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Deuxième congrès La Wallonie au Futur
1991 -
Le Défi de l'Education

Congrès permanent La Wallonie au futur - Index des congrès

 

 
La participation des habitants à l'élaboration d'une solution d'aménagement de leur place de village
Une étude, une expérience

Nicole Martin
Ingénieur architecte
chercheur à l'asbl Habitat et Participation

 

Le futur de la Wallonie est entre les mains de ceux qui y vivent. Elle sera, elle est ce qu'ils en font : intervention réfléchie ou spontanée... démarche individuelle ou collective... à petite ou à grande échelle. Chaque habitant est un acteur de la formation-déformation de son espace, de ses espaces de vie. Mais quelle est la part consciente que chacun de ces habitants investit dans ces transformations ?... Réduite, minime pour la plupart d'entre eux.

L'asbl Habitat et Participation, consciente du rôle que tiennent ou que peuvent tenir les différents acteurs dans l'habitat, tend à favoriser les démarches participatives en associant les habitants trop souvent passifs à la conception, à la production et à la gestion de leurs espaces de vie. Cette dynamique peut prendre des formes variées telles que réflexions, recherches, accompagnements, formations, sensibilisations, animations, tables rondes, séminaires, journées d'étude, exposés, commentaires d'expositions, élaboration d'outils et de supports pédagogiques d'animation, diffusion d'information, service de documentation, visites, montages-dias, réunions de travail et d'échanges, consultances,... La notion d'échange y occupe une place essentielle car c'est de celle-ci que naît un enrichissement mutuel.

Eduquer les habitants n'est pas notre propos. Il consiste à donner aux acteurs concernés et aux habitants plus particulièrement les moyens d'exprimer leurs projets de vie en matière d'habitat rural ou urbain; logement, aménagement de territoire, développement rural global, environnement, noyau bâti, héritage culturel, espace public, etc... sont touchés par ces projets.

Dans une étude analysant la faisabilité d'un "Guide méthodologique d'aménagement des places de village" (réalisée dans le courant de l'année 1990) l'accent a été volontairement et conjointement placé sur l'élaboration d'un outil d'aide à la conception et sur une double démarche intégrante et participative. Le caractère d'intégration vise la nécessité de traiter la place de village concernée par la demande d'aménagement en relation avec le contexte paysager, urbanistique, architectural et socio-collectif dans lequel elle s'inscrit. Le caractère de participation vise à élaborer des solutions d'aménagement dans un dialogue suivi avec la population qui l'habitera pratiquement et affectivement. La participation des habitants à l'élaboration d'une solution d'aménagement pour leur place de village a été expérimentée lors de cette étude.

Cette triple expérience (réalisée avec des habitants de Froidchapelle, Herbeumont et Nandrin) a permis de découvrir à quel point la relation d'échange est fructueuse pour les diverses parties présentes et ce, malgré les difficultés rencontrées à différents moments du processus. Les esquisses d'aménagement de ces places sont l'aboutissement des échanges vécus et offrent une solution d'aménagement rencontrant, dans une très large mesure, les besoins et souhaits des habitants rencontrés tout en respectant les valeurs "professionnelles" définies par l'auteur de l'étude/expérience.

L'élaboration d'une solution d'aménagement d'une place de village avec ses habitants est une démarche enrichissante, nouvelle pour la population invitée, renouvelée pour l'auteur de l'étude dans chaque site d'aménagement.

L'avenir de la Wallonie, c'est aujourd'hui que nous le construisons ensemble.

 

L'aménagement des places de village :
une démarche intégrante et participative
Echo d'une étude/expérience

 

En 1990, Habitat et Participation a réalisé, à la demande du Ministre de la Région wallonne compétent en matière de Rénovation rurale, E. Hismans, une étude/expérience visant l'élaboration d'un "guide méthodologique d'aménagement des places de village". Ce travail a associé théorie et cas d'application - tests dans le but de définir une méthodologie pratique incluant la participation des habitants concernés (il s'agit de la Place de Fourbechies, dans la commune de Froidchapelle, de la Grand'Place d'Herbeumont et de la double place A. Botty et O. Musin de Nandrin). En voici une brève présentation et un extrait portant sur les expériences de participation des habitants à l'élaboration d'une esquisse d'aménagement pour la place de leur village.

