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Deuxième congrès La Wallonie au Futur
1991 -
Le Défi de l'Education

Congrès permanent La Wallonie au futur - Index des congrès

 

 
Discours d'ouverture

Jean-Pol DEMACQ
Président de l'Institut Jules Destrée

 

Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le Ministre Ylieff, Monsieur le Président d'Honneur de l'Institut Jules Destrée, Messieurs les Parlementaires, Monsieur l'Administrateur au Conseil de l'Europe, Monsieur le Rapporteur général, Mesdames et Messieurs les Rapporteurs, Mesdames et Messieurs les Participants, chères Amies, chers Amis,

Je veux, avant toute chose, remercier la Région wallonne pour le précieux soutien qu'elle nous a apporté, permettant à l'équipe de l'Institut Jules Destrée de réaliser le montage audiovisuel qui vient de vous être présenté et qui illustre, de manière imagée et vivante, le champs qu'entend parcourir et ensemencer notre défi de l'éducation.

Quatre ans déjà se sont passés depuis qu'en octobre 1987, nous nous sommes réunis une première fois pour essayer de définir un projet de société global pour cette Wallonie qui nous est si chère.

Le moment était opportun. Ce premier congrès survenait - hasard des circonstances - en pleine crise de l'Etat central et à moins de deux mois des élections législatives du 13 décembre 1987. Celles-ci allaient déboucher sur une longue période de vide politique, sur fond de négociations et de missions d'information. Alors que la crise allait se poursuivre jusqu'aux premiers jours de juin 1988, dès le 3 février, l'Exécutif wallon s'était mis en place, faisant ainsi progresser sensiblement le processus fédéraliste. Le Président de l'Exécutif wallon, Guy Coëme, avait d'ailleurs annoncé, le 16 avril 1988, son intention de prendre des initiatives si le gouvernement central continuait à être bloqué.

Je voulais rappeler cet élément car il n'est pas sans rapport avec les événements que nous avons vécus durant toute cette semaine, et qui se sont précipités ces dernières vingt-quatre heures.

Le Congrès des 17 et 18 octobre 1987 a permis de dégager l'interactivité des différentes dimensions de la vie en société et la conviction, fondamentale, que le projet économique de la Wallonie était indissociable de ses projets technologique, scientifique, culturel, éducatif et - bien évidemment - institutionnel. Ainsi, les quatorze ateliers et les deux carrefours de base, appréhendant l'ensemble des champs nécessaires pour construire l'avenir wallon, avaient répondu au défi du Rapporteur général, le Professeur Michel Quévit, en montrant - et la presse en fut le relais formidable - que la Wallonie était encore capable de se forger une identité susceptible de rassembler toutes les composantes de sa population autour d'un projet de société novateur.

Assurément, ainsi que l'a montré le Rapporteur général, les travaux de ce premier congrès avaient mis en évidence la prédominance grandissante des investissements immatériels et tout particulièrement des ressources humaines dans le développement futur de nos sociétés industrialisées. Au delà de ce constat, le Congrès s'était prononcé pour une réponse plus adéquate aux besoins qualitatifs de notre population. Des pistes étaient élaborées pour le monde des décideurs politiques :

- nécessité d'une stratégie de développement régional pour le tissu productif wallon,

- exigence d'une politique efficace de la science et de la technologie sur les deux axes des entreprises et des programmes de recherches européens,

- appel à une adaptation de notre système éducatif à un avenir déjà perçu comme un défi en matière de savoir et de capacité d'apprendre,

- impératif du développement de notre identité propre, vécue comme un humanisme lié à la fois à l'enracinement et à l'universalité.

Cette réflexion que, dans ma conclusion, j'avais qualifiée d'interdisciplinaire, de vivante, de décloisonnante, de pluraliste et de globale, avait permis de promouvoir l'image d'une Wallonie comprise et reconnue, non pas dans sa conception strictement territoriale, mais surtout dans sa dimension sociétale et universelle.

Il ne s'agissait pas d'en rester là. Dès le mois de décembre 1987, les rapporteurs auxquels s'étaient joints le Professeur Riccardo Petrella, patron du Programme FAST aux Communautés européennes, et plusieurs de mes collaborateurs, se réunissaient ici à Namur. En février 1988, ils avaient dressé un premier inventaire des priorités d'actions pour l'échéance 1993 qui portait sur chacun des ateliers. Ce document fut d'ailleurs repris en annexe des actes du premier Congrès. De manière non innocente, les ateliers 3 "L'Avenir de l'Enseignement" et 4 "La formation de demain" étaient fusionnés.

Les priorités définies pour ce nouvel atelier étaient particulièrement pertinentes à un moment où l'on ne parlait pas encore dans nos rues de revendications qualitatives et de refinancement de l'enseignement.

Notre objectif prioritaire portait sur l'élaboration d'un projet éducatif cadre pour la Wallonie. Il s'agit d'une sorte de charte à laquelle chacun puisse adhérer sans devoir renoncer à ses spécificités essentielles.

Le deuxième point consistait en la mise sur pied d'une conception et d'une politique profondément rénovées de la formation initiale et continuée des enseignants.

