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Deuxième congrès La Wallonie au Futur
1991 -
Le Défi de l'Education

Congrès permanent La Wallonie au futur - Index des congrès

 

 
Une Maison de l'Urbanisme, maison du cadre de vie

Louis Leduc
Centre culturel du Brabant wallon, Maison de l'Urbanisme

 

De la formation à la participation à la participation formative

Une triple dynamique a donné lieu à la création d'une Maison de l'Urbanisme en Brabant wallon.

Une première expérience de coordination sous-régionale à l'occasion de l'enquête publique sur les plans de secteurs. Campagne précédée de formations d'animateurs relais et de la constitution d'outils pédagogiques (montages dias, dossiers...). Vaste opération (plus de 120 réunions locales et sous-régionales) menée avec l'ensemble des acteurs concernés (économiques, sociaux, culturels, populations locales, vie associative...). Deux campagnes menées par la Maison de la Culture de Nivelles à l'origine du Centre culturel du Brabant wallon.

Une deuxième action dont il faut retenir l'apport fut la réalisation de plusieurs cycles de séminaires sur la démocratie participative au niveau communal.

La troisième dynamique est celle enclenchée à l'occasion de l'année internationale de l'environnement au cours de laquelle fut intégrée une campagne de sensibilisation à la participation à l'aménagement du territoire. Opération liée à la relance des commissions consultatives communales d'aménagement du territoire (CCAT) par le Ministre de la Région wallonne Albert Liénard.

Une première formation à destination des membres des CCAT a été organisée et une brochure éditée.

Suite à cette action avec les participants, un programme d'action a été élaboré; il peut-être traduit comme celui préfigurant une Maison de l'Urbanisme.

Des conventions avec le Ministère de la Région wallonne ont appuyé ces initiatives. Parallèlement, 5 cycles de formations similaires au premier, furent organisés dans 5 régions de Wallonie en collaboration avec l'ERCAP- GSW, à la demande du Ministre.

Depuis deux saisons, un programme d'activités a été élaboré à partir des propositions formulées par les participants à cette action et le comité d'accompagnement créé pour mener à bien le projet de Maison de l'Urbanisme.

Ce programme comprend différents types d'initiatives dont nous prendrons pour exemple d'analyse, la saison 90/91 exposée ici sous forme synthétique.

* Midis de l'Urbanisme :

11.90 : Le Plan wallon de déchets - 12.90 : l'Extension des zones industrielles en Brabant wallon - 01.91 : Sécurité routière d'Aménagement du territoire - 02.91 : Etude des déplacements et aménagements des Espaces publics - 03.91 : Quel avenir pour les Espaces publics ? - 04.91 : Sentiers et chemins en Brabant wallon - 05.91 : Revitalisation des Centres urbains.

* Conférences-débats en soirée :

- 5 conférences-débats organisées en collaboration avec   ADESA sur "L'enquête publique de révision partielle du   plan de secteur concernant les zones industrielles" à Jodoigne, Nivelles, Wavre, Ottignies-LLN, Tubize.
- 1 conférence-débat organisée en collaboration avec ADESA   sur "La RN 204 Ittre-Rebecq"
- 2 conférences-débats organisées avec ADESA à Braine-le-Château, l'une sur les sentiers et chemins, l'autre sur la   traversée de l'agglomération.

* Tables Rondes

En coproduction avec ADESA, deux tables rondes ont été programmées, l'une sur le "Plan des déchets", l'autre sur "l'extension des zones industrielles en Brabant wallon".

* Visites guidées

Une visite guidée a été organisée concernant les Espaces publics et circulation routière - centres urbains et traversées d'agglomération : Kessel-Lo, Rillaer, Aarschot, Westerlo.

* Journée Inter-CCAT

La Maison de l'Urbanisme a apporté sa collaboration à l'organisation et l'animation de la journée Inter-CCAT organisée à l'initiative du Ministre Albert Liénard le 4 mai à Perwez

* Formation

Des collaborations ont été apportées à l'organisation et à la réalisation de deux cycles de formation. L'une organisée par le Ciep-Moc et Vie Féminine (4 x 2 jours) et l'autre par le PAC. Diverses interventions dans des formations organisées en Wallonie ont également été réalisées à la demande de partenaires.

