Conférence - Consensus
La Wallonie au Futur
Namur - 1994

Où en est et où va
le système éducatif en Wallonie ?
Comment le savoir ?

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Clôture de la Conférence

Philippe Destatte
Directeur de l'Institut Jules Destrée

Monsieur le Ministre,
Madame le Directeur général,
Messieurs les Décideurs,
Mesdames, Messieurs,

En remerciant le Professeur Michel Quévit d'avoir si bien rempli la tâche difficile de tirer les conclusions de cette journée, je voudrais à mon tour me livrer à l'exercice délicat qui consiste à clôturer des travaux extraordinairement denses et dynamiques. Comme le Rapporteur général, je pense aussi qu'il est impossible de mener une telle opération sans donner une partie de sa propre vision des choses.

Malgré ma farouche volonté d'être bref, j'ai tout de même relevé six parties dans ce que je devais vous dire.

 

1. On l'a rappelé, le mécanisme de la conférence-consensus est de favoriser la prise de décision en accentuant le jeu démocratique et en faisant en sorte que le citoyen soit directement confronté avec le décideur politique. A ce stade, on peut dire que cette méthodologie est pertinente si, le problème étant posé de manière ciblée et adéquate, s'instaure - après un dialogue d'information experts-société civile - un même dialogue contradictoire société civile-décideurs, sur base d'une déclaration-consensus.

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2. Dans cette démarche, l'expert joue un rôle fondamental mais éphémère puisqu'il donne au citoyen la capacité d'évaluer l'importance, la nécessité, les contraintes, les effets secondaires de la décision.

Normalement, l'expert est soluble dans la société civile, c'est-à-dire qu'après avoir éclairé l'enjeu en utilisant sa connaissance et son expérience, il redevient citoyen. Deux travers pourtant le guettent :

  1. l'incapacité d'exprimer sa vision de spécialiste en termes accessibles par la société civile,
  2. la distanciation avec la responsabilité opératoire qui devrait être la sienne de s'exprimer en vue d'une décision. Comme historien, je suis particulièrement sensible à cet aspect des choses. En effet, comment pourrait-on concevoir sérieusement une recherche ou un enseignement de l'histoire autre que celui qui serait destiné à éclairer le présent ? En matière de politique d'éducation, on l'a dit, l'objectivité du chercheur poussée à son terme - l'objectivisme - frise la démission.

Généralement, les experts ne sont pas tombés dans ce travers.

 

3. Dès lors, il est clair qu'à côté du mécanisme de démocratie, la volonté politique doit se manifester aussi dans la société civile, dès le moment où l'on assigne à ce groupe un rôle d'interpellation. C'est en cela que je rejoins la remarque du Ministre Mahoux pour dire que être membre de la société politique ou de la société civile, c'est le même rôle et le même devoir de citoyen.

Ainsi, à un moment de sa démarche, le panel a connu le syndrome du cheval devant la barrière lorsque celui-ci s'interroge : "vais-je sauter ou non ?"

De mon côté, inspiré par Jean Monnet lorsqu'il disait en parlant de l'Europe que, si c'était à refaire, il commencerait par la culture, je me préparais à dire que "si c'était à refaire, en matière d'enseignement, nous aurions commencé par le courage."

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4. Assurément, le panel a fait preuve de courage. Il a fait Le Choix d'agir, pour évoquer, comme hier, le titre du livre de Martine Aubry. Ainsi, ses membres se sont offerts très courageusement de participer à la décision, pour reprendre les paroles d'Anne-Marie Straus. Et c'est ainsi que nous avons en main la déclaration-consensus volontariste que nous espérions, que nous attendions.

A la lecture de ce texte et dans le débat d'il y a quelques instants, j'ai été frappé par le retour en force de l'idée de projet de société, de civilisation digne que le Professeur de Landsheere appelait de ses voeux, de paradigme - mon cher Michel Quévit - que nous avons entrepris de définir depuis 1987.

Mais, de plus, j'ai retenu cet appel tout azimut et non limité au problème du pilotage, appel global lancé dans le panel - et donc dans la société - appel que le Sénateur Jacques Liesenborghs a bien résumé en disant on veut que l'école change.

Enfin, je retiens les réponses précises aux questions qui avaient été posées :

Par ailleurs, je retiens la revendication du panel - intéressante sociologiquement - de poursuivre son action sur base de la légitimité réelle qui lui a été reconnue aujourd'hui. Je suis séduit par cette idée à cause de la relation de travail efficace qui s'est développée entre le panel, les experts et l'Institut Jules Destrée. Une question toutefois me brûle les lèvres : un même panel peut-il servir plusieurs fois avec efficacité ? N'a-t-il pas déjà perdu la virginité qui était son plus grand charme ?

 

5. Quel va être maintenant le rôle de l'Institut Jules Destrée ?

Notre première tâche sera de mettre au point et de diffuser les supports qui aideront la décision :

  1. en matière de communication, par la collecte et la publication rapide des différents textes ainsi que par un travail de suivi avec les médias;
  2. en matière d'influence, en jouant sur le pluralisme de sa démarche politique propre pour appuyer les décideurs qui aujourd'hui se sont inscrits dans la perspective du panel.

En effet, même un ministre ne décide pas tout seul puisqu'il travaille - et ce ne sont pas des contraintes ! - avec un gouvernement, une assemblée parlementaire, une administration, et qu'il doit rendre lisible sa décision aux acteurs, en l'occurrence aux formateurs et aux enseignants. En cette matière, rappelez-vous ce que nous a répété Claude Thélot : la seule façon de convaincre les enseignants de nouvelles méthodes, c'est de leur fournir des outils de bonne qualité.

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6. Il me reste un grand honneur et un grand plaisir, celui de remercier tous ceux qui ont contribué à faire en sorte que cette première conférence-consensus organisée en Wallonie soit une réussite :

(Mars 1994)

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Page mise à jour le 23-08-2004

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