentiellement actifs selon le scénario initial (constance), selon le scénario de scolarité renforcée, selon le scénario de retardement de la prise de retraite et selon les deux derniers scénarios ensemble. (Calculs ADRASS).

année

 constance (1)

 scolarité renforcée (2)

 retraite retardée (3)

  (2) + (3)

2000

1698091

1684704

1736371

1722984

2005

1696694

1670635

1798829

1772770

2010

1686632

1656251

1827527

1797146

2015

1666854

1636635

1815616

1785397

2020

1625889

1597996

1778634

1750741

Un prolongement important du processus de scolarisation n'a finalement que peu d'effets sur la population potentiellement active. Le fait de passer de 65% de scolarisés à 20 ans à 80% dès l'an 2000 ne génère qu'un "manque à gagner" de 30 000 personnes dès le moment où l'effet de l'hypothèse joue à plein. Il est donc fort illusoire de penser que le prolongement de la période de scolarisation pourrait avoir un impact important sur l'occupation ou le chômage.

Par contre, un retardement de l'âge de la prise de retraite pourrait générer un stock supplémentaire d'environ 100 000 personnes en dix ans, et de 150 000 lorsque l'hypothèse joue complètement.

A supposer donc que pour des raisons internes à la formation scolaire, celle-ci soit prolongée, il n'en résulte qu'une faible diminution des potentiellement actifs, qu'on pourrait aisément compenser par une politique de relèvement de l'âge moyen de prise de retraite. Ce relèvement ne devrait même pas atteindre les niveaux proposés dans le scénario ci-dessus, qui est cependant modéré puisque la plupart des prises de retraite se feraient entre 60 et 64 ans.

 

5. Est-il possible, du seul point de vue socio-démographique, d'augmenter la part des actifs occupés dans la population ?

L'occupation est très inégalement répartie au sein de la l'Union européenne. A titre d'exemple, on a résumé pour la Wallonie, la Flandre et le Danemark les courbes d'occupation par âge en un indice synthétique faisant abstraction des structures de population auxquelles ces séries de taux s'appliquent. On obtient un coefficient d'emploi pour 1000 personnes potentiellement actives (tableau 7).

 

Tableau 7: Indice synthétique d'occupation par sexe pour mille personnes potentiellement actives (calculs ADRASS).

 

Hommes

Femmes

Danemark - 1991

718

627

Flandre - 1994

607

400

Wallonie - 1994

555

361

Les quatre graphiques ci-dessous présentent les courbes d'occupation en comparant pour chaque sexe la Wallonie soit à la Flandre, soit au Danemark.

Au tableau 8, on admet d'une part que la scolarisation sera encore prolongée: l'hypothèse est que 80% des personnes de 20 ans seront encore scolarisées en l'an 2000 au lieu de 65% actuellement. D'autre part, on simule l'adoption progressive des taux d'occupation flamands ou danois par les jeunes générations sortant de l'école. Enfin, le passage à la retraite, très précoce en Wallonie, n'a pas été modifié.

 

Tableau 8: La population occupée et la charge en nombre de personnes par occupé en cas de maintien des taux wallons ou de l'adoption progressive de taux flamands ou danois à tous les âges avec interférence de l'école et de la retraite, la scolarisation étant prolongée. (Calculs ADRASS).

année

Taux wallons

Taux flamands

Taux danois

 

occupés

charge

occupés

charge

occupés

charge

1994

1127643

1,93

1127643

1,93

1127643

1,93

1995

1134621

1,92

1138940

1,91

1150089

1,88

2000

1154846

1,90

1179653

1,84

1236452

1,71

2005

1151031

1,94

1190906

1,84

1276619

1,65

2010

1138907

1,99

1194329

1,87

1314352

1,59

2015

1120887

2,06

1193393

1,87

1338884

1,56

2020

1092913

2,15

1175860

1,92

1339875

1,57

Même en tenant compte de l'impact d'une scolarisation prolongée,

on constate que l'adoption progressive de taux d'occupation flamands permettraient de ne pas augmenter la charge des actifs occupés. Dans le cas de l'adoption de taux danois, le changement est radical puisqu'en un peu plus de vingt ans, la charge des occupés serait réduite de presque 20% malgré le vieillissement!