* Séminaires de formation

A destination des agents communaux de l'AT du Brabant wallon, deux premiers séminaires ont été organisés avec leur amicale, l'un sur les "sentiers et les chemins", l'autre sur les "études d'incidences".

* Accompagnement de projets - Suivi de dossiers

Réalisés à la demande de communes ou associations de : Braine-le-Château, Chastre, La Hulpe, Archennes, Court-St-Etienne, Ittre, Braine-l'Alleud, Rixensart, Genappe, Lasne...

* Interventions

Démarches d'aides conseils, de renseignements pour : les CCAT, des communes, des associations, des habitants.

* Dossiers

- des dossiers de synthèse ont été publiés dans Espace Vie ;

- des dossiers plus conséquents ont été réalisés, notamment   sur les sentiers et chemins, les centres urbains et   traversées d'agglomération, les études d'incidences...
- une brochure a été éditée sur le thème "Pensez deux roues dans votre commune".

* Permanences - infos - conseils

Le service fonctionne de manière continue.

* Documentation

- Découpe de presse réalisée.
- Collecte et classement de documentation en cours.

* Espace-Vie

Périodique mensuel de 16 pages diffusé à 1800 exemplaires soit 10 numéros parus cette saison. S'adresse aux décideurs (élus locaux, administratifs), aux   professionnels et aux membres des CCAT et des associations.

Double objectif : assurer l'information et promouvoir la   réflexion sur les sujets d'actualité en Brabant wallon.

Trois facteurs contribuent de manière déterminante à rendre possible cette importante action :

  1. Un comité d'accompagnement se réunissant régulièrement (plus ou moins toutes les 3 semaines) et dont la composition est largement pluraliste et pluridisciplinaire.

    Il se compose tout à la fois d'experts (architectes, urbanistes...), de représentants de la vie associative centrée sur les problématiques d'aménagement du territoire et d'environnement, de délégués des mouvements d'éducation permanente, de citoyens actifs, d'animateurs socio-culturels...

    Personnes travaillant en toute indépendance avec pour préoccupation l'intérêt collectif et soucieuses de prendre en considération tous les avis et les différentes parties concernées par les problématiques abordées.
  2. Un outil d'information "Espace-vie".
    Le moyen de communication qui permet d'informer largement les acteurs de l'Aménagement du Territoire en Brabant wallon est une importante courroie de transmission permettant de cerner l'actualité régionale, de sensibiliser aux nouvelles perspectives et expériences, de bénéficier de l'apport de réflexions et de propositions des différentes forces vives du Brabant wallon.
  3. Le support de l'institution : le Centre culturel du Brabant wallon (CCBW), à l'origine de cette initiative. La conjugaison des préoccupations et missions d'information, d'éducation permanente et de formation, d'une part, et les convergences en terme d'actions en faveur de la qualité de la vie, d'autre part, en font la base d'une coopération privilégiée en faveur de la promotion d'un bon aménagement du territoire.

La conjugaison des moyens limités de part et d'autre n'est pas une des moindres raisons contribuant aux bons résultats enregistrés.

 

Un toit pour la Maison de l'Urbanisme.

Une autre donnée de l'actuelle réussite de la dynamique entamée en Brabant wallon est la perspective d'un lieu, d'une infrastructure comme support à l'action.

Plusieurs associations et services sont directement intéressés à l'ouverture du bâtiment (ancien foyer populaire jouxtant l'ancien dispensaire des usines Henricot où le CCBW est installé) qui sera mis à disposition de la Maison de l'Urbanisme par la commune de Court-Saint-Etienne avec l'aide du Ministère de la Région wallonne.

 

Une sous-région en mutation.

Une dernière donnée nous paraît essentielle à relever. C'est celle liée aux caractéristiques du Brabant wallon. Sous-région en forte expansion démographique, en développement économique, en mutation sociologique, en tiraillement entre deux zones de forte attraction, Bruxelles, d'une part, la Wallonie, d'autre part.

Brabant wallon dont les diversités socio-culturelles sont soulignées, dont l'identité est en voie de création et s'établit sur base de sa dynamique contemporaine, dont la reconnaissance en tant qu'entité fait l'objet des enjeux politiques actuels de la Wallonie et de la Belgique de demain dans l'avenir européen.

 

Des choix, des priorités...

