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Infrastructures économiques. Eléments d'une politique de l'emploi

Alain Dangoisse
Economiste
Conseiller économique à IGRETEC

 

Préliminaires

La problématique des infrastructures concerne de multiples aspects du développement régional. Citons les infrastructures et équipements de transports nécessaires aux flux de biens et services, à la recherche et au développement technologique, à la formation des ressources humaines, à l'implantation de services avancés de télécommunication, à l'accueil d'activités industrielles et de services, à la protection et à la régénération de l'environnement, à l'approvisionnement énergétique, à la structuration du territoire, etc.

Dans le cadre de cette intervention relative "aux stratégies pour l'emploi", nous privilégierons la mise en perspective des liens les plus directs entre la stimulation de l'emploi et la réalisation d'infrastructures. Posons que en Wallonie, comme dans de nombreuses autres régions européennes d'ancienne industrialisation, les enjeux essentiels pour l'emploi sont, dans ce contexte:

a) le renforcement du tissu industriel et de services existant, la stimulation de nouvelles initiatives économiques et l'accueil de projets d'investissements exogènes,

b) la requalification socio-professionnelle de personnes actuellement exclues du travail.

 

 

Introduction

Au fil des décennies, la primauté du facteur transport dans les localisations industrielles a fait place à une notion plus étendue sinon différente. Les progrès techniques, les mutations structurelles des économies, l'amélioration générale des infrastructures de base (transport, télécommunications, approvisionnement énergétique et en eau, traitement des déchets) ont progressivement modifiés les facteurs infrastructurels-clés de l'attractivité économique et du développement endogène régional.

Par ailleurs, dans leur rôle fondamental de création d'un environnement propice au développement économique, les pouvoirs publics, confrontés à la nécessité d'une sélectivité accrue parmi une diversité plus grande de projets d'infrastructure , doivent prendre en compte l'importance:

- de l'émergence de nouveaux réseaux de communication et de transport au niveau européen ( exemples de la liaison Heathrow-Londres-channel, et surtout de la constitution du réseau TGV concernant l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, La France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Espagne),

- de dynamiques telles que la libéralisation des télécommunications et des transports aériens bouleversant progressivement les services proposés ( qualité, tarifs, diversité),

- de l'emprise en croissance forte des technologies de l'information sur la vie quotidienne des citoyens et des entreprises,

- des mouvements de délocalisation/relocalisation accentués par l'unification des marchés européens, le renforcement des dynamiques d'échanges interrégionaux de biens et services induit par la mondialisation des économies.

Dans le choix des investissements infrastructurels, outre l'analyse coût-bénéfice traditionnelle, il s'agit prioritairement de prendre en considération l'effet structurant des infrastructures sur le développement régional, soit les potentialités prévisionnelles liées à la création d'un équipement renforçant la dotation régionale en infrastructures.

L'analyse comparée des dotations régionales en infrastructures, à une échelle européenne, a certainement mis en évidence le rôle moteur de l'accessibilité aux échanges dans le développement régional, mais également, au niveau des conurbations, l'importance des équipements d'accueil des entreprises et de structuration de fonctions métropolitaines ou technopolitaines (tels que: infrastructures d'accueil, centres de conférence, de transferts de technologies, d'affaires), qui ont largement contribué à renforcer le rayonnement international de ces agglomérations, leur octroyant un rôle de place financière ou de décision, réduisant pour les entreprises l'incertitude liée au risque par la proximité à l'information et à la décision, maximisant leurs possibilités de rayonnement et de développement international, soutien de leur croissance.

Par ailleurs, l'attractivité urbaine et régionale des initiatives économiques se mesure également au niveau de l'image de marque, qui, dans l'ancien bassin de la Sambre et de la Meuse comme dans la plupart des sites urbanisés d'ancienne industrialisation en Europe, est gravement marquée par la présence de très nombreuses friches industrielles, larges espaces laissés pour compte par les anciens "capitaines d'industries", image ternie des villes et communes, environnement répulsif pour l'initiative économique.

 

 

Niveaux comparés de dotations régionales en infrastructures de base - Mise en perspective européenne

Le cinquième rapport périodique sur "Compétitivité et cohésion: tendances dans les régions - La situation et l'évolution socio-économique des régions de la Communauté", édité en 1994 par la Commission européenne / Politiques régionales , permet de comparer l'ampleur relative des dotations en infrastructures de base et de cerner les enjeux qui se posent à chaque pays et régions (1). Ces infrastructures de base concernent :
- les transports: réseaux routiers, ferroviaires et de voies navigables,
- les télécommunications,
- l'approvisionnement énergétique,
- l'environnement, soit l'adduction d'eau et le traitement des eaux usées et des déchets.

Densité des infrastructures de transport (1990): nombre de km aux 100 km2 - Positionnement comparé de la dotation wallonne par rapport autres régions européennes - dans le groupe des 15 premières sur 71 régions - Source: Eurostat/Regio - Calculs: SES (Région wallonne)

  Wallonie Flandre Bruxelles Bremen
Autoroutes        
- km 4,6 6,2 8,0 11,4
- position 12 9 4 1
Routes        
- km 392,6 476,0 1029,7  
- position 3 2 1  
Rails        
- km 9,8 12,5 86,1 35,1
- position 13 8 1 2
Canaux        
- km 1,0 5,0 8,7  
- position 14 7 3  
Rivières navigables        
- km 1,7 2,8   15,1
- position 13 7   1

Globalement, la Région wallonne dispose d'infrastructures de base de bonne qualité, la situant comme la plupart des régions d'ancienne industrialisation, au dessus de la moyenne européenne, loin en avant par comparaison à la majeur partie de la Grèce, du Portugal, de l'Irlande, d'une partie de l'Espagne et de l'Italie, des landers est-allemands, et de certaines régions françaises et du Royaume- Uni. Cependant la Wallonie est marquée par les lacunes qui subsistent en matière de télécommunications, tandis que l'environnement est un domaine d'actions en pleine mutation, qui la concerne particulièrement. Ces constats sont détaillés infra.