 

0. Introduction : le contexte

La politique active de la Région wallonne - en aménagement du territoire et en rénovation rurale notamment - se traduit en subventions à la rénovation : urbaine, des sites d'activités économiques désaffectés et rurale. Chaque type de subsidiation est soumis à des procédures particulières auxquelles les communes bénéficiaires doivent se soumettre.

Dans le cadre de la rénovation rurale, la participation des habitants à la définition des projets est inscrite dans la démarche officielle comme condition nécessaire et débouche sur la constitution de la Commission locale de Rénovation rurale présidée par le bourgmestre et composée d'habitants représentant les différents secteurs géographiques et socio-économiques du village. L'Administration régionale responsable du traitement des dossiers de rénovation rurale voit s'accroître les demandes en matière de rénovation des espaces publics. Elle a souhaité disposer d'un outil d'aide à la conception d'aménagements d'espaces publics villageois et plus particulièrement des places de village. C'est l'objet du guide.

 

1. La problématique des espaces publics

A l'intérieur de nos noyaux d'habitat se trouvent, étroitement liés, deux types d'espaces de caractères à la fois opposés et complémentaires : les espaces privés et les espaces publics. Ils constituent les formes d'expression de deux besoins humains fondamentaux : d'une part, le besoin d'avoir un "abri", un "chez soi" et, d'autre part, le besoin de vivre en société, de nouer des relations plus ou moins intenses avec les autres. Si l'espace privé permet - d'une manière générale, toute théorique il est vrai - à chaque individu d'exprimer ses modes particuliers de vie, de pensées..., l'espace public, lui, met en présence une multiplicité d'acteurs avec des aspirations, des objectifs, des besoins, des exigences propres souvent conflictuels et parfois même contradictoires. L'espace public cristallise et concrétise les rapports complexes entre le formel, le fonctionnel, le social, le technique, l'esthétique, l'usage, le symbolique, le conçu, le vécu,...

Champ d'action des collectivités locales, administrations communales, provinciales, régionales, services publics, techniciens, maîtres d'oeuvre et maîtres d'ouvrage, urbanistes, architectes, paysagistes, coloristes, sculpteurs... et d'autres spécialistes de la (dé)formation de l'espace, l'espace public est également soumis à des réglementations diverses ne portant que sur des fragments de l'espace public, il en résulte souvent un morcellement, une juxtaposition de "sous-espaces" sans assemblage cohérent.

Face à cet état de choses, les espaces n'offrent plus qu'une image éclatée généralement dominée par la présence de l'automobile. Les autres usages s'en trouvent diminués voire même exclus. Heureusement, une prise de conscience de l'importance des espaces publics en tant que supports de la vie collective fait son chemin et conduit à une volonté d'apporter de nouvelles solutions d'aménagement. Ces nouvelles solutions poursuivent différents objectifs dont la convivialité entre les usagers et la réappropriation des espaces publics par ceux qui les font vivre : les habitants.

 

2. La méthode

La méthode d'aménagement suggérée dans le guide s'articule sur quelques étapes-clés :

  • l'observation de la situation existante (ou état des lieux) : l'espace et son contexte y sont appréhendés au travers d'une description détaillée de leurs caractéristiques morphologiques, urbanistiques et architecturales ainsi qu'au travers d'une reconnaissance de leurs fonctions et usages;

  • l'analyse et l'évaluation des éléments observés ou diagnostic :
    * qui dégage les éléments repères susceptibles de définir l'identité du lieu (éléments symboliques, d'usage, d'appropriation);
    * qui met en évidence les éléments d'organisation dont il faut tenir compte pour que l'espace remplisse son rôle social (réponse aux besoins de la collectivité concernée);
    * qui précise l'aire d'interrelation de ce lieu avec d'autres et définit le périmètre à l'intérieur duquel des actions sont à entreprendre;

  • la définition des objectifs : options, priorités, caractère, ambiance...