Dans ce contexte, les choix en matière d'aménagement du territoire prennent une importance particulière et la concertation entre tous les partenaires devient une exigence pour répondre au mieux aux besoins relevés et qui sont notamment :

  • la préservation de nos sites naturels et de leurs composantes (eau, flore, faune);
  • la promotion d'une esthétique urbaine et paysagère s'appuyant  sur nos valeurs environnementales;
  • la valorisation de notre patrimoine;
  • la réalisation prioritaire d'une politique de logement à destination des revenus moyens et modestes;
  • la création ou le renforcement des centres urbains afin de favoriser la reconnaissance d'un lieu rassembleur dans les entités fusionnées;
  • la définition d'une politique de déplacement permettant une circulation ralentie dans les centres et traversées  d'agglomération;
  • le frein au phénomène de conurbation constatée au nord de l'arrondissement, en périphérie de la capitale;
  • le renforcement d'une politique de transports établissant des liaisons entre les différentes entités et notamment dans  l'axe est-ouest du Brabant wallon;
  • l'intégration du développement économique dans une politique  d'aménagement privilégiant la mixité des fonctions.

 

Des moyens...

Des moyens sont indispensables pour concrétiser un choix :

  • une politique foncière locale et régionale efficace pour lutter contre la spéculation foncière effrénée constatée;
  • la constitution d'une charte, d'un guide de l'aménagement du territoire en Brabant wallon;
  • la structuration d'une concertation permanente entre les forces vives de notre arrondissement (économique, social, politique, culturel).

La Maison de l'Urbanisme est un lieu privilégié pour contribuer au rassemblement des forces vives, au partenariat des différents acteurs, pour atteindre l'objectif d'un aménagement du territoire conçu avec et par ses acteurs locaux, privilégiant un développement intégré s'appuyant sur un patrimoine bâti et des paysages mis en évidence.

 

Les enjeux de cette expérience

Les plus importants nous semblent ceux liés à la détermination : - de nouveaux rapports entre les acteurs de l'aménagement du territoire établis sur des bases de meilleure communication réciproque, de dialogue, d'échange, de concertation, de nouvelles pratiques politiques où la participation est considérée comme un élément de démocratie culturelle communale, de démocratie participative. Il s'agit ici de sortir du système traditionnel de relation de pouvoir autoritaire et/ou paternaliste n'engendrant que des rapports dualistes, rapports de forces coûteux pour les collectivités locales.

Il nous semble qu'une opportunité "historique" est à saisir à l'occasion du décret "décentralisation-participation". La décentralisation rencontre les desiderata des municipalistes wallons soucieux de gérer avec plus d'autonomie et d'efficacité leur entité.

La participation répond aux préoccupations de ceux qui sont soucieux d'oeuvrer avec les mouvements associatifs pour renforcer leurs options. Double préoccupation qui répond aux aspirations de tous ceux qui souhaitent contribuer à une politique communale afin que, dans notre pays aussi, on opte pour plus de transparence et pour un modèle de développement répondant non seulement aux intérêts particuliers mais également à ceux de l'ensemble de la collectivité.

Le pari des Maisons de l'Urbanisme est pareil à celui des Maisons de la Culture, des Foyers socio-culturels; il s'agit de rompre avec les schémas de dualisation. C'est l'introduction du troisième terme dans la dialectique sociale. Entre le service public et l'initiative privée vient s'insérer comme tiers médian le concept d'utilité publique inscrit dans l'action sociale et culturelle.

Si le bon aménagement du territoire nécessite effectivement la participation de tous les acteurs concernés et ce y compris de la population locale, l'enjeu est aussi de doter celle-ci de la capacité de comprendre, de maîtriser et d'agir pour un développement qualitatif de son cadre de vie prenant en considération l'intérêt collectif.

Pour ce faire, entre le pouvoir politique légalement institué et les groupes de pression légitimement justifiés, il est des outils à mettre en place au service des uns et des autres. Instruments susceptibles de favoriser de nouveaux types de dialogues, de solutions, de faire apparaître des "inédits possibles" rencontrant les diverses attentes.

Dans ce contexte, la Maison de l'Urbanisme du Brabant wallon, partie d'une démarche de formation et d'information descendante, est dans sa dynamique actuelle davantage orientée vers une pratique favorisant l'échange interactif.