 

a) Infrastructures routières

Le réseau routier belge est globalement le plus étoffé d'Europe:

* la Belgique est en tête des pays européens, en termes d'importance relative du réseau routier (indice 236 par rapport à la moyenne européenne = 100), sur base d'un indicateur composite pondérant surface de routes, superficie du territoire et densité de population - Cf. (2).

* la Belgique dispose en Europe du réseau autoroutier le plus dense (indice composite de la longueur des autoroutes: 266 - Cf. (3)

Si le réseau routier et autoroutier belge a pris une avance certaine sur la plupart des pays européens, il faut remarquer que des efforts considérables sont réalisés dans nombre d'entre eux; en France, Autriche, Espagne, Italie en particulier où la modernisation des réseaux et le désenclavement des régions les plus périphériques est en cours. Par ailleurs, de grands projets de connexions transfrontaliéres sont largement soutenus à cet effet par la Commission - Cf. (4).

Soulignons en outre que, en Wallonie, subsistent localement des besoins de désenclavement, en particulier dans les communes les plus périphériques. Les travaux d'achèvement de l'A8, du tunnel de Cointe ou encore le projet de connexion interrégionale Charleroi - Charleville-Mézière vont dans ce sens. Tandis que, dans un soucis de modernisation et de sécurisation du réseau routier, d'amélioration du cadre de vie, un ensemble de projets à caractère local ou communal doivent encore être menés. S'y ajoutent l'ensemble des travaux nécessaire à l'entretien des réseaux communaux, provinciaux et régionaux existants.

 

b) Le rail

Globalement la Belgique dispose du réseau de voies ferrées parmi les plus développés, avec l'Allemagne et la France (Indices composites respectifs: 148, 153, 135 - moyenne UE = 100). La qualité des voies ferrées y est des meilleures:

* la proportion de lignes électrifiées (1990) est de 66 % - Cf. (5), - cet indicateur reflète certes la modernisation du réseau mais aussi la disponibilité d'énergie électrique à bon marché ( à l'inverse de la situation que connaît le Royaume-Uni, 29% des lignes y sont électrifiées),

* la proportion de lignes équipées de signaux à blocage automatiques atteint 65%, 3° score européen - Cf. (6) - soit un gage de fluidité dans le trafic,

* la proportion de lignes de chemin de fer à deux voies au moins atteint 74% (chiffres 1990), le meilleur score européen - Cf. (7).

En généralisant, compte tenu des retards encourus par les autres pays, le réseau ferré belge de base est une infrastructure-atout (8).

Une faiblesse grave se profile cependant pour la Wallonie par rapport au réseau TGV. L'accès au réseau TGV par la mise en oeuvre d'une desserte wallonne via Namur, Charleroi et Mons est une nécessité impérieuse pour s'intégrer directement au réseau à grande vitesse.

 

c) Le réseau de télécommunications

Le réseau de télécommunication belge, par comparaison aux autres pays, est un point relativement faible:

- le nombre de lignes téléphoniques est inférieur à la moyenne européenne ( 44 lignes pour 100 habitants contre 41 en Belgique) - Cf. (9).

- le nombre annuel de pannes par ligne est légèrement supérieur à ces mêmes pays - la France bénéficiant de la fiabilité la plus grande,

- le nombre d'abonnés connectés à des centraux numériques, source de qualité des communications, nous situe loin derrière la France - Cf. (10)

Constatons dès lors que, au niveau de l'infrastructure de base en télécommunications:
- la Belgique est à la traîne du groupe des pays généralement bien équipés (France, UK, Allemagne, Hollande),
- des pays comme l'Irlande, l'Espagne, l'Italie et le Portugal ont entamé des investissements considérables qui leurs permettront de résorber rapidement une partie importante de leur retard - Cf. (11).

Les bouleversements attendus dans les prochains mois au niveau de la gestion des infrastructures et des services connexes de télécommunication devraient fournir une réponse au retard et surtout à l'immobilisme relatif qui a caractérisé le réseau télécom belge; le taux d'investissement fut un des plus faibles d'Europe ces dernières années, notamment de 1987 à 1992 - cf. (11) et (12).

Au delà de l'infrastructure de base soulignons que des investissements sont à réaliser impérativement pour se doter d'équipements plus sophistiqués permettant les circulation de grands débits - réseau large bande - Cf. (13); Les communications avancées à large bande constitue l'infrastructure essentielle d'une économie basée sur l'utilisation de l'information; elles auront pour conséquence de développer la compétitivité de nombreux secteurs économiques, en permettant par exemple la conception assistée par ordinateur à distance - échange de données entre bureaux d'études et usines de production - , le renforcement du transfert électronique de données (services financiers et autres, accès interactif aux banques de données technologiques ou marketing).

 

d) Equipements de protection de l'environnement et d'adduction de l'eau

Les infrastructures de protection de l'environnement sont porteurs de croissance durable. La capacité de produire des quantités suffisantes d'eau consommable et de traiter ou éliminer les déchets solides et les eaux usées représentent une nécessité économique et une source de protection contre les dommages écologiques qu'entraînent le développement. Ainsi la contamination des terres et l'abandons de sites urbains d'activités économiques désaffectés frappent plus durement les régions de vieille industrialisation, tandis que les régions européennes les plus faibles rencontrent de graves difficultés concernant la gestion des eaux urbaines usées et l'élimination des déchets domestiques et industriels.

  • Traitement des eaux usées

- la capacité d'adduction d'eau en Belgique équivaut globalement celle de la plupart des pays nord- européens: près de 98% de la population est desservie par le réseau d'approvisionnement en eau, seuls les Pays-Bas atteindraient le maximum de 100% (données 1990-1991),

- par contre la capacité de traitement des eaux usées en Belgique (collecte et traitement) serait nettement plus faible, par comparaison à l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Hollande et surtout le Danemark - cf. (14).

Les directives communautaires en matière d'environnement sont exigeantes, tant au niveau des normes à atteindre qu'au niveau des délais; elles supposent notamment dans les domaines relatifs à la gestion de l'eau, de lourds investissements de la part des régions et pays membres - cf. (15). Ainsi, en matière d'eaux usées urbaines, la directive (91/271) fixe des seuils d'épuration précise et la date du 31 décembre 2.005 pour terminer les installations de traitement prévues. La Wallonie est particulièrement concernée: des investissements sont à réaliser et sont projetés dans le domaine de l'épuration des eaux (exemple de la station de Montignies/Sambre), mais aussi au niveau de la sécurisation de l'adduction d'eau dans les anciens bassins houillers qui connaissent nombre de problèmes (obsolescence des réseaux, risques de ruptures suite aux effondrements).