  • l'élaboration de solutions d'aménagement/affectation qui répondent aux objectifs énoncés tout en s'appuyant sur la réalité observée et analysée;

  • la détermination de l'option d'aménagement ou choix : ce choix est fixé sur base des solutions esquissées. L'option retenue fait encore l'objet de variantes d'implantations, de matériaux, de tracés, d'essences végétales, de mobilier public... mettant en évidence l'importance de chaque élément;

  • le développement de l'option définie ou projet qui, tant pour l'ensemble (approche intégrante) que pour le détail, vise à affiner et renforcer le caractère d'unité du lieu.

Cette méthodologie s'appuie, sur deux démarches particulières : la volonté de replacer chaque élément dans son contexte afin d'optimaliser les interrelations (approche globalisante) et, également, la participation des habitants pour qui et avec qui l'aménagement est défini.

 

3. La participation : une dynamique particulière

3.1 Les habitants

3.1.1 Qui ?

La place du village s'adresse à l'ensemble des habitants du village et pas seulement aux riverains. Dans chacun des villages, des invitations "toutes boîtes" aux réunions ont été envoyées par les soins des agents de la FRW (Fondations rurale de Wallonie), présents sur le terrain. Les citoyens de la commune, invités à plusieurs occasions, se sont peu ou pas manifestés. Dans certains cas, la place concerne également d'autres groupes : personnel employé (habitant ou extérieur au village ou à la commune), clientèle sous-régionale, touristes... Ces groupes ne furent pas présents aux réunions.

Dans les faits, les premières réunions ont vu se rassembler 20 à 40 personnes suivant les villages : riverains, villageois, citoyens - "Monsieur Tout le Monde", membres de Commissions diverses (Commission locale de Rénovation rurale, Commission consultative communale d'aménagement du territoire, etc...), membres du Conseil communal (majorité et opposition), représentants de la presse locale ou sous-régionale, agents de développement de la Fondation rurale de Wallonie, représentants de la Direction générale de l'aménagement du territoire et du logement (section Rénovation rurale). Lors des réunions qui ont suivi, le groupe s'est stabilisé autour de 5 à 15 personnes : riverains, membres de Commissions, personnel et élus communaux, agents de la FRW et représentants de la Direction générale de l'aménagement du territoire et du logement. Des nouveaux apparaissaient d'une fois à l'autre, s'ajoutant au groupe de base.

3.1.2 Quand ? Où ?

Les réunions ont toujours eu lieu en semaine, le soir (19h30 - 20h00) à l'exception de deux samedis après-midi. Elles se tenaient dans des locaux communaux - école, salle de réunion, salle du conseil, bibliothèque. La suggestion d'organiser l'une ou l'autre réunion dans des locaux non politiquement marqués n'a pas été mise en oeuvre. Il paraît cependant intéressant de diversifier les lieux de rencontres avec la population car les différents locaux accessibles (salle communale, cercle de loisir, café,...) touchent des publics variés. Des contacts avec ces différents groupes permettent de prendre connaissance de leurs habitudes et comportements dans l'espace public.

3.1.3 Comment ?

Chacune des réunions a été construite sur la notion d'échange et de participation "active" :

  • échange dans la mesure où il y avait offre et demande : offre d'information, de synthèse, d'observation réalisée, d'illustrations, d'analyse de certaines données, de schémas de solution, et demande d'information, de commentaires ajustés à la situation locale (perception du vécu)... Offres et demandes émanaient aussi bien des participants que de l'animateur  formateur -"aménageur";

  • participation active dans la mesure où les solutions se construisaient sur base d'un dialogue entre les participants et le "gestionnaire" des réunions.

