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Deuxième congrès La Wallonie au Futur
1991 -
Le Défi de l'Education

Congrès permanent La Wallonie au futur - Index des congrès

 

 
Présent et futur de la politique internationale de la Wallonie

Philippe Suinen
Directeur général de la DARE
(Relations extérieures du Ministère de la Région wallonne)

 

La Wallonie, région en marche : comment en douter, disait en substance Guy Spitaels, lorsque l'on voit, tant à l'Est qu'à l'Ouest de l'Europe , des régions-nations hésiter entre la souveraineté et un renforcement de leur autonomie dans le cadre d'un fédéralisme accentué. Avec notamment les actions de relations extérieures initiées par le Ministre social-chrétien Albert Liénard et la participation active du Ministre-Président Bernard Anselme aux travaux de l'Assemblée des Régions d'Europe (ARE), l'Exécutif régional a conçu et mis en oeuvre, en liaison avec le Conseil et sa commission compétente, une véritable politique internationale de la Wallonie, ce qui a été facilité par les réalisations de personnalités libérales comme André Damseaux, dans le cadre de précédents exécutifs.

En d'autres mots, il est permis d'affirmer que l'idée et les modalités générales d'une telle politique font l'objet d'un consensus en Wallonie, et ce sur base d'éléments pertinents comme :

  • le caractère exclusif des compétences transférées aux Régions, qui prive l'Etat de toute possibilité de les mettre en oeuvre tant normativement et budgétairement qu'au niveau international, ne pouvant dans ce dernier cas imposer aux Régions des engagements contre leur gré. Malgré les regrets de partisans d'une mise sous tutelle des Régions, le système institutionnel belge ne reconnaît ni le pouvoir de dépenser du fédéral comme au Canada, ni le principe constitutionnel allemand "Bundesrecht bricht Landesrecht".

  • le principe général selon lequel la dimension internationale est absolument indispensable pour remédier à la solitude du coureur de fond d'une région en reconversion sur elle-même;

  • la reconnaissance d'un centrage des compétences transférées aux Régions sur les entreprises, ce qui a mené très tôt la prise en considération d'une dimension propre au commerce extérieur, élément indispensable au développement des firmes wallonnes, et la constitution dès 1983, au sein de la Région, d'un service administratif chargé de cette problématique. Depuis une dizaine d'années, on "vend" donc la Wallonie pour "vendre" ses entreprises, ses centres de recherche, ses technologies, son savoir-faire et ses produits à l'étranger. La reconnaissance aux Régions par la loi spéciale du 8 août 1988 de réformes institutionnelles, d'une compétence en matière de politique des débouchés et des exportations (1) n'a fait que légitimer les actions menées jusqu'alors par la Wallonie en soutien à l'exportation et juridiquement basées sur l'expansion économique.

La politique internationale de la Wallonie a donc :

  1. une structure d'action en l'occurrence sa Direction Générale des Relations extérieures (DARE), intégrée au sein du Ministère de la Région wallonne et comptant une Agence wallonne à l'Exportation (AWEX - Service à gestion séparée), une Division des Relations internationales et des services communs;

  2. des moyens financiers, soit quelque 400 millions FB inscrits au budget régional 1991 des relations extérieures;

  3. des partenaires institutionnels (une vingtaine), liés à la Région par accords internationaux, qu'il s'agisse d'Etats ou d'entités fédérées ou régionales : Nord-Pas-de-Calais, France et Grand-Duché de Luxembourg; Nordrhein-Westfalen, Kent, Midi-Pyrénées, Jura, Catalogne, Frioul-Vénétie-Julienne, Pologne, Slovaquie, Baranya (Hongrie), Slovénie, Géorgie, Québec, Maryland, Rio Sabmi et Henan (Chine), Mauritanie, Sénégal, Congo, Shaba, et, au niveau des Développements industriels ACP-CEE (CDI) et le Bureau international du Travail;

  4. des représentations à l'étranger, organisées en association avec la Communauté française et intégrées, dans la mesure du possible, au sein des postes diplomatiques et consulaires belges tout en relevant de l'autorité fonctionnelle de la Région et/ou de la Communauté : Paris, Genève, Rome, Milan, Québec, Washington, Rio de Janeiro, Alger, Tunis, Dakar, Kinshasa ainsi qu'auprès de la CEE. En outre, en liaison avec le pouvoir central, des représentations à caractère essentiellement économiques sont localisées à Cologne, Lyon, Londres, Utrecht, Barcelone, Bratislava, Casablanca et San Francisco, ce sur base du transfert d'attachés commerciaux.

La relation directe Europe-Région découle naturellement des principes et réalisations qui viennent d'être ainsi mentionnés et implique que, lorsque leurs compétences exclusives sont concernées, les Régions :

  • constituent la délégation belge au Conseil et dans d'autres instances communautaires non éloignées de l'état d'esprit intergouvernemental, comme cela a été récemment le cas à Turin, au Conseil des Ministres européens de l'aménagement du territoire. Ceci n'exclut nullement que la Représentation permanente de la Belgique auprès de la CEE puisse être amenée à exprimer et défendre les positions par les Régions dans un tel cadre. Bien entendu, l'efficacité a appelé à de nombreuses reprises une concertation interrégionale préalable, facilitant la définition d'une position conjointe des Régions.

  • correspondent directement avec la Commission européenne, comme c'est le cas par exemple au niveau des programmes relevant du Fonds européen de Développement régional (FEDER), la Représentation permanente transmettant les dossiers tels quels à la Commission;

  • acceptent d'assumer en droit interne belge les conséquences de la mise en oeuvre de la responsabilité internationale de l'Etat suite à des carences ou actions de leur part.

 

Deux réflexions en guise de conclusion

Précision de vocabulaire, la modification envisagée et souhaitable de l'article 68 de la Constitution doit donner aux Régions le pouvoir de conclure des traités internationaux se rapportant aux matières de leur compétence. Personne ne conteste, sans passer pour autant par l'organisation d'une tutelle, l'opportunité de tenir compte dans ce cadre des intérêts diplomatiques de l'Etat belge, centrés essentiellement sur la protection de la sécurité de nos compatriotes à l'étranger. Pour éviter de telles contradictions, il paraît à la fois efficace et conforme au caractère fédéral de notre pays d'organiser la conception, la formulation et la mise en oeuvre de sa politique étrangère sur base d'une concertation entre l'Etat et les Régions.

D'autre part, l'expression internationale implique prise en considération des enjeux du développement propre aux pays du Sud. La régionalisation de la coopération au développement telle que réclamée à Ans par le Congrès des Socialistes wallons, s'explique par les compétences dont dispose la Région en matière d'aménagement du territoire, d'habitat, d'environnement et d'hydraulique, de développement industriel et rural, sans oublier les travaux publics, l'énergie et la recherche, matières vitales au développement. Là non plus, toutes les conséquences budgétaires et internationales n'ont pas encore été données au libellé des compétences régionales.

(Octobre 1991)

 

Notes

(1) Règle tempérée par 3 exceptions de compétences partagées avec le pouvoir central et relatives à la coordination, la coopération et la promotion.

 


 

 

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