  • Dans le domaine des déchets

La quantité de déchets à traiter augmente avec la croissance du PIB, se marquant en outre par une importance plus grande du volume de déchets toxiques. Au niveau européen, la principale forme d'élimination des déchets demeurera dans l'avenir le déversage des déchets; la réalisation d'installations de recyclage et d'incinération non polluantes est considérée comme encore trop onéreuse.

Dans le contexte actuel et par comparaison aux problèmes de gestion de l'eau, le coût de traitement des déchets solides est cependant budgétairement nettement moins lourd - sauf catastrophes !

 

 

Conclusions:

Au niveau des infrastructures de base, la Wallonie se caractérise par:

a) une très bonne dotation générale en infrastructures de transport, au niveau des réseaux routiers, ferrés et de voies navigables, la situant dans le groupe des 15 régions les mieux dotées en Europe; considérons que:

- des difficultés ponctuelles existent, en particulier dans les communes les plus périphériques,
- certaines liaisons de désenclavement transfrontalier sont en cours ou doivent encore être menées,
- l'essentiel des besoins sont relatifs à la modernisation (sécurisation en particulier) et à l'entretien des réseaux,
- l'enjeu le plus fondamental est certainement à court terme l'accès au réseau TGV via la dorsale wallonne.

b) l'enjeu des télécommunications à large bande est une priorité en matière d'infrastructures, tandis que la Wallonie ne dispose que d'une infrastructure de télécommunications de base plus faible que les autres régions du Nord de l'Europe.

c) en matière d'environnement, de profondes mutations sont en cours, induites notamment par les normes européennes dans le domaine de la gestion des déchets en générale et de l'eau en particulier; se pose en outre la nécessité d'apporter des solutions au problème de la gestion des déchets industriels et domestiques; la Région wallonne est par ailleurs confrontée à la nécessité du démergement dans les anciens bassins houillers.

 

PROSPECTIVE : maximisation de l'effet-levier des politiques infrastructurelles sur l'emploi

Les coûts des infrastructures sont en général à charge du "public", qui prend ainsi à sa charge et contribue directement au niveau de performance et donc d'activité économique du secteur privé. Sur base des situations que connaissent d'autres régions européennes - cf. (16), il y a concomitance entre niveaux faibles d'investissement en infrastructures et niveau faible de productivité, d'emploi et de richesse régionale. Les dépenses relatives aux infrastructures, outre l'activité immédiate qu'elles génèrent, peuvent donc contribuer à l'élévation du niveau de performance économique et d'emploi d'une région.

Au niveau des coûts, trop rares sont encore les expériences ou les infrastructures sont prises en charge par le privé. Considérant que les opérateurs publics intègrent dans le calcul de rentabilité un soucis d'efficacité à long terme, les missions au public (à tous les citoyens) ou encore l'implication d'un projet dans un programme intégré, l'estimation générale de la contribution à la richesse régionale d'un investissement accroit largement le niveau de rentabilité de projets d'infrastructures. L'opérateur privé exige lui une information des plus précises, quantifiables en termes financiers, sur les retombées possible (satisfaction d'un besoin) afin de déterminer avec précision la rentabilité d'un investissement.

Les actions des pouvoirs publics en matière d'infrastructures ont significativement évolué; l'ère du "béton" est révolue. Chaque projet s'intègre dans des actions complexes de structuration du développement local ou régional, par la (re)dynamisation du tissu productif, la stimulation de l'initiative économique, le renforcement du potentiel technologique et de formation, l'amélioration de l'accessibilité, la promotion régionale au niveau international, la revalorisation de l'environnement, de la qualité de la vie ou de l'image de marque. Les nécessités sont grandes et variées ainsi qu'en témoigne le tableau ci-après, qui propose une liste des différents types d'investissements infrastructurels en cours ou projetés en Région wallonne (Cf. notamment l'Exposé général du budget des recettes et des dépenses de la Région wallonne pour l'année 1995).

Devant cet diversité de projets d'infrastructure, nous nous attacherons à mettre en exergue trois axes de prospective d'un impact sur l'emploi; leur impact sur l'emploi est variable dans le temps: du court terme au long terme; ils concernent:

a) le renforcement de la dotation en infrastructures et équipements renforçant les potentialités endogènes du tissu productif,

b) la réalisation d'infrastructures centrées sur la création d'avantages comparatifs s'intégrant dans une logique d'attraction d'investissements mobiles exogènes.

c) la requalification socio-professionnelle de personnes en formation exclues du marché du travail, dans le cadre des marchés publics liés à la réalisation d'infrastructures.

 

 

Typologie de projets d'infrastructures

1. Infrastructures d'accueil

- zonings industriels, d'artisanat et de services
- pépinières d'entreprises (centres d'affaires comprenant bureaux et ateliers, articulés à des actions d'accompagnement, d'aides à la création d'entreprise et la mise à disposition de services partagés)
- bâtiments-relais (halls industriels, laboratoires et bureaux câblés)

2. Equipements structurants

- centres technologiques
- centres de congrès

3. Transport

- aéroports régionaux
- modernisation et entretien du réseau (auto-)routier
- modernisation du réseau de voies navigables
- adaptation et modernisation du réseau ferré
- équipements de transbordement et de reconditionnement (transport combiné - espaces multimodaux)

4. Télécommunications

- réseau large bande
- centres multimédia

5. Assainissement/rénovation

- friches industrielles (provenant principalement des industries du charbon, du verre, de l'acier, ...)
- rénovation urbaine d'anciens quartiers industrieux

6. Environnement et approvisionnement énergétique

- épuration en vue de la mise aux normes européennes
- adaptation des réseaux d'égouttage
- démergement et renforcement des réseaux de distribution
- gestion des déchets domestiques et industriels (parcs à containers, installations de traitements, décharges)