Troisièmement, le Comité scientifique, sous l'impulsion du Professeur De Landsheere, demandait la construction d'un réseau stable de centres de recherche en éducation qui aurait notamment pour mission de répondre aux demandes des décideurs et de les informer sur l'état des connaissances objectives relatives aux objets à propos desquels ils doivent se prononcer.

La quatrième priorité était de disposer d'universités qui possèdent de nouveaux moyens réels d'expansion. Enfin, nous considérions comme impérative la coordination de l'enseignement avec la formation scolaire et post-scolaire dans un projet d'ensemble, cohérent et solide, basé sur un décloisonnement entre les entreprises et la formation spécifique offerte sur le marché de l'emploi, ou plutôt du chômage.

L'effervescence politique et institutionnelle du printemps et de l'été 1988 absorbèrent l'attention de nos rapporteurs qui décidèrent, début 1989, à l'initiative du Professeur Georges Neuray, de choisir comme vecteur des travaux du nouveau congrès le thème de l'éducation. Moteur d'une société en pleine mutation, la notion d'éducation apparaissait en effet suffisamment dynamique pour faire l'objet d'une approche à partir de chacun des dix ateliers que nous avions identifiés et sélectionnés.

Dès lors, les rapporteurs se mirent à l'ouvrage pour se constituer chacun un réseau que nous voulions ouvert sur le monde économique et social, faisant appel aux compétences de chercheurs issus de toutes nos institutions, de praticiens ou d'utilisateurs avertis. Nous donnions ainsi à la notion d'Education sa conception large qui va de la culture familiale et locale à celle des médias, et des industries culturelles..., en passant par celle des entreprises, ou des administrations, et qui intègre, d'autre part, tous les types de formations offerts à une population.

Au fil des travaux en réseau et des réunions régulières du Comité scientifique, l'Education s'est imposée comme une composante essentielle pour la Wallonie de demain, non seulement pour soutenir son devenir économique, social et culturel tel qu'il a été identifié dans le congrès précédent, mais également, comme l'a exprimé le Professeur Quévit, pour l'induire et le promouvoir au travers de politiques concrètes et participatives.

Chaque réseau a d'abord déterminé deux ou trois axes essentiels pour couvrir le champs qu'il devait balayer. Ces approches ont été passées au crible du Comité scientifique lors de ses réunions du début 1991. Il restait à lancer à nouveau la démarche dans le public. Ce fut chose faite au printemps, avec la diffusion de la Présentation de la Problématique du Congrès, grâce à la complicité de la Presse que je voudrais ici remercier pour sa particulière et efficace attention à notre égard.

Juillet constituait la deuxième échéance : celle de la remise aux rapporteurs des contributions des membres de leur réseau. Il leur restait à élaborer leur rapport, ce qui fut fait en août. Ces documents ont été largement diffusés avant le congrès et ont fait l'objet, hier, d'exposés, d'affinements et de corrections par des participants toujours motivés, malgré les complications pratiques que constituaient la décentralisation des ateliers dans dix villes wallonnes, et la difficulté de gérer cet éparpillement pourtant intellectuellement parfait et psychologiquement séduisant. Les synthèses d'ateliers et le rapport général ont fait l'objet des travaux nocturnes du Comité scientifique et de mes collaborateurs, les uns et les autres, consignés pour la circonstance.

Monsieur le Rapporteur général,
Mesdames et Messieurs les Rapporteurs,
Mesdames et Messieurs les Membres des réseaux,
Mesdames et Messieurs les Participants,

Soyez remerciés de votre engagement à nos côtés pour ce beau travail qui donnera, je le pense, un contenu substantiel à notre volonté commune de bâtir le pays wallon et de préparer un avenir aux générations futures.

Deux mots encore.

Le premier pour vous dire mon plaisir de voir rencontrée aujourd'hui une préoccupation exprimée par Mesdames Marianne De Boeck et Anne-Marie Straus qui intervenaient,en 1987, respectivement comme Secrétaire général de l'Union wallonne des Entreprises et comme Directeur de cabinet du Ministre de l'Economie wallonne, Arnaud Decléty, préoccupation de voir le monde des entreprises participer à nos travaux. C'est chose faite aujourd'hui, puisque de nombreux responsables de PME ou représentants de grandes entreprises sont parmi nous. L'éducation des futurs cadres et travailleurs les interpelle, mais ce sont eux aussi qui dégageront d'une manière ou d'une autre les moyens de cette formation.

Je voudrais saluer ensuite les nombreux représentants du Ministère de la Région wallonne qui se sont associés à cette démarche. Non seulement parce que nous sommes partenaires dans cette passionnante aventure, mais aussi, parce que - nous l'avons dit - la Région wallonne est confrontée à l'animation de structures administratives valorisant l'esprit d'initiative et la responsabilité de ses membres, et que, je le crois profondément, par la volonté qui règne dans cette administration, elle est en train de relever avec force son propre défi.

Je souhaite à chacun d'entre vous un fructueux travail, un travail qui contribuera sans nul doute au redéploiement de notre beau Pays wallon. Je vous remercie de l'avoir tellement bien compris !

(Octobre 1991)

 


 

 

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