Cette participation active des habitants pouvait prendre des formes diverses (1) :

  • expression de leur perception du lieu sur base de la réalisation d'une "carte mentale";

  • réalisation d'observations sur base d'une grille de lecture;

  • localisation de repères visuels, d'activités, de "problèmes", et d'un périmètre d'interrelation sur base d'un fond de plan cadastral;

  • échange d'informations, de réflexions, de discussions, sur base d'un support d'animation : un jeu de symboles graphiques ou logos qui, présentés en relation avec le lieu concerné, suscitent des commentaires variés. Ce même outil a été utilisé comme support à la sélection, en consensus, d'éléments particulièrement significatifs pour le lieu traité;

  • mise à disposition de documents privés : dias, photos, cartes postales anciennes, ouvrages historiques, études particulières, plans...

  • définition d'enjeux et objectifs particuliers et/ou faisant l'objet d'un consensus;

  • commentaires libres des solutions schématiques proposées;

  • etc...

 

3.2. Quelques leçons tirées de l'expérience de participation

La participation active des habitants, telle que souhaitée dans la démarche adoptée, nécessite un encadrement approprié de type animation - sensibilisation - (in)formation. Associer les habitants à l'élaboration d'un aménagement pour "leur" place de village n'est possible que moyennant le souci de mettre à leur portée quelques outils d'observation, analyse/évaluation, en leur proposant quelques références et/ou exemples, en leur soumettant des solutions schématiques qui sont des supports de discussions et de commentaires.

3.2.1 Il s'agit notamment d'établir un dialogue plus intense entre l'auteur de projet (architecte - urbaniste, paysagiste, ...) et les habitants.

Dans le déroulement classique, l'auteur de projet d'un aménagement d'espace public conçoit une solution en "chambre" qu'il soumet à l'autorité gestionnaire de l'espace concerné, autorité communale généralement. Celle-ci réagit en y demandant des modifications éventuelles suivant différents critères, rarement urbanistiques. La solution ainsi revue est parfois proposée aux habitants sous forme de produit fini. La nature même de ce produit bloque, dans le chef des habitants, la capacité de proposer d'autres solutions : ils peuvent, dans une certaine mesure, démonter la solution en mettant en évidence les problèmes ou difficultés qu'elle suscite en regard de leurs habitudes, de leur perception. Trop rarement ils en feront une analyse critique - négative et positive -; plus rarement encore, ils oseront "sortir" de la solution proposée pour en envisager une autre, dont ils n'ont pas nécessairement une vision claire.

La participation des habitants, telle que mise en oeuvre dans l'expérience relatée, s'est appuyée sur la présentation de schémas (plans, perspectives, ...) de la situation existante, des solutions projetées en mettant en évidence leurs avantages et inconvénients respectifs, en précisant quelques principes et références,... L'esquisse de synthèse, réalisée au terme de l'étude, reflète l'état d'avancement des discussions et propose une solution tenant compte des informations et discussions échangées. L'auteur de projet, sans renier certaines règles urbanistiques énoncées au cours du processus, met sa capacité créative au service des habitants, principaux utilisateurs, usagers de l'espace traité.

3.2.2 La participation active des habitants a été sollicitée aux différentes étapes-clés définies dans la méthodologie

Elle s'est appuyée sur quelques outils d'animation. D'autres techniques d'animation existent et elles sont nombreuses, leur choix est lié à la personnalité de l'animateur.

  • Au niveau de l'état des lieux, il s'agit de prendre connaissance de leurs repères, de leurs habitudes, de leurs façons de lire l'espace par le biais de la "carte mentale" notamment. Ces documents, réalisés par les participants, sont une source d'informations importante. La phase d'observation est également le temps de leur faire découvrir certaines choses qu'ils ne voient plus à force de les côtoyer. La grille d'observation leur propose de porter un regard systématique sur différentes composantes de l'espace, d'amener à un niveau conscient des appréciations intuitives, des lectures "aveugles". Ces outils ne sont pas nécessairement bien accueillis car ils impliquent bien plus qu'une simple écoute passive ou qu'un commentaire réactif. Il importe d'annoncer clairement le but poursuivi par l'exercice et de rendre compte des informations recueillies afin qu'ils puissent apprécier l'utilité de tels outils.