7. Vie urbaine et rurale

- modernisation, verduration et entretien des espaces publics, conservation de sites classés
- renforcement et amélioration du potentiel de logement
- renouvellement de l'éclairage public, sécurité aux abords des écoles, aménagement de gares de correspondance train- bus/bus-métro
- infrastructures sportives
- conservation de la nature (réserves naturelles), aménagement des forêts domaniales

8. ainsi que les Infrastructures sociales et de santé, d'enseignement et de formation (liées aux actions de la Communauté française)

 

A) Infrastructures et équipements de consolidation des potentialités endogènes locales et régionales

 Evolution de l'action des pouvoirs publics

En matière d'infrastructures, l'action des opérateurs publics en Wallonie - la Région, les Provinces, les Intercommunales et les Communes - a considérablement évolué en quelques années. Pendant des décennies, l'option fondamentale fut de proposer des sites industriels et de renforcer les réseaux de transport et d'approvisionnement énergétique et en eau, tandis qu'en milieu urbain, l'essentiel des préoccupations concernait la réalisation et la maintenance d'espaces de circulation, de halls d'exposition et grands bâtiments publics (piscines, ...), de lieux favorisant le commerce local (marchés, ...). Fusion des communes (1977) déstabilisant les modes d'organisation au niveau local, crises des finances publiques belges amenuisant les potentialités d'actions des pouvoirs publics régionaux et locaux, décennies de désindustrialisation en Wallonie ( du charbon à l'acier et au verre principalement) se sont traduites par un ralentissement de la mise en oeuvre de projets structurants le développement local et régional.

Dans les années 80, de nouveaux dirigeants redonnèrent de nouveaux principes aux orientations des politiques publiques. Dans un contexte de morosité et, parfois d'anomie sociale et culturelle, ils furent d'abord contraints d'éradiquer les gouffres des finances de nombreuses communes. Virent le jour des actions de pionnier visant à réinsufler une confiance dans les tissus productifs locaux en désagrégation depuis près de 20 ans - notamment comme à Charleroi par la création à l'initiative de l'intercommunale de développement économique, en collaboration avec des opérateurs privés (Banques, etc) d'une pépinière d'entreprises ( 3E - Entreprises, Emplois, Ensemble -, nouvellement dénommé Centre HERACLES) proposant un accompagnement à la création d'entreprises ou menant des actions d'aide au redéploiement d'entreprises existantes (audits-diagnostic conduisant à la reformulation des stratégies, la modernisation des process et de l'organisation, la réorientation vers de nouveaux marchés-produits). Objectifs poursuivis également par SOCRAN dans le bassin liégeois.

Parallèlement, de nouveaux travaux d'infrastructures furent entrepris, notamment avec le soutien des fonds européens, dans le cadre de l'Objectifs 2 du FEDER ou des initiatives communautaires telles que RESIDER, RECHAR, etc. En une première phase, ces projets publics engageant des travaux d'infrastructures ont débouché sur des actions concrètes:

* le renouvellement des infrastructures d'accueil (zonings), ainsi que l'approche d'un nouveau concept: l'aide aux PME et aux TPE via les ZAMI (zones artisanales en milieu intégré) proposant des espaces d'atelier et de bureau,

* le renforcement de l'accessibilité régionale par la modernisation des aéroports régionaux de Charleroi et Liège, anticipant ainsi la dérégulation européenne des transports aériens,

* le début de travaux d'assainissement des chancres issus du passé,
- soit par l'éradication de friches industrielles - une des plus fameuse en région wallonne est bien certainement le PED - Aubange-Rodange(L)-Longwy(F) -(17),
- soit par des travaux de sécurisation de l'adduction d'eau, du démergement des réseaux de distribution d'eau menacés d'affaissement dans les bassins houillers,

* la constitution d'environnements à caractère technopolitain favorisant les transferts technologiques entre universités et entreprises - trois exemples: l'Aéropole de Charleroi, bordant l'aéroport, spécialement équipée et aménagée pour accueillir des activités de services et/ou de hautes technologies (implantation en cour du complexe MINERVE), et les sites de Louvain-la-Neuve et du Sart Tilman .

Déjà les opérateurs publics ont liés la réalisation de travaux d'infrastructures à la mise en oeuvre d'actions "immatérielles" d'accompagnement favorisant l'initiative économique et la création d'emplois; les ZAMI étaient gérées dans le cadre des opérations "pépinières d'entreprises", le PED était conçu d'emblée, dans un contexte transfrontalier Wallonie-Luxembourg-Lorraine, en relation avec des actions d'aides à la création d'entreprises et de développement technologies (Collège Européen de Technologies).

Cette tendance, accentuée fin des années 80, a pris, en particulier dans le cadre de l'Objectif 1 Hainaut, un cap résolument volontariste : cibler les priorités en matière de réalisation d'infrastructures en fonction des retombées immédiates en emploi ou les accompagner d'actions novatrices de soutien à l'initiative économique.

Les infrastructures et équipements sont conçus de manière à rencontrer la diversité croissante des besoins spécifiques du plus grand nombre d'entreprises, de nature d'activités et de tailles différentes - une plus grande précision est accordée à la définition économique de l'environnement nécessaire au développement des entreprises et à l'attractivité locale ou régionale; les exemples sont nombreux :

* création d'infrastructures d'accueil variées (zonings, bâtiments-relais comprenant des halls industriels ou de bureaux) en réponse aux besoins spécifiques des activités de toute nature et taille (industrie, artisanat, service), implantations périphériques aux agglomérations le long des axes autoroutiers (marchés déterritorialisés) ou mise à disposition en centres urbains de sites propres à l'accueil d'activités orientées vers le marché local/sous-régional; ces investissements participent et s'articulent étroitement à une dynamique de renforcement des actions d'animation économique et de soutien au management des entreprises (pépinières à Charleroi, Liège, Mons avec des antennes décentralisées, par exemple dans la Thudinie et dans le sud de la province de Namur).