 

6. Démographie et vie sociale: Comment s'interroger sur l'avenir de notre population ?

Les trois graphiques suivants présentent l'évolution de la charge démographique ("d",les moins de 20 ans et les 60 ans et plus rapportés aux personnes de 20-59 ans) et de la charge des occupés ("s",tous les non-occupés rapportés aux occupés).

L'écart entre les courbes démographique et sociale relativise l'impact des seules considérations démographiques.
Ici, les taux d'occupation wallons ont été conservés, dans le cadre d'une mortalité déclinante.

Avant de promouvoir des changements de comportements démographiques, il est intéressant de tester l'impact de changements sociaux dans le cadre démographique et scolaire donné.
Ici,l'introduction de taux danois, dans le cadre d'une mortalité déclinante et avec interférence de l'école.

Cependant, des variations démographiques ne sont pas anodines.
Ici, la mortalité a été supposée constante en même temps que les taux d'occupation wallons.

Conclusion:

Les questions sociales sont toutes imbriquées les unes dans les autres. Il serait absurde de mettre en évidence d'éventuels périls démographiques, sociaux ou économiques sans tenir compte de l'intrication continuelle de tous les paramètres.

 

7. Un scénario démo-socio-professionnel à partir des données des Enquêtes sur les Forces de Travail.

Le scénario présenté ci-dessous est tiré d'un modèle dynamique par âge et sexe des populations socio-profesionnelles de Wallonie (mis au point par l'ADRASS) et contient les (principales) hypothèses suivantes:

- dans le domaine strictement démographique:

  • constance de la fécondité au niveau de 1,6 enfants/femme.

  • déclin de la mortalité au rythme observé au cours du dernier demi-siècle.

  • constance des taux de migration.

- dans le domaine de la vie sociale:

  • maintien des probabilités de déscolarisation à leur niveau actuel (1991-1994).

  • maintien des probabilités de passage à la retraite à leur niveau actuel (1991-1994).

-dans le domaine de la vie professionnelle:

  • maintien du pourcentage de déscolarisés s'orientant directe ment vers l'inactivité.

  • égalité des chances (ou des risques) selon le sexe dans le fait de trouver ou de perdre un emploi.

  • maintien du stock net de personnes résidentes en Wallonie mais occupées à l'extérieur.

  • orientation vers la retraite plutôt que vers le chômage des personnes de 60 ans et plus qui ont perdu leur emploi.

  • maintien de la propension selon l'âge des chômeurs à retrouver un emploi.

  • maintien des pourcentages de déscolarisés entrant directement dans l'activité indépendante.

  • égalité des chances des déscolarisés et des chômeurs qui se présentent effectivement sur le marché du travail.

  • maintien des taux par âge et sexe des mouvements entre:

    + le salariat public et l'activité indépendante (et vice-versa).
    + le salariat privé et l'activité indépendante.
    + l'activité indépendante et le salariat privé.
    + le salariat privé et le salariat public (et vice-versa).
    + l'activité indépendante et l'inactivité.
    + le salariat du secteur privé et l'inactivité.
    + le salariat du secteur public et l'inactivité.
    + le chômage et l'inactivité.
    + le chômage et l'activité indépendante.
    + l'inactivité et le salariat du privé.

Les flux entre le chômage et l'occupation salariée sont gouvernés d'une part par les hypothèses concernant l'évolution du nombre d'emplois (compte tenu du temps partiel, etc...) et d'autre part du nombre de chômeurs et de leur propension au travail.

Toutes ces hypothèses sont "de travail". Elles ne sont en aucune mesure des paris sur l'avenir. Des variantes du scénario présenté ci-dessous sont donc possibles et (pour la plupart d'entre elles) peuvent être réalisées rapidement.

On veut savoir s'il est possible à la population de pourvoir des postes de travail à raison de leur croissance de 4% par période décennale (trend constaté ces dix dernières années) alors que le nombre de personnes désirant travailler à temps partiel augmenterait. En d'autres termes, à supposer que les conditions économiques le permettent, la population de Wallonie peut-elle répondre à une création d'emplois, y compris en développant le travail à temps partiel et sans remettre en cause la scolarisation ou le passage à la retraite?

Dans le tableau 9, on imagine qu'à partir de 2004, 26% de personnes travailleraient à mi-temps (13% en 1994).