  • Au niveau de l'analyse/évaluation, il s'agit de prendre connaissance de leurs perceptions de l'espace, des éléments auxquels ils sont attachés, des situations qui posent des problèmes, des éléments incidents sur et depuis la place, dans le vécu quotidien et dans le subconscient. Deux outils ont également été proposés pour découvrir ces informations :

    • le premier, dit "exercices des logos", invite les participants à réagir, en relation avec la place, à une série de symboles graphiques de façon à leur conférer une signification commune. Les commentaires qui accompagnent cette définition détaillent les différentes perceptions d'un même "objet". Ces définitions acquises, il leur est alors demandé de sélectionner cinq logos qui leur paraissent particulièrement significatifs de la place. Le consensus et l'élaboration de celui-ci mettent en évidence différentes facettes d'une même préoccupation, facettes parmi lesquelles il faut faire un choix, significatif des priorités accordées à l'un ou à l'autre élément. Cet outil s'est révélé être d'un grande richesse. Son caractère ludique et son support graphique en font un outil attrayant qui estompe rapidement la "méfiance" des habitants face à tout "exercice"; l'animateur lui-même est moins présent et les échanges se font plus librement, entre habitants; les informations recueillies par le biais de cet outil sont nombreuses et variées;

    • le second, dit "plan cadastral", est plus pragmatique : il invite les participants à localiser, sur base d'un fond de plan cadastral et de façon individuelle, trois éléments visuels (perçus positivement ou négativement), trois activités (idem) et trois problèmes liés à la place ainsi que le périmètre de celle-ci.

  • Au niveau de la définition des objectifs, nous avons constaté une réelle difficulté à définir et, dans un deuxième temps, à gérer les options, les priorités, les caractères, l'ambiance, ... Les habitants lancent des idées sans souvent en mesurer les implications et incidences. La théorie des idées et les réalisations pratiques qui en découlent font l'objet de discours parfois divergents.

  • Au niveau du choix, la définition de "la" solution pose quelques difficultés : les habitants ne mesurent pas toujours les avantages et les inconvénients des solutions alternatives. Le rôle de l'auteur de projet est, ici aussi, de les éclairer sur les incidences des solutions. Dans certains cas, l'adoption d'une solution par les habitants fait référence à une image type à laquelle ils souhaitent faire correspondre leur cadre de vie. Mais ce cliché est-il réellement adapté à leur situation? Si ce n'est pas le cas, leur déception risque d'être grande. L'auteur de projet, ici encore, se doit de leur ouvrir les yeux tout en leur laissant le choix de la solution.

A partir du moment où le choix est arrêté, le comportement des habitants est significatif de leur intérêt, de leur attachement à la solution proposée; si celle-ci "colle" à leurs aspirations de façon sensible, ils manifestent une certaine impatience à l'égard de la réalisation. L'appropriation de la solution apparaît encore dans l'énergie qu'ils peuvent dépenser pour rendre possible une solution qui, pour des raisons financières, juridiques ou autre, rencontre au départ, des obstacles. Leur mobilisation n'a d'égal que leur motivation. Cette capacité d'action est directement liée à la volonté de réaliser un aménagement "concret".

3.2.3 Les outils

Chacun des différents outils utilisés comme support d'animation et de participation permet la collecte de commentaires, de réactions, d'informations, de façon moins dirigée que dans un jeu de question-réponse qui se réduit souvent à répéter quelques clichés. Le décrochage que ces outils provoquent en regard de la concertation classique est à la fois une chance et un risque : une chance car ils suscitent des commentaires et des comportements riches d'enseignements et un risque car certaines personnes dérangées dans leurs habitudes et dans leur participation passive, ne reviennent plus aux réunions.