* en matière de transport, installation progressive d'équipements de transbordements multimodaux - du FER à la ROUTE et à la VOIE d'EAU ou à l'AIR, afin de s'inscrire dans l'évolution attendue de l'accentuation du transport combiné en Europe (exemple de la Multimodale de Charleroi-Châtelet), concomitante à la poursuite de la promotion et de l'amélioration des infrastructures aéroportuaires de Charleroi-Gosselies et Liège-Bierset,

* constitution d'un pôle scientifique à Charleroi - programme MINERVE initié par IGRETEC en associant différentes universités (ULB, UCL, Faculté de Namur, Faculté Polytechnique de Mons) et le FOREM en vue de constituer un pôle de compétences dont la finalité est d'irradier le tissu productif régional, de renforcer les liens universités-entreprises et de constituer un atout distinctif valorisable au plan international; les actions menées ont pour finalité la diffusion des technologies, soit:
- le soutien à la recherche appliquée dans les domaines des technologies de l'information, des biotechnologies moléculaires, de la formation en aéronautique et en maintenance industrielle;
- la diffusion large des technologies de l'information au bénéfice de tous - particuliers, opérateurs privés et publics - dans la constitution d'une société de l'information - via des projets de type centres locaux multimédias, via la constitution de réseaux d'agglomération à large bande, etc.

* renforcement des mesures visant à l'assainissement des friches industrielles désaffectées et urbaines - soulignons que dans ce domaine précis il est prévu explicitement de mener des actions de requalification-formation en insérant dans les chantiers menés par des entreprises privées du secteur bâtiment-travaux publics des cellules de personnes en formation encadrées par des opérateurs spécialisés (tels que le FOREM, des entreprises d'apprentissage professionnel ou des agents de coordination - Missions régionales ..).

* renforcement du potentiel lié à l'industrie touristique mais aussi à l'attractivité des villes: rénovation des remparts de Binche, aménagement de circuits touristiques sur d'anciennes assiettes de chemin de fer, valorisation du potentiel des lacs de l'Eau d'Heure par la modernisation d'un pôle touristique directement porteur d'emplois; la mise en oeuvre des chantiers de construction sera en outre également liée à l'intégration d'équipes de personnes en formation.

 

 

Conclusion: des priorités

a) L'ensemble des besoins et des priorités en matière de réalisation d'infrastructures de base ont été évoqués supra. Nous bénéficions d'une situation plutôt favorables en ce qui concerne les réseaux ferrés, routiers et autoroutiers; les priorités s'établissent au niveau:

* des lacunes existantes en matière de télécommunication et l'enjeu fondamental d'établissement de réseaux à large bande, soit l'accès aux "autoroutes de l'information" pour reprendre les termes du G7,

* de l'accès au réseau TGV et du soutien aux aéroports régionaux,

* tandis que les besoins en matière d'environnement ont été évoqués: gestion des déchets, épuration en conformité aux normes européennes, démergement.

b) Cependant des besoins considérables existent au niveau des infrastructures de valorisation et de redéploiement du potentiel endogène. Des projets déjà menés en ce sens en Europe en général et en Wallonie en particulier en témoignent. Ils nécessitent une complémentarité forte avec l'ensemble de la politique économique, dans laquelle ils doivent s'intégrer, en articulation étroite avec les politiques technologiques et de l'emploi, soit :

* les équipements supports à la mise en place de services intégrés tels que:
- l'aide à la création et au redéploiement d'entreprises (démarche endogène intégrant conseils et accompagnement, aides à la réalisation de plans marketing et financiers,
- l'accès à des services à orientations technologiques (audits et conseils, formations spécialisées, études ponctuelles, ..),
- l'accès à des systèmes d'information, de veille technologique et marketing,
- l'encadrement de structures de commercialisation et de connexion aux marchés internationaux.

* les infrastructures d'accueil aménageant les territoires locaux/urbains et régional (18)(19), dont des zonings modernes spécialisés, des centres d'entreprises comprenant des locaux et équipements partageables - salles, laboratoires, etc; leur finalité économique est d'octroyer aux entreprises l'accès à des fonctions logistiques à coûts partagés, la proximité à d'autres activités avec les opportunités de complémentarités qui en découlent (y compris au niveau de l'image de marque des entreprises); ils permettent d'abord aux entreprises la non-immobilisation de ressources financières rares dans des investissements de type immobilier.

 

B) Attraction des investissements mobiles

La prospérité d'une région, le niveau de son emploi, dépendent de sa capacité à attirer et à retenir des activités productives. Les caractéristiques requises ont évolué; notamment, les activités manufacturières urbaines ont fait place, sur le plan de l'emploi, au développement du secteur des services qu'ils soient internalisés ou externalisés. Les entreprises multinationales sont devenues le symbole d'une activité économique moderne notamment par les activités de sous-traitance et de services qu'elles peuvent générer à proximité de leur lieu d'implantation.

Il ne s'agit pas de développer ici une analyse approfondie de l'approche des investissements étrangers, mais, afin de cerner le cadre d'une politique d'infrastructures support à la création d'emplois, de dégager les principes structurant l'attractivité régionale pour l'accueil d'investissements exogènes.

Il est malaisé d'évaluer l'importance des investissements "mobiles" intra-communautaires; ceux-ci peuvent prendre des formes extrêmement variables, difficilement mesurables, telles que: prises de participation, restructuration, extension de réseaux de distribution, créations d'antennes, joint- ventures techniques ou commerciaux, etc. Cependant l'analyse des investissements américains et japonais réalisée par une récente étude menée par la DG XVI de la Commission Européenne ( Etudes de développement régional n° 6 - New location factors for mobile investment in Europe, 1993 ) permet de mettre en évidence les logiques et les stratégies déterminant les choix, de cerner le contexte de compétitivité entre les régions européennes et de déterminer l'importance volumique des investissements directs - voir annexe.

Cette étude a mis en évidence les principales mutations du système économique qui favorisent la mobilité des investissements - qu'ils soient menés par des multinationales ou des PME internationalisées, soit :

a) la mondialisation de l'activité économique, soit l'extension de l'aire géographique de mise en oeuvre des activités des sociétés,

b) l'élargissement et le renforcement de l'Union européenne (en attendant les effets de l'Union monétaire),

c) la modification organisationnelle des industries manufacturières: amélioration de la qualité, diversification des variétés, minimisation des délais, constitution de process plus souples, structures fondées sur des économies de gammes ( un seul produit vendu sur des marchés plus larges) et non plus des économies d'échelle,

d) le déplacement quantitatif de l'emploi vers les activités de service (internalisés ou externalisés), soit la tertiarisation de l'économie,

e) l'amélioration considérable des infrastructures de transport partout en Europe, ainsi que des réseaux de télécommunications, des équipements et des services connexes.