Tableau 9. Les grandes catégories socio-professionnelles en cas de croissance de l'emploi de 4% par période décennale et du doublement du nombre de travailleurs à temps partiel. En milliers. (Calculs ADRASS).

 

1994

1995

2000

2005

2010

2015

2020

SAL

667

667

685

748

755

776

793

PUB

265

265

271

294

298

307

314

IND

200

192

186

195

201

204

207

CHO

228

203

116

93

92

82

82

INA

391

398

427

397

398

361

318

RET

614

652

754

769

816

892

952

Char.

1,88

1,91

1,91

1,72

1,71

1,66

1,62

Tx oc

4580

4480

4422

4850

4978

5181

5412

On observe une faible réduction de l'inactivité et une augmentation du nombre des retraités plus faible que lorsque l'emploi offert reste constant (car il y a moins de licenciements, y compris aux âges élevés, orientés directement vers la retraite plutôt que le chômage).

Il faut cependant attendre 10 ans pour constater un déclin de la charge, sensible par la suite, du moins du point de vue de l'intégration sociale. Du point de vue financier, l'allégement

pourrait être moindre dans la mesure où les nouveaux emplois à temps partiel interviendraient peu dans le financement des allocations.

Les cinq graphiques suivants décrivent les évolutions des populations avant, pendant et hors de l'occupation sous ces hypothèses et présentent les taux d'occupation de la période.

Les taux masculins évoluent peu, à peine plus aux premiers âges d'activité.

Par contre, les taux féminins augmentent sensiblement à tous les âges.

En 1994, les taux féminins sont considérablement plus faibles que les taux masculins.

Au terme du processus, un écart entre sexe subsiste, mais il est considérablement réduit.

On constate incidemment la capacité du modèle à recréer "naturellement" des courbes d'occupation régulières à partir d'un nombre considérables de paramètres et sans l'introduction de taux d'occupation, ni totaux ni ventilés selon l'âge et/ou le sexe.

 

DIX PROPOSITIONS A RETENIR !

  1. Le vieillissement est inéluctable: même si la mortalité restait constante, la part des "vieux" croîtrait malgré tout.

  2. La Wallonie ne connaît de croissance démographique que par la croissance des "60 ans et plus" qui surcompense le déclin des populations plus jeunes.

  3. La fécondité est basse, mais pas anormalement en comparaison des pays voisins. Il n'est pas interdit de désirer plus d'enfants, mais il apparaît absurde d'invoquer un risque de pénurie de main d'oeuvre ou une nécessité de diminuer la charge démographique car la hausse de la fécondité amène des effets contre-productifs: la charge est accrue par le plus grand nombre d'enfants et il faut continuer éternellement le processus car les enfants...vieillissent aussi !

  4. Les mouvements migratoires confortent temporairement le stock de population potentiellement active. Mais comme les enfants, les migrants vieillissent aussi.

  5. Les processus actuels de déscolarisation ou de passage à la retraite garantissent un renouvellement de la population d'âge actif jusqu'en 2010. Un prolongement de la scolarité serait plus que compensé par un recul modéré de l'âge de prise de retraite.

  6. Il existe d'ici 2020, parmi les potentiellement actifs, des gisements d'emploi considérables même si la scolarité est prolongée et la prise de retraite aussi précoce qu'aujourd'hui. Il faudrait cependant viser l'obtention, d'ici 2020, de taux d'occupation qui soient au moins ceux des Flamands d'aujourd'hui, si l'on veut - toutes autres choses égales par ailleurs - que la charge n'augmente pas trop.

  7. Les tendances actuelles observées dans les EFT de 1991-1994 indiquent une tendance à la détérioration de l'occupation masculine, heureusement partiellement compensée par une plus grande occupation féminine.

  8. Il devrait être possible de contrer le déclin de l'occupation par des mesures diverses de soutien ou d'aide à l'emploi: 100 000 postes en 20 ans ramènent la charge de 2.35 à 2.01 (1.88 en 1994).

  9. Il est possible de pourvoir les éventuels postes nouveaux de travail issus d'une croissance semblable à celle du passé, en plus du développement du temps partiel et tout en sauvegardant les habitudes de prise de retraite, contrairement à ce que l'OCDE recommande!

  10. Mais tout n'est pas possible: on ne peut en plus réduire le temps de travail moyen à 32 heures semaine sans risquer une pénurie de main d'oeuvre !

 


 

 

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