Le pari actuel est d'impliquer davantage tous les acteurs dans le processus de développement pour que l'échange d'information soit mutuellement formatif, enrichissant. Cette démarche n'empêche pas de prolonger des formations spécifiques sous forme d'académies-ateliers ou d'apprentissages acquis à partir d'élaboration de projets ou d'alternatives. Il s'agit également de répondre à la demande renforcée d'information, de documentation, d'échanges, de formation dans l'action.

Actuellement, la place des Maisons de l'Urbanisme n'est guère officialisée. Elles ne bénéficient d'aucun statut légal. Leur existence est précaire et leur champ de compétences trop réduit pour leur permettre d'obtenir les moyens d'un fonctionnement efficace. Actuellement, ces moyens, notamment pour la formation, sont extrêmement réduits.

Leur existence est diversement perçue :

  • certains considèrent qu'elles remplissent le rôle que devraient jouer les fonctionnaires d'un service public;
  • d'autres craignent qu'elles ne détournent des moyens qui pourraient être attribués à la vie associative organisée au sein de l'éducation permanente;
  • d'autres encore imaginent qu'elles sont à la solde des pouvoirs publics ou, par contre, le véhicule des options de groupes de pression;
  • il en est d'autres qui pourraient souhaiter récupérer leur dynamique au profit d'intercommunales, de services directement liés à un échevinat ou d'institutions privées agrées et soutenues politiquement.

Il est donc particulièrement important que leur rôle d'utilité publique soit reconnu par l'ensemble des partenaires publics et privés.

Leur travail, lorsqu'il est mené de manière intègre, promotionne la notion de démocratie culturelle, de démocratie participative qui ne rencontre pas actuellement l'approbation de tous les décideurs politiques mais qui peut la recevoir demain.

En Brabant wallon, la dynamique actuelle bénéficie du crédit d'un nombre certain d'acteurs du monde associatif, administratif, d'experts, de décideurs politiques malgré l'aspect "dérangeant" de son action. Celle-ci semble bien perçue comme un élément utile au développement intégré d'une sous-région en profonde mutation.

 

Autre problématique

Dans le contexte politique actuel, les différentes préoccupations liées à l'aménagement du territoire, l'environnement, le patrimoine, la protection de la nature, l'eau... sont dispersées, éclatées, dépendantes de diverses compétences ministérielles.

Sur le terrain, ces problématiques se rejoignent, s'entrecoupent et les habitants ne perçoivent pas nécessairement les distinctions politiques qui ont justifié les séparations administratives.

Une Maison de l'Urbanisme, devrait en conséquence être une maison du cadre de vie, offrant information, documentation, aide-conseil, animation, formation... sur chacun de ces aspects. Cela permettrait d'autre part de conjuguer les efforts financiers pour assurer le minimum de moyens pour un fonctionnement démocratique et efficace.

 

Les Maisons de l'Urbanisme comme outil de développement régional

Le statut qui sera accordé aux Maisons de l'Urbanisme doit offrir un certain nombre de garanties sur :

  • leur pluralisme,
  • leur autonomie,
  • leurs missions (comme décrit dans l'expérience),
  • leur champ de compétences (élargies à l'ensemble des matières liées au cadre de vie),
  • leur lien avec les autres acteurs de l'aménagement du  territoire, (décideurs publics, administratifs, monde  associatif, experts, habitants)...
  • leurs moyens en personnel, infrastructure, subsides,  équipement...

Leur mission médiatrice et formatrice doit encore être reconnue par leurs différents partenaires.

Des rôles d'information, d'expérimentation, d'organisation d'échanges avec l'étranger devraient pouvoir leur être confiés pour dynamiser les pratiques régionales et ouvrir des perspectives nouvelles en matière de politique et d'action locales, sous-régionales et régionales.

Leur autonomie et leur pluralisme garantis, elles pourraient jouer un rôle important de concertation et de coordination sous-régionales. Leur souplesse et leur ouverture les positionnent comme un outil privilégié dans les sous-régions. Leur action doit être jugée comme complémentaire.

Leur possible association avec une institution culturelle peut favoriser l'émergence d'une politique de qualité de la vie associant les aspects qualitatifs du cadre de vie (aménagement du territoire, environnement, nature, patrimoine...) et ceux liés au milieu de vie (identités, cultures, modes de développement...).

Les Maisons de l'Urbanisme en tant que Maisons du Cadre de Vie, auront à s'affirmer comme lieu privilégié de la concertation en aménagement du territoire et comme soutien à une dynamique régionale de démocratie participative.

 


 

 

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