Le rapport de la Commission européenne relatif à la compétitivité et la cohésion (des régions - op. cit.), ainsi que des études menées par le JETRO (Japanese External Trade Organisation), le Commissariat au Plan français, la Région wallonne ou par des opérateurs internationaux de conseil en localisation (tels que Ernst & Young, Plant Location International, ...), confirme les facteurs classiques qui sous-tendent les choix de localisation menés par les entreprises. Afin de maximiser le possibilités de gains de part de marché, celles-ci privilégient une combinaison de critères, soit :

- la proximité au marché, importante en particulier pour les projets d'implantation d'unités de fabrication et de distribution,

- la qualité et la disponibilité de la main d'oeuvre, surtout pour les industries de type électronique, fabrication de logiciel, les services de financement et les activités de recherche et développement en général,

- la dotation en infrastructures appropriées ( transports, télécommunications), facteur essentiel pour les activités de distribution, important pour les secteurs de fabrication, tandis que la proximité a un aéroport (international) est fondamentale pour l'établissement d'un siège central; soulignons que le constat d'une faible qualité des télécommunications est un critère de rejet pour les secteurs de type "bureau", les services en général et la distribution,

- la qualité de vie, essentiel pour l'implantation du siège principal ou lors de mutations importantes de personnels de direction,

- les affinités culturelles et linguistiques, qui sont (furent ?) un des atouts de l'Irlande et du Royaume-Uni ,

- les mesures promotionnelles, soit des aides publiques efficaces qui revêtent une importance particulière quant au choix définitif du lieu d'implantation,

- l'effet d'agrégation, soit l'existence d'autres entreprises travaillant dans des secteurs similaires.

Remarquons que l'importance de facteurs immatériels tels la qualité de la main d'oeuvre ont cru avec le temps pour devenir aussi importants que des facteurs plus mesurables. Tandis que des priorités sont accordées à des degrés divers à tels ou tels critères en fonction du type d'implantation projetée (centre de distribution, headquarter, établissement de production, ...), de la structure de la société et de la nature de l'activité.

Le dernier facteur évoqué, relatif à l'identification de l'effet d'agrégation, soit le souhait d'être proche d'entreprises actives dans des secteurs similaires est motivé par l'intérêt de disposer d'une offre abondante, en termes de fournisseurs (sous-traitance) et de main d'oeuvre ( disponibilité et qualification). Ce critère serait prépondérant dans au moins la moitié des décisions d'implantation, surtout dans le secteur manufacturier; il engendre évidemment un "bonheur" régional cumulatif.

Soulignons enfin que les petits pays soufrent d'une exiguïté du marché potentiel, tandis que la centralité - le coeur de l'Europe - est un atout très prisé.

Il en résulte que, de 1986 à 1989, la Belgique, et principalement la Flandre, n'a accueilli que 3% des implantations US et japonaises en Europe - 10 décisions engendrant 1.200 emplois sur un total de 321 investissements porteurs de 40.450 emplois directs ( en 4 ans) (voir détails en annexe).

 

Hypothèses pour un marketing stratégique régional wallon

L'attraction d'investissements "mobiles" réalisés par des sociétés multinationales ou des PME internationalisées développant des activités à haute valeur ajoutée, nécessite une analyse des besoins du marché, de l'attractivité régionale et de notre compétitivité face aux régions concurrentes. Au niveau du marketing stratégique, l'analyse des besoins de ces "cibles" doit nous permettre d'identifier nos "produits-marché" et "segments-cible" à partir et vers lesquels il nous sera possible de défendre un avantage concurrentiel. Quelles sont nos qualités distinctives défendables qui nous différencient de la concurrence, et qui offrent à ces "investissements mobiles" des opportunités de croissance de leurs marchés ?

Au vu des facteurs préférentiels de localisation énoncés supra, nos atouts et faiblesses apparaissent rapidement. La capacité d'action des pouvoirs publics sur ces facteurs est limitée: on ne décrète pas l'existence d'un secteur économique précis, on ne garantit pas 300 jours ensoleillés, on ne bouleverse pas le cadre culturel pour satisfaire une affinité particulière. Sur d'autres points, il est certes possible d'agir. Au plan des infrastructures et des équipements, outre les infrastructures nécessaires au développement endogène, des "mix" d'équipements les plus sophistiqués doivent être développés plus avant.

Objectifs proposés dans le cadre d'une politique d'infrastructures: renforcer l'attractivité régionale en proposant des "facteurs encore rares",

Soit:

- une infrastructure-services de télécommunications très avancées (20),
- des environnements technologiques et techniques d'excellence (21),
- une accessibilité aux marchés maximale (22).

C'est sur cette base que forces de vente, prix attractifs, stimulants divers, campagnes de promotion ciblées pourront davantage donner des résultats dans le contexte d'une concurrence aigüe entre les régions européennes.

Soulignons que, dans le contexte intra-européen de la mobilité des investissements et des emplois qui y sont liés, les mêmes raisonnements de stratégie marketing devraient être d'application, en tenant compte des logiques spécifiques à chaque pays et chaque secteurs-clé (création de centres de distribution, implantation d'établissements charnières entre l'Europe latine et germanique, etc) qui sous-tendraient les choix de sociétés françaises, allemandes, du sud et du nord européen au bénéfice de la Wallonie.

Enfin, en ce qui concerne les PME tout particulièrement, l'opportunité de bénéficier de conseils relatifs à la gestion de l'innovation, à l'internationalisation de leurs produit-marchés innovant, à l'appel aux capitaux ( sur les marchés boursiers notamment) est un plus; les structures décrites en ( A - potentiel endogène) permettant l'apport d'expertises très spécialisées et de haut niveau dans ce domaine sont des compléments indispensables à l'approche technopolitaine "transferts technologiques".

