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Deuxième congrès La Wallonie au Futur
1991 -
Le Défi de l'Education

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Enseignement professionnel et marché de l'emploi

Jean-Emile Charlier
Chargé de cours à la FUCAM

 

A. Les constats statistiques

La tendance à l'allongement de la scolarité, qui s'est manifestée bien avant que la loi ait rendu l'enseignement obligatoire jusqu'à 18 ans, a eu pour effet de gonfler les effectifs de l'école secondaire. La forme d'enseignement qui a le plus profité de cette évolution est le professionnel qui, de 1976 à 1986, a vu sa popularité croître de 44 %.

Le succès du professionnel va de pair avec le recul tant en chiffres absolus qu'en termes relatifs du technique, un léger gonflement du général. Ces tendances sensibles dès avant la loi du 29 juin 1983 indiquent un déplacement important à l'intérieur des publics visant une formation à finalité professionnelle.

Une analyse plus fine des données statistiques disponibles suggère que l'augmentation du nombre d'élèves inscrits dans le professionnel est avant tout due à leur maintien dans le système scolaire. Ils abandonnent moins rapidement leurs études que par le passé, cherchent à en atteindre le terme. Les problèmes d'emploi, la pression mise sur les jeunes pour les inciter à se former ont conforté le mouvement spontané d'allongement de la scolarité.

On doit malheureusement constater que la proportion des diplômés du professionnel n'a fait que croître dans les statistiques du chômage. En d'autres termes, les groupes socialement les plus fragiles qui ont supporté un investissement culturel et scolaire important n'ont pas gagné pour autant l'accès à l'emploi. Les pertes massives de postes de travail manuel expliquent pour une large part l'affaiblissement de la position relative des détenteurs d'un titre professionnel.

Comme élément explicatif complémentaire, on peut avancer que l'enseignement professionnel connaît une certaine inertie, n'est pas doté des moyens matériels et humains qui lui permettraient de s'adapter aux demandes du marché, c'est-à-dire de les anticiper, voire de les susciter. L'incapacité des entreprises à prévoir leurs besoins à moyen terme n'est bien entendu pas étrangère à ces difficultés d'adaptation.

 

B. Les logiques d'acteurs

L'analyse des logiques des différents acteurs, issus des entreprises ou de l'enseignement, confirme que les liens entre la formation et l'emploi sont complexes et évolutifs. La solution du problème du sous-emploi des jeunes les moins qualifiés ne pourra dès lors être trouvée par de simples ajustements mécaniques.

Le patronat, derrière un discours apparemment unanime où domine le souhait de réaliser une flexibilité maximale, développe divers types de pratiques.

  • Les grandes entreprises dont la survie et la croissance dépendent de l'introduction des technologies nouvelles donnent elles-mêmes la formation technique de pointe aux jeunes qu'elles engagent. Elles attendent donc de l'école qu'elle mette l'accent sur les apprentissages de base sur lesquels peuvent se greffer les acquisitions ultérieures.

  • Les grandes entreprises dont les méthodes de production n'exigent pas que les travailleurs aient une formation technologique avancée sont globalement satisfaites de l'école. Concrètement, le marché de l'emploi est tel qu'elles recrutent sans peine des jeunes ayant toutes les qualifications culturelles, sociales et techniques voulues.

  • Les PME voudraient engager des travailleurs immédiatement opérationnels. Elles reprochent à l'école de ne pas développer la personnalité des jeunes, d'être coupés de la réalité des entreprises.

L'examen des pratiques de recrutement et de formation des entreprises montre la diversité de leurs attentes. Chacune, en fonction de critères cohérents par rapport à ses objectifs et aux contraintes auxquelles elle doit faire face, développe des attentes qui ne sont pas généralisables à l'ensemble du système. Le marché de l'emploi apparaît dès lors segmenté en de multiples sous-ensembles relativement autonomes.

Face à la diversité de la demande, certaines écoles ont choisi de tenter de collaborer avec des entreprises, d'orienter leur enseignement en fonction d'une demande prévisible. L'atomisation du marché de l'emploi se renforce alors, la prétention à l'universel de l'école peut être abandonnée au profit d'une logique de service à une organisation privée.

(Octobre 1991)

 


 

 

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