 

3.3 En synthèse

3.3.1 La participation des habitants à l'élaboration d'une solution d'aménagement pour leurs espaces publics est une démarche particulièrement délicate mais dont l'enjeu - l'appropriation fonctionnelle, symbolique, et affective du lieu - offre une certaine garantie quant au vécu de l'espace conçu. Le caractère délicat de la démarche est lié à différents aspects : lenteur, représentativité, formation. Cette démarche est relativement lente par rapport au processus de conception classique. Elle est faite d'une évolution progressive au fil des rencontres, des discussions, des échanges. Le temps nécessaire à établir un dialogue ouvert peut paraître laborieux et décourager certains habitants.

Les personnes présentes à ces réunions d'échanges représentent une partie de la population concernée par l'espace à aménager et réagissent en fonction de leur propre expérience. Les "absents" devraient être contactés à un moment ou l'autre de la démarche de façon à percevoir le consensus ou les divergences de vue. Ce contact peut prendre des formes diverses :

  • enquête préliminaire sur l'attachement des habitants à leur place de village. Une enquête a été réalisée parallèlement à cette étude (2). Les questions, posées à un échantillon statistiquement défini, tentaient de préciser les repères d'attachement des habitants à leur place de village. Les informations collectées ont été mises en regard de celles récoltées lors des réunions d'échanges. Différences et convergences ont permis de construire les solutions d'aménagement en regard des attentes, des perceptions, des commentaires recueillis par ces deux sources;

  • diffusion des principes des solutions dans le bulletin communal avec appel aux commentaires;

  • présentation publique de la solution retenue;

  • contact personnel avec les riverains touchés par les aménagements retenus au stade de l'esquisse ou de l'avant-projet (accord de principe) et au stade du projet (accord de détail).

Les habitants, même les plus intéressés, ont généralement une connaissance très limitée de la problématique urbanistique et c'est tout à fait normal. La participation est réelle quand la sensibilisation, l'information et la formation - l'éducation ? - en accompagnent le processus. Mais cette éducation, à qui faut-il la confier?

Quoi qu'il en soit, si l'auteur de projet n'est pas prêt à assurer ce rôle - pour quelque raison que ce soit - il serait intéressant qu'il suive ces réunions soit comme observateur, soit comme intervenant (présentation des solutions) de façon à ce qu'il s'imprègne du climat local.

3.3.2 Les outils, décrits par ailleurs, pourraient être testés dans différentes situations de façon à être mieux exploités. Il faudrait pouvoir répondre à quelques questions telles que :

- quand faut-il les proposer ?
- dans quel ordre ?
- avec quelles exigences ?
- dans quels délais ?
- faut-il, peut-on les répéter ? quand ?

3.3.3 Deux étapes sont particulièrement délicates au niveau de la participation, ce sont les étapes de diagnostic/évaluation de la situation observée et celle de la définition des objectifs.

Ces derniers portent aussi bien sur des options globales (amélioration de la sécurité des usagers et plus particulièrement des piétons, revalorisation du caractère rural,...) que des actions particulières (remise en état d'un réverbère, d'une fontaine,...). Les enjeux sont à définir clairement de façon à pouvoir servir de référence pour les étapes ultérieures, sans remise en question perpétuelle des solutions proposées.

Parmi les critères argumentés lors des remises en question reviennent avec régularité les points suivants :

  • comme freins : l'impact financier, le statut juridique, l'impact économique, le caractère récent de certains travaux remis en question, la sécurité, la facilité de manoeuvre, ...

  • comme moteurs : l'esthétique, le fonctionnel, la sécurité, l'impact économique, l'agrément, ...

3.3.4 Dans le cadre de l'expérience relatée, nous avons proposé aux habitants de définir une solution à long terme de façon à optimaliser, à enrichir les échanges. L'étude de la réalisation aux points de vue technique, juridique, économique,... induit des phasages éventuels. Le fait de réfléchir sur le long terme offre également l'avantage de ne pas hypothéquer l'avenir, de ne pas rendre une solution "rêvée" irréalisable.

 

Notes

(1) Outils d'animation brièvement présentés au point 3.2.2.
(2) Enquête mise au point, réalisée et traitée par SONECOM et Habitat et Participation.


 

 

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