 

C) Le cadre des marchés-publics - la requalification en entreprise

Plus de 17 millions de chômeurs en Europe, 53 millions de personnes en deçà du seuil de pauvreté, plus de 3 millions de mal ou de non logés. L'ampleur du phénomène d'exclusion en Europe interpelle. Comment proposer à tous un projet de développement équilibré et durable, qui reconnaisse la capacité de chacun à contribuer au progrès, qui respecte l'environnement, qui contribue au développement de l'Est et du Sud ? Par le manifeste européen des entreprises contre l'exclusion (1994), celles-ci ont exprimé leur volonté de participer à l'effort commun visant à prévenir et combattre l'exclusion, en particulier dans sa facette "emploi". A Londres, les 11 et 12 mai dernier, patrons et directeurs des Ressources Humaines d'entreprises européennes se sont engagés à chercher , dans le respect de leurs objectifs de productivité et de rentabilité, des orientations concrètes dans cinq domaines: l'intégration dans le marché du travail, la formation professionnelle, les conditions de licenciement, la création de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises, la solidarité en faveur des zones et des groupes à risque.

En Wallonie, différentes expériences visant à intégrer des personnes en formation dans des chantiers "réels" (en entreprise) ont été menées par des opérateurs multiples ( tels que la MIREC, les E.A.P. et récentes E.F.T. (23), les régies de quartier plus récemment, avec l'appui ou à l'initiative du FOREM et des CPAS). Ces initiatives sont réalisées en concertation avec des organisations représentatives de secteurs professionnels, avec l'appui immédiat des entreprises accueillant les stagiaires de la construction, dans l'objectif de réaliser des insertions professionnelles de qualité, d'optimiser les expériences en les dotant de garde-fous (en particulier au niveau de l'encadrement). Dans les chantiers relevant de marchés publics relatifs à la rénovation et à l'assainissement, des clauses décrivant les critères de préférence pour l'entreprise dont une partie au moins de la main d'oeuvre se caractérise par un statut "de personne en formation" reconnu par le FOREM" ont ainsi été négociées avec la Chambre Syndicale Interprofessionnelle de la Construction et insérée comme telles dans les cahiers de charge soumis aux entreprises.

  • Objectifs de la requalification sur chantier:

a) Renforcer la possibilité de mener des formations qualifiantes in situ; le coût d'encadrement et des personnes en formation étant pris en charge par les pouvoirs publics, il en résulte un moindre coût pour l'entreprise dès que le niveau opérationnel est atteint par le(s) stagiaire(s),

b) Renforcer la qualification générale de la main-d'oeuvre, avec en perspective:
- pour les entreprises locales, l'accès à une offre de travail mieux formée et éventuellement de nouveaux marchés - Cf. (24).
- amélioration de la probabilité d'emploi post-formation, ainsi qu'en font état les expériences mentionnées supra, par comparaison à d'autres type de formation-réinsertion.

  • Opportunités de mise en oeuvre:

- plans triennaux des communes (aménagement de places publiques, entretien des espaces verts ...),

- chantiers communaux, provinciaux et régionaux sollicitant de la main d'oeuvre (labor intensive) - bâtiment, aménagement de zones de loisirs, ...

- l'encadrement pourrait être réalisé par des organismes tels le FOREM, les CPAS, les Agences Locales pour l'Emploi et les Entreprises de Formation par le Travail ( marchés de gré-à-gré ou clause relative à la main d'oeuvre)

La valeur des ces opérations d'insertion par l'économique mérite de s'interroger sur les possibilités d'extension de ces expériences, certainement dans le secteur du bâtiment-travaux publics, mais peut-être également dans d'autres secteurs dans lesquels les pouvoirs publics sont "donneurs d'ordre" (voir typologie supra). Les entreprises de taille européenne ont indiqué leur volonté d'agir dans ce sens; des exemples menés en France (chantiers E.D.F., tunnel transmanche) indiquent des pistes desquelles s'inspirer; certains en Wallonie l'ont déjà fait.

 

Notes

1. La plupart des chiffres publiés dans ce rapport sont définis au niveau de l'état-membre; il faut se référer aux commentaires pour les précisions à un niveau régional ( et s'appuyer sur la carte du PIB/H régional ).
2. Devant le Luxembourg (223) et les Pays-Bas (163) tandis que la moyenne CEE = 100, l'Espagne, la Grèce, le Portugal et le Danemark sont les moins bien dotés (indices 33 à 57) - source: 5 rapport, CE, 94, op.cit.
3. Les Pays-Bas sont en second (indice 249 ), la moyenne européenne est à 100, la Grèce et l'Irlande en dernières positions (indices 5 et 9) - source: 5 rapport, CE, 94, op. cit..
4. Projets de transports prioritaires :
. autoroutes grecques (PATHE) Patras-Athènes-Thessalonique- Prohamon (Bulgarie)
. liaison Lisbonne-Valladolid
. liaison fixe rail-route entre le Danemark et la Suède
. liaison routière Irlande/Royaume-Uni/Bénélux
5. Pour 70 % en Hollande et 73% au Luxembourg, la moyenne européenne est à 42%.
6. Pour 68 % au Luxembourg et 57% au Royaume-Uni tandis que la France n'atteint que 35%,
7. Pour 68% au Royaume-Uni, 63% en Hollande; les autres pays sont en dessous de la moyenne européenne, soit moins de 50%.
8. Abstraction faite des imperfections auxquelles il faut remédier, aux ruptures de flux économiques que provoquent la fermeture de gares dans les régions les plus rurales en particulier, aux retraits multiples auxquels procèdent la SNCB sur le réseau marchandise, et sans examiner la situation comparative avec la Flandre.
9. Soit le niveau de l'Italie et de la Grèce - alors que tous les autres pays "riches" ( France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas) atteignent des pourcentages de l'ordre de 48 à 58% (chiffres 1992),
10. 71% des abonnés français sont connectés à un réseau numérisé, pour 41% en Belgique et 47% au Royaume-Uni; la Grèce est tout-à- fait sous-équipée avec un taux de 9%.
11. Taux d'investissements ( en pourcentage du PIB) en infrastructures de télécommunication, de 1987 à 1992:
. moyenne CEE: de 0,59% à 0,70%
. Belgique: de 0,38% à 0,42%
. France, Italie, Royaume-Uni, Pays-Bas: plus de 0,50 %
. Espagne et Portugal: au dessus de 1%
12. Exemple des freins multiples à l'encontre du développement du GSM - qui fonctionne mieux et est plus diffusé au Mexique qu'en Belgique !
13. L'objet des communications intégrées à large bande est de disposer d'un réseau unique de terminaux, câbles, commutateurs, ordinateurs et satellites ayant un débit de transmission très élevé. Un tel réseau permettra de diffuser les services classiques et nouveaux tels que: transmission d'image, télécopie couleur, vidéotex de qualité, messagerie électronique, programmes de télévisions interactifs, vidéoconférence, services à haute valeur ajoutée (services financiers, ...) fondés sur l'échange électronique de données.
14. Au Danemark, 92% des habitations seraient reliées à des installations de traitement des eaux de décharge, tandis que 96% des plages seraient conformes à la directive sur les eaux de baignade.
15. Soulignons que la Commission estime qu'un investissement de plus de 900 millions d'écus par an sera nécessaire pour la gestion des eaux usées dans les quatre pays les plus pauvres de l'Union européenne, sans compter l'Italie, au cours des dix prochaines années pour satisfaire à la directive relative à l'eau potable (80/778) et atteindre un taux de raccordement de 95% - non compris les coûts de rénovation des installations existantes ni les coûts de fonctionnement.
16. situation des régions grecques, d'une grande partie de l'Espagne, du sud de l'Italie, etc. - on n'investit pas dans le désert !
17. Autre exemple, l'assainissement du CH44 à Montignies/Sambre a permis la constitution d'un nouvel espace d'implantations d'entreprises et d'emplois au coeur d'une agglomération.
18. Désengorgement des centres urbains, accessibilité supplémentaires des activités économiques, gestion des rejets et des déchets, approvisionnement énergétique au moindre coût.
19. A l'inverse des contre-exemples de l'atelier de carrosserie, source de pollutions et de bruit, enfoui au fonds d'un jardin en plein coeur d'un quartier d'habitat, ou d'un transporteur acheminant ses semi-remorques via d'étroites ruelles en centre urbain.
20. Réseau télécom large bande ( équipements de communication par satellites, accès aux réseaux fibre optique, réseaux d'agglomérations).
21. Constitution de pôles technologiques (recherche appliquée, unités de transferts scientifiques université-entreprise, potentialités de valorisation de la recherche).
22. Développement d'un réseau combiné de transports ( plate-formes multimodales de fret FER-ROUTE-EAU-AIR) , accès et interconnexion des réseaux grandes vitesses - réseau autoroutier, TGV, aéroports régionaux.
23. E.A.P. - Entreprise d'Apprentissage Professionnel (utilisant parfois la forme coopérative, soit en concurrence avec le privé)
E.F.T. - Entreprise de Formation par le Travail (soit un lieu de passage pour la personne en requalification socio- professionnelle)
24. exemple: le pavage d'aires publiques ou privées, métiers pour lesquels les qualifications n'existeraient pas ou plus en Région wallonne.

 

Annexe:

Analyse des investissements d'implantation menés par des sociétés U.S. et japonaises en Europe.

Synthèse réalisée à partir de " BCI et New location factors for mobile investment in Europe, Com..des Communautés Européennes, 1993".

Investissements US et japonais en Europe de 1986 à 1989

Pays Nombre d'établissements Nombre d'emplois Régions d'investissements les plus importants
R.U. 127 18500 Wales, Midlands, North, South, Scotland
Fr. 53 6500 Bassin parisien, Ile-de-france, Centre-est, Côte d'Azur, Alsace-Lorraine
Ger. 36 4800 Nordrhein-Westfalen, Bayern, Baden-Württemberg
Irl. 35 3300 Dublin, Cork
Neth. 24 1450 Brabant, Limburg, Ranstad
Spain 17 2200 Cataluna, Valencia
Italy 13 2100 Nord Ouest / Est, Lombardia
Belg. 10 1200 Vlaanderen
Lux. 6 400  
Total 321 40450  

Sociétés américaines et sociétés japonaises développent des stratégies d'internationalisation qui quoique de nature différentes, se sont essentiellement traduites par le ciblage des pays anglo-saxons: l'Irlande et le Royaume-Uni (55% des implantations US, et 45% des établissements japonais) - affinités culturelles et linguistiques obligent. Tandis que actuellement peu d'usines ont encore été créés à partir des pays asiatiques nouvellement industrialisés.

Il en résulte que, en termes d'emplois, le Royaume Uni a absorbé près de la moitié des investissements US et japonais - sans compter les emplois indirects -, pour près de 40% des décisions d'implantation ( voir tableau ci-dessus), la France 16% des implantations et 16% des emplois, l'Allemagne 10% et 12% des emplois, l'Irlande 10% pour 8% des emplois. La région flamande a absorbé l'essentiel des investissements en Belgique (3% du total). Remarquons que la Grèce, le Portugal et la majeure partie de l'Espagne, l'Italie du Sud, n'ont pas été retenus comme des lieux d'implantations prioritaires, conformément à l'application des critères préférentiels décrits supra.

Des divergences de stratégies sont apparues entre sociétés américaines et japonaises:

- les groupes américains, ciblant d'abord le Royaume-Uni et l'Allemagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas ensuite, ont tendance à créer de nouvelles activités, apportant de nouvelles technologies et compétences de gestion; ils privilégient l'insertion dans un environnement porteur: liaisons de transport international et de télécommunications, présence de centres d'excellence techniques et scientifiques; notons que si la majorité des 500 plus grandes sociétés américaines disposaient de sièges en Europe au début des années 80, nombre d'entre elles ont consolidé leur investissement en ouvrant de nouveaux sièges, tandis que tendance récente, d'autres ont installé leur premières filiales ou ont créé en Europe des centres de recherche appliquée.

- les groupes japonais, ont principalement investi au Royaume-Uni, en France et ensuite en Allemagne, dans l'objectif de développement d'activités mondiale, de satisfaire des demandes en expansion à partir du développement d'unités de production locales, leur permettant notamment de mieux correspondre aux besoins (normes et goûts) des consommateurs européens; cette tendance devrait continuer - peut-être de manière atténuée - par la création de nouveaux sièges ou avec la conclusion d'associations momentanées avec des entreprises européennes.

 


 

 

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